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4 décembre 2024
Développement
PAR Aminata K. Dioukhané
LA VÉRITABLE RUPTURE, C’EST ÉLIRE UN PRÉSIDENT AUX MAINS LIBRES POUR GOUVERNER
Mahammed Boun Abadallah Dionne est ce président qui, en s'engageant à faire un unique mandat de 5 ans, pourra gouverner librement, sans passion ni pression
De quoi le Sénégal a-t-il besoin pour les années à venir ? D’un président libéré de toute contingence politique. Car les calculs politiciens du régime en place pour se maintenir au pouvoir, combinés aux pratiques « des oppositions » pour le conquérir, nous ont conduit à la crise politique actuelle.
Cette liberté totale d’action du futur président ne sera possible que pour un président qui se limiterait à un seul mandat de 5 ans. Le Sénégal se trouve aujourd’hui dans une impasse politique et il lui faut imaginer des solutions politiques de sortie de cette crise. Il lui faut innover dans la manière de faire la politique et d’exercer le pouvoir.
Imaginons un président élu par les Sénégalais pour un mandat de 5 ans. Ce président ne consacrera pas de temps à des intérêts partisans, mais se concentrera entièrement sur le bien-être du peuple sénégalais.
Imaginons un mandat unique de 5 ans qui serait une garantie pour un exercice du pouvoir concentré et efficace porté par un président de la République défenseur de la Constitution, des libertés individuelles et collectives, et de l'égalité ; un président qui assurerait le strict respect de la séparation des pouvoirs et refuserait toute manipulation de la justice dans des affaires délicates. Et surtout un président qui travaillerai à apporter les réformes politiques, économiques et sociétales qui aujourd’hui s’imposent.
Enfin imaginons un président qui rompra pour la première fois dans l’histoire du Sénégal avec la quête d’un second mandat, source de tension et de compromis, voire de compromission.
Mahammed Boun Abadallah Dionne sera le premier président du Sénégal aux mains libres
Un seul mandat de 5 ans pour un président libre et efficace : c’est une rupture dans les pratiques politiques du Sénégal et c’est une innovation. Voilà la véritable rupture anti système qui pourrait permettre de transformer durablement le Sénégal. Voilà la véritable révolution dont le Sénégal, qui traverse une crise politique, a besoin. Et cette rupture commence tout simplement par montrer que la conservation du pouvoir à tout prix n’est pas le but ultime de la politique. Le 5ème président de la République du Sénégal pourrait être le premier à se détourner de la politique politicienne pour se concentrer sur la gouvernance de la cité. Celui qui pourra guérir le Sénégal de ses pathologies politiques. Réparer le Sénégal et unir les Sénégalais.
Nous ne devrions jamais oublier ceci : le Sénégal se trouve dans la situation actuelle à cause d’une guerre entre pro et anti 3ème mandat, une guerre qui aura duré 5 années. Nous ne devrions pas nous tromper : seule une rupture dans les pratiques politiques peut apporter des transformations profondes au Sénégal. Et le fait de se limiter à un mandat en serait le premier jalon.
Mahammed Boun Abadallah Dionne est ce président qui, en s'engageant à faire un unique mandat de 5 ans, pourra gouverner librement, sans passion ni pression. Sans attaches politiques partisanes, car sans parti politique, il a régulièrement déclaré à ses partisans et sympathisants : « je ne cherche pas de militants mais des compagnons, je ne cherche pas de foule apathique mais des citoyens engagés et participatifs ».
Il affirme clairement son intention lors de ses diverses prises de parole : après avoir exercé la fonction de Premier ministre pendant 5 ans, quitté le gouvernement pendant les 5 années suivantes, il sollicite le suffrage des sénégalais pour les 5 prochaines années pour terminer sa mission. Sa démarche le positionne en outsider, mais un outsider expérimenté et rassurant, capable de réformer le système de l'intérieur. C’est le paradoxe Dionne. En tant qu'outsider, il s'est détaché de son parti d'origine pour se présenter sous la bannière de la Coalition Dionne2024. Son expérience en tant que Premier ministre et ses compétences avérées d'homme d'État lui confèrent une connaissance approfondie des mécanismes du pouvoir et de la marche de l’État.
5 années pour réparer, réconcilier, travailler ensemble et transmettre à la jeune génération
Les arguments en faveur d’un seul mandat ne manquent pas : liberté d’action du président sans la pression de la réélection et possibilité de se concentrer sur l'accomplissement de ses objectifs à long terme sans être distrait par des calculs politiques à court terme ; absence de pression politique afin de pouvoir prendre des décisions basées uniquement sur l’intérêt du pays ; contribution au renouvellement démocratique. Plus précisément, il pourra se concentrer sur les réformes proposées par son programme et la réconciliation des sénégalais.
Les principaux arguments contre, à savoir, le manque d’expérience ou la perturbation des projets en cours, peuvent être balayés d’un revers de la main : Mahammed Boun Abdallah Dionne est le candidat qui a le plus d’expérience gouvernementale et celui qui a participé à la conception et à la mise en œuvre d’une grande partie des projets du PSE.
Est-il besoin de rappeler qu’au Sénégal comme dans beaucoup d’autres pays en Afrique, la vie sociale et économique tourne autour de la politique car les possibilités de s’enrichir ou d’accéder à des postes prestigieux sont concentrés autour du régime en place et de l’élite que ce régime produit.
S’engager à exercer un seul mandat, c’est aussi autoriser les sénégalais à s’éloigner de la quête des dividendes économiques et sociaux liés à la politique, auxquelles les pratiques politiques les ont malheureusement habitués.
S’engager à exercer un seul mandat c’est travailler à réparer le Sénégal épuisé par ces années de combat pour la conservation du pouvoir du côté du régime ou pour sa conquête du côté « des oppositions ».
Ces cinq années seront essentielles pour nous remettre du traumatisme causé par la lutte acharnée pour le pouvoir que nous avons traversée et pour réfléchir sur nous-mêmes et définir notre cap. Ensemble. Avec un président expérimenté, rassembleur, capable de transcender les clivages, d'apaiser les tensions et d'agir rapidement et efficacement dès son élection, nous pourrons avancer. Une période durant laquelle nous aurons l'opportunité de nous questionner sur nos aspirations collectives tout en collaborant pour mettre en œuvre les réformes nécessaires.
par Adama Dieng
HAÏTI : IL EST TEMPS D’AGIR MAINTENANT AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD
Pourquoi une action internationale efficace et rapide est-elle si tragiquement tardive alors qu’une population victime étouffe et qu’il existe une chance, aussi complexe soit-elle, de renverser la situation ?
Le 1er janvier 1804, date qui devait marquer l'épilogue d'une révolution épique et historique contre les autorités coloniales françaises, Haïti proclamait son indépendance sous la houlette de Jean-Jacques Dessalines. Anciennement Saint-Domingue, « Haïti », le « pays des montagnes » en langue taïno, devient ainsi la première nation noire indépendante de l'hémisphère occidental, et bien plus tard, membre fondateur des Nations Unies, de l'Organisation des États américains, de l’Association des États de la Caraïbe et de l’Organisation internationale de la Francophonie.
219 ans plus tard, le 1er janvier 2023 exactement, une tribune intitulée « Prise en otage, Haïti se meurt. Agissons maintenant » que j'avais initiée a été publiée. Je remercie sincèrement les personnalités éminentes des cinq continents qui ont cosigné cette tribune, parmi lesquelles des chefs d'État actuels et anciens, le président de la Commission de l'Union africaine et des intellectuels de renom.
Plus d’un an après la publication de la tribune, on se demande si le cri du cœur que nous avons lancé a été clairement entendu. En effet, depuis lors, la situation en Haïti s'est profondément détériorée et est devenue encore plus désespérée. Néanmoins, reconnaissance, appréciation et encouragement doivent être offerts à toutes les entités et personnalités, telles que le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, et le gouvernement de la République du Kenya, sous la direction du président William Ruto, qui se sont depuis lors engagées à poursuivre leurs efforts à soutenir le peuple haïtien dans ses moments les plus difficiles où il en a besoin. En octobre dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé le déploiement en Haïti d'une mission multinationale dirigée par le Kenya pour tenter de rétablir l'ordre face à la spirale de la violence des gangs et à l'effondrement de l'ordre public.
Cependant, ce déploiement, déjà retardé par une procédure judiciaire kenyane, pourrait être rendu plus difficile par les complications politiques et les réalités en Haïti même. Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, le Bangladesh, la Barbade, le Tchad et la Jamaïque ont officiellement notifié aux Nations Unies leur intention de fournir du personnel à une force internationale. La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a déployé des efforts remarquables en faveur de la paix en Haïti. Par ailleurs, l'évolution la plus récente semble indiquer que le gouvernement du Bénin, sous la direction du président Patrice Talon, serait également prêt à engager ses forces pour contribuer à la stabilisation de ce pays caribéen si emblématique pour de nombreux pays africains. En effet, Haïti, terre plongée dans les traditions africaines, est intrinsèquement liée à l'Afrique à travers l'histoire, la culture et la spiritualité.
Pourquoi une action internationale efficace et rapide est-elle si tragiquement tardive alors qu’une population victime étouffe et qu’il existe une chance, aussi complexe soit-elle, de renverser la situation ? L’humanité doit écouter et répondre aux cris du peuple haïtien. Le Premier ministre d'Haïti, Ariel Henry, a annoncé sa démission il y a quelques jours. La communauté internationale appelle à la mise en place d'un gouvernement de transition qui pourrait libérer le pays de la violence.
Dans un pays ruiné et débordé, dont les services de base nécessaires à l’existence de la population, notamment les hôpitaux, les écoles et les entreprises, se sont effondrés, des gangs criminels contrôlent la majeure partie de la capitale tandis que les gens tentent désespérément de s’échapper et de chercher refuge dans les pays voisins ; pour un pays où l'accès à l'aéroport principal est bloqué ; son palais présidentiel et ses commissariats ont été pris d'assaut ; pour un pays dont les deux principales prisons ont été attaquées, entraînant la fuite de plus de 4 000 prisonniers ; pour un membre de la famille des nations, peut-être l’un des plus fragiles, qui saigne devant nous tous avec un risque élevé de guerre civile totale; pour Haïti, une inertie ou une hésitation persistante équivaudrait à un crime de non-assistance. Le Conseil de transition réclamé par la communauté internationale sera, espérons-le, composé de personnalités des principaux partis politiques, du secteur privé, de la société civile et des groupes religieux. Mais aucun des dirigeants n’a de mandat légitime. Certains sont même sous les sanctions des Nations Unies ; ils sont tous très divisés ; d'autres ont été inculpés de graves crimes dans leur pays et à l'étranger.
L’héroïque peuple haïtien, mille fois meurtri, trahi à maintes reprises, mérite plus et mieux, malgré la complexité de la situation actuelle. L'Alliance Panafricaine pour la Transparence et l'Etat de Droit (PATROL), dont l'objectif est de favoriser la transparence et le respect de l'État de droit et d'agir comme moteur de développement, est prête à user de ses bons offices et à servir de canal de communication afin de faciliter le rapprochement entre les différentes parties en Haïti. Le Conseil d'administration, l'organe directeur central de notre organisation, composé de personnalités de premier plan dans les domaines de la transparence, de la justice et des réformes de l'état de droit, de la gouvernance et des droits de l'homme du monde entier, a confirmé que PATROL est prête à jouer un rôle de catalyseur et de conseil dans la promotion des réformes de la justice compatibles et adaptées au système judiciaire national et à la culture d’Haïti. Nous voulons être à l’écoute et disponibles pour le peuple haïtien - les Haïtiens de l’intérieur et ceux de la diaspora - et servir toutes les parties souhaitant œuvrer pour un retour de la stabilité et la restauration d'institutions de gouvernance crédibles et légitimes.
Plus spécifiquement, PATROL serait honoré de contribuer humblement à l'avenir d'Haïti en renforçant le système de justice pénale, en luttant contre l'impunité et la corruption, en améliorant le système pénitentiaire et en soutenant la sécurité et les droits de l'homme. Il est temps d’agir sans calculs politiques ou géopolitiques. À cet effet, PATROL est prête à s'engager et à travailler avec des partenaires locaux et internationaux pour faire avancer et atteindre ces objectifs.
Haïti a survécu aux profonds tourments de la traite transatlantique des esclaves. Haïti a survécu aux énormes ravages causés à la fois par la nature et par l'homme, tels que les tremblements de terre, la déforestation disproportionnée, la pauvreté abjecte et la misère, des institutions de gouvernance faibles, voire absentes, l'instabilité politique et des conditions humanitaires désastreuses, y compris une épidémie de choléra importée au pays. Haïti, une nation dotée de magnifiques auteurs, poètes, grands artistes et musiciens, a également survécu aux gangs, à la violence sexuelle et aux orgies de violence. Haïti a continué à survivre à des cauchemars récurrents. Ce à quoi ce peuple merveilleux, cette terre extraordinaire ne survivra pas, c’est le manque d’action efficace, qui serait une autre trahison aux proportions épiques. L’humanité doit agir et agir rapidement pour soutenir le peuple haïtien pour la reconquête de son pays sur la base de la justice, de l’équité et du progrès socio-économique. Aidons sincèrement, généreusement et courageusement les Haïtiens à reprendre leur destin en main et à vivre en paix.
En effet, nous pourrions tous être coupables de ne pas avoir porté assistance à ce peuple remarquable en danger.
Pour la « Perle des Antilles », l’humanité a les moyens de faire en sorte qu’il ne s’agisse pas là d’un vœu pieux.
Adama Dieng est président fondateur de PATROL
Ancien Secrétaire général adjoint de l’ONU/Conseiller spécial pour la prévention du génocide.
Ancien Expert Indépendant sur la Situation des Droits de l'Homme en Haïti.
Ancien Greffier du Tribunal Pénal International pour le Rwanda.
Ancien membre du conseil d'administration de l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale.
par Ousmane Ndoye
POURQUOI VOTER POUR KHALIFA DIMANCHE
Notre attente pour cette nouvelle étape de l’histoire de notre pays est que le prochain président de la République soit un homme assez clairvoyant, responsable et expérimenté pour asseoir de manière durable des règles consensuelles
C’est aujourd’hui une lapalissade de dire que les élections sont piégées au Sénégal. Les trois dernières élections présidentielles qui se seront tenues de 2012 à ce dimanche 24 mars 2024 auront fait l’objet de manipulations qui en ont, sans nul doute, affecté leurs résultats. En 2012, le forçage de la candidature de Wade a favorisé l’arrivée au pouvoir de Macky Sall. En 2019, ce dernier, toujours avec la méthode favorite de l’instrumentalisation des institutions, a éliminé les candidats Khalifa Sall et Karim Wade, pour se faufiler au 1er tour.
En 2024, il tentera le même coup de Wade en mixant son propre ingrédient de neutralisation de candidats, mais la résistance forte du peuple sénégalais l’amena à renoncer à briguer un 3e mandat et faussa son système de sélection de candidats à l’élection présidentielle.
En définitive, si le combat du peuple a fait échec au projet de Macky, il reste que la victoire porte un goût d’inachevé, avec la non-participation d’Ousmane Sonko, qui était un des favoris de l’élection, et son remplacement à la dernière minute par son camarade Diomaye Faye, moins connu des Sénégalais. Ainsi notre élection présidentielle de 2024, pour ne pas dire notre démocratie, est encore piégée. Que faire face à ce piège ? Pour qui voter dimanche ?
Le désir de changement est, et à juste titre (nul besoin de revenir sur les justifications tant la gouvernance de Macky Sall a été destructrice pour le pays), le sentiment le mieux partagé par le peuple sénégalais. Notre expérience des élections nous conforte dans l’idée que, comme dans le passé, le vote utile sera à l’œuvre dans cette élection et nous conduit inexorablement dans un choix entre Khalifa et Diomaye, pour porter le flambeau du changement.
Pour nous, quel que soit celui qui sera choisi, le prochain mandat ne pourra être qu’un mandat de transition : transition vers un vivre-ensemble mieux organisé, avec des institutions fortes, indépendantes et respectables, une effectivité des principes de redevabilité à tous les niveaux de l’Etat, une administration publique restructurée, et une citoyenneté plus éveillée et exigeante.
En effet, le legs Macky Sall est particulièrement lourd, avec un endettement faramineux de plus de 14 000 milliards de FCFA (contre 3 000 milliards en 2012), des investissements couteux en subventions d’exploitation et à la rentabilité économique souvent douteuse (ex. TER), une désorganisation de l’administration et un système éducatif et de santé à l’agonie. Ce legs ne pourra être transformé en « émergence » ou en « développement » en l’espace de 5 ans, et ceci malgré les recettes tirées de l’exploitation du pétrole et du gaz qui ne changeront pas fondamentalement le profil budgétaire du pays.
Aussi, au regard de la situation dans laquelle le Sénégal se trouve, la question du choix se pose surtout en ces termes : faire un saut dans l’inconnu avec un candidat que nous ne connaissons pas bien et espérer qu’il saura naviguer et sortir le bateau Sénégal dans le creux de la vague où l’a mené Macky Sall ; ou choisir un candidat avec qui nous avons eu du vécu, avec qui nous avons travaillé et dont nous connaissons les forces et les faiblesses.
Nous avons retenu cette seconde option en portant notre choix sur Khalifa Sall pour être le prochain président du Sénégal et mener les réformes majeures inspirées des conclusions des Assises nationales, et sur lesquelles nous nous sommes entendues, pour avoir un meilleur vivre-ensemble. Parmi les réformes les plus importantes, on notera une réforme constitutionnelle qui consacre l’effectivité de la séparation des pouvoirs ; l’incompatibilité entre la fonction de président de la République et la fonction de chef de parti politique ; la réforme du Conseil supérieur de la magistrature présidé par le Président de la Cour Suprême ; le renforcement de la Cour des Comptes en la dotant de pouvoir d’initiation de poursuites judiciaires ; l’institution du référendum d’initiative citoyenne ; l’abolition des dispositions attentatoires aux libertés, en particulier toutes celles qui rendent obligatoires la détention sur simple réquisition du procureur ; la fixation des parts minimales pour les dépenses d’éducation, de santé, de l’agriculture selon les standards internationaux ; l’adoption d’une nouvelle réglementation (montant, gestion et contrôle) des Fonds spéciaux conforme à la bonne gouvernance et aux meilleurs standards en vigueur ; et la mise en place d’un système de compétition transparente pour l’accès aux emplois de l’État.
Ces réformes, et bien d’autres, inclues dans le programme du candidat Khalifa permettront, nous pouvons certainement en convenir, d’asseoir des fondations solides pour enclencher un véritable processus de développement économique et social du Sénégal.
Comme toujours quand il s’agit de choisir un candidat, il restera la question de la personne, de ses capacités, de ses valeurs et convictions. Notre expérience de Khalifa Sall est qu’il est un homme qui respecte ses engagements. Dans nos débats budgétaires à la Mairie de Dakar, il tenait toujours à respecter les engagements pris avec les populations, mais également avec les conseillers municipaux que nous étions, en particulier sur les investissements de la Ville de Dakar dans les secteurs éducatif et de la santé. Khalifa a également de grandes capacités de résistance aux différentes pressions venant de toutes parts, en témoigne son adoption de la budgétisation participative, y compris dans les investissements de la Ville de Dakar au niveau des communes, malgré les résistances de plusieurs de ses alliés maires de commune. Sur ce plan, les commerçants qui occupaient de manière anarchique les rues de la ville de Dakar nous confirmeraient certainement sur la capacité de Khalifa à mener jusqu’au bout les initiatives nécessaires à l’intérêt général.
En conclusion, notre attente pour cette nouvelle étape de l’histoire de notre pays est que le prochain président de la République soit un homme assez clairvoyant, responsable et expérimenté pour asseoir de manière durable des règles consensuelles et effectivement appliquées pour la justice, la paix et un plus grand respect des droits humains de tous, contribuant à mobiliser tout notre peuple dans l’effort de développement économique et social du pays. Notre conviction est qu’à cette étape historique, cet homme est Khalifa Sall.
Bon vote et vive le Sénégal !
Ousmane Ndoye est Secrétaire national chargé de l’administration LD Debout.
par Fatou Kassé-Sarr
MAHAMMED BOUN ABDALLAH DIONNE, LES RAISONS D’UN CHOIX
Après le mortal kombat Sonko/Sall, assisterons-nous à un mauvais remake avec les seconds choix Faye/Ba ? Dionne incarne la compétence et l'engagement nécessaires pour stimuler l'économie , mettre en œuvre des réformes...
L’incarnation d’un slogan : l’industrialisation au service d’un Sénégal réparé et uni, un Sénégal juste
Tels sont les slogans du candidat Mahammed Boun Abdallah Dionne. Un slogan est une promesse. Ce que l’on sait du candidat de la coalition DIONNE2024 est-il une incarnation de sa promesse ? Cette interrogation revêt une importance cruciale, car en en période électorale, chaque candidat lance des slogans, souvent pour dire aux sénégalais ce qu’ils ont bien envie d’entendre. Je pense que les promesses contenues dans un slogan de campagne, doit refléter la personnalité, le parcours de celle ou celui qui l’incarne et qui prétend vouloir diriger l’avenir de tous les Sénégalais.
Un profil porté sur l’industrialisation : quel intérêt ou quel avantage pour diriger le Sénégal ?
Un tel profil est l’ADN qui façonne sa vision. Cela signifie donc qu’il est pleinement conscient de la nécessité de faire passer un nouveau cap au Sénégal : celui de l’industrialisation, de l’exploitation et de la transformation locale de toutes les richesses du pays. La notion de souveraineté et l’objectif de création d’emplois, dans chaque secteur et territoire concernés sont donc au cœur du programme. Mahammed Boun Abdallah Dionne possède le profil qu’il faut pour relancer l'économie, mener des réformes industrielles et créer des emplois au Sénégal grâce à son expérience et ses compétences avérées. En tant qu'ancien Premier Ministre et homme d'État, Dionne a démontré sa capacité à gérer des responsabilités gouvernementales de manière efficace et stratégique. Son engagement envers le Sénégal, illustré par sa longue carrière politique et son dévouement constant au service du pays, fait de lui un leader crédible et dévoué. Dionne a dirigé la mise en œuvre la première phase du Plan Sénégal Émergent (PSE) pendant son mandat de Premier ministre, enregistrant des progrès significatifs dans divers secteurs clés tels que les infrastructures, l'éducation, la santé et l'inclusion sociale. Car c’est durant cette période que le Sénégal a lancé des réformes avec de meilleurs résultats. Son parcours professionnel diversifié, allant de l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) à la BCEAO, en passant par des postes au ministère sénégalais de l'Industrie, démontre sa connaissance approfondie des enjeux économiques et industriels. Sa formation en ingénierie informatique et en sciences économiques renforce son expertise dans ces domaines cruciaux pour le développement économique du pays.
La sobriété : le vrai leadership est-il dans l’action ou dans le bruit ?
La capacité reconnue de DIONNE à apaiser les tensions et à assurer la stabilité politique est un atout majeur pour relancer l'économie sénégalaise. Elle est en adéquation avec sa promesse de réconcilier et réparer le Sénégal. Son calme se reflète jusque dans sa campagne. Au point que certains déplorent qu’il ne fasse pas autant de bruit que les autres candidats. Me poussant à me poser les questions suivantes : le bruit et la fureur sont-ils les moteurs du choix ? Le Sénégal, aujourd’hui n’a-t-il pas besoin de sérénité en lieu et place des invectives ? La qualité d’un candidat se mesure-t-elle à la quantité d’argent qu’il est prêt à déverser ? Après le mortal kombat Sonko/Sall, assisterons-nous à un mauvais remake avec les seconds choix Faye/Ba ? Ce qui a d’ailleurs déjà commencé préfigure d’une continuité des tensions dans un Sénégal qui a besoin de reprendre son souffle. Les Sénégalais ont besoin de se remettre au travail, les entreprises sont fatiguées, les jeunes n’en peuvent plus. La lutte pour le pouvoir a ceci qu’elle est souvent violente, agressive, car le pouvoir tel que pratiqué dans des pays où la séparation des pouvoirs n’est pas claire, et où l’hyperprésidentialisme est une règle, choisir revient quasiment à élire un président de la République qui concentre tous les pouvoir entre ses mains, c’est-à-dire un « souverain ». Cette campagne restera dans les annales : le niveau de désinformation, de manipulation a atteint des niveaux inquiétants et avec une facilité tout aussi inquiétante. Avons-nous le désir de poursuivre sur cette voix du tumulte ?
Un mandat unique, une transition centrée sur l’industrialisation au service d’un Sénégal réparé et uni
La décision de Mahammed Boun Abdallah Dionne de se limiter à un seul mandat a de quoi surprendre dans ce contexte où conquérir le pouvoir pour se l’accaparer semble devenir l’objectif premier. Pourtant la logique de cet engagement mérite d’être examinée pour en saisir l’intérêt. C’est d’abord un objectif clair de consacrer les 5 années à réparer, réconcilier le pays tout en lançant son processus urgent d’industrialisation. Un seul mandat de 5 ans : c’est aussi une approche qui permet de se libérer des pressions politiques liées à une réélection potentielle, lui offrant ainsi la liberté nécessaire pour prendre des décisions sans contraintes et pour le collectif. C’est un point qui mérite que l’on sarrète un moment. Nous avons constaté ce qui a gangréné la politique au Sénégal : les stratégies et manœuvres pour maintenir un personnel politique dans le but de gagner élection sur élection. Le résultat en est une politisation extrême de l’administration et des postes de gouvernement, avec un partage en fonction du poids local de tel ou tel. Ce phénomène est assez problématique puisqu’il institue de fait la conditionnalité qui est de maintenir sa base pour garder son poste. Ensuite on transhume vers une herbe plus verte ailleurs. Une véritable catastrophe et les conséquences sont entre autres celles d’une société qui se délite. Courant mars dernier DIONNE a lancé un appel à toutes les forces vives sans exclusive, car il n’a pas l’intention de diriger seul, camp contre camp. Car sa vision et sa méthode consistent à consulter les forces vives, mener des réformes en collaboration avec toutes les forces politiques sans exclusive, par ce que sont d’abord des sénégalais. C’est un trait de sa personnalité, une manière de mener des projets pour laquelle il est reconnu.
Ensuite un seul mandat de 5 ans, c’est aussi une transition : car le Sénégal a sincèrement besoin d’une pause dans le tumulte, pour se recentrer sur l’essentiel.
En s’engageant à ne pas chercher de second mandat, le candidat Mahammed Boun Abdallah Dionne envoie un message fort de responsabilité et d’engagement envers le peuple sénégalais. Une démarche qui pourrait encourager une culture politique plus axée sur les résultats et les actions concrètes plutôt que sur la simple conservation du pouvoir. En fin de compte, cette posture pourrait renforcer la confiance des citoyens dans le leadership politique et ouvrir la voie à des changements significatifs et durables pour le Sénégal.
Et si jamais il est tenté de renier sa promesse, les mécanismes existent pour contester, lui rappeler et l’obliger. Les évènements récents ont prouvé au monde entier que les Sénégalais n’oublient pas certaines promesses et qu’ils sont particulièrement attachés à leurs institutions. Le monde a pu voir avec admiration que leur capacité à protéger leurs droits et leurs institutions est d’autant plus forte lors de l’élection présidentielle. Pour eux trahir les promesses liées à cette élection est non négociable.
Les orientations programmatiques de Mahammed Boun Abdallah Dionne, déclinées dans ses slogans, laissent entrevoir un type de gouvernance concentré sur la réforme profonde du Sénégal, de la gouvernance à la question des valeurs, en passant par l'industrialisation génératrice d'emplois pour tous ces jeunes qui se jettent à la mer par désespoir, alors que le potentiel inexploité est là au vu et au su de tous. L’histoire politique du monde, et au Sénégal nous prouve que le vote contre où le vote de colère, peut conduire à des choix malheureux que nous finissons par regretter. Les populismes font leur grand retour à travers le monde avec l’arrivée au pouvoir des extrêmes, mais aussi, aidés des nouveautés de ce siècle qui sont les moyens modernes de désinformation et de manipulation des opinions. Les populismes ont de cela qu’ils savent user des colères et des frustrations pour fédérer. Et les mécontents, à juste titre, sont nombreux. On note également que la stratégie du populisme est aussi, savamment utilisée par des élites pour garder leur pouvoir en jouant sur les peurs, cette fois peur de perdre des privilèges ? Le 24 mars 2024, j’ai trouvé ma réponse à ces questions que je me suis posées : voulons-nous d’un Sénégal réconcilié et au travail dans l’efficacité, dans l’unité ? Le dégagisme est-il un argument de vote ?
J’ai choisi Mahammed Boun Abdallah Dionne, car aussi bien dans son parcours que dans sa personnalité, il peut être celui qui incarne la compétence et l'engagement nécessaires pour stimuler l'économie sénégalaise, mettre en œuvre des réformes industrielles et créer des opportunités d'emploi pour les citoyens du Sénégal.
Fatou Kassé-Sarr est Directrice Générale de Labell’Com, vice-Présidente de la Commission Culture CoalitionDionne2024.
DIOMAYE FAIT SA DÉCLARATION DE PATRIMOINE
Du détail de ses terrains et biens mobiliers à celui de ses emprunts bancaires, le candidat de la coalition Diomaye Président livre sa situation financière. Il appelle ses concurrents, notamment ceux déjà passés par des charges publiques, à faire pareil
Le candidat à l'élection présidentielle Bassirou Diomaye Faye a dévoilé sa déclaration de patrimoine dans un tweet le 22 mars 2024. L'inspecteur des impôts et des domaines depuis 2007 a publiquement affiché la transparence souhaitée sur sa situation financière avant le scrutin du 24 mars.
Le patrimoine foncier déclaré par M. Faye s'élève à plus de 43 millions de FCFA. Il comprend notamment un terrain agricole de 4,3 ha dans la commune de Sandiara, acquis en 2022 pour 15 millions, et sur lequel des investissements de près de 30 millions ont été réalisés pour l'irrigation et l'exploitation. Le candidat indique aussi être propriétaire d'un terrain nu de 200m2 à Thiès évalué à 700 000 FCFA, et d'un terrain de 80m2/40 à Ndiaganiao acquis en 2017 pour 3 millions.
Concernant son patrimoine bâti, M. Faye déclare une maison construite sur le terrain de 200m2 qui lui a été attribué par le syndicat des impôts à Mermoz, et sur laquelle des travaux ont été effectués de 2017 à 2021 grâce à des fonds propres et des prêts bancaires depuis remboursés.
Ses avoirs mobiliers comportent deux véhicules d'occasion, une Focus 2012 à 6,5 millions et une Ford Explorer Platinum à 19 millions, ainsi que des comptes bancaires créditeurs d'un total de plus de 3,5 millions à la UBA et BICIS.
Enfin, le candidat indique avoir contracté deux prêts bancaires, l'un de 30 millions à la UBA et l'autre de 8 millions à la BICIS, ainsi qu'un prêt d'un ami de 10 millions pour son exploitation agricole.
Dans cette déclaration signée, M. Faye affirme la sincérité et l'exactitude des informations fournies, qui seront également transmises au Conseil constitutionnel en cas de victoire le 24 mars, après actualisation des valeurs foncières. Une initiative de transparence qu'il appelle les autres candidats, dont Amadou Ba, à reproduire face aux Sénégalais.
— Bassirou Diomaye Faye Officiel (@DiomayeFaye) March 22, 2024
par Lamine Niang
POURQUOI CHOISIR BASSIROU DIOMAYE FAYE
Macky Sall et son candidat, Amadou Ba, nous lèguent un pays économiquement agenouillé et socialement fracturé. Nous rêvions d’en finir un jour avec leur régime et l’occasion nous est ainsi donnée ce dimanche de reprendre notre destin en main
Nous sommes dans la dernière semaine de la campagne électorale. Dimanche, le 24 mars 2024, les Sénégalais iront aux urnes pour élire leur nouveau président de la République. Dix-neuf candidats sont en lice pour occuper ce fauteuil si convoité. L’élu présidera ainsi aux destinées de notre Nation les cinq prochaines années. C’est un moment crucial dans la vie d’un peuple et un mauvais choix dans les urnes pourrait être extrêmement regrettable. Ces douze dernières années, nous n’avons cessé de crier sur tous les toits notre vive colère et nos profondes frustrations. Macky Sall et son candidat, Amadou Ba, nous lèguent un pays économiquement agenouillé et socialement fracturé. Nous rêvions d’en finir un jour avec leur régime et l’occasion nous est ainsi donnée ce dimanche de reprendre notre destin en main en prenant une décision suffisamment éclairée dans le secret de l’isoloir.
De tous les candidats qui concourent à cette course présidentielle, nous estimons que Bassirou Diomaye est le mieux indiqué pour diriger le Sénégal. De toute évidence, l’homme fait actuellement la meilleure campagne électorale en s’appuyant sur l’efficace machine de sa grande Coalition. En compagnie de son frère de parti et leader charismatique de Pastef, Ousmane Sonko, sa caravane draine partout des foules sur son passage et leurs discours enflammés sont bien accueillis par un public surexcité et conquis.
Cependant, au-delà de l’effet de masse et du concours de popularité, les électeurs devront faire un choix objectif et dépouillé de toute émotivité. Les témoignages élogieux d’Ousmane Sonko sur Bassirou Diomaye Faye auraient pu suffire pour convaincre tout électeur sceptique, mais notre compagnonnage avec Bassirou Diomaye, ces dernières années, à travers l’aventure de Jotna Media Group, nous a permis de découvrir d’autres facettes de l’homme. À l’échelle de la gestion d’un pays, cela peut paraitre anecdotique, mais cette relation politico professionnelle nous renseigne suffisamment sur ses qualités. Au-delà du parcours académique et professionnel qui singularise chaque candidat, nous estimons que l’élection présidentielle du 24 mars doit également se jouer sur un élément fondamental qui passe malheureusement sous le radar. Il s’agit des valeurs.
Un homme de parole
Dans l’un de nos derniers articles, en appelant vivement à la libération du candidat Bassirou Diomaye Faye, nous rappelions la haute portée de l’acte de voter et que celui-ci, loin d’être une simple formalité citoyenne, doit nécessairement s’appuyer sur ce que l’électeur aura d’abord entendu de la bouche de chaque candidat avant de pouvoir faire un choix éclairé. Par conséquent, rien n’est plus injuste et antidémocratique dans une compétition électorale que de priver de parole un candidat au profit des autres. Justement, Bassirou Diomaye est un homme de parole. En effet, il est fréquent d’entendre de la part des candidats des promesses, les unes plus mirobolantes que les autres, dans le simple but d’obtenir le vote de l’électeur. Cependant, toutes les personnes qui ont travaillé avec Diomaye peuvent témoigner qu’il ne dit jamais à son interlocuteur ce qu’il a envie d’entendre. Cela peut paraitre froid et déstabilisant, mais Bassirou s’assure d’argumenter et de prendre le recul nécessaire avant d’émettre un avis. Ses positions ne dépendent point de l’affinité qui le lie à l’autre ou de la simple volonté de plaire, mais elles procèdent toujours d’une mûre réflexion.
Lorsque nous lancions Jotna Media Group, Bassirou Diomaye Faye, à la suite de notre sollicitation, nous avait promis de tenir une chronique hebdomadaire pour appuyer la nouvelle chaîne médiatique. Malgré ses lourdes charges professionnelles et politiques qui lui laissent peu de temps libre, il s’organisait toujours pour être présent tous les samedis à l’enregistrement de l’émission. Nous avons pu tourner avec lui une quarantaine de numéros. Lorsqu’il a compris qu’il ne pouvait plus honorer ses engagements, Diomaye nous a clairement expliqué qu’il allait céder sa place à quelqu’un d’autre tout en nous conseillant su le choix des meilleurs profils pour lui succéder. De la générosité et une grande fiabilité.
Un humanisme naturel et la tête sur les épaules
L’épisode Ndingler a révélé Bassirou Diomaye Faye à beaucoup de Sénégalais lorsque le puissant industriel Babacar Ngom cherchait à faire main basse sur les terres des habitants de Ndingler et que Bassirou s’y était farouchement et publiquement opposé. Le pays a suivi les différentes péripéties de cette affaire, devenue un débat national, qui avait contraint d’ailleurs le président-directeur général de SEDIMA à faire une sortie largement médiatisée (fait rarissime) pour tenter de se défendre. Si le propriétaire de la SEDIMA, du haut de sa toute-puissance financière, avait réussi à obtenir le soutien de la quasi-totalité de la presse qui le faisait passer pour le bon samaritain devant les villageois, en travestissant volontairement la réalité, Diomaye ne s’est laissé nullement impressionner ou intimider, bien au contraire. En portant sur ses épaules ce combat pour la restitution des terres à leurs propriétaires, il a réussi à mobiliser une grande vague de solidarité des Sénégalais pour ce qui paraissait pourtant aux yeux de beaucoup de personnes comme une bataille de David contre Goliath.
L’exploitation du pétrole et du gaz sénégalais va susciter beaucoup d’appétits et de convoitises des multinationales et de certaines puissances occidentales. Et si des pays ont échappé à la malédiction des ressources naturelles grâce à une bonne gouvernance de leurs hydrocarbures, permettant ainsi un partage équitable des richesses aux populations, c’est parce qu’ils ont des dirigeants suffisamment patriotes et capables de négocier au profit exclusif de leur pays. Cela nécessite d’avoir les épaules assez solides pour faire face à toutes les formes de pression, d’où qu’elles puissent venir. Ce qui s’est passé à Ndingler et la posture héroïque de Diomaye devant cette affaire nous donnent un aperçu de la solidité des épaules de l’homme dans la protection et la défense des intérêts exclusifs de ses compatriotes.
De plus, pour les mauvaises langues qui tentaient un raccourci politique dans sa prise de position, Diomaye précisait dans l’une de ses chroniques que : « c’est d’abord une question éminemment humaine, ensuite d’incapacité notoire chez moi à regarder l’injustice sans m’indigner.» En effet, plutôt que de faire étalage de ses connaissances en fiscalité ou d’aborder des thèmes purement techniques, Diomaye faisait toujours le choix de traiter de sujets sociaux dans ses chroniques. Il reste extrêmement sensible au sort du monde rural et à l’injustice que vivent les couches les plus vulnérables de la société. Entre les conséquences désastreuses de la Centrale à charbon sur les populations de Bargny et le traitement salarial injuste des agents de sécurité (ASP), chaque chronique était une occasion pour lui d’exprimer son indignation sur ce que vit le Sénégalais d’en bas avant de formuler des solutions.
Une écoute active et une ouverture à la contradiction
Avant de devenir Secrétaire général du parti Pastef, Bassirou Diomaye Faye était le responsable de la diaspora et coordonnateur du Mouvement des cadres patriotes. La diaspora et les cadres sont deux groupes assez particuliers d’une organisation politique. Si l’une est composée de Sénégalais de l’extérieur caractérisés par leur expérience unique acquise au contact d’autres cultures et d’autres méthodes de travail, l’autre regroupe des Sénégalais, aussi bien à l’intérieur du pays que dans la diaspora, qui se singularisent par leur riche parcours académique et professionnel. Diriger cumulativement ces deux branches d’une formation politique requiert des prédispositions à l’écoute et une grande ouverture d’esprit. Tous les témoignages recueillis convergent vers les mêmes observations : Bassirou Diomaye sait écouter attentivement son interlocuteur même s’il n’est pas d’accord avec lui. Il sait en prendre sur les épaules, mais il faut toujours être prêt à entendre sa réplique qui, du reste, demeure toujours convaincante et respectueuse. Si les cadres lui ont fait totalement confiance également, c’est parce qu’il a les qualités intellectuelles qui forcent le respect et l’admiration des membres du MONCAP.
En somme, nous pouvons dire que nous avons enfin la possibilité de confier notre pays à un homme qui, en plus de son intégrité professionnelle confirmée par son passage sans faille à l’Inspection des impôts et domaines depuis une quinzaine d’années, jouit d’une grande probité morale. Mieux, il dispose surtout de grandes qualités humaines. Des qualités enseignées dans les grandes écoles de gestion à tous les futurs leaders.
Lamine Niang est administrateur de Jotna Media.
par Djibril Sambou
LE SÉNÉGAL DOIT-IL CONTINUER AVEC LE FCFA ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Aucun pays au monde ne s’est développé sans utiliser sa propre monnaie. De même aucun pays au monde ne s’est développé avec une monnaie communautaire. Cependant, une monnaie nationale, à elle seule, ne suffit pas pour le développement
Le programme de Diomaye président intitulé « pour un Sénégal souverain, juste et prospère » a eu le mérite de poser le débat, en campagne électorale, sur l’abandon du franc CFA. Mes collègues économistes ont tendance à aborder le sujet en utilisant des concepts que le Sénégalais lambda ne peut facilement comprendre. C’est pourquoi, dans cette contribution, je vais essayer d’aborder le sujet de façon très simple, en évitant autant que possible le jargon monétaire. Mais avant, je voudrais m’appesantir un peu sur l’importance de la monnaie. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la monnaie n’est pas un seulement sujet technique, c’est aussi un sujet politique qui touche à la souveraineté et à l’indépendance d’un pays. La monnaie bien gérée joue un rôle fondamental dans le développement économique en fournissant la stabilité, la flexibilité et la souveraineté nécessaires pour favoriser la croissance à long terme et améliorer le bien-être économique des citoyens.
Historique du Franc CFA
D’abord, il convient de souligner que le FCFA est une monnaie étrangère. Pour être plus précis, elle n’appartient pas au Sénégal ou aux autres pays de la Zone franc. C’est un bien de la France. En effet, le franc des colonies françaises d'Afrique (Franc CFA) a créé par un décret du gouvernement français. Ce décret a été promulgué le 26 décembre 1945, alors que le Sénégal était encore une colonie. C’est pour cette raison que l’Assemblée nationale du Sénégal ne peut d’ébattre de réformes relatives au franc CFA. Cela est entièrement dévolue au Parlement français. C’est aussi pour cette raison que les billets de FCFA (de mauvaise qualité) sont fabriqués en France, plus précisément à Chamalières, près de Clermont-Ferrand, pour maintenir l’expertise monétaire et les emplois en Hexagone.
Ensuite, beaucoup de personnes ignorent que la création du FCFA était d’inspiration nazie. Durant la période d’occupation, les Allemands avaient imposé à la France un système monétaire qui reposait principalement sur l’ouverture d’un compte d’opérations à la Banque centrale Allemande et une pseudo monnaie (des « pseudo Marks») avec une parité fixe avec le franc français. Ce système permettait aux nazis, par un simple jeu d’écritures comptables, de s’accaparer gratuitement les richesses de la France occupée. Cette pratique monétaire choisie et imposée par le vainqueur n’était que l’expression d’une politique délibérément punitive à l’encontre de la France défaite. Les Allemands avaient aussi ouvert des comptes d’opérations pour chacun des autres pays occupés et demandaient à ces pays de leur exporter des biens et services qu’ils voulaient. En échange, les Allemands, par un simple jeu d’écritures comptables, créditaient les comptes d’opérations avec les « pseudo Marks » de la domination. Les banques allemandes ne reconnaissaient pas ces « pseudo Marks » qui ne pouvaient pas être utilisés en Allemagne. Les nazis avaient des représentants à la Banque de France pour contrôler les décisions monétaires. Ce qui leur a permis de vassaliser et de piller les ressources de la France occupée. À la fin de la guerre, la France était complètement ruinée par le système monétaire imposé par les nazis. Elle devait donc se reconstruire et s’assurer du monopole sur les matières premières de ses colonies, en empêchant la moindre concurrence avec le marché mondial. C’est pourquoi, dès sa sortie du système monétaire nazie, la France va imposer le FCFA (sa pseudo monnaie) en 1958 à ses colonies d’Afrique pour s’octroyer des pouvoirs d’achat exorbitant en pays conquis, s’assurant ainsi l’exploitation gratuite de toutes les richesses africaines. Ayant subi un enrichissement sans cause par le biais d’une pseudo monnaie, la France va appliquer intégralement ce système à toutes ses colonies avec une dose de cynisme incroyable. C’est comme si elle voulait se venger, non pas sur l’Allemagne, mais sur ses colonies d’Afrique. C’est ce système monétaire nazie, avec une pseudo monnaie à parité fixe et des comptes d’opérations, qui est l’ancêtre du franc CFA.
Par ailleurs, même si le FCFA a, plus d’une fois, changé de nom à la suite de réformes cosmétiques, l’acronyme est demeuré. Aujourd’hui, seules les anciennes colonies françaises dont la population est composée majoritairement de noirs continuent d’adopter cette monnaie coloniale. Des pays comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, Madagascar et la Mauritanie ont quitté cette monnaie coloniale dès leur indépendance et ont adopté leur propre monnaie. La Guinée en avait fait de même. Aucun de ses pays n’est revenue sur sa décision de quitter le giron monétaire colonial. À noter que par l’opération secrète dénommée Persil, la France a saboté la nouvelle monnaie guinéenne dès sa mise en circulation car elle voyait d’un mauvais œil le rejet du FCFA par un pays d’Afrique noir francophone. L’opération Persil a permis de démultiplier la monnaie guinéenne et de l’a déverser par les airs dans tout le pays. La conséquence a été l’asphyxie de l’économie de la Guinée puisse que beaucoup de travailleurs qui avaient ramassé des liasses de billets étaient restés chez eux et ne travaillaient plus. Le Togo indépendant avait voulu quitter la monnaie coloniale, mais le président Olympio a été assassiné à la suite d’un complot ourdi par les services secrets français. Conséquemment, cet assassinat avait définitivement enterré le projet quasiment achevé de création du franc togolais. Le FCFA est actuellement la monnaie commune de 14 pays d’Afrique noire francophone.
Le 11 janvier 1994 à Dakar, la France imposait une dévaluation du franc CFA. Cette diminution de valeur de 50% avait permis de remplir, en devises, les caisses du compte d’opérations du Trésor français contre le bien-être socio-économique des Sénégalais et des africains.
Le 21 décembre 2019 à Abidjan, la France, soutenue par la Côte-d’Ivoire, annonçait un projet de réforme comportant le changement de nom du FCFA qui devait devenir l'Éco en juillet 2020, le retrait « virtuel » des administrateurs français de la Banque Centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), la fin du compte d'opérations et du dépôt des devises au Trésor français. En réalité cette réformette visait à saborder la création d’une monnaie unique de la CÉDÉAO et à calmer la jeunesse africaine opposée au FCFA. Le projet de réforme n'est pas entièrement à terme du fait que la pandémie de COVID-19 ne permettait pas l’avènement de l’Éco qui devait inéluctablement s’accompagner d’une dévaluation.
Fonctionnement du franc CFA
En Afrique de l’Ouest, le FCFA est théoriquement géré par la banque centrale (BCEAO). Cette banque ne fonctionne pas comme une vraie banque centrale, mais comme une super banque commerciale qui s’enrichie au dépend des banques commerciales. En effet, avec la parité fixe du FCFA et la fabrication des billets en France et par la France, la BCEAO ne possède pas toute l’expertise requise en matière de gestion monétaire. Qui plus est, elle ne rend pas des services à l’économie et à la société, et sa « politique monétaire » est dictée par les institutions françaises. En réalité la BCEAO est une succursale de la Banque centrale européenne par l’entremise du ministère français des finances (Bercy) et de la Banque de France. Aucune décision majeure ne peut être prise par la BCEAO ou par la Conférence des chefs d’États sans l’accord des institutions françaises. Les autres faiblesses de la BCEO sont liées à son manque d'indépendance, sa capacité limitée à répondre aux chocs économiques, le manque de transparence dans sa gouvernance, ainsi que son exposition aux influences des institutions financières internationales.
Le FCFA se distingue par son arrimage à l’euro avec une parité fixe. Cela signifie que la valeur du FCFA fluctue en fonction de celle de l’euro sur le marché des changes. Il se distingue également par la convertibilité illimitée « garantie » par le Trésor français, en contrepartie d’une centralisation des réserves de change (stock de devises et d’or des africains) dans les comptes d’opérations. Cela signifie que la France encaisse dans son Trésor public, c'est à dire le budget de l’État (et non pas la Banque de France), l’argent provenant des exportations du Sénégal et des autres pays de la Zone franc. En réalité, la convertibilité illimitée est un leurre car la France ne dispose pas de quantité illimitée de devises à prêter.
Quand les pays de la Zone franc importent des produits ou services, ils sont obligés d’emprunter des devises à la France. Celle-ci puise dans les comptes d’opérations pour leur prêter leurs propres devises avec des intérêts en sus. C’est pour cela les pays africains prennent la France comme un bienfaiteur alors qu’elle les endette avec l’argent qu’ils ont durement gagné. C’est cet endettement des pays africains par la France et par des capitaux africains que j’appelle l’esclavagisme monétaire voulu et subi.
La confiscation des stocks de devises et d’or, sous prétexte de garantir le franc CFA, a pour conséquences principales le surendettement des pays comme le Sénégal et l’impossibilité de s’industrialiser. En réalité, le FCFA est garanti par les africains eux-mêmes à travers leurs dépôts de devises et d’or en France. La France utilise l’argent des africains pour financer ses découverts budgétaires et à amortir sa dette.
Comme autre contrepartie de la garantie du franc FCA, le Sénégal et les autres pays de la Zone franc doivent déposer leurs états financiers en France à la fin de chaque année fiscale. C’est une manière de rendre compte à la France, propriétaire-garant du FCFA. Ce qui permet à ce pays étranger de peser sur les décisions budgétaires des pays africains. Il y a aussi que le FCFA n’est convertible que dans sa Zone. Tout comme le Dalasi gambien n’est convertible que dans sa Zone, c’est-à-dire sur le territoire gambien. Le franc n’est pas du tout une monnaie convertible. La France prétend garantir le FCFA, alors qu’aucune banque sur son territoire n'accepte cette pseudo monnaie. Il est quand même étonnant que la France garanti ce qui n’a aucune valeur sur son territoire.
La France impose également la libre transférabilité. Cela signifie que tout l’argent gagné par les entreprises, en particulier françaises, peut être converti en devises, sans aucune perte de change et transféré en France le même jour, sans aucune restriction. Plus clairement, la libre transférabilité n’est rien d’autre qu’une fuite savamment organisée des capitaux de la Zone franc vers l’étranger. En réalité, c’est ce qui travesti le taux de croissance enregistré par les pays de Zone franc et accentue le chômage et la pauvreté. Cela est illustré par le plus récent classement de l’indice de développement humain (IDH). Dans le classement IDH des pays africains, le sept majeur ne comporte aucun pays de la Zone franc. Dans ce classement aussi la moitié des dix derniers pays est constituée de pays de la Zone franc. Je me passe des comparaisons avec la Corée du Sud qui, en 1960, avait pratiquement le même niveau de développement que le Sénégal.
La maîtrise de l'inflation est le point le plus vanté par les adeptes du FCFA. L'inflation est exaltée comme étant la plus basse dans la Zone franc que dans la plupart des autres pays du continent. Cependant, nous constatons que le panier de la ménagère est plus cher, par exemple, au Sénégal qu’en Gambie et en Côte-d’Ivoire qu’au Ghana. La comparaison du coût de la vie suite la même tendance alors que le taux d’inflation est beaucoup plus élevé en Gambie et au Ghana. Quel paradoxe! Ces deux pays ont la particularité de posséder leur propre monnaie. L’économiste que je suis ne peut s’empêcher de questionner la pertinence des données et la méthode utilisées par la BCEAO pour calculer le taux d’inflation. Je souhaite que cette institution rendre public ses données et sa méthode de calcul pour plus de transparence. Quel serait le taux d’inflation dans l’hypothèse où les pays de l’Afrique de l’Ouest de la Zone franc éliminait toutes les subventions à la consommation ?
Autres avantages que la France tire du franc CFA
La France peut utiliser le FCFA comme un levier pour accéder aux marchés régionaux des pays membres, en facilitant les échanges commerciaux et en favorisant les investissements français dans la région. En outre, la France, à travers ses accords avec les pays membres, exerce une influence sur la politique monétaire de la région, ce qui peut être bénéfique pour ses intérêts économiques et géopolitiques. Le FCFA sert également d'outil pour maintenir une influence politique et économique dans les pays africains membres, renforçant ainsi les relations bilatérales entre la France et ces pays. Enfin, la France peut utiliser la planche à billets de son usine de Chamalières pour financer ses entreprises installées dans un pays de la Zone Franc. Ceci est d’autant plus facile que contrairement à l’Euro, les billets de FCFA sont numérotés par des lettres (la lettre K identifie les billets émis pour le Sénégal). Elle peut émettre des FCFA pour son propre compte, les envoyer dans un pays cible en Afrique pour les convertir là-bas en Euro et rapatrier facilement la somme en France.
Le FCFA contribue à vassaliser le Sénégal et à maintenir la pauvreté
Le Sénégal a accepté de renoncer à sa souveraineté monétaire au profit, non pas de la CÉDÉAO, mais de la France. Pour ce faire, le pays paie un loyer au propriétaire-garant du FCFA, et ce, à chaque opération financière qui rapporte des devises (dollars, euro, yen, yuan, etc.). En d’autres termes, ce loyer ou titre de garanti du FCFA se traduit par une renonciation à toutes les devises que gagne le Sénégal, au profit de la France.
Lorsque le Sénégal exporte, par exemple des produits aux États-Unis, il est payé en dollars. Supposons que lors d’une opération d’exportation le Sénégal gagne 100 M$. Parce que le Sénégal doit payer un loyer à la France sur cette opération, les Américains vont transférer la totalité du montant à la France. Ce pays dépose une moitié de la somme (50 millions de dollars) au Trésor Français. L’autre moitié est encore confisquée par le Trésor française, cette fois-ci, pour permettre la fabrication des billets de FCFA qui seront envoyés au Sénégal à place des 500M$. À noter que le Sénégal ne recevra pas l’équivalent exact de cette somme car la France va défalquer les frais d’impression et de transport des FCFA à destination de la BCEAO. Sur cette opération de commerce extérieur sénégalais, la France a légalement confisqué la totalité des 100M$ et le Sénégal a volontairement cédé ses devises à la France. C’est ce qu’on appelle la servitude volontaire, coté sénégalais ou l’enrichissement sans cause, côté français. En suivant le même procédé, la France récupère également toutes les devises que les émigrés sénégalais envoient au pays et même les emprunts en devises du gouvernement auprès des bailleurs de fonds.
Supposons maintenant que le Sénégal décide d’acheter du pétrole pour un montant total de 20M$. Le pays doit emprunter cette somme à la France. Ce pays va prêter 20M$ au Sénégal pour acheter le pétrole. Donc chaque opération d’importation du Sénégal en dehors de la Zone franc se traduit par une augmentation de sa dette.
Il est donc illusoire de penser que le Sénégal pour se développer avec ce système monétaire qui limite le bien-être socio-économique de ses citoyens et qui ne fait que servir les intérêts de la France. Ce système est unique au monde. L’ancien vice-premier ministre italien, Luigi Di Maio, avait raison de dire que « La France est l'un des pays qui, en imprimant de l'argent pour 14 États africains, empêche leur développement économique et contribue au fait que les réfugiés partent et meurent en mer ou arrivent sur nos côtes. »
En définitive, l’usage du CFA justifie et légalise les sacrifices inouïs imposés sans cesse aux peuples africains par leurs chefs d’États et le gouvernement français. Les pays qui ont quitté cette monnaie se portent beaucoup mieux qu’avant. Aucun pays au monde ne s’est développé sans utiliser sa propre monnaie. De même aucun pays au monde ne s’est développé en utilisant une monnaie communautaire. Les pays de l’union européenne se sont d’abord développés, chacun avec sa propre monnaie, avant de migrer ensuite vers une union monétaire. Celle-ci ne profite qu’au pays économiquement dominant de la zone. Dans le cadre de la CÉDÉAO, une monnaie communautaire profiterait plus au Nigéria qui représente à lui seul 60 % du PIB de cette région. La monnaie incarne la souveraineté d’un peuple et est un outil précieux de développement social, économique et culturel. Pas de monnaie, pas d’économie solide, pas d’indépendance politique et financière. Il est donc pertinent que le candidat Bassirou Diomaye Faye qui prône la souveraineté de son pays puisse inclure dans son programme la création d’une monnaie nationale. Cependant, une monnaie nationale, à elle seule, ne suffit pas pour permettre le développement. Pour produire les effets recherchés, la monnaie nationale doit être accompagnée par des institutions solides, une bonne gouvernance budgétaire, politique, social et économique. Elle requière également d’être gérée de manière transparente par une banque centrale totalement indépendante du pouvoir exécutif, et ce, pour éviter un usage abusif de la planche à billets.
DANS LE NEW YORK TIMES, BOUBACAR BORIS DIOP ENTERRE LA PRÉSIDENCE CHAOTIQUE DE MACKY SALL
Dans le prestigieux quotidien new-yorkais, l'écrivain passe au crible les dérives du pouvoir sortant. Entre crispations autocratiques et répression sanglante des manifestants, le règne de Macky est dépeint comme un cauchemar pour la démocratie du pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 22/03/2024
Dans un éditorial publié dans le New York Times du 21 mars 2024, l'écrivain Boubacar Boris Diop dresse un portrait sans concession du président Macky Sall, dont le règne trouble touche bientôt à sa fin. Alors que le Sénégal s'apprête à élire un nouveau chef d'État ce dimanche 24 mars, M. Diop décrit les dernières années du mandat de Macky Sall comme "brouillonnes et parfois grotesques", menaçant de fragiliser la stabilité chèrement acquise par le pays.
Selon l'auteur, les ennuis du président ont commencé en février dernier lorsqu'il a reporté in extremis l'élection présidentielle, prévue ce mois-là, après avoir pris l'engagement de ne pas se représenter pour un troisième mandat. Cette décision, perçue comme une tentative de contourner la Constitution, a plongé le Sénégal dans une crise majeure, avec manifestations, troubles parlementaires et remise en cause de l'ordre démocratique. Bien que contraint par le Conseil constitutionnel à respecter le calendrier initial, Macky Sall a sérieusement écorné son image en agissant de la sorte.
Depuis lors, poursuit Diop, le chef de l'État sortant n'a cessé de s'embourber, entre comportements excessifs à l'égard de ses ministres et velléités autocratiques accrues ces dernières années. Après avoir réprimé violemment les manifestations pro-opposition à partir de 2021, faisant au moins 40 morts selon des ONG, il a bâillonné la société civile en emprisonnant plus de 1000 militants. Macky Sall, qui se targuait en 2012 de resserrer les limites du pouvoir exécutif, s'est finalement révélé autoritaire et de plus en plus enclin à bafouer les règles démocratiques.
Si le bilan économique et social de ses deux mandats reste positif, l'éditorialiste estime que Macky Sall, "le quatrième président de l'histoire du Sénégal post-indépendance", est le premier à qui l'on accole l'étiquette de "dictateur". Il conclut en mettant en garde contre les troubles potentiels qui pourraient survenir autour ou après l'élection, notamment si les résultats étaient contestés. Pour Diop, le président sortant porte l'entière responsabilité de cette incertitude politique inédite, alors que le Sénégal a toujours su faire figure de modèle démocratique en Afrique.
par Abdoul Mbaye
LES ENJEUX D’UN MODÈLE MONÉTAIRE POUR UNE AFRIQUE FACE À SES DÉFIS
Mon souci sur cette question du Franc CFA reste d’éviter de l’enfermer dans des querelles politiciennes et des réformettes. Elle doit provoquer des réponses réalistes à la construction de souverainetés et de croissances partagées
Les promesses électorales sont souvent faciles à faire par slogans et propos populistes. Celles sur la monnaie se doivent d’être plus prudentes car elles peuvent en 24 heures détruire une économie et appauvrir des millions de personnes.
J’ai récemment répondu à la question d’un journaliste me demandant ce que je pensais du Sénégal sortant de la zone CFA. Ma réponse décrivait en quelques mots et à grands traits ce que pourraient en être les conséquences immédiates, et parfois dès l’appréhension de ce risque par les agents économiques sous forme d’anticipations. Cela ne veut pas dire que je sois contre la nécessaire réforme d’un dispositif qui présente des limites sérieuses.
J’en ai exposé quelques unes et des pistes de réponses à plusieurs reprises. Je partage ce texte datant de déjà deux années qui est celui de ma dernière intervention publique sur le sujet.
Mon souci sur cette question majeure reste d’éviter de l’enfermer dans des querelles politiciennes faciles et des réformettes pour essayer de les éteindre. Elle doit par contre provoquer des réponses réalistes à la construction de souverainetés et de croissances partagées au sein d’un espace panafricain.
Conférence organisée par le Forum des Initiatives citoyennes
Dakar – Terrou Bi – le 26 mai 2022
Intervention de M. Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
Je commencerai par féliciter le « Forum Initiatives citoyennes » pour cette initiative particulière, venue à point nommé sous la forme d’un débat sur une question essentielle et d’actualité ; aussi parce que je suis convaincu que les initiatives citoyennes constituent la juste voie du futur entre les propositions relevant de dogmes et d’idéologies d’une part, du populisme d’autre part.
Je voudrais également saluer tous ceux qui sont présents et ont préféré un « remue-méninge » plutôt qu’un repos de jour férié.
Puisqu’il s’agit d’introduire et de contribuer à provoquer un débat, je tâcherai d’être le plus synthétique possible, réservant le retour à des détails plus précis en réponse à d’éventuelles questions qui ne manqueront pas d’être posées.
Le thème de la conférence est un appel à des propositions. Les miennes vous sont proposées en deux chapitres principaux :
En première partie, et parce que les systèmes monétaires n’ont pas attendu notre conférence pour s’inventer, je retiendrai que le modèle existe déjà sans être optimal, et proposerai un fil conducteur pour le transformer en exemple.
En seconde partie, des propositions porteront sur les ruptures nécessaires pour transformer le modèle retenu en exemple attrayant (dans l’objectif de son possible élargissement) ou à imiter (dans le souci de sa reproduction dans d’autres sous régions de notre Continent).
Le modèle existe sans être optimal en raison des leçons de l’histoire récente qui détermine les prochains défis de notre planète que je vois défis de souveraineté dont le caractère crucial a été mis en exergue par la crise du covid 19 puis la guerre Ukraine-Russie. La nouvelle géopolitique planétaire accouchera d’un nouvel ordre ou nouvel équilibre mondial. La périphérie de ce monde, essentiellement occupée par l’Afrique, s’éloignera encore davantage de la route de la prospérité. Le développement autocentré est le nouveau chemin. Il n’est possible que dans le cadre de nations regroupées pour devenir fortes ensemble.
L’heure est d’ailleurs déjà celle des grands ensembles dictant leurs règles et exigences, fussent-elles idéologiques, géopolitiques, économiques et commerciales. Le modèle ne peut être celui du format réduit, mais plutôt celui du regroupement et de l’intégration entre pays au sein d’une région ou d’une sous-région. Sans toutefois perdre de vue que l’ambition du périmètre trop étendu peut créer de l’inefficacité et de la lenteur mesurée en termes de décades perdues.
Le modèle monétaire que nous recherchons aujourd’hui ne peut donc être que d’intégration monétaire d’une part, et ne peut cependant servir un ensemble en termes de progrès économique global qu’en existant dans le cadre d’une intégration économique d’autre part.
C’est le modèle qu’offrent au monde l’UEMOA et l’UMOA depuis au moins 1994 lorsque la création de l’Union Économique a été retenue comme indispensable pour consolider et préserver l’Union Monétaire après le choc de l’unique dévaluation que le franc CFA ait connu. C’est ce modèle qui a ensuite été imité par l’Union européenne. Il n’est cependant pas le modèle parfait.
Ce modèle reste en effet à mes yeux imparfait et figé. C’est pourquoi il a été longtemps soumis à de vives critiques. Celles-ci ont imposé les réformes de décembre 2019. Mais je pense que ces réformes sont insuffisantes lorsqu’elles n’ont pas correspondu à de simples leurres.
Il me semble par conséquent nécessaire de faire le choix de véritables ruptures qui pourraient nous conduire vers le juste modèle en mesure de créer un mouvement global d’émergence économique partagé entre les différents membres d’une union économique et monétaire constituée. L’objectif étant bien entendu que chaque membre gagne davantage en union que seul. C’est également ce principe qui doit permettre la mesure de la réussite du projet.
Toutes les réformes ou ruptures que je souhaite proposer pour cheminer vers un modèle monétaire optimal le sont à l’aune des défis de souverainetés, qu’il s’agisse de la protection, du renforcement ou de la recherche de souverainetés en dyptique :
1-souveraineté globale de l’ensemble concerné, et
2-souveraineté individuelle de chaque pays membre.
Pourquoi ?
Revenons à la guerre Russie-Ukraine, et avant cela au gel des avoirs de pays que l’on cherche à détruire (exemple de l’Iran).
Les avoirs à l’étranger sont constitutifs des réserves en devises, elles-mêmes contrepartie essentielle de l’émission monétaire et instrument indispensable pour le commerce et la croissance d’une nation.
Le blocage de ses avoirs est devenu une arme de combat majeure pour contraindre un pays souverain à baisser les armes, à abandonner des postures jugées par lui d’intérêt national.
Les réserves apparaissent comme l’élément majeur de souveraineté d’un État. En dépendent :
La sécurité militaire (achat armements),
La sécurité alimentaire (achat de produits alimentaires essentiels ou en complément de productions nationales),
La sécurité sanitaire (achats médicaments et équipements)
et même la sécurité intérieure mise en cause par les conséquences d’un manque de devises en termes de pénurie et de hausse des prix.
La politique monétaire se doit donc de replacer le rôle des réserves et celui de leur nature comme primordial avant même ce qu’elles produisent comme monnaie dont elles ne sont qu’une des contreparties.
Plus près de nous, au sein de la zone UEMOA, des décisions de sanction ont été prises par la Conférence des chefs d’état de l’Union (9 janvier 2022) endossant celles de la CEDEAO contre le Mali. Ces sanctions ont été prises en l’absence des représentants de cet état, comme moyen d’agir contre de nouveaux pouvoirs nationaux et donc comme attentat à une souveraineté nationale (sans jugement de valeur à porter) ; elles l’ont donc été en violation de la règle principale de l’unanimité des Traités devant permettre la prise de décisions par les organes supérieurs en charge de la gouvernance des institutions communes. Cela doit par conséquent conduire à une double réflexion :
Sur l’exposition au diktat des autres pays membres ligués contre lui d’un pays membre d’une union monétaire, alors qu’il a renoncé à son pouvoir régalien de battre monnaie au profit de la Banque centrale unique ;
Sur l’exposition de l’ensemble des pays membres à des sanctions contre leur organisation décidées de l’étranger.
Imaginons que demain, les pays occidentaux pourraient par exemple décider de geler les avoirs chez eux des pays UMOA parce que ces derniers ne soutiendraient pas suffisamment la cause LGBTQ.
Quelles ruptures nécessaires pour transformer le modèle retenu en exemple ?
Ayant retenu que l’UEMOA et l’UMOA étaient des modèles, bien entendu améliorables, proposés au reste de l’Afrique et du monde, permettez que la suite de mon intervention les prenne comme références pour toutefois aboutir à des principes et recommandations qui conserveront leur caractère général à l’échelle au moins africaine.
Des constats faits en introduction de ma présentation et des problématiques majeures identifiées, je tire les conclusions suivantes avec
D’une part le souci d’un intérêt pour l’essentiel, notamment la sauvegarde de la souveraineté en toutes circonstances,
Et d’autre part le refus de privilégier les réformettes légères, quelque puisse être la force de leur exigence.
Ainsi, il faut réaffirmer avec force que le franc CFA est bien une monnaie africaine, ayant cours légal au sein de pays africains. Elle est une monnaie commune à 8 pays africains. Elle est donc en sus panafricaine et ce n’est pas rien. Elle a même été modèle mondial inspirant l’Euro, cette dernière répétition n’est pas inutile.
Mais sa nature de monnaie africaine n’est pas synonyme de souveraineté assurée ni pour l’ensemble des membres constitués en union, ni pour chacun d’eux pris séparément (exemple récent du Mali).
Il faut donc le réformer.
Des réformes ont été annoncées en décembre 2019. Mais elles sont caractéristiques d’une fausse réforme parce que parfois insuffisante et parfois tromperie.
Sous la pression de la jeunesse africaine et d’un débat également entretenu par des universitaires, le 21 décembre 2019 les changements suivants ont été annoncés par le président de la France et celui de la Conférence des chefs d’états de l’UEMOA
En réponse aux activistes :
Le changement de la dénomination du franc CFA au cours de l’année 2020 ;
Le choix d’intégrer la nouvelle zone d’émission de la future monnaie de la CEDEAO qui s’appellera « Eco » ;
La fin de la présence de ressortissants français dans les instances de gouvernance de la zone UMOA ;
En réponse aux économistes et à la communauté des détenteurs de francs CFA :
Le maintien de la parité fixe par rapport à l’Euro (dans l’attente de l’intégration à la zone Eco) ;
Le maintien d’une « garantie illimitée » du franc CFA par la France mais excluant la contrainte de dépôt obligatoire d’une partie des réserves de la BCEAO dans les livres du Trésor français.
Les engagements pris et relevant de l’État français ont été respectés. Ils ont donné lieu à la signature d’un nouvel accord de coopération liant l’État français et les États membres de l’UMOA signé le 21 décembre 2019.
Ceux pris par le président du Conseil des ministres de l’UMOA ne l’ont pas été : ils concernaient le passage du franc CFA vers l’Eco en 2020. C’est une première déception : les engagements pris devant son ou les peuples d’une Communauté doivent être respectés !
Je propose de passer au crible des souverainetés les points de cette réforme qui fut annoncée majeure :
Le changement de la dénomination du franc CFA au cours de l’année 2020 ;
Il était important d’y donner suite car correspondant à une demande forte ; mais force est de reconnaître que le passage vers la dénomination Eco fut annoncé comme un leurre visant à « calmer le jeu » car cela était impossible dans de tels délais. Cette promesse de nouvelle dénomination devrait être tenue ; la seule problématique significative est celle du coût des remplacements des signes monétaires.
Toutefois retenons qu’un changement de dénomination n’apportera aucun gain en termes de souveraineté. Le faire croire est un autre leurre.
Le choix d’intégrer la nouvelle zone d’émission de la future monnaie de la CEDEAO qui s’appellera « Eco » ;
Ce fut un second leurre fait pour calmer les activistes en affichant une volonté de rejoindre l’Afrique en s’éloignant de la France ; mais ceux qui prenaient cet engagement savaient pertinemment que ce projet entamé en 2009 ne serait pas tenu avant très longtemps. Relevons qu’il n’y aurait pas eu d’évolution en termes de souveraineté.
La fin de la présence de ressortissants français dans les instances de gouvernance de la zone UMOA ;
C’est certes un acquis mais qui reste toutefois mineur, puisque des rapports écrits (art 5 de l’Accord de coopération du 21/12/2019) se substituent à des présences physiques. Les rencontres physiques étant organisées sur demande (art 6), le retour d’un représentant de la France étant prévu en cas de crise (art 8). Il n’y a donc pas d ‘évolution majeure en termes de souveraineté.
Le maintien de la parité fixe par rapport à l’Euro (dans l’attente de l’intégration à la zone Eco) ;
C’est un maintien de dépendance par la parité ; il n’y a donc pas de gain de souveraineté. Et dans l’hypothèse d’un franc CFA qui serait surévalué par rapport à l’Euro, c’est le choix de privilégier le commerce avec la zone Euro, donc un frein à une indépendance commerciale accrue.
Le maintien d’une « garantie illimitée » du franc CFA par la France mais excluant la contrainte de dépôt obligatoire d’une partie des réserves de la BCEAO dans les livres du Trésor français;
La suppression du compte d’opérations n’empêche pas la nécessité de détenir des réserves en euros ; la garantie illimitée est le maintien d’une illusion qui crée un lien de dépendance, et donc affaiblit le degré de souveraineté. Cette posture de garant conservé par la France contribuera à ralentir la marche vers l’Eco en maintenant la suspicion des autres États membres de la CEDEAO. Soulignons enfin qu’une monnaie émise par une banque centrale compétente n’a pas besoin de garant financier.
Ces constats conduisent ainsi à l’interrogation suivante : où se trouveraient donc les vraies réformes en sus du changement de dénomination du franc CFA qui ne serait d’ailleurs qu’une petite réforme bien que symbolique, et au coût élevé ?
Évoquons d’abord les réformes créant ou renforçant une souveraineté globale :
Mettre fin à la garantie illimitée par la France. Parce qu’elle n’existe pas dans les faits, elle n’est pas nécessaire sauf si nous admettons l’incompétence de la BCEAO à défendre la monnaie qu’elle émet depuis plus de 60 ans d’indépendance. Pour se prémunir contre le risque possible d’une conjoncture particulièrement défavorable et surprenante qui épuiserait les réserves de la BCEAO en quelques jours, il suffirait de remplacer cette « pseudo garantie » par des accords de prêts à court terme avec des institutions majeures internationales ;
Rendre l’essentiel des réserves (sauf celles nécessaires aux opérations de clearing périodiques) comme insusceptibles d’être bloquées sous quelque prétexte que ce soit. Il faudrait donc les conserver principalement en or ou métaux précieux sur les territoires nationaux et les constituer essentiellement grâce aux productions nationales de ces métaux.
Faire le choix d’une parité flexible par rapport à un panier de devises plutôt que par rapport au seul Euro.
A présent les réformes créant ou renforçant la souveraineté nationale :
Il n’y a pas de distinction à faire entre une perte de souveraineté acceptable et celle qui ne le serait pas. A l’intérieur de la zone monétaire commune, il est indispensable d’adopter un mode de gouvernance partagée et collégiale de la Banque centrale commune. L’édifice construit doit reposer sur le principe que le renoncement à sa monnaie nationale conduit à faire de la banque centrale commune sa banque centrale nationale. Il faut rejeter le principe d’une Banque centrale qui serait systématiquement gouvernée par un ressortissant proposé par l’état économiquement le plus fort. C’est d’ailleurs le seul moyen de faire évoluer l’UMOA vers une zone Eco en rassurant les nouveaux partenaires sur l’acceptation de ce principe fort.
Il faut réaffirmer l’indépendance totale des institutions de l’UEMOA vis à vis des politiques ; également le principe des prises de décisions à l’unanimité (Conférence Chefs d’État) accordant à chaque État membre un droit de veto.
Il faut concevoir des contraintes à créer au niveau des États affaiblissant le stock de réserves commun pour qu’en contribuant à la construction de la souveraineté globale ils créent ou renforcent la leur propre. Le seul respect des critères de convergence ne suffit pas sans contraintes organisant le retour vers leur respect.
Enfin des réformes de politiques monétaires et de change peuvent contribuer à la construction ou au renforcement de certaines indépendances et donc sécurités. Je pense en particulier à la sécurité alimentaire en rapport avec le développement de l’agriculture (l’un des enjeux majeurs nés d’une vive croissance démographique), et aux sécurités sanitaires et même militaires qui dépendent du développement industriel.
A ce titre, le seul objectif de lutte contre l’inflation ne saurait suffire à la Banque centrale commune.
L’objectif affirmé doit également être de faire de l’UEMOA puis de la CEDEAO une nouvelle puissance économique sous régionale puis régionale en trouvant les bons compromis entre la lutte contre l’inflation d’une part, et le soutien à la croissance et à l’emploi d’autre part.
Car si la lutte contre l’inflation est indispensable pour protéger le pouvoir d’achat des populations et la valeur externe de la monnaie émise, la croissance qui crée la richesse et l’emploi dépend avant tout de l’investissement et par conséquent de toute une stratégie nationale reposant sur un bon environnement des affaires et des systèmes de financement adéquats.
Dans le souci de garantir un environnement économique globalement favorable à l’investissement, la politique monétaire se donnerait donc un objectif principal de maintien de la hausse des prix dans des limites raisonnables. Pour le projet CEDEAO /ECO, l’objectif de hausse des prix serait mis en réduction progressive par rapport au taux de 10%, norme retenue pour l’accès à la zone Eco.
Cependant pour aider l’investissement porteur d’émergence économique, la politique monétaire devra également veiller à assurer des taux de crédit bas à l’investissement, dans un cadre protégé par une réglementation des changes adéquate contribuant à éviter les effets pervers de taux faibles sur la position extérieure globale de la zone d’émission de la monnaie.
Bien évidemment de telles postures de principes et de priorités pourront être remises en cause par des conjonctures spécifiques.
Pour terminer, je souhaite également aborder la question du périmètre optimal d’une union monétaire.
Au nom d’un panafricanisme présenté comme de principe, il faut éviter de créer des ensembles inefficaces où on se retrouve « entre frères » pendant un siècle sans jamais véritablement avancer.
La construction d’une nouvelle zone monétaire sous la forme d’une communauté monétaire achevée utilisant une monnaie unique ne saurait être un objectif en soi. Ce doit être un objectif au service d’une intégration économique retenue comme moyen d’accélérer la croissance de la zone concernée au profit de l’ensemble de ses membres.
Il convient de retenir que le principal obstacle à une telle intégration économique est constitué en Afrique de l’Ouest par des structures de production et de consommation qui les relient davantage au reste de l’économie mondiale qu’à d’autres économies africaines voisines ou éloignées.
Les productions minières, agricoles et de services, constitutives de l’essentiel des PIB des différents pays membres, ne s’échangent pas pour l’essentiel au sein de la zone. Cela est en partie la conséquence des politiques coloniales qui n’avaient d’autres rationalités que de mettre les économies des colonies au service des besoins des métropoles. On peine encore aujourd’hui, après plus de 60 années d’indépendance politique, à s’extraire de cette spécialisation coloniale.
La juste solution à l’intégration économique se trouve donc dans la mise en œuvre de politiques agricoles et industrielles coordonnées au niveau régional, visant à satisfaire des marchés nationaux intégrés. La monnaie doit être un des instruments facilitant le fonctionnement de ces marchés échangeant des productions nationales.
Soulignons qu’une telle démarche est aussi un projet de construction de souveraineté globale.
On peut donc retenir que la qualité et la stabilité de la future monnaie ainsi que sa protection contre l’inconvertibilité, dépendront moins du respect de critères de convergence que d’une véritable intégration des économies constituant sa zone d’émission.
Une autre problématique est sous-jacente à cette inversion de priorités qui place l’intégration économique et commerciale avant l’intégration monétaire : cherchant à délimiter le périmètre optimal de la nouvelle zone de communauté monétaire ECO, il n’est pas certain que celle de l’UMOA soit plus justifiable sur le plan économique qu’une nouvelle zone présentant un contour différent. L’UMOA ne doit pas se présenter comme « zone monétaire optimale » face aux autres membres de la CEDEAO.
Tout au plus peut-elle faire valoir sa grande expérience en matière de gouvernance d’une zone d’intégration économique et de communauté monétaire avec un statut de « zone monétaire achevée » par la mise en place d’institutions et de mécanismes idoines. C’est en ce sens qu’elle peut être acceptée comme modèle, mais modèle à parfaire comme nous l’avons relevé.
Dans une perspective d’intégration économique, la coordination des politiques agricoles, industrielles et des services, alliant objectifs de transformation locale de nos productions, création d’industries dans un souci de complémentarité mais aussi de compétition et de concurrence, doit être la base sur laquelle se greffent une monnaie et une politique monétaire communes.
C’est seulement ainsi que l’Afrique pourra prétendre jouer un rôle économique majeur à l’échelle mondiale dont dépendra ses souverainetés, le respect de ses partenaires et la préservation de sa dignité retrouvée.
J’insiste sur ce mot : c’est cette dignité que réclame la jeunesse africaine. Il ne faut pas laisser les populistes profiter de cette forte requête en proposant des réformettes monétaires inefficaces. Mais il est grand temps que les dirigeants africains, actuels ou futurs, le comprennent s’ils souhaitent résister au vent de grand changement dont les premiers souffles se sont déjà levés.
Je vous remercie de votre attention."
par Thierno Alassane Sall
LETTRE AUX SÉNÉGALAIS
À toutes ces femmes, à tous ces hommes, je dis : je vous ai entendus. J’appelle chacune et chacun de vous à faire le choix de la probité, de la responsabilité, de la compétence. Afin qu’au soir du 24 mars 2024 s’ouvre, au Sénégal, une nouvelle ère
Dimanche, nous allons voter pour l’avenir de nos enfants et pour changer le destin de notre nation.
Le Sénégal, notre pays, est le fruit de plusieurs combats menés par nos illustres prédécesseurs. C’est un creuset de plusieurs legs historiques, culturelles, sociales, économiques et juridiques.
Le Sénégal est la terre où s’est déroulée la révolution Torodo conduite par Thierno Souleymane Baal ayant mis fin à la domination des Maures et à la traite des esclaves. C’est le territoire qui a enregistré un acte héroïque, à jamais gravé en lettres d’or dans notre histoire, le « Talaatay Nde r», où les femmes de Nder ont préféré la mort, plutôt que la vie dans le déshonneur et l’humiliation de la captivité. C’est le pays qui a été héroïquement défendu par d’illustres résistants tels que Aline Sitoé Diatta, qui s’était érigée farouchement contre la colonisation française ; Maba Diakhou Bâ, qui s’était investi dans la protection des populations les plus faibles et l’unification du pays ; Alpha Molo Baldé, qui a vaincu les troupes Mandingues de l’empire du Gabou pour défendre l’intégrité territoriale. C’est la terre de la tolérance et du vivre ensemble, cultivés et entretenus par les différents Cheikh qui se sont succédés à la tête des confréries soufies Qādiriyya, Tijāniyya, Lāhīniyya et Mourīdiyya ainsi que par les archevêques ayant assuré la guidance de la communauté chrétienne. De façon plus contemporaine, plusieurs acteurs politiques d’envergure ont combattu la domination coloniale, puis parachevé le processus de décolonisation et asseoir les bases d’une Nation intégrée avec un État structuré.
Cet héritage est l’aboutissement de sacrifices, d’efforts, d’abnégation et d’initiatives créatrices de plusieurs générations de femmes et d’hommes. Il crée des liens entre nos illustres devanciers et nous. Il s’impose donc à nous tous. C’est un legs que nous avons le devoir de préserver, de fructifier, puis de transmettre aux générations à venir.
Malheureusement, force est de constater que cet héritage est en train de s’éroder à une vitesse exponentielle pour donner lieu à une nation divisée, antagoniste, clivante et intolérante. Le climat social et politique délétères qui prévalent aujourd’hui sont révélateurs de l’existence de de l’affaiblissement de nos valeurs culturelles. Cela prouve, si besoin est, la faillite des personnes entre les mains desquelles sont déposées les destinées du pays.
En plus de cette déchéance révélatrice de l’effritement des valeurs et porteuse de menaces sur la pérennité de notre commune volonté de vivre ensemble, cette situation charrie des difficultés croissantes pour les Sénégalaise et les Sénégalais dans leur vie quotidienne. Une grande partie de la population a vu ses conditions de vie se dégrader. Les politiques économiques et sociales mises en œuvre sont loin de poser les bases d’une émergence.
Le Sénégal connaît une baisse de son activité économique comme en atteste la chute du taux de croissance au cours de ces dernières années. Les nominations partisanes de personnes inexpertes, l’absence d’une culture du suivi et de l’évaluation des effets et impacts des politiques et programmes ainsi que tant d’autres facteurs ont fini de rendre inopérants, voire inefficaces les différentes initiatives mises en place au profit des PME qui constituent l’essentiel de notre tissu économique. En dépit des slogans et des discours d’autoglorification du gouvernement, la mise en œuvre des différents programmes annoncés n’a pas permis d’améliorer le bien-être des populations. Au-delà de la pauvreté monétaire, les conditions de vie des Sénégalais sont très difficiles. Les populations sont confrontées à des tensions inflationnistes qui ont provoqué la cherté de la vie, particulièrement celles des produits alimentaires. Ces tensions inflationnistes se sont considérablement faites ressentir sur le panier de la ménagère. La souveraineté alimentaire tant chantée par le gouvernement n’est pas au rendez-vous. Les niveaux du chômage et du sous-emploi sont élevés, et la plupart des Sénégalais travaillent dans l’informel. Le programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes, « Xëyu ndaw ñi », a été élaborée dans la précipitation en réponse à une situation de crise sociale aiguë post-émeute survenue en mars 2021. D’où plusieurs lacunes importantes dans sa conception et dans sa mise en œuvre. Ce qui n’a permis l’atteinte des objectifs initialement visés. Le déficit budgétaire est important et ne cesse de se creuser. Ce qui conduit systématiquement l’État à recourir à des emprunts importants pour boucler ses budgets et, subséquemment, à accroitre considérablement l’endettement du pays. La gouvernance administrative, économique et financière est défaillante en charriant une absence de reddition systématique des comptes, une corruption devenue gangrène et une faible imputabilité.
Je mesure, personnellement et de visu, ce délitement généralisé. Le constat est le même partout dans le pays : les Sénégalais sont fatigués et se sentent délaissés !
Les souffrances de mes concitoyens ont toujours été ma boussole, guidant chacun de mes pas, en tant que citoyen, dans ma vie professionnelle ou d'homme politique. Mon engagement envers ce pays est inébranlable, animé par la loyauté et la dévotion d'un patriote et d'un républicain. Mon dévouement est indéniable envers le Sénégal. J’ai une profonde passion pour ce pays.
Chers compatriotes,
J’ai été destinataire de nombreux messages émanant de citoyens appartenant à tous les segments de la population sénégalaise, qu’ils soient militants ou apolitiques. À toutes ces femmes, à tous ces hommes, je dis : je vous ai entendus.
Mon offre programmatique est articulée autour des réalités du pays, du vécu quotidien de nos compatriotes, de l’état de la situation économique, sociale, culturelle, industrielle, démocratique, sécuritaire et diplomatique du Sénégal. Mes propositions pour changer le destin de notre pays s’enracinent dans nos valeurs et s’adossent sur les règles qui organisent et déterminent le fonctionnement d’une République. Elles sont innovantes, créatrices de plus-value et porteuses d’ambitions généreuses pour le Sénégal et les sénégalais. Elles visent à consolider les acquis et à préparer notre pays à entrer, de plain-pied, dans le cénacle des pays qui comptent.
Si le peuple sénégalais me fait confiance, en me portant à la magistrature suprême de notre pays, la mise en œuvre de mon programme permettrait d’assurer, au terme de mon mandat quinquennal :
un meilleur fonctionnement de nos institutions : la normalité républicaine sera retrouvée et les mœurs de la vie politique assainies ;
un Sénégal qui entre, de plain-pied, dans l’ère numérique en utilisant toutes les potentialités et opportunités de développement qu’elle offre ;
une souveraineté économique retrouvée en donnant priorité aux entrepreneurs nationaux et en parvenant à l’autosuffisance alimentaire ;
un capital humain mieux valorisé avec des programmes de formation, de santé publique et de protection sociale plus adaptés et couvrant plus de risques sociaux ;
une sécurité intérieure renforcée et un leadership sous-régional retrouvé.
Chers compatriotes,
L’élection présidentielle de 2024 est une étape cruciale dans la vie de notre pays. Elle est la plus ouverte depuis notre accession à la souveraineté internationale. Le changement sera à notre portée. Voilà pourquoi j’appelle chacune et chacun de vous à faire le choix de la probité, de la responsabilité, de la compétence. Afin qu’au soir du 24 mars 2024 s’ouvre, au Sénégal, une nouvelle ère démocratique, de justice, de transparence, de travail et de prospérité.