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24 avril 2025
Développement
par Jean-Pierre Corréa
VOTRE ALTESSE, UN PEU DE HAUTEUR…
Le problème n’est pas de savoir « qui c’est », l’important est l’attitude de celui à qui est destinée cette révérence obséquieuse - Révérence dans une République, quelle indignité !
« La Loyauté ne peut jamais s’imposer par la force, par la peur, par l’insécurité, par la déférence, ou par l’intimidation. Elle est un choix que seuls les esprits forts ont le courage de faire ». Paolo Coelho.
Le président Macky Sall est mal barré. Et nous avec. De nombreux sénégalais ont été troublés par les propos du chef de l’Etat au soir du 31 décembre lors de la causerie publi-reportage déroulée avec des médias payés pour la circonstance. Mais là n’est pas le propos. Répondant sans la distance que ne permet pas le tutoiement inhérent au wolof, à une énième question sur l’éventualité d’un troisième mandat, le président Macky Sall demanda un joker et pour nous expliquer son « ni oui-ni non », il nous confia sa crainte, une fois sa décision prise d’éventuellement de ne pas y aller, de voir les membres de son gouvernement et autres directeurs généraux de sociétés nationales, délaisser leurs missions, oublier leurs objectifs, pour, en gros, courir les éventuels dauphins, et plus grave pour lui, ouvrir des guerres de tranchées entre ceux qui nourriraient des ambitions à lui succéder.
On traduit. Le président de la République avoue à un peuple médusé, que ces hommes et ces femmes qu’il a pourtant lui-même nommés pour nous mettre sur la voie du Yonu Yokkute et de l’émergence réunis, ne seraient en fait que de vils opportunistes, juste préoccupés par leurs carrières personnelles à devoir préserver. Son dilemme est compréhensible. Le président Macky Sall est vraiment mal barré. Et nous avec.
On imagine déjà les petits meurtres entre amis, alors que le pays est enseveli sous les urgences comme sous les immondices, on pense aux manœuvres assassines, aux manigances et coups tordus destinés aux adversaires, et les stratégies déroulées pour s’adjoindre tous les circuits de dévotion nécessaires à la création du meilleur réseau d’influences, et tout cela pendant que le roi serait nu et qu’il n’y aurait personne à la barre de notre Sunugal.
Et voilà que pendant qu’on tente de réfléchir aux solutions qui feraient reprendre un peu de hauteur républicaine à notre président, paraît cette ahurissante image d’un homme du sérail en dévotion devant lui, en attitude de révérence mystique, qui laisse penser que c’est un « jebelou républicain » qui fait peine à voir.
Même le Roi du Maroc refuse ces attitudes de paltoquets, même le Pape les éloigne d'une main délicate, mais ces hommes c'est vrai, lui témoignent ainsi leur gratitude de simplement exister, leur premier costard, leur premier flirt avec une fille qu'ils ont osé approcher, forts d'une petite liasse à leur glisser avec arrogance, leur premier voyage en avion...Ils lui doivent tout ... Révérence dans une République... Quelle indignité...
Le problème n’est pas de savoir « qui c’est », l’important est l’attitude de celui à qui est destinée cette révérence obséquieuse.
Il est urgent que le chef de l’État prenne de la hauteur, et édicte un code de conduite à son égard qui nous éloigne de ces tartufferies. Qu’il se mette en situation d’éprouver le plaisir d’être entouré de gens loyaux, et qui ne commencent pas à aller proposer leurs indécentes danses du ventre à d’improbables présidentiables qui vont surgir du Macky. Prendre de la hauteur pour ressentir ce qu’est de gouverner un pays et le mener vers l’émergence, avec des gens intellectuellement outillés pour le faire et qui ont le patriotisme et l’engagement citoyen chevillé au cœur. On peut toujours rêver… Et lui proposer de déposer cette phrase sur sa table de chevet, et qui lui dirait que : « La Loyauté ne peut jamais s’imposer par la force, par la peur, par l’insécurité, par la déférence, ou par l’intimidation. Elle est un choix que seuls les esprits forts ont le courage de faire ».
Ainsi soit-il.
"AFRICA2020, C'EST L'AFRIQUE QUI PARLE D'ELLE-MÊME"
Commissaire général de la Saison Africa2020, N'Goné Fall : C'est dans la jeunesse qu'il y a les leaders de demain. À travers leurs innovations, réfléchies, pensées, produites, ils peuvent être la force qui nous embarque dans ce XXIe siècle
Le Point Afrique |
Malick Diawara |
Publication 15/01/2020
Quelle perception aura-t-on de l'Afrique à l'issue de la Saison Africa2020 qui va se dérouler du 1er juin à la mi-décembre de cette année ? La question est posée. En attendant, il y a lieu de retenir que ce projet lancé à l'initiative du président Emmanuel Macron est d'ores et déjà inédit et hors normes. Hébergée à l'Institut français qui se promet de « faire vivre les cultures », la Saison Africa2020, dédiée aux 54 pays d'Afrique, est annoncée comme « conçue autour des grands défis du XXIe siècle » et se propose de « présenter les points de vue de la société civile africaine du continent et de sa diaspora récente ». Pour orchestrer tout ça, c'est une commissaire d'exposition sénégalaise qui a été choisie. Son nom : N'Goné Fall. Diplômée de l'École spéciale d'architecture à Paris, cette ingénieure culturelle a fait ses preuves dans un parcours qui parle de lui-même. Professeure associée au département master en industries culturelles de l'université́ Senghor d'Alexandrie en Égypte (2007-2011), N'Goné Fall a également enseigné au département Curating the Archives à la Michaelis School of Fine Arts de Capetown en Afrique du Sud (2017) et à la filière arts et culture de l'université́ Abdou-Moumouni de Niamey au Niger (2018). Auparavant, elle a été directrice de la rédaction de l'emblématique magazine d'art contemporain africainRevue noire de 1994 à 2001, puis dirigé des ouvrages sur les arts visuels en Afrique, dont Anthologie de l'art africain du XXe siècle (Revue noire 2001), Photographes de Kinshasa (Revue noire 2001), Anthologie de la photographie africaine et de l'océan Indien : un siècle de photographes africains (Revue noire 1998), sans compter les nombreux plans d'orientation stratégique, d'études de programmation et de rapports d'évaluation pour des gouvernements et institutions culturelles nationales et internationales qu'elle a mis en place en Afrique, en Europe, aux USA et dans les Caraïbes. Cet entretien avec elle permet de mettre le doigt sur tous les challenges qu'elle a identifiés pour faire d'Africa2020 une réussite.
Le Point Afrique : En quoi est-il pertinent d'organiser Africa2020 maintenant ?
N'Goné Fall : L'Afrique est le continent qui a la population la plus jeune. À mes yeux, c'est dans cette jeunesse qu'il y a les leaders de demain. À travers leurs innovations, réfléchies, pensées, produites, ils peuvent être force de proposition et nous embarquer dans un XXIesiècle très différent du XXe siècle que nous avons connu.
Qu'est-ce que cela peut changer pour l'Afrique ?
D'abord, la façon dont cette jeunesse voit le continent et ses propres sociétés. Ensuite, le regard porté sur le passé et les générations qui l'ont précédée, sur le présent et sur l'avenir. Enfin, la confiance qui lui est donnée par l'écoute de ce qu'elle a à dire, ses propositions, ses rêves et ses défis. Pour moi, ce qui fait sens dans cette saison, c'est d'être une opportunité de donner la parole aux jeunes.
Quelle démarche comptez-vous adopter pour permettre une meilleure compréhension des univers africains et par les Africains et par les acteurs extérieurs ?
Cela est résumé dans le sous-titre : « Une invitation à comprendre et à regarder le monde d'un point de vue africain ». Il s'agit donc de donner la parole aux Africains. Cela signifie que la programmation est co-construite avec des professionnels du continent, soit des commissaires d'exposition, des responsables de centres d'art, de festivals, des professionnels de centres de recherches, dans tous les domaines et dans tous les secteurs professionnels. Ce dont il s'agit, c'est le regard de l'Afrique d'abord sur elle-même et comment ce regard est en résonance avec le reste du monde.
Il y a un domaine qui est extrêmement important qui est celui de la fiction. À travers lequel il y a aussi celui de l'audiovisuel et de l'éducation. Comment comptez-vous donner un impact fort à ces secteurs-là dans Africa2020 ?
Par les films d'animation et les bandes dessinées, qui sont deux secteurs où se fabriquent les nouveaux imaginaires africains. On assiste à une explosion de studios d'animation sur tout le continent. Par exemple en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Ghana, au Kenya, en Tunisie ou encore en Afrique du Sud. Ce qui se passe, c'est que les jeunes sont en train de se réapproprier leur histoire et de transcender leur futur en créant l'Afro-futurisme et cela a commencé bien avant le film Black Panther. Les jeunes sont tout simplement en train de nous raconter des histoires d'un point de vue africain.
Pour ce qui est de l'éducation, c'est vraiment très important pour moi. J'en ai une vision transversale. Une réflexion est engagée autour d'un partenariat stratégique en France avec le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse. Il y en a un premier avec le département de l'Histoire générale de l'Afrique de l'Unesco pour justement mettre à disposition de ce ministère français les mêmes outils pédagogiques que ceux mis en place par l'Union africaine pour enseigner l'histoire de l'Afrique sur des contenus validés des experts africains. Parallèlement, sur le plan artistique, des contenus pédagogiques sont mis en œuvre en partenariat avec des experts africains pour que les jeunes Français aient une vision plus réaliste de l'Afrique, plus proche de celle des Africains sur le continent.
Au-delà de la co-construction avec la France et les pays africains, il y a celle entre pays africains. Comment opérez-vous votre approche par aires culturelles ?
Tout projet doit être panafricain, pluridisciplinaire et axé sur la création contemporaine. Pour chaque projet, nous envisageons qu'il y ait aussi un professionnel africain qui développe ses propositions en collaboration avec un homologue français. Ensemble, ils vont réfléchir à un projet et les artistes africains sélectionnés le seront par le professionnel venu du continent.
Comment comptez-vous vous y prendre pour organiser une meilleure inclusivité, pour qu'il y ait à la fois des acteurs officiels, mais aussi des acteurs de terrain issus tout simplement des quartiers ?
Cette saison se fait avec la société civile. Moi-même, je viens de la société civile. Je ne représente pas l'État du Sénégal dans ce projet. Pour ce qui est des thèmes de cette saison, nous les avons élaborés avec des collègues venus des quatre coins du continent. À la sortie du premier atelier de réflexions, on a construit cinq thèmes. J'ai ensuite déroulé la feuille de route de la saison et chacun d'entre nous a alerté ses réseaux. Lors de grands événements culturels ou de festivals, sur le continent ou en France, j'ai aussi organisé des points d'information afin que l'information arrive dans tous les milieux de la société civile.
Actuellement, on parle beaucoup en économie de création de valeurs. Comment va-t-on pouvoir, de manière concrète, créer de la valeur sur le plan culturel en Afrique avec cette manifestation ?
Il y a déjà tout le volet de la création culturelle, dont font partie le cinéma ou les films d'animation. Il y a la mode également. On est en train de réfléchir non pas à faire des défilés de mode sympathiques où les gens applaudissent à la fin, mais justement montrer en quoi c'est une industrie. On est également en train de voir du côté des arts appliqués, de l'artisanat, bref de tous les domaines qui sont porteurs de transformations économiques. C'est pour ça que dans les axes proposés, il y a celui consacré à l'économie et à la création. Les thèmes tournent autour de la redistribution des ressources et de l'émancipation économique qui sont de grandes questions qui nous taraudent sur le continent. Il y a énormément d'économistes, d'intellectuel et d'artistes qui réfléchissent à l'état des économies dans les différents pays. Donc, pour Africa 2020, cela va se traduire dans la mise en place de résidences de réflexions, de conférences et d'expositions qui vont regrouper des artistes, des économistes, des politologues et des sociologues.
Donc, au-delà de la dimension que certains pourraient appeler poétique de l'approche culturelle, il y a une vraie vision de marché, d'économie, puisque l'Afrique en a besoin aussi…
Ce n'est pas tellement que l'Afrique en a besoin. Le monde entier en a besoin. Alors que certains pays africains ont des taux de croissance bien supérieurs à ceux de plusieurs pays occidentaux, je pense au Ghana, à l'Ouganda, au Sénégal, la question est de savoir ce qui va rester de cette saison à partir de 2021. L'idée est justement de planter dès à présent des graines. Tous ces projets vont avoir un impact. D'ailleurs, les professionnels africains impliqués sont déjà en train d'impacter les écosystèmes de leur pays sur le plan social, économique ou politique. Ce sont vraiment eux qui sont en train de faire bouger les lignes sur le continent.
Il y a la diaspora africaine qui joue un rôle important autant sur le continent que dans les pays où elle est installée, en l'occurrence la France. Quelle place va-t-elle pouvoir occuper ?
Cette saison sera portée par des professionnels de France et d'Afrique. Je souhaite que les diasporas soient partie prenante de l'organisation de la saison Africa2020. Nous nous employons d'ailleurs à les intéresser à proposer des projets dans le cadre de cette saison.
Il y a deux thématiques de la saison qui me frappent particulièrement par leur intitulé : fictions et mouvements non autorisés et systèmes de désobéissance. C'est un appel à une insurrection culturelle ?
Non, pas du tout. Quand nous avons fait cet exercice de réflexion à Saint-Louis du Sénégal, nous étions cinq de cinq pays différents, de quatre régions différentes et de générations différentes. C'était important pour moi d'avoir cette diversité parce qu'il n'était pas question que l'on soit dans la pensée unique. On s'est vraiment penché à l'échelle d'un continent à mieux cerner ce à quoi les gens pensent, à quoi les gens réfléchissent et à quoi ils aspirent. Et pour ces thèmes, nous avons donné des thèmes poétiques exprès pour voir comment les gens les transcenderaient. Et par fictions et mouvement non autorisés, on parle vraiment de la manière dont les populations circulent sur ce continent. Qui a le droit de circuler ? Comment se sont organisés ces déplacements depuis les millénaires depuis l'époque des caravanes ? Nous voulions également savoir ce que cela signifie aujourd'hui de circuler aujourd'hui dans des frontières héritées de l'époque coloniale. Nous souhaitions par exemple savoir d'où est-ce que vous veniez au regard de votre patronyme. En fait, tout l'enjeu de cette saison est de savoir comment ces barrières sont cassées, comment est transcendée la notion de territoire. Il faut savoir que beaucoup d'artistes travaillent sur les réalités virtuelles, il est alors intéressant de s'interroger sur comment ils réunissent les différents imaginaires ?
Le programme sur la désobéissance est assez incontournable. On ne va pas se voiler la face. Il y a beaucoup de citoyens qui militent et qui prennent position. À travers cette thématique, l'idée est d'aborder les questions de consciences et de mouvements politiques. On peut ainsi remonter très loin dans le temps et évoquer des moments de conquêtes, de révoltes, des grands personnages aussi comme Samory Touré. On va aussi aborder les périodes plus contemporaines avec la fin de l'apartheid ou bien les différents mouvements comme Y en a marre au Sénégal, ou Le Balai citoyen au Burkina Faso, voire les mouvements populaires au Maghreb comme le hirak. C'est d'autant plus important que la question de la citoyenneté est fondamentale non seulement pour les jeunes, mais pour leurs aînés aussi dont je fais partie.
S'agit-il de citoyenneté culturelle ?
De citoyenneté tout court, dans tous les domaines. Tout est lié. Il n'y a pas que le culturel. Je ne suis pas que culturelle. Il y a l'être social, le politique, l'économique, etc. C'est un tout.
Quid de l'impact de la langue dans votre organisation ?
Le défi est le même pour tous : transcender les frontières, les barrières qu'elles soient physiques, mentales ou linguistiques. Les jeunes d'aujourd'hui ont complètement transcendé ces histoires. C'est d'ailleurs très rare de trouver un Africain qui ne parle qu'une langue. En fait, l'idée avant tout est de réunir tous les professionnels, qu'ils soient anglophones, francophones ou autre. Nous sommes dans une dynamique panafricaniste.
Puisque vous parlez de panafricanisme, Africa2020 n'est-elle pas aussi une manifestation de réveil ou de manifestation de la mémoire... ?
Non ! Parce que cela voudrait dire que la mémoire est morte. Ce qui n'est pas le cas. Moi, j'ai grandi au Sénégal au temps du président Senghor et je me souviens qu'à l'école on apprenait l'histoire de toute l'Afrique. Ce qui fait qu'on se sentait véritablement africain. Pour nous, c'était une réalité. Donc, il s'agit juste de rappeler qu'il y avait un rêve d'unité, de panafricanisme, un destin collectif.
Sur un autre plan, cette manifestation arrive un ou deux ans après la démarche de restitution des biens culturels, quel est le lien que vous faites entre ces deux événements ?
Il n'y a pas de lien entre les deux annonces. Pour la restitution des biens culturels, il s'agit d'une commande du président de la République Emmanuel Macron à deux experts qui sont Bénédicte Savoy et Felwine Sarr. La Saison Africa2020 s'intéresse à la création contemporaine. Là où il y a aussi une différence, c'est que les restitutions ne concernent que les pays francophones dans lesquels la France a agi.
Quel est le regard que vous posez sur la création contemporaine plurielle africaine ?
Je vois une continuité, mais aussi une explosion de propositions, de l'énergie et surtout de la pertinence, qu'elle soit artistique ou conceptuelle de la part des créateurs dans tous les domaines. C'est un domaine que je connais bien puisque je travaille dans ce secteur depuis 1993. Il y a de nouveaux acteurs, il y a des scènes émergentes, que ce soit l'Ouganda qui est une grande surprise en ce moment, le Malawi, le Kenya, la Tanzanie, je peux citer l'Éthiopie. L'Égypte, quant à elle, a toujours été un pôle formidable, l'Afrique du Sud également, le Nigeria, etc.
C'est parce que dans tous les pays que vous avez cités il y a une prise de conscience beaucoup plus forte qui s'exprime ? À quoi est-ce dû ?
J'essaie de comprendre parce qu'effectivement ce sont des pays, surtout ceux de l'Afrique de l'Est, où je n'allais pas spécialement jusqu'en 1992. Je me disais qu'il ne s'y passait pas grand-chose. Et quand j'ai commencé à m'intéresser à eux vers les années 2010, j'ai reçu une claque. Et je me suis alors dit que c'était justement le moment.
À quoi est-ce dû ? Je me dis que c'est justement grâce aux jeunes. Les jeunes d'Afrique de l'Est voyagent beaucoup plus que ce soit physiquement ou aussi virtuellement. Cela crée une sorte d'émulation dans la sous-région. Ils circulent plus sur le continent justement avec cette volonté de savoir ce qu'il se passe dans le pays voisin, ce qui n'était pas forcément le cas dans les années 1980-1990 où c'était plus instable. Aujourd'hui, ce qui impressionne avec ces jeunes, c'est leur capacité à se mettre en réseaux. L'étendue de la toile qu'il tisse à travers le continent est vraiment impressionnante.
Avez-vous été frappée par cette différence en Afrique entre les francophones, les anglophones et les Sud-Africains par exemple ?
En effet. Je vais sur le continent depuis les années 1992. À l'époque, il n'y avait pas de réseaux sociaux, de mobile, d'Internet ni même d'e-mails. Il fallait y aller pour savoir. C'est vrai que les pays anglophones sont beaucoup plus dynamiques sur le plan économique et culturel. Les lusophones étaient un peu à la marge parce que beaucoup pris dans des guerres civiles et dans une certaine instabilité politique. Aujourd'hui, dans les pays comme l'Angola et le Mozambique, je suis ravie de découvrir toujours plus d'artistes, d'entrepreneurs, de sociologues, de philosophes. L'Afrique du Sud, différente à cause de son histoire, était repliée sur elle-même. Maintenant, des jeunes Sud-Africains bougent. Ils vont découvrir les autres pays du continent y compris les pays francophones en Afrique centrale ou Afrique de l'Ouest. Et ils s'intéressent de plus en plus à l'histoire de l'Afrique qu'ils ne connaissent pas parce qu'ils ne l'apprennent toujours pas à l'école.
On ne peut pas parler d'Africa2020 sans penser aux DOM-TOM, c'est-à-dire à ce qui relie de manière particulière le continent africain, les Africains et ceux qui vivent dans les départements d'outre-mer. Est-ce qu'il y a quelque chose de prévu de particulier avec ces territoires ?
La saison se déroule partout en France métropolitaine, mais aussi dans les DOM-TOM, avec des propositions de projets, de La Réunion, de la Guyane, de la Martinique, de la Guadeloupe... Donc, il y aura des projets construits de la même manière qu'en métropole, co-construits avec des professionnels africains.
Qu'est-ce qu'Africa2020 va apporter de plus aux politiques culturelles dans les pays africains et dans le rapport de la France à l'Afrique ?
Africa 2020 va permettre de dire qu'on a des professionnels en Afrique et que, dans certains pays, il y a des politiques culturelles pertinentes même si dans d'autres, elles le sont moins, et pour certains, inexistantes. En fait, quel que soit le contexte, la société civile s'est prise en main et c'est justement grâce à ces catégories socio-professionnelles que les écosystèmes sont en train de bouger. L'objectif est aussi de démontrer à nos dirigeants africains et aussi à la France que, quel que soient le discours du politique ou son immobilisme, son décalage par rapport à la réalité, les populations avancent.
Ne vit-on pas en Afrique dans une certaine schizophrénie culturelle qui consiste à dire que « le culturel est super important » et en même temps à ne rien faire pour le développer ?
Si, je suis d'accord avec vous, et je ne parle plus de culture avec les politiques africains.
Africa2020 est une manifestation organisée par la France avec les pays africains. Qu'est-ce qui, à l'arrivée, fera le succès de la manifestation dans la découverte que les Français vont avoir de l'Afrique à travers l'art de vivre ?
Si on a une chose en partage sur ce continent de plus de 30 millions de km2, c'est le sens de l'hospitalité. C'est ce qu'on appelle la « Téranga » en wolof, langue parlée au Sénégal. Je l'ai retrouvée partout où je suis allée. Nous allons donc la mettre en avant.
Il y a une importance de plus en plus forte du numérique. Comment la France et l'Afrique peuvent-elles rattraper les années perdues de connaissances l'une de l'autre, de plongée dans la mémoire et de création de marchés ?
Cela va prendre du temps et il faudra plus qu'une saison. Il faudra d'abord accepter qu'on ne sait pas tout ou qu'on a mal appris. Il faudra ensuite accepter réapprendre à travers Africa2020. Il faut en effet savoir que quand on invite un professionnel à réfléchir avec nous sur des projets, on est dans l'idée d'impacter les gens et de sortir de tous les clichés de part et d'autre. On verra à partir de 2021 et plus tard si on peut faire un bilan pour savoir à quoi a servi cette saison.
Une manifestation comme celle-ci est suffisamment importante pour courir des risques, c'est-à-dire qu'il y a des pièges. Quels sont les pièges qu'Africa2020 doit éviter pour atteindre tous ses objectifs ?
Il faut éviter le piège de la complaisance et s'assurer que tous les projets qui sont proposés respectent la feuille de route : panafricain, pluridisciplinaire, de création contemporaine co-construit avec un professionnel africain. C'est l'Afrique qui parle d'elle-même. Nous avons été invités en France pour parler de nous. Et cela, personne ne doit le faire à notre place. Quel que soit le public et quel que soit l'opérateur. Avant toute chose, je garde en tête de bien toucher les jeunes.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
LAURENT-BARTHÉLÉMY ANI GUIBAHI, MARTYR SANS CAUSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Pourquoi l’adolescent ivoirien ne suscite-t-il pas un grand élan mondial ? Nous n’aimons pas assez nos morts. Nos victimes sont des tas uniformes, sans identités, dont on ne retrace pas les histoires - INVENTAIRE DES IDOLES
Plus ou moins 48 heures, c’est ce qu’il a fallu pour découvrir l’identité de l’adolescent ivoirien mort dans un train d’atterrissage et découvert à son arrivée à l’aéroport de Roissy. 14 ans, au seuil de sa 15eme année, élève sans histoires, père prof, mère vigile ; enfant peu fuyard, équilibré, pensionnaire du lycée Simone Ehivet Gbagbo de Youpougon, découvre-t-on dans les portraits qui rares émergent progressivement pour donner un corps, un visage et une psychologie à la victime. Le garçon coche toutes les cases de la famille moyenne traditionnelle. Le profil a priori très éloigné, se dit-on, de celui d’un fugueur aussi irrationnel. Pas rentré des cours après la journée à l’école, selon le déroulé des faits, l’incertitude gagne, l’émoi aussi. On ne se doutait pas, dans cette terrible attente, que sa fugue était une fuite, voire un projet insensé. Le drame s’est produit : il est arrivé à bon port, mais mort.
Hormis quelques articles tardifs, qui sont majoritairement le fait de la presse ivoirienne et française, le délai de prudence pour disposer de toutes les informations n’a pas permis une communion immédiate et un deuil de grande ampleur. Il y a ainsi eu, dès le départ, un contretemps. A évaluer l’émotion suscitée par cette mort, l’épisode n’a pas soulevé une grande vague d’indignation dans le monde. L’absence d’images, le huis clos du train d’atterrissage, ont presque empêché le deuil, tellement différé, pour ne plus avoir lieu que dans une proportion réduite. Comme si sa gravité devait en être fatalement dévaluée…
Pour le jeune adolescent, pas la même émotion mondiale que pour le petit Aylan – cet enfant syrien devenu symbole de la crise migratoire en 2015. L’image de ce petit garçon gisant sur la grève, au bord de la mer Egée, dans son t-shirt rouge, avait déclenché un torrent de messages qui avaient contribué à réveiller de sa torpeur la culpabilité de l’Europe face au drame des réfugiés. Angela Merkel, la chancelière allemande, y avait même bâti sa réputation et celle de l’Allemagne comme pays d’accueil, avec sa célèbre formule « wir schaffen das », nous y arriverons. Des débats fondateurs avaient prospéré, à la suite de cette apogée, pour la redéfinition d’une nouvelle humanité riche de cette leçon.
Pour le jeune adolescent, pas la même émotion mondiale non plus que pour les koalas brûlés en quête de secours – ces petits animaux devenus symbole des terribles incendies australiens de 2020. La viralité de ces images a conduit à une vague de tristesse qui a mis le monde à l’unisson et déclenché une avalanche de soutiens et de dons pour tenter de sauver la faune rescapée des feux.
Exemples récents et anciens de la fortune et de l’infortune dans l’indignation, chacun de ces drames a eu son image-symbole, laquelle devenait le nœud autour duquel s’articule une prise de conscience. Pour le jeune ivoirien, rien du tout. Pas d’image, pas de visage, pas de détails. Ou alors, très tard. Et bien plus cruel encore, le drame parait sorti de nulle part. Avec 10% de croissance, vitrine des récits enchanteurs sur l’Afrique, lieu festif du nouvel an du président Macron, place annoncée du nouvel envol libérateur avec la mort du CFA, la Côte d’Ivoire paraissait bien loin d’être pays à fournir un adolescent martyr dans de telles circonstances.
Plus quotidiennement, en Lybie, sur les côtes européennes, dans les migrations intérieures du continent (les plus nombreuses), le départ n’est jamais sans risque. La dépréciation de leur pays est le point commun des jeunesses africaines, plusieurs études en font part. 20 ans après les deux enfants guinéens, toute la question demeure ; elle est plus criante, dans ce temps laudatif sur le miracle supposé du continent que beaucoup de postures, avec un curieux sens de la réalité, présentent comme la condition de la prospérité du monde. Les mantras et les prophéties ne cessent d’être accablés par les faits, mais que nenni, comme l’écrit Régis Debray : « l’optimiste fait un tabac ; l’avisé fait un four ».
Pourquoi l’adolescent ivoirien ne suscite-t-il pas un grand élan mondial ? Qui est responsable de cet enfant ? Comment lire son geste ? La tentation à la démagogie est simple et peu vite affleurer si on ne prend garde. Sans doute faut-il se garder des désigner des coupables définitifs et uniques. Mais si on se risque à une réponse, on peut s’émouvoir du fait que les drames africains ne sont jamais pleurés à leur juste mesure, et ce d’abord à l’intérieur du continent. Si on remonte à 5 ans, en janvier 2015, quand Charlie Hebdo a été décimé la France a convié le monde. En pleine vague d’attentats partout, le Jesuischarlie est devenu la bannière de ralliement de tous, jusqu’aux chefs d’Etats africains. Un beau deuil, suscitant même de la jalousie sur fond de discrimination géographique. Au même moment quasiment, à Baga, au Nigéria, Boko Haram faisait une de ses razzias les plus sanglantes. Pas une seule image de ce cranage, sinon quelques paysages calcinés, et nul ne sait l’identité des morts, encore aujourd’hui. Face à cette réalité, le réductionnisme désigne le racisme comme responsable, l’indignation àgéométrie variable pour reprendre Damien Glez. Il peut y avoir du vrai mais on aurait tort de s’y arrêter. Ce serait prendre l’écume pour la vague.
Ce n’est pas seulement la cause. L’explication tout-au-racisme périme vite. Nous n’aimons pas assez nos morts. Le constater n’est pas si ardu. Nos victimes sont des tas uniformes, sans identités, dont on ne retrace pas les histoires. A force de drames enchainés, la compassion se tarit, et la mort, vécue principalement comme un décret divin, n’est plus interrogée comme résultat potentiel de notre propre faillite. Les politiques exonérés de tout devoir de réédition de comptes, les familles résignées, les journalistes paresseux à retracer l’histoire des victimes, les intellectuels peu pressés à se connecter avec cette urgence, tout crée un contexte de normalisation qui in fine satisfait tout le monde, en désignant l’étranger comme cause principale de notre malheur. Chez nous, pour les nôtres, nous ne semblons être comptables de rien. Voici la tragédie originelle qui dure. Et, contraste plus cruel, la cérémonie du deuil chez nous étrenne souvent le faste, où la gabegie tient lieu de compassion. Il ne peut y avoir d’injonction pour le monde à s’indigner ou à aimer nos morts. C’est notre affaire. La nôtre d’abord. Les autres nous perçoivent comme nous nous percevons.
Pour Laurent-Barthélémy Ani Guibahi, la presse française a été beaucoup plus active que toute la presse africaine réunie. La presse ivoirienne a été esseulée, elle a fait le boulot. Il risque, malgré tout, de n’y avoir aucune suite à ce drame. Un drame politique à l’heure où la politique, comme offre institutionnelle de solutions, est disqualifiée voire impuissante. Une dissonance majeure de notre temps qui fait le lit des radicalités diverses et des surenchères victimaires. Fort à parier que l’oubli qui s’esquisse sera commode pour tout le monde. Qui se souvient du marché des esclaves libyens ? Au suivant, chante Jacques Brel. Le jeune adolescent alonge la longue liste des martyrs sans cause du continent. La cause n’est plus populaire, étouffée sous la massive résignation qui frappe le cœur de la jeunesse et qui est sans doute le sujet essentiel continent.
Les autorités camerounaises et la Confédération africaine de football (CAF) se sont mis d’accord sur un éventuel changement de dates, ce 15 janvier 2020 à Yaoundé, officiellement en raison de la saison des pluies dans cette région du continent
La prochaine phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2021) devrait finalement lieu au Cameroun du 9 janvier au 6 février plutôt qu’en juin/juillet. Les autorités camerounaises et la Confédération africaine de football (CAF) se sont mis d’accord sur un éventuel changement de dates, ce 15 janvier 2020 à Yaoundé, officiellement en raison de la saison des pluies dans cette région du continent.
Retour à la case départ. Sauf grande surprise, la CANdevrait se disputer à nouveau lors de sa période de prédilection, en janvier/février, dès 2021, après une Coupe d’Afrique des nations organisée pour la première fois en juin/juillet, en 2019 en Égypte, vont annoncer la Confédération africaine de football (CAF) et les autorités camerounaises, ce 15 janvier 2020. Vraisemblablement du 9 janvier au 6 février.
Ce changement doit encore être évoqué lors de la prochaine réunion du Comité exécutif de la CAF, qui devrait avoir lieu en marge de la Coupe d’Afrique de futsal (28 janvier au 7 février à Laayoune).
Les conditions climatiques mises en avant
Officiellement, ce choix est dicté par les conditions météorologiques « en été » au Cameroun. Cette décision pourrait d'ailleurs également être reconduite pour les CAN 2023 (Côte d’Ivoire) et CAN 2025 (Guinée), dans la mesure où c’est également la saison des pluies dans une bonne partie de l’Afrique de l’Ouest, à cette période de l’année. Mais il n’a absolument pas été question des deux phases finales suivantes, à Yaoundé.
En introduction d’une réunion CAF-Cameroun, ce mercredi, le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) a sous-entendu que la période était peu propice pour jouer au football. « Sur toute l’étendue du territoire, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, […] la période de juin à septembre – je parle sous le contrôle du directeur de la météorologie […] – correspond à la grande saison des pluies, a souligné le Professeur Narcisse Mouelle Kombi. À Douala, par exemple, durant cette période, il pleut quotidiennement ».
Une demi-surprise
Ce probable retour en arrière est une demi-surprise. Quelques semaines plus tôt, le président de la CAF, Ahmad, avait mis en avant un problème de météo. « En Afrique, l’été au nord du continent n’a rien à voir avec l’été au sud, a notamment rappelé le Malgache, lors d’une interview accordée à RFI. Il faudrait que quelqu’un vérifie ma déclaration au symposium de Rabat au moment où nous avions annoncé une CAN à 24 équipes en juillet. J’ai toujours dit que nous devions être flexibles par rapport à la météo ».
Le patron du foot africain s’est en tout cas montré satisfait des préparatifs pour le Championnat d’Afrique des nations (CHAN 2020, du 4 au 25 avril), un tournoi réservé aux joueurs locaux, ainsi que pour la CAN 2021. « Je suis convaincu du fait que le peuple camerounais vivra cette Coupe d’Afrique dans une ferveur populaire exceptionnelle parce que la passion du football qui existe dans ce pays est unique, incomparable, inimitable, a-t-il débuté. Concernant les différents chantiers de la CAN 2021, je peux vous dire que la tendance est à l’optimisme. […] Je termine en continuant à vous encourager vivement sur cette voie positive de la bonne préparation, en vous assurant du soutien continuel de la Confédération africaine de football ».
Des changements incessants
Cette décision constitue en tout cas un nouvel épisode de l’incroyable roman-feuilleton de la Coupe d’Afrique des nations au Cameroun. En septembre 2014, la CAF, alors présidée par le Camerounais Issa Hayatou, avait attribué l’organisation de la CAN 2019 au pays de Samuel Eto’o. Il était alors question d’une compétition à 16 équipes en janvier/février. Mais en juillet 2017, la nouvelle direction de la CAF avait décidé que la CAN se disputerait désormais avec 24 sélections en juin/juillet.
Les Camerounais avaient accepté ce changement majeur dans le cahier des charges. Mais, trop en retard dans les préparatifs, ils s’étaient vu retirer l’organisation de la CAN 2019 et attribuer celle de la CAN 2021 à la place. Un tournoi qui devait donc initialement se dérouler en juin/juillet… Une période à laquelle, il y aura en outre la toute nouvelle Coupe du monde des clubs imaginée par la Fédération internationale de football (FIFA).
LE FRIC À TOUT PRIX !
A travers deux réformes fiscales glissées dans la loi de finances initiale 2020, l’Etat est sur le point de taper durement sur les entreprises assujetties à la Contribution globale unique
Alors qu’on n’a pas fini de parler de la hausse des prix de l’électricité, certains spécialistes mettent déjà en garde contre une hausse beaucoup plus générale dans les semaines à venir. En effet, dans la loi de finances initiale pour l’année 2020, il a été glissé deux réformes de la Contribution globale unique (CGU) qui pourraient avoir des effets destructeurs sur le pouvoir d’achat des Sénégalais, déjà très approuvés par la cherté de la vie. Il s’agit, d’une part, de changer le mode de calcul de la CGU. D’autre part, de mettre en place un prélèvement de conformité fiscale de 12 % sur les biens importés.
Si la première mesure ne pose pas de problèmes particuliers, la seconde suscite moult commentaires auprès des experts. ‘’Cela pourrait générer une inflation, puisque les concernés risquent de répercuter cette hausse, que je trouve assez élevée, sur le prix des biens. Cette mesure, qui s’applique à toutes les entreprises éligibles à la CGU, risque ainsi de causer une augmentation de tous les produits qui sont importés au Sénégal. Ça risque de soulever des controverses prochainement’’, a soufflé un inspecteur des impôts et domaines, à l’occasion d’un atelier organisé par le Centre d’études et de recherches sur l’ingénierie juridique et financière (Cerif).
Regroupant 6 catégories d’impôts, la CGU a surtout été mise en place pour une meilleure prise en charge des acteurs du secteur informel. Instituée en 2004, elle est calculée suivant le chiffre d’affaires des entreprises assujetties. ‘’Malheureusement, indique l’inspecteur, depuis sa mise en place, elle n’a pas donné les résultats escomptés. C’est pourquoi l’Etat a entamé sa réforme’’.
L’autre changement, en ce qui concerne toujours la CGU, porte sur le mode de calcul qui devrait passer d’un barème progressif par tranche à un barème proportionnel, pour déterminer le montant que doivent payer ces contribuables. ‘’EnQuête’’ a tenté de joindre certains commerçants pour avoir leur point de vue sur la question. Mais ces derniers semblent ignorer tout de cette nouvelle réforme de la fiscalité, dont la mise en œuvre semble pourtant imminente.
‘’C’est vous qui me l’apprenez’’, rétorque le directeur exécutif de l’Unacois Yessal, Alla Dieng, à propos du nouveau prélèvement de 12 % sur les produits importés. A l’en croire, l’Etat devrait d’abord penser à évaluer les impacts de la CGU instaurée depuis les années 2000 et dont les négociations avaient démarré sous le règne socialiste. ‘’J’en avais parlé à l’ancien ministre du Budget Birima Mangara, qui avait salué la proposition, mais il ne l’a jamais fait, à ma connaissance. Il faut évaluer pour savoir s’il faut continuer, reculer ou arrêter. Moi, j’ai participé, récemment, à des ateliers sur l’élargissement de l’assiette fiscale, mais on n’a pas abordé ces aspects’’, a-t-il précisé.
En attendant cette évaluation qu’il appelle de tous ses vœux, M. Dieng signale que, du côté des membres de sa structure assujettie au paiement de la CGU, le sentiment le plus partagé est la satisfaction. Toutefois, s’empressent de préciser d’autres témoins, beaucoup d’acteurs de l’économie informelle échappent encore à cette taxe qui leur était, principalement, destinée. ‘’Le hic, c’est que tout le monde ne paie pas la CGU. Nombre d’entreprises qui devaient s’acquitter de cette taxe parviennent à passer entre les mailles du filet. Je peux vous assurer que l’assiette pouvait être plus importante. Le Sénégal pourrait doubler, voire tripler ses recettes fiscales, si tous les assujettis payaient leur impôt. Les responsabilités sont partagées. Certains ne paient pas tout simplement parce qu’on ne leur demande pas’’, reconnait un commerçant.
Ces lobbies qui tiennent le fisc
Ce qui est sûr, c’est que l’Etat a plus que jamais besoin de recettes supplémentaires pour pouvoir faire face à un service de la dette de plus en plus élevé. Malgré les sorties des différents services du ministère des Finances pour relativiser l’endettement du Sénégal, certains indices démontrent le contraire.
En effet, il ressort de l’analyse des chiffres du budget national que les 200 milliards de francs CFA environ que gagne l’Etat chaque année ne permettent même pas de payer les intérêts de la dette évalués à 364 milliards de francs. Pendant ce temps, selon les variations, 34 à 17 % des recettes fiscales sont destinés aux investissements sur ressources internes, 30 % au paiement de la masse salariale... Ce qui signifie que l’Etat est encore contraint à s’endetter pour financer le développement. Ce, même si le ministre en charge de l’Economie, Amadou Hott, dit fonder beaucoup d’espoir sur les partenariats publics-privés pour renverser la tendance.
Mais l’espoir est permis, à condition que des efforts soient déployés pour améliorer le taux de pression fiscale, qui tourne autour de 15 %, c’est-à-dire largement en deçà du taux de 20 % prévu par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Dans les pays développés, ce taux tourne même, en moyenne, autour des 35 %. Ce qui signifie que le Sénégal a encore un gap assez important à résorber, s’il tient à trouver davantage de ressources propres pour le financement de ses politiques.
Paradoxalement, pendant que l’Etat manque, de façon criarde, de recettes, d’énormes pertes sont enregistrées au titre des exonérations et des cadeaux illégalement octroyés par l’Etat à certains secteurs. Il en est ainsi de la suppression de la taxe de 40 F sur les exportations de produits arachidiers. Cette disposition légale, destinée notamment à protéger la Sonacos, a été mise entre parenthèses, à l’issue d’un conseil des ministres, alors que cela entre dans le domaine de la loi. De même, alors que plusieurs entreprises du secteur extractif s’acquittent d’une redevance de 5 % prévue par la loi, l’Etat, par le biais réglementaire, accorde un régime dérogatoire aux cimentiers qui paient 1 % au titre des redevances. Ce qui est aberrant, selon nombre d’observateurs.
Au chapitre de ces acteurs gâtés par l’Etat du Sénégal, il y a, outre les cimentiers, les acteurs du tourisme. Là également, le gouvernement a foulé aux pieds les normes de l’UEMOA pour plaire aux acteurs du secteur, dont le magnat Racine Sy. En effet, parmi les secteurs qui peuvent bénéficier d’une TVA en deçà du seuil minimal de 15 % prévu par l’UEMOA, le tourisme n’en fait pas partie. Ainsi, pour ce qui est surtout des deux premières violations listées, au-delà de la responsabilité des autorités étatiques, celle des agents de l’Administration des impôts, aussi, se pose avec acuité. En effet, plusieurs décisions de justice ont fini de consacrer le principe selon lequel nul n’est tenu d’obéir à un ordre illégal.
Et comme pour ne rien arranger, il y a la Zone de libre-échange économique et commerciale qui arrive à grands pas et qui pourrait entrainer des pertes de recettes importantes, si l’Etat ne prend pas à temps les dispositions adéquates. L’entrée en vigueur de cet accord prévu en juillet prochain, pourrait, en effet, porter un coup dur aux recettes douanières qui tournent entre 700 et 800 milliards de francs CFA.
LANCEMENT DE LA PHASE D’EXPLOITATION DE SANGOMAR 1
Cet acte fait suite à la prise par le président de la république d’un décret autorisant la phase d’exploitation au bénéfice des opérateurs que sont les Australiens (Far et Woodside), l’Américain Cairn Energy et la société nationale Petrosen
Le ministre du Pétrole et de l’Energie, Mouhamadou Makhtar Cissé, a officiellement lancé mardi, les travaux de la phase d’exploitation du champ pétrolier Sangomar en contresignant la décision finale d’investissement présentée par les membres de la joint-venture.
Cet acte fait suite à la prise par le président de la république d’un décret autorisant la phase d’exploitation au bénéfice des opérateurs que sont les Australiens (Far et Woodside), l’Américain Cairn Energy et la société nationale Petrosen.
Le champ pétrolier Sangomar produira dans sa phase 1 un total de 230 millions de barils avec une production journalière estimée à 100 000 barils par jour. La production effective se fera, selon le ministre en 2023, année où le premier baril est attendu.
Un ensemble de 23 puits est prévu qui seront reliés à un navire de production, de stockage et déchargement (FPSO). Le navire en construction sera dans les côtes sénégalaises en 2022, a précisé le ministre du Pétrole et de l’Energie lors de la signature du contrat avec les membres de la joint-venture.
Les partenaires au projet ont récemment décidé de modifier le plan d’investissement en changeant d’option concernant ce navire, a dit M. Cissé, ajoutant que l’acquisition sous forme d’achat a été décidée en lieu et place d’une location.
Il a profité de l’occasion pour inviter le secteur privé national et les jeunes sénégalais à profiter de ces opportunités pour se mettre à niveau.
En 2014, deux découvertes de pétrole et de gaz naturel ont été successivement faites en eaux profondes, au large de Sangomar (ouest), à l’issue du forage de deux puits d’exploration (…) par le consortium constitué par les compagnies pétrolières Cairn Energy, Conocophillips, First Autralian Resources et la PETROSEN.
FADEL BARRO BIENTÔT EN POLITIQUE ?
L'ancien coordonnateur de Y’en a marre réfléchit à un possible avenir dans l'arène politique
Jeune Afrique |
Marième Soumare |
Publication 14/01/2020
Il avait été le fer de lance de la mobilisation populaire contre la candidature controversée du président sénégalais Abdoulaye Wade, en 2012. Fadel Barro, qui a quitté la coordination de Y’en a marre en mars dernier, réfléchit à un possible avenir en politique.
Cofondateur et coordinateur du mouvement Y’en a marre, il en a quitté le bureau en mars 2019, après huit années passées à sa tête, en vertu d’un « nécessaire renouvellement » de l’organisation. Si Fadel Barro s’est effacé au profit d’Aliou Sané, il continue d’en être un membre actif.
Pour Y’en a marre, il milite ainsi au sein du collectif Ñoo Lank (« nous refusons »), mobilisé contre la hausse des tarifs de l’électricité, et est chargé de rencontrer les responsables politiques du pays – dont Abdoulaye Wade – afin de solliciter leur soutien. Il est également chargé du recrutement et de la formation des jeunes au sein de Y’en a marre.
L’ancien journaliste d’investigation réfléchit aussi à un possible avenir en politique, mais assure que cela ne remet pas en question la neutralité de Y’en a marre.
L'HUMEUR DU DOYEN, PAR ALYMANA BATHILY
GRETA THUNBERG
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette ado dont la parole est portée à travers le monde n'aurait pas pu être africaine. Nous continuons à considérer en Afrique qu’un enfant n’est pas tout à fait une personne pleine et entière
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 14/01/2020
Elle était pourtant au centre de l’attention du monde lors de la COP 25, le sommet des Nations unies sur les changements climatiques tenu du 2 au 14décembre2019 à Madrid, en Espagne.
Elle est depuis 2018 l’incarnation de la lutte citoyenne en faveur du changement climatique.
Elle a initié la « grève de l’école pour le climat » qui fera des émules dans tout le monde occidental, de son pays, de la Suède, à l'Allemagne, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la Finlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suisse jusqu’au Japon.
Elle vient de recevoir le tire de Personne de l’Année (on disait jusqu’en 1998 Homme de l’Année) décerné par l’hebdomadaire américain Time Magazine à la personne qui a « marqué le plus l'année écoulée, pour le meilleur ou pour le pire ». Il s’agit là de la reconnaissance de l’influence politique et du leadership de cette jeune personne au niveau mondial.
Ceci est extraordinaire car si les jeunes, les enfants même ont de tout temps joué des rôles déterminants dans l’histoire de l’humanité, de Toutankhamon à Alexandre le Grand par exemple, ils ont rarement été promus en modèles aux sociétés. Ils ont rarement été promus comme guides ou « éclaireurs » au niveau d’une nation encore moins au niveau du monde. Le monde est donc en train de changer.
Car voilà une ado ordinaire, avec baskets et sweatshirt, qui se fait citoyenne du monde en portant le plaidoyer en faveur de la prise en compte par les nations du réchauffement climatique, avec des mots simples, sans référence idéologique ou messianique. Et la parole de cette ado est portée par les médias, discutée partout, par des universitaires, des scientifiques et des décideurs politiques à travers le monde.
On me dira qu’elle bénéficie du « privilège de la peau blanche » qui fait que dans le monde actuel, c’est le Blanc, l’Occidental qui à priori, incarne le Beau, le Bon, le Progrès et le Bien et que l’on donne en modèle au monde, sur tous les plans. Que Greta Thunberg est Suédoise, qu’elle aurait pu être Française ou Américaine ou Australienne. Pas sûr qu’elle ait pu être Indienne ou Inuit. Qu’elle n’aurait en tout cas pas pu être Africaine.
Oui Greta Thunberg n’aurait pas pu être Africaine. Pas seulement à cause du « privilège de la peau blanche » mais aussi et d’abord parce que nous continuons à considérer en Afrique qu’un enfant ou même un adolescent n’est pas tout à fait une personne pleine et entière.
Qu’il faut encore la faire murir et cela à coup de brimades, de vexations et de violences verbales, psychologiques et physiques. Nous l’avons vu encore récemment avec ces talibés enchainés comme des esclaves et condamnés à errer toute la journée et à mendier pour se nourrir et nourrir leur « marabout ».
L’enfant en Afrique n’a encore pas droit à la parole et surtout pas à la parole publique et politique. On continue encore à croire en Afrique que le savoir et la sagesse, la parole publique et le pouvoir donc sont l’apanage de l’âge.
Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brule dit-on pour justifier la tyrannie gérontocratique sur les familles, les villages et les Etats.
Or il s’agit bien souvent de vieillards qui ont tout oublié de l’Afrique traditionnelle et rien appris de la modernité.
Au moment où le monde, dans sa partie développée en tout cas, a révolutionné ses systèmes scolaires depuis longtemps par une pédagogie qui recherche l’éveil de l’enfant dès sa naissance pratiquement, encourage sa participation à l’école et le place au centre de la société, soutient et encourage le développement de sa personnalité propre, sans aucune contrainte, dans le respect de la spécificité de chaque individu.
Et écoute sa parole et met même désormais au pouvoir des jeunes. C’est même devenu un impératif politique. L’Afrique devra s’y soumettre d’autant que sa population est jeune. Et qu’elle augmente vertigineusement.
Le rapport Perspectives économiques en Afrique établi en 2012 par la Banque Afrique de Développement (BAD), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Commission Economique pour l’Afrique et l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) indiquait déjà que la population de jeunes âgés de 15 à 24 ans s’élevait à 200 millions d’habitants. Qu’elle doublerait à l’horizon 2045.
Ceci dépendra en grande partie de la manière dont les générations montantes actuelles, les générations Z et Alpha (celles qui sont nées avec le numérique et après le numérique) seront éduquées.
Continuerons-nous, sous le prétexte de les éduquer et de les instruire, à leur denier tout droit, même celui de penser par eux même ou mettrons fin au plus tôt à ces systèmes archaïques qui briment la créativité et l’originalité indispensables à l’individu au 21eme siècle ?
Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
Ce Front qui devait servir pour la restauration des acquis démocratiques bafoués par le régime Macky se distingue malheureusement par des déviances à travers les rapports suspects de certains responsables avec le pouvoir en place - COMMUNIQUÉ
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), datée du 9 janvier, portant suspension de sa participation au Front de Résistance Nationale (FRN).
« Le Parti Démocratique Sénégalais constate avec regret des dysfonctionnements graves du Front de Résistance National (FRN) dont il était l’un des principaux initiateurs.
Ce front qui regroupe divers partis, mouvements et personnalités politiques, devait servir de cadre de lutte pour la restauration des acquis démocratiques systématiquement bafoués par le régime de Macky Sall et la défense des intérêts des populations. Il se distingue malheureusement par de multiples déviances autant dans son fonctionnement qu’à travers les rapports suspects de certains responsables avec le pouvoir en place.
En effet, le PDS constate de graves déviations des mécanismes internes de prise de décisions stratégiques, notamment en ce qui concerne le Dialogue national initié unilatéralement par le président Macky Sall. A cela s’ajoutent les faits de compromission avérée de responsables au plus haut niveau du Front, ce qui amène le Parti Démocratique Sénégalais à suspendre sa participation au FRN. Il engage l’ensemble des militants et responsables à rester mobilisés dans la perspective des nouvelles batailles qui seront définies par la direction du parti. »
PAR Abdelaziz Moundé Njimbam
PAU...VRE AFRIQUE !
On ne voile pas l’histoire avec une mise à l’index de journalistes, d’activistes ou de manifestants à Bamako, mais en l’affrontant sincèrement - Il n’y a pas de sentiments anti-français. Il y a un sentiment de connivences grotesques
Ce n’est pas la faute de la France : l’attitude de nos chefs d’Etat, depuis ceux qui étaient placés par l’Elysee de Foccart jusqu’à ceux qui traficotent les Constitutions pour s’éterniser au pouvoir et s’assurer des bonnes grâce de Paris, relève de la servitude volontaire. D’un manque de cran.
Ils se couchent pour leurs intérêts et non pour ceux de leurs peuples. Ils acceptent le diktat du Fcfa parce qu’ils ne travaillent pour la croissance, le développement, la compétitivité mais leurs fortunes et bien-être. C’est pourquoi, après 60 ans, ils en sont encore à s’aligner en rang d’oignons aux ordres de Macron. A se laisser conter des fables alors même que l’argent qu’ils dilapident aurait permis outre de s’occuper de lutte contre la pauvreté, de développement des infrastructures, d’éducation, de bâtir des systèmes de défense.
Mais la France fait, lourdement, partie de la faute. Très lourdement ! : l’arrogance doucereuse d’Emmanuel Macron n’y changera rien. L’Armee française et la colonisation du pays de Jules Ferry ont une histoire. Celles d’operations de guerre pour décimer des populations comme au Cameroun, pour combattre des indépendantistes comme en Algérie, pour déstabiliser des pouvoirs comme en Guinée, pour s’assurer l’approvisionnement en matières premières, comme au Zaïre, au Nigeria avec l’aide au Biafra, etc. On ne voile pas l’histoire avec une mise à l’index de journalistes, d’activistes ou de manifestants à Bamako, mais en l’affrontant sincèrement.
Et puis, ces armes, balancées dans le ciel de Benghazi par Nicolas Sarkozy sous le prétexte de combattre Kadhafi, sont devenues l’arsenal des djihadistes dans le Sahel et de Boko Haram et ses ravages au Nigeria et au Cameroun. Et cela Pau, le taira...
Il n’y a donc pas de sentiments anti-français. Il y’a un sentiment de connivences grotesques.
Il n’y a pas de sentiment anti-français, il y’a le refus du travail et du devoir de mémoire, respectueux entre les deux pôles : la France et ses ex-colonies.
Il y’a le sentiment d’une arrogance qui prend des formes variées : impériale sous de De Gaulle et Foccart, hypocrite sous Mitterand, espiègle sous Chirac, goujate sous Sarkozy, cotonneuse sous Hollande et sirupeuse sous Macron.
Et ce n’est pas avec des oukases et des effets de manche que Macron et ses pairs africains, incapables de se défendre et de construire des armées dignes comme il en existe en Afrique, qui changeront la conscience profonde de peuples.
Pour cela, il faut que les Africains apprennent à marcher sur leurs propres jambes. Une chose comme apprendre qu’un continent se défend par lui-même. Il faut que la France, en cessant de s’occuper de la Chine ou de la Russie, regarde la paille - grosse comme ses crimes et fautes en Afrique - dans ses yeux et apprenne l’humilité !