SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 décembre 2024
Développement
LA DÉPOUILLE DE BOUN DIONNE ARRIVE MARDI
Auparavant, après la toilette rituelle musulmane, une cérémonie de recueillement suivie de la levée du corps est prévue le lundi 8 avril 202 à 14 heures 30 à la chambre funéraire de l’hôpital Pitié Salpêtrière à Paris
La dépouille de l’ancien premier ministre et candidat à la dernière élection présidentielle, Mahammad Boun Abdallah Dionne (22 septembre 1959-05 avril 2024), décédé vendredi dernier à Paris des suites d’une maladie, arrive au Sénégal le mardi 9 avril 2024 prochain par vol HC 404 de la compagnie aérienne nationale « Air Sénégal ». L’annonce est Christophe Lever du service Assistance Funéraire de l’hôpital Pitié Salpêtrière où il était interné.
Auparavant, après la toilette rituelle musulmane, une cérémonie de recueillement suivie de la levée du corps est prévue le lundi 8 avril 202 à 14 heures 30 à la chambre funéraire de l’hôpital. L’inhumation de l’ancien Premier ministre est prévue à Gossas, sa terre natale.
Agé de 65 ans à son décès, l’informaticien de formation diplômé de l’université Pierre-Mendès de Grenoble fut un fervent Talibé de Serigne Touba Khadimou Rassoul RTA. Après avoir passé cinq ans à la Primature pour devenir ensuite le Secrétaire général de la Présidence de la République, le défunt a été par la suite Président du conseil d’administration (Pca) de la Bicis après le rachat de « BNP Paribas » par feu Pathé Dionne.
L’ancien responsable de l’Alliance pour la république et de la coalition « Bennoo Bokk Yaakaar » s’était démarqué de la mouvance présidentielle pour aller à la conquête du pouvoir sous sa propre bannière pour la dernière élection présidentielle. Le candidat à la présidentielle et leader de la « coalition Dionne 2024 », qui devrait voter au centre Samba Youmba de Gossas (région de Fatick), n’a pas pu finalement effectuer son devoir civique le dimanche 24 mars 2024, 1er tour du scrutin présidentiel. Pour cause ? Ratrappé par un état de santé dégradant, il a été évacué en France pour une meilleure prise en charge. Son évacuation sanitaire à bord d’un avion médicalisé de la compagnie Airlec médical a été rendue possible par le président sortant, Macky Sall.
LE JOUR OÙ PAUL BIYA A FRÔLÉ LA CHUTE
Le 6 avril 1984, Biya a échappé de peu à une tentative de putsch orchestrée par des officiers de la garde républicaine. Cet épisode survenu il y a tout juste quarante ans, continue d'influencer la stratégie de maintien au pouvoir du président camerounais
(SenePlus) - Le 6 avril 1984, le Cameroun a retenu son souffle. Ce jour-là, le président Paul Biya a échappé de peu à une tentative de coup d'État orchestrée par des officiers de la garde républicaine. Cet épisode dramatique, survenu il y a tout juste quarante ans, a profondément marqué le chef de l'État et continue d'influencer sa stratégie de maintien au pouvoir, selon le récit publié dans les colonnes de Jeune Afrique.
D'après le magazine panafricain, Paul Biya se doutait depuis quelques jours qu'un putsch se préparait. Il en avait été prévenu par son directeur de cabinet Philippe Mataga, à qui il avait demandé de régler la situation discrètement. La veille des événements, par prudence, le président avait éloigné sa femme Jeanne-Irène et son fils Franck de la capitale Yaoundé à bord d'un hélicoptère piloté par le capitaine Joseph Feutcheu.
Mais le 6 avril, les putschistes, des officiers de la Garde républicaine originaires du nord du Cameroun et bénéficiant du soutien de l'ancien président Ahmadou Ahidjo, ont pris le contrôle de points névralgiques de la ville. Ils ont notamment arrêté et emprisonné le directeur de la Sûreté nationale Martin Mbarga Nguélé. Refusant de croire à l'ampleur du complot, Paul Biya s'est réfugié dans le bunker du palais présidentiel.
Pendant quelques heures, l'issue du coup d'État a semblé incertaine. Mais les partisans du président ont finalement réussi à reprendre la main, notamment grâce au général Pierre Semengue. "J'ai fait mon travail. Reprenez le vôtre", a-t-il lancé à Paul Biya en le sortant de sa cachette. Immédiatement, ce dernier a dissous la Garde républicaine et ordonné des enquêtes.
Du 27 au 30 avril, un tribunal militaire a condamné à mort 35 putschistes, exécutés quelques jours plus tard. Ahmadou Ahidjo, instigateur présumé du coup d'État depuis l'étranger, a également écopé de la peine capitale par contumace. Cet épisode a durablement changé le visage du Cameroun et marqué le règne de Paul Biya, qui n'a depuis cessé de resserrer son emprise sur le pays.
PAR Ismaila Madior Fall
ANNULATION DES DÉCRETS EN CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA MAGISTRATURE : UNE DÉCISION À RECONSIDÉRER
Il ne peut, aux termes de la loi organique relative au statut des magistrats, être mis fin aux fonctions du Premier Président de la Cour suprême et du Procureur général près ladite Cour qu'avec leur consentement
Il nous est revenu que les décrets de nomination du premier président de la Cour suprême et des membres du Pool judiciaire financier (PJF) lors du dernier conseil supérieur de la magistrature (CSM) ont été abrogés. Je souhaite vivement, en ma qualité de Professeur de droit et 2 fois Garde des Sceaux, que la mesure d'abrogation (ça devrait d'ailleurs être de retrait) soit reconsidérée pour plusieurs raisons :
D'abord, les mesures abrogées ont été prises dans le strict respect de la loi: décrets pris en CSM présentiel alors qu'une consultation à domicile aurait suffi.
Ensuite, il s'agit de décrets intervenant dans l'intervalle temporel du mandat du président de la République Macky Sall, soit avant le 2 avril 2024. Aucune disposition de la Constitution n'empêche la prise de ces mesures courantes qui pouvaient, au surplus, être prises quelques jours auparavant et destinées à assurer la continuité du service public de la justice.
Enfin, il ne peut, aux termes de la loi organique relative au statut des magistrats, être mis fin aux fonctions du premier président de la Cour suprême et du Procureur général près ladite Cour qu'avec leur consentement.
Au total, le président de la République, si, telle est sa volonté, peut bien, en vertu du parallélisme des formes, revenir sur la nomination des membres du PJF et les affectations en nommant d'autres magistrats auxdits postes dans le cadre d'un CSM régulièrement convoqué ou par consultation à domicile.
Cependant, pour ce qui concerne le premier président de la Cour suprême, il est juridiquement impossible de revenir sur sa nomination. Ce serait une première et un précédent dangereux sur lesquels il faut attirer l'attention du nouveau gardien de la Constitution. Aussi est-il souhaitable que ces décrets d'annulation soient retirés de l'ordonnancement juridique pour éviter, de la part des ayant intérêt à agir (les intéressés ou tout membre du CSM ou de l'UMS), un recours contre le décret d'un président fraîchement élu. La magistrature suprême ne s'inaugure pas par un contentieux de l'excès de pouvoir.
LES FÉMINISTES DÉNONCENT UNE CLAQUE POUR L'ÉGALITÉ
Le choix d’enlever le terme “femme” du ministère nous amène à penser que le statu quo sera maintenu. Il n’est pas concevable de parler d’un approfondissement du processus démocratique sans que la participation de la moitié de la société soit effective
Le Réseau des féministes du Sénégal déplore, dans un communiqué daté du 6 avril 2024, la faible représentation des femmes dans le nouveau gouvernement, en contradiction avec les engagements du Sénégal pour l'égalité et la parité :
"C’est avec consternation que nous avons reçu l’annonce de la composition du gouvernement ce 5 Avril 2024. Une composition ne nommant que 4 femmes sur une liste de 25 ministres et 5 secrétaires d’Etat. Les femmes ne représentent donc que 13,33% dans ce gouvernement dit de rupture, d’inclusion et d’équité.
Un gouvernement paritaire était effectivement possible, attendu et souhaité surtout venant d’un régime qui dit vouloir travailler pour plus de justice sociale. Nous constituons la moitié de la population du Sénégal. Ce poids démographique ne se reflète pas dans la représentation des femmes aux instances et processus de prise de décision. Rappelons que le Sénégal a ratifié, sans réserve, le Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (Maputo). Depuis 2001, la Constitution sénégalaise reconnaît que « les hommes et les femmes sont égaux en droit ». Ces instruments garantissent l’accès équitable des hommes et des femmes à la prise de décision et à l’exercice des responsabilités civiques et politiques.
Par ailleurs, nous constatons également le changement d’appellation du ministère de la Femme, de la Famille, de l’Equité et du Développement communautaire en ministère de la Famille et des solidarités. Le choix d’enlever le terme “femme” du ministère nous amène à penser que le statu quo sera maintenu, que des compromis seront faits avec nos droits. Cela ne présage ni d’un engagement clair pour l’équité et l’égalité ni d’une réelle prise en compte de nos besoins spécifiques. Nous espérons qu’avec le décret portant répartition des services de l’Etat, la direction de l’équité et de l’égalité de genre demeurera.
La nécessité d’une amélioration tant qualitative que quantitative de la participation des femmes au niveau gouvernemental se pose avec acuité. Il se pose d’autant plus qu’il n’est pas concevable de parler d’un approfondissement du processus démocratique sans que la participation de la moitié de la société soit effective et croissante. Nous nous attendions à des mesures claires pour la concrétisation de nos droits et non pas à la mise en place d’un dispositif qui va contribuer à la marginalisation de nos voix des femmes."
par Ndongo Samba Sylla
SORTIR DU SYSTÈME DETTE : FAYE-SONKO FACE AU LEGS DE L’ÉMERGENCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Près de 18 milliards de dollars, soit environ 11 000 milliards de francs CFA devront être payés aux créanciers du Sénégal en 2024-2029. Dans ce contexte, tenir ses promesses sur les plans social et économique sera une gageure
L’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye, président fraîchement élu, et de son ami et mentor, Ousmane Sonko, nouveau Premier ministre, charrie les espoirs de la majorité des Sénégalais. La jeunesse, en particulier, a consenti de lourds sacrifices pour la réalisation de l’alternance politique. Elle attend avec impatience des ruptures majeures qui pourront accélérer les transformations économiques sans lesquelles chômage, sous-emploi, marginalisation et précarité continueront d’obérer son avenir.
Le duo Faye-Sonko a pu bénéficier de la confiance de nos compatriotes pour avoir articulé un discours et un programme en résonance avec les préoccupations des jeunes et des segments les plus vulnérables et avec les demandes de bonne gestion et de transparence publique. Les ambitions louables et la vision socioéconomique progressiste de leur mouvement devront cependant composer avec le bilan financier « salé » de l’« émergence » qui a été promise par le régime précédent.
Si Macky Sall peut se prévaloir d’avoir obtenu durant ses deux mandats un taux annuel moyen de croissance économique supérieur à ceux observés pour ses prédécesseurs, cela est dû notamment au fait qu’il a bénéficié d’un contexte international plus favorable (ce dont témoignent les performances assez similaires de quelques pays voisins) et qu’il ne s’est pas privé de recourir activement à l’endettement extérieur. En 2012, Macky Sall a hérité d’un stock de dette publique extérieure (public and publicly guaranteed) de 4,2 milliards de dollars, soit 23,7 % du Produit Intérieur Brut (PIB), qu’il a porté à 14,5 milliards de dollars en 2022, soit 52,5 % du PIB, selon les données de la Banque mondiale.
Certes, au regard des perspectives de croissance économique associées à l’exploitation du pétrole et du gaz, le ratio entre le stock de dette publique et le PIB pourrait diminuer, se diront certains, pour se rassurer. Mais ce raisonnement ne serait pas tout à fait approprié, notamment parce que le ratio dette publique/PIB est un indicateur pratiquement inutile, quand bien même il serait fort prisé.
Les gouvernements souverains sur le plan monétaire (qui ne s’endettent que dans leur propre monnaie et qui évoluent en changes flottants) n’ont pas de contrainte de solvabilité tandis que ceux dont la souveraineté monétaire est moindre peuvent faire défaut à tout moment. En 2022, le gouvernement du Pérou était endetté en monnaie étrangère et pour partie en monnaie nationale. Il a fait défaut avec un ratio dette sur PIB de l’ordre de 33,4 % tandis que le gouvernement japonais, avec un ratio d’endettement de 254 %, cette même année, ne peut jamais faire défaut, du fait de sa souveraineté monétaire.
En matière de solvabilité extérieure, le taux de croissance économique agrégé est moins important que l’évolution des revenus extérieurs, notamment la croissance des revenus d’exportation contrôlés par le gouvernement. Parce que la dette extérieure est payée en devises fortes. Si vous avez par exemple un service de la dette de 100 dollars, le fait de pouvoir taxer votre économie pour obtenir l’équivalent en monnaie nationale de cette somme (aspect budgétaire) ne résout pas votre problème (le paiement en dollar). Si les 100 dollars ne sont pas disponibles dans le système financier domestique, la dette extérieure ne pourra pas être honorée.
Entre 2010 et 2021, le ratio entre le stock de dette extérieure et les recettes d’exportation s’est empiré, passant de 136 % à 466 %. Sur la même période, la part du service de la dette dans les revenus d’exportation a bondi de 5 % à 28 %. En d’autres termes, l’évolution de l’endettement extérieur a été beaucoup plus rapide que celle des revenus d’exportation.
L’un des péchés économiques des plans d’« émergence » au Sénégal, comme sur le reste du continent, a été de stimuler des dynamiques d’endettement en monnaie étrangère qui n’ont ni vraiment dopé leurs exportations ni permis de réduire relativement leurs factures d’importations (par le biais de leur substitution avec la production locale). S’il en a ainsi été, c’est parce que les plans d’« émergence » ont souvent consisté à prendre des dettes en devises fortes pour financer des projets d’infrastructures exécutés par des entreprises étrangères.
Le problème est le suivant : ces projets ont beau être très rentables, pour la plupart ils ne génèrent que de la monnaie nationale, pas des dollars ou des devises fortes. C’est-à-dire que ces projets, financés en devises fortes, ne peuvent pas se rembourser d’eux-mêmes en devises fortes. Pour payer le service de la dette extérieure qui leur est associé, et également permettre la conversion en devises fortes puis le rapatriement des profits et des dividendes obtenus en monnaie nationale par les entreprises étrangères, les gouvernements doivent compter sur les sources traditionnelles de revenus extérieurs et/ou sur de nouveaux emprunts en monnaie étrangère.
Quand la plupart des projets financés par l’emprunt étranger ont ce type de profil, il suffit d’un choc négatif sur les sources traditionnelles de revenus (baisse des prix des matières premières) ou d’une hausse des taux d’intérêt sur les marchés financiers internationaux pour qu’une crise de dette souveraine pointe son nez.
Alors que les paiements cumulés au titre du service de la dette extérieure ont atteint 7,8 milliards de dollars entre 2012 et 2023, le duo Faye-Sonko fera face entre 2024 et 2029, c’est-à-dire d’ici à la prochaine élection présidentielle, à un service de la dette publique extérieure de l’ordre de 11,6 milliards de dollars. Jamais, auparavant, dans l’histoire du pays, un gouvernement n’aura été confronté à une charge de la dette aussi importante en termes absolus et en un temps aussi court. De 1960 à 2017, le service annuel de la dette publique extérieure n’a jamais dépassé 300 millions de dollars. Depuis 2021, le cap du milliard de dollars a été franchi et a continué d’augmenter. Si le service de la dette intérieure est pris en compte, c’est près de 18 milliards de dollars, soit environ 11 000 milliards de francs CFA qui devront être payés aux créanciers du Sénégal durant la période 2024-2029. De telles sommes représentent une ponction importante à la fois sur les finances publiques et les ressources du pays.
Avec la Côte d’Ivoire et le Bénin, le Sénégal fait partie des rares pays africains pour lesquels le montant du service de la dette attendu pour la période 2024-2029 est supérieur au cumul du service de la dette observé pour la période 2012-2023. La responsabilité du système CFA dans l’endettement extérieur chronique des pays membres n’est pas difficile à établir. L’absence de financements adéquats, notamment en ce qui concerne les secteurs agricole et industriel, décourage la production intérieure. La surévaluation du taux de change pénalise les exportations, rend la production locale peu compétitive et facilite les importations. Ce qui crée une situation de déficit permanent de la balance commerciale et plus généralement de perte chronique de devises dans les transactions courantes.
Dans la plupart des pays du Sud, les déficits prolongés de la balance courante entraînent souvent une dévaluation/dépréciation de leur taux de change. Dans le cas des pays de l’UEMOA, le maintien des déficits extérieurs et de la parité fixe vis-à-vis de l’euro n’a été possible qu’à la condition de renforcer la dépendance financière extérieure (dettes en monnaie étrangère et investissements directs étrangers). Nulle surprise dès lors que dans tous ces pays la croissance économique ait pour carburant le capital étranger et qu’elle soit « extravertie ».
À côté d’une dette extérieure de plus en plus pesante, il faut tenir compte des passifs contingents – c’est-à-dire des engagements financiers qu’un État prévoit d’honorer au cas où un scénario non désirable se produit – qui sont légion dans les contrats de partenariat public privé (PPP) signés par le régime précédent et qui sont de véritables bombes à retardement budgétaires.
Par ailleurs, les rapatriements de profits et de dividendes sont censés augmenter considérablement avec l’entrée du Sénégal dans l’économie pétro-gazière, selon les projections du FMI (décembre 2023). Dans la balance des paiements, les « revenus primaires » renvoient aux intérêts sur la dette extérieure, aux profits et dividendes rapatriés et aux rémunérations des travailleurs expatriés.
En 2022, les revenus primaires transférés depuis le Sénégal s’élevaient à 944 milliards de francs CFA dont 323 milliards au titre des intérêts sur la dette publique. En 2028, ils devraient atteindre 1159 milliards de francs CFA (dont 428 milliards pour les intérêts sur la dette publique). Cette exportation du surplus économique constitue ce que les économistes du développement appelaient « sous-développement ». À l’ère néolibérale, le même phénomène est qualifié d’ « émergence » du fait de l’illusion créée par le constat de taux de croissance économique élevés !
Dans un tel contexte, tenir ses promesses sur les plans social et économique sera d’autant plus une gageure que les dispositions du budget 2024 ajoutent quelques difficultés supplémentaires. Ce dernier a été présenté d’une manière qui exclut du calcul des dépenses et du déficit publics des amortissements d’un montant de 1248 milliards de francs CFA devant être refinancés. Il prévoit notamment une réduction de moitié des subventions à l’énergie et une élimination graduelle de celles portant sur les produits alimentaires. Si ces mesures sont conformes avec les exigences des bailleurs de fonds qui réclament un « retour à l’orthodoxie budgétaire », elles sont cependant en porte-à-faux avec l’engagement du nouveau gouvernement de soulager les ménages par rapport à la cherté de la vie.
En marge du « système » politicien, le duo Faye-Sonko devra faire face à un adversaire plus coriace : le séculaire « système dette », c’est-à-dire les conditions qui maintiennent les pays du Sud dans un schéma structurel de dépendance financière et de crises économiques récurrentes.
Outre la nécessité d’une gestion transparente et rationnelle des ressources publiques, il faudra un plus grand contrôle technique et fiscal sur les secteurs exportateurs, un modèle économique davantage orienté sur l’élargissement des marchés intérieurs ainsi que la souveraineté monétaire, un pilier nécessaire, quoique non suffisant, pour s’extirper graduellement du « système dette ».
Texte Collectif
PLAIDOYER POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE SENGHORIEN
La bibliothèque personnelle de Léopold Sédar Senghor, reflet de ses lectures et de ses relations intellectuelles, sera dispersée aux enchères à Caen en avril 2024, risquant de voir disperser un pan de l'histoire littéraire africaine
Le 16 avril 2024 à l’hôtel des ventes de Caen en France, est programmée la vente d’« une – grande – partie de la bibliothèque personnelle » (pas moins de 304 lots composés d’un à plusieurs ouvrages) du premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. En regardant à la loupe ces ouvrages, l’on découvre avec stupeur que seront vendus entre autres : l’exemplaire du prodigieux Discours sur le colonialisme de l’ami Aimé Césaire dédié à « ce vieux Léopold Sédar Senghor, (…) parce que je suis sûr que malgré les appartenances politiques, il déteste le colonialisme, destructeur de culture, de finesse [sic] et de civilisations », des ouvrages du poète Aragon, également adressés à Ginette Eboué son épouse, ou encore l’exemplaire d’un ouvrage déterminant dans la construction de sa pensée, Ainsi parla l’oncle de l’Haïtien Jean-Price Mars, qui rend « un fervent hommage d’admiration au grand poète noir » …. Ces ouvrages sont dédiés au poète, au député, au Président de la République ou encore à l’ami Senghor. Sans viser l’exhaustivité, évoquons aussi les ouvrages d’Ousmane Sembène, d’Ousmane Socé Diop, de Birago Diop, de Fily Dabo Sissoko ou encore de Joseph
Zobel, de Paul Niger, de Léon-Gontran Damas et de Richard Wright…. Ils disent autant sur les lectures de Senghor que sur ses relations avec les auteurs et le réseau amical, politique et intellectuel qu’il a tissé et dans lequel il s’insère. Ajoutons enfin des ouvrages de son ami René Maran, le premier Goncourt noir avec Batouala. En première page du livre Les Pionniers de l’Empire, Maran désigne Senghor comme « l’une des gloires de la race à laquelle je suis fier d’appartenir ». Camille Maran avait d’ailleurs eu la généreuse et visionnaire idée en son temps de donner à celui qui venait d’être élu président de la République du Sénégal une partie importante de la bibliothèque et des archives de son époux : le fonds René Maran est à la disposition des étudiants et des chercheurs à la Bibliothèque Centrale de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il y existe aussi un fonds Senghor que pourraient enrichir ces ouvrages. Dans le cas contraire, c’est tout un pan de l’histoire littéraire sénégalaise, ouest-africaine et afro-américaine qui risque d’être dispersé à travers l’éclatement promis de cette bibliothèque de la négritude inédite et unique.
Cette vente intervient à peine quelques mois après l’annonce de celle des cadeaux diplomatiques, décorations militaires et autres bijoux personnels de Senghor, en octobre 2023, vente à laquelle l’État du Sénégal est parvenu à sursoir, après avoir racheté l’ensemble des lots, désormais conservés au Musée des
Civilisations Noires à Dakar. La commissaire-priseuse Me Solène Lainé avait elle-même convenu, non sans une pointe d’enthousiasme, « qu’on ne voit jamais ce type de vente aux enchères » (cité dans l’article du parisien du 20 octobre 2023, Bertrand Fizel, « Des objets rares ayant appartenu à Léopold Sédar Senghor aux enchères à Caen »).
La dispersion du patrimoine senghorien entre la France et le Sénégal principalement, mais aussi en Allemagne et aux Etats-Unis, relève de la géographie senghorienne. Dans le cadre des activités de notre groupe, près d’une trentaine de fonds d’archives de/sur Senghor, plus ou moins importants en termes de volume, a été identifiée. Or la majeure partie est inaccessible au public sénégalais. Une grande part des photographies, objets, œuvres d’art, archives (correspondances, manuscrits et autres papiers de Senghor allant des années 1950 à 2001), est en effet conservée dans la maison familiale de Verson en Normandie, qui est conformément aux vœux de Léopold Sédar Senghor et de son épouse, propriété de la municipalité depuis juillet 2022, avec tous les biens qui la composent.
Il est temps que les Sénégalais puissent librement accéder à ce patrimoine, sans avoir à parcourir la moitié du globe et à affronter des services consulaires peu généreux et accueillants. A l’heure où le tout récemment investi 5ème président du Sénégal Bassirou Diomaye Diakhar Faye parle avec force de la nécessité pour le Sénégal de recouvrer pleinement sa souveraineté, le Groupe international de recherche Léopold Sédar Senghor (UCAD/ENS) souhaite attirer l’attention sur l’urgente nécessité de préserver et de valoriser le patrimoine du premier président du Sénégal et poète Léopold Sédar Senghor. À travers les traces qu’il a laissées et qu’il nous a léguées, c’est toute une partie de l’histoire et du patrimoine sénégalais qui apparaît et qui risque à nouveau de disparaître.
Pour le Groupe de recherche international Léopold Sédar Senghor
(Université Cheikh Anta Diop de Dakar/École normale supérieure (France))
Pr Mamadou Ba (Lettres Modernes, UCAD)
Dr Edoardo Cagnan (ITEM, CRNS/ENS)
Coline Desportes (Doctorante en Histoire de l’art, EHESS)
Dr. Alioune Diaw (Lettres modernes, UCAD)
Dr Mohamed Lat Diop (EBAD, UCAD)
Pr. Babacar Mbaye Diop (Philosophie, UCAD)
Dr Laura Gauthier-Blasi (Littérature, Université d’Alcala)
Maëlle Gélin (doctorante en Histoire, Sciences Po Paris)
Dr Sébastien Heiniger (ITEM, CRNS/ENS)
Dr. Céline Labrune Badiane (ITEM, CRNS/ENS)
Pr Amadou Ly (Lettres modernes, UCAD)
Dr. Claire Riffard (ITEM, CRNS/ENS)
Pr Felwine Sarr (Romance studies, Duke)
Dr. Serigne Seye (Lettres modernes, UCAD)
Dr Mouhamadou Moustapha Sow (Histoire, UCAD)
Pr. Cheikh Thiam (Etudes africaines, Amherst College)
par Aminata Dia
UN GOUVERNEMENT DE RUPTURE ? PAS POUR LES FEMMES
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette équipe cristallise un système patriarcal bien ancré. Aucun changement systémique, pour reprendre les mots du président, ne peut s’opérer de manière durable sans une gouvernance inclusive et équitable
Ça y est ! La liste tant attendue des membres du gouvernement du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko est tombée ce vendredi 5 avril 2024 : 25 ministres et 5 Secrétaires d’État. Si l’on y rajoute le Premier ministre Ousmane Sonko, le ministre Directeur de Cabinet du président de la République Mary Teuw Niane et le Secrétaire général du gouvernement Mohamed Al Aminou Lô, le décompte s’élève à 33 personnes. Nombre de ministres femme : 04, à savoir un dixième (si l’on rajoute dans le décompte le président de la République) des personnes représentées.
Selon le dernier rapport de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), la population résidente au Sénégal, recensée en 2023, est de 18 032 473 habitants, dont 8 900 614 femmes (49,4%) et 9 131 859 hommes (50,6%). Les femmes représentent donc près de la moitié de la population sénégalaise, mais ne sont représentées qu’à hauteur d’un dixième dans le gouvernement qui a pour but de les servir et de répondre à leurs attentes.
Certains s’offusquent qu’on puisse s’en offusquer. "Après tout, où est le problème ? L’essentiel n’est-il pas d’avoir un gouvernement avec des personnes compétentes et vertueuses ? Pourquoi s’attarder sur des futilités ? À l’heure de la cohésion sociale, à quoi ça sert de critiquer la faible représentation des femmes ? L’idée n’est pas de mettre des femmes pour mettre des femmes et remplir des quotas ou de s’attarder sur des questions de parité et de féminisme - Ces questions de toute façon ne sont pas de chez nous ni de notre culture". D’autres encore diront, d’accord, il y a une sous-représentation des femmes, mais le gouvernement a été mis en place pour répondre aux attentes des Sénégalais et pour se focaliser sur des priorités bien établies. Là, encore, en quoi la représentation de près de la moitié de la population est prioritaire ?
Mon cœur a mal, honnêtement, d’avoir à tout simplement écrire et expliquer en quoi cette faible représentation est problématique. L’enjeu n’est pas “de donner des postes aux femmes” mais de comprendre qu’aucun changement systémique, pour reprendre les mots de notre cher président, ne peut s’opérer de manière durable sans une gouvernance inclusive et équitable. Alors, j’anticipe sur la question : “en quoi un gouvernement sans les femmes n’est pas inclusif et équitable” ? En quelques points :
Les questions de genre ne sont pas l’apanage des femmes, mais un sujet transversal qui touche à tous les secteurs d’activité : les défis économiques, sécuritaires, numériques, migratoires, sanitaires, éducatifs, agricoles, pour ne citer que ces quelques exemples sont intersectionnels. Intersectionnel veut dire qu’ils touchent aussi bien les hommes que les femmes, mais de diverses manières. Les exemples sont pléthores, mais j’en citerai deux. Le premier : les défis auxquels sont confrontés les jeunes filles en termes de scolarisation et d’accès aux études supérieures sont différents de ceux des jeunes garçons. Bien que la scolarisation des enfants dans leur ensemble doive être promu, il est essentiel d’avoir un regard genre qui permette d’identifier les barrières spécifiques auxquelles sont confrontées les jeunes filles (être refusé le droit à la scolarisation au profit du garçon dans la maison, les lourdeurs des tâches ménagères, les mariages/grossesses précoces, les questions de sécurité qui s’appliquent différemment, les règles douloureuses, etc.) afin d’établir des programmes adaptés à leurs besoins. Le deuxième concerne les femmes agricultrices qui rencontrent, elles aussi, des challenges différents que ceux rencontrés par les hommes agriculteurs (l’accès à la terre et au financement est très différent pour les hommes et les femmes, surtout en milieu rural sans compter les différences dans la gestion des revenus). Il ne s’agit pas de se focaliser uniquement sur les défis des femmes, mais de comprendre que n’importe quelle politique publique, et ce, dans n’importe quel secteur, a des implications genre. Sans la prise en compte de cette question, les programmes établis ne seront pas adaptés aux besoins spécifiques des personnes à qui elles sont destinées, qu’elles soient hommes ou femmes.
Les femmes ne sont pas un groupe monolithique : la suppression du ministère de la Femme et sa transformation en ministère de la Famille et des solidarités est problématique. Elle pose une question centrale : la confusion entre les questions de genre et d’équité sociale et les questions familiales. Les deux sont liées et s’entrecoupent, mais elles sont différentes et se doivent d’être différenciées. Le rôle de la femme ne se limite pas à la cellule familiale et même au sein de cette celle familiale, les prérogatives données par le droit sénégalais aux hommes et aux femmes doivent être revisitées. Par exemple, la question de l’autorisation de sortie de territoire que les mères doivent faire signer par le père de leur enfant avant de pouvoir voyager avec ce dernier (qu’il soit leur conjoint légal ou pas) montre l’importance de penser les questions d’équité et de justice sociale en profondeur.
La représentation des femmes est un enjeu de bonne gouvernance, de paix, de cohésion sociale, de justice et de “rupture” : la norme, c’est la non-représentation des femmes dans les instances de décision. La norme, c’est d’œuvrer au développement de leur pays dans les plus hautes sphères de responsabilité, sans elles autour de la table pour partager leur perspective. La norme, c’est d’attribuer leur succès à leur collaborateur homme ou encore leur respectabilité à leur rôle de mère ou d’épouse. La norme, c’est leur objectivation sur la scène médiatique et publique. La norme, c’est leur demander de se taire, de parler doucement, de bien se tenir, d’être polie, de sourire, de ne surtout pas être en colère, de baisser la tête. La norme, c’est de les violenter verbalement, physiquement, financièrement, moralement, spirituellement, intellectuellement. La norme, c’est le harcèlement sexuel, le non-respect de leur intelligence et le doute sur leurs compétences. La norme, c’est leur demander de fournir 10 fois plus d’efforts pour dix fois moins d’avantage et de reconnaissance. La norme, c’est de leur offrir des fleurs le 8 mars ou de leur organiser des caravanes, mais pas de créer des espaces et des opportunités pour qu’elles-mêmes soient au pouvoir et décident de leur destin. La norme, c’est de tout mettre sur leurs épaules, de les acclamer pour leur courage, de les couvrir de louanges pour leurs sacrifices et leur dévotion à la souffrance jusqu’à ce qu’elles en meurent à petit feu. La norme, c’est de les critiquer lorsque leurs enfants échouent : après tout, “sa liguéyou ndey la — c’est le travail de ta mère”. La norme, c’est s’offusquer que les femmes osent s’offusquer de ne voir que quatre femmes représentées dans ce nouveau gouvernement. La rupture, ça aurait été un gouvernement représentatif et inclusif des femmes, chose que ce premier gouvernement du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye n’a pas fait. Au contraire, il cristallise un système patriarcal bien ancré. Or, gouverner pour la paix sociale, la réconciliation, la justice, la rupture, le changement systémique demande de créer des espaces pour un leadership inclusif. Cela implique que les hommes au pouvoir soient conscients du privilège que leur confère leur identité d’homme dans notre pays afin qu’ils puissent apprendre à se décentrer et à inclure d’autres identités dans le système.
Je finirai par ces mots de ma maman Aminata Dieng Dia : “les nouvelles autorités doivent entendre cette indignation. Il n’y a pas de considération sur le profil ou autres justifications qui tiennent. Ce déséquilibre au niveau ministériel doit être rattrapé par la nomination de femmes gouverneurs et préfets pour conduire les politiques déconcentrées, de femmes comme Directrice Générale de sociétés nationales pour implanter le leadership féminin comme levier de transformation et de production de richesses.”
Pour la rupture et le changement systémique souhaité et annoncé, je prie que ces besoins d’inclusion, de mutualité et de représentation équitable soient entendus pour un Sénégal plus juste et prospère.
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
DU BALAI !
EXCLUSIF SENEPLUS - La radicalisation politico-intellectuelle a porté ses fruits, mais au prix de centaines de vies, de blessés, de prisonniers et de disparus. Il est temps de promouvoir une décentralisation axée sur les dynamiques sociologiques locales
« La barbarie est toujours possible, cependant s’il y a des peuples qui se laissent arracher des mains la lumière, il y en a d’autres qui l’étouffent eux-mêmes sous leurs pieds ».[1]
La victoire triomphale à l’élection présidentielle du 24 mars 2024, saluée de tous, cache encore bien des secrets. Le mouvement social initié par le Pastef depuis 2019, autour du "Projet", et intensifié pendant les années Covid, a profondément marqué notre démocratie néocoloniale. Cette radicalité décomplexée a redéfini la sociologie politique. L'échec des partis traditionnels, attachés à un modèle occidental dépassé, a ouvert la voie à une jeunesse audacieuse et avide de justice, d'abord dans les universités Gaston Berger et Cheikh Anta Diop, puis dans une organisation réelle, loin des schémas habituels, malheureusement confrontée à une répression sauvage.
Les arrestations massives de jeunes et de maires ont conduit au mouvement F24, une plateforme rassemblant des organisations de la société civile, des partis politiques, des syndicats, des chefs d'entreprise, des défenseurs des droits de l'homme, des mouvements religieux et des figures remarquables, tous unis contre un troisième mandat et l'instrumentalisation politique de la justice. Les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial dans cette mobilisation, qui s'inscrit dans la tradition sénégalaise de soutien aux alternances, illustrée notamment par le Forum civil et les coalitions stratégiques électorales en 2000, les Assises nationales, M23 et Y'en a marre en 2012, et plus récemment F24, AAR sunu élections et la diaspora.
Le Sénégal a rarement connu un tel bouillonnement intellectuel, avec une forte implication des universitaires défendant farouchement la Constitution et éclairant les "7 sages". Des pétitions internationales, des tribunes, des panels sous Zoom et des éditoriaux ont amplifié la mobilisation nationale et internationale.
Les mouvements de la société civile ont défendu les droits des citoyens, s'articulant autour des enjeux politiques et sociaux, s'intensifiant dans la lutte pour le contrôle du débat public et la rationalisation de la démocratie participative. Les avocats ont également joué un rôle crucial, soutenant la résistance malgré les dangers.
La méthode de mobilisation sociale, innovante et diversifiée, a été payante, avec des rassemblements, des manifestations, de la désobéissance civile, des grèves, des pétitions et la vente d'articles patriotiques, tous témoignant de la participation massive de toutes les couches de la société. Ce modèle de mobilisation citoyenne est une étude de cas pour la conquête des droits citoyens.
Alain Touraine définit le mouvement social comme une action collective visant un changement social, dépassant la simple contestation pour remettre en cause le pouvoir et sa domination.
Nous avons assisté à une reconfiguration et une agonie du système néocolonial, symbolisées par un conflit permanent et des débats autour de l'orientation sociétale, économique, culturelle et politique. La radicalisation politique et intellectuelle a porté ses fruits, mais au prix de centaines de vies, de blessés, de prisonniers et de disparus.
Il est temps de tourner la page, de balayer les institutions néocoloniales sans légitimité sociétale, de promouvoir une décentralisation basée sur les dynamiques sociologiques locales, de mettre fin à l'administration néo-coloniale, à l'accaparement foncier, à la corruption endémique.
Au travail, citoyens !
Exigeons une gouvernance responsable devant la souveraineté populaire.
Aucun délai ni état de grâce n'est permis.
[1] Alexis de Tocqueville “de la démocratie en Amerique
par Arona Oumar Kane
LE LEGS EMPOISONNÉ DE MACKY À DIOMAYE
Augmenter les salaires, de manière quasi symétrique, de 38,6% dans ce contexte relève de la folie. Aucun pays au monde, y compris parmi les plus nantis, ne peut encaisser un tel choc sur ses finances publiques sans conséquences
En mai 2022, la masse salariale mensuelle de l’administration publique sénégalaise est passée de 77,6 milliards à 106,2 milliards de FCFA (source DPEE[1]), soit une augmentation de 38,6% par rapport au mois précédent. D’un coup ! Pour une augmentation de “seulement” 2% de l’effectif, ce qui signifie que des hausses massives de salaires ont été opérées en faveur des agents de l’administration publique, par un extraordinaire coup de baguette magique. Une augmentation de 5 points d’indice a également été consentie sur les retraites dans cet exceptionnel élan de générosité.
Cet évènement rare, pour ne pas dire inédit, dans le monde entier, et qui aurait dû déclencher un débat national ou, tout au moins, une défiance parlementaire, est passé comme une lettre à la poste. Ni les acteurs politiques, y compris dans l’opposition radicale, ni les économistes d’ici et d’ailleurs, ni même les “procureurs” des institutions financières internationales, si promptes aux injonctions, ne se sont arrêtés sur ce qui relève pourtant d’un véritable séisme budgétaire.
Ce qui a porté cette information à notre attention, c’est notre activité d’éditeur de logiciels. En effet, nous avons développé un outil d’analyse de données économiques permettant de réaliser des études approfondies sur les données publiées par les gouvernements. C’est en entraînant nos modèles sur les données collectées auprès de la DPEE que nous avons détecté de nombreuses anomalies statistiques dans les comptes publics de la République du Sénégal, dont cette brusque augmentation de la masse salariale de l'administration publique.
Aucun pays au monde, y compris parmi les plus nantis, ne peut encaisser un tel choc sur ses finances publiques sans conséquences à plus ou moins long terme. Cela ne se fait jamais, c’est totalement irrationnel et irresponsable. Car, faut-il le rappeler, il ne s’agit pas ici de simples primes ponctuelles, mais de salaires et de retraites, autrement dit, des acquis sociaux dont les bénéficiaires s’attendent à ce qu’ils soient préservés.
Dans une économie qui peine à produire de la richesse sur une base endogène, et une mobilisation des ressources internes poussive et très insuffisante, le seul moyen de couvrir ces dépenses de personnel supplémentaires est de recourir à la dette. A moins que les nouvelles autorités ne trouvent une solution miracle ou décident de dire la vérité au peuple sénégalais sur cette véritable bombe qui ne demande qu’à exploser, nous sommes partis pour poursuivre cet endettement exponentiel - autre “legs aux générations futures” du président Macky Sall - et ce, jusqu’à une éventuelle cessation de paiement, avec tous les risques de déstabilisation sociale et sécuritaire que cela comporte pour notre pays. Les ressources internes, dons budgétaires et autres “aides” au développement qu’on arrive à mobiliser, sous la gouvernance et les orientations de politique économique que nous observons jusque-là, ne suffiront pas à maintenir cette masse salariale dans la durée.
Les salaires s'augmentent par la croissance, par la richesse créée dans une économie en progrès, et non par la dette. Dans le contexte économique d’alors, il eût été au contraire plus logique de geler les salaires ou tout au moins de les indexer sur le taux de croissance ou l’inflation. Or en 2022, le PIB avait fortement reculé par rapport à 2021 avec un taux de croissance qui passe de 6,5 % à 4,2% soit une variation de -36.5%, sous les effets combinés de la pandémie de Covid 19 et de la guerre en Ukraine. Augmenter les salaires, de manière quasi symétrique, de 38,6% dans ce contexte relève de la folie.
L’exposé des motifs de la loi de finances 2024, revenant sur cette forte revalorisation des salaires de la fonction publique invoque la nécessité de donner un coup de pouce aux salaires dans un contexte de très forte inflation. Cet argument est d’autant moins pertinent que la hausse massive des salaires est un facteur aggravant de l’inflation. Cela arrive quand on augmente fortement la demande sans offre équivalente en face. Simple loi du marché. Ainsi, à l’inflation importée, pour un pays à la balance commerciale en perpétuel déficit pris dans la tourmente des aléas géopolitiques, s’ajoute une inflation endogène causée par une décision non raisonnée de l’exécutif : une hausse artificielle des salaires.
La question qu’on peut alors se poser est de savoir pourquoi avoir opéré cette forte augmentation spontanée des salaires, totalement volontaire de la part du gouvernement, que personne n’a exigée et dont les bénéficiaires, qui ont dû sursauter en voyant leur bulletin de paie, n’osaient même pas rêver. La logique économique, paraît douteuse même si, comme d’habitude, les collaborateurs du président Macky Sall avait essayé de vanter les effets bénéfiques sur l’économie de l’augmentation du pouvoir d’achat des fonctionnaires, quand bien même ces derniers ne représentent qu’environ 1% de la population.
La vérité, quand on analyse le contexte de ce dopage salarial, c’est que nous sortions des élections locales de mars 2022 où le camp présidentiel avait subi un important revers, avec des défaites dans des bastions emblématiques comme Dakar, Guédiawaye, Ziguinchor ou Kaolack, et que nous nous dirigions vers les législatives de juillet 2022, également à hauts risques pour la majorité sortante. Cette revalorisation salariale, sortie de nulle part, en plein milieu d’année, non inscrite au budget et complètement hors de proportions, apparaît dès lors comme une monumentale opération d’achat de consciences qui ciblait les agents de l’administration publique ainsi que leurs familles et leurs bénéficiaires, dans un contexte électoral défavorable à la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Le plus grave dans cette affaire, c'est que les artisans de cette gigantesque fraude économique ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. L’opération avait porté ses fruits aux législatives : la majorité BBY avait été sauvée, de justesse certes mais sauvée quand-même. Ils ont alors réitéré la manœuvre à la veille de l'élection présidentielle, beaucoup plus discrètement cette fois-ci, mais avec la même dose d’irrationnel. Dans la panique d’une défaite imminente qui nous avait valu la tentative de coup d'État constitutionnel du 3 février 2024, une autre revalorisation massive des salaires de la fonction publique a également été opérée en catimini. Fin janvier 2024, la masse salariale mensuelle, qui était stable autour des 106 milliards depuis la grande revalorisation de mai 2022, a de nouveau brusquement bondi pour franchir la barre des 131,5 milliards de FCFA, soit un bond de 25% !
D’autre part, à la différence de la revalorisation de 2022, une augmentation substantielle de l’effectif est également observée, faisant passer le nombre de fonctionnaires de 176 620 en décembre 2023 à 179 071 en janvier 2024, soit un recrutement net de 2451 agents ce qui représente une augmentation de 1,4% [2] de l’effectif en un mois !
Enfin, les chiffres publiés par la DPEE laissent également apparaître un montant des frais d’hospitalisation des agents de l’Etat inhabituellement élevé, à 4,5 milliards FCFA, rien que sur le mois de janvier, alors que la moyenne mensuelle sur ce poste de dépense se situe autour d’un milliard. Même au plus haut de la pandémie de Covid-19, où les hospitalisations avaient logiquement connu une très forte hausse, nous étions très loin de ce niveau de dépenses. Rien dans le contexte sanitaire actuel ne permet d’expliquer ce décaissement de 4 milliards et demi en janvier, à moins que les montants nuls constatés sur les mois de novembre et décembre ne justifient une régularisation d’arriérés sur ces deux mois. Dans tous les cas, ces irrégularités statistiques dénotent, au mieux, d’un manque de sérieux dans la tenue des comptes publics, au pire, de manipulations comptables synonymes de malversations.
Récapitulons : En mai 2022, entre les élections locales et les élections législatives, la fonction publique a recruté 2% d’agents en plus, augmenté les salaires des fonctionnaires de près de 40% et relevé l’indice des retraites de 5 points de base. En janvier 2024, à quelques semaines du scrutin présidentiel, dans un contexte électoral encore plus tendu pour le pouvoir, il a été procédé à un recrutement de près de 2500 nouveaux agents - dont il serait intéressant de savoir sur quelles bases, dans quels secteurs, sur quels profils et pour quels besoins - et à une augmentation des salaires de 25% par rapport à la moyenne de 2023.
Ces dépenses de personnel supplémentaires, en plus d’être moralement inacceptables et économiquement infondées, sont dépourvues de base légale. En effet, les lois de finances qui autorisent les dépenses de l’Etat sur l’année plafonnent le montant des dépenses de personnel. Pour l’année 2024 le plafond est fixé à 1 442 milliards[3] de FCFA. Or, en portant la masse salariale mensuelle à 131,5 Milliards, on dépasse ce montant de près de 136 milliards de FCFA sur les 12 mois, compte non tenu des dépenses d’hospitalisation.
Clairement, nous avons là un cas de violation flagrante de la loi par le pouvoir exécutif.
Les deniers publics ont ainsi été utilisés, comme souvent dans notre pays, notamment en faisant exploser la dette dans la durée, pour atteindre un objectif politique immédiat et nous léguer un boulet budgétaire que nous allons devoir traîner pendant très longtemps. La gestion opaque et la roublardise auxquelles le régime du président Macky Sall nous a habitués et dont le grand public a eu un aperçu glaçant dans le rapport de la Cour des Comptes sur la gestion du fonds Force Covid-19, laissent à penser que des surprises désagréables attendent la nouvelle administration.
L’une de ces surprises sera sans aucun doute la situation des comptes publics, jusqu’ici masquée sous un tissus mensonges sur les chiffres et l’orientation budgétaire, au gré des sorties médiatiques dont le dernier ministre du budget nous a habituées. Ce brillant produit de l’administration sénégalaise, présenté comme un génie de la finance, est en réalité un grand artiste de la manipulation des chiffres. A l’Assemblée nationale, pour défendre ses budgets, comme dans les médias pour en faire la promotion et la pédagogie, ses démonstrations, d’apparence éloquentes, sont souvent bâties sur des postulats fantaisistes qui lui permettent de dire tout et n’importe quoi sur le budget sans être challengé par ses interlocuteurs.
Les argentiers du gouvernement passent leur temps dans les avions, allant inlassablement sur les marchés internationaux lever des fonds pour assurer, entre autres, le paiement des salaires. Missions pour lesquelles un célèbre ancien journaliste et écrivain, prenant la défense du candidat Amadou Ba, nous expliquait récemment que c’est aussi l’occasion pour les ministres en charge des finances de se remplir les poches de milliards sur des commissions et que tout cela serait tout à fait normal. Il est utile de rappeler que le paiement de ces commissions est inscrit dans les dépenses courantes affectées au service de la dette, sous le titre Intérêts et Commissions. En 2023 ces charges se chiffraient à 424 milliards FCFA. Donc si on en croit ce monsieur, une partie de ces montants irait dans les poches du ministre en charge des finances, en plus de son salaire et de tout le reste ! Difficile de savoir si on marche vraiment sur la tête ou si on est juste dans l’affabulation pure et simple. Toujours est-il que ces affirmations sont tellement graves qu’elles méritent un éclairage de la part du gouvernement.
La prospérité et la stabilité du Sénégal se mesurera à la capacité de ses dirigeants à adopter une gestion prudente et transparente des finances publiques, en veillant à ce que les décisions économiques soient prises dans l'intérêt général et non comme des outils de stratégie électorale. Cette opération de tripatouillage budgétaire est assimilable à un braquage par des bandits de grands chemins, un véritable sabotage dont les auteurs doivent répondre devant la justice. Il est impératif que le peuple sénégalais soit informé de cette atteinte grave à ses intérêts et que tous les responsables, hommes et femmes, impliqués dans cette forfaiture, à commencer par le président Macky Sall lui-même, rendent des comptes.
La passation de pouvoir est le moment où les anciens dirigeants s’activent pour quitter le pays avant d'être inquiétés. Certains, apprend-on dans la presse, auraient déjà déménagé et mis leurs familles à l’abri, en attendant de passer le service et de les rejoindre dans leurs lieux d’exil doré. Il serait regrettable que ces délinquants quittent le pays sans s’expliquer sur leurs actes.
Le président Macky Sall affirmait récemment, répondant à une question de la BBC, qu’il n’allait pas présenter des excuses au peuple sénégalais car, selon lui, aucune faute n’a été commise. Celle-là en est une. Une très nette. Une très lourde aux graves conséquences. Sous sa direction, une opération de sabotage sans précédent a été menée contre nos finances publiques, mettant en péril la sécurité économique et la stabilité de la Nation. Il avait prêté un serment qui l’obligeait. Il avait juré “de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois…”. Force est de constater que son comportement tout au long de son magistère fut loin de refléter ce serment.
Maintenant que le mal est fait, les nouvelles autorités auront pour mission, en plus de veiller à ce que les responsabilités soient établies et des sanctions administrées, de remettre de l’ordre dans les comptes. La tâche sera ardue tant cette situation nouvelle vient compliquer “Le Projet” et les attentes sont nombreuses, les populations impatientes. Le président Diomaye Faye aura donc fort à faire pour nous sortir de ce bourbier budgétaire. Il est évident qu’il va falloir prendre des mesures difficiles qui doivent être comprises et acceptées par tous.
Ce sabotage des comptes publics ne doit pas être vu comme un problème à résoudre pour le nouveau président, mais comme notre problème à tous. Le président Bassirou Diomaye Faye n’en est pas responsable, il ne l’a pas causé, et pour le résoudre de manière sûre et définitive, il ne pourra objectivement pas faire l’économie de mesures difficiles et impopulaires. Il va falloir opérer une purge budgétaire de grande ampleur, en commençant par l’annulation au moins partielle des augmentations et des recrutements fantaisistes qui ont été opérés dans les conditions décrites.
Les Sénégalais dans leur ensemble sont victimes de cette agression et ils devront se serrer les coudes, aider les nouvelles autorités par leur compassion et leur compréhension. Ils devront comprendre les enjeux et accepter la part de sacrifice nécessaire pour remettre le pays sur les rails. Toute autre attitude rendra la tâche encore plus ardue et les conséquences d’un échec seraient d’une toute autre nature. Que Dieu nous en préserve.
Il ne faudra cependant pas se tromper sur la réalité des choses. Quand les effets des premières mesures impopulaires commenceront à se faire sentir, on verra des responsables de la nouvelle opposition faire le tour des plateaux télé et des réseaux sociaux pour nous rappeler à quel point l’ancien président Macky Sall était un bon leader, à la fibre sociale, proche du peuple, qui ne ménageait aucun effort pour alléger la souffrance des populations. On peut d’ores et déjà deviner leurs diatribes faites de contrevérités et de manipulations. Il faudra un travail de déconstruction pour tuer cette propagande dans l'œuf. Les éléments de langage doivent être identifiés et battus en brèche pour que le peuple ne soit pas dupé et qu’il reste soudé derrière le Président Bassirou Diomaye Faye.
Ce travail de déconstruction de la propagande ne doit pas être laissé au personnel politique. Au contraire, tout citoyen conscient des enjeux et convaincu de la nécessité, pour le gouvernement, de prendre des décisions difficiles, doit répandre la bonne parole autour de soi pour contrer la dialectique de ceux qui tenteront d’en tirer un bénéfice politique. Les jeunes, en particulier, puisqu’ils sont les principaux artisans de cette alternance, doivent s'approprier ce travail de veille et de sensibilisation. Ils doivent échanger avec leurs parents, leurs camarades, les chauffeurs de taxi, le boutiquier du coin, la commerçante au marché ou le personnel de maison, les convaincre, expliquer la responsabilité de l’ancien régime dans la situation actuelle et faire la pédagogie des mesures de correction indispensables.
Le gouvernement, pour sa part, devra faire preuve de transparence, avoir de la suite dans les idées et bannir toute forme d’improvisation. Il devra avoir un plan de redressement clair, chiffré et circonscrit dans le temps, avec une feuille de route que tout le monde aura à l’esprit. Il faudra exposer clairement les mesures qui seront prises pour revenir à l’orthodoxie et au sérieux budgétaire, préciser leur portée, leurs conséquences négatives immédiates, leurs bénéfices à long terme et les mesures compensatoires à l’endroit des plus vulnérables qui pourraient être impactées par cet indispensable travail de remise aux normes. Il faudra, sur ce sujet comme pour tout le reste, avoir la culture du suivi et de l’évaluation des politiques publiques, en mettant en place des indicateurs mesurables et pertinents et, surtout, en prenant en compte ces indicateurs.
La représentation nationale, qui s’est une fois de plus illustrée par son inefficacité, a l’opportunité de redorer son blason amochi, en ouvrant une enquête parlementaire sur ces crimes économiques. Elle doit nous édifier sur ce recrutement massif de 2451 nouveaux fonctionnaires opéré au mois de janvier 2024 et demander au ministre de la santé et à celui de la fonction publique de s’expliquer sur les 4,5 Milliards dépensés en frais d’hospitalisation. Les ministres de l’économie qui ont validé ces mesures anti-économiques ainsi que ceux en charge des finances qui les ont implémentées doivent être entendus.
Par ailleurs, l’une des premières tâches auxquelles le nouveau gouvernement devra s’atteler sera de préparer une loi de finances rectificative pour l’année 2024 afin de procéder à une révision du budget qui devra porter principalement sur une réduction drastique des dépenses de fonctionnement. Ces dépenses engloutissent des milliers de milliards de FCFA tous les ans, dont une bonne partie ne sert qu’à entretenir la clientèle politique. Les députés, quelle que soit leur appartenance politique, devront pour une fois faire preuve d’un minimum de patriotisme et accompagner le nouveau gouvernement dans cette nécessaire action de redressement des comptes. Contraint par les délais légaux de dissolution de l’Assemblée nationale, le président de la République devra, dans les mois à venir, pouvoir compter sur le soutien de l’ensemble des députés, pour faire passer les premières mesures de son gouvernement. Les représentants du peuple devront faire preuve d’esprit de dépassement pour surmonter les clivages partisans et combattre les réflexes naturels d’opposition systématique. Ils ont eux aussi une chance unique d’entrer dans l’histoire par la grande porte, à l’image des membres du Conseil Constitutionnel.
Des citoyens conscients des enjeux, solidaires de l’action gouvernementale et engagés individuellement dans l'œuvre de reconstruction ; des autorités administratives responsables, sincères et dévouées ; des représentants du peuple qui placent la patrie avant le parti. Voilà l'alchimie qu’il nous faudra bâtir pour sortir le pays du guêpier dans lequel on l’a précipité. Il n’y a pas d’alternative à cette entente plus que nécessaire. Toute autre attitude, d’un côté comme de l’autre, nous conduira inéluctablement vers un nouvel échec.
Tableaux de Bord de l'Économie Sénégalaise par la DPEE
Loi 2023-18 du 15 Décembre 2023 portant loi de finances pour l’année 2024
Calculs et Analyses avec SIADE, Système Intégré d’Analyse de Données Économiques par Bangath Systems
[1] Direction de la Prévision et des Etudes Economiques
[2]Erratum: Sur une première version déjà diffusée, une erreur de frappe indique 14% au lieu de 1,4%
[3]Loi No 2023-18 du 15 décembre 2023 portant loi de finances pour l’année 2024
Par Abdoulaye THIAM
FAIBLE PRESENCE DE FEMMES, LA FAUSSE NOTE
Elles ne sont quatre sur 25 ministres et 5 Secrétaires d’Etat. Un vrai recul qui va certainement faire jaser. Surtout les féministes et les adeptes de la parité
Habemus Imperium !* Les Sénégalais ont attendu 72 heures pour connaître la liste du gouvernement du Premier ministre, Ousmane Sonko. Inédit ! La dernière fois que nous avons assisté à un accouchement aussi long, voire «douloureux» c’est quand le département de l’Economie des Finances et du Plan a été scindé en deux par le président de la République d'alors, Macky Sall.
Selon plusieurs indiscrétions, non encore démenties, à l'époque, Amadou Bâ aurait refusé de prendre la partie intitulée ministère des Finances et du Budget. On attendra 48 heures pour le voir atterrir aux Affaires étrangères et gagner des points au niveau de l’ordre protocolaire devant son rival de toujours, Abdoulaye Daouda Diallo qui héritera du fauteuil de l’argentier de l’Etat.
Hier, Ousmane Sonko a annoncé une liste de 25 ministres et de 5 secrétaires d’Etat. «Un gouvernement de rupture et d’appropriation des attentes légitimes des populations du Sénégal», tonne le leader de Pastef. «Un Gouvernement de résultats», souligne-t-il, qui sera arrimé sur cinq piliers que sont la jeunesse, l’éducation et la formation, la lutte contre la vie chère, la justice, les droits humains, la bonne gouvernance, la transparence et la reddition des comptes, la souveraineté économique, l’exploitation des ressources naturelles, enfin la consolidation de l’unité nationale. C’est dire que Ousmane Sonko a fini de fixer le cap. Il sait déjà où est ce qu’il veut mener le bateau Sénégal. D’ailleurs, d’un ton sec et ferme et sur instructions du Président de la République, Bassirou Dimaye Diakhar Faye, il a donné un ultimatum aux différents ministres de démissionner de toutes leurs autres fonctions pour se consacrer exclusivement à faire fonctionner leur département. Une interdiction de cumul de postes chère à Sonko mais qui a été violée par son vice-président, Birame Souleye Diop qui avait conservé son poste de député et de maire de Thiès (Zone Nord). Promu au département plus que stratégique de l’Energie, du Pétrole et des Mines, et 5ème dans l’ordre protocolaire, il devrait être la première personnalité a montrer la voie.
D’autant plus que dans ce gouvernement, Ousmane Sonko a attribué des ministères de souveraineté à des personnalités moins colorées voire neutres. C’est le cas du Général Birame Diop aux Forces armées, l’ancien Procureur de la République, Ousmane Diagne au département de la Justice et le Général Jean Baptiste Tine au ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique. Sans occulter le département de la Jeunesse, des Sports et de Culture confié à une dame. Historique !
La seule fausse note, c’est la très faible présence des femmes. Elles ne sont quatre sur 25 ministres et 5 Secrétaires d’Etat. Un vrai recul qui va certainement faire jaser. Surtout les féministes et les adeptes de la parité.
«Nous avons un gouvernement», inspiré de «Habemus papam», une locution latine séculaire qui signifie «Nous avons un Pape».