Dans un monde où la digitalisation des procédures administratives est en pleine expansion, la Poste au Sénégal se trouve à un moment charnière. Confrontée à des difficultés financières et à la menace de la faillite, elle doit se réinventer pour demeurer pertinente dans un paysage en constante évolution. La déclaration du Président Bassirou Diomaye Faye, le 3 avril 2024, selon laquelle "Nous entendons investir massivement dans la digitalisation des services et des procédures administratives", souligne l'importance cruciale de cette transformation pour l'avenir du pays.
Lorsque l'on parle de digitalisation, le concept de "zéro papier" est souvent mis en avant. Toutefois, il est essentiel de comprendre que la digitalisation va bien au-delà de la simple substitution du papier par des données numériques. Elle vise à transformer les processus et les interactions, dans le but ultime de simplifier la vie des citoyens.
Dans ce contexte, la digitalisation des services administratifs peut jouer un rôle déterminant dans la réinvention de la Poste au Sénégal. Au lieu de se focaliser uniquement sur la dématérialisation des documents, il est impératif de prendre en compte l'intégralité du parcours du citoyen. Un aspect souvent négligé de ce parcours est la connexion entre le service demandeur et le citoyen lui-même.
Dans ce nouveau paradigme, le citoyen initie sa demande, qui est ensuite traitée dans un workflow défini. Une fois le document en sortie du workflow, un agent assermenté doit être en mesure de le délivrer au citoyen, garantissant ainsi l'authenticité et la sécurité du document. Cet agent, qui est un fonctionnaire de l'État, pourrait être le postier lui-même, déjà en service.
La Poste doit saisir cette opportunité pour se réinventer et jouer un rôle central dans la distribution des documents administratifs. Si elle peut être à l'avant-garde de cette transformation, c'est la meilleure option. Cependant, même si elle ne peut pas prendre la tête de ce chantier, elle peut au moins servir d'interface pour la distribution des documents, créant ainsi de nouvelles sources de revenus.
De plus, la Poste peut explorer d'autres moyens de financement dans ce nouvel écosystème numérique. Par exemple, elle pourrait envisager de proposer un abonnement à une application de stockage sécurisé des documents administratifs individuels, offrant ainsi aux citoyens un moyen pratique et sécurisé de gérer leurs documents avec un système de livraison à la demande.
En conclusion, la digitalisation du service public offre à la Poste au Sénégal une opportunité sans précédent de se réinventer et de prospérer dans un environnement en mutation. En utilisant la digitalisation comme un levier de croissance, la Poste peut jouer un rôle central dans la modernisation de l'administration publique et dans l'amélioration de la vie des citoyens sénégalais.
par El hadji Gora Sène et Khalifa Ababacar Tall
DE LA GESTION DES DOCUMENTS ADMINISTRATIFS ET ARCHIVES
Malgré un arsenal juridique solide, la gestion des documents administratifs et archives dans l'administration publique sénégalaise souffre de nombreuses insuffisances qui nuisent à la transparence et au contrôle de l'action publique
El hadji Gora Sène et Khalifa Ababacar Tall |
Publication 03/05/2024
Un pilier essentiel à la mise en œuvre du « Jub, Jubal, Jubbanti » (Transparence et Bonne gouvernance)
L'élection de monsieur Bassirou Diomaye Faye à la présidence de la République du Sénégal a replacé dans le débat public les questions de la bonne gouvernance, de la transparence et de la reddition des comptes dans la gestion des affaires publiques. Rappelons aussi que lors de la campagne électorale, le candidat Bassirou Diomaye Faye avait fait de ces questions son thème de prédilection. Une fois élu, le président Faye porte un discours qui traduit une volonté affichée de faire de la reddition des comptes un impératif et de la transparence une obligation, d’où le triptyque « Jub Jubal Jubbanti ».
La bonne gouvernance, transparence et la reddition des comptes font partie des cinq orientations majeures du « Projet de transformation systémique du Sénégal » qui est le nouveau référentiel des politiques publiques. Ce changement s'inscrit en droite ligne avec les principes de la Constitution qui proclame dans son préambule que le Sénégal affirme « son l’attachement à la transparence dans la conduite et la gestion des affaires publiques, ainsi qu’au principe de bonne gouvernance ».
Par ailleurs, face à un environnement économique difficile et des urgences sociales, le Sénégal se voit contraint de prendre des mesures visant à instaurer la bonne gouvernance, et l’efficacité et l’efficience dans la gestion des ressources publiques.
Les dispositifs de bonne gouvernance, de transparence et de reddition des comptes s’appuient sur plusieurs outils dont les documents administratifs et archives. Ces derniers découlent des activités de l’administration et reflètent la façon dont les affaires publiques ont été conduites et gérées par les agents de l'Etat. D’où les précieuses sources d’information qu’ils constituent pour les organes de contrôle (audits) et les citoyens (accès à l’information administrative).
Ainsi, il est pertinent d’aborder et de montrer la contribution d’une gestion optimale des documents administratifs et archives au développement d’une culture de bonne gouvernance dans l'administration publique sénégalaise.
Clarification conceptuelle des archives et des documents administratifs
À tort, le périmètre des archives et des documents administratifs a tendance à être élargi à tous les documents produits ou reçus par les organismes publics et les institutions étatiques. D’où la nécessité de préciser ces deux concepts. Compte tenu de leur importance dans les administrations publiques et dans le but de délimiter leur champ d’application, leur définition est généralement donnée dans les dispositifs juridiques nationaux qui leur sont dédiés.
Ainsi, dans son article premier, la loi n° 2006-19 du 30 juin 2006 relative aux archives et aux documents administratifs définit les archives comme suit : « Les archives sont constituées par l’ensemble des documents, quels qu’en soient la nature, la date, la forme ou le support matériel, produits ou reçus par une personne physique ou morale dans le cadre de son activité publique ou privée. Les archives sont soit publiques, soit privées »[1].
Cette définition englobe les trois catégories d’archives à savoir les archives courantes (utilisées régulièrement pour la gestion quotidienne des affaires), les archives intermédiaires (consultées épisodiquement à titre de référence ou de preuve) et les archives historiques (conservées pour constituer la mémoire). Elle prend aussi en compte les documents et supports numériques (information numérique, sites et pages web, courriers électroniques, bases de données, les fichiers multimédias, etc.)
S’agissant des documents administratifs, la loi d’archives susmentionnée précise en son Article 21 que : « Les documents administratifs sont constitués par l’ensemble des documents produits ou reçus, dans l’exercice de leurs activités par les autorités administratives à savoir l’Etat, les collectivités locales, les établissements publics, les sociétés nationales, les sociétés à participation publique et les organismes privés chargés de la gestion d’un service public ou investis d’une mission de service public».
À l’image des archives, les documents administratifs peuvent être physiques ou numériques. Plus précisément, ils sont constitués par « les dossiers, rapports, études, comptes rendus, procès-verbaux, statistiques, instructions, circulaires, notes et réponses ministérielles, correspondances, avis, prévisions, codes sources et décisions »[2].
Les documents administratifs et archives : des outils de management public
Selon Nicolas Charest, « le management public consiste en un ensemble de processus et d'outils visant à atteindre une performance optimale d'une organisation vouée au service public [3]».
Dans l’objectif d’atteindre la « performance optimale », le management public mobilise des outils et fonctions supports parmi lesquels figurent les ressources informationnelles dont une des composantes sont les documents administratifs et archives. Ces derniers, à la fois information et supports d’information, représentent un enjeu stratégique et constituent des moyens d’action pour les autorités administratives. Comme mentionné plus haut, les documents administratifs et archives constituent et conservent les traces de l’activité des organismes publics (et privés délégataires d’un service public) et celles de la gestion des affaires dont ils ont la charge. D’où les fonctions informative, administrative et justificative des documents administratifs et archives. Lesquelles fonctions sont essentielles à la gestion des affaires publiques.
D’abord, les documents administratifs et archives contiennent des informations fiables, validées, actualisées et stratégiques qui sont indispensables au traitement des dossiers et à la prise de décision (fonction informative). Ensuite, ils constituent les documents et dossiers nécessaires à la gestion courante des affaires et à la continuité de l’activité des autorités administratives (fonction administrative). Et enfin, ils ont une valeur probante ou juridique. Ce qui leur permet de justifier des droits et obligations ou d’éclairer des actes posés dans le cadre de l’action administrative (fonction justificative). Au vu de ces trois fonctions, les documents administratifs et archives demeurent des outils essentiels au management public et qui concourent à son objet qu’est l’atteinte de la performance optimale.
Par ailleurs, les trois fonctions susmentionnées des documents administratifs et archives, au-delà de leurs perspectives managériales, renforcent l’obligation légale qu’est la conservation des documents administratifs et archives par les organismes publics et organismes privés investis d’un service public. En outre, la conservation des documents administratifs et archives permet aux organes de contrôle de mener à bien leur travail et aux citoyens de jouir de leur droit d’accès à l’information administrative. D’où leur pleine contribution à la transparence et à la bonne gouvernance.
La gestion des documents administratifs et archives : un gage de transparence et de bonne gouvernance
La transparence renvoie à la qualité d’une organisation qui informe sur son fonctionnement, ses actions, ses décisions, ses résultats et ses projets.[4] C’est une condition sine qua non aux dispositifs de reddition des comptes et de redevabilité. Dans le sens où sa réalisation repose sur l’accès à l’information, l’archiviste devient un acteur clé dans ce processus. Celui-ci exerce, en effet, trois activités qui servent de leviers essentiels à la transparence. Il s’agit de la sécurisation des données et documents liés à la gestion administrative et financière, leur classement pour une facilité de repérage et la réponse aux demandes de communication conformément aux dispositifs juridiques.
Promotion de la redevabilité par la conservation des documents
Les dispositifs légaux obligent l’administration et ses composantes à conserver pendant une période de dix ans les pièces justificatives des opérations de recettes, de dépenses, de trésorerie et de patrimoine. Cette prescription est notamment énoncée dans l’Acte uniforme de l’OHADA du 26 janvier 2017 relatif au droit comptable et à l’information financière, dans la loi n° 2008-08 du 25 janvier 2008 sur les transactions électroniques ainsi que dans le décret n° 2020-978 portant Règlement général sur la Comptabilité publique.
Dans cette logique, l’archiviste assure la disponibilité des archives et des documents administratifs jusqu’à l’expiration de leur délai de conservation. Pour ce faire, un outil comme le calendrier de conservation est proposé dans le champ archivistique. Il répertorie tous les types de documents de l’administration, fixe la durée de conservation pour chacun d’entre eux et définit le sort final à la fin de cette période. Les conditions de protection de l’intégrité physique et intellectuelle des documents sont aussi prises en compte en termes d’équipements, de locaux et d’environnement.
L’enjeu est d’assurer la traçabilité des actes administratifs pour contrecarrer les pertes de données et les destructions incontrôlées de documents qui compromettent la revue documentaire des organes de contrôle.
L’apport du classement des documents au contrôle administratif
L’administration produit et reçoit une grande quantité de documents dont la gestion, dans la plupart de ses démembrements, souffre de dysfonctionnements et d’insuffisances. Il s’agit particulièrement d’absence de modes de classement (thématique, numérique, chronologique), de déficit d’équipements et de locaux adaptés. C’est ce qui ressort du dernier rapport public de l’Inspection Générale d’Etat (IGE) publié en 2015. Or ces manquements constituent de réels obstacles à la redevabilité et à la reddition des comptes.
À cet égard, la mise en place de systèmes de records management peut trouver un écho favorable au sein des services étatiques. Dans cette démarche, l'archiviste intervient dès la création ou la réception du document pour appliquer les premières actions d’enregistrement, de classement et d’indexation. En plus, le plan de classement, conçu en fonction des activités générant les documents, attribue à chaque dossier un emplacement précis suivant une structure logique et hiérarchique. Il en résulte une maîtrise de la production documentaire et un repérage instantané lors des recherches subséquentes.
L’accès à l’information dans une gouvernance transparente
Les services d’archives sont des médiateurs entre l’administration et les citoyens en garantissant l’accès et la diffusion des archives et documents administratifs au public soucieux de s'informer sur la conduite des politiques publiques. Conformément à la loi n°2012-22 portant Code de transparence dans Gestion des Finances publiques, l’administration est incitée à publier « dans des délais appropriés, les informations sur les finances publiques. » et d’informer régulièrement le public « sur les grandes étapes de la procédure budgétaire, leurs enjeux économiques et sociaux ».
Dans cette perspective, la mise en ligne de produits et services sur Internet (sites web, portails documentaires, réseaux sociaux, etc.), les publications en ligne et sur papier (ouvrages, guides des archives, articles de presse, etc.), la formation et la sensibilisation (expositions, journées portes ouvertes, séminaires) sont des nouveaux canaux pour élargir le champ de la diffusion de l’information.
Au sein des services d’archives, l’accès aux documents est libre et gratuit. Il s’organise autour de l’instrument de recherche permettant d’identifier et de repérer les documents recherchés, et de l’autorisation légale qui prend en compte les délais de communicabilité et la protection de la vie privée. Cependant, les professionnels des archives sont tenus de trouver le juste équilibre afin de protéger les intérêts publics et privés sans compromettre le droit à l’information.
Cette démarche proactive crée une relation de confiance entre l’administration et les usagers et participe à la formation de citoyens informés et conscients, capables de formuler des opinions constructrices sur les questions politiques, économiques et sociales
La nécessité de valoriser la gestion des documents et des archives dans l’administration publique sénégalaise
Comme démontré dans les précédentes parties de ce texte, la gestion des archives et des documents administratifs est un pilier essentiel à la gestion des affaires publiques, à la bonne gouvernance et à la transparence. D’où l’enjeu stratégique qu’elle représente pour les pouvoirs publics et les citoyens.
Cependant, il faut souligner que l’Administration publique sénégalaise connaît de nombreux manquements en matière de gestion des documents et des archives (non-respect de la législation et des textes en vigueur, absence de contrôle, insuffisance des moyens humains matériels et financiers, manques de compétences professionnelles, absence de référentiels, non harmonisation des pratiques de gestion documentaire, locaux inadaptés à la conservation des archives, absence de structure de gestion des archives, etc.), d’où les nombreuses pertes préjudiciables (temps, documents, informations, ressources publiques, droits) qu’ils occasionnent pour l'État et les citoyens.
D’ailleurs, plusieurs rapports publiés notamment par la Cour des comptes, l’IGE, l’ARMP soulignent et recommandent annuellement de remédier aux manquements liés à la gestion des documents et archives constatés dans de nombreux organismes publics et parapublics. Ces manquements constituent un obstacle majeur au travail des contrôleurs nécessitant l’urgence d’agir en ce sens.
Rappelons que le Sénégal dispose d’une législation et des textes qui encadrent toute action en matière de gestion de documents et d’archives, de professionnels des archives compétents et qualifiés et d’un institut universitaire (EBAD) qui forme des archivistes et vivifie la recherche en information-documentation. Le maillon manquant de la chaîne reste la volonté politique. Cette dernière, au-delà des discours, promesses et engagements, doit se traduire en actes, notamment par l’application dans toute sa rigueur de la loi d’archives, le renforcement des moyens matériels et financiers des services d’archives, le recrutement d’archivistes au sein des administrations publiques et la construction de la maison des archives tant attendue et ardemment souhaitée par les archivistes sénégalais.
La volonté affichée par les nouvelles autorités de mettre en place une administration efficace et performante, et d’instaurer la transparence et la bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques ne peut se concrétiser sans la prise en compte et la valorisation de la gestion des documents et archives. Celle-ci demeure un pilier essentiel et incontournable à un management public de qualité, efficient et transparent.
El hadji Gora Sène est Ingénieur en Gestion documentaire, Master 2 en Stratégies informationnelles et Documents numériques
Gouvernement du Sénégal. Loi n° 2006-19 du 30 juin 2006 relative aux archives et aux documents administratifs. Journal officiel n° 6291 du samedi 5 août.
[1] In : JORS n° 6291 du samedi 5 août 2006, pp. 800-802
[4] Définition proposée par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.
par Bassirou Diomaye Faye
À TOUS LES ACTEURS DE LA PRESSE
Il est de notre devoir commun de veiller à ce que l'information demeure un bien public accessible et non entravé. Nous œuvrerons à protéger les journalistes, tout en promouvant une régulation équitable des nouveaux médias
À l'occasion de ce 3 mai 2024 marquant la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le chef de l'État Bassirou Diomaye Faye exprime dans une lettre ouverte, sa profonde gratitude pour l'engagement des médias en faveur d'un journalisme de qualité au service du débat public. Il réitère son attachement indéfectible à une presse libre et indépendante, gage d'une démocratie solide.
Mesdames et Messieurs,
En ce jour où le monde célèbre la liberté de la presse, je souhaite exprimer, avec la plus grande emphase, le rôle crucial que vous, journalistes et médias, assumez dans la consolidation et la préservation des fondements démocratiques de notre nation. La liberté de presse, véritable pierre angulaire des sociétés démocratiques, garantit que chaque citoyen reste informé, engagé, et participe activement aux débats essentiels qui façonnent notre avenir commun.
L'absence de débats d'idées vigoureux, d'une vérification scrupuleuse des faits et d'une diversité de perspectives affaiblit la démocratie. Votre mission se révèle d'autant plus essentielle à une époque marquée par une rapide transformation numérique qui, malheureusement, engendre également une prolifération de la mésinformation, de la désinformation, et des discours de haine. Ces fléaux menacent notre cohésion sociale et ébranlent les fondements de notre coexistence pacifique, affectant parfois même les symboles les plus chers de notre nation.
Il est de notre devoir commun de veiller à ce que l'information demeure un bien public accessible et non entravé. Cela requiert un engagement renouvelé pour une presse indépendante et robuste, ainsi qu'une action résolue pour assurer une plus grande transparence des plateformes en ligne et développer l'éducation aux médias et à l'information pour tous les citoyens.
Dans cet esprit, je réaffirme mon engagement à soutenir une presse libre et diversifiée, pilier indispensable de notre démocratie. Nous œuvrerons à renforcer les mécanismes de soutien à la liberté de la presse, à protéger les journalistes dans l'exercice de leur fonction et leur quête de la vérité, tout en promouvant une régulation équitable des nouveaux médias.
Chacun d'entre nous a son rôle à jouer dans l'édification du Sénégal que nous souhaitons bâtir ; celui de la presse n'est pas des moindres. Je n'ai aucun doute que vous serez à la hauteur des défis qui se dressent devant nous et qu'ensemble nous porterons plus haut le flambeau d'un Sénégal démocratique, résilient et prospère.
J'avais grandement souhaité partager un moment de convivialité avec vous tous pour célébrer ensemble cette journée significative. Cependant, je dois participer au Daaka à Médina Gounass, événement important pour notre communauté spirituelle. Aussi, le déjeuner auquel, je souhaitais vous convier est-il reporté à une date ultérieure.
Toutefois, soyez assurés que nous fixerons une nouvelle date très prochainement, et j'attends avec impatience l'occasion de vous exprimer ma gratitude en de vive voix.
Je vous remercie pour votre engagement et votre collaboration inestimable. Ensemble, poursuivons nos efforts à défendre la vérité et à enrichir le débat public par le dialogue et l'information juste.
Veuillez recevoir, chers acteurs de la presse et des médias, l'expression de ma plus haute considération.
CICODEV AFRIQUE MET LES AUTORITÉS SÉNÉGALAISES EN GARDE CONTRE LES ENGRAIS CHIMIQUES
Loin de s'attaquer aux défis cruciaux de la santé et de la fertilité des sols, ces stratégies persistent à promouvoir des pratiques qui ne feront qu'exacerber la dégradation des sols en Afrique.
L’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (CICODEV Afrique) conseille aux autorités sénégalaises d’éviter de mettre en danger la santé des populations et la qualité des sols avec des ‘’décisions inappropriées’’ concernant les engrais.
L’organisation de défense des droits des consommateurs tire la sonnette d’alarme à quelques jours du sommet de l’Union africaine consacré aux engrais, de mardi à jeudi prochains à Nairobi, la capitale du Kenya.
Cette rencontre de l’organisation panafricaine est présentée comme un cadre devant ‘’définir un plan d’action décennal pour les engrais en Afrique, en les augmentant considérablement’’.
CICODEV Afrique, une organisation basée à Dakar, dit dans un communiqué avoir constaté ‘’beaucoup de lacunes dans cette stratégie du plan d’action africain, avec des impacts négatifs sur les sols […] et les humains’’.
‘’Non seulement ces stratégies négligent les défis essentiels de la santé et de la fertilité des sols, mais elles continuent à promouvoir des méthodes qui vont aggraver la dégradation des sols en Afrique’’, prévient-elle.
Les ‘’stratégies’’ prévues par l’Union africaine pour le sommet de Nairobi comportent ‘’de réels dangers […] sur la sécurité alimentaire, la santé publique et la diversité des semences indigènes’’, lesquelles ‘’sont fondamentales pour la souveraineté alimentaire’’, soutient l’organisation de défense des consommateurs.
‘’Il serait dangereux pour nous que le Sénégal accepte une politique agricole basée sur l’utilisation des engrais chimiques et des OGM (organismes génétiquement modifiés). Cela va tuer les sols et aura un impact négatif sur la santé des populations’’, avertit le directeur exécutif de CICODEV Afrique, Amadou Kanouté.
Il ajoute que ‘’la souveraineté alimentaire tant chantée par le Sénégal ne saurait nullement s’accommoder des engrais chimiques et des organismes génétiquement modifiés’’.
‘’Nous soutenons un modèle juste et inclusif pour restaurer la biodiversité et favoriser des systèmes alimentaires résilients. Et ce modèle est l’agroécologie’’, a argué M. Kanouté.
Le directeur exécutif de CICODEV Afrique et membre du conseil d’administration de l’Alliance pour une souveraineté alimentaire en Afrique dit encourager le nouveau gouvernement sénégalais à mener ‘’une transition agroécologique’’, laquelle sera sa ‘’voie de salut [vers] la souveraineté alimentaire’’.
CAMPAGNE AGRICOLE- VERS LA DIGITALISATION ET LA DISTRIBUTION DES SEMENCES PAR LES FDS
Afin d'optimiser l'allocation des semences et d'accroître l'efficacité du système, le gouvernement envisage une restructuration complète des mécanismes de financement.
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a annoncé, vendredi, lors du conseil interministériel dédié à la campagne agricole 2024-2025, au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio, que la distribution des semences sera désormais confiée aux forces de défense et de sécurité, en plus d’être digitalisée.
Le Premier ministre a souligné que malgré les investissements massifs alloués au secteur agricole ces dernières années, les résultats escomptés n’ont pas été atteints. Plus de 310 milliards de F CFA ont été investis entre 2020 et 2023, mais ces ressources n’ont pas pleinement bénéficié aux acteurs agricoles concernés.
Dans un souci de restructuration et d’efficacité, le gouvernement prévoit une refonte des mécanismes de subvention et de financement pour garantir une distribution adéquate des semences. Cette refonte inclut un virage vers la digitalisation du système de distribution des intrants agricoles, ainsi que la sécurisation de ce processus par les forces de défense et de sécurité.Le Premier ministre a souligné l’importance de cette initiative, la qualifiant de première du genre depuis l’arrivée au pouvoir du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Pour accompagner cette transition, des sessions de renforcement des capacités seront organisées pour informer et former les acteurs agricoles sur les nouveaux schémas de financement et de distribution.
FAYE-SONKO FACE AUX PIÈGES DE LA COHABITATION
EXCLUSIF SENEPLUS - La transition en cours sera apaisée ou chaotique selon les considérations des nouvelles autorités en étroite collaboration avec tous les acteurs politiques concernés, sans exclusion - ENTRETIEN AVEC ABDOU FALL
Propos recueillis par Saxewar Diagne |
Publication 03/05/2024
Abdou Fall scrute les priorités du nouvel exécutif dans ce contexte singulier marqué notamment par l'absence de majorité à l'Assemblée nationale. S'il salue certaines initiatives, l'ancien ministre juge qu'il faut d'abord se concentrer sur les réformes institutionnelles et la mise en place des instruments de gouvernance avant d'engager certains dossiers. Le leader du mouvement Alternative citoyenne Andu Nawle appelle à privilégier les logiques de compromis sur la confrontation pour une transition apaisée.
SenePlus : À votre avis, quel impact a eu la récente élection présidentielle sur la scène politique sénégalaise ?
Abdou Fall : Cette élection marque la fin d'un cycle politique et l'avènement d'un autre dans notre pays.Elle a consacré un face-à-face quasi exclusif entre deux blocs politiques. Yewwi et Bennoo ne laissant de la place à aucune force intermédiaire. L'impact réel du ralliement tardif de Wàlu de Karim Wade dans le score du candidat Diomaye Faye est difficile à déterminer. Il en est de même de l‘issue d’une participation du candidat du PDS. Ce qui est en l'état actuel des choses factuel et incontestable, c'est le face-à-face entre les deux blocs : Yewwi d'une part, sous le leadership politique de la paire Diomaye/Sonko et Bennoo d'autre part, que Macky sall a admirablement piloté pendant deux mandats avec tous ses alliés. Une deuxième remarque de fond concerne le décalage entre la présidentielle et les législatives, ce qui était fortement reclamé par l'opposition de l'époque et dont la conséquence aujourd'hui est de nous conduire à une situation de transition inachevée avec un président élu devant démarrer son magistère sur une période relativement longue au pouvoir, dans un cadre institutionnel de cohabitation de fait entre un nouvel exécutif confronté à un parlement qui échappe totalement à son contrôle. Un parlement où la force politique dominante est sous le contrôle de la majorité exécutive sortante. Cette majorite sortante a été certes victime d'un coup de colère retentissant des citoyens-électeurs, phénomène qui mérite une analyse fine de notre camp, mais qui n'en reste pas moinssur plus de la moitié de l'année fortement ancrée au parlement. C’est la même chose concernant les autres institutions politico-administratives du pays. Qu'il s'agisse du Conseil économique, social et environnemental ; et du Haut conseil des collectivités territoriales, ainsi que dans l'écrasante majorité des communes et départements du pays.C'est encore là "un pied de nez" de la démocratie sénégalaise qui appelle à mon avis, une gestion politique avisée, lucide, sereine et très responsable.
À quoi pourrait ressembler en pratique, une telle gestion ?
La politique pour moi, c'est avant tout l'art de gérer le réel, de faire avec le réel, surtout lorsque l’on gouverne. En l'état actuel de la situation politique du pays, il faut à tout prix éviter de faire prévaloir les logiques de rapports de forces sur les logiques de compromis. C'est parce qu’il l'a si bien compris que le président Macky Sall avait pris, à l'approche de l'élection du 24 mars, les mesures courageuses et salutaires porteuses de cette transition ordonnée qui nous vaut le respect et l'admiration du monde. C'est aujourd'hui le président Diomaye Faye et ses amis qui sont en situation de faire la preuve de leur leadership managérial d'un État et d'une nation aussi sophistiqués que les nôtres. Et cette logique de compromis pourrait se résumer en une entente entre les parties concernées par cette situation de cohabitation de fait. Afin de définir ensemble les conditions de gestion sereine de cette délicate période de transition. Une situation tout à fait inédite.
C’est-à-dire ?
Une consultation officielle et tout à fait transparente des leaders et partis concernés au premier chef par cette transition, à savoir les parlementaires et les responsables des principales institutions du pays. Je pense que c'est le moment pour le président nouvellement élu de recourir à la pratique de la concertation avec les leaders politiques et personnalités de bons conseils pour échanger et statuer sur les conditions et modalités de la gestion de cette transition, au niveau du parlement en particulier. Cette transition sera apaisée ou chaotique selon sa prise en charge par les nouvelles autorités en étroite collaboration avec tous les acteurs politiques concernés, sans exclusion. Et J'insiste sur la transparence de cette démarche si elle devait avoir lieu. Pour éviter toute forme de suspicion sur le sens d'une telle initiative. Il est temps dans ce pays, de rompre avec cette conception puérile et infantile de la relation pouvoir/opposition qui n'est conçue qu'à travers des logiques de confrontations. Alors que toute notre histoire politique nous apprend que nos avancées qualitatives ont été toujours réalisées à travers des démarches de compromis. Les stratégies de conflit et de tension ne sont jamais payantes dans le long terme. Pas au Sénégal en tout cas.
Pensez-vous donc qu'il faille revoir la priorité accordée à la réédition des comptes, comme en témoigne le déplacement du président Diomaye Faye à Thiès le 1er mai ?
Ce déplacement n'était pas opportun à mon avis. Il dispose de bien des moyens d'accès aux informations utiles sur le foncier sans personnellement se déplacer. Ce sujet et d'autres de même nature relèvent selon moi d'actes de gestion à des niveaux qui ne doivent impliquer un chef d'État à ce stade des procédures de traitement. Rien ne doit être laissé en rade. Mais pour l'instant, je situe les priorités ailleurs. Pour une équipe au pouvoir qui n'a pas encore fini de s'installer, avec de surcroît un environnement institutionnel aussi délicat et précaire, la sagesse pour ma part aurait consisté à privilégier les conditions d'une sérénité permettant de parachever le processus en cours de mise en place des instruments de gouvernance du pays et de prise en charge des priorités citoyennes les plus pressantes. Je respecte toutefois les choix des autres d'autant qu'ils sont les vainqueurs du moment, ce qui les rend maîtres de la décision.
Le nouveau gouvernement a-t-il réellement les moyens d'implémenter sa politique ?
En tout cas, ils n'ont pas encore tous les moyens de leur politique, au regard de la configuration des forces actuelles en présence au sein des institutions du pays. Le pouvoir exécutif actuel est certes sur une courbe ascendante, mais il porte objectivement des limites que leurs dirigeants devraient bien se garder de perdre de vue. Quoique certains puissent en penser ou dire, les Sénégalais n'ont nulle envie aujourd'hui de retomber, après le soulagement de l’élection du 24 mars dernier, dans l'ambiance des tensions et conflits traversés entre 2021 et 2024. Les gens ont bien conscience des défis à relever dans un contexte de grande complexité des questions fondamentales à traiter et des urgences auxquelles il faut faire face pour encore être embarqués dans de nouvelles aventures sans issue. La priorité c’est, à mon avis, calmer le jeu et créer les conditions du parachèvement des procédures d'accès aux différents leviers de pouvoir. Or encore une fois, les rapports actuels des forces au sein des différentes institutions ne permettent ni à la nouvelle majorité gouvernementale, ni à l'actuelle opposition parlementaire de faire ce qu'elles veulent. Et c'est tant mieux pour la démocratie ! (rires… )
Quelles devraient être ces priorités en termes plus clairs ?
Leur plan d'actions politiques à cette étape ainsi que les urgences sur lesquelles ils sont attendues en termes de prise en charge des soucis premiers des citoyens, il leur appartient d'en décider. C'est par contre sur les aspects en rapport à la République et la nation que nous avons parfaitement notre mot à dire. Ce sont là des sujets qui transcendent les majorités. C'est le cas par exemple des réformes institutionnelles dont certaines sont mises à l'ordre du jour par les évolutions propres à notre histoire politique avec les mutations qui en découlent naturellement au plan institutionnel. Les réaménagements institutionnels dans le sens d'un rééquilibrage des pouvoirs entre le président de la République, l'Assemblée nationale, le gouvernement, sont une exigence incontournable à soumettre à la décision de tous. Car cela dépasse le cadre d'une majorité, par définition transitoire en démocratie. J'avoue que j'attendais le président Diomaye et son gouvernement davantage sur cette question essentielle que sur les Assises de la justice et les lanceurs d'alerte. J'en profite pour attirer fortement l'attention sur certaines propositions portées par certains groupes d'activistes. Tel que j'entends certains parler, ils sont dans la logique de gestion de nos États avec des principes et règles d'organisation non gouvernementales. L'État n'est pas une ONG. L'état est une OG ! Il ne faudrait pas qu'on se laisse entrainer dans le jeu des gadgets politiques de sociétés qui sont bien loin des réalités politiques, économiques et culturelles de nos pays. Je vois la période qui nous sépare des prochaines législatives qui ne peuvent avoir lieu avant l'année prochaine comme une période à mettre à profit pour l'évaluation critique de nos quatre décennies de multipartisme intégral (1981/2024) et de l'écosystème de notre démocratie sources d’avancées certaines avec trois alternances en 25 ans mais qui a aussi révélé bien des travers au niveau des partis, des médias, des syndicats et de la société civile. Des recadrages importants sont à opérer à tous ces nouveaux afin qu'on aille aux prochaines législatives dans des conditions d'une démocratie mise à jour dans ses finalités et son mode de fonctionnement. Ces sujets de fond sont pour moi, le préalable pour le Sénégal du renouveau que nous devrions construire ensemble dans le strict respect des identités politiques de tous. Ce sont là les bons défis à mon avis.
Vous donnez l'impression de n'avoir pas perdu le pouvoir…
Nous avons perdu une bataille,non la guerre.Dans ce face-à-face Yewwi/ Bennoo, nous gardons intactes nos chances d'une gouvernance partagée du pays, le schéma idéal pour conduire le Sénégal dans la voie d'un renouveau politique souhaité manifestement par nos compatriotes dans leur écrasante majorité. Un Bennoo, un wallu et certaines identités poliques remarquables affaiblis serait un gâchis pour les équilibres politiques du Sénégal. L'expérience capitalisée dans les formations politiques de ces deux principaux blocs devraient être mise à profit dans le cadre d'un modèle de démocratie d'équilibre que le Sénégal a aujourd'hui les moyens de promouvoir au bénéfice de la stabilité, de la paix et du développement et au service d'une sous-région stabilisée et d'une Afrique unifiée. Ce sont là pour moi les grands et les bons chantiers que notre large coalition Bennoo doit à présent explorer à la suite d'une évaluation sans complaisance de nos 12 années d'exercice partagé du pouvoir.
Comment votre coalition s’organise-t-elle face à ses dissensions internes apparues au grand jour après le scrutin ?
Je ne nie pas du tout l'existence de ces dissensions dont vous faites état. C'est précisément pour cette raison que je souhaite vivement qu'on procède dans nos rangs à un diagnostic sans complaisance. En insistant sur "sans complaisance". Le président Macky Sall a la responsabilité de rassembler, de réunifier et de moderniser son parti. Lui et ses alliés aux premiers desquels le président Moustapha Niasse, Mme Aminata Mbengue Ndiaye, nos amis des partis de gauche, les principaux courants politiques issus du PDS, tous les leaders de partis et mouvements compagnons historiques doivent à mon avis se retrouver au plus vite pour faire le point sur le chemin parcouru et tracer les lignes de forces de nouveaux schémas d'avenir. Cette perspective qui est en tout cas celle de notre mouvement Alternative citoyenne Andu Nawle qui confirme plus que jamais son ancrage au sein de Bennoo et sa confiance au président Macky Sall.
Le premier gouvernement Faye-Sonko et les récentes nominations à des directions générales présentent un faible nombre de femmes. Cela relève-t-il d’une faute politique ou d’un simple faux-pas que la nouvelle administration pourrait corriger dans le futur ?
Je ne pense pas à priori qu'il s'agisse d'une volonté délibérée de marginaliser les femmes. Certainement un faux-pas comme vous dites, qui sera certainement corrigé prochainement au regard de la clameur provoquée par ce déséquilibre manifeste. Je pense toutefois qu'en cette matière il y a lieu de recommander la prudence. Il peut parfaitement être possible au regard des évolutions profondes de nos sociétés, en particulier au niveau des élites, de se retrouver dans des situations où naturellement la proportion des femmes soit supérieure à celle des hommes dans les postes stratégiques de management. Cette tendance est déjà observable dans certaines sphères de management des grandes entreprises privées ou parapubliques. Et là, je réagis plutôt en enseignant attentif à certaines mutations qui s'opèrent dans les milieux professionnels d'élite dans plusieurs disciplines et métiers. Un sujet intéressant à mon avis sur lequel on pourrait revenir profondément mais dans une perspective d'analyse des mutations sociétales dans le monde et dans nos pays.
Les leaders de Pastef avaient promis des appels à candidatures pour certains postes clés. Les nominations récentes représentent-elles une rupture de promesse ou une mesure exceptionnelle nécessaire pour des résultats rapides ?
Sur ce sujet et sur d’autres, les engagements pris n'ont pas toujours obéi à un examen sérieux et approfondi de leurs conséquences réelles en termes de gouvernance. Les démocraties ont toutefois prévu une marge de tolérance sur la part de démagogie et de populisme auxquels on se laisse souvent aller lorsqu'on n'est pas en situation effective de décision. Sans donner dans la prétention, certaines annonces font sourire pour des personnes qui ont un tant soit peu l'expérience du pouvoir. Le Professeur Cheikh Anta Diop dans certains de ses articles d'avant nos indépendances appelait les intellectuels et hommes politiques africains à la sagesse de comprendre que la bonne volonté et les bonnes intentions sont loin de suffir pour opérer les transformations qualitatives que nos sociétés étaient en droit d'attendre d'eux une fois l'indépendance acquise. Plus profondément, il invitait à exiger des futurs dirigeants de nos pays qu’ils cultivent le culte absolu de la rigueur et de l'excellence dans tous les domaines. Ces paroles sages et mobilisatrices restent pour nous d'une très grande actualité.
Pour terminer, vous qui êtes un enseignant de formation et de métier, qu'avez-vous pensé de la création à la présidence de la République d'une Direction des affaires religieuses et de l'insertion des diplômés de l'enseignement arabe ?
J'ai du mal à saisir la logique de cette décision, qui me semble contre-productive dans le contexte sénégalais si l'on considère certains aspects historiques et les mécanismes de fonctionnement de notre société. Et puis aucune urgence ne justifie à mes yeux ces décisions. Je pense encore une fois que les concertations nationales sur les questions fondamentales de gouvernance sont le lieu idéal pour aborder sereinement et de façon approfondie les grands sujets du rapport entre nos institutions et les forces motrices de notre société, parmi lesquelles les communautés religieuses de toutes confessions et les intellectuels de culture
LE FLÉAU DE LA PRÉCARITÉ SECOUE LA PRESSE
Une étude de la CJRS dresse un constat peu reluisant des conditions de travail des journalistes au Sénégal : contrats précaires, salaires insuffisants, absence quasi-totale de protection sociale
Contrat, rémunération, cotisations sociales, couverture maladie : la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) a dressé un tableau peu reluisant des conditions de travail des journalistes dans une étude rendue publique à l’occasion de la Journée de la liberté de la presse célébrée ce vendredi.
Plus de 200 jeunes professionnels ont répondu au questionnaire sur la nature de leurs contrats, le niveau de leurs rémunérations, le respect des cotisations à l’IPRES et à la Caisse de sécurité sociale, selon l’étude dont l’APS a eu connaissance.
‘’La plupart se contentent du minimum : des salaires à la fin du mois. Et même là, c’est la croix et la bannière pour ceux qui en ont. Beaucoup sont dans le bénévolat le plus triste, souvent obligés de dépendre des subsides immorales que leur donne indument certains organisateurs d’activités et qu’on appelle pompeusement perdiem’’, lit-on dans le rapport.
Sur 216 travailleurs des médias interrogés, 23,1% disent avoir des contrats à durée indéterminée (CDI) contre 22,2% de CDD), soit au total 45,3%. 17,1% ont soutenu avoir des contrats de prestation contre 11,1% de stagiaires. Les 26,4% n’ont aucun lien contractuel avec leurs employeurs, détaille l’étude.
‘’L’étude montre également que parmi ceux qui disent avoir des contrats, il y en a qui n’ont pas d’exemplaires de leurs contrats. Sur les 183 personnes ayant répondu à la question, seuls 33% disent détenir un exemplaire de leurs contrats de travail, contre 61,7% qui n’en ont pas. Les autres n’ont pas de réponse’’, mentionne le rapport.
L’enquête a révélé que 31,5% des travailleurs ayant répondu au questionnaire n’ont pas de salaire. 68,5% bénéficient d’une rémunération.
Selon l’étude, ‘’très peu d’entreprises respectent les barèmes prévus par la Convention collective’’, alors que ‘’c’est la croix et la bannière dans beaucoup d’organes de presse’’ pour percevoir son salaire.
Les résultats de l’enquête indiquent que 18,5% des personnes interrogées ont des rémunérations en deçà de 75000 francs ; 14,8% entre 75000 et 100000 francs ; 14,8 entre 100000 et 150000 francs ; 10,2% entre 150000 et 200000 FCFA.
Les travailleurs ayant un salaire dépassant la barre des 300000 francs sont estimés à 7,9%, tandis que ceux qui ne relèvent d’aucune de ces catégories sont autour de 20,4%.
Selon l’étude, ‘’la plupart des personnes ayant participé à l’enquête sont des reporters, soit plus de 77% ; 9,3% ont dit être des rédacteurs en chef’’.
Sur la régularité du paiement des salaires, 54,2% de l’échantillon ont répondu qu’ils sont payés au-delà du 8 du mois. Environ 45% perçoivent avant cette échéance conformément à la législation.
L’étude relève que 77,7% des personnes enquêtées disent n’avoir pas de bulletins de salaires contre 22,3%.
Elle note que dans les entreprises de presse, ‘’les obligations sociales ressemblent plutôt à un luxe hors de portée de la plupart des reporters’’.
Sur les 215 personnes interrogées, ‘’86% disent ne pas être pris en charge par leur entreprise quand ils sont malades’’ et n’ont pas de numéro IPRES.
La CJRS souligne que les professionnels des médias, ‘’mal payés, dépourvus de toutes couvertures sociales, font partie de ceux qui travaillent le plus et les moins protégés’’.
L’enquête montre qu’environ 34% seulement travaillent 8 heures par jour ; 30,7% entre 8 et 10 heures ; 34,4% plus de 10 heures de temps de travail par jour.
Sur le plan syndical, l’étude a également montré que ‘’le droit de syndiquer est un véritable luxe dans le milieu de la presse’’.
En effet, seuls 14,9% disent être affiliés au SYNPICS, qui est la principale organisation de défense des reporters. En revanche, 23,3% ont répondu qu’il existe une section SYNPICS dans leurs rédactions.
Pour corriger ce tableau, la CJRS recommande, entre autres, de ‘’veiller à l’effectivité des règles prévues par le Code de la presse pour toute entreprise dans le secteur’’ et d’exiger la transparence dans la gouvernance des entreprises de presse.
Elle demande la création d’un environnement propice pour le développement des médias ; la mise en en place d’une fiscalité adaptée et allégée pour le secteur de la presse ; la multiplication des visites de contrôle de l’Inspection du travail et du contrôle social dans les entreprises de presse.
La CJRS demande de ‘’fermer tout simplement les entreprises qui ne parviennent pas à respecter un minimum de conditions exigées par la législation en vigueur, malgré le soutien de l’Etat’’ et de ‘’mettre fin à la concurrence déloyale entre de pseudo entreprises qui n’ont aucune obligation et d’autres qui s’efforcent d’être en conformité avec les lois, ainsi que les règles d’éthique et de déontologie’’.
La CJRS, créée il y a 20 ans, se présente comme une association à but non lucratif dirigée par un Bureau exécutif national sous la supervision du Comité directeur et est représenté à l’intérieur du pays par des cellules zonales (Nord, Sud, Est, Ouest et Centre).
Elle a objectif principal de ‘’renforcer les capacités des reporters sur toute l’étendue du territoire, à travers des sessions de formations continue et des bourses’’ qu’elle offre à ses membres.
MALGRÉ LES CRAINTES, LA COOPÉRATION SÉNÉGAL-FMI SE POURSUIT
Leur discours souverainiste pouvait laisser entrevoir d’autres perspectives, mais les nouvelles autorités poursuivent le programme 2023-2026 conclu avec l'institution de Bretton Woods, qui prévoit un décaissement de 1150 milliards de francs CFA
Les autorités ont décidé de poursuivre le programme 2023-2026 conclu avec le Fmi dont la délégation séjourne à Dakar depuis une semaine. Pour Faye-Sonko, les visions des deux parties convergent, alors que certains pouvaient redouter une remise en cause de la coopération. Pour les projets des 100 mille logements sociaux, les Bourses de sécurité familiale, ils ont décidé de rester sur la voie de la continuité. En attendant ?
Que dire ? Dans sa communication en Conseil des ministres, le Premier ministre a détaillé ses discussions avec le chef de la Mission des services techniques du Fonds monétaire international séjournant actuellement à Dakar : «Il est ressorti des échanges avec la Mission technique du Fmi, une appréciation satisfaisante relativement au fort engagement des nouvelles autorités pour une meilleure gouvernance économique et sociale. La Mission a également relevé la similitude du programme gouvernemental avec le programme signé avec le Fmi.» En termes clairs, les nouvelles autorités poursuivent le programme 2023-2026 conclu avec le Fonds monétaire international, qui prévoit un décaissement total de l’ordre de 1150 milliards de francs Cfa. Finalement, une nouvelle Mission viendra à Dakar au début du mois de juin 2024, pour procéder à la revue du programme et préparer un deuxième décaissement au mois de juillet 2024, après validation par le Conseil d’administration du Fmi.
Dans son édition du 24 avril dernier, Le Quotidien annonçait la visite d’une délégation du Fmi après le séjour à Washington des ministres des Finances, de l’Economie et du Secrétaire général du gouvernement pour discuter avec les nouvelles autorités de leurs orientations des politiques économiques et financières. Si cette Mission devait être celle de la clarification, on peut dire que les nuages ont été dégagés pour permettre la poursuite du programme, surtout que certains pouvaient redouter la suspension de la coopération jusqu’à l’aboutissement de nouvelles négociations concluantes. Le discours souverainiste tenu par le ministre de l’Economie, de la coopération et du plan, lors de sa passation de services, pouvait laisser entrevoir d’autres perspectives. Que nenni !
Il est par contre sûr que le gouvernement va continuer à honorer ses engagements électoraux, notamment la réduction ou la suppression pure et simple des subventions sur certains produits pour atténuer les prix. Il l’a répété en Conseil des ministres. Une réunion technique avec le patronat, les organisations syndicales, les consommateurs, s’est tenue hier à la Primature, pour essayer de trouver la bonne formule pour y arriver. En apparence, cela s’avère encore difficile de trouver le meilleur mécanisme de réduction et de régulation des prix.
100 mille logements sociaux, Bourses de sécurité famille poursuivis
Aujourd’hui, Ousmane Sonko annonce aussi que les «mesures prioritaires de la feuille de route du gouvernement seront également focalisées sur la campagne de production agricole 2024» et surtout le «Programme 100 000 logements». Si les dernières mesures sur le foncier, notamment la suspension des travaux du Pôle urbain Dagga-Kholpa, cœur du projet, et dans d’autres zones, vont ralentir son rythme d’avancement, l’Etat a décidé de rester dans la continuité du précédent régime pour permettre aux Sénégalais d’accéder au toit de manière moins coûteuse.
Par ailleurs, il y a aussi la poursuite d’un programme important sur le «filet» social. Selon le communiqué du Conseil des ministres, le président de la République a indiqué l’urgence «d’une actualisation du Registre national unique (Rnu) avant le 30 juin 2024 et de revoir les critères d’éligibilité et les listes des bénéficiaires des Bourses de sécurité familiale». Il faut savoir que le montant des bourses est passé de 25 mille à 35 mille F Cfa par trimestre et touche un million de ménages. Alors que le programme concernait à ses débuts 320 ménages.
Dans le secteur du transport, le président Faye veut une «évaluation rapide du système de gestion des sociétés publiques de transport, notamment de la société Dakar Dem Dikk, dont l’audit des activités, des parcs de bus, des ressources humaines, du modèle économique et de la gouvernance globale». Quid du Brt toujours en phase d’essai ? «Il a, de plus, invité le ministre des Transports terrestres à faire le point sur le lancement effectif des activités du Bus rapid transit (Brt) et ses modalités d’exploitation et de gestion», note-t-il. Sur la voie de la continuité ?
Par Moussa KAMARA
LA METHODE DIOMAYE
Les indicateurs de la rupture se manifestent jour après jour et parfois assez brutalement. Quand de purs produits de l’Ecole sénégalaise sont à la manette, il ne doit y avoir le moindre souci à se faire
Les indicateurs de la rupture se manifestent jour après jour et parfois assez brutalement. Quand de purs produits de l’Ecole sénégalaise sont à la manette, il ne doit y avoir le moindre souci à se faire.
Deux Inspecteurs des Impôts et Domaines mènent notre barque et ils comptent sur l’appui de collègues et d’autres Inspecteurs pour arriver bon port. Y’en a déjà qui manifestent leur désaccord mais tant que cette opposition est confinée dans les réseaux sociaux, le danger est plus que bénin. Pendant longtemps des populations pauvres qui n’avaient que leurs terres pour cultiver et se nourrir se voyaient dépossédées de ces biens légués par leurs ancêtres.
Le tort qu’on pourrait leur reprocher est d’avoir négligé de sécuriser leurs biens. Parce que jamais ils n’avaient imaginé que l’Etat les dépouillerait un jour de ces biens. Et la toute-puissance de l’Etat s’est exercée sur ces pauvres âmes avec la bénédiction des bénéficiaires appuyés par des lobbies et souvent par la presse.
Et fort heureusement au sein de ces populations, y’en a qui se sont levés pour dire niet. Et parmi les soutiens les plus actifs de ces gens, il y avait l’actuel Président de la République. C’est à croire que les causes justes sont bénies. Un beau matin on s’est levé pour apprendre l’arrêt de toutes les constructions en cours dans tous les sites litigieux. Ce gel de toutes les constructions redonnent de l’espoir aux nombreux spoliés des zones à problèmes.
J‘en connais qui ont payé une parcelle à Deni Biram Ndaw et satisfait à toutes les obligations liées à l’achat de ce terrain depuis cinq ans et attendent que la mairie de Bambilor délivre le papier qui les empêche de construire.
Concernant la Corniche, les populations ont bien accueilli la décision du chef de l’Etat malgré l’activisme reproché à Atépa qui a annoncé la nouvelle. En tout cas tous les codes semblent cassés avec notre nouveau président. La présence des pontes de la République au retour du président à l’aéroport n’est plus de mise.
De Senghor à Macky, nos présidents étaient si conservateurs et friands de protocole manifestant qu’ils sont la clé de voute de toutes les institutions de la République. Tout se passait pour démontrer et exigerla prééminence du président de la République.
En tout cas Bassirou Diomaye Diakher Faye, président de la République est en train de casser beaucoup de codes. Continueront-ils, eux du Pastef, cette œuvre de jeunesse qui déconstruit le système qui les a profondément combattus ?
Rien qu’un mois aux affaires et beaucoup de lignes bougent. Pour remettre en l’endroit les distorsions que le prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye avait mises sous le coude.
THIÈS DEMEURE LEADER DANS LE SECTEUR MINIER AVEC UNE CONTRIBUTION DE 91 MILLIARDS FCFA EN 2022
Sur une contribution globale du secteur extractif qui s’élève à 275 milliards FCFA, selon le rapport comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), Thiès maintient son statut de leader.
La région de Thiès garde sa place de première région minière du Sénégal, en 2022, avec une part évaluée à 91 milliards de FCFA, sur une contribution globale du secteur extractif qui s’élève à 275 milliards FCFA, selon le rapport comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).
Quelque 242 milliards FCFA de la participation du secteur extractif sont allés “directement dans le budget de l’Etat”, a dit Mamadou Ndour, directeur des Mines, qui prenait part, dans un hôtel de Thiès, à un atelier de dissémination du rapport de l’ITIE, pour l’année 2022.
“Au cours de l’année 2022, les entreprises minières établies dans la région de Thiès ont contribué à hauteur de 91 milliards FCFA, contre 83,7 milliards FCFA en 2021”, a ajouté Ndour.
Durant la même année, les entreprises minières actives dans la région de Thiès ont employé “4 399 personnes, pour une masse salariale globale déclarée est de 52 milliards de FCFA”.
Selon lui, les entreprises extractives ont dépensé en acquisition de biens et services et paiements aux sous-traitants, un montant total estimé à 762 milliards FCFA, dont 155 aux entreprises nationales.
Dans la région de Thiès, les ciments du Sahel (CDS) arrivent en tête des contributeurs, avec 31,889 milliards de FCFA, suivis de Grande Côte Opération (GCO), avec 19,525 milliards FCFA, note le rapport.
Dangote Industries Sénégal arrive en troisième position (15,664 milliards FCFA), suivie de près des Industries chimiques du Sénégal (ICS), avec 15,572 milliards de FCFA.
Les contributions des cinq autres sociétés extractives varient de 45,444 millions à 3,845 milliards de FCFA.
Les paiements sociaux volontaires effectués par les entreprises s’élèvent à 1,503 milliard FCFA, ceux obligatoires, à 122,218 millions de FCFA.
Pour ce qui est des taxes environnementales, elles sont de l’ordre de 8,302 milliards de FCFA, dont 8,290 milliards FCFA payées par les ICS et 12,572 millions FCFA par GCO.
Sur la contribution globale du secteur extractif de 275,33 milliards de FCFA, 242, 30 milliards soit 88% sont allés directement au budget de l’Etat, 9,22 milliards (3,35%) versés à la CEDEAO et à l’UEMOA, 13,80 milliards au titre de paiements sociaux et environnementaux.
Quelque 7,16 milliards (2,60%) sont encaissés dans les fonds propres des organismes collecteurs, selon le rapport.