«Léguer un Sénégal réconcilié et en paix», telle est la raison qui aurait motivé la décision du Président Macky Sall de reporter l’élection présidentielle au dimanche 24 Mars, alors qu’elle devait se tenir le 25 février. Le concerné l’a encore réaffirmé à l’occasion d’un entretien qu’il a accordé à la Bbc.
Réconciliation et paix. Le refrain est entonné partout par les hommes et femmes du président dans quasiment toutes leurs sorties de campagne électorale. De même que par des membres de la société dite civile. Mais que l’on nous permette d’émettre quelques objections. Pour dire que le Sénégal n’a jamais été un pays divisé : pas de conflits inter-ethniques, ni de conflits inter-confrériques, ni de conflits inter-religieux… toutes choses qui sont le fondement de notre vivre-ensemble. A qui parle-t-on donc d’une société sénégalaise en lambeaux qu’il a fallu reconstruire et réconcilier ? A quoi fait-on référence ?
Les tragiques événements survenus en 2021 et qui ont couru jusqu’en 2024 ne sont rien moins que la conséquence de l’irresponsabilité de nos hommes politiques, entretenue par certaines entités dont les médias. Et des Sénégalais ont dû se lever pour exercer leur devoir citoyen de renversement de paradigmes et de perspectives.
Il s’est alors agi de se dresser contre ceux qui se sont assurément trompé en pensant que le bien commun consistait exclusivement dans leur réussite personnelle, leur pouvoir et dans la satisfaction de leur avidité.
Il s’est agi de la défense du registre moral contre le rapport de force instauré par les réalistes-cyniques où les forts et les puissants l’emportent, et les faibles perdent toujours. Il s’est agi de manifester contre les sautes d’humeur qui gagnent la vie politique au détriment de la rationalité et du long terme.
Il s’est agi de s’opposer au mépris des lois qui conduisent à l’ochlocratie.
Il s’est agi de faire barrage aux imposteurs qui, une fois au pouvoir, s’emploient à noyauter toutes les institutions.
Il s’est agi d’exiger la moralisation de la vie publique, d’aller à la chasse aux conflits d’intérêts, aux arrangements douteux… et de réaffirmer la moralité au poste de commande de l’action politique. C’est de tout cela qu’il a été question. C’est de tout cela qu’il sera question…
A moins que.
LE PDS CLARIFIE SA POSITION APRÈS DES DÉCLARATIONS DISSIDENTES
Suite à l'annonce de soutien à Amadou Ba par d'anciens membres, le secrétaire national du PDS sort de sa réserve : "la position ou la décision personnelle de tout militant n'engage que lui. Seul Abdoulaye Wade est habilité à engager le parti"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 21/03/2024
Alors que quelques anciens membres du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) ont accentué les spéculations en annonçant publiquement leur soutien au candidat de la coalition présidentielle, Amadou Ba, le parti libéral a tenu à faire le point sur sa ligne directrice.
Dans un communiqué signé mercredi 20 mars 2024 par Saliou Dieng, Secrétaire National chargé des structures, le PDS précise que "aucune des 59 Fédérations que compte le parti n'a pris de décision relative à un éventuel soutien à un candidat". Il ajoute : "Les militantes et militants attendent les orientations du frère Secrétaire Général National, Me Abdoulaye Wade, seul habilité à engager notre parti au vu de nos textes et de notre règlement intérieur".
Une mise au point ferme face aux déclarations de certains "anciens" qui "annoncent leur soutien à Amadou Ba [...] et affirmant qu'ils seraient en phase avec 25 fédérations du parti". Or, insiste M. Dieng, "la position ou la décision personnelle de tout militant n'engage que lui et n'engage aucunement la structure à laquelle il appartient".
Autre élément contesté : la prétendue "instance ou structure intitulée groupe des 'ANCIENS DE L'UJTL'". Le communiqué souligne sans détour qu'"une telle structure n'existe pas dans la nomenclature du PDS".
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
CHASSEZ LE MACKY, IL REVIENT AU GALOP
EXCLUSIF SENEPLUS - Il a plié face à la mobilisation citoyenne, mais n’a pas rompu dans ses intentions d’empereur pour jouer dans les coulisses en vue d’un coup KO
Après s’être moqué du peuple du Sénégal avec un ni-ni puéril, après avoir reconduit envers le peuple du Sénégal la violence coloniale d’élimination de l’opposant par la déportation et l’emprisonnement, après avoir poignardé dans le dos le peuple du Sénégal le 3 février 2024 par un coup d’Etat, Macky Sall se donne à nouveau en spectacle en se livrant à une furie d’abrogation, d’amnistie, de générosité fiscale, et comble d’entourloupette il s’auto-absous : « … je n’ai commis aucune faute ». Chassez le Macky, il revient au galop.
Tous les régimes se sont maintenus au pouvoir en s’appuyant sur un appareil répressif, mais ce qui s’est passé sous le magistère de Macky Sall est sans précédent avec le nombre de morts enregistrés, le nombre de prisonniers d’opinion et le nombre de manifestations interdites.
Macky Sall a plié face à la mobilisation citoyenne qui a traversé tous les segments de la société sous le leadership des plateformes citoyennes, mais n’a pas rompu dans ses intentions d’empereur pour jouer dans les coulisses en vue d’un coup KO. Pendant 12 ans sans compter son passage bref au ministère de l’Intérieur, aout 2003-avril 2004, directeur de campagne du candidat Abdoulaye Wade en 2007 et Premier ministre d’avril 2004-juin 2007, Macky Sall connaît bien tous les subterfuges pour saboter le processus électoral en amont et en aval. Tous ces actes de gouvernance renvoient à la volonté de préserver le pouvoir à la manière des ploutocrates.
Nous sommes dans une phase de transition complexe dont les principaux acteurs mesurent de manière différenciée les enjeux. Une transition par le bas (T.L. KARL et P. SCHMITTER) impulsée par les masses sous la forme de mouvement citoyen de vaste ampleur à travers des manifestations multiformes portées par une catalytique de la société civile et des organisations traditionnelles avec les éclairages scientifiques des universitaires flambeau du bouillonnement intellectuel.
En tirant les leçons des mandats qui se sont succédé et des conclusions tirées des Assises nationales, les pistes sont balisées pour un État post-colonial déconnecté de la colonialité, mettre en perspective la dissolution de l’Assemblée nationale, la mise en place de la constituante indépendante et souveraine, l’organisation des Assises de la citoyenneté, verrouiller toutes les velléités de l’exercice autocratique du pouvoir en s’appuyant sur des leviers autogestionnaires autour du quartier, du village comme unité de transformation citoyenne, communautaire politique, sociale, culturelle et économique. Il s’agit d’impulser la dynamique de la refondation de l’État et tuer le monstre de l’hyperprésident et empereur. Plus jamais ça.
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CHEIKH TIDIANE DIÈYE SE RANGE DERRIÈRE DIOMAYE FAYE
Le leader du mouvement Avenir Sénégal Bi nu bëgg a annoncé son retrait de la course ce mercredi 20 mars 2024. Il était présenté comme l’un des plans de substitution à la candidature avortée de Sonko
Cheikh Tidiane Dièye, candidat à l’élection présidentielle du 24 mars, a appelé, mercredi, à Dakar, à voter pour Bassirou Diomaye Faye, après avoir annoncé sa décision de retirer sa candidature.
Il en a fait l’annonce au cours d’une conférence de presse organisée dans la capitale.
Cheikh Tidiane Dièye était présenté comme l’un des plans de substitution à la candidature avortée du leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Depuis le début de la campagne électorale, il a mis à profit son temps d’antenne au journal diffusé quotidiennement sur la télévision publique, la RTS, pour expliquer le programme du candidat de cette formation politique dissoute, Bassirou Diomaye Faye.
L’universitaire et chercheur a longtemps milité dans les mouvements sensibles à la doctrine tiers-mondiste et dans les plateformes citoyennes, avant de se frayer un chemin vers la politique.
KARIM ET BOUGANE, LES FAISEURS DE ROI
Leurs soutiens potentiels aux différents candidats pourraient s'avérer déterminants pour l'issue du scrutin. Mais jusqu'où iront-ils dans leurs négociations ? Sur quels critères baseront-ils leur choix ?
La campagne présidentielle tire à sa fin et l’incertitude demeure toujours quant à l’issue du scrutin de dimanche prochain. Lequel des 19 candidats pointera en tête à la ferme- ture des bureaux de vote ? Les observateurs donnent leur langue au chat. De l’avis de la majorité d’entre eux, toutefois, le Parti dé- mocratique sénégalais (Pds) du candidat re- calé Karim Meïssa Wade ainsi que la coalition « Gueum Sa Bopp » du prétendant également invalidé Bougane Gueye Dany seront les arbitres de cette élection en ce qu’ils peuvent faire pencher la balance du côté du candidat bienheureux qui bénéficiera du soutien de ces deux poids lourds de la poli- tique nationale. Pour l’heure, ils gardent un silence quant à qui bénéficiera de leurs préférences faisant par-là même monter les en- chères à mesure que la date de l’élection approche. Election à un ou deux tours, qu’importe, les voix de leurs milliers de parti- sans seront déterminantes à l’heure du comptage des votes...
Karim Meissa Wade semble capituler face à l'évidence qu'il ne pourra plus briguer la présidence de la République cette année. Dans un récent message sur les réseaux sociaux, Wade-fils a renoncé à ses ambitions politiques et dit se tenir à l'écoute des directives paternelles pour orienter sa trajectoire. Le choix stratégique du Parti démocratique sénégalais (PDS) pour l’élection présidentielle devant se tenir dans quatre jours demeure une énigme à la- quelle Abdoulaye Wade devrait mettre aujourd’hui. Dans l’intervalle, les alternatives du Pds se dessinent.
Ce parti qui réalisa la première alternance politique de l’histoire de notre pays et qui rêvait de revenir au pouvoir à la faveur de la pro- chaine élection présidentielle pour la course présidentielle va devoir à présent se contenter d’un rôle, certes important, de faiseur de roi. Maintenant qu’il est sûr que le parti de Me Abdoulaye Wade ne présentera pas de candidat, comment compte-t-il peser sur l’élection présidentielle ainsi qu’il le promet ?
Une alliance avec la majorité sortante s’avère hautement probable. En effet, le risque de frag- mentation soulevé par Woré Sarr en cas de persistance dans l’opposition, force le Pds à re- penser son approche. Parmi les personnalités en jeu telles que Bassirou Diomaye Faye, Kha- lifa Sall, Idrissa Seck, Mamadou Aliou Dia et Amadou Ba, il est plausible que Karim Wade ne favorise aucun des «Patriotes» en raison de la présence de Mimi Touré, icône de la lutte anti- corruption et actrice principale de l’emprison- nement de Karim Wade pour « enrichissement illicite » au terme d’un procès stalinien. Malgré l’élan suscité par la libération de Sonko et Diomaye Faye, le Pds doit rester vigilant après avoir porté des accusations de corruption contre deux juges constitutionnels. En réalité, le plus gros obstacle à un éventuel soutien de Karim Meissa Wade et ses troupes au Pastef demeure Mimi Touré. Laquelle n'a pas des bataillons politiques comme le Pds mais possède une capacité de nuisance, en particulier auprès des chancelleries occidentales et de la communauté internationale d'une manière générale, dont le novice Bassirou Diomaye Faye a le plus grand besoin en ces temps où chaque camp compte ses alliés. Encore qu'en ce domaine, Karim Wade ne soit pas désarmé avec le soutien ô combien déterminant à l'heure actuelle du tout-puissant émir du Qatar !
La présence d'Amadou Ba offre une opportunité de taille au Pds. Les résultats des élections législatives de 2022, où les coalitions Bby et Wallu avaient recueilli 61% des suffrages, suggèrent une victoire potentielle dès le premier tour pour Amadou Ba. C'est un argument de poids pour le Pds. Une alliance avec le Pds pourrait compenser les défections au sein de Benno Bokk Yaakaar et réduire l'influence de certains membres. Il s'y ajoute que les récentes tensions politiques ont permis à Macky Sall d'identifier plus clairement ses alliés potentiels et ceux susceptibles de lui porter préjudice. La position de certains ministres, se tenant à l'écart du candidat de la majorité, accusé de corruption, pourrait peser sur BBY si elle échoue à s'allier avec le PDS.
Dans ce contexte, le Pds pourrait jouer un rôle crucial dans la redéfinition politique post-électorale, notamment en ce qui concerne la présidence de la future Assemblée nationale après son inévitable dissolution devant suivre l'élection d'un nouveau président. Si aucune option ne semble convenir au Pds, le parti d'Abdoulaye Wade pourrait choisir de s'abstenir, fidèle à sa réputation de défendre ses intérêts envers et contre tous. La réponse à ces questions est impatiemment attendue aujourd hui.
Dans ce contexte, le PDS pourrait jouer un rôle crucial dans la redéfinition politique post- électorale, notamment en ce qui concerne la présidence de la future Assemblée nationale après son inévitable dissolution devant suivre l’élection d’un nouveau président. Si aucune option ne semble convenir au Pds, le parti d’Abdoulaye Wade pourrait choisir de s’abstenir, fidèle à sa réputation de défendre ses intérêts envers et contre tous. La réponse à ces questions est impatiemment attendue aujourd’hui.
Autre candidat au centre de toutes les attentions depuis son élimination lors du processus de validation des parrainages, Bougane Guèye Dany le leader de la coalition « Gueum Sa Bopp ». Divers partis politiques et coalitions ont sollicité des audiences auprès de celui qui est aussi le patron du groupe de presse D-Médias pour espérer obtenir son soutien lors de la présidentielle. Récemment, des fake news ont prétendu que Bougane avait rallié la coalition « Diomaye Président». Par ailleurs, des rumeurs ont laissé entendre que le leader de « Gueum Sa Bopp » aurait été pris au piège par l'opposition radicale, se retrouvant entouré des figures du système qu'il prétendait combattre, ainsi que par le biais de négociations avec le président Macky Sall, comme l'a laissé entendre le leader du parti Pastef lors de sa conférence de presse après sa sortie de prison. Selon nos informations, après avoir exprimé sa satisfaction suite à la libération d'Ousmane Sonko dans un message sur Facebook, Bougane Gueye Dany est resté silencieux après la conférence de presse de ce dernier, confirmant ainsi les accusations portées par le candidat Khalifa Ababacar Sall concernant ses pourparlers avec Macky Sall, son ancien ennemi. Lors d'une conférence de presse, Khalifa Ababacar Sall a déclaré avec ironie : « Il ne faut jamais avoir raison trop tôt en politique », affichant un sourire narquois. Il convient de rappeler que lorsque Barthélémy Diaz a été reçu par Macky Sall pour des négociations, Ousmane Sonko s'en était démarqué avant que Khalifa Ababacar Sall et son parti ne soient exclus de la coalition «Yewwi Askan Wii» en raison de ces négociations que Barthélémy Diaz affirme avoir menées avec l'accord de Ousmane Sonko et Khalifa à qui il a rendu compte à son retour.
Bougane Guèye Dany : l'homme clé des coulisses de la présidentielle
Bougane Gueye Dany, toujours attaché à son radicalisme, a été l'un des rares acteurs politiques à maintenir une cohérence remarquable dans son engagement politique depuis 2019.
Une constance que les électeurs lui ont payée puisqu'ils ont été plus de 22 000 voix à voter pour lui aux élections locales, ce qui lui avait permis d'avoir plus de 500 conseillers municipaux élus et diriger cinq villes. Ce sans oublier son enracinement dans les régions les plus reculées du Sénégal. Il s'est toujours engagé avec désintérêt dans une politique fondée sur des idéaux mettant en avant les intérêts de la nation. Connu pour son approche politique pacifique, Bougane Guèye Dany n'a jamais participé à des actes de violence ni tenu des discours incendiaires. Le leader de « Gueum Sa Bopp» a toujours mené ses combats politiques en solitaire, faisant face stoïquement à ses éliminations successives lors des scrutins depuis 2019, ainsi que sur tous les dossiers d'intérêt public qu'il a soulevés. Ce en dépit des obstacles dressés sur son chemin par le régime du président Macky Sall tels que le blocage de ses comptes bancaires et des redressements fiscaux à n'en plus finir visant à affaiblir ou à décourager ses initiatives entrepreneuriales.
Aujourd'hui, ses partisans mobilisés et conscients du poids politique de leur leader, invitent Bougane Guèye Dany à prendre une décision « désintéressée » dans l'intérêt supérieur du Sénégal. Le délégué national de sa coalition a annoncé que sa décision sera rendue publique dans les prochains jours. De toutes façons, à quatre jours du scrutin, elle ne saurait tarder...
Malgré l'effervescence des rassemblements électoraux sur le terrain, les candidats à l'élection présidentielle de dimanche prochain restent donc à l'écoute de Karim Wade et de Bougane Gueye Dany, les véritables faiseurs de roi qui seront déterminants lors du scrutin du 24 mars prochain.
BASSIROU DIOMAYE FAYE SE POSE EN CHANTRE DE LA RUPTURE
Le candidat de substitution affirme qu'Ousmane Sonko "n’est pas dans l’attente d’un retour sur investissement personnel". Il met en avant un projet de changement et revendique un "ADN politique" différent de celui des précédents dirigeants du pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 20/03/2024
À quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle du 24 mars, le candidat Bassirou Diomaye Faye se présente comme le porteur du changement nécessaire au Sénégal. Dans un entretien accordé au Monde, l'opposant de 43 ans, favori du scrutin, a détaillé ses propositions pour "apporter la rupture" dans le pays.
Sorti de prison le 14 mars après 11 mois de détention, Bassirou Diomaye Faye remplace Ousmane Sonko comme candidat de la coalition "Diomaye président", composée du Parti des patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), dissout par les autorités. Il mène depuis une campagne "accélérée" à travers le pays dans un contexte de crise préélectorale.
Interrogé sur la validité de ce scrutin après les tensions, le candidat estime qu'"il aura une valeur plus élevée que toutes les précédentes, car les électeurs [...] s’interrogent avec inquiétude sur l’avenir de ce pays". Selon lui, "les Sénégalais ont soif de justice".
Concernant ses 11 mois d'incarcération, Bassirou Diomaye Faye reconnaît que cette détention a perturbé sa campagne : "Ça a été des mois difficiles. Je n’ai pas pu contribuer comme je le souhaitais [...] alors que mon rôle devait être crucial". Il précise néanmoins avoir pu échanger à quatre reprises avec Ousmane Sonko durant leur détention commune.
Interrogé sur sa place de "plan B", il martèle que "nous n’avons jamais mis en avant les individus dans notre formation politique". S'il était élu, il assure qu'il ferait "les consultations nécessaires" pour nommer un Premier ministre et qu'Ousmane Sonko "n’est pas dans l’attente d’un retour sur investissement personnel".
Sur la remise en cause de son manque d'expérience, Bassirou Diomaye Faye répond : "C’est avec un président [Macky Sall] à qui l’on n’a pas reproché son manque d’expérience que la démocratie sénégalaise a subi le plus de balafres". Il affirme vouloir "apporter la rupture" car il n'a "pas le même ADN politique" que les autres dirigeants sénégalais.
Dans son programme, le candidat propose une sortie du franc CFA au profit d'une monnaie nouvelle communautaire ouest-africaine. Il déclare aussi vouloir "renforcer les liens avec les pays limitrophes" comme le Mali, tout en maintenant des "relations équilibrées, respectueuses et gagnant-gagnant" avec la France.
MACKY SALL RÉFUTE FERMEMENT LES CRITIQUES
"Je n'ai pas d'excuses à faire puisque je n'ai commis aucune faute", se défend le président sortant dans une interview accordée à la BBC
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 20/03/2024
Dans une interview accordée à la BBC ce mercredi 20 mars 2024, le président Macky Sall s'est défendu face aux accusations concernant le report de la présidentielle initialement prévue pour le 25 février dernier.
Interrogé sur d'éventuelles excuses à faire suite aux critiques, le chef de l'État a été catégorique : "Je n'ai pas d'excuses à faire puisque je n'ai commis aucune faute", a-t-il déclaré. Le président assure avoir agi "dans le cadre de la loi et du règlement" et rappelé qu'aucune institution juridique ou judiciaire sénégalaise n'a remis en cause les actions posées.
Selon Macky Sall, "le débat est mal posé, ce n'est pas une affaire de pardon". Citant le vote de la loi de report du scrutin par le Parlement, il a estimé que "le président qui est le chef de l'exécutif doit tenir compte de ce fait et c'est ce qui a été fait". Pour lui, "tout ce qui a été fait, là, était dans le respect strict de la Constitution du Sénégal", document qu'il dit toujours conserver sur lui.
Interrogé sur le fait que les opposants qui défient Macky Sall se retrouvent systématiquement dans le collimateur de la loi, le président a répondu : "Ce n'est pas parce qu'on est politiciens, qu'on ne doit pas répondre de ces actes devant la loi. Ça, c'est ce qu'on raconte dans la rue et qu'on veut me coller à la peau."
Macky Sall a par ailleurs indiqué qu'il passera le témoin au prochain président élu le 24 prochain ou, au plus tard, le 2 avril à la fin de son mandat, réfutant toute intention de rester au pouvoir après cette date.
Par Pierre SANé
UNE FEUILLE DE ROUTE POUR EN FINIR DÉFINITIVEMENT AVEC LE CFA/ECO
Lettre ouverte aux militants anti-Cfa à l’occasion de l’élection présidentielle sénégalaise de 2024. 2025 marquera le 65e anniversaire de l’accès à l’indépendance des colonies françaises d’Afrique. Beaucoup de commémorations et de réjouissances à venir
Lettre ouverte aux militants anti Cfa à l’occasion de l’élection présidentielle sénégalaise de 2024
L’année 2025 marquera le 65e anniversaire de l’accès à l’indépendance des colonies françaises d’Afrique. Beaucoup de commémorations et de réjouissances à venir!.
Sauf que tout au long de l’année, l’incongruité de la permanence du franc colonial (rebaptisé eco avant sa naissance !) continuera à susciter des controverses et des exigences visant à mettre fin au statut quo. Nous avons en 2024 l’opportunité d’écrire une nouvelle page de notre histoire contemporaine de la décolonisation. Ou de rester bloqués sur notre ligne de départ de 1960 ou pire de prendre un faux départ avec l’eco français.(qui peut littéralement être qualifié de non-événement).
Battre monnaie est un droit régalien qui relève de la compétence exclusive de notre Assemblée nationale, c’est à dire du peuple souverain. Le Cfa, même dans la version “eco” que se “seraient appropriée” certains chefs d’Etats africains n’en serait pas moins une violation continuelle de notre Constitution.(1).
Il faudrait donc commencer par se “réapproprier” notre droit souverain de battre notre propre monnaie au cas où il aurait été délégué par une convention quelconque. La souveraineté ne se délègue pas. A la limite, elle se partage dans un schéma d’intégration régionale (monnaie unique ou commune d’abord, forces de défense, commerce extérieur etc.). Après tout, près de 150 pays ont leur propre monnaie nationale, y compris 40 pays africains. Qu’on ne vienne surtout pas me dire que le Sénégal ne dispose pas des compétences économiques et techniques pour gérer une monnaie nationale alors que la Mauritanie et la Gambie en disposent. Ce n’est pas un problème technique mais politique.
Le subterfuge de l’Eco français
Le subterfuge de l’Eco français a été rapidement débusqué pour ce qu’il représente un leurre! La garantie accordée par la France lui donne un droit de regard sur les transactions internationales des pays de la zone Cfa/Eco et sur une dévaluation éventuelle, l’arrimage exclusif à l’Euro continuera à alimenter les transferts libres de capitaux et l’évasion fiscale et à plomber la compétitivité de nos économies, l’arrêt du compte d’opérations n’empêchera pas le “libre” dépôt des réserves ou de l’or auprès de la Banque de France ou de la Banque européenne (même si comme l’a souligné le Président français, cela ne devient plus... “obligatoire “). Quant au retrait des administrateurs français, cela ne réduit en rien la capacité à exercer la tutelle cette fois-ci par “le biais de relations plus informelles “ dixit le Président Macron dans son discours d’Abidjan. C’est la définition même du néocolonialisme : Indirect rule ! On connaît.
Mais l’élément le plus nocif c’est que la “garantie” de la France lui ouvre la possibilité d’influer sur les étapes suivantes dans la construction d’un espace monétaire commun en Afrique de l’Ouest et de le dérailler durablement. Ainsi le Président Macron dans son discours d’Abidjan du 21 décembre 2019 (disponible sur YouTube) fait-il appel au Ghana, à la Guinée, à la Gambie, à la Sierra Leone pour qu’ils se joignent à l’initiative française/UEMOA et ne mentionne pas une seule fois le Nigeria! Pas une seule fois! Tout est dit.
Mais cela dit dans ce débat, je pense que deux perspectives manquent à l’appel:
Mettre fin au franc CFA -ECO : Un débat de “nous dans nous
La discussion avec les chefs d’Etat africains des ex colonies françaises ou avec les responsables de l’Etat français ne doit pas absorber toute notre énergie. Ils nous entendent mais ils n’écoutent pas.
Alors je le redis haut et fort :
Le fait qu’une monnaie française (2) continue de circuler dans l’ancien espace colonial africain, 65 ans après les indépendances est tout simplement une aberration politique sociale et économique.
Tout simplement ...et le débat devrait être clos.
Cela a assez duré, l’immobilisme (pardon la”stabilité !) n’est pas consistant avec les besoins du développement et de l’éradication de la pauvreté. Parité fixe alors que tout bouge autour de nous? Après 65 ans on devrait savoir. Non?
Les arguments d’un Ouattara portant sur la stabilité, la garantie et l’inflation maîtrisée n’invalident en aucune manière la mise en place d’une alternative qui intègre ces critères (si tel est notre choix) tout en nous permettant d’exercer pleinement les attributs de notre souveraineté économique et monétaire indispensables à toute entreprise sérieuse de développement. Que ce soit au niveau national ou régional.
Mr Ouattara, on connaît son parcours. Après avoir dirigé la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest et porté un titre ronflant au FMI, il a été littéralement porté au pouvoir par les chars de l’armée française diligentés par l’Etat français et alliés à des gangs de rebelles surgis du Burkina Faso. (Ce que Guillaume Soro a récemment confirmé). L’allégeance de Alassane Dramane Ouattara à la Françafrique est indiscutable. Il n’est donc pas crédible.
Qui d’ailleurs en Afrique l’écoute?
L’état français quant à lui n’a jamais été respectueux et encore moins généreux avec ses ex-colonies, nonobstant la soit disant aide au développement. L’Etat français n’a jamais été “l’ami”des peuples africains. Jamais. Il suffit de relire les ouvrages d’histoire: déportations massives de nos ancêtres pour ravitailler les marchés d’esclaves outre atlantique, conquêtes coloniales d’une violence inouïe, expropriations arbitraires, travail forcé, balkanisation, pacte colonial....(5). Ce n’est pas pour rien que le colonialisme a été qualifié de crime contre l’humanité par les Nations Unies.
Vous avez dit “amis”?
Quant au Cfa, l’Administration française a quand même réussi la prouesse de rendre la BCEAO indépendante des Etats africains tout en maintenant sa tutelle à travers différents mécanismes administratifs et bureaucratiques. Prouesse d’autant plus remarquable que cette tutelle s’exerce hors de tout contrôle parlementaire français efficace bien qu’il s’agisse d’une monnaie éminemment française. In fine, le CFA est sous la seule tutelle du Ministre français des finances libre par ailleurs de toute supervision démocratique et qui, à travers la zone franc, contrôle l‘économie de tout un groupe de pays.
Chapeau! La France! Et l’Eco n’y changera rien
Soyons clairs: Si l’Etat français continue d’imposer la circulation de sa monnaie dans son ancien espace colonial, c’est tout simplement parce qu’il y trouve son intérêt et ce à notre détriment, sinon il y a longtemps qu’il y aurait mis fin. Sans état d’âme. Comme lors de sa décision unilatérale de dévaluer le CFA en 1994. Sans compter celle qui pourrait advenir ....par surprise (?)
Amplifier la campagne contre le Cfa-Eco français
Donc le débat n’est pas avec eux. Ou du moins, ce n’est pas le plus important. Ce que nous devons établir maintenant, c’est un rapport de force en portant le débat au sein de l’opinion publique et des organisations populaires. La question est la suivante: En quoi et à quelles conditions le remplacement du CfaEco par une monnaie nationale puis régionale serat-il bénéfique aux pêcheurs, aux éleveurs, aux producteurs d’arachides, de cacao, ‘aux femmes associées dans des groupements de production, aux PMEs et aux acteurs du secteur dit informel ..?
Le problème est donc politique. Et il relève du Parlement et de la société.
Pour chaque secteur, il faudrait en fait entreprendre de sérieuses recherches d’impacts futurs, développer les argumentaires et donner des réponses objectives car il s’agit de la vie des gens et il faut cesser de prendre des décisions à leur place. C’est eux qu’il faut convaincre car c’est à eux qu’il appartiendra de mener le combat (s’ils sont convaincus qu’il y va de leur intérêt) et de déclencher un processus de ruptures véritables visant in fine à mettre fin au pacte colonial, décoloniser le pays, l’Etat et les mentalités. On entame la décolonisation par quelque bout que l’on peut saisir. L’effondrement du système s’accélérant au fur et à mesure de sa déconstruction.
Mais au-delà des abstractions et autres théories macroéconomiques, il faut travailler sur des scénarios et des études de cas concrets. C’est ce qui est attendu des économistes.
Qu’ils aillent parler aux commerçants de Sandaga, futurs industriels potentiels de notre pays, et plancher sur des alternatives crédibles. Tout en faisant émerger le 1er député déterminé à soumettre à ses collègues une proposition de loi annonçant la fin du Cfa. Faire bouger les lignes. Tout le temps
Quant aux Ongs et partis politiques progressistes, ils doivent impérativement articuler leur mobilisation avec leurs alter egos français et européens pour plus d’efficacité.
Je pense notamment aux organisations italiennes et allemandes qui ont une capacité d’influence auprès de leurs gouvernements respectifs, gouvernements qui sont déjà sensibilisés sur ce sujet. Si le Cfa/Eco est un piètre pendant tropicalisé de l’Euro, les Européens devraient avoir leur mot à dire et se solidariser avec les peuples africains pris en otage par une Françafrique prédatrice qui bafoue les valeurs européennes. Mais commençons par exclure l’Etat français de la conversation.
Par quoi on remplace le Cfa?
L’Eco français est une diversion. Notre futur partagé, c’est la monnaie CEDEAO en passant éventuellement par nos monnaies nationales respectives. Le Cfa ne peut pas être réformé, il doit disparaître et la tutelle française avec, et être remplacé par les diverses monnaies nationales indépendantes puis on s’attèlera sereinement à la mise en place de la monnaie régionale tout en demeurant vigilants face aux futures tentatives de sabotage.
La CEDEAO a, sur papier du moins, changé de paradigme et remplacé l’approche institutionnelle de l’intégration régionale par une nouvelle approche dite de “l’intégration des peuples par les peuples et pour les peuples”. Néanmoins, la diplomatie des sommets continue avec sommets des chefs d’Etats précédés par des Conseils de ministres qui examinent des propositions et recommandations venant d’experts de la région et de consultants de la Banque mondiale et de la Commission Européenne porteurs du néolibéralisme ambiant. D’où le mimétisme observé dans l’évolution de la CEDEAO. On copie l’Union Européenne et on continue à faire une intégration sans les peuples
Une approche de l’intégration parles peuples voudrait que l’on parte des populations plutôt que des Etats. D’où ma question. En 2018 sur les 350 millions d’habitants de la CEDEAO, 196 millions utilisent le naira (monnaie du Nigeria). Qu’est-ce qui empêche qu’on en étende l’utilisation au reste de la population de notre région? Le CFA -ECO en Afrique de l’Ouest est utilisé par 120 millions de ressortissants des 8 ex colonies françaises. Pourquoi une monnaie française, minoritaire de surcroît devrait-elle servir de référant même sous sa nouvelle appellation? Pourquoi le Nigeria ou le Ghana devraient-ils choisir de s’assujettir à cette “servitude volontaire “? Non. Qu’on aille autour de la table chacun avec son drapeau et avec sa propre monnaie pour bâtir ensemble quelque chose de nouveau. Ensemble et sans tutelle.
Maintenant, nous savons tous que la référence pour l’Euro lors de sa mise en œuvre était le Deutsche Mark adossé à l’économie la plus puissante d’Europe. Et que le dollar américain, monnaie de référence mondiale, est adossé à l’économe la plus puissante de la planète. Le Nigeria est la 1ere puissance économique africaine. Son PIB s’élevait en 2018 à 398 milliards de dollars américains sur 614 milliards pour l’ensemble de la CEDEAO (15 pays) et 291 milliards pour les 8 pays de l’Uemoa pris ensemble. Ne serait-il pas logique que le naira soit une option sur la table lors des discussions sur le remplacement du CFA ? Et nous savons aussi que le naira est indubitablement géré de manière souveraine par la Banque du Nigeria. Une nouvelle Banque Centrale de la CEDEAO pourra bénéficier du panafricanisme sourcilleux de nos compatriotes du Nigéria, Ghana, Gambie, Guinée, pour faire du naira nouveau un outil de développement dégagé de toute tutelle coloniale. Vous imaginez l’administration française décidant de dévaluer le naira? Et nous avons assez d’or dans cette région pour constituer des réserves majestueuses pour notre nouvelle monnaie, réserves qui pourraient être centralisées en attendant l’unité monétaire.
Qui a peur du Nigeria ?
Ceci étant, il est de notoriété publique que le Nigeria souffre d’une gouvernance que nul ne saurait qualifier de performante. Mais si la monnaie devient régionale par la volonté des Parlements nationaux et sans interférence extérieure, elle sera nécessairement gouvernée par un nouveau dispositif régional à mettre en place y compris par une nouvelle Banque Centrale qui relèvera de l’autorité des 15 Etats partenaires se fixant comme priorités, enfin, le développement et l’accélération de l’intégration politique éléments qui sont exclus des fameux critères de convergence autre vulgate du dogme néolibéral s’il en est.
N’ayons pas peur du Nigeria! Ce sont nos voisins et nos frères. Nous sommes dans le même camp. Nous partageons les mêmes ambitions et faisons face aux mêmes défis contrairement à l’ancienne puissance coloniale qui nous enserre dans une dépendance structurelle mortifère
Rappelons-nous que l’ambition de l’Etat français depuis les années 60 a toujours été de fragiliser et si possible démembrer le Nigeria qu’il considérait (et considère toujours) comme un rival en Afrique de l’Ouest. Il a fourni armes mercenaires et soutiens logistiques aux rebelles du Biafra tout en instrumentalisant le soutien politique de Houphouet Boigny et Omar Bongo. Une guerre (1967-1970) qui a causé plus de 2 millions de morts et 4.500.000 déplacés et qui a plombé les ambitions de développement du Nigeria pendant des décennies. Délibérément. Quel camp choisissons nous? L’UEMOA porte-voix de la France ou la CEDEAO avec le Nigeria et nos voisins?
Sortir du pré carré
Car la vraie question est de savoir si nous avons confiance en nous et entre nous et si nous sommes après 65 ans d’indépendance prêts à prendre en mains ensemble les leviers de notre destinée commune? Sans tuteur. Comme 40 autres pays africains ayant une monnaie indépendante dont certaines sont bien gérées et d’autres pas. Pourquoi une rupture de tutelle devrait-elle d’ailleurs plonger la BCEAO dans une mauvaise gestion de notre future monnaie? Au contraire, cela donnerait la latitude aux chefs d’Etats de déterminer la vision et les stratégies qui permettront à la Banque Centrale de jouer le rôle historique que les populations sont en droit d’attendre d’elles à savoir rendre possible le développement et l’intégration régionale. Les élites françaises informées vous confirmeront sans ambages que l’Afrique, c’est l’avenir de la France. Elles le répètent à l’envi. Il convient donc pour elles de maintenir les liens coloniaux, quitte à les “faire évoluer”(sic).
Les élites africaines conscientes vous diront spontanément que la France c’est le passé de l’Afrique et que le passé, ça suffit, le futur nous appartient. Décoloniser le futur passe par la récupération de notre autonomie intellectuelle et culturelle. Sans quoi nous ne serons jamais en mesure de nous défendre dans cette guerre économique mondiale qu’on appelle globalisation. Nous serons tout au plus des auxiliaires et tirailleurs d’un camp ou de l’autre.
Sounds familiar?
Il est donc impératif que tous les candidats à l’élection présidentielle du Sénégal nous disent catégoriquement et sans faux fuyants où ils se situent.
1-L’Article 67 de la Constitution sénégalaise stipule qu’il relève de la prérogative de l’Assemblée nationale de déterminer “ le régime d’émission de la monnaie “.
2. Le F Cfa a été créé par décret de l’Etat français le 26 décembre 1945, il est géré par une Banque Centrale établie par la France et dont le siège n’a déménagé de Paris qu’en 1979. Le taux de change de la monnaie est décidé par le Ministre français des Finances de même que le montant de la masse monétaire et donc du crédit disponible. Sans parler de sa fabrication. Le Cfa est une monnaie française utilisée par le pré carré. La France en demeure le propriétaire légal.
3. Pour mémoire, ce sont les chefs d’Etat africains qui ont décidé ! Un fusil sur la tempe ! Comme au bon vieux temps !
4. Il se dit que ce serait une exigence du FMI avant le passage à l’Eco.
MACKY SALL ASSUME SES CHOIX
Le président défend sa décision controversée de report. Malgré les tensions, le chef de l'Etat assure que la démocratie sénégalaise est intacte. Il exclut toute remise en cause du franc CFA et met en garde contre une renégociation des contrats pétroliers
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 20/03/2024
Le président Macky Sall s'est entretenu le mardi 19 mars 2024 avec l'agence de presse Bloomberg et a défendu sa décision de reporter les élections législatives prévues initialement le 25 février dernier. Bien que cette décision ait plongé le pays dans la tourmente, il a assuré que la démocratie et les institutions sénégalaises demeurent intactes.
"Il est vrai que nous avons connu un mauvais début d'un mois environ", a-t-il déclaré depuis la capitale Dakar. "C'était une expérience difficile, mais qui nous renforcera malgré les incertitudes". Jusqu'au report du scrutin, invoqué en raison de questions entourant la validation des candidatures par le Conseil constitutionnel, le Sénégal était largement considéré comme l'un des derniers bastions de la démocratie dans une région secouée par une série de coups d'État ces dernières années.
La décision a cependant été condamnée par les critiques du président, qui y ont vu une "coupure constitutionnelle". Macky Sall a expliqué que le report et l'amnistie ultérieure accordée aux leaders de l'opposition et à d'autres impliqués dans la violence politique étaient nécessaires pour réconcilier une nation divisée, et que la normalité reviendrait après le vote du 24 mars prochain. "Je voulais vraiment léguer un pays réconcilié, un pays en paix, qui poursuit sa trajectoire de stabilité", a-t-il ajouté.
Lors de ce scrutin, les millions d'électeurs devront choisir entre l'ex-Premier ministre Amadou Ba, soutenu par le président sortant, et le candidat de l'opposition Bassirou Diomaye Faye, emprisonné avec d'autres détracteurs du gouvernement avant l'élection. Faye a depuis bénéficié de l'amnistie accordée début mars dans le but d'apaiser les tensions, tout comme le chef de file de l'opposition Ousmane Sonko. Aucun candidat ne devrait l'emporter dès le premier tour, selon les analystes, qui anticipent un second tour après la fin officielle du mandat de Macky Sall le 2 avril.
Emmanuel Kwapong, économiste à Standard Chartered Bank, a indiqué à Bloomberg qu'une victoire d'Amadou Ba assurerait une continuité des politiques et rassurerait les investisseurs, tandis qu'un succès de Bassirou Diomaye Faye pourrait avoir des implications significatives pour l'économie régionale et les plans du Sénégal de commencer à produire du gaz et du pétrole d'ici le troisième trimestre de cette année.
Macky Sall a par ailleurs assuré à l'agence de presse que "je ne pense pas qu'il soit vraiment approprié de parler de quitter le CFA. Les contrats pétroliers et gaziers peuvent toujours être améliorés, mais franchement, penser que nous pouvons changer les contrats déjà signés avec les compagnies serait impossible. Ce serait un tournant désastreux pour le Sénégal."
Par Alioune TINE
VOIR LOIN, VOIR LARGE
On ne peut envisager la gouvernabilité de ce pays dans le long terme sans étudier les dysfonctionnements du présidentialisme exacerbé, (de droit divin) mais aussi le cumul entre la fonction de président de la République et celle de chef de parti
La période 2021-2024 est une séquence historique, politique et démocratique inédite dans l’histoire politique du Sénégal : pour la première fois un président de la République y organise une élection à laquelle il n’est pas candidat et le leader le plus populaire de l’opposition ne pourra pas y participer comme candidat parce qu’exclu par une condamnation de la justice pénale.
Au cours de cette séquence historique, la majorité et l’opposition ont essayé de conserver le pouvoir ou de le conquérir par tous les moyens, y compris par des moyens politiques non conventionnels.
C’est la raison pour laquelle on a failli tous frôlé la catastrophe, et il nous semble nécessaire d’en tirer les meilleures leçons.
Cette situation politique a créé une forte polarisation de la société sénégalaise. Toutes les normes de la démocratie, de l’État de droit et des droits humains ont été transgressées, créant un lourd passif humanitaire. On a vécu une situation politique et sociale hors norme, une forme d’anomie et de perte de sens face auxquelles, par moment, on s’est senti tous impuissants.
Gaz et pétrole
Au cœur de cette problématique se trouve certes, la question récurrente de l’éligibilité et de la limitation des mandats présidentiels à deux, mais aussi l’aggravation des enjeux de pouvoirs au Sénégal avec la découverte du gaz et du pétrole qui aiguise de façon exacerbée tous les appétits. La lancinante question du retour comme par effet de boomerang du troisième mandat depuis 2012, semble être la conséquence de la découverte du pétrole et du gaz (rarement soulevée de façon explicite dans les débats publics).
Les raisons de ce recul sont étroitement liées à la crise structurelle du système démocratique sénégalais, de l’État de droit, de la gouvernance, des droits humains et la compétition sans merci exacerbée depuis 2011-2012 par les enjeux de pouvoir et les nouveaux enjeux géopolitiques liés à la découverte d’immenses ressources gazières et pétrolières.
Les crises et les violences politiques lors d’élections présidentielles ou d’enjeux de pouvoir élevés ont souvent donné lieu à des violences suivies de morts d’hommes, des détentions arbitraires, des cas de tortures, de destructions massives de biens publics et privés et donné lieu à des négociations pour trouver un consensus (1963, 1968, 1988, 1993, 2011).
Institutions
En réalité, le report du scrutin présidentiel initialement prévu le 25 février 2024 a provoqué un séisme politique sans précédent dans l’histoire politique du Sénégal, considéré par l’écrasante majorité du peuple sénégalais comme un « coup d’État constitutionnel » qui a contribué à l’aggravation de la crise. Pour comprendre comment on en est arrivé là, il importe de porter un regard rétrospectif dans la durée sur les crises cycliques et structurelles qui ont scandé l’histoire du système politique et social du Sénégal.
Le report brutal et inconstitutionnel de l’élection présidentielle a ouvert la voie à diverses manœuvres politiques avec le « dialogue politique » et la loi d’amnistie très contestée par l’opinion sénégalaise, créant incompréhensions, cacophonies, prévisibles du reste chaque fois qu’une société est confrontée à de grands dilemmes et à des choix difficiles comme celui de la justice et de la paix. Si bien que toute médiation pour le dialogue politique, nécessaire pour une sortie de crise, était considérée comme suspecte pour la majorité de l’opinion. Quand on arrive à ce degré d’influence radicale, où personne ne croit plus à personne, on doit s’arrêter pour nous interroger sur notre société.
Ce que les prochaines autorités publiques doivent éviter à tout prix c’est le discrédit de la parole donnée.
Il faut préciser qu’au regard du droit international pénal, la loi d’amnistie ne permet jamais d’exonérer les crimes internationaux imprescriptibles et les crimes de sang (tortures, crimes contre l’humanité, génocides, crimes de guerre).
Les questions graves et sérieuses de l’impunité pourraient trouver une solution dans un mécanisme qui accompagnent la loi d’amnistie, notamment une Commission Paix, Vérité, Justice, Réconciliation, Pardon, Réparation des Victimes pour purger les cœurs et les esprits et les laver de tous les ressentiments, de toutes les haines et de toutes les revanches.
On ne peut envisager la gouvernabilité de ce pays dans le long terme sans étudier les dysfonctionnements du présidentialisme exacerbé, (de droit divin) mais aussi le cumul entre la fonction de président de la République et celle de chef de parti, car la responsabilité massive de tout ce qui s’est passé incombe d’abord aux décisions souvent hors-la loi et impunies du Président de la République.
Redistribution
La prise en charge des préoccupations essentielles des populations les plus marginalisées notamment les jeunes et les femmes qui représentent l’écrasante majorité de la population du Sénégal, notamment les préoccupations liées à l’éducation, à la formation et à l’emploi sont pour le Sénégal et la plupart des pays de l’Afrique de l’ouest le défi à relever pour les années qui viennent.
Il est inadmissible et dangereux que les jeunes et les femmes continuent à être marginalisés, continuent à ne voir aucun horizon, aucun futur pour leur épanouissement et leur bien-être et qui se sentent si mal et sans espoir aucun sur le continent au point de risquer leur vie pour un ailleurs où ils ne sont d’ailleurs pas désirés.
Se pose ici la question de la redistribution des ressources naturelles aux citoyens sur toute l’étendue du territoire national, comment mettre en œuvre de façon concrète la disposition de la Constitution disant que « les ressources appartiennent au peuple ».
Concernant les fractures territoriales, elles sont abyssales quand on compare Dakar au reste du pays. Dakar une capitale saturée, polluée, défigurée et de moins en moins vivable, réceptacle de toutes les vieilles voitures d’Europe, n’a pratiquement plus d’espace pour que les humains eux-mêmes puissent se promener en paix et en toute tranquillité, en dehors de quelques rares espaces aménagés de la Corniche.
Le débat sur le changement de la capitale est un grand débat qu’il faut mener aujourd’hui, parce que posé avec juste raison parle président Abdoulaye Wade en 2000, il a été escamoté et oublié. Il faut reprendre ce débat et créer une capitale au centre du pays et tisser une toile d’araignée avec les chemins de fer et toutes les formes d’infrastructures sur l’ensemble du territoire national, envisager de grands travaux qui permettent de trouver de l’emploi pour les jeunes. Transformer le pays dans la durée, relier le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, corriger dans la durée les fractures territoriales et les fractures ethniques émergentes, qui il faut bien le reconnaître sont connectées.
État et confréries religieuses
La question de l’État du Sénégal et de ses rapports avec les confréries religieuses est un des legs de l’État colonial. Car les confréries religieuses, de sensibilité soufie par leur influence sur les populations sénégalaises fonctionnent d’une certaine manière comme les références idéologiques, axiologiques et spirituelles pour la plupart des populations sénégalaises.
Mais avec l’influence grandissante d’une nouvelle sensibilité religieuse de nature wahabite ou salafiste promue par des puissances arabes émergentes du Golfe et du Moyen-Orient, qui considère d’ailleurs les confréries religieuses soufies comme des déviances constituent de nouveaux défis pour toute la sous-région qui méritent réflexion. D’où l’intérêt aujourd’hui de repenser la question de la laïcité au Sénégal et de lui trouver un contenu consensuel qui permette à chaque citoyen d’exercer librement et en toute sécurité sa croyance.
État impartial
Cette crise a également créé des tensions entre les différentes institutions, notamment entre le pouvoir judiciaire, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Avec la crise que nous avons traversée, tous les seuils critiques en matière de démocratie, d’État de droit et de droits humains ont été franchis.
Le paradoxe de cette séquence politique, c’est que la justice qui est au centre des polémiques, et des débats a été à la fois un remède parce qu’après tout, c’est le Conseil constitutionnel et la Cour suprême qui ont sauvé le processus électoral. La justice a été aussi une espèce de poison car tout au long de la crise on a dénoncé avec juste raison une justice partisane, genre « Coumba am ndeye Coumba amoul ndeye ». Repenser la justice au Sénégal doit être une nécessité absolue.
D’où l’intérêt de revenir sur toutes les pathologies démocratiques et institutionnelles et les crises que ce pays a traversées et qui lui ont permis tout au long de sa trajectoire et dans le passé de trouver des anticorps qui lui ont permis d’avancer et d’avoir sa propre immunité démocratique, comme toutes formes de sociétés démocratiques dans le monde.
Mais la spécificité de la crise que le Sénégal traverse depuis 2021 est révélatrice d’une vulnérabilité toute particulière, et des menaces sur l’État, la Nation, le Vivre ensemble et le Contrat social. Cette vulnérabilité est perceptible avec l’émergence de la haine, des ressentiments et d’une défiance radicale vis-à-vis des institutions et qui constituent de véritables poisons qui gangrènent le champ politique et le champ social sénégalais. Si on y prend garde, le Sénégal pourrait connaître dans le futur un sérieux problème de gouvernabilité ou pire le sort de certaines démocraties de la sous-région qui se sont effondrées.
La grande question aujourd’hui c’est la gouvernabilité, les formes de gouvernement et la question centrale d’un gouvernement démocratique, républicain et impartial dans les années qui viennent dans le contexte où le pays change de statut avec l’exploitation du gaz et du pétrole, dans un contexte où les relations internationales changent à une grande vitesse avec une compétition de plus en plus accrue des grandes, des moyennes et des puissances émergentes qui cherchent à exercer leur influence dans les pays de la sous-région.
Mais aussi de la disruption sur l’ensemble des aspects de la vie politique, économique et sociale et même familiale ou individuelle que va inéluctablement entrainer l’Intelligence Artificielle dans les années qui viennent, si l’on n’anticipe pas ces risques et ces menaces dès maintenant.
Comment faire des pays africains non pas seulement de simples objets de géopolitique mais des sujets et des acteurs à part entière capables de défendre leurs intérêts stratégiques dans le cadre d’union régionale comme la CEDEAO ?
Comment faire face aujourd’hui aux risques de désintégration de la CEDEAO face à la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) ? En dépit de tout ce qu’on peut penser, cela pose des questions et des défis sur lesquels il serait mal venu de rester indifférent, notamment la question majeure de la souveraineté sécuritaire qui se pose pour tous les pays africains et pour la région