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3 décembre 2024
Développement
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DIOMAYE FAYE ENTRE RUPTURES ET PROMESSES
Face à la nation ce mercredi en prévision de la célébration du 4 avril, le président a déroulé une feuille de route de réformes majeures. Refondation démocratique, moralisation de la gouvernance, priorité à la jeunesse... afin d'impulser le renouveau
(SenePlus) - Ce 3 avril 2024, à la veille du 64ème anniversaire de l'indépendance du Sénégal, le président Bassirou Diomaye Diakharr a adressé un message fort à la nation. Dans son allocution, il a rendu hommage aux héros de la résistance et aux anciens combattants qui ont sacrifié leur vie pour la liberté. "Je rends un vibrant hommage à mes prédécesseurs, les présidents Senghor, Diouf, Wade et Sall, qui, chacun, a apporté sa pierre à l'œuvre de construction nationale", a-t-il déclaré.
Le chef de l'État a particulièrement salué les Forces armées, "au cœur de la cohésion nationale" selon le thème retenu cette année. "Je réaffirme la reconnaissance de la Nation. Je vous exprime ma fierté, mon soutien et mon entière confiance dans vos missions au service de la patrie", a affirmé M. Faye.
L'unité nationale et la cohésion de la société sénégalaise ont été les maîtres mots du message présidentiel. "Je suis déterminé à préserver notre vivre ensemble hérité de nos ancêtres", a martelé le Président, soulignant son rôle de "tendre la main à tous pour rassembler, rassurer, apaiser et réconcilier".
M. Diakharr a annoncé d'importantes réformes à venir, promettant de "convoquer de larges concertations" sur plusieurs chantiers majeurs:
- La réforme du système électoral et le remplacement de la CENA par une véritable Commission électorale indépendante. "L'inscription sur le fichier électoral se fera concomitamment à la délivrance de la pièce nationale d'identité", a-t-il précisé.
- La rationalisation du nombre de partis politiques et de leur financement.
- L'organisation d'Assises regroupant les professionnels du droit pour "redorer le blason de la justice" et "la réconcilier avec le peuple".
Dans un élan de rupture, le président a également promis de lutter contre la corruption et l'opacité qui gangrènent la gouvernance. "J'engagerai sans tarder une politique hardie de bonne gouvernance économique et financière par la lutte sans répit contre la corruption, la répression de la fraude fiscale, la protection des lanceurs d'alerte et l'amnistie des prête-noms sous condition d'auto-dénonciation", a martelé le président.
Il a aussi annoncé la divulgation de la propriété effective des entreprises extractives et un meilleur contrôle de l'exploitation des ressources naturelles "qui appartiennent au peuple".
Revenant sur les urgences économiques et sociales, le chef de l'Etat a dit vouloir "gagner la souveraineté alimentaire" en investissant davantage dans l'agriculture, la pêche et l'élevage. Il s'est engagé à ce que les subventions agricoles "bénéficient aux véritables producteurs".
Conscient des immenses attentes de la jeunesse, M. Diakharr a réaffirmé en faire "une priorité". "L'éducation, la formation, l'emploi et l'entreprenariat jeunes restent des défis majeurs que nous relèverons en concertation avec le secteur privé", a-t-il promis, annonçant la "révision des mécanismes existants".
Enfin, dans un plaidoyer pour l'unité et la résilience, le président a exhorté les Sénégalais à "afficher une confiance résolue" pour "vaincre nos peurs et nos doutes". "Notre mérite et notre honneur, c'est de réussir l'épreuve [...] et poursuivre ensemble notre marche solidaire vers notre destin commun", a-t-il conclu avec ferveur.
Ci-dessous l'intégralité du discours
"Mes chers compatriotes,
Demain, le 4 avril 2024, nous célébrons le 64ème anniversaire de l'indépendance de notre pays. À toutes et à tous, j'adresse mes chaleureuses félicitations.
Je rends hommage à chacune et chacun de vous pour votre attachement aux vertus cardinales de paix et de démocratie qui fondent notre vécu quotidien. Les changements significatifs que nous venons de vivre de façon paisible, témoignent, une fois de plus, de la maturité de notre peuple, de la vitalité de notre démocratie et de la force de nos institutions. Nous devons tous être fiers de cette belle performance.
Cette année encore, par la grâce divine, notre fête nationale se déroule sous le signe de la communion spirituelle, avec la semaine sainte pascale qui vient de conclure le carême et le mois de ramadan qui tire à sa fin.
Compte tenu des circonstances, en lieu et place du défilé traditionnel, je présiderai demain au Palais de la République une cérémonie de levée des couleurs, sobre et symbolique.
Ce soir, alors que nous célébrons notre liberté retrouvée, mes pensées vont à nos vaillants résistants, héros célèbres ou méconnus, qui, se donnant corps et âme, ont défié l'odieux système colonial et sa prétendue mission civilisatrice, pour défendre la liberté de notre peuple et ses valeurs de culture et de civilisation.
Je voudrais également saluer avec respect et affection nos anciens combattants, qui ont sacrifié leur jeunesse loin de leurs familles, au prix de leur vie et de leur liberté. Je rends un vibrant hommage à mes prédécesseurs, les présidents Senghor, Diouf, Wade et Sall, qui, chacun, a apporté sa pierre à l'œuvre de construction nationale. C'est sur la base de ce legs que je veux poursuivre avec vous notre quête collective du Sénégal de nos rêves.
Mes chers compatriotes,
La fête nationale met à l'honneur nos Forces de défense et de sécurité. À vous, officiers, sous-officiers et militaires du rang, qui avez choisi le métier risqué des armes, je réaffirme la reconnaissance de la Nation. Je vous exprime ma fierté, mon soutien et mon entière confiance dans vos missions au service de la patrie, de la paix en Afrique et dans le monde. Je salue la mémoire de nos Jambaars tombés au champ d'honneur et souhaite prompt rétablissement aux blessés. L'Etat restera toujours solidaire de leurs familles, avec soin et compassion.
Le thème de cette édition, Les Forces armées au cœur de la cohésion nationale, nous interpelle par son actualité et sa pertinence. Il nous rappelle qu'au-delà du cérémonial, la fête nationale est surtout l'occasion d'une introspection individuelle et collective sur notre commun vouloir de vie commune.
Nos Forces de défense et de sécurité, sous le concept Armée-Nation, symbolisant la diversité et la cohésion de leurs composantes socio-culturelles, nous offrent un bel exemple de ce que doit être le vivre ensemble sénégalais.
En tant que Chef suprême des armées, et garant de l'unité nationale, je suis déterminé à préserver notre vivre ensemble hérité de nos ancêtres ; parce que nous n'avons qu'une seule patrie : le Sénégal, notre abri commun, que nous aimons tous, qui ne commence pas par nous, et ne finit pas avec nous.
Dans cet esprit, mon rôle, et je compte l'assumer pleinement, est de tendre la main à toutes et à tous, pour rassembler, rassurer, apaiser et réconcilier, afin de conforter la paix, la sécurité et la stabilité indispensables au développement économique et social de notre cher pays. De l'est à l'ouest, du nord au sud, je souhaite que notre cher Sénégal reste uni et indivisible, en paix et en harmonie avec notre devise nationale : Un Peuple-Un But-Une Foi. Nous le devons à nous-mêmes. Nous le devons à nos enfants. Nous le devons aux générations futures.
C'est pourquoi notre vibrante jeunesse, cœur battant de la nation, restera au centre de mes préoccupations.
Chers jeunes du Sénégal, je fais miens vos rêves, vos aspirations, et vos ambitions légitimes de réussir pour être utiles à vous-mêmes, à vos familles, vos communautés et votre pays. L'éducation, la formation aux métiers, l'emploi, l'entreprenariat des jeunes et des femmes restent des défis majeurs à relever. J'en ferai une priorité élevée des politiques publiques, en concertation avec le secteur privé. Nous devons, à cet effet, revisiter les mécanismes existants, les améliorer et les rationaliser afin qu'ils répondent mieux aux besoins d'emploi et autres activités génératrices de revenus pour les jeunes.
Pour encourager la création d'emplois, je compte m'appuyer sur un secteur privé fort parce que soutenu par l'Etat. Sur la base de nos besoins prioritaires, nous travaillerons ensemble pour endogénéiser notre économie. Bien entendu, le secteur privé international aura son plein rôle à tenir.
Les Sénégalais sont braves mais ils sont fatigués et attendent de nous des solutions contre la vie chère. La question du coût de la vie me préoccupe particulièrement et retient toute mon attention. Dans les jours à venir, des mesures fortes seront prises dans ce sens, après les concertations que j'entreprendrai avec les acteurs concernés.
Mes chers compatriotes,
De l'indépendance à nos jours, notre système politico institutionnel et judiciaire a vécu bien des péripéties, les unes plus heureuses que les autres.
Soixante-quatre ans après, le moment me semble venu de tirer les leçons de nos réussites et de nos échecs pour une gouvernance publique plus moderne, plus républicaine et plus respectueuse des droits humains.
C'est pourquoi, après avoir démissionné de mon poste de secrétaire général de PASTEF-Les Patriotes, pour ainsi me mettre au-dessus de la mêlée, je convoquerai de larges concertations avec la classe politique et la société civile sur :
- La réforme du système électorale notamment ;
- Le remplacement de la CENA par une Commission électorale nationale indépendante (CENI) avec un renforcement de ses moyens de fonctionnement et de ses prérogatives ;
- La rationalisation du nombre de partis politiques, ainsi que leur financement ;
- L'inscription sur le fichier électoral concomitamment à la délivrance de la pièce nationale d'identité
Par ailleurs, pour redorer le blason de la justice, lui redonner le prix qu'elle mérite et la réconcilier avec le peuple au nom duquel elle est rendue, j'entends organiser des assises regroupant les professions du métier (magistrats, avocats, huissiers, greffiers et autres auxiliaires de justice), les professeurs d'université et les citoyens pour identifier des pistes de solution aux problèmes de la justice.
Dans la quête d'un Sénégal meilleur au bénéfice de tous, j'entends instaurer une gouvernance vertueuse, fondée sur l'éthique de responsabilité et l'obligation de rendre compte.
En outre, j'engagerai sans tarder une politique hardie de bonne gouvernance économique et financière par :
- La lutte sans répit contre la corruption ;
- La répression pénale de la fraude fiscale et des flux financiers illicites ;
- La protection des lanceurs d'alertes ;
- L'amnistie des prête-noms et leur intéressement sous condition d'auto dénonciation ;
- La publication des rapports de l'IGE, de la Cour des comptes et de l'OFNAC.
De même, l'exploitation de nos ressources naturelles, qui, selon la constitution, appartiennent au peuple, retiendra particulièrement l'attention de mon gouvernement.
Ainsi, en plus de la mise en ligne déjà effective des contrats miniers, pétroliers et gaziers, sur le site de l'ITIE Sénégal, je ferai procéder à la divulgation de la propriété effective des entreprises extractives, conformément à la Norme ITIE, à l'audit du secteur minier, gazier et pétrolier et à une protection plus soutenue du contenu local au bénéfice du secteur privé national.
Au demeurant, je voudrais dire à tous nos partenaires privés qu'ils sont les bienvenus aux Sénégal.
Conformément aux lois et règlements en vigueur, les droits de l'investisseur seront toujours protégés, de même que les intérêts de l'Etat et des populations.
A nos pays amis et partenaires, je voudrais assurer que le Sénégal reste un pays ouvert et accueillant pour tous.
Nous veillerons, sans cesse, à maintenir et raffermir les relations de bon voisinage et de solidarité agissante au sein de nos organisations communautaires, notamment la CEDEAO et l'UEMOA.
Héritiers de l'idéal panafricaniste de Cheikh Anta Diop et de Léopold Sédar Senghor, un des pères fondateurs de l'Organisation de l'Unité Africaine, nous demeurons fermement engagés dans la construction de l'intégration africaine et la réalisation des objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Nos partenaires étrangers de tous horizons sont d'égale dignité pour nous. A tous, nous devons respect et considération. Et de tous nous demandons respect et considération.
Nous resterons engagés pour une gouvernance mondiale plus juste et plus inclusive, dans le respect de l'égale dignité des valeurs de cultures et de civilisations.
Mes chers compatriotes,
La fête nationale, symbole de notre souveraineté, nous rappelle que nous sommes seuls face à notre destin, et que personne ne fera à notre place ce que nous ne sommes pas disposés à faire pour nous-mêmes.
Nous avons la responsabilité historique de conforter notre souveraineté en rompant les dépendances injustes, en nous prenant en charge par nous-mêmes et en valorisant davantage nos capacités productives et nos talents nationaux.
Dans cet esprit, l'Administration doit agir à tous les niveaux de façon plus accueillante et plus efficace pour les usagers du service public. Nous devons bannir de nos pratiques les procédures et formalités indues qui altèrent l'efficacité de l'Etat.
Dans cet objectif, nous entendons investir massivement dans la digitalisation des services et des procédures administratives.
De même, il y a urgence à gagner notre souveraineté alimentaire en investissant plus et mieux dans l'agriculture, la pêche et l'élevage, les trois mamelles nourricières de notre pays.
Je tiens particulièrement à ce que les subventions substantielles dépensées chaque année dans la campagne agricole bénéficient aux véritables producteurs et non à des acteurs intermédiaires.
En définitive, mes chers compatriotes, l'indépendance que nous célébrons demain est certes un évènement festif, mais aussi et surtout un test de résilience et de grandeur pour la nation.
Notre mérite et notre honneur, c'est de réussir l'épreuve, en affichant une confiance résolue en nous-mêmes, pour vaincre nos peurs et nos doutes, surmonter les obstacles devant nous, et poursuivre ensemble notre marche solidaire vers notre destin commun, main dans la main, épaule contre épaule.
C'est à cela que je vous invite, dans la communion des cœurs et des esprits.
Vive le Sénégal, en paix et en sécurité, uni, libre et prospère !
Bonsoir et bonne fête de l'indépendance."
MARY TEUW NIANE, DIRECTEUR DU CABINET PRÉSIDENTIEL
L'ancien ministre de l’Enseignement supérieur a été nommé ce mardi soir par le chef de l'État Bassirou Diomaye
Le professeur Mary Teuw Niane, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, a été nommé, mardi soir, ministre, directeur de cabinet du président de la République, a appris l’APS de source officielle.
L’inspecteur général d’État, Oumar Samba Ba, a été quant à lui maintenu à son poste de secrétaire général de la présidence de la République.
SONKO NOMMÉ PREMIER MINISTRE
Le chef de Pastef a la charge de composer le gouvernement inaugural de l'ère Diomaye Faye. Il a d'emblée fixé le cap : son équipe ne "ménagera aucun effort" pour concrétiser les promesses de "changement définitif dans le bon sens"
(SenePlus) - Dans son premier discours en tant que Premier ministre nommé par le président Bassirou Diomaye Faye ce mardi 2 avril 2024, Ousmane Sonko a lancé un vibrant appel à l'unité nationale et à la participation citoyenne. Évoquant "cette formidable jeunesse sénégalaise" qui s'est mobilisée pour nettoyer les artères des villes, il a déclaré : "C'est d'autant plus important que nous articulons notre action autour de la citoyenneté, de la participation collective."
M. Sonko a insisté sur l'importance d'un effort collectif pour atteindre les objectifs fixés pour le Sénégal. "Chacun devra donner le meilleur de lui-même pour que nous atteignions les objectifs que nous nous sommes assignés pour le Sénégal et non pas pour le président Bassirou Diomaye Faye", a-t-il affirmé.
Témoignant de sa loyauté au chef de l'État, il a néanmoins souligné que son équipe gouvernementale se consacrerait pleinement au service du pays. "Nous ne menagerons aucun effort pour atteindre ce que nous avons, les objectifs que nous avons promis au peuple sénégalais, c'est-à-dire la rupture, le progrès et le changement définitif dans le bon sens."
Cette prise de parole intervient après la prestation de serment de M. Bassirou Diomaye Faye en tant que nouveau président de la République, en remplacement de Macky Sall plus tôt dans la journée.
Le nouveau Premier ministre a promis dévoilé "dans les heures ou jours à venir" son équipe gouvernementale.
LE COLONEL DIÈYE DEVIENT L'HOMME DE L'OMBRE DU PALAIS
Issu du Bataillon d'artillerie, il a une longue expérience dans l'armée sénégalaise où il a occupé plusieurs postes de responsabilité. Son dernier poste était celui de chef de cabinet du chef d’état-major général des armées
Le colonel Pape Birane Dièye, ancien chef de cabinet du chef d’état-major général des armées sénégalaises, est le nouvel aide de camp du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, selon la Direction de l’information et des relations publiques des armées sénégalaises. Le colonel Dièye remplace à ce poste le général Meissa Cellé Ndiaye.
Le nouvel aide de camp du président de la République, issu du Bataillon d’artillerie, est passé par le Prytanée militaire de Saint-Louis et l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (France).
Le colonel Pape Birame Dièye a commandé le Prytanée militaire de Saint-Louis et le 12e Bataillon d’instruction Dakar-Bango. Il a également occupé plusieurs postes de responsabilité au sein de l’état-major général des armées sénégalaises.
L'AURA INTACTE DE MACKY SALL À FATICK
Durant 12 ans, le chef de l'État sortant a métamorphosé sa ville natale, entre routes, écoles et mosquée. Aujourd'hui, commerçants et habitants lui rendent hommage, nostalgiques de ce fils devenu président
Le président Macky Sall va beaucoup manquer à la ville de Fatick qui, durant ses douze ans de règne, s’est dotée d’un certain nombre d’infrastructures, estiment certains de ses habitants rencontrés par la correspondante de l’APS, ce mardi, jour marquant la fin de son deuxième et dernier mandat à la tête du pays.
Boulevard. Dans ce quartier abritant la maison familiale du président Sall et situé non loin de la route nationale 1, il règne en cette journée spéciale d’investiture du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, un calme plat. Seules les institutions financières accueillent du monde. La plupart des somptueuses villas sont portes closes.
Ce quartier, jadis très animé pendant les séjours du président sortant, est désert. “Macky Sall est parti en emmenant toute la gaieté et l’ambiance qui le rendaient si spécial”, lance Ibrahima Sène, un résident.
La dernière visite du président de la République remonte au 24 mars dernier, jour du scrutin. ” Ce jour-là, après nous avoir fait ses adieux, j’ai compris qu’il manquerait beaucoup à Fatick”, poursuit-il.
Pendant le règne du président Macky Sall, la ville de Fatick a fait un grand bond en termes d’infrastructures. Des citoyens de la ville cite la construction des locaux de la mairie, de la grande mosquée, d’un boulevard, ou encore l’achèvement du Tribunal de grande instance. Dans la foulée de ces réalisations, restaurants, boulangeries et autres bâtiment à usage d’habitation ont émergé.
Le fait que le chef de l’Etat était originaire de Fatick a encouragé les investisseurs à venir s’y installer, indique Adja Amsatou Dème, employée de banque.
Selon elle, la maison de Macky Sall est “une bonne adresse”.
“Avant, il n’y avait presque pas de banques. Avec le temps, elles se sont installées, évitant à leurs clients des déplacements jusqu’à Kaolack [43 km]”, rappelle-t-elle.
Selon elle, l’élection du président Sall à la tête du pays en mars 2012, a fait “sortir sa ville natale de l’ornière.”
Un avis que partage Babacar Ngom, gérant d’une “dibiterie”. ” Mes clients se retrouvent facilement pour venir ici. D’ailleurs, pendant les séjours du président, j’en accueille un grand nombre”, dit-il.
M. Ngom s’inquiète déjà pour l’avenir de son commerce et espère que les programmes et projets entamés par le régime de Macky Sall seront menés à terme pour la continuité du développement de la commune de Fatick.
Dans plusieurs quartiers de la ville également, l’État a démarré la construction de routes et de voiries. Le Programme de modernisation des villes (Promovilles) va réaliser plus de huit km de voiries dont 2,1 km sont déjà terminés entre les quartiers de Logandem et Emetteur.
“Les travaux de ces axes stratégiques bien fréquentés par les populations de Fatick doivent se poursuivre”, estime Moussa Dieng. Il dit regretter le départ de ” Macky Sall, un homme d’Etat qui faisait la fierté du Sine”.
Au lycée Khar Ndoffène de Fatick, l’élève en classe de seconde, Mamadou Faye Bèye, clame sa fierté d’habiter la même ville que le président de la République sortant. ” Il est une source de motivation et d’engagement pour nous les élèves. On doit travailler dur pour donner à Fatick, dans les prochaines années, un autre président “.
En novembre dernier, lors d’un conseil présidentiel délocalisé, le président Macky Sall a annoncé un programme d’investissements prioritaires (PIP) de 853 milliards de francs CFA en faveur de la région de Fatick, sur la période 2024-2026.
Macky Sall avait également annoncé 17 mesures phares pour le développement de la région de Fatick.
Parmi ces décisions figurent la construction d’un hôpital de niveau III à Fatick, la construction d’infrastructures scolaires, notamment des lycées, collèges et des centres de formation professionnelle, dans les trois départements de Fatick (Foundiougne, Gossas et Fatick).
par René Lake
POUR UN GOUVERNEMENT RÉDUIT SUR LA BASE DE L’HÉRITAGE DE MAMADOU DIA
EXCLUSIF SENEPLUS – Moins de 25 ministres comme recommandé par la CNRI. Une équipe restreinte, expression d’un engagement en faveur d'une gouvernance d'efficience, de responsabilité, d'équité pour être fidèle au Projet de Pastef
Le 7 septembre 1960 marque un tournant historique pour le Sénégal avec la nomination de son premier gouvernement par le président Léopold Sédar Senghor. Sous la direction de Mamadou Dia, ce gouvernement pionnier fut structuré autour de quatorze ministères clés, établissant ainsi les fondations d'une gouvernance efficace et rationnelle.
Ces ministères incluaient :
Ministère des Affaires étrangères
Ministère de la Justice
Ministère de l’Intérieur (chargé provisoirement de la Défense)
Ministère du Plan, du Développement et de la Coopération technique
Ministère des Finances
Ministère de l’Économie rurale
Ministère de l’Éducation nationale
Ministère de la Fonction Publique et du Travail
Ministère de la Santé et des Affaires Sociales
Ministère des Travaux Publics, de l’Habitat et de l’Urbanisme
Ministère des Transports et des Télécommunications
Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation des Cadres
Ministère de la Jeunesse et des Sports
Ministère de l’Information, de la Radiodiffusion et de la Presse
Ce choix reflétait une volonté de concentrer les efforts gouvernementaux sur des axes prioritaires, favorisant ainsi une prise de décision rapide, une meilleure coordination, et une réduction significative des coûts opérationnels.
En limitant le nombre de ministères, Dia cherchait également à combattre le clientélisme politique, en veillant à ce que chaque poste ministériel soit justifié par de véritables besoins administratifs et sociaux.
Dans le sillage de cette tradition de gouvernance réfléchie, Pastef et le nouveau président Diomaye Faye doivent proposer une vision similaire pour le Sénégal contemporain.
En s'engageant à ne pas dépasser un maximum de 25 ministères, conformément aux recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI), ils aspireront à instaurer une administration efficace, transparente, et résolument tournée vers le service du peuple sénégalais comme suggéré dans leur Projet. Ne pas le faire, serait déjà une première indication d’une forme de reniement.
Un gouvernement réduit s'inscrit dans un contexte où la bonne gouvernance est un pilier essentiel de la démocratie et du développement durable. Elle traduit une ambition de renforcer la confiance entre les citoyens et leurs représentants, de rationaliser l'usage des ressources publiques et d'optimiser la réponse gouvernementale aux enjeux contemporains.
En envisageant un gouvernement restreint mais dynamique, le Sénégal se positionnera comme un modèle de réforme administrative en Afrique et dans le monde. Cette vision héritée de l’époque de Mamadou Dia, au-delà de ce qu’elle symbolise sera l’expression d’un engagement sans faille en faveur d'une gouvernance qui privilégie l'efficience, la responsabilité et l'équité.
Ainsi, en regardant vers l'avenir avec un œil critique sur le passé, le Sénégal continuera de forger un chemin vers une gouvernance de rupture, renouvelée, inspirée par les leçons de l'histoire et animée par une volonté de servir au mieux ses citoyens.
DIOMAYE FAYE ENTRE EN FONCTION
Symbole du renouveau, le nouvel élu est officiellement devenu le cinquième président de la République ce mardi 2 avril 2024. Devant le Conseil constitutionnel, il a juré de respecter la Constitution et d'oeuvrer au développement du pays
(SenePlus) - C'est devant une assistance de dignitaires sénégalais et étrangers que Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, a officiellement pris ses fonctions de cinquième président du Sénégal. Ce mardi 2 avril 2024, lors d'une cérémonie solennelle organisée au Centre des expositions de Diamniadio, le désormais ex-opposant a prêté serment, confirmant ainsi son élection surprise du 24 dernier.
"Devant Dieu et devant la nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d'observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois", a-t-il déclaré, main droite levée, sous les yeux de plusieurs chefs d'État africains. Des mots forts signifiant le début officiel de son mandat de cinq ans, mais aussi la fin d'un parcours politique mouvementé.
Car cette prestation de serment marque l'ascension fulgurante de Bassirou Diomaye Faye. Jusqu'au mois dernier, l'ancien inspecteur des impôts croupissait encore en prison, sans jugement depuis plusieurs mois. Sa libération et sa victoire surprise à la présidentielle auront donc été le point de départ d'une reconversion express au sommet de l'État.
Désormais chef de l'exécutif, le nouveau président s'est engagé à "respecter et faire respecter" les lois du Sénégal. Reste à savoir si celui qui se proclame homme de la rupture parviendra à engager les réformes promises pour les cinq prochaines années.
Par Alpha Amadou SY
DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE : À QUAND LE GRAND BOND EN AVANT ?
Eu égard à son histoire, à sa culture et à ses ressources humaines, ce pays peut nourrir l’ambition de cesser de faire de « la respiration démocratique » une exception d’un jour de vote pour en rythmer le quotidien des citoyens
Selon les vœux du ministre de l’Intérieur, Mouhamadou Makhtar Cissé, le 24 mars a été « un jour de respiration démocratique ». Des efforts conjugués dans une seule et même symphonie des citoyens motivés, des instructions à l’âme républicaine, d’une presse d’un professionnalisme toujours impressionnant et d’une classe politique responsable a résulté un verdict sans appel et sans la moindre contestation. Aussi, l’écrasante majorité des Sénégalais a-t-elle retrouvé le sourire, le rire voire les éclats de rire,
Et pourtant, malgré cette embellie, qui redore intensément le blason si terni du système politique sénégalais, il est très difficile de parler d’avancées démocratiques notoires.
Les différentes péripéties, qui ont caractérisé la situation du pays depuis au moins 2021, ont fini par convertir en référendum la présidentielle de mars 2024. Partant, sans revenir ici sur les considérations déjà formulées dans nos articles précédents, la présidentielle s’est traduite par le dégagisme. Or celui-ci, même s’il est sans pareil pour se défaire d’un prince, il est aussi générateur de deux effets pervers pour la démocratisation.
La première perversion réside dans la focalisation autour du départ, laquelle hypothèque l’organisation des débats sur les programmes. Sous ce rapport, la présidentielle de mars 2024 est une répétition des législatives de 2023. En optant de mener sa campagne par la défense et l’illustration des réalisation infrastructurelles du président Sall, BBY a été fort vulnérable à la stratégie de l’opposition dont le mot d’ordre fera mouche : « Votez massivement, afin de mettre fin au pouvoir en place !»
Dans ce contexte, même AAR (Alternative pour une Assemblée de Rupture), quoique créditée d’une intéressante campagne, n’a eu qu’un seul député. L’explication en est la suivante : cette élection a été le point de cristallisation du vote utile et du vote -sanction.
Pareillement, la présidentielle, tenue dans des conditions les plus rocambolesques, n’offrait pas l’opportunité d’un débat sur les programmes, condition de leur appropriation. Avec une campagne écourtée pour une raison institutionnelle et un candidat libéré pratiquement à une semaine du scrutin, le temps pour convaincre était quasi inexistant. Ainsi, comme lors des législatives, les citoyens ont sanctionné le pouvoir en place. La seconde perversion est que le dégagisme jette l’opacité sur le landerneau politique. Les forces coalisées pour faire triompher le dégagisme, en faisant prévaloir le vote utile, s’interdisent de se compter pour évaluer le poids réel de chaque composante. Ce faisant, avec la stratégie « du marcher ensemble », tant qu’elle est payante, prédomine la fraternité, mais au moindre soubresaut « le marcher séparément » survient avec souvent un déchirement inouï. Ainsi, YAW, dont le coude à coude, au sortir des législatives, préfigurait un séisme politique au cœur de l’hémicycle, avait caressé le rêve d’opposer à la majorité mécanique de la mouvance présidentielle son unité mécanique, a vite déchanté. Sa dynamique unitaire a souffert de la controverse née du dialogue auquel les conviait le président Macky Sall. Cette divergence atteindra son summum avec la décision surprenante du groupe parlementaire PDS de s’allier avec les députés issus de la majorité présidentielle pour accuser le dauphin, choisi par le chef de l’État en personne, de corruption de deux membres du Conseil Constitutionnel.
Force est alors de reconnaitre que cette présidentielle de mars 2024, pas plus que celle de mars 2012, n’atteste d’une avancée significative de la démocratie sénégalaise. Elle est plutôt la défense et l’illustration de l’engagement des Sénégalais à préserver les acquis arrachés de haute lutte à la faveur de la première alternance politique survenue au Sénégal le 19 mars 2000
Il est même loisible de considérer que, sous les trois alternances politiques, les gouvernants n’ont pas su mettre à profit l’importante architecture institutionnelle héritée du président Abdou Diouf. Au contraire, le tripatouillage constitutionnel, la question de la dévolution monarchique du pouvoir et la promotion du clientélisme sous ses formes les plus abjectes ont confiné le système politique dans un état de danse sur place. Le nombre de morts, les peines d’emprisonnement surréalistes, les immenses dégâts matériels et le lourd tribut payé par la presse restent suffisamment révélateurs du fait que les « biens immatériels » ont constitué le ventre mou de la gestion du Sénégal par les pouvoirs issus des alternances politiques. Aujourd’hui, la sérénité avec laquelle les citoyens-électeurs se sont acquittés de leur devoir confirme la pertinence de la thèse selon laquelle les Sénégalais sont en avance sur leur classe politique. Aussi revient-il au pouvoir et à l’opposition politique de combler ce retard en faisant du coup réaliser à la démocratie un bon en avant.
Avec ce nouveau défi, il serait rassurant de se rendre compte que la bourrasque, qui a emporté les terribles accusations d’atteinte à la sécurité de l’État du Sénégal, n’a pas drainé sous son sillage les dossiers ayant trait au soupçon de détournements des deniers publics. Et s’il est vrai qu’il faut du temps pour avoir droit à des reformes substantielles, il reste que le nouveau peut, à moindre frais, lancé des signaux forts
Participeraient de ces initiatives immédiates, la réduction du train de vie de l’État, la protection des ressources naturelles et la promotion du consommer local. L’interdiction du sponsoring politique qui oblige les ministres et Directeurs à user de deniers du contribuable pour entretenir la clientèle politique feraient partie de ces signaux. le nouveau serait aussi bien inspirée en préconisant cette pratique bien connue des Ivoiriens : inviter les ministres à séjourner chaque week-end chez eux. Ce faisant, ils ne se déconnecteront pas du quotidien de leurs électeurs. En outre, ce séjour les inciterait à améliorer le cadre de vie de leur terroir où ils ne s’y rendent en général qu’à l’occasion des décès et des meetings politiques. La perspective est d’autant plus intéressante que le travail en ligne et la desserte par voie aérienne de certaines localités du Sénégal militent en sa faveur.
En tout état des cause, l’espoir suscité est tel que tout dévoiement pourrait faire le lit de courants politiques aux finalités les plus regrettables.
Dans cette quête de l’amélioration qualitative du système politique, l’opposition est, elle aussi, à interpeller. Alors que, en bonne démocratie, les opposants s’inscrivent dans le double axe de l’amélioration qualitative des condition de vie des citoyens et de la consolidation de l’État de droit, au Sénégal ces derniers marchent sur une jambe, la lutte pour le pouvoir. Et pour cause, les manifestations contre le pouvoir ne réussissent le plus souvent que quand elles sont interdites !
Par ailleurs, tout étant conscient que, en démocratie, aucun acquis n’est irréversible, l’opposition politique ferait avancer la démocratie en cessant de se focaliser sur la question de la fiabilité du fichier électoral et de la disqualification du ministre de l’Intérieur pour l’organisation des élections.
Pour rappel, le soupçon sur la fiabilité du fichier avait amené l’opposition politique à boycotter les législatives de 2007. Pourtant, c’est pratiquement le même document qui sera utilisé lors des législatives de 2009. Et le revers électoral subi par le PDS avait préfiguré le déclin fatal du pouvoir libéral. Enfin, au regard des enseignements de cette présidentielle, la contestation du fichier électoral peut-elle continuer à polluer l’espace politique ?
Dans le même esprit, un regard plus circonspect sur la question du parrainage est nécessaire. Le principe de la participation inclusive ne doit pas déboucher sur un nombre surréaliste de candidats. Hormis les coups financiers aux frais du contribuable, il y va de la qualité de l’écoute citoyenne que requiert le vote. Le Sénégal compte suffisamment de compétences capables de soumettre à la classe politique des solutions à cette délicate équation.
Finalement, débordant le jour de vote, le Sénégal profite de conditions exceptionnelles d’une très bonne « respiration démocratique ». Seulement, eu égard à son histoire, à sa culture et à ses ressources humaines, ce pays peut nourrir l’ambition de cesser de faire de « la respiration démocratique » une exception d’un jour de vote pour en rythmer le quotidien des citoyens.
Une telle utopie tient sa positivité en ce qu’elle incite chacune et chacun à ne ménager aucun effort pour le développement du Sénégal. Car d’une économe de rente ne peut que résulter des perversions démocratiques, conséquences de la faiblesse des forces sociales censées animer le jeu démocratique. Dès lors, l’urgence est de créer les conditions pour enclencher des dynamiques à même de faire émerger de grands agriculteurs et des capitaines d’industries.
Cette perspective est solidaire d’un engagement conséquent pour diffuser les lumières et promouvoir les sciences et tous les arts, y compris la comédie intelligente. Le succès de cette option politique reste fondamentalement tributaire de la valorisation des langues nationales, du patrimoine culturel et de tout ce que l’humanité a créé de meilleur au cours de sa longue et tumultueuse histoire. Alors, l’instruction civique, une fois mise à contribution, permettra chaque citoyen de faire prévaloir une subjectivité pleine et entière l’autorisant à être électeur et/ou éligible
Par Vieux SAVANÉ
L’ANTISYSTÈME FACE À LUI-MÊME
« France Dégage ». « A bas l’impérialisme ». « A bas le néocolonialisme », etc. Si mobilisateurs qu’ils soient, les slogans même dopés par la puissance performative qu’on semble leur prêter, n’ont en effet aucunement vocation à transformer le réel
Suite à sa prestation de serment aujourd’hui, mardi 2 avril, devant le Conseil constitutionnel et des homologues de l’espace CEDEAO et de la Mauritanie, il est attendu de Bassirou Diomaye Faye, président nouvellement élu, qu’il porte sans tarder l’ambition de faire avancer le Sénégal, et par ricochet le continent, en rectifiant certains errements qui ont cours aux plans politique, économique, culturel et social.
Il doit avoir à cœur de le transformer au mieux, en y injectant un possible adossé à la valeur travail, à l’éthique, à l’engagement, au don de soi, à la volonté de servir sa communauté.
Avec un pays fort de quelque 75% de jeunes, continuer de comptabiliser des rêves d’avenir de centaines voire de milliers de filles et de garçons engloutis dans les profondeurs océanes, calcinés par le brûlant soleil du désert, interroge forcément sur le mode de gouvernance. Surtout qu’au bout de leur témérité, scintille l’urgence de s’en sortir. A croire d’ailleurs que pour une bonne frange d’entre elle, céder à de telles pulsions suicidogènes est l’expression subliminale du besoin de voir la politique ne pas s’abîmer à capter les ressources nationales à des fins personnelles, familiales et claniques.
Sans ergoter sur les engagements déclinés dans le projet « Pastefien » et repris lors de la campagne électorale, il convient de rappeler que la parole donnée, après avoir été fortement malmenée par le « wax-waxeet » de Wade et décrédibilisée sous Sall par une plurivocité qui en dilue le sens, mérite de retrouver sa sacralité, en l’occurrence l’univocité qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Dans cette perspective, l’antisystème tant chantée est la mise sur orbite d’un président de la République qui ne pense pas à sa réélection et organise sa mandature autour de la Souveraineté, à savoir une prise en main de soi par soi. Il consiste aussi à veiller au bon fonctionnement des institutions en respectant les prérogatives de chacune d’entre elles et à se donner les moyens de son indépendance. Loin d’être déclamatoire, la Souveraineté dont il est fait cas ne saurait être figée dans des slogans, fussent-ils les plus disruptifs. « France Dégage ». « A bas l’impérialisme ». « A bas le néocolonialisme », etc. Si mobilisateurs qu’ils soient, les slogans même dopés par la puissance performative qu’on semble leur prêter, n’ont en effet aucunement vocation à transformer le réel. Prise en main de soi par soi, la Souveraineté incite au contraire à se doter des moyens de son indépendance autour d’une vision soucieuse de se mettre au service des besoins et des attentes des populations
Un préalable toutefois : savoir rompre avec des pratiques endogènes, négatives voire corruptogènes, organisées autour d’un narratif intériorisé par une grande majorité de nos compatriotes. Ce qui fait dire àIbrahima Thioub qu’« il suffit que vous soyez nommé à un poste ou que vous accédiez à une position de pouvoir quelconque pour qu’on vous submerge de félicitations et qu’on s’attende en retour à ce que vous en profitiez pour vous enrichir et procéder à une redistribution » (in Sud quotidien . Mars 2014). Et de souligner que « cette conception du pouvoir qui accouple prédation et clientélisme a profondément pénétré nos sociétés » (ibidem). Ce que fustige d’ailleurs la jeunesse lorsqu’elle se désole du « toog muy dox » (s’enrichir à ne rien faire)
En réalité, il n’est pas demandé l’insurmontable au président Bassirou Diomaye Faye, sinon d’inaugurer une nouvelle aube qui s’illumine dans le travail bien fait. A défaut d’avoir réussi à mettre en place le Sénégal de nos rêves, il est maintenant question de faire la place à toute une énergie souterraine qui se déploie loin du clinquant médiatique, dans des domaines aussi divers et variés que les finances, l’agriculture, les services, les sciences et techniques.
Durant la pandémie de la Covid 19 les médias avaient ainsi relayé moult innovations propulsées par une jeunesse pétrie de talents sans que les pouvoirs publics ne capitalisent sur cela. Aussi, face à cette jeunesse désabusée, mue par une forte défiance, essayant vaille que vaille de s’en sortir, il convient justement de lui redonner confiance en réconciliant la politique avec son sens étymologique, à savoir se mettre au service de la cité. Pressés par un présent entêtant, les jeunes ne se projettent pas dans le futur et ne sont nullement nostalgiques d’un âge d’or révolu qu’ils n’ont pas connu. Ils se retrouvent plutôt dans le désir brûlant de se réaliser. Désir de boulot. Désir d’équité. Désir d’excellence. Désir de justice sociale, économique. Désir d’une République qui couve ses enfants de la même manière en leur offrant les mêmes opportunités.
Il est donc attendu de Bassirou Diomaye Faye qu’il ne se laisse pas happer par les signes extérieurs du pouvoir tel qu’il se donne à travers des voitures de luxe construites autour de longs cortèges qui désertent les bureaux, perturbent la circulation des personnes. Déjà, pour l’avenue Léopold Sédar Senghor dont le trottoir longeant le palais présidentiel a été confisqué de manière disproportionnée, pour la sécurité d’une seule personne, il est attendu qu’elle se libère. Ce faisant, le palais redeviendra cette maison où le citoyen lambda peut s’arrêter pour admirer à travers les barreaux son imposante façade, ses beaux jardins. Se promener librement et prendre des photos avec les gardes rouges tout autant que les touristes, sous le regard vigilant des gendarmes en charge de la sécurité. Ce qui est encore attendu c’est qu’on torde le cou à l’ « heure sénégalaise », cette drôle d’incongruité pour dire le laxisme, le laisser aller, contrairement à la ponctualité, l’ordre et la discipline, gages de performance et de sérieux. Certes il n’est question que de la partie lilliputienne de l’iceberg puisqu’il est des problèmes autrement plus importants déclinés sous les tons, ayant trait à l’emploi, à la reddition des comptes, à la refondation des institutions, etc.
Seulement voilà, parce que le diable est dans le détail, il faut précisément être regardant par rapport aux insignifiances qui changent la vie. Et il en est tant d’autres. Aussi, au-delà d’une vigilance tatillonne, la rupture attendue est-elle de voir le président Bassirou Diomaye Faye déjouer les pièges qui aspirent, avalent et enferment à bas bruit dans le « pouvoirisme », en épousant une posture, un état d’esprit capables de faire front.
NOUVELLE DONNE FRANCO-SÉNÉGALAISE
Sonko, mentor de Faye, inquiétait auparavant les autorités françaises par ses critiques virulentes de la "colonisation" et du "néocolonialisme". Mais un rapprochement s'est opéré ces derniers mois par "nécessité de préparer l'avenir"
(SenePlus) - Après l'élection surprise de Bassirou Diomaye Faye à la présidence du Sénégal, la France souhaite maintenir des relations constructives avec le pays ouest-africain, malgré les visions divergentes, selon des sources diplomatiques citées par Le Monde.
Dans un appel de près d'une demi-heure vendredi, Emmanuel Macron a signifié au nouveau chef d'État sa "volonté de poursuivre et d'intensifier le partenariat" franco-sénégalais, souligne l'Élysée cité par le quotidien. Dès le 25 mars, le président français avait félicité M. Faye, issu du parti d'opposition Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) et qualifié de "souverainiste".
À Paris, on salue "un scrutin vanté comme un exemple de vitalité démocratique" dans une région secouée par les coups d'État militaires. "Même si un rééquilibrage s'impose, Paris veut conserver avec Dakar des relations apaisées", écrit Le Monde.
Ousmane Sonko, mentor de M. Faye, inquiétait auparavant les autorités françaises par ses critiques virulentes de la "colonisation" et du "néocolonialisme". Mais un rapprochement s'est opéré ces derniers mois par "nécessité de préparer l'avenir", des agents français s'étant rendus à sa rencontre.
"Nous avons expliqué à Paris que nous souhaitions que nos ressources naturelles et humaines nous profitent en priorité. Notre vision souverainiste n'a rien d'extrémiste", assure au Monde un conseiller de M. Faye, dont le parti plaide notamment pour une réforme du franc CFA.
Sur ce point, "la France, premier investisseur et deuxième partenaire commercial, se dit sereine", selon une source diplomatique citée: "Nous sommes plus ouverts que jamais à cette idée".
Si des sujets de friction évidents demeurent, d'autres terrains d'entente sont envisageables, estime Le Monde, comme sur le plan sécuritaire avec le maintien d'une présence militaire française restreinte à Dakar.
Mais "sur certaines questions comme le respect des droits des minorités sexuelles, le Sénégal agira à sa guise", prévient un conseiller cité par le journal, appelant la France à un "partenariat respectueux sans nous imposer un agenda".
Une "période d'incertitude" s'ouvre donc, chaque geste étant désormais "scruté" de part et d'autre après le soutien longtemps apporté par Paris à l'ex-président Macky Sall, dénoncé par les vainqueurs.