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3 décembre 2024
Développement
par Jean Pierre Corréa
TREMPER NOS PLUMES DANS NOS PLAIES
EXCLUSIF SENEPLUS - Tahirou Sarr n’est hélas pas le seul hurluberlu autoproclamé « expert », à squatter plateaux télé et sites d’infos en mal de programmes dignes du nom. Le milieu médiatique doit se faire violence pour réaliser son aggiornamento
« Le pouvoir n’est pas une chose simple. Il pénètre toujours le corps de celui qui en exerce la réalité avec son petit souffle de folie. ll transforme l’être, change son regard sur la société et peut aller jusqu’à bouleverser tout son référentiel axiologique au point que l’agneau le plus doux et le plus consciencieux peut devenir, au fil du temps, un monstre froid, de feu et de fer. » - Mamoudou Wane, Journaliste.
Ce mardi 2 avril, le Sénégal entre indubitablement dans une ère nouvelle. Bassirou Diomaye Faye est investi président de la République et à vrai dire, le fait qu’il prête serment, pour le coup est superflu, il n’a point besoin de jurer quoique ce soit sur quoi que ce soit, pour nous convaincre qu’il n’a plus le choix. Enfin, si, il a le choix entre réussir et… réussir. L’ampleur de sa victoire lui indique de façon limpide ce que les Sénégalais ont rejeté, puisqu’ils ont clairement envoyé à l’ensemble de la classe politique, ce qu’ils pensaient de leurs mœurs obscènes et de leurs comportements désobligeants, qui ont révulsé les populations, qui ont banni ce culte total que nos hommes politiques dans leur grande majorité avaient voué à l’opportunisme. Le président Diomaye Faye a la lourde responsabilité de conduire le pays vers de nouveaux et enchanteurs futurs. Comme le bon maçon, il ne sera jugé qu’au pied du mur. Tout le monde a intérêt à ce que notre nouveau chef d’état réussisse, car sa victoire a été claire, nette et sans bavure. Et pour tendre vers cette réussite, les Sénégalais se doivent de l’aider à réaliser ce qu’il a promis aux populations. Il a dit qu’il pouvait, répondons-lui : « Yes We Can ! ».
L’inévitable et implacable réforme médiatique
Le changement que demande le peuple sénégalais dans sa majorité, devra se faire paradoxalement à son corps défendant, et il est nécessaire que le milieu médiatique soit le premier à se faire violence pour réaliser son aggiornamento et à dresser un lucide état des lieux, où ont proliféré tous les faussaires et tous les aventuriers de l’information. Il ne saurait être reproché aux nouveaux hommes qui vont diriger le Sénégal, d’imposer à notre presse, qu’elle sera libre, si elle sait ce qu’est son énorme responsabilité dans l’accompagnement d’une nouvelle ère souhaitée par les Sénégalais. Pas de liberté sans responsabilité. Nous devons sans honte ni atermoiements futiles, plonger nos plumes dans les plaies ouvertes qui ont balafré notre démocratie, à cause de nos inconséquences, nos incompétences, nos mensonges et nos diffamations sans causes ni conséquences, que bien des mercenaires de la plume ont déversés sur les unes de tant de journaux et d’injustifiés « sites d’informations », gérés par des journalistes qui ne s’affublent même plus de guillemets, mais pire signent leurs méfaits avec des pseudonymes.
Le CORED est actuellement en première ligne, en ayant mis en garde contre les propos d’un soi-disant expert, Tahirou Sarr, pour ne point le nommer, qui éructe sans fards des inepties inconcevables devant des journalistes qui ont surtout eu le tort de l’inviter.
Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias a attiré l’attention des journalistes et techniciens des médias sur la nécessité de faire preuve de “responsabilité” en se gardant de donner de l’audience à la “parole xénophobe, raciste, stigmatisante et intolérante”, conformément à l’Article 18 du Code de la presse, et les a exhortés à censurer tout ce qui peut porter atteinte à notre vivre ensemble”.
Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias constate que Monsieur Tahirou Sarr du Mouvement nationaliste sénégalais, connu pour son discours public tendancieux sur les étrangers vivant au Sénégal et l’immigration, bénéficie d’une présence médiatique de plus en plus marquée. Mais il n’est hélas pas le seul hurluberlu autoproclamé « expert », à squatter nos plateaux télé et nos sites d’infos en mal de grille de programmes dignes de ce nom et les « chaînes YouTube », gérées sans aucune notion de déontologie journalistique.
Le ménage doit aussi être fait dans cette jungle de titres qui chaque matin inondent l’espace médiatique et qui émanaient non pas de groupes de presse, mais de « Groupes de Pression », appartenant à des tendances, adverses souvent, diffusées par des hommes du pouvoir sorti, qui y faisaient ignoblement leurs trafics d’influences.
Les 500.000 lecteurs de nos quotidiens n’ont pas besoin de 40 journaux. L’heure est aujourd’hui à la puissance de nos informations qui concernent toutes les problématiques de développement, autour desquelles le nouveau pouvoir doit savoir expliquer ses nouvelles exigences aux populations. C’est à nos journalistes formés et responsabilisés, qu’il revient de poser avec les compétences qui vont avec, toutes les questions relatives, par exemple à la monnaie, sujet qui ne peut plus être commenté par n’importe qui sur un plateau, avec toute la désinvolture qui accompagne souvent les ignorants. Pour aider ce nouveau pouvoir à réussir, nous devrons être déterminés à pointer ce qui doit être changé, mais aussi tout ce qui pourrait les éloigner des vertus nécessaires à l’accomplissement de tout ce qu’ils ont promis aux Sénégalais. Respecter l’intelligence de leurs lecteurs et de leurs auditeurs et téléspectateurs, en se mettant au niveau des enjeux qui bordent clairement nos voies de la rédemption, devra être le leitmotiv de notre milieu médiatique.
Notre nouvelle mission est de les rendre plus libres et plus intelligents, pour les préparer aux défis futurs qui conditionnent l’avenir de notre pays. Seule condition pour y parvenir : Faire un implacable ménage…sans ménagements évidemment. Pour qu’enfin les journalistes remplacent les pisse-copies…comme ils aiment d’ailleurs se nommer sans même savoir ce que ce terme a de dédaigneux…
C’est dire…
par Macky Sall
LETTRE AUX LEADERS ET MILITANTS DE BENNO BOKK YAAKAAR
C'est en restant unis, que nous serons dignes de la confiance que le peuple sénégalais nous a manifestée douze durant en dépit de la conclusion du 24 mars 2024. Et l'histoire, à nouveau, nous gratifiera de ses promesses heureuses pour notre cher pays
Mes chers alliés, leaders, responsables et militants,
Née de l'épreuve d'une mutation décisive dans notre histoire politique, la coalition Benno Bokk Yaakaar a marqué profondément l'évolution de notre pays ces douze dernières années à travers une longévité et une stabilité à nulles autres comparables. Je suis honoré d'avoir bénéficié de votre confiance, de votre soutien sans faille et de votre solidarité à toute épreuve.
Je vous témoigne de mes sentiments de profonde gratitude.
Notre diversité n'a jamais été un obstacle à notre unité. La différence de nos expériences a été une source féconde d'enrichissement mutuel, mais surtout le terreau de nos performances dans la transformation qualitative et quantitative de notre pays.
Notre unité a préservé notre nation des convulsions qui déstabilisent dans un monde difficile, en pleine mutation et de plus en plus complexe. Nous avons, défendu ensemble et en commun le socle du vivre-ensemble dans la longue tradition d'hospitalité du peuple sénégalais. Nous avons fait du sacerdoce dans l'exercice partagé du pouvoir, une éthique qui transcende les intérêts particuliers.
Nous avons hissé notre pays au rang d'une nation prête pour l'émergence à la faveur du Plan Sénégal Émergent et le développement d'une démocratie exemplaire, d'un État garant de l'intégrité des institutions. Nos acquis auraient été fragiles si nous n'avions pas donné la primauté à l'intérêt général de notre peuple. Nous sommes restés forts parce que nous avons veillé sur notre cohésion et les intérêts supérieurs de la Nation.
Mes chers alliés, je vous invite, après les changements à la tête de l'État, à poursuivre cette tradition de solidarité et d'unité, cette expérience de construction d'une vision commune du destin de notre pays.
Nous avons donné la preuve que la politique n'est pas uniquement un champ de confrontation. Elle est aussi, cela a toujours été ma conviction, une quête permanente de consensus pour entreprendre, dans un élan collectif, l'action de transformation pour le bien-être de notre peuple et la renommée de notre cher pays.
Je vous invite à porter, ensemble, cette expérience de performance attestée douze ans durant et d'en être fiers, parce que cette expérience des différences traversées et des divergences résolues nous a valu des acquis considérables sur le chemin de l'Emergence.
C'est en restant unis, que nous serons dignes de la confiance que le peuple sénégalais nous a manifestée douze durant en dépit de la conclusion du 24 mars 2024.
Mes chers alliés, je vous exhorte leaders, responsables et militants de notre grande coalition à rester attentifs à la voix des synergies nécessaires et des solidarités salutaires.
Et l'histoire, à nouveau, nous gratifiera de ses promesses heureuses pour notre cher pays ancré dans ses traditions démocratiques et républicaines.
Vive le Sénégal
Vive la République
Vive Benno Bokk Yaakaar
Vive la grande coalition de la majorité présidentielle
par Mohamed Lat Sack Diop
DES TESTS D'AUTORITÉ POUR DIOMAYE FAYE
À Paris, aucune urgence n'attend Macky Sall pour justifier que soit précipité son départ du pays alors qu'à Dakar des dossiers et "affaires" sont en traitement et que d'autres pourraient connaître des suites judiciaires
Le président Bassirou Diomaye Faye se prépare à prendre les reines du pouvoir ďEtat du Sénégal pour en exercer les pleins pouvoirs. Mais aucune euphorie ne peut nous faire oublier que ce pouvoir a été acquis dans des conditions harassantes, douloureuses et rendues tout aussi exceptionnelles par un massif plébiscite des citoyens sénégalais. Ce plébiscite donne une idée du degré d'angoisses, ďindignations et de lassitude d'un peuple dont les espoirs et attentes sont visiblement très hautes.
Mais au-delà de cette pluie de congratulations et de félicitations qui tombent des quatre coins du monde, l'attitude cavalière et vexante du président français Emmanuel Macron et de son poulain Macky Sall attire le plus notre attention.
Il est stupéfiant et suspicieux de voir la précipitation avec laquelle le président Emmanuel Macron requit en novembre dernier - alors que Macky Sall était son homologue encore en exercice - que ce dernier quitte le Sénégal pour rejoindre son nouveau poste à ľHexagone dès après sa passation de service sous prétexte de prendre fonction d'un ombrageux 4P (Pacte de Paris et machin).
Cette injonction péremptoire à rejoindre Paris, acceptée par Macky Sall a des relents de "convocation d'urgence" qui dénotent et confirment le nul respect d’Emmanuel Macron à l’endroit de ses "partenaires" africains.
Il s'agit, là, ďune attitude méprisante à ľégard du peuple Sénégalais qui vit, à travers de tumultueux événements électoraux et post-électoraux, de sérieux et solennels moments éminemment liés à son destin.
Un destin que des intrigues, traques, acharnements, cabales et conspirations iniques contre des opposants et d’innocents citoyens ont failli, depuis 2012, faire basculer vers un désastreux et regrettable chaos.
Dans de telles conditions et un tel contexte de changements de régime et de passations de pouvoirs tous azimuts, je trouve foncièrement discourtois voire irrespectueux d'organiser, pour un si controversé et clivant président sortant, une précipitée sortie du terroir qui a un parfum ďexfiltration.
Cette démarche est d'autant plus malveillante que les "dossiers sous mon coude" et bien d'autres de nature gravement sécuritaire (jihadhisme, terrorisme, forces spéciales...) ne sont pas encore compulsés et traités ne serait-ce que pour savoir s'ils comportaient des éléments susceptibles d'être qualifiés, ou non, de Haute Trahison.
Cette démarche de ľElysée est un insultant comportement diplomatique qui illustre encore l'incapacité de l’Etat français à comprendre le sens vers lequel tournent ces vents souverainistes irreversibles qui balayent ľAfrique notamment dans sa partie ouest.
Par ce comportement, Emmanuel Macron démontre son incapacité à faire évoluer ses préjugés et clichés condescendants quels que soient les circonstances, les contextes et les acteurs qu'elle a en face.
Une autre vérité est que, par respect pour la digne mémoire des citoyens tombés sous les balles de ses nervis qui ont infiltré nos forces de défense et de sécurité, il serait inconvenant que Macky Sall quitte le Sénégal après le 2 avril 2024 pour ce qui s'apparenterait forcément à une fuite organisée par ses maîtres.
Les cruelles atrocités et bévues perpétrées par des zélotes payés, sans doute, directement ou indirectement sur des fonds publics, les victimes de handicaps à vie par leur fait, les incarcérations injustes, les embastillements gratuits et les bâillonnements d'adversaires politiques sont, pour le président Bassirou Diomaye Faye, autant de raisons légitimes pour ne pas laisser Macky Sall quitter aussi allégrement le Sénégal sur la pointe des pieds.
Encore une fois, à Paris, aucune urgence n'attend Macky Sall pour justifier que soit précipité son départ du pays alors qu'à Dakar des dossiers et "affaires" sont en traitement et que d'autres pourraient connaître des suites judiciaires.
Soyons clairs, il est plus que faux de prétendre que ce qui attend Macky Sall à Paris a le moindre caractère urgent quand on sait que si son coup ďEtat constitutionnel avait prospéré, il serait resté au Sénégal au-delà du 15 décembre prévu pour organiser cette élection.
Macron qui tente ďexfiltrer son acolyte, ne peut avoir plus de droit et d'autorité sur un citoyen sénégalais que les autorités sénégalaises elles-mêmes.
Au moment où Nicolas Sarkozy, ancien président français, est sous le coup dinculpations et de jugements devant les tribunaux de son pays, voici Macron avoir l'outrecuidance de donner à un citoyen sénégalais le prétexte et un moyen de s'évader ou de le faire fuir pour ne pas rendre compte de ses actes et ďéchapper à la justice de son pays.
C'est dire que le Président Diomaye a davantage de raisons et d'autorité que lui pour empêcher son compatriote de bouger du Sénégal.
Et il serait dommage que le premier acte diplomatique posé par le président Diomaye Faye vis-à-vis d'une puissance étrangère soit de laisser Macron s'arroger plus de droit et d'autorité sur son propre concitoyen. Et sous quel que alibi que ce fut.
par Macky Sall
LETTRE À TOUS MES CAMARADES RÉPUBLICAINS
Je reste le président du parti et serai toujours avec vous. La démocratie est d'abord une succession de cycles. L'essentiel n'est pas de perdre ou de gagner. L'essentiel est d'être constamment en alerte lorsque l'intérêt de notre pays est en jeu
Au moment de quitter le pouvoir ce 2 avril 2024, j'exprime au peuple sénégalais dans son entièreté, ma profonde gratitude pour sa confiance renouvelée à maintes occasions pendant les douze années où j'ai eu l'honneur de présider aux destinées de notre nation et à mes camarades de l'Alliance Pour la République, mes chaleureux et infinis remerciements.
Depuis le 1er décembre 2008, militants de l'Alliance Pour la République des premiers heures, concitoyens de bonne volonté et autres fils de la République qui nous ont rejoints dans le vaste chantier de la construction nationale, vous n'avez cessé de me témoigner de votre soutien indéfectible dans la mise en œuvre de notre vision commune pour un Sénégal émergent. Un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous.
Nous avons réussi ensemble à écrire de belles pages de l'histoire de notre pays. Nous continuerons ensemble à écrire de nouvelles pages, en toute responsabilité et dans la droite ligne de nos convictions démocratiques et républicaines.
Chers camarades de l'Alliance Pour la République, je vous exhorte, sur ce chemin de nouvelles conquêtes, de rester soudés, résolument tournés vers l'avenir. La démocratie est, d'abord, une succession de cycles. L'essentiel n'est pas de perdre ou de gagner.
L'essentiel est d'être constamment en alerte lorsque l'intérêt de notre pays est en jeu, lorsque le bien-être des populations est en jeu.
Je vous recommande donc de rester en alerte, d'être plus que jamais ancrés dans notre tradition républicaine, de regarder fermement vers les nouveaux horizons pour de nouvelles victoires.
Je vous recommande de rester dignes et engagés en agissant dans le respect des institutions, de la République, des principes démocratiques et de l'éthique républicaine.
Je vous recommande de reprendre le travail à la base, parmi et aux côtes de nos vaillantes populations, car elles sont la source de la légitimité et le siège par excellence de la souveraineté.
Je vous recommande enfin de consolider la cohésion de notre parti et de perpétuer la solidarité avec nos partenaires de la grande coalition Benno Bokk Yaakaar, de procéder au niveau de toutes les communes, à l'évaluation exhaustive de l'élection présidentielle du 24 mars 2024 afin d'en tirer un bilan objectif et d'envisager les perspectives de relance et de remobilisation de notre parti et de tous ses membres.
Mes chers camarades de l'APR Yaakaar, je reste le président du parti et serai toujours avec vous, toujours à vos côtés, pour défendre les acquis de notre pays et dicter à l'histoire de nouvelles conquêtes pour que les aspirations de notre peuple se traduisent en réalité.
Je sais que nous pouvons, ensemble, compter sur les jeunes et les femmes de notre parti, l'Alliance Pour la République, fer de lance de tous nos combats, de toutes les mutations heureuses de notre société et garantes de la préservation de nos acquis.
Unis et mobilisés, les portes de l'avenir nous restent ouvertes.
Vive le Sénégal
Vive la République
Vive l'Alliance pour la République
par Ousseynou Nar Gueye
LE DÉGAGISME
Notre pays, le Sénégal, est dirigé aujourd’hui par celui qui l'aura le plus voulu, c'est-à-dire le président Bassirou Diomaye Faye. Tous ces énarques, polytechniciens et anciens de Sciences Po, qui ont essayé de nous vendre leurs diplômes, ont été dégagés
(Avant-propos : un ''#texticule'' est un texte bref et puissant. Ce que je prétend humblement écrire ici).
En avril 2023, il y a un an, je suis ici avec le président du Parti Réewmi, Idrissa Seck, quand il m'a reçu en entrevue chez lui, vers Saly.
Comme me l'a dit hier un frère du Sénégal qui m'est cher : à l'instar de ce qu'a dit Emmanuel Macron en 2017, en affirmant que "la France sera gouvernée par celui qui la voudra le plus", Macron allant jusqu'à s'exploser les cordes vocales à force de vociférer dans les meetings politiques et les grands bains de foule au contact des Français, avec sueur et yeux exorbités?
Eh bien, c'est pareil au Sénégal : notre pays, le Sénégal, est dirigé aujourd’hui par celui qui l'aura le plus voulu, c'est-à-dire le président Bassirou Diomaye Faye (sans nier le mérite d'Ousmane Sonko dans cette victoire).
Tous ces énarques, polytechniciens et anciens de Sciences Po, qui ont essayé de nous vendre leurs diplômes, prétendus synonymes de leur compétence, en arborant un sourire avenant et présumé charmeur dans les meetings, se sont ramassés (pour rester polis) ou ont été dégagés (pour parler vrai).
Comme les technocrates froids et apparatchiks en France que furent les candidats à la présidentielle Raymond Barre, Balladur, Jospin, Juppé.
À propos de ce dernier, Alain Juppé : Jacques Chirac (qui fut deux fois président de la République, dont une fois pour n'en rien faire-en 1995, avec sa dissolution calamiteuse de l'Assemblée nationale- et une deuxième fois "par accident", en 2002 ; c'est dire !), le qualifiait de "le meilleur d'entre nous". On pourrait dire la même chose d'Idy pour les Libéraux et de Khalifa pour les Socialistes (Khalifa, qui pour sa défense, "n'est que" professeur de collège en histoire-géographie...).
Amadou Bâ, lui, était perçu comme étant le moins mauvais d'entre eux (i.e le plus consensuel). Mais ne nous y trompons pas : son score de 35,9% est une raclée pour le candidat présidentiel d'un régime sortant. 35%, c'est le score qu'a eu Wade en 2012, quand il se faisait déloger du palais présidentielle, pour son 3ème "faux pas forcé". Bref, Amadou Bâ (alias "moo jara woolu", sur ses affiches) n'aura jamais "fendu l'armure", pour s'offrir corps et âme aux électeurs et en sortant ses tripes.
Au total, ci-git le bûcher des illusions, en cette fin mars 2024. Mois qui tient son nom du Dieu de la Guerre. Dans la mythologie romaine, Mars est le dieu des guerriers, de la jeunesse et de la violence.
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
IL NE FAUDRAIT PAS QUE TOUT CHANGE POUR QUE RIEN NE CHANGE
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette participation électorale massive ne traduit pas comme de coutume, une volonté de punir un camp, mais bien un désir éperdu de retrouver de l’espoir
Le 2 avril 2024, une image forte se dessinera au bout de l’avenue de la République. A mesure qu’on avancera, l’image grossira, on découvrira un Macky triste, agrippé aux grilles du palais. Un agent préposé à la présidence, paternel le prendra par l’épaule et lui dira doucement de circuler*. Ce temps arrive et c’est demain.
Comme disait Saint Beuve « Il laissera moins de vide, qu’il n’aura occupé de place ». Oui, aujourd’hui c’est le 2 avril, Macky Sall n’est plus président de la République. Cela fait douze ans que nous luttons contre sa mauvaise gouvernance et ce jour est arrivé. Enfin il s’est ratatiné et rentrera bien vite dans le néant.
Que dire de ses hommes ?
Entrés pauvres comme job dans la politique, ils la quitteront riches comme Crésus. Leur société de jouissance vient de perdre leur guide. Ces arrivistes, hédonistes, profiteurs en tous genres en feront difficilement leur deuil.
Qui est celui qui a trempé dans toutes les infamies du président ? Qui est celui qui préparait le terrain pour les mensonges et en assurait le service après-vente ?
Il mentait avec l’autorité d’un licteur que même moi, pas juriste pour un sous, pouvait lui apporter la contradiction. Il a sombré dans sa vieille ville de Rufisque.
Il faudra qu’ils rendent gorge. Comme dit le proverbe africain, « il faut frapper le cadavre pour que le vivant se corrige ». Point d’impunité.
Tout cela est bien fini. Nous n’aurons plus des ministres et autres personnages haut en couleur venir nous seriner des salmigondis. Nous en avions assez d’entendre ceux qui ne faisaient rien, parler à longueur d’antenne. Qu’aura apporté un FN à la République ? Qu’aura apporté un MMN à la République ? La liste est longue ; Eux tous, aveuglés par le biais de normalité, ne voyaient pas la catastrophe à laquelle ils couraient. Ils avaient toujours cru que l’argent, les blindés arroseurs d’eau, les fermetures d’université achetaient le silence. Ils avaient oublié que les bulletins de vote sont encore plus forts que les canons et les grenades. Ne virent-ils pas que les chars de Tiananmen furent arrêtés par un bras ?
Macky n’a abdiqué que parce que sa réputation fut mise en cause à l’étranger. À partir de ce moment, il a épuisé son désir de rattraper ce pouvoir qui le fuyait, comme ce chasseur qui n’a d’yeux que pour ce lièvre qu’il poursuit, oubliant le gibier qu’il a déjà dans sa besace.
Macky Sall aura donc au final échoué car il n’aura pas atteint son objectif de "réduire son opposition à sa plus simple expression". Il a certes remporté des victoires d’étapes : Karim et Khalifa furent mis au tapis et même à l’ombre. Sonko sera son cadavre récalcitrant. Macky finit son mandat défait en rase campagne dans une pagaille indescriptible et une incompréhension totale. Lui qui était rentré sous les applaudissements ne sortira hélas pas sous les hourras.
La réception dans « son » palais, de Diomaye et de Sonko, acheva d’exhiber à la face du monde sa plus cuisante défaite : avoir passé ses magistères à chercher à mettre hors d’état de nuire un adversaire, y réussir en l’emprisonnant pour finalement être obligé, sans qu’il le demande, à le libérer dix jours avant le vote.
Pas plus que lui Macky Sall, à l’époque, soustrait à la vigilance de Wade qui n’avait alors d’yeux que pour ses supposés vrais adversaires, Bassirou Diomaye aura échappé à sa surveillance, tout occupé qu’il fut, à barrer la route à Sonko. L’histoire se répète. L’existence des grands hommes est tracée d’avance.
Voila cet épisode est maintenant tourné, sur son épitaphe on lira : « Ci-gît un monarque qui fit plus pitié que d’envie ».
Place au nouveau pouvoir
Il ne faudrait pas que cette bourrasque qui a soufflé ce 24 mars soit vaine. Cette participation électorale massive ne traduit pas comme de coutume, une volonté de punir un camp, mais bien un désir éperdu de retrouver de l’espoir et voir le Pastef dérouler son projet. Sonko a fait sa part en s’effaçant au nom du projet et en désignant Diomaye. A ses camarades de comprendre que l’échec n’est pas une option ! L’avenir du pays en dépend. Nous sommes condamnés à réussir sinon la malédiction qui frappe les autres pays du continent nous tombera dessus à notre tour.
Il faudra pour cela, une communauté nationale soudée. Elle ne saurait l’être si une majeure partie d’entre elle souffre de la faim et des difficultés de la vie quotidienne. Le projet exigera donc d’engager des luttes et des sacrifices, qui seuls, nous permettront de gagner les trophées que nous méritons. Nous devrons emprunter des chemins où nous ne sommes jamais allés, longer des chemins escarpés, où le moindre faux-pas mènera à l’abîme. S’y engouffreront des hommes et des femmes de valeur, pétris de courage et travailleurs, ayant un sens aigu de l’éthique et de respect de la chose publique. C’est cette exigence qu’appelle de reconstruire la grandeur du pays. C’est de ce leadership éclairé, capable de mobiliser les énergies dont le pays aura besoin. Voilà ce qu’on attendra du parti Pastef et de ses alliés. D’être une machine d’entrainement pour la transformation du Sénégal. Pour cela, il devra disposer de ses meilleurs cadres dans ses rangs et ne pas les migrer tous vers les dorures de l’exécutif. Il faudra se délester de ceux qui préfèrent la facilité au travail, la jouissance à l’effort.
Il faut que nous cessions d’être un peuple enjoignant ceux qui nous dirigent de faire notre bonheur. Nous serons d’éternels déçus car ils ne peuvent pas le faire. On leur demande d’organiser et de galvaniser notre société afin que nous puissions tous travailler pour sa postérité.
Qui d’autre que Sonko pour mener à bien ce Projet ?
Lui seul, pourra impliquer le peuple dans sa propre transformation et imposer dans le cadre de la rupture prônée, l’aggiornamento de la classe politique que beaucoup, au fil des législatures se refusent à entamer.
Président du parti ou Premier ministre et président du parti, il pourra mener cette révolution tant attendue.
Le Sénégal, comme le disait une vieille figure socialiste, n’a pas besoin de surhommes mais d’hommes sûrs dans ces moments de son histoire. Soyons prêts.
Dr C. Tidiane Sow est coach en communication politique.
par Oumou Wane
MACKY-SONKO, LE DINOSAURE CONTRE LE MOUSTIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’on se demande bien à la veille de l’investiture de Bassirou Diomaye Diakhar Faye qui a finalement été le nain politique dans cette tragi-comédie. Qui a fait de l’autre une seule bouchée…
La paire Diomaye-Sonko, si jeune par l’âge et si mûre dans les actes qu'elle a posés ces années durant pour faire face à l’adversité, a fini par tourner en bourrique le dinosaure Macky Sall jusqu’à lui faire perdre la boule.
Au début, il s’agissait de se débarrasser d’un jeune petit inspecteur des impôts récalcitrant qui empêchait de tourner en rond, qu’il fallait radier de la fonction publique. Ce fut fait devant les yeux ébahis des Sénégalais, allergiques à tout excès de pouvoir, venant surtout de la part d’un président qui a lui-même été victime de brimades de son prédécesseur, sans commune mesure bien entendu avec ce à quoi nous avons assisté, les yeux écarquillés et la main collée à la bouche. Le président sortant ne voulut pas voir ce qui le guettait en s’acharnant sur le jeune Sonko. Toutes les fois que le jeune inspecteur endurait une disgrâce, les Sénégalais se hissaient comme un seul homme, à leur corps défendant, pour le gratifier d’une grâce afin de laver chaque crasse qu’il subissait.
Comme dans un théâtre tragique, le dinosaure et le moustique s’affrontèrent des années durant. À chaque fois que le dinosaure dégainait une arme non conventionnelle, le moustique lui infligeait une piqûre atroce qui lui faisait tellement mal qu’il finit par sortir toute son armada devant les yeux ébahis du monde entier.
Animé par l’énergie de l’émotion, il abandonna toute maîtrise et, fidèle à sa stratégie de réduire l’opposition à sa plus simple expression, il finit par se réduire lui-même à sa plus simple expression.
Le moustique finit en prison, entre quatre murs.
C’est cette promesse anti-démocratique faite en 2014 à Kaffrine qui lui a valu cette déroute aujourd’hui. Macky n’a pas seulement perdu le pouvoir parce qu'il n'avait pas droit à un troisième mandat. Pire, il a aussi compromis sa crédibilité personnelle en tant que chef d'État, censé être équidistant et garant des libertés et de la séparation des pouvoirs.
Cette guerre absurde contre Sonko, menée si loin sans qu'il ne veuille entendre raison avant qu'il ne soit trop tard, l'a déplumé et l'a laissé nu !.
Cet extrait du succulent éditorial de Fadel Dia, publié le 14 février 2024 dans Sud Quotidien et repris sur SenePlus.com, résume bien la situation :
« La littérature orale pulaar, riche en dictons et proverbes, évoque souvent la tragique histoire de la danse du Fou. Le Fou danse, le public admire d’abord ses pirouettes s’étonne qu’il les ait réussies, l’applaudit, s’amuse de ses chutes et les pardonne. Le public, bonne fille, se dit qu’après tout sa danse ne durera que quelques instants et qu’il finira par céder la place car d’autres danseurs, plus frais, s’impatientent au bord de la piste. Mais, voilà le Fou ne sait pas que le temps lui est compté pour cet exercice, il continue donc à tourner sans s’apercevoir qu’il n’amuse plus le public, que celui-ci a besoin de changement, alors que non seulement il ne se renouvelle pas, mais qu’il fait de plus en plus de faux pas. Il est victime de l’usure et sa glande de vanité est si grosse qu’il fait plus attention aux applaudissements qu’aux sifflets. On le chahute d’abord, puis on s’exaspère, on veut le forcer à quitter l’arène, mais inconscient du danger, il résiste et on finit par l’expulser en le trainant par les pieds ! »
Pendant ce temps, cloîtré derrière les quatre murs de sa prison au Cap Manuel, le moustique concocta le venin final. Convaincu qu'il serait empêché d’être candidat malgré deux décisions de justice, il envoya une nuée de candidats, persuadé que l’un de ses moustiques finirait bien par se glisser subrepticement dans la liste finale des candidats. Il en plaça 3. Ce qui devait arriver arriva. Son jumeau Bassirou Diomaye Diakhar Faye, fut élu au premier tour de l’élection présidentielle du 24 Mars 2024 Président de la République du Sénégal.
Et maintenant ?
Le dinosaure, qui passera le témoin à son successeur ce 2 avril 2024, met les bouchées doubles sur des dossiers en instance, accroche des breloques pour services rendus par-ci par-là, fait des réformes de dernière minute qui sèment la confusion en attendant d’aller voguer ailleurs. Ici, les attentes sont incommensurables. Avec un âge médian de 19 ans, l’élu Diomaye et son mentor faiseur de roi ne seront pas seulement les têtes de l’exécutif mais seront comme des grands frères qui prennent la main de leurs jeunes frères et sœurs. Cet aspect psychologique de leur communication à leur égard sera l’une des clés de leur réussite et prolongera leur état de grâce. La durée de celui-ci dépendra de deux choses en réalité.
Que Sonko, le moustique en chef, soit nommé d’ores et déjà Premier ministre pour mettre en musique leur programme de rupture et surtout pour brider l’impatience et la soif des jeunes d’en découdre hic et nunc avec l’ancien régime. Bien sûr, certains esprits éculés pensent que Sonko ne doit pas déranger le président élu dans un premier temps, qu’il devrait se mettre en retrait. Idée saugrenue qui ne mérite même pas de commentaire.
En outre, l’initiative citoyenne et nationale des jeunes sénégalais, à travers l’opération Set Setal montre à suffisance la place qu’occupent dans leur cœur les grands frères ou jumeaux Ousseynou et Assane. Cela me rappelle les années 2000 lorsque Me Abdoulaye Wade accéda à la magistrature suprême, les jeunes d’alors, gonflés à bloc, étaient prêts à balayer la place de l’Indépendance sur une simple injonction du maître.
En un mot, Ousseynou moy Assane, Assane moy Ousseynou devrait-on dire ! À les observer, pendant que l’un sera appelé à gérer la destinée du pays, l’autre sera occupé à accomplir le destin du pays. La jeunesse sénégalaise est suspendue à leurs lèvres et prête à entrer en action. Un discours de vérité s’impose aux jeunes. Naturellement, tout le monde ne pourra être salarié mais l’essentiel d’entre eux devrait pouvoir entreprendre et s’armer de patience. Aux grands frères d’avoir la communication idoine à la hauteur des enjeux.
Évidemment, pour cela, quels que soient les impératifs, urgences ou autres, le lien ne devra jamais être rompu avec leurs petits frères et petites sœurs auto-désignés. Cette opération de nettoiement national est l’occasion finalement de réorganiser les quartiers en cellules citoyennes chargées d’abord d’expliquer leur programme aux résidents et d’élaborer par la suite avec eux les opportunités et doléances dans les domaines de l’environnement, de l’emploi et de la citoyenneté « un esprit sain dans un corps sain », lançant ainsi les nouvelles initiatives de quartier.
Pour conclure, avec le recul, l’on se demande bien à la veille de l’investiture du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye comme 5ème président de la République du Sénégal, qui a finalement été le nain politique dans cette tragi-comédie ! Qui a fait de l’autre une seule bouchée… L’histoire immédiate semble avoir décisivement tranché la question. Ainsi soit-il !
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group – africa 7tv.
UN PRÉSIDENT, DEUX PREMIÈRES DAMES
Le Sénégal entre dans l'histoire avec l'élection de son premier chef d'État polygame. Bassirou Diomaye Faye assume publiquement sa relation avec deux femmes. Une situation sans précédent qui relance le débat sur la polygamie dans le pays
(SenePlus) - Une scène jamais vue auparavant et rapportée par l'AFP s'est produite peu avant la fin de la campagne pour l'élection présidentielle du 24 mars 2024. Bassirou Diomaye Faye, candidat de la rupture et du panafricanisme, est monté sur l'estrade tenant la main de ses deux épouses, Marie et Absa. Cette apparition publique de M. Faye aux côtés de ses deux femmes a replacé la question sensible de la polygamie au cœur du débat national.
M. Faye a été élu à la tête du Sénégal dès le premier tour avec 54,28% des suffrages. Originaire du même village que lui, Marie Khone est sa première épouse depuis 15 ans et mère de ses 4 enfants. Il a épousé Absa il y a un peu plus d'un an. "C'est une consécration de la tradition de la polygamie au sommet de l'État avec une situation qui va coller à la réalité sénégalaise", a commenté le sociologue Djiby Diakhaté auprès de l'AFP.
Bien que pratiquée par une part importante de la société, notamment en milieu rural, la polygamie demeure un sujet délicat. Selon un rapport de l'Agence nationale de la statistique et de la démographie datant de 2013, 32,5% des Sénégalais mariés vivent dans des unions polygames. Cependant, de nombreuses femmes la jugent "hypocrite et injuste" à leur égard. La Commission des droits de l'homme de l'ONU la considère même comme une discrimination dans un rapport publié en 2022.
La sociologue Fatou Sow Sarr a partagé sur les réseaux sociaux que "la polygamie, la monogamie, la polyandrie sont des modèles matrimoniaux déterminés par l'histoire de chaque peuple", avant de préciser que "l'Occident n'a aucune légitimité pour juger nos cultures". Les séries télévisées sénégalaises comme "Maîtresse d'un homme marié" ou "Polygamie" ont également mis en lumière les tensions au sein des familles confrontées à cette pratique.
Pour la professeure d'histoire et ex-ministre de la Culture Penda Mbow, interviewée par l'AFP, "c'est totalement inédit" d'avoir deux Premières Dames. "Cela signifie que le protocole doit être revu". Reste à voir comment sera géré ce précédent historique au sein de la présidence sénégalaise.
LE CORED S'INQUIÈTE DE LA PAROLE XÉNOPHOBE DE TAHIROU SARR
L'instance de régulation médiatique se dit "préoccupé par l'audience grandissante" accordée à cet homme connu pour ses sorties stigmatisantes envers les étrangers vivants au Sénégal, dont notamment la communauté guinéenne
(SenePlus) - Le Conseil pour l'Observation des Règles d'Ethique et de Déontologie dans les médias (CORED) exprime sa vive préoccupation face à la médiatisation croissante du discours de Tahirou Sarr, figure de proue du Mouvement nationaliste sénégalais.
Dans un communiqué publié ce lundi 1er avril 2024, le CORED "condamne fermement la banalisation de tout discours tendant à désigner l'étranger comme bouc émissaire", en référence aux propos publics régulièrement tenus par Tahirou Sarr sur l'immigration et les étrangers vivant au Sénégal.
Le tribunal des pairs, citant l'article 18 du Code de la presse, rappelle l'interdiction faite aux médias de donner de l'écho à des propos "xénophobes, racistes, stigmatisants et intolérants" susceptibles d'attiser les tensions.
"Nous appelons les professionnels des médias à faire preuve de responsabilité en ne relayant pas ces discours qui peuvent mettre en péril notre cohésion sociale", a-t-il déclaré.
Le CORED se dit "préoccupé par l'audience grandissante accordée à Tahirou Sarr ces derniers mois, notamment par certaines chaînes de télévision et stations de radio qui l'invitent régulièrement sur leurs antennes".
Cette médiatisation croissante, si elle se poursuit, risque selon le CORED d'"influencer certains esprits facilement manipulables" et de banaliser un discours "stigmatisant qui va à l'encontre des valeurs d'hospitalité et de solidarité prônées par notre République".
Le Conseil exhorte les médias à faire preuve de "responsabilité" en censurant tout propos ou image "susceptibles de mettre à mal notre cohésion nationale". Il les a également appelés à "ne pas se faire le relais de discours haineux ou appelant à la violence".
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LES PROVOCATIONS DE TAHIROU SARR
Le patron du mouvement dit nationaliste revendique ouvertement son racisme anti-immigrés à la télévision. Visant particulièrement les Guinéens, il appelle sans détour à leur expulsion du pays
(SenePlus) - Le Sénégal est secoué par une polémique concernant les propos ouvertement racistes de Tahirou Sarr, président du Mouvement nationaliste sénégalais (MNS). Lors d'une interview accordée à un média local, ce dernier n'a pas renié son racisme, assumant clairement ses prises de position hostiles aux immigrants.
"Je l'assume. J'assume être le raciste qu'on dit", a lancé Tahirou Sarr, une déclaration choc révélant l'extrémisme de ses vues. À la tête d'un mouvement se réclamant du nationalisme, il appelle régulièrement à l'expulsion des étrangers en situation irrégulière vivant au Sénégal.
Sa cible privilégiée est la communauté guinéenne, la plus importante d'un point de vue numérique avec 43% des immigrés selon l'Agence nationale de la statistique et du développement (ANSD). "Les Guinéens travaillent au noir, font baisser les salaires et prennent les emplois des jeunes Sénégalais", accuse Tahirou Sarr.
Pourtant, les étrangers ne représenteraient que 2% de la population locale d'après les chiffres officiels de l'ANSD. Malgré ces faits, le leader nationaliste bénéficie d'un soutien certain au sein d'une partie de la société sénégalaise. Une campagne a ainsi été lancée sur les réseaux sociaux pour plaider sa nomination au ministère de l'Intérieur auprès du nouveau président Bassirou Diomaye Faye, avec qui il est réputé proche.
En juin 2023, dans la lignée des violentes manifestations en soutien à Ousmane Sonko, une centaine de Guinéens avaient été expulsés du pays.
Au Sénégal, un mouvement nationaliste fait polémique et appelle à l’expulsion des étrangers illégaux, notamment des Guinéens : pic.twitter.com/Cxk7GlW8bw