Les travaux du conseil scientifique du Pole pastoralisme et zones sèches (PPZS) se sont ouverts lundi matin, dans les locaux de l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA), à Hann Bel-Air à Dakar, en présence d’universitaires, d’experts, d’étudiants, de chercheurs et divers autres acteurs.
”Ce conseil sera une tribune d’échanges entre les acteurs de la recherche et du développement (…) Je voudrais vous assurer de l’accompagnement du ministère. , a déclaré le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom.
Il présidait l’ouverture des travaux de ce conseil scientifique qui se tient sur trois jours, au Laboratoire national de l’élevage et de recherches vétérinaires (LNERV) de l’ISRA-Pôle de Recherche de Hann à Dakar.
La rencontre est consacrée aux résultats des activités scientifiques. Les participants vont aussi se prononcer sur l’évolution et les résultats de recherche du PPZS.
‘’Le Conseil scientifique du PPZS est un moment de réflexion et de partage d’une portée scientifique sans commune mesure sur l’élevage pastoral. Il participe au rayonnement de la science, du partenariat des institutions nationales et internationales qui le constituent’’, a pour sa part indiqué Momar Talla Seck, le directeur général de l’ISRA.
Il a dit en outre que ‘’le changement climatique continue d’exacerber les sécheresses et les pénuries d’eau, mettant en péril la subsistance même des communautés pastorales’’.
Selon lui, les conflits fonciers et les tensions intercommunautaires ‘’entravent souvent’’ les efforts de développement, ‘’sapant la cohésion sociale et compromettant la paix régionale’’.
‘’C’est pourquoi il est essentiel que nous redoublions d’efforts et que nous poursuivions notre collaboration afin de relever ces défis avec détermination et résilience’’, a-t-il exhorté.
‘’En unissant nos forces et en partageant nos connaissances et nos expériences, nous pouvons ouvrir la voie à un avenir plus prospère, équitable et durable pour les éleveurs et les habitants des zones sèches en Afrique de l’Ouest’’, a ajouté Momar Talla Seck.
Le PPZS est un consortium fédérant des compétences pluridisciplinaires d’institutions telles que le CIRAD, l’ISRA, l’UCAD et le CSE. Son objectif est de promouvoir le partenariat scientifique et le développement des territoires et des sociétés par la recherche et le transfert de connaissances sur les fonctions, les fonctionnements et les fonctionnalités de l’élevage pastoral.
par Elgas
L’ANTICOLONIALISME COMME FREIN AU PROGRESSISME EN AFRIQUE, RETOUR SUR UN IMPENSÉ
Pourquoi les penseurs africains, farouches progressistes chez eux, deviennent-ils si souvent des réactionnaires une fois en Occident ? Un paradoxe dérangeant, symptôme d'un conflit plus vaste entre anticolonialisme et progressisme
Ce court texte est la transcription de mon intervention au colloque «Religion et révolution conservatrice: perspectives comparatives» les 23, 24 et 25 octobre 2023 à Genève, à l'initiative de la Chaire Yves Oltramare. Il revient sur le potentiel dévoiement des luttes progressistes captives d'une vision des sociétés colonisées encore très paternaliste. Avec deux focus sur les usages de la religion, l'islam en l'occurrence au Sénégal, et l'alliance pour le moins surprenante entre décoloniaux en Occident et identitaires au Sud, il évoque les fragilités du front anticolonial.
D’où vient cette malédiction qui rend orphelins de soutien tant de chercheurs, d’artistes, d’intellectuels, d’universitaires africains, progressistes convaincus chez eux au Sud affrontant vaillamment divers périls et qui, pourtant, deviennent, une fois en Occident, des réactionnaires en puissance1 ? Cette question est le coeur d’expression de mésusages courants en période postcoloniale, mésusages ou glissements qui confortent le confusionnisme et nourrissent le conservatisme qu’on prétend pourtant combattre à « gauche ». Esseulés, délaissés, l’accusation de félonie vis-à-vis de leur communauté planant comme une ombre disqualifiante, ces auteurs et intellectuels du Sud, comme par exemple Kamel Daoud, Salman Rushdie, Abnousse Shalmani ou Rahmane Idrissa, forment pourtant un gisement de déconstruction de leurs sociétés, hélas abandonnés par une perspective décoloniale qui souvent cède à la logique de front plus qu’à celle de principes communs incessibles.
Où se situe le curseur de ce crédit moral si arbitrairement accordé qui revisite la phrase connue, vérité en dessous de la Méditerranée et hérésie au-delà ? Sur toutes les questions dont le progressisme est l’enjeu fondamental – droits des minorités, liberté religieuse, égalité hommes/femmes –, cette ligne de démarcation survit à tout universel, à son pendant marchand, la globalisation, et à son expression technologique, appelé par notre ami Marshall McLuhan « le village planétaire2 ». Donnée nouvelle, elle survit au bon sens longtemps échelle certes imparfaite mais opérante d’appréciation commune du gouvernement du monde. Dans un monde qui connaît de profondes convulsions, il n’est pourtant pas inutile, de refaire la généalogie et une radioscopie des conservatismes comme l’a proposé ce colloque bienvenu. Et saisir que les transformations, révolutions conservatrices, qui paraissent connaître un regain aujourd’hui avec leur caractère apocalyptique, au fond, semblent davantage s’apparenter à l’éveil de volcans idéologiques longtemps enfouis, endormis, jamais réellement vaincus, sinon à des étendards de combat et à un socle d’idées au service d’une alternative souhaitée à l’hégémonie occidentale. Pour le dire autrement, ce qui paraît si hégémonique aujourd’hui semble, selon notre hypothèse, être la manifestation d’une présence latente, longtemps confinée, et qui connaît une déflagration à la faveur de l’essoufflement du mythe de la centralité occidentale et de la promesse toujours renouvelée du progrès comme horizon naturel de l’humanité. Toutes les forces qui avaient dû, à contrecoeur, monter dans ce train, sentant la fragilité de la locomotive, délogent leurs velléités des marges pour les assumer pleinement. La permanence de cette révolution est un invariant historique, particulièrement en Afrique : elle est au fondement de cette optique du Sud dit « global », dont les esquisses formelles semblent aujourd’hui plus nettes. Dans la lutte fondatrice et essentielle contre la colonisation, encore structurante, il est pourtant essentiel de mesurer le coût de certaines accointances, où par mégarde, bonnes intentions, bonne conscience, parfois cynisme, l’anticolonialisme est devenu un frein au progressisme, créant ainsi une double échelle de valeurs qui contribue à la relégation, au relativisme moral. Longtemps carburant du colonialisme, il semble basculer de plus en plus dans la frange extrême de certaines pensées décoloniales.
Comprendre ainsi l’articulation d’un mélange de ressentiment colonial et d’une offensive conservatrice jamais résignée, requalifiée en identité unificatrice, sera le coeur de notre propos. Nous esquisserons d’abord une rapide histoire du conservatisme religieux au Sénégal, avec un croisement des perspectives confrériques et néo-puritaines, pour situer l’importance du discours religieux dans toute résistance, pour ensuite procéder à un examen des mouvements de jeunesse citoyens au Sénégal, via le rap entre autres, et leur tournant conservateur au nom de la lutte contre l’Occident. Nous nous intéresserons enfin à la sophistication d’un relativisme décolonial, notamment en Occident, qui attribue à l’Afrique un particularisme qui justifierait un conservatisme appréciable, le seul prisme de la domination finissant par conférer aux dominés un blanc-seing et une exemption de reddition de compte.
Les africanistes du fait confrérique au Sénégal, qu’ils s’agissent de Paul Marty3, de Donal Cruise O’brien4 ou de Vincent Monteil5, ont établi des monographies exhaustives de la naissance d’une confrérie, le
mouridisme. Cédant parfois à la tentation d’un romantisme sur un « islam noir » aux particularismes marqués, leurs travaux ont été la matière revisitée par le roman national sénégalais, finissant par devenir un mantra surexploité résumable ainsi : le syncrétisme sénégalais fait du soufisme un rempart contre l’avancée du wahhabisme. Séduisante et rassurante, cette lecture a trouvé des relais en Occident, tant elle donnait des gages, dans un monde musulman où diverses révolutions ont convié au pouvoir des religieux intégristes. Sans explorer le corpus idéologique confrérique, qui n’entre jamais en opposition frontale avec la base doctrinale de l’islam, et qui reprend ainsi à son compte toute la sémantique, la symbolique, les représentations du religieux, du puritanisme considéré pour beaucoup comme l’essence de la piété. Confondant la logique de la configuration sociale intégrée dans le rituel des cultures avec la modalité dogmatique du culte, il a été ainsi opéré, parfois à dessein, des réductions consommables sur l’idée d’un rempart interne, autorégulant, de nature à dissuader toute radicalité. Cette dépolitisation et ce désossement du religieux sont demeurés longtemps une lecture dominante, tant il ne fallait pas regarder en face les évolutions convergentes vers une hégémonie de l’islam destiné à apurer un paganisme qui n’a jamais eu bonne presse, et qui était même un franc ennemi de la religion.
Longtemps viatique du champ intellectuel, sur lequel le Sénégal a bâti sa réputation de havre du dialogue interreligieux, un livre pourtant en 1985, écrit par le journaliste Moriba Magassouba, venait jeter un pavé dans la mare. Son titre, un brin provocateur – L’islam au Sénégal. Demain les mollahs6 ? –, avait entraîné une déflagration. Première secousse dans l’entente cordiale, le document, fruit d’une enquête journalistique et d’un mémoire d’études, démontrait les assauts du puritanisme, la montée des marabouts, l’axe préférentiel des échanges religieux avec les pays du Golfe, et le puritanisme qui s’est attaqué aux religieux. Le film Cedo du cinéaste Ousmane Sembène en 1977, décrivant l’arrivée de l’islam en Afrique, la violence de la rencontre, et finalement la conversion progressive à marche forcée, semble avoir été un canevas pour le livre de Magassouba. La chronologie ainsi que l’enchaînement accréditent en effet l’idée d’une irréversible optique de conformisation religieuse. Le mouridisme a fondé sa légitimité et son autorité sur la figure charismatique de son fondateur, Cheikh Ahmadou Bamba. Résistant culturel, selon la terminologie des manuels d’histoire, il est le symbole le plus éloquent, et le plus populaire, d’un contre-discours qui s’appuie sur la résistance anticoloniale. Si l’histoire du djihad africain – comme le rappelle Pérouse de Montclos dans son livre L’Afrique, nouvelle frontière du djihad7 – n’obéit pas qu’à des logiques importées, le discours fédérateur s’est toujours fondé sur un conservatisme qui ne s’est jamais démenti. Il a été nourri, structuré, par une élite mouride et religieuse au Sénégal, avec la déconstruction de la « colonialité » comme boussole première. Cette déconstruction en cours et les bouleversements géopolitiques (choc pétrolier en 1973, révolution iranienne en 1979, attentats du 11 septembre 2001, guerre en Irak en 2003, proclamation de l’État islamique en 2014 entre autres) ont encouragé l’élite religieuse à investir le champ intellectuel et à gagner la bataille « culturelle ». C’est ainsi que la « laïcité » est devenue un ennemi, que la ville sainte de Touba a demandé un « statut spécial » pour s’affranchir de la République sénégalaise. Tout cela au nom d’un différentialisme, d’une revitalisation du conservatisme conçue, à renforts de livres, comme la voix d’une authenticité endogène à même d’offrir un miroir identificatoire aux populations, en minorant bien sûr la modalité d’une religion elle-même importée, et coloniale.
M’intéressant au contenu des prêches des imams le vendredi pour les besoins d’un travail de recherche, l’examen de ce discours montre la récurrence des griefs contre le progressisme, considéré comme l’aiguillon de la survivance coloniale. La dépravation des moeurs serait liée à l’absence de remparts face à la propagation des sources occidentales. La bataille des valeurs est donc essentielle et l’islam fournit le meilleur kit de résistance, mais aussi le meilleur programme politique. Au nom du refus de l’asservissement, la prospérité de ce discours a créé les conditions d’un raidissement tendant à disqualifier les droits humains, repeints en blanche domination honnie.
La gauche sénégalaise et les élites intellectuelles se sont montrées timides, reprenant le refrain commode pour la paix sociale, renonçant ainsi à questionner l’héritage des féodalités pour créer les conditions de viabilité d’une gauche qui n’importe pas uniquement les lignes de fractures postcoloniales. Les répercussions de cette question islamique feront l’objet d’un article de Mar Fall8 dans Présence africaine en 1987. En devenant de plus en plus un obstacle à l’établissement d’un État égalitaire, la perspective des mollahs devenait de moins en moins chimérique. Avec la multiplication des mouvements puritains dans la sous-région, et le long et patient travail de sape de la diplomatie religieuse des pays du Golfe, Mar Fall montrait cette avancée.
Autre échelle d’appréciation de notre propos, en 2011, au plus fort de la contestation des velléités de dévolution monarchique du pouvoir avec un président Abdoulaye Wade qui voulait outrepasser la
constitution, s’est érigé une véritable sentinelle démocratique. Dans un mouvement de la société civile, réveillé par un regain et unifié par cette cause, naissait le M23 (Mouvement du 23 juin), acteur majeur de la reculade du président. Tête de pont de ce mouvement, le collectif « Y’en a marre », essentiellement porté par des jeunes rappeurs, naissait au grand jour. Avec son énergie, sa fraîcheur, son engagement démocratique et son refus de plier, il fut un acteur majeur de la transition politique et de l’alternance. Victime de son succès, le collectif s’est ensuite structuré de façon horizontale, investissant les questions sociétales, sortant ainsi du seul champ de la politique électorale. Cette énergie a été saluée en Occident, financée, perçue comme ce gisement jeune et démocratique à même de bâtir le renouveau et de contrecarrer, là aussi, les tentations radicales ou religieuses. Financée par Osiwa (Open Society Initiative for West Africa), l’organisation de Georges Soros, conviée en Europe, le bel écho du mouvement « Y’en a marre » fera des petits sur le continent, avec « Le balai citoyen » au Burkina, acteur du départ de Blaise Compaoré, et Filimbi en République démocratique du Congo, qui rencontrera moins de succès car bâillonné par le pouvoir. Très vite pourtant, on déchante.
Les membres du collectif sénégalais se distinguent par un discours conservateur et s’opposent à tout progressisme. Ils reprennent à leur compte tous les discours émancipateurs du panafricanisme, avec de
véritables distorsions de son contenu, et articulent leur combat contre les valeurs occidentales, toutes considérées comme coloniales. Dans le contexte mondial, il y a donc deux conservatismes en miroir : un
occidental prenant appui sur les valeurs blanches et chrétiennes de l’Europe, et un autre, en Afrique, prospérant sur le lit d’une identité figée, conflictuelle, et des valeurs jugées supérieures à celles d’un Occident décadent, la question LGBT étant au coeur de la répulsion. Loin d’être un élément conjoncturel, cette structure paraît exister dès l’aube des groupes de rap primaux à Dakar. Le progressisme avait comme plafond le discours anticolonial. Le rap et son énergie militante et rebelle se sont pourtant rapidement embourgeoisés, captifs de ce périmètre réduit, où très rapidement il est devenu un cheval de Troie du conservatisme. Dans un article fort bien documenté, le chercheur sénégalais Abdoulaye Niang9 évoquait la notion de rap prédicateur, à mille lieues des représentations classiques sur ce genre qui semblait regorger de munitions contre l’establishment. Habilement récupéré, jamais en opposition frontale avec l’architecture des références morale et religieuse, ce rap prédicateur est devenu le catalyseur d’une énergie postcoloniale qui fédère les jeunes, non plus pour construire des sociétés ouvertes, mais comme puissance dégagiste des logiques jugées néocolonialistes, et de ses suppôts, c’est-à-dire les pouvoirs locaux.
Que faire donc face à ce conservatisme qui semble invincible ? En Occident, la malédiction la plus commune est de la considérer avec un exotisme circonspect, un mépris. Mais plus troublant, au nom de la même logique décoloniale, on trouve, dans la gauche particulièrement, une lecture sous le seul prisme de la domination. Le statut de dominés est ainsi essentialisé et, par atavisme, il donne des privilèges. Tout discours contre ce conservatisme s’expose à des foudres qui les qualifient de néocolonialisme d’une nouvelle mouture des Lumières et de l’universalisme, toujours suspecté d’être un agent de domination. Avec le procès des Lumières dévoyées, le front décolonial s’inscrit dans une impasse, au moins partiel, dans le sens où il anesthésie tout discours émancipateur local. Il fonde ainsi une double logique territoriale et temporelle, celui des dominés éternels et des bourreaux éternels.
C’est à ce niveau que la Méditerranée devient une ligne de démarcation, que l’anticolonialisme comme matrice devient négateur d’un projet de progrès universel. La convergence des luttes semble ainsi être celle des conflits sourds, retardés par une logique de front. Elle nourrit indirectement un conservatisme à l’affût, conscient des porosités, des gisements de forces que contient le discours anti ou décolonial. Et dans cette configuration, les progressistes du Sud ont besoin de soutien, celui naturel de la gauche, qui pourtant les ignore au prix d’accommodements déraisonnables. Progressistes qui doivent tout de même éviter le baiser de la mort de la droite si diligente à rafler la mise et à travestir de nobles luttes.
El Hadj Souleymane Gassama (Elgas) est journaliste, écrivain et chercheur associé à l’Iris (Institut des relations internationales et stratégiques). Ses recherches portent sur le don, la dette, les transferts d’argent, la décolonisation et la démocratie en Afrique. Il est l’auteur de plusieurs livres et articles, et notamment de Les bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial (Riveneuve, 2023).
LE SÉNÉGAL EXPÉRIMENTE LA CULTURE DU BLÉ DANS LA RÉGION DE MATAM
A la suite des tests effectués dans ces deux villages du département de Kanel, la SAED juge ‘’satisfaisants’’ les résultats.
Bow et Soringo, des villages de la région de Matam (nord), abritent des projets-tests de culture du blé, dont les résultats, jugés satisfaisants par des ingénieurs agronomes, incitent à développer la culture de cette céréale au Sénégal.
La Société d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal (SAED) déclare vouloir vulgariser la culture du blé dans la région de Matam, à la suite des tests effectués dans ces deux villages du département de Kanel. La SAED juge ‘’satisfaisants’’ les résultats des essais.
Dans son champ, à Bow, un village situé à 30 km de Matam, Aboubakry Bâ a aménagé une superficie d’un hectare et y cultive du blé, une première dans la région de Matam.
Son champ et celui d’un autre du village de Soringo ont été choisis pour la phase-test d’un programme de production de blé, à l’initiative de la SAED.
M. Bâ s’apprête à terminer un travail entamé il y a trois mois. Mais faute de moissonneuse-batteuse, il devra encore patienter. À cause de ce contretemps, des tiges de blé sont encore rangées sur une bâche, pour être décortiquées.
Une écharpe au tour du coup et un bonnet à rayures sur la tête, Aboubakry Bâ explique que la culture a duré quatre-vingt-dix jours. Il espère que sa récolte va avoisiner cinq tonnes.
‘’Nous avons testé la culture du blé pour la première fois dans la région de Matam, à Bow et à Soringo, sur une superficie de deux hectares. Nous trouvons que c’est bien faisable. Notre ambition est de mettre en place un programme de culture du blé dans la région’’, a dit Moussa Mbodj, un ingénieur de la SAED, lors d’une visite du champ de Bow, dimanche.
Le programme blé de la SAED découle des difficultés économiques causées par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, d’où provenait une bonne partie des importations sénégalaises de ladite céréale, selon M. Mbodj.
‘’L’essentiel était de démarrer la production. C’est ce que nous avons fait à une période qui n’était pas appropriée, car le calendrier cultural du blé s’étend de novembre à décembre. C’est en janvier que nous avons commencé la culture, qui a duré quatre-vingt-dix jours, pour un rendement de cinq tonnes’’, explique l’ingénieur de la SAED.
Malgré le retard, ‘’les résultats ont été […] satisfaisants’’, observe-t-il, estimant que le rendement serait meilleur si le blé avait été cultivé en novembre et décembre.
De l’avis de Moussa Mbodj, il est temps de passer aux étapes suivantes, notamment la commercialisation, la transformation et la sensibilisation des producteurs.
‘’Les producteurs en sont conscients, les terres existent et sont propices à la culture du blé. Il reste à développer les segments de la chaîne, dont la disponibilité des semences’’, signale l’ingénieur.
Moussa Ngom, un conseiller agricole de la SAED, se souvient des doutes qui ont assailli les responsables de cette société nationale chargée d’agriculture, lors du lancement programme-test. Il relève surtout l’insuffisance d’informations relatives au blé, une céréale fortement consommée au Sénégal mais peu connue dans le pays.
‘’Il faut encourager les producteurs à cultiver du blé, la céréale la plus consommée au Sénégal après le riz. Il est important de se lancer dans la culture du blé pour atteindre l’autosuffisance alimentaire du pays’’, souligne M. Ngom.
Pour la phase-test, la SAED a utilisé une variété égyptienne dénommée Misri 1, qui a permis de produire deux types de blé, le tendre et le dur, avec lesquels on peut faire du pain et de la pâte alimentaire.
LE RECTEUR DE L'UCAD ACCUSÉ DE DÉTOURNEMENT DE PROCÉDURES
Le Sudes dénonce avec véhémence la tentative présumée d'Ahmadou Aly Mbaye de placer illégalement Ismaïla Madior Fall à l'IFAN. Le syndicat enseignant réclame une enquête sur cette "énième irrégularité" alléguée - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
L'Université Cheikh Anta Diop est secouée par les protestations du syndicat des enseignants, le Sudes, contre une affectation jugée irrégulière. Au cœur des accusations : le "parachutage" présumé d'Ismaïla Madior Fall, professeur titulaire de droit public, à l'Institut Fondamental d'Afrique Noire Cheikh Anta Diop (IFAN-CAD), orchestré par le recteur Ahmadou Aly Mbaye en violation des textes réglementaires. Une manoeuvre qualifiée de préjudiciable à l'intégrité de l'université, selon le Sudes dans le communiqué suivant :
"NON AU PARACHUTAGE DE M. ISMAILA MADIOR FALL À L'IFAN !
Le SUDES/ESR Section de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar tient à informer la communauté universitaire et l'opinion nationale de sa profonde préoccupation concernant la velléité d'affectation par le recteur de l'UCAD de M. Ismaïla Madior Fall, professeur titulaire de droit public, à l'Institut Fondamental d'Afrique Noire Cheikh Anta Diop (IFAN-CAD) en violation du décret n° 84-1184 du 13 octobre 1984 portant organisation et fonctionnement de l'Institut fondamental d'Afrique noire.
Cette tentative désespérée du recteur de l'UCAD de caser un ancien ministre se présente de facto comme un détournement des procédures et des règles d'affectation du personnel d'enseignement et de recherche (PER) comme stipulé dans les articles 8 et 24 du décret susmentionné. Elle serait effectuée sans consultation préalable des instances de l'IFAN qualifiées en la matière. Le recteur de l'UCAD, encore une fois, tente de fouler aux pieds les dispositions légales en vigueur dans notre institution.
Par ailleurs, le SUDES/ESR -Section UCAD, fait remarquer que dans une optique d'optimisation des ressources humaines telle que prônée par les nouvelles autorités, M. Fall serait beaucoup plus utile à sa faculté d'origine qu'il connaît très bien et où l'attendent d'importantes tâches d'enseignement et d'encadrement dans un contexte de déficit de PER.
En tout état de cause, la désinvolture avec laquelle le recteur de l'UCAD agit en matière de recrutement et d'affectation du PER nuit gravement à l'intégrité de notre université et à la confiance de notre communauté dans les processus de gestion des ressources humaines.
En conséquence, le SUDES/ESR - Section UCAD exige :
Une enquête immédiate sur les circonstances entourant cette velléité d'affectation et sur les personnes impliquées dans cette manœuvre illégale.
Le respect strict des procédures d'affectation, conformément à la législation en vigueur.
Le maintien du concerné à son poste initial, à la faculté de sciences juridiques et politiques jusqu'à ce que toutes les procédures légales aient été correctement suivies.
Le SUDES/ESR -Section UCAD reste déterminé à défendre les règles de fonctionnement de notre université, les droits des collègues et à s'assurer que les principes de justice et d'équité y sont respectés.
Le SUDES/ESR -Section UCAD encourage ses militants ainsi que l'ensemble de la communauté universitaire à rester mobilisés et solidaires pour faire barrage à cette énième tentative de violation des textes de l'université par son recteur dont le mandat arrive très bientôt à échéance."
Par Madiambal DIAGNE
IL NE RESTE PLUS À DIOMAYE ET SONKO QUE DE NOMMER AMADOU BA PREMIER MINISTRE
Quand Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko voudront innover, changer les choses, opérer une rupture, ce sera à la fin du quinquennat. Ceux qui avaient voté pour la rupture ou pour le « dégagisme » apprécieront
C’est désormais assumé publiquement, vis-à-vis de l’opinion publique sénégalaise et auprès des partenaires techniques et financiers ! La gouvernance du tandem Diomaye-Sonko va s’adosser en quelque sorte sur le Plan Sénégal émergent (Pse). Ils ont fini par avouer, devant leurs électeurs, n’avoir pas eu de programme de gouvernement, contrairement à leurs promesses électorales les plus mirobolantes. Quand on s’amuse à relire les déclarations chocs de Ousmane Sonko pour pourfendre le Pse du temps où Macky Sall et ses équipes en vantaient les mérites, on retrouve des phrases du genre : «Le Pse est un leurre», «le Pse est tout sauf un plan d’émergence», «le Pse est une supercherie», «le Pse est le Plan Sénégal endettement», entre autres ; tout cela sous les vivats des foules excitées de militants. Les leaders de Pastef promettaient de remplacer le Pse par leur «Projet», le sésame qui ouvrirait grand les portes du développement économique et social. Ce miracle était si précieux qu’il fallait le cacher aux yeux curieux, pour mieux le préserver, le protéger du mauvais œil et ne le sortir de son écrin qu’au soir de la victoire électorale. On a vu dans la twittosphère et sur Facebook, et même sur des plateaux de télévision, des radios et des colonnes de journaux, de grands intellectuels plébisciter et défendre bec et ongles le «Projet», avec force arguments, que nous finissions par les considérer comme des auteurs de ce «Projet». L’existence du «Projet» était une évidence pour tout le monde, il peuplait notre quotidien. Pourtant, personne ne l’avait encore vu. Quand nous avions la curiosité de demander à voir ce «Projet», certains contempteurs nous rabrouaient. De grands intellectuels, au même titre que des citoyens moins qualifiés, croyaient à cette Arlésienne. La politique au Sénégal est le lieu où on peut poser ses fantasmes pour des certitudes. Les journalistes, qui relayaient les grandes idées du «Projet» virtuel, se sont aussi fait hara-kiri. J’invite à relire certains posts, et leurs auteurs doivent être dans leurs petits souliers quand le gouvernement leur annonce, sans sourciller, dans le communiqué du Conseil des ministres du 24 avril 2024, que la rédaction du «Projet», comme le nouveau référentiel de la politique économique et sociale du Sénégal, va démarrer et que la finalisation est attendue pour le dernier trimestre de l’année 2024. L’élaboration du «Projet» est confiée aux experts qu’un ministre de l’Economie, des finances et du plan qui s’appelait Amadou Ba, sous l’impulsion de Macky Sall, avait commis pour confectionner le Pse. Les mêmes personnes ont été appelées par un Premier ministre nommé Amadou Ba, pour l’élaboration du Programme d’actions prioritaires (Pap3 du même Pse). Que feront-ils alors de bien nouveau ?
Diomaye et Sonko font du Macky, sans Macky et les siens !
Le supplice des «avocats du Projet» est encore plus dur quand ils apprennent que le gouvernement décide de poursuivre les actions du Pse et accepte le programme signé par le gouvernement de Macky Sall avec le Fonds monétaire international (Fmi), couvrant la période 2023-2026, et que les conditions seront respectées (voir communiqué du Fmi du 3 mai 2024). En d’autres termes, quand Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko voudront innover, changer les choses, opérer une rupture, ce sera à la fin du quinquennat. Ceux qui avaient voté pour la rupture ou pour le «dégagisme» apprécieront ! On ose espérer que le nouveau ministre de l’Economie, du plan et de coopération, Abdourahmane Sarr, n’a pas été recruté sur la base de ses contributions caustiques et acerbes contre le Pse, et pour ses fumeuses théories sur la mise en place d’une nouvelle monnaie.
Finalement, on retiendra que le Pse est un bon programme (Conseil des ministres du 17 avril 2024). Finalement, on retiendra que la politique des bourses familiales et d’un Registre national unique (Rnu) des ménages pauvres et en situation de vulnérabilité (Conseil des ministres du 24 avril 2024) est une excellente trouvaille.
Finalement, le gouvernement plébiscite le Projet du Bus rapide transit (Brt) (Conseil des ministres du 2 mai 2024) et les infrastructures routières. Finalement, il considère que le Pont de Rosso, reliant le Sénégal à la Mauritanie, est un investissement structurant (visite du Président Faye en Mauritanie le 19 avril 2024). Finalement, on admet que les investissements dans les domaines de l’hydraulique, de la santé, de l’éducation, du transport, de Dakar Dem Dikk et dans les transports aériens, ou encore le Programme 100 000 logements, entre autres, sont adéquats et pertinents. Finalement, le gouvernement, à l’issue du Conseil interministériel sur la campagne agricole du 3 mai 2024, va poursuivre la même politique dans le secteur. L’Armée va procéder à la distribution des semences et des engrais. On espère que les militaires seront plus vertueux que les autres Sénégalais. Le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la sécurité alimentaire, Mabouba Diagne, prend à son compte et se vante de distribuer des tracteurs et autres matériels agricoles acquis par le régime déchu. Allez chercher où sera la rupture ? Les hommes et les femmes, qui avaient en charge de conduire la mise en œuvre du Pse, vont, eux, changer et céder leurs places à d’autres têtes d’œuf. Ces dernières qui n’ont pas réfléchi ou pensé la politique, ou écrit le Pse qu’ils vont devoir appliquer ! Ceux qui avaient fait ce travail et engrangé quelques succès sont des nigauds, des corrompus, des nullards et des voleurs. Ce sont les ressources humaines qu’il faudra changer, «dégager», pour reprendre leur rhétorique violente ou musclée. Seulement, comme pour leur faire un pied de nez, le Fmi, à l’issue de sa Mission de la semaine dernière, prodigue des satisfécits pour l’équipe sortante. Dans le communiqué rendu public, on lit que le gouvernement du Sénégal (est-il besoin de rappeler qu’il était dirigé par le candidat malheureux Amadou Ba qui se voulait en quelque sorte le candidat d’une certaine continuité) «s’est montré résilient» en 2023. Puisqu’il faudrait dire toutes les vérités, le Fmi ajoute que l’installation de la nouvelle équipe gouvernementale a été facilitée par la mise en place fort opportune «des réserves de liquidités de plus de 320 milliards de francs». On apprend alors que les caisses n’étaient pas aussi vides que le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, avait voulu le faire croire. Le paradoxe est alors que Bassirou Diomaye Faye, élu sur la promesse de la rupture contre la continuité préconisée pourtant par le candidat Amadou Ba, va finalement être le Président de la continuité que les électeurs ont refusée. Ils se sont convertis au Pse au point qu’on a pu lire un commentaire, tournant en dérision la situation, pour rebaptiser le Pse : «Plan Sonko émergent.»
«Puisque vous renierez plus tard, pourquoi ne pas renier tout de suite ?»
Ils sont arrivés au pouvoir sans y avoir été préparés.C’est en quelque sorte les mains dans les poches qu’ils ont pris les rênes du Sénégal. Que faudra-t-il faire ? Poursuivre ce qui était en train de se faire et alors renier tous leurs engagements et promesses. La grande promesse de réduire le coût de la vie sera renvoyée aux calendes du Kayor. Le Président Bassirou Diomaye Faye semble avoir trouvé une excuse aux difficultés de baisser le coût de la vie. Au Daaka de Médina Gounass, un événement religieux musulman, il a indiqué que les soubresauts et tensions sur la scène internationale constituent des handicaps pour un pays comme le Sénégal, car cela renchéritles coûts des importations. En outre, le Fmi a exigé et obtenu du gouvernement de rester dans la logique de diminution, pourne pas dire de suppressiondes subventions sur les denrées de base ou sur l’énergie. L’institution financière internationale relève notamment «des dépenses élevées de subventions à l’énergie (620 milliards de francs Cfa, soit 3,3% du Pib)». La seule concession laissée à Ousmane Sonko et à son équipe est de jouer peut-être sur les tranches de facturation de l’électricité. En termes moins ésotériques, le gouvernement pourra travailler sur les grilles tarifaires de la Senelec pour faire baisser le prix du kilowatt heure pour les tranches concernant les couches sociales les plus défavorisées (environ 1 150 000 ménages qui paient des factures mensuelles de moins de 15 000 francs), mais que cette baisse sera répercutée sur les factures des consommateurs relativement plus aisés.
Le Fmi reviendra au mois de juin pour évaluer le respect des engagements souscrits par le Sénégal, avant de pouvoir procéder à un décaissement, courant juillet 2024, de la deuxième tranche des prêts d’un total de 1150 milliards de francs. Là également, les autorités gouvernementales vont devoir renier leurs promesses de renoncer à l’endettement. Opposants, ils avaient pourfendu le sinistre Fmi, accablé de tous les torts et de tous les maux du Sénégal. «Les nouvelles autorités ont réaffirmé leur engagement à poursuivre le programme actuel soutenu par le Fmi. Elles reconnaissent que les principaux piliers du programme s’alignent sur leurs propres objectifs stratégiques.» Dire qu’elles avaient aussi fustigé la politique d’endettement pour financer les projets ! Diomaye et Sonko, une fois au pouvoir, se retrouvent à chercher et obtenir la caution du Fmi pour aller sur les marchés internationaux afin de lever de gros financements pour profiler la dette déjà existante, par des efforts de «réduction de sa vulnérabilité», afin de rester dans la situation d’un «pays à endettement à risque modéré». Le principe est assez connu, ils vont augmenter l’encours en faisant baisser le service de la dette. Résultat des courses ? Ils vont alors continuer à endetter le pays de plus belle. On leur disait que l’économie du Sénégal n’a pas la capacité de générer des recettes intérieures de 15 mille milliards de francs Cfa, comme le proclamait le leader de Pastef dans ses envolées populistes.
La bonne touche des réformes à apporter au Pse
Le gouvernement pourra, dans une logique d’une amélioration continue, jusqu’à l’horizon temporel de 2035 du Pse, introduire plus de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des projets. Ce que le Président Bassirou Diomaye Faye pourra apporter dans l’exécution du Pse, sera sans doute de mener le train de réformes prévues dans la gouvernance publique. Au Groupe consultatif de décembre 2018 à Paris, le Président Macky Sall s’était engagé à mener des réformes attendues par les partenaires, mais qu’il mettra sous le boisseau, au lendemain de la Présidentielle de 2019. Les réformes dans les secteurs de la Justice, de l’Administration centrale, comme la digitalisation des procédures, du secteur de l’énergie, de l’agriculture ou de la fiscalité. Le Code général des Impôts, déjà vieux de dix ans, a besoin d’être revu. Les réformes du secteur de l’énergie étaient aussi prévues dans le Millenium challenge account (Mca) alors que la transparence et la rationalisation des dépenses dans le secteur de l’agriculture avaient été dans les accords avec la Banque mondiale, du temps où Mme Louise Cord était représentante de l’institution au Sénégal.
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THIAGO, LE VILLAGE SACRIFIÉ AUX PORTES DU LAC DE GUIERS
Les habitants privés d'un accès décent à l'eau potable, sont contraints de puiser leurs maigres ressources dans les eaux insalubres du lac voisin, malgré la proximité avecla principale réserve d'eau douce du Sénégal
À quelques encablures du majestueux Lac de Guiers, principale réserve d'eau douce du Sénégal, le village de Thiago étouffe, frappé par une cruelle ironie. Ses habitants, privés d'un accès décent à l'eau potable, sont contraints de puiser leurs maigres ressources dans les eaux insalubres du lac voisin.
Un château d'eau dérisoire dessert péniblement les quelques 6 000 âmes de cette localité oubliée. Conséquence : les femmes vaquent inlassablement aux rives malsaines pour leur lessive, tandis que les enfants s'abreuvent d'une eau croupie, source de diarrhées récurrentes et d'infections respiratoires.
L'unique poste de santé, démuni et sous-équipé, lutte comme il peut contre ce fléau sanitaire. "Je consulte 300 malades par mois, seule avec une sage-femme", déplore une infirmière dépassée.
Pourtant, ce village paradoxal pourrait être prospère. Ses ressources naturelles - pêche, agriculture, élevage - en font un grenier potentiel. Mais les infrastructures de base manquent cruellement, à l'image du collège sans salles de classe dignes de ce nom.
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LES MOTS DE LA RECONQUÊTE
Autour de thématiques comme le foncier, la monnaie ou les bases militaires étrangères, la série "Où va le Sénégal" animée par l'étudiant-chercheur en Histoire à l'Ucad Florian Bobin, aura redessiné sur la trajectoire démocratique du pays
C'est le post-scriptum riche en réflexions d'une série phare qui a rythmé les débats ces derniers mois au Sénégal. "Où va le Sénégal ?", animée en 10 épisodes par l’étudiant-chercheur en Histoire à l'Ucad Florian Bobin, aura donné la parole à 25 diverses - chercheurs, artistes, militants, journalistes - pour mettre des mots sur la trajectoire d' un pays en pleine reconquête démocratique.
Dans ce dernier échange aux allures de bilan, Abdou Aziz Ndao, étudiant en littérature africaine et membre du Front Révolutionnaire Anti-impérialiste Populaire et Panafricain (FRAPP), analyse avec lucidité le sens de cette initiative suscitée par la dynamique organisation de gauche.
"C'était extrêmement important pour une organisation comme le FRAPP de tenir ces discussions, afin de remettre sur la table les problèmes cruciaux de souveraineté nationale", souligne le jeune militant. A l'heure où le Sénégal émerge d'années de dérive autoritaire, ces échanges permettront de "faire évoluer le processus démocratique" par la vertu du débat public.
Au cœur des discussions : des thématiques brûlantes comme le foncier, la monnaie, les bases militaires étrangères ou encore l'éducation populaire. Des sujets majeurs qui « continuent de troubler le sommeil » des peuples africains en quête de souveraineté réelle. Au-delà des constats, un message fort est rédigé aux nouvelles autorités : s'inspirer de l'héritage des luttes passées pour apporter les changements nécessaires.
Quelques épisodes de la série sont disponibles ci-dessous :
Alioune Tine prône la nécessité impérieuse d'un audit organisationnel global du système administratif sénégalais. Une opération de déminage indispensable pour "identifier les pathologies" d'une bureaucratie minée par les dérives et la corruption
C'est un plaidoyer à la fois lucide et ambitieux qu'a livré Alioune Tine, fondateur d'Afrikkajom Center, dans l'émission dominicale "Point de Vue" sur la RTS ce 5 mai 2024. Invité à s'exprimer sur les premiers pas du nouveau régime, l'expert des Nations Unies a dressé un constat sans concession des défis majeurs auxquels le Sénégal doit faire face, tout en traçant des pistes audacieuses pour renouer avec l'espoir.
Son message phare : la nécessité impérieuse d'un "audit organisationnel global" du système administratif sénégalais. Une opération de déminage indispensable pour "identifier les pathologies" d'une bureaucratie minée par des années de dérives et de corruption systémique. Seul ce préalable, juge M. Tine, ouvrira la voie à de véritables réformes structurelles et à l'avènement d'un "État neutre et impartial".
L'orateur a par ailleurs salué les premières mesures prises, notamment en matière de bonne gouvernance, de reddition des comptes et de protection du littoral. Mais il appelle sans détour à s'attaquer frontalement à l'urgence que constitue l'emploi des jeunes et la vie chère, en renégociant au besoin les accords internationaux défavorables.
Au chapitre des réformes politiques, Alioune Tine prône une cure de jouvence de la démocratie sénégalaise. Exit l'hyper-présidentialisme ; place à une justice transitionnelle, une participation citoyenne accrue et une "démocratie délibérative". Une remise à plat indispensable après les années de dérive qui ont mené aux tragiques événements de 2021-2024.
Mais c'est peut-être sur la scène internationale que l'analyste voit le plus grand défi à relever pour le Sénégal. Face à "l'impuissance des puissances" désormais patente dans la région, il incite le nouveau régime à embrasser un rôle d'équilibriste diplomatique. Une mission à laquelle Dakar serait idéalement positionnée pour apporter sa pierre, du Mali au Burkina Faso en passant par le Niger, contribuant à "recoller les morceaux" face à la déferlante terroriste.
LA PROMESSE TRAHIE DU RETOUR DES TRÉSORS D'AFRIQUE
Depuis l'engagement de Macron en 2017, l'attente se fait interminable pour les pays du continent. Dans une tribune cinglante, des responsables du Bénin, du Nigeria et du Sénégal dénoncent le "choc" d'un nouveau report de la loi sur les restitutions
(SenePlus) - Dans une tribune publiée dans Le Monde le 30 avril 2024, des responsables de musées et de la restitution du patrimoine du Bénin, du Nigeria et du Sénégal ont exprimé leur profonde déception face au report de la loi promise par Emmanuel Macron en 2017 pour faciliter les restitutions d'œuvres d'art africaines.
"Le report de la loi promise est pour nous un choc", ont écrit Babatunde E. Adebiyi, Fatima Fall Niang et Alain Godonou, déplorant que seuls 27 biens aient été rendus depuis les engagements du président français il y a sept ans.
En 2017 à Ouagadougou, M. Macron avait affirmé : "Je veux que, d'ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique." Cette déclaration, suivie du rapport Sarr-Savoy en 2018, avait soulevé un immense espoir chez les pays francophones dont certains trésors majeurs se trouvent encore en France depuis la colonisation.
Cependant, les critiques du Conseil d'État français sur le projet de loi, révélées par Le Monde, soulignent de nombreux vices juridiques. Le Conseil estime notamment que le projet "contrevient à un principe fondamental" en ne justifiant pas les restitutions par "un intérêt public supérieur".
"L'intérêt culturel des peuples n'est-il pas un motif impérieux, un intérêt général supérieur ?", s'interrogent les auteurs, citant le Pacte international de 1966 sur les droits civils et politiques ratifié par la France. Ils appellent à "fonder une éthique relationnelle repensée" avec des "commissions scientifiques paritaires" étudiant l'histoire de ces appropriations.
Le Conseil d'État a également critiqué la "conditionnalité" prévue par le texte, avec une "obligation de présentation au public" des œuvres restituées, perçue comme un contrôle néocolonialiste de la politique culturelle africaine.
"Depuis 2017, la France n'a restitué que 27 biens, alors que d'autres pays européens se sont engagés dans des restitutions bien plus ambitieuses", regrettent les responsables, évoquant le cas du Nigeria qui a recouvré la propriété de milliers d'œuvres via des accords.
"La restitution est d'un intérêt supérieur : transmettre notre histoire, éduquer, inspirer nos artistes, développer notre économie, refonder nos coopérations, asseoir notre identité", plaident-ils. "Nous sommes prêts à bâtir avec nos homologues français une éthique relationnelle repensée."
UN PROJET MORT-NÉ
Le Pastef renie-t-il sa promesse électorale? En nommant de nouveaux directeurs sans transparence, le gouvernement semble tourner le dos à la réforme promise. Si certains évoquent la nécessité d'aller vite, d'autres y voient le primat accordé aux proches d
Le gouvernement semble avoir définitivement tourné le dos au processus d’appel d’offres pour la nomination aux postes de directeurs généraux et dirigeants de certains établissements publics. Du côté du Pastef, on refuse de parler de reniement, mais juste d’une volonté d’aller vite dans les réformes et la mise en place de politiques publiques en faveur des populations.
Cette nouvelle vague de nominations à la direction des structures publiques et parapubliques, à l’issue du dernier Conseil des ministres, à l’air d’avoir entériné la fin du processus d’appel à candidatures. Cette panacée qui devait réformer l’Administration sénégalaise parait être remise aux oubliettes. D’où les nominations aux postes de directeurs généraux des structures parapubliques et de quelques agences : Ndéné Mbodj (Coud), Abdoul Niang (Sones), Mamadou Abib Diop (Sar), Ndèye Rokhaya Thiam Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec). Ibrahima Diop, Société nationale des chemins de fer du Sénégal (CFS), Dahirou Thiam (ARTP), Babacar Gning (Fonsis) entre autres.
Les dernières structures susceptibles d’avoir des nominations à travers des appels d’offres sont les rectorats d’université, la Senelec, l’Aprosi, l’ASPT, ainsi qu’un certain nombre d’agences comme le Fongip, entre autres. Des postes stratégiques comme le Port autonome de Dakar, la Caisse des dépôts et consignations, AIBD, RTS, Apix, Onas, la Direction des domaines ont été déjà été cédés à des proches d’Ousmane Sonko.
Cette promesse électorale devant permettre la création d’une commission chargée d’étudier les candidatures de tout Sénégalais disposant des compétences nécessaires semble avoir cédé la place à la volonté de récompenser les soutiens de la coalition DiomayePrésident. Un arbitrage nécessaire, d’autant plus que le format réduit du gouvernement et les nominations de technocrates semblent aussi avoir refroidi l’ardeur des soutiens de la nouvelle coalition au pouvoir.
Beaucoup de soutiens du Pastef mettent en avant la nécessité d’aller vite dans les réformes, pour expliquer ce choix de faire fi des appels à candidatures pour placer des hommes de confiance à certains postes stratégiques.
L’absence d’un cadre légal et réglementaire au sein de l’administration publique constitue aussi un argumentaire pour les tenants du statu quo au niveau des nominations. Une mesure qui va à l'encontre de l’esprit du Projet qui, dans ses principes, devait interdire à certains hauts responsables de l’administration publique de faire de la politique.
Mieux, dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, Ousmane Sonko, président du Pastef, indiquait sa volonté de faire appliquer l’appel à candidatures. ‘’On a vu nombre de hauts fonctionnaires ramper devant le pouvoir, parce que si tu veux être directeur ou directeur général, il faut rejoindre le camp du pouvoir (…). Aujourd’hui, tous les directeurs généraux sont obligés de faire de la politique. Vous les voyez en pleine journée aller faire de la politique au lieu d’être à leurs bureaux. Nous allons y mettre un terme’’, disait-il.
Sera-t-il en mesure d’empêcher les nouveaux directeurs généraux de faire de la politique ?
Les militants du Pastef, dans le déni concernant l’appel à candidatures
Pour l’heure, les responsables du Pastef n’ont apporté aucune explication à ce qui parait être un reniement d’une promesse de campagne. Certains de nos interlocuteurs au sein du parti reconnaissent à demi-mot ce recul, mais arguent d’une volonté de récompenser les personnalités qui ont mouillé le maillot pour le Projet. ‘’Nous avons beaucoup de responsables qui se sont dépouillés pour le Projet et qui attendent les nominations. Beaucoup au sein du parti craignent par-dessus tout de nommer des (‘étrangers’) certes compétents, mais qui n’épousent pas la philosophie du parti et du Projet’’, souffle un responsable du Pastef.
Sur ce, cette volonté de préserver le cœur du Projet semble guider les choix, même si au sein du Pastef on s’accroche à la rhétorique, en indiquant que seuls ‘’certains emplois de la haute Fonction publique et du secteur’’ vont faire l’objet d'un appel à candidatures.
Ainsi, des postes comme celui de recteur de l’université de Ziguinchor pourraient faire l’objet d’un appel à candidatures, nous souffle-t-on du côté du Pastef.
Sur le plan politique, il apparaît que cette volonté de changer les directeurs généraux vise aussi à priver l’ancien parti au pouvoir (APR) de possibles ressources capables de pouvoir gêner la nouvelle coalition au pouvoir.
En effet, nombre de directeurs généraux se sont taillé des fiefs dans plusieurs régions du pays à coups de gros financements à la base. Leur maintien à la tête de ces structures pouvait leur permettre de garder leur clientèle et de participer à l’effort de guerre de l’APR. Ces derniers, qui étaient les principaux bailleurs des différentes campagnes de l’ancien régime, se voient ainsi dessaisis de leur poste, avec en ligne de mire les élections législatives anticipées.
D’ailleurs, dans cette perspective électorale, le duo au pouvoir a eu une séance d’explications avec les membres de Diomaye2024, après la formation du gouvernement. Dans la mesure où les partis alliés du Pastef attendent aussi beaucoup des nouvelles nominations pour s’ancrer davantage dans la nouvelle coalition qui jusque-là fait la part belle aux militants du Pastef. Beaucoup des dernières nominations concernent des patriotes. À terme, il y a un risque de faire grincer des dents au sein de la coalition Diomaye2024. Déjà, des voix se font entendre pour réclamer des postes.
Jusqu’ici, seuls quelques postes ministériels et la direction de l’AIBD, avec Cheikh Bamba Dièye, (FSD/BJ) ont échappé à l’appétit des ‘’pastéfiens’’ qui justifient leur forte présence par ce désir de préserver la matrice idéologique du Projet.