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24 avril 2025
Développement
CE QUE LA JUSTICE IVOIRIENNE REPROCHE À SORO
Ses proches l’assurent : cela fait plusieurs mois que Ouattara cherche à accuser l'ancien chef rebelle de déstabiliser la Côte d’Ivoire. D’où son absence prolongée hors du pays et l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2020 depuis l’Espagne
Jeune Afrique |
Baudelaire Mieu , Benjamin Roger et Vincent Duhem |
Publication 24/12/2019
Visé par un mandat d’arrêt international émis par la justice ivoirienne, Guillaume Soro a annulé in extremis, ce lundi, son retour à Abidjan. Il est accusé de tentative d’atteinte à l’autorité de l’État et de détournement de deniers publics. Jeune Afrique décrypte l’origine de ces accusations.
Les proches de Guillaume Soro l’assurent : cela fait plusieurs mois que le régime d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) cherche à accuser leur leader de déstabiliser la Côte d’Ivoire. D’où son absence prolongée hors du pays et l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2020 depuis l’Espagne, début octobre. « Il savait parfaitement qu’on lui tendrait un traquenard s’il rentrait à Abidjan, glisse l’un de ses intimes. Mais il a tenu à monter dans l’avion pour montrer au monde entier qu’Alassane Ouattara l’empêchait de rentrer chez lui. »
Selon nos sources, des négociations indirectes entre Soro et Ouattara ont eu lieu jusque dans la nuit du 22 décembre. Le chef de l’État aurait ainsi demandé à son ancien allié de surseoir à son projet de retour, après plus de six mois d’absence. Comment expliquer ce revirement inattendu ? Que reprochent les autorités ivoiriennes au candidat à la future présidentielle ?
Après que les autorités ghanéennes ont refusé à Soro, le 23 décembre, de débarquer à Accra – sur la demande d’Abidjan, où la justice venait d’émettre un mandat d’arrêt contre l’ancien président de l’Assemblée nationale -, son jet a refait le plein de carburant et décollé pour Tenerife, aux îles Canaries. Il y a atterri lundi, peu avant 23 heures GMT. Rejoindra-t-il la France ou la Suisse, comme certaines sources l’affirment ?
Quelle que soit sa destination finale, nul doute que l’ancien rebelle et actuel député prendra ses précautions. Car pendant qu’il était à Accra, Richard Adou, le procureur de la République, a officiellement annoncé sur la RTI que l’opposant à Alassane Ouattara, désormais candidat à la présidentielle de 2020, est visé par un mandat d’arrêt international pour tentative d’atteinte à l’autorité de l’État, détournement de deniers publics, recel de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux.
Tentative d’atteinte à la sûreté de l’État
Selon nos sources, le chef de l’État ivoirien avait évoqué la possible arrestation de Guillaume Soro lors de son tête-à-tête avec Emmanuel Macron, le 21 décembre. ADO a également convoqué, deux jours plus tard, plusieurs anciens « comzones » afin de leur rendre compte de la situation. Le lendemain, les membres du gouvernement en ont également été informés lors d’un conseil de gouvernement extraordinaire convoqué par le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly.
Selon le procureur Richard Adou, « Guillaume Soro projetait d’attenter à la sécurité de l’État et à l’intégrité du territoire national ». Dans sa déclaration, Adou a expliqué que « les éléments en possession des services de renseignement, dont un enregistrement sonore, établissent clairement que le projet devait être mis en œuvre incessamment ». « Nous sommes en possession d’un enregistrement audio d’une douzaine de minutes dans lequel on l’entend évoquer un projet d’insurrection et de coup d’État », précise un ministre. Selon une autre source gouvernementale, Soro y détaillerait « comment il compte frapper le régime, ses relais, ses réseaux ».
Deux accusations aussi graves que floues, sur lesquelles peu d’informations ont filtré. Le procureur Adou devrait tenir une conférence de presse avant le 26 décembre pour préciser les faits qui sont reprochés à l’ex-rebelle par les autorités ivoiriennes.
Guillaume Soro est aussi accusé de détournement de deniers publics, recel de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux. Le procureur de la République a ainsi expliqué avoir été sais, le 20 décembre, d’une plainte du Trésor public.
« Il a créé une Société civile immobilière (SCI) avec laquelle il a acheté sa résidence à Marcory [un quartier d’Abidjan] pour un montant de plus de 1,5 milliard de francs CFA grâce à des fonds publics provenant de comptes de l’Assemblée nationale », assure une source gouvernementale. Une affirmation battue en brèche par un intime de Guillaume Soro qui, bien qu’il confirme que la résidence de Marcory, qui appartenait à l’homme politique béninois, Adrien Houngbédji, a été achetée via cette SCI, assure qu’elle le fut en 2008, alors que Soro était Premier ministre.
Arrestation de plusieurs de ses proches à Abidjan
Lundi 23 décembre, vers 16 heures locales, des éléments des forces de sécurité, certains cagoulés, ont fait irruption dans la permanence de l’ancien président de l’Assemblée nationale, un bâtiment jouxtant l’ambassade des États-Unis. Les partisans de Soro y étaient rassemblés et une conférence de presse animée par Alain Lobognon venait juste de s’achever.
Quinze personnes ont alors été interpellées, dont plusieurs députés, comme Alain Lobognon, Kanigui Soro et Loukimane Camara. Le frère de l’ancien Premier ministre, Simon Soro, et son directeur de protocole, Souleymane Kamagaté, ont eux aussi été arrêtés. Selon nos sources, des perquisitions ont eu lieu dans la nuit, et ce mardi matin, chez d’autres membres de son mouvement, Générations et peuples solidaires (GPS).
Les personnes appréhendées ont été présentées devant le procureur mardi et pourraient être inculpées pour atteinte à l’autorité de l’Etat, trouble à l’ordre public et diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur le bon fonctionnement des institutions. Dans le même temps, le bureau de l’Assemblée nationale, seul organe habilité à lever l’immunité des députés, a été informé de l’ouverture d’une procédure judiciaire.
DES FIDÈLES SE MOBILISENT POUR SAUVER LA BASILIQUE DE POPENGUINE
L’édifice, classé monument historique, est dans un état de « dégradation avancée » - À l’intérieur comme à l’extérieur, elle a besoin d’un grand coup pour retrouver son éclat
Située à Popenguine dans la région de Thiès, au Sénégal, la basilique Notre-Dame de la Délivrance est délabrée. L’archevêque de Dakar tente d’y mobiliser les fidèles pour financer sa rénovation.
Le village de Popenguine, à environ 70 kilomètres au sud de Dakar, au Sénégal, est un lieu important pour les catholiques du pays, qui compte environ 5 % de chrétiens. Il abrite un sanctuaire dédié à Marie, et accueille chaque année un pèlerinage très fréquenté. Mais cela fait plusieurs mois que les messes ont lieu à l’extérieur, au sanctuaire. La basilique de Popenguine est fermée.
L’édifice, classé monument historique, est dans un état de « dégradation avancée » résume l’abbé Baye Rémi, chargé de communication de l’archidiocèse de Dakar. « À l’intérieur comme à l’extérieur, elle a besoin d’un grand coup pour retrouver son éclat, détaille-t-il. La charpente comporte des défaillances considérables. Ça accueille de l’eau et la basilique en accuse le coup ».
Visite de Jean-Paul II en 1992
Ces dégâts ont poussé l’archevêque à mettre en place une campagne de dons ces dernières semaines. Il espère recueillir 20 millions de francs CFA (30 000 euros) pour les travaux : « Ce qui est en jeu ici, c’est plus une catéchèse profonde du don que l’argent,estime-t-il. L’État fera ce qu’il peut mais c’est aux chrétiens même de relever le défi qui s’oppose à eux aujourd’hui. Si un frère musulman veut contribuer, c’est aussi le visage du Sénégal ».
Un appel entendu par ce fidèle à Popenguine, impatient de pouvoir prier de nouveau dans la basilique visitée par le pape Jean Paul II en 1992. « Quel que soit le peu que j’ai, je vais participer au financement de mon Église, promet-il. Cela me ferait vraiment plaisir de retrouver notre basilique ». La collecte s’achèvera le 31 décembre, lors d’une veillée autour de l’archevêque de Dakar.
par Amadou Tidiane Wone
SENTIMENTS ANTI-FRANÇAIS, DITES-VOUS ?
La colère est là. Mais, soyons clairs, elle n'est pas dirigée contre les français mais contre les lobbies économiques et politiques français qui, depuis des siècles, siphonnent l'Afrique et hypothèquent son avenir
Depuis quelques années on constate la montée en puissance progressive de la mobilisation de la jeunesse africaine, tant sur le Continent qu’à travers la diaspora noire du monde entier, sur des sujets stratégiques comme l’indépendance économique et monétaire, le panafricanisme ainsi que l'exigence de plus en plus pressante, d'un standard de gouvernance publique plus élevé. Les dirigeants de nos pays sont désormais soumis à une pression quotidienne par une génération d’hommes et de femmes, de plus en plus connectés au reste du monde, et qui n’admettent plus d’être traités comme des sujets, mais comme des acteurs de leurs propres destins. Cela est à la fois encourageant et prometteur pour l'avenir de l'Afrique, confinée dans la pauvreté et l'indigence depuis plusieurs siècles, mise en jachère plutôt, par les « puissances » du moment.
Et puisque l’actualité récente est marquée par la dénonciation de l'un des symboles les plus achevés, et le plus incompréhensible, de la relation de la France avec ses anciennes colonies, le franc CFA, certaines autorités politiques françaises se disent préoccupées par la montée « d'un sentiment antifrançais » dans les pays concernés. Et c'est d'ailleurs, quant au fond, pour tenter de désamorcer cette bombe que le Président Macron « a décidé de réformer » le franc CFA selon ses propres termes. La décision est sienne donc. Son projet à lui, c'est une réforme. Et non la rupture d’avec un ordre ancien que réclament les jeunesses africaines de mieux en mieux formées et informées. Les ingrédients d'un dialogue de sourds sont donc réunis au départ. Il va falloir faire un effort d’écoute et de dialogue pour transformer, en douceur, une relation de domination univoque et séculaire en un partenariat honorable entre pays libres et mutuellement consentants. Cela suppose du respect et de la considération. Les autorités politiques françaises ne nous ont pas habitués à cela depuis trop longtemps. Et cela devra changer. Impérativement.
Mais commençons par le commencement ! A partir du 16ème siècle, l'Europe entreprend une conquête de l'Afrique, pour la déposséder de ses ressources naturelles et humaines par la violence, sur fond de mépris culturel et de haine raciale. Pour faire court, les portugais d'abord suivis par les Espagnols, les Anglais et nos amis les Français se sont partagés un Continent pourtant habité par des gens civilisés, organisés et épanouis. Désarmés face à la puissance de tir adverse, le désordre et le chaos ont détruit des Empires , des royaumes, des villes et des villages. Des hommes vigoureux et des femmes à la fleur de l’âge ont été arrachés à leur terre et transplantés en Amérique pour travailler les terres dont les indiens ont été, eux aussi, dépossédés par les nouveaux arrivants…européens. Une autre histoire là encore…L’état actuel de l'Afrique et la perte du sens de son développement s'expliquent, essentiellement, par les traumatismes profonds consécutifs à une somme d’humiliations, de maltraitances et de trahisons internes, conséquence de la bonne et vieille recette « diviser pour régner » qui vient, encore une fois d’être mise en œuvre à l'occasion de la « réforme du CFA » version Macron. Nous y reviendrons.
Les chroniques d'Ibn Battuta du 14ème siècle sont élogieuses quant au niveau de sécurité et de Justice qui règne, à l’époque, dans l'Empire du Mali par exemple. D’où l’intérêt de piocher à toutes les sources d’Histoire pour se reconstruire . Des empires et des royaumes prospères ont été déstructurés. De nouvelles classes sociales naîtront à la faveur de la circulation de l'argent et des nouveaux biens importés. Les courtiers et les intermédiaires en commerce d’Esclaves, leurs descendants et complices vont reconfigurer les sociétés africaines. Ne nous étonnons pas de ce que nous sommes devenus six siècles après, et de l'image lamentable que nous renvoyons aujourd’hui à un monde qui nous doit tant pourtant…
La France et nous dans ce contexte. Nantes,
La Rochelle, Bordeaux, Le Havre, Saint-Malo, Lorient, Honfleur, Marseille, Dunkerque, Rouen, Vannes tous ces ports français ont été ce qu'il est convenu d'appeler des industriels de la traite négrière au 18ème siècle. Des millions d'Africains noirs ont été déracinés de leur terre par la force et ont contribué, par leur sueur et par leur sang, à faire des centaines, pour ne pas dire des milliers de fortunes françaises. De qui et de quoi la France tient-elle sa puissance ? Quel bilan économique et financier a été fait de cette catastrophe humanitaire et économique, mais aussi sociale et environnementale ? Ne serait-ce que par respect pour la mémoire des millions de morts en cours de route et pour tous les affamés contemporains du Continent qui continuent à payer le tribut du passé.
Puis lorsque l'esclavage fût « aboli », la période coloniale s'ouvre au 19ème siècle, entre 1830 et le début de la première guerre mondiale. Les grandes puissances se partagent l'Afrique comme un gâteau à Berlin, et se lancent dans une compétition territoriale au mépris de l'Homme africain, de ses aspirations, de ses rêves. Sans parler des viols et des violences faites aux hommes et aux femmes et donc à leurs enfants… Et dire que l'on vient nous donner des leçons sur ces thématiques aujourd’hui ! La colonisation, en fait, prolonge les relations de maître à esclave sur le sol africain. Humiliation supplémentaire : travaux forcés, exploitation du sol et du sous-sol sans contrepartie, jouissance de tous les avantages des meilleurs espaces de vie du continent africain, tentatives vaines d’extermination de la race noire par des campagnes de vaccination suspectes et l’inoculation de maladies épidémiques à des populations non informées. La littérature est abondante sur tous ces points. Il suffit de se documenter.
Bien avant la première guerre mondiale, la France a levé des troupes en Afrique. Les fameux tirailleurs sénégalais qui n’étaient pas originaires que du Sénégal, cela dit. Ils ont servi de chair à canons sur tous champs de batailles de France et de Navarre. C’est en 1857 que Faidherbe, représentant de la France coloniale au Sénégal, face au déficit
d’effectifs provenant de la métropole à créé
le corps des Tirailleurs sénégalais. Dans un premier temps pour le maintien de l'ordre français dans les colonies. Puis pour aller combattre, au nom de la France et défendre son intégrité territoriale. Dans plusieurs localités françaises des cimetières entiers leurs sont réservés. J'ai eu l’occasion d’en visiter quelques-uns. Je me souviens avec émotion du Tata de Chasselay près de Lyon où les noms inscrits sur les pierres tombales me sont si familiers. Ceci pour dire à Monsieur Macron que le sang français versé sur le sol africain est un écho à tous les sacrifices consentis par les africains sur le sol français. Au demeurant, le massacre des tirailleurs au camp de Thiaroye au retour de la seconde guerre mondiale parce qu'ils réclamaient leurs salaires reste une plaie incandescente, douloureuse et profonde.
Surviennent la prise de conscience des africains, les luttes anticoloniales, les batailles épiques menées par les premières élites africaines formées à l’école française, précédées par tous les mouvements de résistance à la colonisation dont le souvenir inspire les leaders de l'Afrique nouvelle en gestation. Certains pays arrachent leur indépendance par les armes. Notamment les pays asiatiques à l'instar de l’Indochine devenue Vietnam. Nos pays de la Zone UEMOA se caractérisent par des
« indépendances » négociées et octroyées. Et c'est là que se situe le malaise entre les autorités postcoloniales de l'Afrique et la jeunesse née après les « indépendances » : aucune relation de soumission mentale n'existe entre nos populations actuelles ayant majoritairement moins de 30 ans et l'ancien colon. Le gain psychologique est inestimable. Si et seulement si nous avions des leaders à la hauteur des enjeux !
Ce cadrage rapide du contexte est important pour comprendre pourquoi la gestion, ou même la cogestion, de notre monnaie est devenue insupportable !
Monsieur Macron nous disant : « Le Franc CFA cristallise de nombreuses critiques sur la France. Je vois votre jeunesse qui nous reproche une relation qu'elle juge postcoloniale. Donc rompons les amarres ! »
Chiche ! auraient dû répondre en chœur les huit chefs d’États de l'UEMOA qui sont presque sommés de supplier la France de maintenir les liens de la servitude et instruits de mater les jeunesses africaines rebelles. Surréaliste !
Or, les observateurs africains et plusieurs milieux occidentaux s’accordent sur l’idée, selon laquelle, la « réforme » proposée par Emmanuel Macron ressemble à une manœuvre. Avec pour objectif de tuer dans l’œuf le projet d’intégration monétaire des pays de la CEDEAO en permettant à la France de se maintenir dans le dispositif de l'Eco. « Diviser pour régner ! » une constante de la politique française en Afrique. A nos dirigeants de faire leur job. C’est-à-dire défendre les intérêts de l'Afrique !
Tout cela étant dit et pour parler de la nouvelle trouvaille des autorités politiques françaises qui considèrent que les africains sont émotifs et qu'il suffit de toucher leur sensibilité pour les faire fondre, parlons de cette notion de « sentiments antifrançais »
Avouons, tout de même, que le bref survol de notre histoire avec la France contient largement de quoi nourrir une colère ! Mais contre qui ? D'abord contre ceux qui nous gouvernent et se laissent manipuler au gré des intérêts de leurs tuteurs ! Une colère contre une relation asymétrique entre la France et nos pays. Une colère contre la balkanisation de notre sous-région, savamment dessinée à Berlin juxtaposant lusophones, anglophones, francophones et même arabophones, sur fond de tensions ethniques sourdes et savamment entretenues. Une colère contre le contrôle des leviers essentiels de nos économies par la France ainsi que le peu d’enthousiasme des banques françaises à financer le développement des projets innovants portés par les jeunes africains.
L’histoire du franc CFA institué à partir du 26 décembre 1945 sous le nom de « Franc des Colonies françaises d’Afrique » énonce tout un programme ! Nos pays étaient encore colonisés. En 1958 la dénomination s'adapte à la montée des revendications pour l’indépendance. Le franc CFA devient « Franc de la Communauté française d'Afrique »… puis et jusqu’à nos jours « Communauté financière d'Afrique ». On voit que le sigle CFA continue quant au fond à dire la même chose pour ses géniteurs. Le mécanisme reste le même. Seul l’emballage est maquillé ! De quoi nourrir de la colère ! Non ? Alors quand on entend Eco, cela nous semble une synthèse entre écu et euro et ça nous rappelle la méthode du changement d’emballage dénoncé plus haut…
Alors oui ! La colère est là. Mais, soyons clairs, elle n'est pas dirigée contre LES français mais contre les lobbies économiques et politiques français qui, depuis des siècles, siphonnent l'Afrique et hypothèquent son avenir. La colère est dirigée aussi contre tous les Zemmour de France, et apparentés, qui insultent nos intelligences et que nous suivons en direct par la magie de la globalisation. Contre les BHL et compagnie qui philosophent en répandant le sang en Lybie et commencent à rêver de la partition du Nigéria (voir son dernier reportage pour Paris-Match.)
Vous voulez savoir ce que nous voulons ? Eh ! Bien ! Tout simplement jouir pleinement des trois mots inscrits sur les frontons des édifices de France. Des mots dont la magie et la saveur nous font défaut depuis notre rencontre avec la France esclavagiste : LIBERTÉ- ÉGALITÉ- FRATERNITÉ.
LIBERTÉ de gérer nos pays et nos ressources, ÉGALITÉ, en droits, avec toutes les races de l’espèce humaine. Sans discrimination. FRATERNITÉ avec tous les hommes et femmes de bonne volonté pour construire un monde paisible, prospère et où il fait bon vivre. A ce prix là, rompons les amarres !
"LA CRAINTE DE VOIR L'ÉCO COMME UN FCFA BIS N'EST PAS JUSTIFIÉÉ"
Pour l’économiste togolais Kako Nubupko, il y a un sentiment « erroné » de voir l’Eco comme un bis repetita du Franc CFA
L’annonce de la disparition du franc CFA au profit de l’Eco a créé des réactions d’enthousiasme et d’inquiétude chez beaucoup de citoyens des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africain (Uemoa).
Pour l’économiste togolais Kako Nubupko, il y a un sentiment « erroné » de voir l’Eco comme un bis repetita du Franc CFA, a confié à APA.
« Je pense que la crainte de voir l’Eco comme étant un CFA bis n’est pas justifiée pour une raison simple : le projet de création de cette monnaie dit explicitement qu’à terme, elle aura un taux de change flexible et sera pilotée via un ciblage de l’inflation », a expliqué l’ancien ministre togolais de la Prospective et de l’évaluation des politiques publiques, qui plaide depuis longtemps pour l'abandon du franc CFA par les États d'Afrique de l'Ouest.
Garantie par la France sous certaines conditions, la future monnaie des huit pays de l’Uemoa conservera une parité fixe avec l'euro et la même valeur de la monnaie pour les consommateurs. Cette disposition pourrait cependant évoluer dans le temps et en fonction de la volonté des autres pays de la Cedeao lorsqu'ils décideront de rejoindre l'Eco.
Par ailleurs, souligne l’auteur de « L'improvisation économique en Afrique de l'Ouest, du coton au franc CFA », l’annonce qui veut que l’Eco soit à un taux de change fixe avec l’euro « vise à ne pas affoler les marchés financiers et provoquer un phénomène de fuite devant la monnaie ». Toutefois, elle « est une mesure transitoire » qu’il faudra surveiller, prévient-il.
Qualifiant de « mesures historiques » la décision de fermer le compte d’opérations, de rapatrier les réserves de change et de changer le nom du Franc CFA, l’ancien directeur de la Francophonie économique et numérique au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie estime que la question importante à se poser aujourd’hui est de savoir si « les critères de convergence sont une condition nécessaire ou suffisante » pour pouvoir intégrer la zone Eco.
A ce propos, il note que les pays de l’Uemoa sont « les plus proches » car ayant déjà des critères de convergence depuis 1999. Toutefois, le Togolais précise que seul son pays respecte à ce jour le critère du maintien du déficit budgétaire sur le PIB à un taux inférieur ou égal à 3%.
Evoquant la question de l’intégration des autres pays de la Cedeao dans cette prochaine union monétaire, Kako Nubupko met l’accent sur la condition fixée par le géant nigérian, à savoir la rupture totale avec le trésor français. Une partie de cette exigence a été satisfaite par les Etats de l’Uemoa qui ont obtenu le rapatriement de 50% de leurs réserves de change détenues à la Banque de France.
Malgré cette avancée, il avertit « qu’il ne faut pas dire qu’on a signé l’acte de mort de l’Eco » parce que la première économie du continent africain n’a pas encore rejoint la zone Eco.
Selon l’économiste, il « se dessine un schéma à deux étapes : le noyau dur des pays de l’Uemoa avec les pays qui ont le même profil économique que lui comme le Ghana, la Guinée, le Libéria (…) avec qui il faudra négocier en premier, et ensuite une seconde étape qui serait la négociation avec le Nigéria qui n’a pas le même profil économique que nous, car étant grand exportateur de pétrole ».
par Mamadou Ndiaye
NOËL ARRIVE...
Catholique pratiquant, Lepold Sédar Senghor a su, avec intelligence, forger la nation sénégalaise en s’appuyant sur ses ressorts et ses valeurs cardinales qui ont cimenté les communautés
Noël au chaud ! Le temps de référence change. L’atmosphère hésite entre douceur et fraîcheur. Peu importent les évolutions saisonnières, le culte subsiste. A cet égard, nos frères chrétiens se montrent toujours enthousiastes pour célébrer la Nativité avec ferveur et jovialité. A l’approche de la fête et en habits de lumières, Dakar, la capitale, donnait le ton. Avec faste. Les rues s’illuminaient de mille feux, enjolivant les soirées plongées dans une ambiance féérique la dernière semaine de l’année qui s’achève. Au Sénégal, cette fête appartient en principe à la minorité catholique dont les moments de réjouissance se diffusent à une vaste échelle d’un pays majoritairement musulman !
Le Sénégal offre ainsi à la face du monde le visage lisse d’une nation diverse, ouverte et tolérante où coexistent, sans heurts, toutes les confessions religieuses. Les lieux de culte (églises et mosquées) voisinent ou jalonnent les quartiers dans une belle harmonie. Le dialogue islamo-chrétien a de profondes racines pour faire fleurir la paix, socle de vie d’une société qui accepte les différences et les nourrit même si elle ne les entretient proprement.
Ces acquis, fruit d’une tradition séculaire, structurent les rapports entre hommes et femmes qui, en s’appropriant la lettre, acquièrent l‘esprit et développent une puissante culture de paix. Celle-ci prévaut dans le pays. Les familles conjuguent la paix dans tous les temps. Elles la vivent dans leur chair. Par tous les moyens, elles tentent de préserver ce précieux héritage qui est un entrelacement de destins croisés, un enchevêtrement de parcours mais aussi et surtout un idéal de vie partagé.
Que de cimetières catholiques incorporant des tombes de musulmans ! Que de lieux de cultes chrétiens disséminés dans des zones à forte prédominance musulmane ! Plusieurs facteurs se conjuguent pour donner naissance à ce trait socioculturel éminent. Mais un homme l’a incarné au plus haut point : Léopold Sédar Senghor, premier président de la République. Catholique pratiquant, ce grammairien agrégé, poète de haute facture, a su, avec intelligence, forger la nation sénégalaise en s’appuyant sur ses ressorts et ses valeurs cardinales qui ont cimenté les communautés. Lesquelles ont fini de faire de leurs différences, une richesse chantée, louée et vantée.
Cette singularité bien sénégalaise se reflète dans de nombreuses familles mixtes, à l’école, dans les corps assermentés, les pouvoirs politiques, économiques et sociaux. A l’inauguration au mois de septembre dernier de la majestueuse mosquée Massalikoul Djinane, l’archevêque Benjamin Ndiaye, à la tête d’une délégation de l’Archidiocèse de Dakar, a rendu visite à Sérigne Mountakha MBacké, Khalife Général des Mourides. Mémorable rencontre ponctuée d’amabilités entre deux hommes de Dieu qui ont su parler le même langage de paix pour se comprendre et envoyer un signal clair aux croyants.
Les mêmes croyants, les mourides notamment, se sont vu ouvrir les portes de l’église de Bopp, lorsque la rue a paru petite et exiguë pour contenir les nombreux fidèles venus à la fois pour la prière du vendredi et l’ouverture de la Grande Mosquée. Les faits révèlent en eux la grandeur des guides religieux, leur clairvoyance et l’actualité de l’enseignement qu’ils professent. L’universalité du message divin peut s’apprécier comme un dénominateur commun entre gens lettrés, de surcroît gens de Livres. Sans prétendre à l’œcuménisme, l’unité qui en découle favorise l’éclosion de la concorde au grand bonheur des populations en quête de rédemption face à un quotidien chaque jour plus éprouvant.
Au cours de l’histoire, des épisodes riches en péripéties ont rythmé la marche du Sénégal. Le président Senghor, d’extraction rurale, a pu s’adresser aux paysans dans un langage dépouillé, séduisant les foules et convaincant les guides religieux. C’est ainsi qu’il reçut le soutien de l’incomparable Sérigne Fallou Mbacké, de l’héroïque Thierno Seydou Nourou Tall et du fin lettré Khalifa Ababacar Sy. Décidé à descendre dans l’arène politique, Sérigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum, rend visite à Sérigne Abdoul Ahad MBacké pour lui faire part de son intention de combattre Senghor. « Je peux tout t‘offrir sauf cet objet de ta requête. Simplement parce que ton père et ton oncle Sérigne Fallou ont prié pour Senghor. » Le débat était clos entre les deux hommes connus pour leur intelligence vive et leur habileté qui frise la romance.
Avec le recul, des décennies plus tard, ce savoureux tête-à-tête traduit l’éloquence de nos guides religieux, leur savoir-faire social et leur sens aigu des responsabilités quand l’exigent justement la situation ou les contextes. Les problèmes, même complexes, trouvaient des solutions. Parfois avec une déroutante simplicité. Gardons-nous encore aujourd’hui ces réflexes de bons sens, cette lucidité ou cette lecture subtile d’une société en proie aux soubresauts ? Il est permis d’en douter au regard de la parole désacralisée, insensée et irréfléchie.
La parole abrupte et discourtoise envahit l’espace public. Elle tient même lieu de vérité. Alors qu’elle en est dépouillée. Personne ne s’en aperçoit. Ou plutôt cela n’offusque personne. Dans le fond, cette parole est d’autant plus fausse qu’elle est désarticulée, parce que désincarnée. L’opinion publique ne s’en émeut pas outre mesure. Ceux qui professent cette parole, souvent des irresponsables (au sens d’acteurs assujettis à la reddition), tiennent le haut du pavé. Leurs ritournelles : le franc CFA, le pétrole et le gaz, « France dégage » ! Eux ne s’engagent pas. Du moins dans des projets de transformation. Ils ressemblent plutôt à des ascètes de la Thébaïde.
Ils occupent indistinctement les médias pour hurler, vociférer. Un mal d’orgueil stupide ruine leur élan basé sur le dégoût ! Leur médiocrité se diffuse, se répand par le truchement de médias très peu regardant sur la source émettrice, la véracité ou le manque de sérieux. Des médias anesthésiés par l’urgence, tétanisés par l’empressement relayent sans discernement des propos immondes. La paresse des médias, ajoutée à l’outrecuidance d’hommes de petite vertu, renforce la propagation de contre-vérités qui se libèrent à flots continus. Qui croire, le mensonge ou la rumeur ? L’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, a voix au chapitre : « il n’y a pas d’un côté les anges et de l’autre les démons ». Parole de sage…
Joyeux Noël. Bonne année 2020, pleine de résolutions positives…
LE NIGERIA PRUDENT CONCERNANT L'ÉCO
« Il est évident que nous ne sommes pas tous prêts, reconnait un responsable ouest-africain. Abuja a l'impression que l'on veut brûler les étapes »
Le franc CFA devrait être remplacé d'ici 2020 par l'éco. Pour l'instant, le projet concerne huit pays francophones d'Afrique de l'Ouest. Le but, à terme, est d'étendre cette monnaie aux 15 membres de la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Mais le Nigeria, qui représente 60 à 75% du PIB de la Cédéao, voit cette annonce avec beaucoup de prudence.
Pour le Nigeria, l'abandon du franc CFA n'est qu'un premier pas. « On se détache de la France, les pays anglophones de la Cédéao attendaient ce geste », explique une source diplomatique. « Sur le plan politique, les réticences persistent. Paris reste garant de l'éco, mais avec quelle contrepartie?», s'interroge de son côté l'analyste nigérian Emmanuel Igha.
Abuja, qui gère déjà sa propre devise, le naïra, conditionne la mise en place de l'éco à une discipline budgétaire. La ministre nigériane des Finances, Zainab Shamsuna Ahmed, le répète à chaque réunion : les critères de convergence doivent être respectés. À savoir un déficit budgétaire qui n'excède pas les 3%, une inflation de moins de 10% et une dette inférieure à 70% du PIB. Or à ce stade, seul le Togo répond à ces exigences. « Il est évident que nous ne sommes pas tous prêts, reconnait un responsable ouest-africain. Abuja a l'impression que l'on veut brûler les étapes ».
Bismarck Rewane, consultant et PDG du cabinet Financial Derivatives, résume les enjeux : « Pour nous, l'éco est une transition vers une éventuelle monnaie commune en Afrique de l'Ouest, qui rassemblera les pays anglophones et francophones. D'abord, côté nigérian, il nous faut lever une question : le naïra n'est pas une monnaie convertible. Ensuite, il faut que les critères de convergences soient établis et respectés. Enfin, il faut que les pays francophones soient indépendants du soutien dont ils bénéficient avec la France. En effet, avec ce nouvel accord, Paris conserve un rôle de garant financier. Pour nous, pays anglophones, cela pose une question de gouvernance d'autant que l'éco sera toujours arrimé à l'euro. Mais selon moi, cette garantie ne peut pas durer de manière illimitée. Donc nous sommes dans une période de transition, qui prépare progressivement nos États à une intégration régionale, dans laquelle tous les pays d'Afrique de l'Ouest auront une monnaie unique, basée sur des critères de convergence. Cela va prendre du temps. »
Le Nigeria fait donc preuve de prudence. En témoignent les longues discussions avant d'adhérer à la zone continentale de libre-échange; ou encore, la fermeture de sa frontière terrestre depuis août, pour lutter contre la contrebande. Selon Abdoul Salam Bello, chercheur invité à l'Atlantic Council et auteur de La régionalisation en Afrique, « le Nigeria cherche avant tout à protéger son marché, à diversifier son économie et à s'industrialiser, constate ce spécialiste. Cela l'amène à être réservé sur les questions d'intégration ».
Par Abdou Karim DIARRA
SE FÉLICITER DES ACCORDS D’ABIDJAN
Ne faisons pas la fine bouche parce que personne n’osait penser un jour que la France ne gérerait plus nos réserves de change, ni qu’elle ne siégerait plus dans les instances de gouvernance de l’UEMOA pour y faire le gendarme financier
Rien que la disparition du FCFA, symbole de la dictature coloniale française depuis plus de 75 ans mérite à être magnifiée pour nos dirigeants, mais surtout du coupé décalé pour Alassane Ouattara. Une étape importante vers la souveraineté monétaire a été franchie samedi à Abidjan avec la fin du mécanisme du compte d’opération et le passage prévu à l’Eco pour les huit pays de l’Uemoa. Savourons déjà cela. Le reste attendra.
La France est décapitée. Il reste à l’achever. Cela demande encore du temps et surtout une dose de courage politique qui doit être dicté par un réalisme qui prend cependant en compte l’environnement économique et financier mondial. Comment comprendre certains qui disent qu’avec la garantie de stabilité accordée par la France à l’Eco, rien ne change. Un tel discours ne repose sur rien. Il faut l’honnêteté intellectuelle pour reconnaître quand même qu’il y a eu quelque chose d’inédit dans ce qui s’est passé à Abidjan. Il reste qu’entre ce samedi et ce dimanche, on aura tout entendu surtout venant d’agitateurs, d’économistes dépassés et d’une autre époque jusqu’à prédire l’échec du projet d’intégration de la Cedeao, de pseudo-économistes qui ont pollué les médias pour plus s’exposer que d’expliquer aux 80 millions d’habitants de l’Uemoa la portée historique des accords d’Abidjan du samedi 21 décembre 2019.Le danger énorme, c’est le pessimisme de mauvais aloi de certains intellectuels de notre espace. Tout peindre en noir.
Tout est suspect à leurs yeux. Cela frise de la désinvolture. Ne faisons pas la fine bouche parce que personne n’osait penser un jour que la France ne gérerait plus nos réserves de change au niveau de son Trésor, ni qu’elle ne siégerait plus dans les instances de gouvernance de l’UMOA pour y faire le gendarme financier. Que le franc CFA disparaisse de la circulation, que nos réserves de change ne soient plus logées obligatoirement en France et que des fonctionnaires français ne siègent plus dans nos instances de gouvernance monétaire…
Et après cela, il se trouve des gens pour soutenir encore que rien n’a changé ? Il est vrai que nos chefs d’Etat ont toujours tellement courbé l’échine devant la France, son président et ses ministres que tout ce qu’ils font avec l’ancien colonisateur est forcément suspect. Il n’est qu’à rappeler la fameuse dévaluation du FCFA en 1994 imposée en quelques heures par un petit ministre français de la Coopération du gouvernement Balladur, M. Michel Roussin en l’occurrence, pour se convaincre de cet asservissement. La tutelle française est un facteur de blocage pour l’avènement de la monnaie unique de la CEDEAO. De nombreuses tentatives ont échoué du fait que la France était encore omniprésente dans notre système monétaire. Cela, des pays comme le Nigéria et le Ghana, les têtes de pont du système anglophone, ne pouvaient l’accepter.
L’acte posé ce samedi doit être vu comme un processus bien lancé. Un processus qui rend possible la fusion monétaire avec les autres sept pays de la Cedeao. C’est pourquoi, on ne doit pas cracher dans la soupe en soulevant des futilités qui sonnent comme une cosmétique de représentation. Les enjeux sont importants et, pour une fois, demandent une convergence de toute la société civile, des économistes, et, surtout, de la classe politique pour rendre possible cette grande ambition d’une monnaie commune à toute la CEDEAO. Prenons les acquis déjà obtenus et laissons se dérouler le processus de création de cette future monnaie commune. Un processus qui pourrait faire l’objet de rectifications nécessaires au fur et à mesure. Ne soyons pas nihilistes, en pensant toujours au petit coup fourré de l’homme blanc. Certes, il est vrai que ce dernier n’est pas digne de confiance, mais tout de même quelque chose s’est passé à Abidjan ce samedi 21 décembre 2019. Dégustons donc ce que nos chefs d’Etat ont pu décrocher à Abidjan en attendant….
SORO, LE FUGITIF
Le visage de l’ancien chef rebelle et candidat déclaré à la présidentielle ivoirienne 2020 est à la Une de tous les journaux de son pays. Et rien que le choix des titres indique la passion qui entoure cette personnalité
Le visage de l’ancien chef rebelle et candidat déclaré à la présidentielle ivoirienne 2020 est à la Une de tous les journaux de son pays. Et rien que le choix des titres indique la passion qui entoure cette personnalité. Certains sont strictement factuels. « Un mandat d’arrêt contre Soro » : c’est le choix du Quotidien d’Abidjan ou du journal Le Miroir. L’Intelligent d’Abidjan fait le récit le plus précis possible de son arrivée manquée dans la capitale économique, son avion dérouté vers Accra. Le Matin nous dit qu’il est en fuite vers l’Espagne, qu’Interpol est « à ses trousses ».
Mais il y a aussi des titres qui font davantage figure de commentaires. Le journal Le Rassemblement semble satisfait des derniers événements : « Soro a cherché, Soro a trouvé, enfin ! » Le Temps annonce : « Le président Gbagbo avait prévenu Soro ».
D’autres paraissent beaucoup moins enthousiastes, comme le Nouveau Courrier : « Le régime déclare la guerre à Soro ». « La machination ! », titre Générations Nouvelles. « La guerre des ex-alliés s’intensifie », ajoute Notre Voie.
Crainte pour la paix
Quoi qu’il en soit, le retour au pays de Guillaume Soro est manqué. C’est tout le sens de l’éditorial de l’Observateur Paalga. « Ce devait être le retour triomphal de l’enfant prodige, écrit le quotidien burkinabè. Cela s’est transformé en véritable désillusion. Drôle d’akwaba(bienvenue en baoulé) pour celui qui était, il n’y a pas longtemps, la 2e personnalité de l’État ivoirien.L’ancien patron des Forces nouvelles a passé presque un semestre à l’extérieur, tissant sa toile internationale, échappant de peu à Barcelone en Espagne à une arrestation dans son hôtel ; opération, selon lui, téléguidée depuis Abidjan, avant de déclarer sa candidature, même si c’était devenu un secret de Polichinelle. »
«Le divorce était déjà consommé entre Soro et son mentor ADO, poursuit le journal burkinabè. Avec ce dernier rebondissement, la guerre est maintenant déclarée, et elle sera impitoyable. N’ayant plus rien à perdre politiquement, il faut craindre qu’il ne joue le tout pour le tout pour sa survie politique, sociale et même physique. Malheureusement, quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui en pâtit le plus. Il faut donc craindre que la paix ne soit menacée. »
Alliés d’hier, ennemis d’aujourd’hui
La descente aux enfers commence pour Guillaume Soro, estime pour sa part Le Pays. Mais « pour qui connaît sa pugnacité et sa ténacité, il y a lieu de craindre pour la Côte d’Ivoire, tant ce jeune loup aux dents longues est capable de tout. Soro, faut-il le reconnaître, compte de nombreux soutiens qui sont loin d’être des enfants de chœur. En tout cas, à l’allure où vont les choses, la Côte d’Ivoire n’est pas à l’abri d’une nouvelle rébellion. Cela dit, s’il y a quelqu’un qui, actuellement, peut boire son petit lait en voyant ADO et Soro dressés l’un contre l’autre, c’est bien Laurent Gbagbo contre qui les deux hommes s’étaient coalisés pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Comme quoi, en politique, les alliés d’hier peuvent subitement devenir les ennemis d’aujourd’hui et vice versa. »
Par Moustapha Kassé
L’ECO OU LA CONTINUITE DES FONDAMENTAUX DU CFA
Je ne suis pas surpris par l’effacement du CFA et la continuité de ses fondamentaux dans une nouvelle institution monétaire : l’éco.
Je ne suis pas surpris par l’effacement du CFA et la continuité de ses fondamentaux dans une nouvelle institution monétaire : l’éco. Depuis les années 80, dans plusieurs articles et ouvrages toutes mes recherches ce sont focalisées sur l’impérative nécessité des réformes adaptatives, encouragé en cela par le Professeur Samir Amin. Je dois rappeler trois écrits qui, depuis les années 90, jalonnent mes réflexions sur l’impérative nécessité de réformes adaptatives de la Zone Franc en vue de l’organisation d’un Système Monétaire Régional en Afrique de l’Ouest (SMR) comme alternative aux crises permanentes du Système Monétaire International (SMI) et aux défaillances des organisations internationales de régulation (FMI, Banque mondiale, BRI, l’OMC) révélée par l’impertinence de leur épure théorique, la panne d’idéologie, le manque de légitimité, la concurrence d’autres organes de régulation (PNUD, CNUCED etc.). En premier lieu, dans mon ouvrage sur le « Développement par l’intégration » au chapitre 4 relatif à la création d’un système monétaire régional (aux NEA) dans lequel j’avais conduit une évaluation critique de la disparition de la Chambre de compensation de l’Afrique de l’Ouest (CCAO) dont la faillite était évidente du fait de certains facteurs dont les difficultés opérationnelles notamment l’instabilité du taux de change, les mauvaises télécommunications, le retard dans le traitement des transactions, l’accumulation d’arriérés importants payables en devises étrangères, la faiblesse des systèmes de paiements dans certains pays etc.).
En second lieu, nous avons organisé avec le Professeur Hakim Ben HAMMOUDA un Colloque qui a réuni à Ouagadougou, en 2001, plus de 300 chercheurs africains. Les travaux ont été consignés dans l’ouvrage : « L’avenir de la zone franc » (Editions Karthala). Dans la même direction, dans le cadre de l’Union Africaine, le Congrès des Économistes africains a traité, en 2009, à Nairobi de l’unification monétaire en Afrique conformément à la Charte Constitutive de cette organisation panafricaine. En 2009, nous avons assuré la présidence du Comité scientifique d’une recherche collective regroupant les économistes et universitaires de la CEDEAO autour du thème « Sortir du sous-développement, quelles nouvelles pistes pour l’Afrique de l’Ouest ». Cette organisation regroupait les Professeurs Bamba Abdoul GADIRI (Problématique de la convergence), IGUE John Historien (« Le Bénin un État entrepôt ») et G. SEMEDO (« La Zone franc Mécanismes et perspectives ») et des auteurs anglophones (Nigéria, Ghana, Libéria, Cap Vert etc…), un symposium de restitution a été organisé à Ouagadougou en juin 2010, suivi de la publication d’un ouvrage en 3 tomes sur le même titre (Éditions l’Harmattan).
En troisième lieu, nous avons publié en2016 un article de synthèse intitulé : « Perspectives de réformes adaptatives de la zone franc: Pour des ajustements concertés ». Je soulignais en toute lucidité les avantages des fondamentaux du CFA et les réformes qui peuvent être introduites.
I/ QUELS SONT LES APPORTS DU DÉFUNT SYSTÈME.
Dans toutes les mutations, il faut savoir sauvegarder les bonnes règles qui ont induit des progrès certains. La Zone franc a produit des avantages bien connus qui sont au nombre de cinq : la stabilité de la monnaie que recherchent toutes les monnaies du monde ; la convertibilité qui encourage les Investissements Directs étrangers rendus nécessaires par le lourd déficit d’épargne ; l’accroissement des échanges avec l’UE qui est la première puissance commerciale mondiale suite à l’absence de risque de change et de commission; le levier pour l’assainissement des finances publiques et la lutte contre l’inflation ; un espace de solidarité et de coprospérité tiré par les principaux moteurs que sont la Côte d’Ivoire et le Sénégal : les excédents des uns ont toujours comblé le déficit des autres.
Ces avantages ont créé un climat de confiance qui a facilité les Investissements Directs étrangers et ont eu pour conséquence d’abord une croissance économique appréciable des États (que les politiques d’offre du PSE peuvent accroitre), ensuite une faible croissance monétaire et une inflation maitrisée (influe sur le pouvoir d’achat), en outre, une forte surliquidité des banques et enfin un niveau appréciable des réserves extérieures de la Banque Centrale. À cela s’ajoute une rigoureuse discipline monétaire consistant à contenir l’expansion de la liquidité pour éviter les tensions inflationnistes ruineuses ( Cf, Zaïre, Mali, Zimbabwe, etc.).
II/ QUE FAIRE DES RÉSERVES DE LA BCEAO ?
Antérieurement, 50% des avoirs étaient placés auprès du Trésor public français (Compte d’Opération) qui les rémunérait au taux de fiscalité marginal de la Banque Centrale Européenne. Il semblait apparaitre un paradoxe apparent entre des besoins de financement les États et les réserves substantielles, mais brutes de la BCEAO. En réalité, cette question se décompose en deux interrogations, la première est de savoir si effectivement les réserves extérieures de la BCEAO sont excessives par rapport à leurs utilisations et la seconde étant, si tel était le cas, comment tirer profit de l'ampleur de ces réserves.
Le compte d’opération est fermé, mais la question demeure toujours de savoir que va-t-on faire de ces ressources trop fortement fantasmées en ignorance totale avec les utilisations de tels avoirs dans une Banque Centrale ?
Théoriquement, le niveau des réserves de toute Banque centrale est apprécié à partir de ratios clairement établis et qui sont de quatre ordres: (i) le respect d’un ratio des réserves rapportées à la masse monétaire, c’est le taux de couverture de l’émission monétaire dont le niveau dépend des caractéristiques institutionnelles (il est à 60%, 183% au Japon, 53% en Corée et 71% en Thaïlande, ce taux est modifiable); (ii) l’amortissement des risques de change face à la montée en puissance des forces du marché réel ou supposé, les actions individuelles des États seraient inopérantes suite à la spéculation financière), (iii) la couverture des importations la couverture de sept mois d’importation pour l’ensemble des États est modifiable et (iv) les avoirs déposés par le système bancaire caractérisé par sa surliquidité qui relève d’une optimisation des profits en fonction de la nature des crédits. Ces divers ratios conjugués montrent que le volume des réserves extérieures brutes est moins important que les chiffres faramineux avancés dans le débat. À ce montant brut, il faut soustraire le total des utilisations obligatoires, les accumulations d’arriérés extérieurs des États et les dépôts du système bancaire. C’est le surplus disponible qui formait le compte d’opération géré par le Trésor français était rémunéré par un taux de placement supérieur à celui de l’EURIBOR, du LIBOR et à certains taux d’intérêt des obligations émises par les Trésors publics des États membres.
Alors quelle serait l’affection possible des excédents (surplus ou bénéfices)? L’utilisation de ces bénéfices relève du Conseil des Ministres de l’UMOA (art 67 des statuts). J’avais postulé quatre scénarios d’emploi possibles : le premier pourrait être le transfert d’une partie des réserves extérieures restantes de la Banque Centrale aux Trésors publics des États membres. Cela reviendrait tout bonnement à faire des avances directes de la Banque Centrale aux trésors publics. Dans le passé, cette pratique s’était avérée inefficiente, le second serait la répartition des avoirs entre les États de l’Union au prorata de leurs parts respectives, dans ce cas de figure, la Cote d’Ivoire raflerait la mise, suivi du Sénégal? Certains pays auront des parts modestes et même d’autres pourraient ne rien avoir. Le troisième scénario serait l’Émission d’obligations publiques, soit à la diligence des États ou de la Commission de l’UEMOA pour financer le Programme économique Régional (PER) ce qui va consolider la gouvernance et approfondir l’intégration par le développement des infrastructures économiques, les investissements productifs, la promotion des ressources humaines et les innovations et la recherche. Le quatrième cas de figure pourrait être l’affectation d’une partie des ressources excédentaires à la BOAD qui emprunte sur les marchés externes pour prêter aux États membres.
III/ QUELLES MUTATIONS INSTITUTIONNELLES ET DE GOUVERNANCE DE LA BCEAO : QUELLES NOUVELLES MISSIONS POUR UNE BANQUE CENTRALE INDÉPENDANTE.
Selon Dominique PLIHON, « Dans leur histoire, les banques centrales ont rempli plusieurs fonctions (financement des États, stabilité économique et monétaire, etc.), 1) depuis leur création, elles ont dû évoluer pour s’adapter aux transformations de leur environnement ; 2) au cours de la seconde moitié du 20e siècle : deux générations de banquiers centraux « keynésiens » et « monétaristes » ont appliqué les mutations de leur chapelle idéologique et 3) au début du 21e siècle, elles tentent de s’adapter pour faire face à trois défis majeurs : L’instabilité financière, le changement climatique et la transition écologique (économie verte).
La principale mission de la BCEAO, prêteur en dernier ressort, demeure toujours de garantir la stabilité de la monnaie avec de nombreuses règles prudentielles (les règles de Bale) et d’assurer un certain niveau des liquidités pour lutter contre l’inflation comme objectif central (contestée par les partisans du free banking). Depuis la dure crise financière de 2007/2008, les Banques centrales ont de nouvelles missions : booster l’économie, protéger les États par des taux directeurs très bas, injecter plus de liquidités afin d’inciter les banques à accroitre les prêts. Cette mission prend du relief pour notre système bancaire caractérisé par une forte concentration de l’activité sur le court terme, l’absence de différenciation de l’offre bancaire (mêmes types de produits et de services), la présence de plus en plus affirmée de non-banques sur certains segments du marché bancaire (marchés contestables avec entrée et sortie à moindre coût, Pape Diallo, ISF, Financial Afrik). Ce système ne peut guère financer le long terme et sert des taux d’intérêt élevés.
En évaluant la courbe des taux, les rendements à court terme sont supérieurs aux rendements à long terme ce qui signifie que les banques vont arbitrer en faveur des opérations de court terme donc au détriment de l’investissement productif. Seule la BCEAO peut inverser cette évolution pour amener les rendements à long terme à un niveau supérieur à ceux du court terme. Les leviers existent par exemple l'établissement d'une corrélation entre taux directeur et taux d’intérêt, l'exonération des crédits d’investissements lourds de la TOB, la révision à la baisse ou l'élimination même des réserves obligatoires (sous réserve des recommandations de Bale 1,2 et 3). Ces missions sont celles d’une Banque centrale indépendante même s’il est vrai que la souveraineté de la Banque Centrale n’est pas inscrite dans les traditions monétaires francaises. Cette option d’autonomie de la BCEAO est réalisable progressivement par amélioration des organes d’audit, de contrôle interne de gestion et par révision de la réglementation bancaire en supprimant les multiples protections dissuasives. Le Sénégal de par sa stabilité pourrait abriter des «Banques offshore» (le premier Président sénégalais de la Chambre de commerce, Issa DIOP, avait fait la proposition au Président SENGHOR dans les années 70).
EN CONCLUSION
Les réformes à venir de la Zone Franc qui viennent d’être prises notamment le changement d’appellation, la fermeture du compte d’opération, l’éviction des représentants de la France dans les diverses instances monétaires, l’arrimage à l’euro avec une parité fixe constituent des pas importants qu’il faut articuler au projet de création d’une monnaie unique de la CEDEAO. Les autorités politiques font preuve d’un engagement renouvelé pour une mise en œuvre rapide du projet : les institutions chargées de la mise en œuvre redoublent d’effort pour une collaboration accrue; les pays membres sont plus que déterminés à accélérer ou au moins soutenir le processus de mise en œuvre; des progrès même s’ils sont insuffisants ont été faits dans le cadre du Programme de Coopération Monétaire.
En définitive, d'initiative en initiative, cette stratégie tarde à se matérialiser à cause des difficultés d’instaurer des mécanismes de convergence économique et d’harmonisation budgétaire et fiscale. Pourtant, les critères, arrêtés depuis 2000 déjà, ne sont pas très éloignés de ceux en vigueur dans l’UEMOA à savoir : l’inflation devait être réduite à 10% en 2000 puis 5% en 2003, le déficit budgétaire à 5% en 2000 et 4% en 2002, la limite maximale des avances par la Banque centrale à 10% des recettes fiscales de l’année précédente, les réserves de change de trois mois en 2000 et six mois en 2003, la pression fiscale d’au moins 20%, des investissements publics et d’au moins 20% des recettes fiscales et une masse salariale de 30% au maximum des recettes fiscales.
Ces insuffisances et d’autres ont conduit au blocage de la première phase relative à la création de la seconde zone au sein de la CEDEAO, dénommée Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (ZMAO) qui est sensée regrouper des pays à indépendance monétaire, fortement asymétriques (Nigéria, Ghana, Guinée, Sierra Léone, Libéria, Cap-Vert, Gambie). Les reports successifs du lancement de cette Zone ont alimenté le pessimisme quant à la volonté politique des États de la ZMAO d'aller, comme prévu, à la fusion des différents mécanismes monétaires. Si tout cela était réglé, il faudrait finir par définir de nouvelles règles de parité entre toutes les monnaies, de convertibilité et de gestion de la monnaie centrale (KASSE, Pour un Système monétaire régional, 1994). Depuis l’élaboration de la stratégie «d'Approche accélérée de l'intégration» formulée en décembre 1999 à Lomé », les échéances sont toujours ajournées ce qui me fait dire que la monnaie unique de la CEDEAO est un véritable serpent de mer.
Par Professeur Moustapha Kassé,
Doyen honoraire, Membre de l’Académie et Officier des Palmes académiques, Commandeur de l’Ordre du Mérite universitaire
par Abdoulaye Cissé
AUDIO
KAAW MACKY, FAUT NOUS PARLER !
On le savait déjà, pas plus tard que le 03 décembre, que pour toi aussi le CFA était la monnaie la plus stable de la zone CEDEAO. Mais maintenant, on fait quoi ?
Une nouvelle monnaie nommée ECO et 1000 questions, et attend que Kaaw Macky nous explique le nouveau projet.
Mais par par-delà le débat idéologie, interrogeons le discours et la méthode d'enterrement de première classe notre désormais ancienne pauvre monnaie CFA.
La pièce montée Macron-Ado valait bien de payer un ticket au balcon pour apprécier le spectacle.
Abdoulaye Cissé, vous n'en avez pas loupé 1 minute !
En seront pour leur frais ceux qui croiront un seul mot de ce que les deux acteurs, qui se sont présentés à nous dans leur pièce montée du samedi soir, nous ont présenté comme un enterrement de première classe de notre monnaie, le CFA. En réalité un enterrement de vie garçon, de ce Grand gaillard nommé CFA. Le genre de cérémonial qu’on s’offre dans un dernier tour de piste comme pour se donner bonne conscience de changer de statut, tel le maton avec son bâton et qui promet qu’il ne matraque plus.
Foutaise bien sûr !
On peut parier qu’ils ne s’entendaient pas parler. Ni Macron, ni Ouattara !
Sérieux, on va finir par verser notre petite larme pour ce Macron qui apparemment tient vraiment à refaire son image auprès d’une jeunesse africaine, ce Macron qui veut démontrer par A + B qu’il ne nous veut que du bien. C’est finalement lui, le meilleur allié de tous les anti-français, que dis-je dans anti francs CFA. Comme dans la chanson, « les derniers sont les premiers » . . . au front bien sûr !
Avez-vous seulement écouté le président Français révéler à la face de l’Afrique et flanqué du président Ouattara à sa gauche. Je cite Emmanuel Macron : c’est aussi en entendant votre jeunesse que j’ai voulu engager cette réforme du francs CFA. J’ai entendu les critiques, je vois votre jeunesse qui nous reproche de continuer une relation qu’elle juge postcoloniale. Alors, rompons les amarres », fin de citation.
Sacré Macron, parce qu’après ça la pirouette tentée par le président Ouattara le visage défait par cette suprême humiliation, sa pirouette ne fait pas échos ici. C’était bien tenté quand même je cite Ouattara : « Cette décision historique a été prise en toute souveraineté ». Fin de citation.
Tu parles seulement pour ne rien dire, très cher ADO ! Car, elle est bien brusque cette souveraineté qui n’existait pas le 03 décembre dernier seulement à Dakar où vous avez laissé à ses revendications, cette jeunesse africaine aujourd’hui chantée par Macron jusque dans votre palais. La sentence de Dakar avait refroidi tout le monde en ce que vous nous aviez fait comprendre que les pays de l’union n’étaient pas prêts pour une monnaie commune.
Quelqu’un d’autre disait que le débat sur le franc n’est pas un jeu à somme nulle. C’est pour les mêmes raisons d’ailleurs qu’il ne faut pas penser que, parce que nous ne croyions pas Ouattara, qu’on est alors d’accord avec Macron !
Non, surtout pas, car il n’y a certainement aucune sincérité dans le propos du président Français pour son regard attendrissant à l’endroit de la jeunesse africaine alors que la jeunesse de son pays est en gilet jaune sans qu’il ne daigne l’entendre, le 2éme, le 3éme et le grand âge de son pays, tous ces gens sont en rouge depuis, rejoignant le front de la contestation pour préserver leur pouvoir d’achat se mettre vent debout contre la réforme des régimes de retraites en France sans que Macron ne verse sa larme pour son peuple. Alors, qu’on ne nous trompe pas !
Mais qu’importe les moyens finalement, cette réforme du franc CFA est déjà un pas vers la souveraineté monétaire et donc, bon à prendre.
Le reste est une question de confiance en ceux qui sont chargés de mettre en route la réforme. Et c’est ça le problème : les opinions publiques anti-CFA sont déjà très fâchées avec les dirigeants africains qui avec ce numéro de Macron n’ont pas arrangé leur cas, d’être tout juste des marionnettistes assistant au spectacle de la Baule.
Mais fallait-il attendre l’émergence de nouveaux types de dirigeants sur le continent pour engager la réforme : on aurait encore perdu beaucoup de temps.
La monnaie c’est important, mais ce qui nous concerne directement en tant que goorgoorlou, en pièces et billets de banque en circulation, ça ne représente guère plus que 5% des transactions. Tout le reste est en écriture et en transactions électroniques. C’est dire.
On désespère surtout de lire dans la résolution Macron-Ado pour les 8 que la France prépare déjà la sortie de la sortie du CFA, c’est-à-dire de l’échec de la sortie.
Le processus de sortie est déjà pépié par la France, mais ça c’est la faute des dirigeants que la vieille France a en face d’elle.
Demain, après l’échec de la sortie, Elle dira : vous voyez, ils n’ont pas été capables de conduire seuls leur « monnaie ».
C’est convenu de façon expresse que Si jamais les pays de la zone Eco n’ont plus de quoi payer leurs importations, la France le fera. Et le cas échéant, Paris se réserve le droit de revenir dans une instance de décision, notamment dans le Conseil politique monétaire. La porte d’entrée du retour quoi.
Djié djié djiééé comme dirait le comédien Michel Gohou : battara-ding, ils nous l’ont encore mis à l’envers !
Salif Keïta a bien interpellé son Koro IBK.
Moi c’est Kaaw Macky que j’ai envie d’interpeller.
Kaaw, c’est comment ?
Mon oncle, Faut nous parler toi aussi !
On le savait déjà pour toi, pas plus tard que le 03 décembre, que pour toi aussi le CFA était la monnaie la plus stable de la zone CEDEAO.
Mais maintenant, on fait quoi ?
K’est-ce qu’on fait, W’est-ce qu’on va Oncle Macky ?