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2 décembre 2024
Développement
Par Amadou Lamine SALL
NON, LA BIENNALE DAK’ART N’EST PAS HOSPITALISÉE
Radioscopie oui, autopsie non ! Le Dak’Art est bien vivant. Mais il faut toujours commencer par le commencement : remercier l’État du Sénégal !Ne jamais oublier ceux qui vous ont aidé à grandir
Radioscopie oui, autopsie non ! Le Dak’Art est bien vivant ! mais il faut toujours commencer par le commencement : remercier l’État du Sénégal !Ne jamais oublier ceux qui vous ont aidé à grandir. On dit souvent : « l’État n’a pas tout fait ». Avec le Dak’Art, il a tout fait. De 1990, date de sa création jusqu’à la prochaine édition de novembre 2024, près de 34 années se sont écoulées et l’État assume toujours le budget du Dak’Art. Ce n’est pas peu.
Moche, belle, pauvre ou riche, la Biennale a tenu, parce que l’État a tenu. Elle est née d’une volonté politique partie d’un rêve et d’une initiative du poète Amadou Lamine Sall et d’intellectuels qui le rejoindront dont le surdoué Moustapha Tambadou et l’écrivain Cheikh Hamidou Kane qui deviendra le 1er Président en exercice de la 1ère édition de 1990. Il y a eu surtout l’affirmation d’un homme : feu Moustapha KA, alors ministre de la Culture du Président Abdou Diouf. Les archives sont là pour tout attester. Une correspondance adressée au Président Abdou Diouf pourinstituer une « Biennale internationale des lettres et des arts », dans son appellation première, aura un écho favorable. Une réponse signée par un certain Jean Colin, Secrétaire Général de la présidence de la République de l’époque, nous donnera le feu vert.
L’année 1990 accueillit alors l’édition des Lettres. L’an 1992 celle des Arts, avant que Amadou Lamine Sall ne passe la main comme 1er Secrétaire Général en exercice. La Biennale devient alors une « Biennale de l’art africain contemporain », contre sa volonté, sous Madame le ministre feue Coura Ba Thiam. Son successeur, le brillant Rémy Sagna, fut d’une compétence hors norme. Pas un seul Secrétaire Général de la Biennale ne doit être omis dans les félicitations. Les ministres de la Culture également, même si certains nous laissent des souvenirs bien douloureux, à vite oublier.
Le Dak’Art est un tout. C’est l’œuvre d’une formidable famille depuis sa naissance. Pour l’histoire, nous avions convaincu le très chic et couru « BeauxArts Magazine » de Paris, dont le directeur de publication était Jean-Noël Beyler, de publier sous forme de numéro spécial, le catalogue de la Biennale des arts 1992, pour plus de rayonnement international. Même souvent en décomposition très avancée, le Dak’Art gagna et étonna le monde. Sa permanence, la foi des acteurs qui l’animent, la forte demande artistique africaine, l’encrage de la place de Dakar comme foyer ardent des arts depuis Senghor, la résonnance des galeristes dakarois, l’engagement admirable des critiques d’art nationaux, le travail colossal des journalistes culturels laissés à eux-mêmes, avec le nom du brave et inépuisable Alassane Cissé à retenir. Autant de dynamiques plurielles qui nourrissent la pérennité du Dak’Art.
Il est temps, désormais, que l’État du Sénégal dont nous ne cesserons jamais de louer l’action, accepte enfin de franchirle pas et de donner à la Biennale un statut décisif qui sied à ses missions, dû-t-il garder avec elle un cordon ombilical protecteur. Cela pourrait être sous la forme d’une « Fondation internationale d’utilité publique » dénommée, entre autres, « Fondation Art Mécénat International ». Cette proposition date déjà des années 92. Mais les États sont un peu comme les continents qui se déplacent plus lentement que les hommes. L’État est lent, comme figé. Combien d’études ont été financées sur le renouveau du statut de la Biennale pour aboutir à des rapports laissés aux rats dans les tiroirs des ministres ? En un mot, il ne s’agit de rien d’autre que de créer un outil performant et gagnant, un réservoir précieux de ressources humaines qualifiées, aptes à conduire le Dak’Art, à lui offrir l’opportunité d’aller capturer des financements internationaux hors de portée d’un État, pour mieux assurer l’avenir toujours chancelant mais incroyablement debout d’une Biennale unique en Afrique et désirée du monde.
Jean Loup Pivin, critique d’art, auteur d’essais sur les expressions contemporaines africaines, également fondateur de la célèbre « Revue Noire » écrit ceci : « …la survie de la Biennale ne viendra que dans son externalisation à une structure tiers sénégalaise avec un droit de regard sur la probité de sa gestion, soit avec un État qui continue mais arrête de faire croire qu’il sait faire… le Sénégal ne capitalise pas ce formidable engouement, mais au contraire le détruit. Sa gestion étatique remet en question sa crédibilité et interdit tout autre forme de financement… Qu’un pays, le Sénégal, s’investisse dans la propagation de sa vitalité reste à célébrer. Mais qu’il en finisse avec le bricolage organisationnel ». Enfin, Pivin fait sa propre évaluation de l’édition Dak’Art 2016, allant du choix des commissaires, aux productions et expositions, au colloque international « invraisemblable de désorganisation et sans traducteurs… aux torpeurs du Village des arts, un village atone, des artistes assoupis qui vous accueillent comme des marchands maladroits d’une galerie de misère … le non-retour des œuvres quand elles arrivaient à être dédouanées et exposées… un programme inaccessible … Il semblait qu’il n’y avait pas de pilote dans l’avion ». Oui, les critiques sont nécessaires, même quand elles font mal. Hélas, nous n’en avons pas la culture !
Le Dak’Art pourrait s’autofinancer si on lui accordait l’autonomie adéquate et laisser enfin l’État sénégalais souffler. Ce n’est pas l’argent qui manque chez les bailleurs. Il fait florès. La Biennale est « vendable ». Elle est crédible, créatrice d’emplois, de visibilité et elle rayonne. Ce qui a fait jusqu’ici défaut, c’est l’engagement concret de ministres en charge de la Culture qui n’ont jamais pris solidement en main le dossier de la Biennale et le porter sur le bureau du président de la République. Encore que ce dossier de réforme puisse être traité sans que l’on soit obligé d’aller déranger le Président qui a tant à faire. Parions que Madame le ministre Khady Diène Gaye la Joalienne et son branché Secrétaire d’État M. Bacary Sarr, s’y essayeront et réussiront. Juste les laisser prendre le temps de mieux comprendre pourtrancher. Il est également temps de surseoir à la fonction de « Président » du Dak’Art, pour dégrossir. Les évaluations sont incontournables. Elles reflètent la transparence et la rigueur d’un management ! Le « Comité dit d’orientation ou comité scientifique » de la Biennale devrait pouvoir être dirigé parle Secrétaire général lui-même avec à ses côtés le Directeur artistique et ses commissaires. Il arriverait même que le Président et le Secrétaire Général se marchent sur les pieds. D’ailleurs, à la vérité, ni l’un ni l’autre n’occupe des fonctions bien définies qu’un Arrêté ministériel tiède fixe sans définition stricte les missions.
Pour parler d’un certain Simon Njami deux fois Directeur artistique du Dak’Art, disons qu’il a parrapport à tous les précédents Directeurs artistiques de la Biennale, l’éclat, l’insolence oratoire et créatrice de nous secouer, de nous contrarier, de nous étonner, de nous montrer nos insuffisances créatrices. Il est écrivain, commissaire d’exposition, essayiste et critique d’art. Il est « polysémique » ! C’est cela la marque apportée par ce Directeur artistique audacieux, énigmatique, subtilement génial et si dérangeant. C’est bien avec lui que Dak’Art a innové avec des thématiques osées, décisives ! Il est venu réveiller les éternels retardataires et poussiéreux critiques classiques de l’art africain qui se suffisent du peu. En art, cela fait du bien de venir avec l’insulte et le coup de pied dans la fourmilière. N’était-ce pas cela la posture féconde et révoltée que l’éclectique et osé artiste sénégalais El Hadji Sy comme feu Mbaye Diop, avaient eu face aux peintres de la fameuse école de Dakar, sortie de la non moins géniale vision de Senghor ? C’est dans l’audace, le refus, la révolte, que l’art se tisse. C’est un don de saisissement et de provocation. C’est un court-circuit électrique, une foudre. Dans l’histoire de l’art et de ses surprises légendaires, on se souvient de Marcel Duchamp qui avait « envoyé une pissotière à un jury américain en déclenchant une révolution esthétique. » On pense aussi dans le contexte de l’aprèsguerre à cette émergence d’un art américain, une sorte « d’expressionisme abstrait » avec des peintres comme Jakson Pollock et Barnett Newman. Le Dak’Art est devenu un boulevard de feux verts. Il faut y mettre des feux rouges. On veut des accidents esthétiques spectaculaires ! C’est cela l’éclat de l’art contemporain ! Nous sommes en train de créer ensemble une nouvelle histoire de l’art africain avec le Dak’Art. Il nous faut alors des directeurs artistiques téméraires, singuliers, poliment irrévérencieux, libres, dérangeants, explorateurs d’espaces nouveaux. Faire également appel demain à des directeurs artistiques asiatiques, américains et sud-américains, afin d’ouvrir un regard toujours neuf sur le Dak’Art pour le réinventer sous le saisissement d’autres cultures qui l’enrichiront en dialoguant avec l’Afrique « prodigieuse ».
Il faut libérer le Dak’Art ! L’art a besoin d’infinis, de « coups d’état », de génocides plastiques, de meurtres esthétiques et de ruines habitables ! Au diable l’académisme des critiques d’art ! L’imposture artistique est même devenue un nouveau courant par l’incongruité d’œuvres qui nous perturbent par le surgissement de supports quirenversent notre vision tranquille de l’art. Les « installations » en font partie ! Aux critiques d’art de s’adapter aux nouveaux rites ! Aux galeristes de donner leur place aux « voyous », aux « violeurs », aux « marginaux » d’un art qui très vite a atteint ses limites de créativité courte et d’imitation. Les embouteillages des copistes sont devenus insoutenables. Nous sommes fatigués des « photocopies ». Nous voulons de nouveaux fous. Il nous faut de nouveaux « asiles » pour l’art africain contemporain. L’avenir est dans de nouvelles autoroutes artistiques et plastiques, sans tracés et sans péage ! N’oublions pas surtout la part fondamentale que doit prendre l’enseignement de l’éducation artistique dans nos écoles, juste pour faire naître des vocations. Elle devrait être une discipline obligatoire dans l’éducation nationale comme le latin l’était au temps de Senghor !
En art, le temps ne rattrape jamais les mauvais artistes déjà consacrés. Il les renforce. Il est des œuvres qui sont de véritables mensonges artistiques, mais on les fait gagner. Oui, on fabrique des artistes comme on fabrique des smartphones ! J’ai vécu cette incroyable aventure en rencontrant des galeristes qui font et défont le marché de l’art sur la place de Paris, Londres, New-York, Tokyo, la Havane, Johannesburg, Kinshasa. La Biennale a fait du Sénégal la capitale artistique et culturelle de l’Afrique et du monde. « Ce que la politique et la diplomatie n’ont pas su faire », Dak’Art l’a fait ! Ils viennent de partout, ils sont tous là les passionnés de l’art contemporain, jusqu’aux pernicieux et fidèles pilleurs et voleurs de patrimoine aux yeux bleus. Vivement, par ailleurs, la mise en fonction du musée d’art contemporain. Soyons ambitieux. Redonnons à l’Afrique sa place dans l’histoire de l’art. Elle a plus donné qu’elle n’a reçu. Nos artistes, sans injure, décolonisent en silence notre art et ses espaces de représentations. Nous sommes assez puissants et « divins » pour reconstituer et proposer au monde un art nouveau et des musées vivants. Nos artistes le prouvent. Le Dak’Art n’est plus seulement une Biennale, un pays. Le Dak’Art est ce qu’un continent peut apporter à d’autres continents dans l’émerveillement et le métissage artistique mondial. Si nos artistes ne dialoguent pas avec les autres créations esthétiques du monde, ils mourront. Tant mieux alors si la Biennale dialogue désormais aux confins des métissages, avec de meilleurs Picasso, de meilleurs Manet, des Gauguin plus fous encore, de meilleurs Manessier, de meilleurs Vinci.
Je repensais aux deux tableaux de Picasso revendus il y a peu, à 27 millions d’euros, soit près de 17 milliards FCFA et au Vinci récemment découvert et vendu à près de 450 millions de dollars, soit près de 270 milliards de FCFA. Comment devant le vertige de tels chiffres, ne pas replacer l’art dans sa dignité et les artistes dans leurs droits au respect, au confort, à la reconnaissance ? C’est si injuste cette dignité des mendiants dont on habille nos artistes en Afrique ! Un marché de l’art africain crédible et puissamment pensé et encadré par un partenariat syndiqué des plus puissantes institutions financières et bancaires africaines avec leurs homologues du Nord, pourrait faire rêver les héritiers de Pape Ibra Tall, Ibou Diouf, Bocar Diongue, Iba Ndiaye, Souley Keïta, Ndary Lo, l’éthiopien Zérihun Yetmgeta, le Zimbabwéen Tapfuma Gutsa, le Nigérian Muaina Oyélami, l’algérien Malek Salah. Le Dak’Art doit avoir cette ambition et ne pas s’arrêter à rien d’autre qu’à des expositions in et off, des colloques, des remises de distinctions et des prix si faiblement dotés et vite oubliés ! C’est d’ailleurs ici l’occasion de rechercher et de trouver toutes les œuvres primées depuis la Biennale des arts de 1992 à nos jours, pour les exposer dans notre prochain musée d’art contemporain avec un espace dénommé : « Regard sur les trésors nominés du Dak’Art depuis sa création ».
C’est ici, à Dakar et nulle part ailleurs, que la terre se donne rendez-vous pour voir, admirer, l’art africain contemporain. Les suites et les retombées économiques sont immenses et dépassent notre attente, sans que nous essayions d’en consigner les statistiques, ce qui a toujours fait notre faiblesse non usurpée. Comment, diable, dans notre maladive manque de rigueur et de prospective, arrivons-nous d’ailleurs, avec deux sous, une organisation boiteuse et plâtrée, à toujours étonner le monde ?
Quoiqu’il arrive, la prochaine édition de novembre 2024 sera encore une belle fête, même avec une claudicante organisation. C’est notre secret à nous les grands et prodigieux nègres ! Toutefois, la réussite existe toujours. Il suffit d’en payer le prix !
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DOCTEUR WACSI, MÉDECIN CHEF DES SOCIÉTÉS CIVILES
L’institut de la société civile ouest-africaine (WACSI) ausculte, diagnostique et prescrit des solutions aux organisations de la société civile ouest-africaine afin de les rendre plus efficace. L’assistante de programmes Mélissa Juisi Simo explique...
Comme toute structure, les organisations de la société civile ont aussi besoin de temps en temps de renforcement des capacités sur différentes thématiques pour plus d’efficience et d’efficacité.
Un organisme basé à Accra (Ghana) se dédie spécifiquement à ces acteurs de la société civile de la sous-région. Il s’agit de WACSI, West Africa Civile Society Institute, Institut de la société civile ouest africaine, en français).
Ainsi, en mars 2024, cette institution a donné une formation a 28 organisation de la société civile venues de 5 pays de l’Afrique de l’Ouest commandite par Open Society Africa, (ex-OSIWA) qui a entrepris une restructuration et a dû décider de ses séparer de ses partenaires classiques.
Mais sans doute, cette formation est un précieux cadeaux pour ces organisations même si, cette ONG philanthropique s’est séparée de ces partenaires.
Dans cette entrevue réalisée en marge de cette formation, l’assistante de formation de WACI, Melissa Juisi Simo, explique la mission de cette institut ainsi que sa méthode de travail en faveur des sociétés civiles ouest-africaine.
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OSIWA DOPE SES EX-PARTENAIRES OUEST-AFRICAINS
Accumulation d'actifs, entreprise sociale, services conseil, organisation d'événements ... Jusqu'où les ONG peuvent-elles aller dans la mobilisation des ressources ? Y-a-t-il un sens interdit au regard de la législation - Réponses dans ce reportage
Percutées en plein vol, au plus fort de la pandémie de Covid-19, cette pandémie planétaire a révélé la vulnérabilité, voire la fragilité des organisations de la société civile ouest-africaine, en termes de durabilité et de disponibilité des ressources. Une enquête réalisée par l’Institut de la société civile ouest africaine (WACSI) a étudié le phénomène pour constater que 76 à 80 % des OSC sont très peu résilientes. D’ailleurs, la pandémie a dû emporter certaines. C’est donc pour les rendre plus résilientes qu'Open Society Africa a organisé un renforcement des capacités à leur endroit en Côte d’Ivoire au mois de mars.
Open Society Africa (ex-Osiwa) a offert du 18 au 22 mars 2024 une formation aux acteurs de la société civile ouest-africaine sur «la mobilisation des ressources et la durabilité des organisations» à Abidjan. C’est une sorte de cadeau de fin de compagnonnage puisque suite à une restructuration sous-régionale qui a induit d’importants chamboulements au sein de l’Organisation, cette ONG a décidé de se séparer de ses partenaires classiques.
Cette formation est, de ce point de vue, d’une grande préciosité pour ces organisations qui vont devoir se trouver de nouveaux partenaires afin de mobiliser les ressources pour leur fonctionnement et pour garantir la pérennité de leurs actions.
La mobilisation des ressources reste un défi majeur pour les organisations de la société civile. S’il s’agit aussi bien sur les ressources humaines, technologiques, matérielles que financières, c’est surtout les finances semblent être le nerf de la guerre dans ce processus. À qui s’adresser ? À quelle porte frapper ? Comment s’y prendre.
Ce sont là quelques questions auxquelles les formateurs de WACSI ont tenté de répondre tant bien que mal dans le cadre de cette formation commanditée par Osiwa en faveur de ses anciens partenaires. Quelques pistes de financements ont été partagées aux acteurs comme l’entreprise sociale, le service conseil, l’accumulation d’actifs, le partenariat public-privé ou encore le don individuel.
Toutefois, un gros débat est apparu lors de la formation en lien avec la législation de certains pays : en tant qu’acteurs de la société civile jusqu’à où peut-on aller ou pas dans la mobilisation des ressources sachant qu’une ONG est une association à but non-lucratif ?
Une ONG, peut-elle faire du service conseil pour gagner de l’argent ? Peut-elle générer des ressources ? Et si oui à quoi ces ressources générées seront destinées ? Autrement, peut-il avoir de sens interdit pour les organisations à but non-lucratif ? In fine, si les formateurs de WACSI encourage fortement les associations à explorer toutes les méthodes proposées, leurs acteurs eux n'entdendent pas s'engager sur la voie de certaines stratégies qui leur semblent incompatibles avec leur identité au regrad de la loi ou pour se protéger contre certains pièges : collusion avec les politiciens, ragent sale, terrorisme, etc.
DES ACTEURS SE PENCHENT SUR LES RÉSULTATS DE RECHERCHE EN PASTORALISME
Le PPZS est un consortium fédérant des compétences pluridisciplinaires d’institutions telles que le CIRAD, l’ISRA, l’UCAD et le CSE.
Les travaux du conseil scientifique du Pole pastoralisme et zones sèches (PPZS) se sont ouverts lundi matin, dans les locaux de l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA), à Hann Bel-Air à Dakar, en présence d’universitaires, d’experts, d’étudiants, de chercheurs et divers autres acteurs.
”Ce conseil sera une tribune d’échanges entre les acteurs de la recherche et du développement (…) Je voudrais vous assurer de l’accompagnement du ministère. , a déclaré le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom.
Il présidait l’ouverture des travaux de ce conseil scientifique qui se tient sur trois jours, au Laboratoire national de l’élevage et de recherches vétérinaires (LNERV) de l’ISRA-Pôle de Recherche de Hann à Dakar.
La rencontre est consacrée aux résultats des activités scientifiques. Les participants vont aussi se prononcer sur l’évolution et les résultats de recherche du PPZS.
‘’Le Conseil scientifique du PPZS est un moment de réflexion et de partage d’une portée scientifique sans commune mesure sur l’élevage pastoral. Il participe au rayonnement de la science, du partenariat des institutions nationales et internationales qui le constituent’’, a pour sa part indiqué Momar Talla Seck, le directeur général de l’ISRA.
Il a dit en outre que ‘’le changement climatique continue d’exacerber les sécheresses et les pénuries d’eau, mettant en péril la subsistance même des communautés pastorales’’.
Selon lui, les conflits fonciers et les tensions intercommunautaires ‘’entravent souvent’’ les efforts de développement, ‘’sapant la cohésion sociale et compromettant la paix régionale’’.
‘’C’est pourquoi il est essentiel que nous redoublions d’efforts et que nous poursuivions notre collaboration afin de relever ces défis avec détermination et résilience’’, a-t-il exhorté.
‘’En unissant nos forces et en partageant nos connaissances et nos expériences, nous pouvons ouvrir la voie à un avenir plus prospère, équitable et durable pour les éleveurs et les habitants des zones sèches en Afrique de l’Ouest’’, a ajouté Momar Talla Seck.
Le PPZS est un consortium fédérant des compétences pluridisciplinaires d’institutions telles que le CIRAD, l’ISRA, l’UCAD et le CSE. Son objectif est de promouvoir le partenariat scientifique et le développement des territoires et des sociétés par la recherche et le transfert de connaissances sur les fonctions, les fonctionnements et les fonctionnalités de l’élevage pastoral.
par Elgas
L’ANTICOLONIALISME COMME FREIN AU PROGRESSISME EN AFRIQUE, RETOUR SUR UN IMPENSÉ
Pourquoi les penseurs africains, farouches progressistes chez eux, deviennent-ils si souvent des réactionnaires une fois en Occident ? Un paradoxe dérangeant, symptôme d'un conflit plus vaste entre anticolonialisme et progressisme
Ce court texte est la transcription de mon intervention au colloque «Religion et révolution conservatrice: perspectives comparatives» les 23, 24 et 25 octobre 2023 à Genève, à l'initiative de la Chaire Yves Oltramare. Il revient sur le potentiel dévoiement des luttes progressistes captives d'une vision des sociétés colonisées encore très paternaliste. Avec deux focus sur les usages de la religion, l'islam en l'occurrence au Sénégal, et l'alliance pour le moins surprenante entre décoloniaux en Occident et identitaires au Sud, il évoque les fragilités du front anticolonial.
D’où vient cette malédiction qui rend orphelins de soutien tant de chercheurs, d’artistes, d’intellectuels, d’universitaires africains, progressistes convaincus chez eux au Sud affrontant vaillamment divers périls et qui, pourtant, deviennent, une fois en Occident, des réactionnaires en puissance1 ? Cette question est le coeur d’expression de mésusages courants en période postcoloniale, mésusages ou glissements qui confortent le confusionnisme et nourrissent le conservatisme qu’on prétend pourtant combattre à « gauche ». Esseulés, délaissés, l’accusation de félonie vis-à-vis de leur communauté planant comme une ombre disqualifiante, ces auteurs et intellectuels du Sud, comme par exemple Kamel Daoud, Salman Rushdie, Abnousse Shalmani ou Rahmane Idrissa, forment pourtant un gisement de déconstruction de leurs sociétés, hélas abandonnés par une perspective décoloniale qui souvent cède à la logique de front plus qu’à celle de principes communs incessibles.
Où se situe le curseur de ce crédit moral si arbitrairement accordé qui revisite la phrase connue, vérité en dessous de la Méditerranée et hérésie au-delà ? Sur toutes les questions dont le progressisme est l’enjeu fondamental – droits des minorités, liberté religieuse, égalité hommes/femmes –, cette ligne de démarcation survit à tout universel, à son pendant marchand, la globalisation, et à son expression technologique, appelé par notre ami Marshall McLuhan « le village planétaire2 ». Donnée nouvelle, elle survit au bon sens longtemps échelle certes imparfaite mais opérante d’appréciation commune du gouvernement du monde. Dans un monde qui connaît de profondes convulsions, il n’est pourtant pas inutile, de refaire la généalogie et une radioscopie des conservatismes comme l’a proposé ce colloque bienvenu. Et saisir que les transformations, révolutions conservatrices, qui paraissent connaître un regain aujourd’hui avec leur caractère apocalyptique, au fond, semblent davantage s’apparenter à l’éveil de volcans idéologiques longtemps enfouis, endormis, jamais réellement vaincus, sinon à des étendards de combat et à un socle d’idées au service d’une alternative souhaitée à l’hégémonie occidentale. Pour le dire autrement, ce qui paraît si hégémonique aujourd’hui semble, selon notre hypothèse, être la manifestation d’une présence latente, longtemps confinée, et qui connaît une déflagration à la faveur de l’essoufflement du mythe de la centralité occidentale et de la promesse toujours renouvelée du progrès comme horizon naturel de l’humanité. Toutes les forces qui avaient dû, à contrecoeur, monter dans ce train, sentant la fragilité de la locomotive, délogent leurs velléités des marges pour les assumer pleinement. La permanence de cette révolution est un invariant historique, particulièrement en Afrique : elle est au fondement de cette optique du Sud dit « global », dont les esquisses formelles semblent aujourd’hui plus nettes. Dans la lutte fondatrice et essentielle contre la colonisation, encore structurante, il est pourtant essentiel de mesurer le coût de certaines accointances, où par mégarde, bonnes intentions, bonne conscience, parfois cynisme, l’anticolonialisme est devenu un frein au progressisme, créant ainsi une double échelle de valeurs qui contribue à la relégation, au relativisme moral. Longtemps carburant du colonialisme, il semble basculer de plus en plus dans la frange extrême de certaines pensées décoloniales.
Comprendre ainsi l’articulation d’un mélange de ressentiment colonial et d’une offensive conservatrice jamais résignée, requalifiée en identité unificatrice, sera le coeur de notre propos. Nous esquisserons d’abord une rapide histoire du conservatisme religieux au Sénégal, avec un croisement des perspectives confrériques et néo-puritaines, pour situer l’importance du discours religieux dans toute résistance, pour ensuite procéder à un examen des mouvements de jeunesse citoyens au Sénégal, via le rap entre autres, et leur tournant conservateur au nom de la lutte contre l’Occident. Nous nous intéresserons enfin à la sophistication d’un relativisme décolonial, notamment en Occident, qui attribue à l’Afrique un particularisme qui justifierait un conservatisme appréciable, le seul prisme de la domination finissant par conférer aux dominés un blanc-seing et une exemption de reddition de compte.
Les africanistes du fait confrérique au Sénégal, qu’ils s’agissent de Paul Marty3, de Donal Cruise O’brien4 ou de Vincent Monteil5, ont établi des monographies exhaustives de la naissance d’une confrérie, le
mouridisme. Cédant parfois à la tentation d’un romantisme sur un « islam noir » aux particularismes marqués, leurs travaux ont été la matière revisitée par le roman national sénégalais, finissant par devenir un mantra surexploité résumable ainsi : le syncrétisme sénégalais fait du soufisme un rempart contre l’avancée du wahhabisme. Séduisante et rassurante, cette lecture a trouvé des relais en Occident, tant elle donnait des gages, dans un monde musulman où diverses révolutions ont convié au pouvoir des religieux intégristes. Sans explorer le corpus idéologique confrérique, qui n’entre jamais en opposition frontale avec la base doctrinale de l’islam, et qui reprend ainsi à son compte toute la sémantique, la symbolique, les représentations du religieux, du puritanisme considéré pour beaucoup comme l’essence de la piété. Confondant la logique de la configuration sociale intégrée dans le rituel des cultures avec la modalité dogmatique du culte, il a été ainsi opéré, parfois à dessein, des réductions consommables sur l’idée d’un rempart interne, autorégulant, de nature à dissuader toute radicalité. Cette dépolitisation et ce désossement du religieux sont demeurés longtemps une lecture dominante, tant il ne fallait pas regarder en face les évolutions convergentes vers une hégémonie de l’islam destiné à apurer un paganisme qui n’a jamais eu bonne presse, et qui était même un franc ennemi de la religion.
Longtemps viatique du champ intellectuel, sur lequel le Sénégal a bâti sa réputation de havre du dialogue interreligieux, un livre pourtant en 1985, écrit par le journaliste Moriba Magassouba, venait jeter un pavé dans la mare. Son titre, un brin provocateur – L’islam au Sénégal. Demain les mollahs6 ? –, avait entraîné une déflagration. Première secousse dans l’entente cordiale, le document, fruit d’une enquête journalistique et d’un mémoire d’études, démontrait les assauts du puritanisme, la montée des marabouts, l’axe préférentiel des échanges religieux avec les pays du Golfe, et le puritanisme qui s’est attaqué aux religieux. Le film Cedo du cinéaste Ousmane Sembène en 1977, décrivant l’arrivée de l’islam en Afrique, la violence de la rencontre, et finalement la conversion progressive à marche forcée, semble avoir été un canevas pour le livre de Magassouba. La chronologie ainsi que l’enchaînement accréditent en effet l’idée d’une irréversible optique de conformisation religieuse. Le mouridisme a fondé sa légitimité et son autorité sur la figure charismatique de son fondateur, Cheikh Ahmadou Bamba. Résistant culturel, selon la terminologie des manuels d’histoire, il est le symbole le plus éloquent, et le plus populaire, d’un contre-discours qui s’appuie sur la résistance anticoloniale. Si l’histoire du djihad africain – comme le rappelle Pérouse de Montclos dans son livre L’Afrique, nouvelle frontière du djihad7 – n’obéit pas qu’à des logiques importées, le discours fédérateur s’est toujours fondé sur un conservatisme qui ne s’est jamais démenti. Il a été nourri, structuré, par une élite mouride et religieuse au Sénégal, avec la déconstruction de la « colonialité » comme boussole première. Cette déconstruction en cours et les bouleversements géopolitiques (choc pétrolier en 1973, révolution iranienne en 1979, attentats du 11 septembre 2001, guerre en Irak en 2003, proclamation de l’État islamique en 2014 entre autres) ont encouragé l’élite religieuse à investir le champ intellectuel et à gagner la bataille « culturelle ». C’est ainsi que la « laïcité » est devenue un ennemi, que la ville sainte de Touba a demandé un « statut spécial » pour s’affranchir de la République sénégalaise. Tout cela au nom d’un différentialisme, d’une revitalisation du conservatisme conçue, à renforts de livres, comme la voix d’une authenticité endogène à même d’offrir un miroir identificatoire aux populations, en minorant bien sûr la modalité d’une religion elle-même importée, et coloniale.
M’intéressant au contenu des prêches des imams le vendredi pour les besoins d’un travail de recherche, l’examen de ce discours montre la récurrence des griefs contre le progressisme, considéré comme l’aiguillon de la survivance coloniale. La dépravation des moeurs serait liée à l’absence de remparts face à la propagation des sources occidentales. La bataille des valeurs est donc essentielle et l’islam fournit le meilleur kit de résistance, mais aussi le meilleur programme politique. Au nom du refus de l’asservissement, la prospérité de ce discours a créé les conditions d’un raidissement tendant à disqualifier les droits humains, repeints en blanche domination honnie.
La gauche sénégalaise et les élites intellectuelles se sont montrées timides, reprenant le refrain commode pour la paix sociale, renonçant ainsi à questionner l’héritage des féodalités pour créer les conditions de viabilité d’une gauche qui n’importe pas uniquement les lignes de fractures postcoloniales. Les répercussions de cette question islamique feront l’objet d’un article de Mar Fall8 dans Présence africaine en 1987. En devenant de plus en plus un obstacle à l’établissement d’un État égalitaire, la perspective des mollahs devenait de moins en moins chimérique. Avec la multiplication des mouvements puritains dans la sous-région, et le long et patient travail de sape de la diplomatie religieuse des pays du Golfe, Mar Fall montrait cette avancée.
Autre échelle d’appréciation de notre propos, en 2011, au plus fort de la contestation des velléités de dévolution monarchique du pouvoir avec un président Abdoulaye Wade qui voulait outrepasser la
constitution, s’est érigé une véritable sentinelle démocratique. Dans un mouvement de la société civile, réveillé par un regain et unifié par cette cause, naissait le M23 (Mouvement du 23 juin), acteur majeur de la reculade du président. Tête de pont de ce mouvement, le collectif « Y’en a marre », essentiellement porté par des jeunes rappeurs, naissait au grand jour. Avec son énergie, sa fraîcheur, son engagement démocratique et son refus de plier, il fut un acteur majeur de la transition politique et de l’alternance. Victime de son succès, le collectif s’est ensuite structuré de façon horizontale, investissant les questions sociétales, sortant ainsi du seul champ de la politique électorale. Cette énergie a été saluée en Occident, financée, perçue comme ce gisement jeune et démocratique à même de bâtir le renouveau et de contrecarrer, là aussi, les tentations radicales ou religieuses. Financée par Osiwa (Open Society Initiative for West Africa), l’organisation de Georges Soros, conviée en Europe, le bel écho du mouvement « Y’en a marre » fera des petits sur le continent, avec « Le balai citoyen » au Burkina, acteur du départ de Blaise Compaoré, et Filimbi en République démocratique du Congo, qui rencontrera moins de succès car bâillonné par le pouvoir. Très vite pourtant, on déchante.
Les membres du collectif sénégalais se distinguent par un discours conservateur et s’opposent à tout progressisme. Ils reprennent à leur compte tous les discours émancipateurs du panafricanisme, avec de
véritables distorsions de son contenu, et articulent leur combat contre les valeurs occidentales, toutes considérées comme coloniales. Dans le contexte mondial, il y a donc deux conservatismes en miroir : un
occidental prenant appui sur les valeurs blanches et chrétiennes de l’Europe, et un autre, en Afrique, prospérant sur le lit d’une identité figée, conflictuelle, et des valeurs jugées supérieures à celles d’un Occident décadent, la question LGBT étant au coeur de la répulsion. Loin d’être un élément conjoncturel, cette structure paraît exister dès l’aube des groupes de rap primaux à Dakar. Le progressisme avait comme plafond le discours anticolonial. Le rap et son énergie militante et rebelle se sont pourtant rapidement embourgeoisés, captifs de ce périmètre réduit, où très rapidement il est devenu un cheval de Troie du conservatisme. Dans un article fort bien documenté, le chercheur sénégalais Abdoulaye Niang9 évoquait la notion de rap prédicateur, à mille lieues des représentations classiques sur ce genre qui semblait regorger de munitions contre l’establishment. Habilement récupéré, jamais en opposition frontale avec l’architecture des références morale et religieuse, ce rap prédicateur est devenu le catalyseur d’une énergie postcoloniale qui fédère les jeunes, non plus pour construire des sociétés ouvertes, mais comme puissance dégagiste des logiques jugées néocolonialistes, et de ses suppôts, c’est-à-dire les pouvoirs locaux.
Que faire donc face à ce conservatisme qui semble invincible ? En Occident, la malédiction la plus commune est de la considérer avec un exotisme circonspect, un mépris. Mais plus troublant, au nom de la même logique décoloniale, on trouve, dans la gauche particulièrement, une lecture sous le seul prisme de la domination. Le statut de dominés est ainsi essentialisé et, par atavisme, il donne des privilèges. Tout discours contre ce conservatisme s’expose à des foudres qui les qualifient de néocolonialisme d’une nouvelle mouture des Lumières et de l’universalisme, toujours suspecté d’être un agent de domination. Avec le procès des Lumières dévoyées, le front décolonial s’inscrit dans une impasse, au moins partiel, dans le sens où il anesthésie tout discours émancipateur local. Il fonde ainsi une double logique territoriale et temporelle, celui des dominés éternels et des bourreaux éternels.
C’est à ce niveau que la Méditerranée devient une ligne de démarcation, que l’anticolonialisme comme matrice devient négateur d’un projet de progrès universel. La convergence des luttes semble ainsi être celle des conflits sourds, retardés par une logique de front. Elle nourrit indirectement un conservatisme à l’affût, conscient des porosités, des gisements de forces que contient le discours anti ou décolonial. Et dans cette configuration, les progressistes du Sud ont besoin de soutien, celui naturel de la gauche, qui pourtant les ignore au prix d’accommodements déraisonnables. Progressistes qui doivent tout de même éviter le baiser de la mort de la droite si diligente à rafler la mise et à travestir de nobles luttes.
El Hadj Souleymane Gassama (Elgas) est journaliste, écrivain et chercheur associé à l’Iris (Institut des relations internationales et stratégiques). Ses recherches portent sur le don, la dette, les transferts d’argent, la décolonisation et la démocratie en Afrique. Il est l’auteur de plusieurs livres et articles, et notamment de Les bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial (Riveneuve, 2023).
LE SÉNÉGAL EXPÉRIMENTE LA CULTURE DU BLÉ DANS LA RÉGION DE MATAM
A la suite des tests effectués dans ces deux villages du département de Kanel, la SAED juge ‘’satisfaisants’’ les résultats.
Bow et Soringo, des villages de la région de Matam (nord), abritent des projets-tests de culture du blé, dont les résultats, jugés satisfaisants par des ingénieurs agronomes, incitent à développer la culture de cette céréale au Sénégal.
La Société d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal (SAED) déclare vouloir vulgariser la culture du blé dans la région de Matam, à la suite des tests effectués dans ces deux villages du département de Kanel. La SAED juge ‘’satisfaisants’’ les résultats des essais.
Dans son champ, à Bow, un village situé à 30 km de Matam, Aboubakry Bâ a aménagé une superficie d’un hectare et y cultive du blé, une première dans la région de Matam.
Son champ et celui d’un autre du village de Soringo ont été choisis pour la phase-test d’un programme de production de blé, à l’initiative de la SAED.
M. Bâ s’apprête à terminer un travail entamé il y a trois mois. Mais faute de moissonneuse-batteuse, il devra encore patienter. À cause de ce contretemps, des tiges de blé sont encore rangées sur une bâche, pour être décortiquées.
Une écharpe au tour du coup et un bonnet à rayures sur la tête, Aboubakry Bâ explique que la culture a duré quatre-vingt-dix jours. Il espère que sa récolte va avoisiner cinq tonnes.
‘’Nous avons testé la culture du blé pour la première fois dans la région de Matam, à Bow et à Soringo, sur une superficie de deux hectares. Nous trouvons que c’est bien faisable. Notre ambition est de mettre en place un programme de culture du blé dans la région’’, a dit Moussa Mbodj, un ingénieur de la SAED, lors d’une visite du champ de Bow, dimanche.
Le programme blé de la SAED découle des difficultés économiques causées par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, d’où provenait une bonne partie des importations sénégalaises de ladite céréale, selon M. Mbodj.
‘’L’essentiel était de démarrer la production. C’est ce que nous avons fait à une période qui n’était pas appropriée, car le calendrier cultural du blé s’étend de novembre à décembre. C’est en janvier que nous avons commencé la culture, qui a duré quatre-vingt-dix jours, pour un rendement de cinq tonnes’’, explique l’ingénieur de la SAED.
Malgré le retard, ‘’les résultats ont été […] satisfaisants’’, observe-t-il, estimant que le rendement serait meilleur si le blé avait été cultivé en novembre et décembre.
De l’avis de Moussa Mbodj, il est temps de passer aux étapes suivantes, notamment la commercialisation, la transformation et la sensibilisation des producteurs.
‘’Les producteurs en sont conscients, les terres existent et sont propices à la culture du blé. Il reste à développer les segments de la chaîne, dont la disponibilité des semences’’, signale l’ingénieur.
Moussa Ngom, un conseiller agricole de la SAED, se souvient des doutes qui ont assailli les responsables de cette société nationale chargée d’agriculture, lors du lancement programme-test. Il relève surtout l’insuffisance d’informations relatives au blé, une céréale fortement consommée au Sénégal mais peu connue dans le pays.
‘’Il faut encourager les producteurs à cultiver du blé, la céréale la plus consommée au Sénégal après le riz. Il est important de se lancer dans la culture du blé pour atteindre l’autosuffisance alimentaire du pays’’, souligne M. Ngom.
Pour la phase-test, la SAED a utilisé une variété égyptienne dénommée Misri 1, qui a permis de produire deux types de blé, le tendre et le dur, avec lesquels on peut faire du pain et de la pâte alimentaire.
LE RECTEUR DE L'UCAD ACCUSÉ DE DÉTOURNEMENT DE PROCÉDURES
Le Sudes dénonce avec véhémence la tentative présumée d'Ahmadou Aly Mbaye de placer illégalement Ismaïla Madior Fall à l'IFAN. Le syndicat enseignant réclame une enquête sur cette "énième irrégularité" alléguée - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
L'Université Cheikh Anta Diop est secouée par les protestations du syndicat des enseignants, le Sudes, contre une affectation jugée irrégulière. Au cœur des accusations : le "parachutage" présumé d'Ismaïla Madior Fall, professeur titulaire de droit public, à l'Institut Fondamental d'Afrique Noire Cheikh Anta Diop (IFAN-CAD), orchestré par le recteur Ahmadou Aly Mbaye en violation des textes réglementaires. Une manoeuvre qualifiée de préjudiciable à l'intégrité de l'université, selon le Sudes dans le communiqué suivant :
"NON AU PARACHUTAGE DE M. ISMAILA MADIOR FALL À L'IFAN !
Le SUDES/ESR Section de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar tient à informer la communauté universitaire et l'opinion nationale de sa profonde préoccupation concernant la velléité d'affectation par le recteur de l'UCAD de M. Ismaïla Madior Fall, professeur titulaire de droit public, à l'Institut Fondamental d'Afrique Noire Cheikh Anta Diop (IFAN-CAD) en violation du décret n° 84-1184 du 13 octobre 1984 portant organisation et fonctionnement de l'Institut fondamental d'Afrique noire.
Cette tentative désespérée du recteur de l'UCAD de caser un ancien ministre se présente de facto comme un détournement des procédures et des règles d'affectation du personnel d'enseignement et de recherche (PER) comme stipulé dans les articles 8 et 24 du décret susmentionné. Elle serait effectuée sans consultation préalable des instances de l'IFAN qualifiées en la matière. Le recteur de l'UCAD, encore une fois, tente de fouler aux pieds les dispositions légales en vigueur dans notre institution.
Par ailleurs, le SUDES/ESR -Section UCAD, fait remarquer que dans une optique d'optimisation des ressources humaines telle que prônée par les nouvelles autorités, M. Fall serait beaucoup plus utile à sa faculté d'origine qu'il connaît très bien et où l'attendent d'importantes tâches d'enseignement et d'encadrement dans un contexte de déficit de PER.
En tout état de cause, la désinvolture avec laquelle le recteur de l'UCAD agit en matière de recrutement et d'affectation du PER nuit gravement à l'intégrité de notre université et à la confiance de notre communauté dans les processus de gestion des ressources humaines.
En conséquence, le SUDES/ESR - Section UCAD exige :
Une enquête immédiate sur les circonstances entourant cette velléité d'affectation et sur les personnes impliquées dans cette manœuvre illégale.
Le respect strict des procédures d'affectation, conformément à la législation en vigueur.
Le maintien du concerné à son poste initial, à la faculté de sciences juridiques et politiques jusqu'à ce que toutes les procédures légales aient été correctement suivies.
Le SUDES/ESR -Section UCAD reste déterminé à défendre les règles de fonctionnement de notre université, les droits des collègues et à s'assurer que les principes de justice et d'équité y sont respectés.
Le SUDES/ESR -Section UCAD encourage ses militants ainsi que l'ensemble de la communauté universitaire à rester mobilisés et solidaires pour faire barrage à cette énième tentative de violation des textes de l'université par son recteur dont le mandat arrive très bientôt à échéance."
Par Madiambal DIAGNE
IL NE RESTE PLUS À DIOMAYE ET SONKO QUE DE NOMMER AMADOU BA PREMIER MINISTRE
Quand Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko voudront innover, changer les choses, opérer une rupture, ce sera à la fin du quinquennat. Ceux qui avaient voté pour la rupture ou pour le « dégagisme » apprécieront
C’est désormais assumé publiquement, vis-à-vis de l’opinion publique sénégalaise et auprès des partenaires techniques et financiers ! La gouvernance du tandem Diomaye-Sonko va s’adosser en quelque sorte sur le Plan Sénégal émergent (Pse). Ils ont fini par avouer, devant leurs électeurs, n’avoir pas eu de programme de gouvernement, contrairement à leurs promesses électorales les plus mirobolantes. Quand on s’amuse à relire les déclarations chocs de Ousmane Sonko pour pourfendre le Pse du temps où Macky Sall et ses équipes en vantaient les mérites, on retrouve des phrases du genre : «Le Pse est un leurre», «le Pse est tout sauf un plan d’émergence», «le Pse est une supercherie», «le Pse est le Plan Sénégal endettement», entre autres ; tout cela sous les vivats des foules excitées de militants. Les leaders de Pastef promettaient de remplacer le Pse par leur «Projet», le sésame qui ouvrirait grand les portes du développement économique et social. Ce miracle était si précieux qu’il fallait le cacher aux yeux curieux, pour mieux le préserver, le protéger du mauvais œil et ne le sortir de son écrin qu’au soir de la victoire électorale. On a vu dans la twittosphère et sur Facebook, et même sur des plateaux de télévision, des radios et des colonnes de journaux, de grands intellectuels plébisciter et défendre bec et ongles le «Projet», avec force arguments, que nous finissions par les considérer comme des auteurs de ce «Projet». L’existence du «Projet» était une évidence pour tout le monde, il peuplait notre quotidien. Pourtant, personne ne l’avait encore vu. Quand nous avions la curiosité de demander à voir ce «Projet», certains contempteurs nous rabrouaient. De grands intellectuels, au même titre que des citoyens moins qualifiés, croyaient à cette Arlésienne. La politique au Sénégal est le lieu où on peut poser ses fantasmes pour des certitudes. Les journalistes, qui relayaient les grandes idées du «Projet» virtuel, se sont aussi fait hara-kiri. J’invite à relire certains posts, et leurs auteurs doivent être dans leurs petits souliers quand le gouvernement leur annonce, sans sourciller, dans le communiqué du Conseil des ministres du 24 avril 2024, que la rédaction du «Projet», comme le nouveau référentiel de la politique économique et sociale du Sénégal, va démarrer et que la finalisation est attendue pour le dernier trimestre de l’année 2024. L’élaboration du «Projet» est confiée aux experts qu’un ministre de l’Economie, des finances et du plan qui s’appelait Amadou Ba, sous l’impulsion de Macky Sall, avait commis pour confectionner le Pse. Les mêmes personnes ont été appelées par un Premier ministre nommé Amadou Ba, pour l’élaboration du Programme d’actions prioritaires (Pap3 du même Pse). Que feront-ils alors de bien nouveau ?
Diomaye et Sonko font du Macky, sans Macky et les siens !
Le supplice des «avocats du Projet» est encore plus dur quand ils apprennent que le gouvernement décide de poursuivre les actions du Pse et accepte le programme signé par le gouvernement de Macky Sall avec le Fonds monétaire international (Fmi), couvrant la période 2023-2026, et que les conditions seront respectées (voir communiqué du Fmi du 3 mai 2024). En d’autres termes, quand Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko voudront innover, changer les choses, opérer une rupture, ce sera à la fin du quinquennat. Ceux qui avaient voté pour la rupture ou pour le «dégagisme» apprécieront ! On ose espérer que le nouveau ministre de l’Economie, du plan et de coopération, Abdourahmane Sarr, n’a pas été recruté sur la base de ses contributions caustiques et acerbes contre le Pse, et pour ses fumeuses théories sur la mise en place d’une nouvelle monnaie.
Finalement, on retiendra que le Pse est un bon programme (Conseil des ministres du 17 avril 2024). Finalement, on retiendra que la politique des bourses familiales et d’un Registre national unique (Rnu) des ménages pauvres et en situation de vulnérabilité (Conseil des ministres du 24 avril 2024) est une excellente trouvaille.
Finalement, le gouvernement plébiscite le Projet du Bus rapide transit (Brt) (Conseil des ministres du 2 mai 2024) et les infrastructures routières. Finalement, il considère que le Pont de Rosso, reliant le Sénégal à la Mauritanie, est un investissement structurant (visite du Président Faye en Mauritanie le 19 avril 2024). Finalement, on admet que les investissements dans les domaines de l’hydraulique, de la santé, de l’éducation, du transport, de Dakar Dem Dikk et dans les transports aériens, ou encore le Programme 100 000 logements, entre autres, sont adéquats et pertinents. Finalement, le gouvernement, à l’issue du Conseil interministériel sur la campagne agricole du 3 mai 2024, va poursuivre la même politique dans le secteur. L’Armée va procéder à la distribution des semences et des engrais. On espère que les militaires seront plus vertueux que les autres Sénégalais. Le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la sécurité alimentaire, Mabouba Diagne, prend à son compte et se vante de distribuer des tracteurs et autres matériels agricoles acquis par le régime déchu. Allez chercher où sera la rupture ? Les hommes et les femmes, qui avaient en charge de conduire la mise en œuvre du Pse, vont, eux, changer et céder leurs places à d’autres têtes d’œuf. Ces dernières qui n’ont pas réfléchi ou pensé la politique, ou écrit le Pse qu’ils vont devoir appliquer ! Ceux qui avaient fait ce travail et engrangé quelques succès sont des nigauds, des corrompus, des nullards et des voleurs. Ce sont les ressources humaines qu’il faudra changer, «dégager», pour reprendre leur rhétorique violente ou musclée. Seulement, comme pour leur faire un pied de nez, le Fmi, à l’issue de sa Mission de la semaine dernière, prodigue des satisfécits pour l’équipe sortante. Dans le communiqué rendu public, on lit que le gouvernement du Sénégal (est-il besoin de rappeler qu’il était dirigé par le candidat malheureux Amadou Ba qui se voulait en quelque sorte le candidat d’une certaine continuité) «s’est montré résilient» en 2023. Puisqu’il faudrait dire toutes les vérités, le Fmi ajoute que l’installation de la nouvelle équipe gouvernementale a été facilitée par la mise en place fort opportune «des réserves de liquidités de plus de 320 milliards de francs». On apprend alors que les caisses n’étaient pas aussi vides que le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, avait voulu le faire croire. Le paradoxe est alors que Bassirou Diomaye Faye, élu sur la promesse de la rupture contre la continuité préconisée pourtant par le candidat Amadou Ba, va finalement être le Président de la continuité que les électeurs ont refusée. Ils se sont convertis au Pse au point qu’on a pu lire un commentaire, tournant en dérision la situation, pour rebaptiser le Pse : «Plan Sonko émergent.»
«Puisque vous renierez plus tard, pourquoi ne pas renier tout de suite ?»
Ils sont arrivés au pouvoir sans y avoir été préparés.C’est en quelque sorte les mains dans les poches qu’ils ont pris les rênes du Sénégal. Que faudra-t-il faire ? Poursuivre ce qui était en train de se faire et alors renier tous leurs engagements et promesses. La grande promesse de réduire le coût de la vie sera renvoyée aux calendes du Kayor. Le Président Bassirou Diomaye Faye semble avoir trouvé une excuse aux difficultés de baisser le coût de la vie. Au Daaka de Médina Gounass, un événement religieux musulman, il a indiqué que les soubresauts et tensions sur la scène internationale constituent des handicaps pour un pays comme le Sénégal, car cela renchéritles coûts des importations. En outre, le Fmi a exigé et obtenu du gouvernement de rester dans la logique de diminution, pourne pas dire de suppressiondes subventions sur les denrées de base ou sur l’énergie. L’institution financière internationale relève notamment «des dépenses élevées de subventions à l’énergie (620 milliards de francs Cfa, soit 3,3% du Pib)». La seule concession laissée à Ousmane Sonko et à son équipe est de jouer peut-être sur les tranches de facturation de l’électricité. En termes moins ésotériques, le gouvernement pourra travailler sur les grilles tarifaires de la Senelec pour faire baisser le prix du kilowatt heure pour les tranches concernant les couches sociales les plus défavorisées (environ 1 150 000 ménages qui paient des factures mensuelles de moins de 15 000 francs), mais que cette baisse sera répercutée sur les factures des consommateurs relativement plus aisés.
Le Fmi reviendra au mois de juin pour évaluer le respect des engagements souscrits par le Sénégal, avant de pouvoir procéder à un décaissement, courant juillet 2024, de la deuxième tranche des prêts d’un total de 1150 milliards de francs. Là également, les autorités gouvernementales vont devoir renier leurs promesses de renoncer à l’endettement. Opposants, ils avaient pourfendu le sinistre Fmi, accablé de tous les torts et de tous les maux du Sénégal. «Les nouvelles autorités ont réaffirmé leur engagement à poursuivre le programme actuel soutenu par le Fmi. Elles reconnaissent que les principaux piliers du programme s’alignent sur leurs propres objectifs stratégiques.» Dire qu’elles avaient aussi fustigé la politique d’endettement pour financer les projets ! Diomaye et Sonko, une fois au pouvoir, se retrouvent à chercher et obtenir la caution du Fmi pour aller sur les marchés internationaux afin de lever de gros financements pour profiler la dette déjà existante, par des efforts de «réduction de sa vulnérabilité», afin de rester dans la situation d’un «pays à endettement à risque modéré». Le principe est assez connu, ils vont augmenter l’encours en faisant baisser le service de la dette. Résultat des courses ? Ils vont alors continuer à endetter le pays de plus belle. On leur disait que l’économie du Sénégal n’a pas la capacité de générer des recettes intérieures de 15 mille milliards de francs Cfa, comme le proclamait le leader de Pastef dans ses envolées populistes.
La bonne touche des réformes à apporter au Pse
Le gouvernement pourra, dans une logique d’une amélioration continue, jusqu’à l’horizon temporel de 2035 du Pse, introduire plus de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des projets. Ce que le Président Bassirou Diomaye Faye pourra apporter dans l’exécution du Pse, sera sans doute de mener le train de réformes prévues dans la gouvernance publique. Au Groupe consultatif de décembre 2018 à Paris, le Président Macky Sall s’était engagé à mener des réformes attendues par les partenaires, mais qu’il mettra sous le boisseau, au lendemain de la Présidentielle de 2019. Les réformes dans les secteurs de la Justice, de l’Administration centrale, comme la digitalisation des procédures, du secteur de l’énergie, de l’agriculture ou de la fiscalité. Le Code général des Impôts, déjà vieux de dix ans, a besoin d’être revu. Les réformes du secteur de l’énergie étaient aussi prévues dans le Millenium challenge account (Mca) alors que la transparence et la rationalisation des dépenses dans le secteur de l’agriculture avaient été dans les accords avec la Banque mondiale, du temps où Mme Louise Cord était représentante de l’institution au Sénégal.
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THIAGO, LE VILLAGE SACRIFIÉ AUX PORTES DU LAC DE GUIERS
Les habitants privés d'un accès décent à l'eau potable, sont contraints de puiser leurs maigres ressources dans les eaux insalubres du lac voisin, malgré la proximité avecla principale réserve d'eau douce du Sénégal
À quelques encablures du majestueux Lac de Guiers, principale réserve d'eau douce du Sénégal, le village de Thiago étouffe, frappé par une cruelle ironie. Ses habitants, privés d'un accès décent à l'eau potable, sont contraints de puiser leurs maigres ressources dans les eaux insalubres du lac voisin.
Un château d'eau dérisoire dessert péniblement les quelques 6 000 âmes de cette localité oubliée. Conséquence : les femmes vaquent inlassablement aux rives malsaines pour leur lessive, tandis que les enfants s'abreuvent d'une eau croupie, source de diarrhées récurrentes et d'infections respiratoires.
L'unique poste de santé, démuni et sous-équipé, lutte comme il peut contre ce fléau sanitaire. "Je consulte 300 malades par mois, seule avec une sage-femme", déplore une infirmière dépassée.
Pourtant, ce village paradoxal pourrait être prospère. Ses ressources naturelles - pêche, agriculture, élevage - en font un grenier potentiel. Mais les infrastructures de base manquent cruellement, à l'image du collège sans salles de classe dignes de ce nom.
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LES MOTS DE LA RECONQUÊTE
Autour de thématiques comme le foncier, la monnaie ou les bases militaires étrangères, la série "Où va le Sénégal" animée par l'étudiant-chercheur en Histoire à l'Ucad Florian Bobin, aura redessiné sur la trajectoire démocratique du pays
C'est le post-scriptum riche en réflexions d'une série phare qui a rythmé les débats ces derniers mois au Sénégal. "Où va le Sénégal ?", animée en 10 épisodes par l’étudiant-chercheur en Histoire à l'Ucad Florian Bobin, aura donné la parole à 25 diverses - chercheurs, artistes, militants, journalistes - pour mettre des mots sur la trajectoire d' un pays en pleine reconquête démocratique.
Dans ce dernier échange aux allures de bilan, Abdou Aziz Ndao, étudiant en littérature africaine et membre du Front Révolutionnaire Anti-impérialiste Populaire et Panafricain (FRAPP), analyse avec lucidité le sens de cette initiative suscitée par la dynamique organisation de gauche.
"C'était extrêmement important pour une organisation comme le FRAPP de tenir ces discussions, afin de remettre sur la table les problèmes cruciaux de souveraineté nationale", souligne le jeune militant. A l'heure où le Sénégal émerge d'années de dérive autoritaire, ces échanges permettront de "faire évoluer le processus démocratique" par la vertu du débat public.
Au cœur des discussions : des thématiques brûlantes comme le foncier, la monnaie, les bases militaires étrangères ou encore l'éducation populaire. Des sujets majeurs qui « continuent de troubler le sommeil » des peuples africains en quête de souveraineté réelle. Au-delà des constats, un message fort est rédigé aux nouvelles autorités : s'inspirer de l'héritage des luttes passées pour apporter les changements nécessaires.
Quelques épisodes de la série sont disponibles ci-dessous :