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2 décembre 2024
Développement
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DÉMOCRATISER LES DROITS, AU-DELÀ DES INSTITUTIONS
Fin de l'hyper-présidentialisme, indépendance réelle de la justice, déconcentration des pouvoirs... Les chantiers ne manquent pas. Mais la refondation la plus urgente pourrait bien être celle d'un nouveau du contrat social
A l'orée d'une nouvelle ère politique, à quoi doit ressembler la refondation démocratique au Sénégal ? C'est la question brûlante qui a nourri les échanges de ce cinquième épisode de la série "Où va le Sénégal" animée par Florian Bobin, en compagnie de trois figures intellectuelles de premier plan : Marie-Pierre Sarr, Samba Ndiaye et Ndiabou Touré.
Trois années de violences et de dérives autoritaires ont profondément ébranlé l'État de droit sénégalais. Les droits les plus fondamentaux ont été bafoués, du droit de manifester à la liberté d'expression, en passant par l'indépendance de la justice foulée aux pieds. "Une crise de l'État de droit entraîne une crise de la société, c'est évident", Martèle Marie-Pierre Sarr.
Pourtant, même dans les heures les plus sombres, une lueur d'espoir est née : la naissance d'une conscience citoyenne vis-à-vis du droit. "Le droit s'est installé dans la tête du Sénégalais ordinaire", souligne Ndiabou Touré. Un regain de vigilance salutaire, qui a permis de déjouer la stratégie de normalisation des dérives du pouvoir sortant.
Mais l'heure est désormais à la reconstruction. Pour Samba Ndiaye, les réformes institutionnelles à venir ne doivent pas se limiter à un simple habillage mais insuffler une véritable régénération éthique. "Il ne faut pas céder au fétichisme des institutions, insiste-t-il. C'est en repensant nos valeurs fondatrices que nous rebâtirons un État de droit pérenne."
Fin de l'hyper-présidentialisme, indépendance réelle de la justice, déconcentration des pouvoirs... Les chantiers ne manquent pas. Mais la refondation la plus urgente pourrait bien être celle d'un nouveau du contrat social, un projet rassembleur puisant dans l'âme plurielle de la Nation.
"C'est notre métissage culturel et notre diversité qui font notre force, estime Ndiabou Touré. Nous devons réinvestir ce terreau de paix pour bâtir les fondations d'une démocratie apaisée."
Passé le cap des élections, la route vers une démocratisation effective du droit s'annonce semée d'embûches. Mais la société civile, qui démontre toute sa vitalité, compte bien garder un œil vigilant sur la concrétisation des promesses de changement.
par Ibrahima Gassama
ET SI LE SÉNÉGAL ÉLISAIT 18 MILLIONS DE PRÉSIDENTS
Accomplir ses devoirs et crier ses droits, avec des cahiers sur la tête ou un stylo à la main, lors des grèves estudiantines et scolaires sans casser de biens publics et privés, ne sont-ils pas des actes à la portée des filles et des fils du pays ?
« Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays. » John Fitzgerald Kennedy.
Le dimanche 24 mars 2024, les sénégalais ont dans leur écrasante majorité décidé d’élire leur cinquième président dès le premier tour, avec 54,28% des suffrages exprimés. Un président que les amoureux du pari sportif hippique auraient appelé dans leur jargon, un outsider. Un outsider que nul n’a vu venir. Que dis-je ? Un poulain, oui un poulain qu’aucun esprit, grand et averti puisse-t-il être, ne pouvait entrevoir pour le classer parmi les partants. Oui, pas un seul esprit, car les synapses des partants sont toujours embourbées dans des équations insolubles, des équations qui se heurtent toujours au fameux moi ou personne ! L’élection présidentielle sénégalaise de 2019 en est deux preuves : Karim Meïssa Wade et Khalifa Ababacar Sall.
Eh bien, ce poulain, seul un cœur, un grand et pur cœur pouvait le voir et le choisir, cela avec un troisième œil. Cet œil devra-t-il être dénué de tout égo, de toute peur et de toute ma-thématique. Cet œil, il est fait tout œil, il fait corps avec le cœur, loin de l’esprit, inconnu des théorèmes politiciens. Gagner et perdre valent le même prix pour lui. Pour lui, perdre et gagner pèsent le même poids. Oui, pour lui, que représente sa petite silhouette dans cet univers si vaste de 196722 km2 ? Cet univers sénégalais endurant et patient, digne et vertueux, qui depuis 1960 est à la recherche de l’oiseau rare pour veiller sur ses libertés, judiciaire, humanitaire, alimentaire, financière…..
Pour lui accorder ses libertés et affranchir son peuple de la tyrannie des valets d’occident, que de sacrifices sur l’autel de l’injustice, au grand dam de toute sa famille, au sens africain du terme. D’abord au temple fiscal et domanial, pour raison de dénonciation de détournements de deniers publics, ensuite au carrefour des porteurs dévoyés de voix du peuple, encore pour raison de mauvais usage des deniers publics, et enfin au temple de thémis, pour raison d’accusation de viol jamais prouvé.
Qui, pour arrêter la mer avec ses bras ? Qui ? Personne. Qui pour affronter cette grosse et redoutable machine appelée l’Etat ? Qui, si ce n’est Dieu ? Sur Dieu se repose qui voudrait connaître le repos, pourvu qu’il soit dépourvu d’intellect et fasse de son cœur sa boussole. Quelle que soit la puissance de l’adversaire, quels que soient ses plans et ses subterfuges, Dieu nous connait mieux que nous croyons nous connaître. Ainsi, avec une carapace dure, comme un O.S., il a su transcender toutes ces épreuves, au prix de sa vie et de sa carrière professionnelle, pour servir au Sénégal un magnifique cadeau en ce mois doublement béni de carême et de ramadan. Pour sûr, pas d’être parfait en ce monde si bas, cultiver la meilleure graine de soi incombe en revanche à chaque être....humilité, écoute, bienveillance, élevation, pardon, gratitude.
Un peuple déterminé est inarrêtable, un croyant adossé à Dieu sort toujours vainqueur de ses épreuves. L’élection présidentielle sénégalaise de 2024 aura été une belle et instructive leçon de vie pour tous, même pour les esprits les plus sombres.
Après 64 ans d’indépendance, que de progrès ont pu être réalisés ! Au plan infrastructurel, tous azimut, se vantent-ils souvent. Bravo. Les transports. Bravo. A quel prix ? Surfacturation, corruption, contrats lugubres, des marchés de gré à gré bien graissés à l’insu de toute inquisition sérieuse, tellement le coude posé est lourd.
Quid des libertés individuelles, du niveau de vie dégradant des sénégalais ? Le chômage, la famine, la mort silencieuse, la mort subite, la mendicité sans masque, le prix élevé des soins sanitaires, l’émigration clandestine, la dilapidation du trésor marin, la flambée des prix, l’anarchie, les conditions carcérales inhumaines, le niveau scolaire au rabais, etc., peignent le sombre tableau de bord du Sénégal. Le comble, face à toutes ces misères, les sénégalais cohabitent avec des fonctionnaires milliardaires, hautains et arrogants, toujours prompts à exposer ostentatoirement leur butin à travers leurs palais, leurs apparats leurs bolides illicites.
L’élection du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye est une véritable délivrance pour le peuple sénégalais. Elle le serait davantage si chaque Sénégalais, où qu’il soit, accepte de s’élire président. Elle le serait encore si chaque Sénégalais sait que 5 ans, 10 ans et même 20 ans, ne sauraient suffire pour bâtir un pays et construire le prototype homosenegalensis. Qu’il sache, tel le colibri, que sa pierre, petite puisse-t-elle sembler, demeure utile à l’édification d’un Sénégal meilleur que nous souhaiterions construire et léguer à nos enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants.
La propreté au pluriel doit constituer un viatique pour chaque sénégalais. L’assainissement de soi, des relations humaines, fondé sur le respect et la loyauté, la préservation des biens publics et biens privés, de l’environnement, à travers de petits gestes aux grands effets tels que le reboisement et la salubrité, l'observance de l’éthique et de la déontologie, le respect des horaires de travail, des valeurs de la famille, point de départ du façonnage de l’humain doivent être nos idéaux pour bâtir un Sénégal meilleur.
Afficher autrement sa colère et ses revendications à travers le port de brassards vert-jaune-rouge, bannir les grèves sans travail en entreprise, encadrer des manifestants sans effusion de sang et de pertes en vies humaines, sont-ils possibles ailleurs et non au Sénégal ? Accomplir convenablement ses devoirs et crier haut et très haut ses droits, avec des cahiers sur la tête ou un stylo à la main, lors des grèves estudiantines et scolaires sans casser de biens publics et privés, ne sont-ils pas des actes à la portée des filles et des fils du Sénégal ?
Chers concitoyens, personne, personne hormis le peuple sénégalais dans son entièreté, soutenu par ses frères et sœurs cohabitants étrangers, ne pourrait développer notre cher pays. Le travail, la discipline, l’intégrité, le respect, la solidarité, le partage, la foi, sont autant de leviers dont chaque sénégalais peut user pour élever le Sénégal au plus haut sommet des firmaments du bonheur et de la paix pour tous. A cela, y ajouter la répartition équitable des retombées de l’exploitation des richesses naturelles dont regorge le pays ne saurait qu’être juste et bénéfique à tous. Combien de pays au monde vivent heureux sans même disposer de la moitié des richesses dont dispose le Sénégal ?
Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a été élu le dimanche 24 mars 2024 par une écrasante majorité des sénégalais, avec 54,28% des suffrages exprimés. Mais à lui tout seul, avec Ousmane Sonko, avec tous les membres de Pastef, avec les membres de la coalition Pastef, avec la diaspora, ils ne pourront pas tout faire.
Qu’en est-il si le Sénégal élisait 18 millions de présidents ?
par Ibrahima Thioye
FAITS MARQUANTS ET QUELQUES ENSEIGNEMENTS DE L’ÉLECTION
La communication pour accéder au pouvoir ne doit plus être la même que celle qui sera en vigueur lorsqu’on dirige le pays. Dans sa forme, elle doit être plus pondérée, plus suggestive et plus constructive
L’élection présidentielle du 24 mars 2024 s’est globalement déroulée dans de bonnes conditions. Elle s’est soldée par la victoire de Bassirou Diomaye Faye au premier tour. Celle-ci traduit une volonté de sanction d’un régime qui a mis à rude épreuve le corps social et secoué la démocratie, le contrat social ou le vivre-ensemble. Quelques secteurs économiques ont subi des perturbations suite aux différentes crises. On assiste à une ère nouvelle marquée par l’émergence de jeunes leaders et la fin de cycle d’anciens acteurs politiques. Ousmane Sonko a incontestablement joué un rôle de premier plan durant tout le processus électoral. Le peuple sénégalais a réagi magistralement en écrivant de fort belle manière — grâce à ce scrutin — une nouvelle page de notre marche vers unesouveraineté nationale plus complète. Sont décrits ci-après quelques faits marquants et des enseignements qui peuvent être utiles pour la nouvelle équipe dirigeante qui accède au pouvoir.
Faits marquants
1. Victoire de Bassirou Diomaye Faye au premier tour
La coalition Bassirou Diomaye Faye remporte cette élection avec 54,28 % des voix, suivie de la coalition BBY, dirigée par Amadou Ba, qui a obtenu 35,79 % des voix. Ces deux coalitions totalisent 90 % des voix, offrant ainsi une allure de référendum à cette joute électorale. Elles sont suivies par le PUR d’Aliou Dia et Taxawu de Khalifa Sall, qui ont obtenu ensemble 4,36 % des voix ; les quinze autres candidats se partagent 5 % des suffrages.
Ces résultats expriment une volonté du peuple de rompre avec cet état de déliquescence du corps social. La coalition Diomaye a su répondre par un positionnement très clair sous la houlette agissante d’Ousmane Sonko. Amadou Ba s’est positionné comme le candidat de la continuité qui n’a pas bénéficié du soutien complet des membres de son camp. Les autres candidats avaient surtout un problème de notoriété.
2. Fin de cycle pour Idrissa Seck et Khalifa Sall
Les résultats obtenus par Idrissa Seck et Khalifa Sall — respectivement 0,90 % et 1,56 % — ont surpris la plupart des observateurs. Idrissa avait obtenu plus de 20 % des voix lors de l’élection de 2019. Le parti de Kalifa Sall, Taxawu, avait enregistré 14 députés lors des dernières élections législatives. Sont-ils victimes du processus de bipolarisation ou s’agit-il simplement d’un besoin de renouvellement du personnel politique suivant un schéma d’alternance générationnelle ?
3. Résultats très faibles pour les dissidents de BBY
Les quatre candidats dissidents de BBY n’ont pas réalisé des scores significatifs. Idrissa Seck, Boun Abdallah Dionne, Mame Boye Diao et Aly Ngouye Ndiaye ont enregistré respectivement 0,90 %, 0,19 %, 0,33 % et 0,47 %, totalisant moins de 2 % des voix. Ces voix, ajoutées à celles d’Amadou Ba, portent le score de ce dernier à environ 38 % des suffrages.
4. Les gros scores
De gros scores ont été enregistrés pour Bassirou Diomaye Faye à Touba Mbacké, Bignona, Oussouye et Ziguinchor : 79,50 %, 81 %, 79,56 % et 74 %. Amadou Ba a remporté la victoire avec la même tendance dans la région de Matam : 87 % à Kanel, 86 % à Matam et 80,93 % à Ranérou. Le poids électoral de Mbacké étant plus élevé que celui de Matam, le surplus de voix obtenu dans la région de Diourbel — 190 000 — l’emporte sur les voix obtenues par BBY dans la région de Matam.
Quelques enseignements
1. La boucle vertueuse : un bon positionnement, de puissantes marques, une forte coalition
La coalition de Bassirou Diomaye Faye a su capitaliser sur les marques Sonko et Pastef En apportant leur soutien à cette coalition, des leaders, qui ont marqué le landerneau politique, ont inscrit leur action dans une boucle vertueuse. Ousmane Sonko, craignant un rejet de sa candidature, a demandé à plusieurs membres de son parti et même à d’autres alliés de Yewi Askan wi de déposer la leur. En désignant Bassirou Diomaye Faye comme le candidat de repli, porteur de son projet, le Pastef a opéré un transfert d’aura grâce au mot d’ordre : « Diomaye est Sonko et Sonko est Diomaye ». La marque mère Sonko a donné naissance à une marque fille Diomaye qui s’est imposée avec brio sur le marché électoral.
2. Nouveaux rôles pour Sonko afin de réduire la probabilité de frictions
Après avoir contribué à élire des maires et des députés, Sonko a largement joué un rôle dans l’élection de Bassirou Diomaye Faye. Il a su ajuster sa présence ou son absence durant la campagne en laissant à ce dernier la latitude de s’imposer et d’incarner cette posture de candidat de la rupture qu’attendent les Sénégalais. Après son élection, on peut se demander si la meilleure stratégie — celle qui présente une faible probabilité de frictions ou de tensions — ne consisterait pas à offrir plus d’espace à Diomaye. Est-ce que la présidence de l’Assemblée nationale ne serait pas la meilleure station pour Sonko ? Le parti Pastef ayant grandi assez vite et étant appelé à se massifier, Ousmane Sonko pourrait contribuer à parfaire son organisation et en faire un modèle de fonctionnement démocratique capable d’élever le niveau de formation politique de ses membres.
3. Changer les éléments de langage
La communication pour accéder au pouvoir ne doit plus être la même que celle qui sera en vigueur lorsqu’on dirige le pays. Dans sa forme, elle doit être plus pondérée, plus suggestive et plus constructive. Voici quelques éléments de langage utiles, dont certains sont déjà dans le registre de la communication des nouveaux dirigeants :
« Nous n’avons qu’un ennemi, c’est le retard économique du pays. »
« Nous avons besoin de toutes les compétences pour reconstruire le pays. »
« Pas de chasse aux sorcières. Amnistie, et non amnésie ; réconciliation nationale dans la justice et la vérité. »
« Ils ont fourni le maximum de leurs capacités dans le contexte qui était le leur : nous devons pousser plus loin les limites dans ce nouvel environnement plus complexe où tout est urgent et face à des attentes et à des exigences très fortes des populations. »
« Nous ne sommes pas des saints ; nous commettrons certainement des erreurs, mais nous apprendrons très rapidement de celles-ci. »
« Les bonnes intentions ne suffisent pas, nous préférons mettre en place l’organisation, les règles, la discipline qui nous prémunissent contre d’éventuelles dérives. »
4. Dynamique de changement orienté résultat et changement de mentalités
1. Les premiers jours devraient contribuer à bien finaliser la conception des éléments du projet (y compris les conclusions et recommandations issues des rapports des assises et de la CNRI) : déclinaison précise avec des engagements, mise en place des moyens d’évaluation et de suivi, sensibilisation et démarrage.
2. Actions rapides à réaliser pour fixer les esprits et maintenir l’espoir (stabiliser la gouvernance, déploiement des mesures faciles à mettre en œuvre ne requérant pas la validation de l’Assemblée nationale, etc.).
3. Mesures de discipline et d’organisation pour marquer les esprits (attachement viscéral à la ponctualité, déclaration de patrimoine, etc.).
4. Annonce publique de rupture avec les vieilles pratiques d’exhibitionnisme et d’ostentation qui peuvent facilement entraîner des glissements vers le népotisme et la gabegie (griotisme dans sa dimension perverse, patronage de manifestation, « drapeaux », etc.).
5. Lancement, par anticipation, de la campagne de lutte contre les inondations ou actions prioritaires à forte répercussion sociale.
Cette élection marque un tournant décisif dans la vie politique du Sénégal. De nombreux défis économiques et sociaux attendent les nouveaux dirigeants. Des secteurs économiques ont été secoués, le corps social mis à rude épreuve et la démocratie fragilisée. Les nouveaux dirigeants ont obtenu la faveur des populations grâce à leur orientation très claire à propos du patriotisme et de la souveraineté qu’ils s’engagent à parfaire. Le projet autour duquel ils ont mobilisé les Sénégalais est plutôt pertinent, car il répond aux principales questions brûlantes de l’heure. Le plus gros défi est de le mettre en œuvre en faisant face aux obstacles qui ont empêché les deux premières alternances de réaliser leurs promesses de départ.
Face à la nation ce mercredi en prévision de la célébration du 4 avril, le président a déroulé une feuille de route de réformes majeures. Refondation démocratique, moralisation de la gouvernance, priorité à la jeunesse... afin d'impulser le renouveau
(SenePlus) - Ce 3 avril 2024, à la veille du 64ème anniversaire de l'indépendance du Sénégal, le président Bassirou Diomaye Diakharr a adressé un message fort à la nation. Dans son allocution, il a rendu hommage aux héros de la résistance et aux anciens combattants qui ont sacrifié leur vie pour la liberté. "Je rends un vibrant hommage à mes prédécesseurs, les présidents Senghor, Diouf, Wade et Sall, qui, chacun, a apporté sa pierre à l'œuvre de construction nationale", a-t-il déclaré.
Le chef de l'État a particulièrement salué les Forces armées, "au cœur de la cohésion nationale" selon le thème retenu cette année. "Je réaffirme la reconnaissance de la Nation. Je vous exprime ma fierté, mon soutien et mon entière confiance dans vos missions au service de la patrie", a affirmé M. Faye.
L'unité nationale et la cohésion de la société sénégalaise ont été les maîtres mots du message présidentiel. "Je suis déterminé à préserver notre vivre ensemble hérité de nos ancêtres", a martelé le Président, soulignant son rôle de "tendre la main à tous pour rassembler, rassurer, apaiser et réconcilier".
M. Diakharr a annoncé d'importantes réformes à venir, promettant de "convoquer de larges concertations" sur plusieurs chantiers majeurs:
- La réforme du système électoral et le remplacement de la CENA par une véritable Commission électorale indépendante. "L'inscription sur le fichier électoral se fera concomitamment à la délivrance de la pièce nationale d'identité", a-t-il précisé.
- La rationalisation du nombre de partis politiques et de leur financement.
- L'organisation d'Assises regroupant les professionnels du droit pour "redorer le blason de la justice" et "la réconcilier avec le peuple".
Dans un élan de rupture, le président a également promis de lutter contre la corruption et l'opacité qui gangrènent la gouvernance. "J'engagerai sans tarder une politique hardie de bonne gouvernance économique et financière par la lutte sans répit contre la corruption, la répression de la fraude fiscale, la protection des lanceurs d'alerte et l'amnistie des prête-noms sous condition d'auto-dénonciation", a martelé le président.
Il a aussi annoncé la divulgation de la propriété effective des entreprises extractives et un meilleur contrôle de l'exploitation des ressources naturelles "qui appartiennent au peuple".
Revenant sur les urgences économiques et sociales, le chef de l'Etat a dit vouloir "gagner la souveraineté alimentaire" en investissant davantage dans l'agriculture, la pêche et l'élevage. Il s'est engagé à ce que les subventions agricoles "bénéficient aux véritables producteurs".
Conscient des immenses attentes de la jeunesse, M. Diakharr a réaffirmé en faire "une priorité". "L'éducation, la formation, l'emploi et l'entreprenariat jeunes restent des défis majeurs que nous relèverons en concertation avec le secteur privé", a-t-il promis, annonçant la "révision des mécanismes existants".
Enfin, dans un plaidoyer pour l'unité et la résilience, le président a exhorté les Sénégalais à "afficher une confiance résolue" pour "vaincre nos peurs et nos doutes". "Notre mérite et notre honneur, c'est de réussir l'épreuve [...] et poursuivre ensemble notre marche solidaire vers notre destin commun", a-t-il conclu avec ferveur.
Ci-dessous l'intégralité du discours
"Mes chers compatriotes,
Demain, le 4 avril 2024, nous célébrons le 64ème anniversaire de l'indépendance de notre pays. À toutes et à tous, j'adresse mes chaleureuses félicitations.
Je rends hommage à chacune et chacun de vous pour votre attachement aux vertus cardinales de paix et de démocratie qui fondent notre vécu quotidien. Les changements significatifs que nous venons de vivre de façon paisible, témoignent, une fois de plus, de la maturité de notre peuple, de la vitalité de notre démocratie et de la force de nos institutions. Nous devons tous être fiers de cette belle performance.
Cette année encore, par la grâce divine, notre fête nationale se déroule sous le signe de la communion spirituelle, avec la semaine sainte pascale qui vient de conclure le carême et le mois de ramadan qui tire à sa fin.
Compte tenu des circonstances, en lieu et place du défilé traditionnel, je présiderai demain au Palais de la République une cérémonie de levée des couleurs, sobre et symbolique.
Ce soir, alors que nous célébrons notre liberté retrouvée, mes pensées vont à nos vaillants résistants, héros célèbres ou méconnus, qui, se donnant corps et âme, ont défié l'odieux système colonial et sa prétendue mission civilisatrice, pour défendre la liberté de notre peuple et ses valeurs de culture et de civilisation.
Je voudrais également saluer avec respect et affection nos anciens combattants, qui ont sacrifié leur jeunesse loin de leurs familles, au prix de leur vie et de leur liberté. Je rends un vibrant hommage à mes prédécesseurs, les présidents Senghor, Diouf, Wade et Sall, qui, chacun, a apporté sa pierre à l'œuvre de construction nationale. C'est sur la base de ce legs que je veux poursuivre avec vous notre quête collective du Sénégal de nos rêves.
Mes chers compatriotes,
La fête nationale met à l'honneur nos Forces de défense et de sécurité. À vous, officiers, sous-officiers et militaires du rang, qui avez choisi le métier risqué des armes, je réaffirme la reconnaissance de la Nation. Je vous exprime ma fierté, mon soutien et mon entière confiance dans vos missions au service de la patrie, de la paix en Afrique et dans le monde. Je salue la mémoire de nos Jambaars tombés au champ d'honneur et souhaite prompt rétablissement aux blessés. L'Etat restera toujours solidaire de leurs familles, avec soin et compassion.
Le thème de cette édition, Les Forces armées au cœur de la cohésion nationale, nous interpelle par son actualité et sa pertinence. Il nous rappelle qu'au-delà du cérémonial, la fête nationale est surtout l'occasion d'une introspection individuelle et collective sur notre commun vouloir de vie commune.
Nos Forces de défense et de sécurité, sous le concept Armée-Nation, symbolisant la diversité et la cohésion de leurs composantes socio-culturelles, nous offrent un bel exemple de ce que doit être le vivre ensemble sénégalais.
En tant que Chef suprême des armées, et garant de l'unité nationale, je suis déterminé à préserver notre vivre ensemble hérité de nos ancêtres ; parce que nous n'avons qu'une seule patrie : le Sénégal, notre abri commun, que nous aimons tous, qui ne commence pas par nous, et ne finit pas avec nous.
Dans cet esprit, mon rôle, et je compte l'assumer pleinement, est de tendre la main à toutes et à tous, pour rassembler, rassurer, apaiser et réconcilier, afin de conforter la paix, la sécurité et la stabilité indispensables au développement économique et social de notre cher pays. De l'est à l'ouest, du nord au sud, je souhaite que notre cher Sénégal reste uni et indivisible, en paix et en harmonie avec notre devise nationale : Un Peuple-Un But-Une Foi. Nous le devons à nous-mêmes. Nous le devons à nos enfants. Nous le devons aux générations futures.
C'est pourquoi notre vibrante jeunesse, cœur battant de la nation, restera au centre de mes préoccupations.
Chers jeunes du Sénégal, je fais miens vos rêves, vos aspirations, et vos ambitions légitimes de réussir pour être utiles à vous-mêmes, à vos familles, vos communautés et votre pays. L'éducation, la formation aux métiers, l'emploi, l'entreprenariat des jeunes et des femmes restent des défis majeurs à relever. J'en ferai une priorité élevée des politiques publiques, en concertation avec le secteur privé. Nous devons, à cet effet, revisiter les mécanismes existants, les améliorer et les rationaliser afin qu'ils répondent mieux aux besoins d'emploi et autres activités génératrices de revenus pour les jeunes.
Pour encourager la création d'emplois, je compte m'appuyer sur un secteur privé fort parce que soutenu par l'Etat. Sur la base de nos besoins prioritaires, nous travaillerons ensemble pour endogénéiser notre économie. Bien entendu, le secteur privé international aura son plein rôle à tenir.
Les Sénégalais sont braves mais ils sont fatigués et attendent de nous des solutions contre la vie chère. La question du coût de la vie me préoccupe particulièrement et retient toute mon attention. Dans les jours à venir, des mesures fortes seront prises dans ce sens, après les concertations que j'entreprendrai avec les acteurs concernés.
Mes chers compatriotes,
De l'indépendance à nos jours, notre système politico institutionnel et judiciaire a vécu bien des péripéties, les unes plus heureuses que les autres.
Soixante-quatre ans après, le moment me semble venu de tirer les leçons de nos réussites et de nos échecs pour une gouvernance publique plus moderne, plus républicaine et plus respectueuse des droits humains.
C'est pourquoi, après avoir démissionné de mon poste de secrétaire général de PASTEF-Les Patriotes, pour ainsi me mettre au-dessus de la mêlée, je convoquerai de larges concertations avec la classe politique et la société civile sur :
- La réforme du système électorale notamment ;
- Le remplacement de la CENA par une Commission électorale nationale indépendante (CENI) avec un renforcement de ses moyens de fonctionnement et de ses prérogatives ;
- La rationalisation du nombre de partis politiques, ainsi que leur financement ;
- L'inscription sur le fichier électoral concomitamment à la délivrance de la pièce nationale d'identité
Par ailleurs, pour redorer le blason de la justice, lui redonner le prix qu'elle mérite et la réconcilier avec le peuple au nom duquel elle est rendue, j'entends organiser des assises regroupant les professions du métier (magistrats, avocats, huissiers, greffiers et autres auxiliaires de justice), les professeurs d'université et les citoyens pour identifier des pistes de solution aux problèmes de la justice.
Dans la quête d'un Sénégal meilleur au bénéfice de tous, j'entends instaurer une gouvernance vertueuse, fondée sur l'éthique de responsabilité et l'obligation de rendre compte.
En outre, j'engagerai sans tarder une politique hardie de bonne gouvernance économique et financière par :
- La lutte sans répit contre la corruption ;
- La répression pénale de la fraude fiscale et des flux financiers illicites ;
- La protection des lanceurs d'alertes ;
- L'amnistie des prête-noms et leur intéressement sous condition d'auto dénonciation ;
- La publication des rapports de l'IGE, de la Cour des comptes et de l'OFNAC.
De même, l'exploitation de nos ressources naturelles, qui, selon la constitution, appartiennent au peuple, retiendra particulièrement l'attention de mon gouvernement.
Ainsi, en plus de la mise en ligne déjà effective des contrats miniers, pétroliers et gaziers, sur le site de l'ITIE Sénégal, je ferai procéder à la divulgation de la propriété effective des entreprises extractives, conformément à la Norme ITIE, à l'audit du secteur minier, gazier et pétrolier et à une protection plus soutenue du contenu local au bénéfice du secteur privé national.
Au demeurant, je voudrais dire à tous nos partenaires privés qu'ils sont les bienvenus aux Sénégal.
Conformément aux lois et règlements en vigueur, les droits de l'investisseur seront toujours protégés, de même que les intérêts de l'Etat et des populations.
A nos pays amis et partenaires, je voudrais assurer que le Sénégal reste un pays ouvert et accueillant pour tous.
Nous veillerons, sans cesse, à maintenir et raffermir les relations de bon voisinage et de solidarité agissante au sein de nos organisations communautaires, notamment la CEDEAO et l'UEMOA.
Héritiers de l'idéal panafricaniste de Cheikh Anta Diop et de Léopold Sédar Senghor, un des pères fondateurs de l'Organisation de l'Unité Africaine, nous demeurons fermement engagés dans la construction de l'intégration africaine et la réalisation des objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Nos partenaires étrangers de tous horizons sont d'égale dignité pour nous. A tous, nous devons respect et considération. Et de tous nous demandons respect et considération.
Nous resterons engagés pour une gouvernance mondiale plus juste et plus inclusive, dans le respect de l'égale dignité des valeurs de cultures et de civilisations.
Mes chers compatriotes,
La fête nationale, symbole de notre souveraineté, nous rappelle que nous sommes seuls face à notre destin, et que personne ne fera à notre place ce que nous ne sommes pas disposés à faire pour nous-mêmes.
Nous avons la responsabilité historique de conforter notre souveraineté en rompant les dépendances injustes, en nous prenant en charge par nous-mêmes et en valorisant davantage nos capacités productives et nos talents nationaux.
Dans cet esprit, l'Administration doit agir à tous les niveaux de façon plus accueillante et plus efficace pour les usagers du service public. Nous devons bannir de nos pratiques les procédures et formalités indues qui altèrent l'efficacité de l'Etat.
Dans cet objectif, nous entendons investir massivement dans la digitalisation des services et des procédures administratives.
De même, il y a urgence à gagner notre souveraineté alimentaire en investissant plus et mieux dans l'agriculture, la pêche et l'élevage, les trois mamelles nourricières de notre pays.
Je tiens particulièrement à ce que les subventions substantielles dépensées chaque année dans la campagne agricole bénéficient aux véritables producteurs et non à des acteurs intermédiaires.
En définitive, mes chers compatriotes, l'indépendance que nous célébrons demain est certes un évènement festif, mais aussi et surtout un test de résilience et de grandeur pour la nation.
Notre mérite et notre honneur, c'est de réussir l'épreuve, en affichant une confiance résolue en nous-mêmes, pour vaincre nos peurs et nos doutes, surmonter les obstacles devant nous, et poursuivre ensemble notre marche solidaire vers notre destin commun, main dans la main, épaule contre épaule.
C'est à cela que je vous invite, dans la communion des cœurs et des esprits.
Vive le Sénégal, en paix et en sécurité, uni, libre et prospère !
Bonsoir et bonne fête de l'indépendance."
MARY TEUW NIANE, DIRECTEUR DU CABINET PRÉSIDENTIEL
L'ancien ministre de l’Enseignement supérieur a été nommé ce mardi soir par le chef de l'État Bassirou Diomaye
Le professeur Mary Teuw Niane, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, a été nommé, mardi soir, ministre, directeur de cabinet du président de la République, a appris l’APS de source officielle.
L’inspecteur général d’État, Oumar Samba Ba, a été quant à lui maintenu à son poste de secrétaire général de la présidence de la République.
SONKO NOMMÉ PREMIER MINISTRE
Le chef de Pastef a la charge de composer le gouvernement inaugural de l'ère Diomaye Faye. Il a d'emblée fixé le cap : son équipe ne "ménagera aucun effort" pour concrétiser les promesses de "changement définitif dans le bon sens"
(SenePlus) - Dans son premier discours en tant que Premier ministre nommé par le président Bassirou Diomaye Faye ce mardi 2 avril 2024, Ousmane Sonko a lancé un vibrant appel à l'unité nationale et à la participation citoyenne. Évoquant "cette formidable jeunesse sénégalaise" qui s'est mobilisée pour nettoyer les artères des villes, il a déclaré : "C'est d'autant plus important que nous articulons notre action autour de la citoyenneté, de la participation collective."
M. Sonko a insisté sur l'importance d'un effort collectif pour atteindre les objectifs fixés pour le Sénégal. "Chacun devra donner le meilleur de lui-même pour que nous atteignions les objectifs que nous nous sommes assignés pour le Sénégal et non pas pour le président Bassirou Diomaye Faye", a-t-il affirmé.
Témoignant de sa loyauté au chef de l'État, il a néanmoins souligné que son équipe gouvernementale se consacrerait pleinement au service du pays. "Nous ne menagerons aucun effort pour atteindre ce que nous avons, les objectifs que nous avons promis au peuple sénégalais, c'est-à-dire la rupture, le progrès et le changement définitif dans le bon sens."
Cette prise de parole intervient après la prestation de serment de M. Bassirou Diomaye Faye en tant que nouveau président de la République, en remplacement de Macky Sall plus tôt dans la journée.
Le nouveau Premier ministre a promis dévoilé "dans les heures ou jours à venir" son équipe gouvernementale.
LE COLONEL DIÈYE DEVIENT L'HOMME DE L'OMBRE DU PALAIS
Issu du Bataillon d'artillerie, il a une longue expérience dans l'armée sénégalaise où il a occupé plusieurs postes de responsabilité. Son dernier poste était celui de chef de cabinet du chef d’état-major général des armées
Le colonel Pape Birane Dièye, ancien chef de cabinet du chef d’état-major général des armées sénégalaises, est le nouvel aide de camp du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, selon la Direction de l’information et des relations publiques des armées sénégalaises. Le colonel Dièye remplace à ce poste le général Meissa Cellé Ndiaye.
Le nouvel aide de camp du président de la République, issu du Bataillon d’artillerie, est passé par le Prytanée militaire de Saint-Louis et l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (France).
Le colonel Pape Birame Dièye a commandé le Prytanée militaire de Saint-Louis et le 12e Bataillon d’instruction Dakar-Bango. Il a également occupé plusieurs postes de responsabilité au sein de l’état-major général des armées sénégalaises.
L'AURA INTACTE DE MACKY SALL À FATICK
Durant 12 ans, le chef de l'État sortant a métamorphosé sa ville natale, entre routes, écoles et mosquée. Aujourd'hui, commerçants et habitants lui rendent hommage, nostalgiques de ce fils devenu président
Le président Macky Sall va beaucoup manquer à la ville de Fatick qui, durant ses douze ans de règne, s’est dotée d’un certain nombre d’infrastructures, estiment certains de ses habitants rencontrés par la correspondante de l’APS, ce mardi, jour marquant la fin de son deuxième et dernier mandat à la tête du pays.
Boulevard. Dans ce quartier abritant la maison familiale du président Sall et situé non loin de la route nationale 1, il règne en cette journée spéciale d’investiture du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, un calme plat. Seules les institutions financières accueillent du monde. La plupart des somptueuses villas sont portes closes.
Ce quartier, jadis très animé pendant les séjours du président sortant, est désert. “Macky Sall est parti en emmenant toute la gaieté et l’ambiance qui le rendaient si spécial”, lance Ibrahima Sène, un résident.
La dernière visite du président de la République remonte au 24 mars dernier, jour du scrutin. ” Ce jour-là, après nous avoir fait ses adieux, j’ai compris qu’il manquerait beaucoup à Fatick”, poursuit-il.
Pendant le règne du président Macky Sall, la ville de Fatick a fait un grand bond en termes d’infrastructures. Des citoyens de la ville cite la construction des locaux de la mairie, de la grande mosquée, d’un boulevard, ou encore l’achèvement du Tribunal de grande instance. Dans la foulée de ces réalisations, restaurants, boulangeries et autres bâtiment à usage d’habitation ont émergé.
Le fait que le chef de l’Etat était originaire de Fatick a encouragé les investisseurs à venir s’y installer, indique Adja Amsatou Dème, employée de banque.
Selon elle, la maison de Macky Sall est “une bonne adresse”.
“Avant, il n’y avait presque pas de banques. Avec le temps, elles se sont installées, évitant à leurs clients des déplacements jusqu’à Kaolack [43 km]”, rappelle-t-elle.
Selon elle, l’élection du président Sall à la tête du pays en mars 2012, a fait “sortir sa ville natale de l’ornière.”
Un avis que partage Babacar Ngom, gérant d’une “dibiterie”. ” Mes clients se retrouvent facilement pour venir ici. D’ailleurs, pendant les séjours du président, j’en accueille un grand nombre”, dit-il.
M. Ngom s’inquiète déjà pour l’avenir de son commerce et espère que les programmes et projets entamés par le régime de Macky Sall seront menés à terme pour la continuité du développement de la commune de Fatick.
Dans plusieurs quartiers de la ville également, l’État a démarré la construction de routes et de voiries. Le Programme de modernisation des villes (Promovilles) va réaliser plus de huit km de voiries dont 2,1 km sont déjà terminés entre les quartiers de Logandem et Emetteur.
“Les travaux de ces axes stratégiques bien fréquentés par les populations de Fatick doivent se poursuivre”, estime Moussa Dieng. Il dit regretter le départ de ” Macky Sall, un homme d’Etat qui faisait la fierté du Sine”.
Au lycée Khar Ndoffène de Fatick, l’élève en classe de seconde, Mamadou Faye Bèye, clame sa fierté d’habiter la même ville que le président de la République sortant. ” Il est une source de motivation et d’engagement pour nous les élèves. On doit travailler dur pour donner à Fatick, dans les prochaines années, un autre président “.
En novembre dernier, lors d’un conseil présidentiel délocalisé, le président Macky Sall a annoncé un programme d’investissements prioritaires (PIP) de 853 milliards de francs CFA en faveur de la région de Fatick, sur la période 2024-2026.
Macky Sall avait également annoncé 17 mesures phares pour le développement de la région de Fatick.
Parmi ces décisions figurent la construction d’un hôpital de niveau III à Fatick, la construction d’infrastructures scolaires, notamment des lycées, collèges et des centres de formation professionnelle, dans les trois départements de Fatick (Foundiougne, Gossas et Fatick).
par René Lake
POUR UN GOUVERNEMENT RÉDUIT SUR LA BASE DE L’HÉRITAGE DE MAMADOU DIA
EXCLUSIF SENEPLUS – Moins de 25 ministres comme recommandé par la CNRI. Une équipe restreinte, expression d’un engagement en faveur d'une gouvernance d'efficience, de responsabilité, d'équité pour être fidèle au Projet de Pastef
Le 7 septembre 1960 marque un tournant historique pour le Sénégal avec la nomination de son premier gouvernement par le président Léopold Sédar Senghor. Sous la direction de Mamadou Dia, ce gouvernement pionnier fut structuré autour de quatorze ministères clés, établissant ainsi les fondations d'une gouvernance efficace et rationnelle.
Ces ministères incluaient :
Ministère des Affaires étrangères
Ministère de la Justice
Ministère de l’Intérieur (chargé provisoirement de la Défense)
Ministère du Plan, du Développement et de la Coopération technique
Ministère des Finances
Ministère de l’Économie rurale
Ministère de l’Éducation nationale
Ministère de la Fonction Publique et du Travail
Ministère de la Santé et des Affaires Sociales
Ministère des Travaux Publics, de l’Habitat et de l’Urbanisme
Ministère des Transports et des Télécommunications
Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation des Cadres
Ministère de la Jeunesse et des Sports
Ministère de l’Information, de la Radiodiffusion et de la Presse
Ce choix reflétait une volonté de concentrer les efforts gouvernementaux sur des axes prioritaires, favorisant ainsi une prise de décision rapide, une meilleure coordination, et une réduction significative des coûts opérationnels.
En limitant le nombre de ministères, Dia cherchait également à combattre le clientélisme politique, en veillant à ce que chaque poste ministériel soit justifié par de véritables besoins administratifs et sociaux.
Dans le sillage de cette tradition de gouvernance réfléchie, Pastef et le nouveau président Diomaye Faye doivent proposer une vision similaire pour le Sénégal contemporain.
En s'engageant à ne pas dépasser un maximum de 25 ministères, conformément aux recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI), ils aspireront à instaurer une administration efficace, transparente, et résolument tournée vers le service du peuple sénégalais comme suggéré dans leur Projet. Ne pas le faire, serait déjà une première indication d’une forme de reniement.
Un gouvernement réduit s'inscrit dans un contexte où la bonne gouvernance est un pilier essentiel de la démocratie et du développement durable. Elle traduit une ambition de renforcer la confiance entre les citoyens et leurs représentants, de rationaliser l'usage des ressources publiques et d'optimiser la réponse gouvernementale aux enjeux contemporains.
En envisageant un gouvernement restreint mais dynamique, le Sénégal se positionnera comme un modèle de réforme administrative en Afrique et dans le monde. Cette vision héritée de l’époque de Mamadou Dia, au-delà de ce qu’elle symbolise sera l’expression d’un engagement sans faille en faveur d'une gouvernance qui privilégie l'efficience, la responsabilité et l'équité.
Ainsi, en regardant vers l'avenir avec un œil critique sur le passé, le Sénégal continuera de forger un chemin vers une gouvernance de rupture, renouvelée, inspirée par les leçons de l'histoire et animée par une volonté de servir au mieux ses citoyens.