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5 décembre 2024
Développement
RENCONTRE WADE-SONKO-DIOMAYE CE SAMEDI
L'ancien président (2000-2012) et secrétaire général national du PDS recevra en audience le candidat Bassirou Diomaye Faye en compagnie d'Ousmane Sonko et d'une délégation, à la veille du scrutin de dimanche
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 22/03/2024
Une rencontre préélectorale importante est prévue ce samedi 23 mars 2024 entre Abdoulaye Wade et les deux principaux responsables de la coalition Diomaye Président, selon une annonce de Mayoro Faye, secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (PDS).
D'après ce dernier, l'ancien président (2000-2012) et secrétaire général national du PDS « recevra en audience le candidat Bassirou Diomaye Faye en compagnie d'Ousmane Sonko et d'une délégation », à la veille du scrutin de dimanche.
Wade a publiquement appelé à voter pour la coalition « Diomaye Président » lors du scrutin du 24 mars. Cet appel a été validé par son fils Karim Wade, lui-même recalé de la course à la magistrature suprême.
Cette rencontre de dernière minute sera donc certainement l'occasion pour les protagonistes d'aborder les enjeux de cette présidentielle cruciale pour l'avenir démocratique du Sénégal, et de préciser les intentions de votes du PDS. Elle pourrait rebattre les cartes à 24h du vote.
POUR UN SCRUTIN LIBRE, TRANSPARENT, SÉCURISÉ ET DÉMOCRATIQUE
L'Association Présence Chrétienne appelle à la paix et au fair-play démocratique. Dans un contexte post-électoral tendu, l'APC salue les efforts pour la tenue du scrutin et encourage la participation citoyenne dans le calme
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de l'Association Présence Chrétienne - Groupe de Réflexion et d’Action APC-GRA, daté du 22 mars 2024, appelant à une présidentielle sans heurt.
"Chers compatriotes,
Après une campagne électorale qui s’est tenue dans des conditions exceptionnelles, les citoyens et citoyennes sénégalais (es) s’apprêtent, ce dimanche 24 mars 2024, à élire leur cinquième président-e de la République.
Cette élection est d’autant plus importante qu’elle sera historiquement mémorable.
En effet, dans un contexte marqué par trois ans de violentes tensions politiques et des moments incertains, le génie politique sénégalais s’est réveillé pour permettre un sursaut et une tenue du scrutin dans des conditions tout de mêmes exceptionnelles.
C’est le moment de saluer toutes les forces vives de la Nation et tous les amis du Sénégal ainsi que les bonnes volontés qui ont œuvré efficacement pour un retour au calme et la préservation des acquis démocratiques de notre pays. C’est aussi le moment de magnifier la sagesse et le courage de nos compatriotes qui ont toujours su faire passer l'intérêt supérieur de la Nation au-dessus des intérêts partisans.
Fidèle à ses valeurs de Paix et de Justice et forte de son attachement à la République, l’Association Présence Chrétienne (APC) encourage tous les Sénégalais et Sénégalaises à s’acquitter de leur devoir de citoyen comme à toutes les élections, dans la paix, la transparence, le respect de l’autre et dans un esprit démocratique et fraternel.
APC invite l’Etat du Sénégal, l'administration électorale ainsi tous les acteurs du processus électoral à prendre toutes les dispositions nécessaires pour la tenue d’un scrutin libre, transparent, sécurisé et démocratique.
Présence Chrétienne (APC) invite tous les candidats, les coalitions, les partis et les mouvements en compétition à faire preuve de respect mutuel et de promouvoir un scrutin paisible, dans un esprit de fair-play démocratique, pour préserver la paix.
APC invite les Sénégalais et les Sénégalaises à être des acteurs de paix respectueux des règles du jeu démocratique et à renoncer à toutes formes d’actes pouvant entacher la régularité du scrutin, afin qu’au terme du vote, le Sénégal sorte vainqueur et grandi de cette élection.
Présence Chrétienne souhaite que cette élection soit une véritable fête de la démocratie et du vivre ensemble et prie pour qu’en ce temps béni de Carême et de Ramadan, le Seigneur bénisse le Sénégal et le protège."
PAR Aminata K. Dioukhané
LA VÉRITABLE RUPTURE, C’EST ÉLIRE UN PRÉSIDENT AUX MAINS LIBRES POUR GOUVERNER
Mahammed Boun Abadallah Dionne est ce président qui, en s'engageant à faire un unique mandat de 5 ans, pourra gouverner librement, sans passion ni pression
De quoi le Sénégal a-t-il besoin pour les années à venir ? D’un président libéré de toute contingence politique. Car les calculs politiciens du régime en place pour se maintenir au pouvoir, combinés aux pratiques « des oppositions » pour le conquérir, nous ont conduit à la crise politique actuelle.
Cette liberté totale d’action du futur président ne sera possible que pour un président qui se limiterait à un seul mandat de 5 ans. Le Sénégal se trouve aujourd’hui dans une impasse politique et il lui faut imaginer des solutions politiques de sortie de cette crise. Il lui faut innover dans la manière de faire la politique et d’exercer le pouvoir.
Imaginons un président élu par les Sénégalais pour un mandat de 5 ans. Ce président ne consacrera pas de temps à des intérêts partisans, mais se concentrera entièrement sur le bien-être du peuple sénégalais.
Imaginons un mandat unique de 5 ans qui serait une garantie pour un exercice du pouvoir concentré et efficace porté par un président de la République défenseur de la Constitution, des libertés individuelles et collectives, et de l'égalité ; un président qui assurerait le strict respect de la séparation des pouvoirs et refuserait toute manipulation de la justice dans des affaires délicates. Et surtout un président qui travaillerai à apporter les réformes politiques, économiques et sociétales qui aujourd’hui s’imposent.
Enfin imaginons un président qui rompra pour la première fois dans l’histoire du Sénégal avec la quête d’un second mandat, source de tension et de compromis, voire de compromission.
Mahammed Boun Abadallah Dionne sera le premier président du Sénégal aux mains libres
Un seul mandat de 5 ans pour un président libre et efficace : c’est une rupture dans les pratiques politiques du Sénégal et c’est une innovation. Voilà la véritable rupture anti système qui pourrait permettre de transformer durablement le Sénégal. Voilà la véritable révolution dont le Sénégal, qui traverse une crise politique, a besoin. Et cette rupture commence tout simplement par montrer que la conservation du pouvoir à tout prix n’est pas le but ultime de la politique. Le 5ème président de la République du Sénégal pourrait être le premier à se détourner de la politique politicienne pour se concentrer sur la gouvernance de la cité. Celui qui pourra guérir le Sénégal de ses pathologies politiques. Réparer le Sénégal et unir les Sénégalais.
Nous ne devrions jamais oublier ceci : le Sénégal se trouve dans la situation actuelle à cause d’une guerre entre pro et anti 3ème mandat, une guerre qui aura duré 5 années. Nous ne devrions pas nous tromper : seule une rupture dans les pratiques politiques peut apporter des transformations profondes au Sénégal. Et le fait de se limiter à un mandat en serait le premier jalon.
Mahammed Boun Abadallah Dionne est ce président qui, en s'engageant à faire un unique mandat de 5 ans, pourra gouverner librement, sans passion ni pression. Sans attaches politiques partisanes, car sans parti politique, il a régulièrement déclaré à ses partisans et sympathisants : « je ne cherche pas de militants mais des compagnons, je ne cherche pas de foule apathique mais des citoyens engagés et participatifs ».
Il affirme clairement son intention lors de ses diverses prises de parole : après avoir exercé la fonction de Premier ministre pendant 5 ans, quitté le gouvernement pendant les 5 années suivantes, il sollicite le suffrage des sénégalais pour les 5 prochaines années pour terminer sa mission. Sa démarche le positionne en outsider, mais un outsider expérimenté et rassurant, capable de réformer le système de l'intérieur. C’est le paradoxe Dionne. En tant qu'outsider, il s'est détaché de son parti d'origine pour se présenter sous la bannière de la Coalition Dionne2024. Son expérience en tant que Premier ministre et ses compétences avérées d'homme d'État lui confèrent une connaissance approfondie des mécanismes du pouvoir et de la marche de l’État.
5 années pour réparer, réconcilier, travailler ensemble et transmettre à la jeune génération
Les arguments en faveur d’un seul mandat ne manquent pas : liberté d’action du président sans la pression de la réélection et possibilité de se concentrer sur l'accomplissement de ses objectifs à long terme sans être distrait par des calculs politiques à court terme ; absence de pression politique afin de pouvoir prendre des décisions basées uniquement sur l’intérêt du pays ; contribution au renouvellement démocratique. Plus précisément, il pourra se concentrer sur les réformes proposées par son programme et la réconciliation des sénégalais.
Les principaux arguments contre, à savoir, le manque d’expérience ou la perturbation des projets en cours, peuvent être balayés d’un revers de la main : Mahammed Boun Abdallah Dionne est le candidat qui a le plus d’expérience gouvernementale et celui qui a participé à la conception et à la mise en œuvre d’une grande partie des projets du PSE.
Est-il besoin de rappeler qu’au Sénégal comme dans beaucoup d’autres pays en Afrique, la vie sociale et économique tourne autour de la politique car les possibilités de s’enrichir ou d’accéder à des postes prestigieux sont concentrés autour du régime en place et de l’élite que ce régime produit.
S’engager à exercer un seul mandat, c’est aussi autoriser les sénégalais à s’éloigner de la quête des dividendes économiques et sociaux liés à la politique, auxquelles les pratiques politiques les ont malheureusement habitués.
S’engager à exercer un seul mandat c’est travailler à réparer le Sénégal épuisé par ces années de combat pour la conservation du pouvoir du côté du régime ou pour sa conquête du côté « des oppositions ».
Ces cinq années seront essentielles pour nous remettre du traumatisme causé par la lutte acharnée pour le pouvoir que nous avons traversée et pour réfléchir sur nous-mêmes et définir notre cap. Ensemble. Avec un président expérimenté, rassembleur, capable de transcender les clivages, d'apaiser les tensions et d'agir rapidement et efficacement dès son élection, nous pourrons avancer. Une période durant laquelle nous aurons l'opportunité de nous questionner sur nos aspirations collectives tout en collaborant pour mettre en œuvre les réformes nécessaires.
par Adama Dieng
HAÏTI : IL EST TEMPS D’AGIR MAINTENANT AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD
Pourquoi une action internationale efficace et rapide est-elle si tragiquement tardive alors qu’une population victime étouffe et qu’il existe une chance, aussi complexe soit-elle, de renverser la situation ?
Le 1er janvier 1804, date qui devait marquer l'épilogue d'une révolution épique et historique contre les autorités coloniales françaises, Haïti proclamait son indépendance sous la houlette de Jean-Jacques Dessalines. Anciennement Saint-Domingue, « Haïti », le « pays des montagnes » en langue taïno, devient ainsi la première nation noire indépendante de l'hémisphère occidental, et bien plus tard, membre fondateur des Nations Unies, de l'Organisation des États américains, de l’Association des États de la Caraïbe et de l’Organisation internationale de la Francophonie.
219 ans plus tard, le 1er janvier 2023 exactement, une tribune intitulée « Prise en otage, Haïti se meurt. Agissons maintenant » que j'avais initiée a été publiée. Je remercie sincèrement les personnalités éminentes des cinq continents qui ont cosigné cette tribune, parmi lesquelles des chefs d'État actuels et anciens, le président de la Commission de l'Union africaine et des intellectuels de renom.
Plus d’un an après la publication de la tribune, on se demande si le cri du cœur que nous avons lancé a été clairement entendu. En effet, depuis lors, la situation en Haïti s'est profondément détériorée et est devenue encore plus désespérée. Néanmoins, reconnaissance, appréciation et encouragement doivent être offerts à toutes les entités et personnalités, telles que le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, et le gouvernement de la République du Kenya, sous la direction du président William Ruto, qui se sont depuis lors engagées à poursuivre leurs efforts à soutenir le peuple haïtien dans ses moments les plus difficiles où il en a besoin. En octobre dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé le déploiement en Haïti d'une mission multinationale dirigée par le Kenya pour tenter de rétablir l'ordre face à la spirale de la violence des gangs et à l'effondrement de l'ordre public.
Cependant, ce déploiement, déjà retardé par une procédure judiciaire kenyane, pourrait être rendu plus difficile par les complications politiques et les réalités en Haïti même. Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, le Bangladesh, la Barbade, le Tchad et la Jamaïque ont officiellement notifié aux Nations Unies leur intention de fournir du personnel à une force internationale. La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a déployé des efforts remarquables en faveur de la paix en Haïti. Par ailleurs, l'évolution la plus récente semble indiquer que le gouvernement du Bénin, sous la direction du président Patrice Talon, serait également prêt à engager ses forces pour contribuer à la stabilisation de ce pays caribéen si emblématique pour de nombreux pays africains. En effet, Haïti, terre plongée dans les traditions africaines, est intrinsèquement liée à l'Afrique à travers l'histoire, la culture et la spiritualité.
Pourquoi une action internationale efficace et rapide est-elle si tragiquement tardive alors qu’une population victime étouffe et qu’il existe une chance, aussi complexe soit-elle, de renverser la situation ? L’humanité doit écouter et répondre aux cris du peuple haïtien. Le Premier ministre d'Haïti, Ariel Henry, a annoncé sa démission il y a quelques jours. La communauté internationale appelle à la mise en place d'un gouvernement de transition qui pourrait libérer le pays de la violence.
Dans un pays ruiné et débordé, dont les services de base nécessaires à l’existence de la population, notamment les hôpitaux, les écoles et les entreprises, se sont effondrés, des gangs criminels contrôlent la majeure partie de la capitale tandis que les gens tentent désespérément de s’échapper et de chercher refuge dans les pays voisins ; pour un pays où l'accès à l'aéroport principal est bloqué ; son palais présidentiel et ses commissariats ont été pris d'assaut ; pour un pays dont les deux principales prisons ont été attaquées, entraînant la fuite de plus de 4 000 prisonniers ; pour un membre de la famille des nations, peut-être l’un des plus fragiles, qui saigne devant nous tous avec un risque élevé de guerre civile totale; pour Haïti, une inertie ou une hésitation persistante équivaudrait à un crime de non-assistance. Le Conseil de transition réclamé par la communauté internationale sera, espérons-le, composé de personnalités des principaux partis politiques, du secteur privé, de la société civile et des groupes religieux. Mais aucun des dirigeants n’a de mandat légitime. Certains sont même sous les sanctions des Nations Unies ; ils sont tous très divisés ; d'autres ont été inculpés de graves crimes dans leur pays et à l'étranger.
L’héroïque peuple haïtien, mille fois meurtri, trahi à maintes reprises, mérite plus et mieux, malgré la complexité de la situation actuelle. L'Alliance Panafricaine pour la Transparence et l'Etat de Droit (PATROL), dont l'objectif est de favoriser la transparence et le respect de l'État de droit et d'agir comme moteur de développement, est prête à user de ses bons offices et à servir de canal de communication afin de faciliter le rapprochement entre les différentes parties en Haïti. Le Conseil d'administration, l'organe directeur central de notre organisation, composé de personnalités de premier plan dans les domaines de la transparence, de la justice et des réformes de l'état de droit, de la gouvernance et des droits de l'homme du monde entier, a confirmé que PATROL est prête à jouer un rôle de catalyseur et de conseil dans la promotion des réformes de la justice compatibles et adaptées au système judiciaire national et à la culture d’Haïti. Nous voulons être à l’écoute et disponibles pour le peuple haïtien - les Haïtiens de l’intérieur et ceux de la diaspora - et servir toutes les parties souhaitant œuvrer pour un retour de la stabilité et la restauration d'institutions de gouvernance crédibles et légitimes.
Plus spécifiquement, PATROL serait honoré de contribuer humblement à l'avenir d'Haïti en renforçant le système de justice pénale, en luttant contre l'impunité et la corruption, en améliorant le système pénitentiaire et en soutenant la sécurité et les droits de l'homme. Il est temps d’agir sans calculs politiques ou géopolitiques. À cet effet, PATROL est prête à s'engager et à travailler avec des partenaires locaux et internationaux pour faire avancer et atteindre ces objectifs.
Haïti a survécu aux profonds tourments de la traite transatlantique des esclaves. Haïti a survécu aux énormes ravages causés à la fois par la nature et par l'homme, tels que les tremblements de terre, la déforestation disproportionnée, la pauvreté abjecte et la misère, des institutions de gouvernance faibles, voire absentes, l'instabilité politique et des conditions humanitaires désastreuses, y compris une épidémie de choléra importée au pays. Haïti, une nation dotée de magnifiques auteurs, poètes, grands artistes et musiciens, a également survécu aux gangs, à la violence sexuelle et aux orgies de violence. Haïti a continué à survivre à des cauchemars récurrents. Ce à quoi ce peuple merveilleux, cette terre extraordinaire ne survivra pas, c’est le manque d’action efficace, qui serait une autre trahison aux proportions épiques. L’humanité doit agir et agir rapidement pour soutenir le peuple haïtien pour la reconquête de son pays sur la base de la justice, de l’équité et du progrès socio-économique. Aidons sincèrement, généreusement et courageusement les Haïtiens à reprendre leur destin en main et à vivre en paix.
En effet, nous pourrions tous être coupables de ne pas avoir porté assistance à ce peuple remarquable en danger.
Pour la « Perle des Antilles », l’humanité a les moyens de faire en sorte qu’il ne s’agisse pas là d’un vœu pieux.
Adama Dieng est président fondateur de PATROL
Ancien Secrétaire général adjoint de l’ONU/Conseiller spécial pour la prévention du génocide.
Ancien Expert Indépendant sur la Situation des Droits de l'Homme en Haïti.
Ancien Greffier du Tribunal Pénal International pour le Rwanda.
Ancien membre du conseil d'administration de l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale.
par Ousmane Ndoye
POURQUOI VOTER POUR KHALIFA DIMANCHE
Notre attente pour cette nouvelle étape de l’histoire de notre pays est que le prochain président de la République soit un homme assez clairvoyant, responsable et expérimenté pour asseoir de manière durable des règles consensuelles
C’est aujourd’hui une lapalissade de dire que les élections sont piégées au Sénégal. Les trois dernières élections présidentielles qui se seront tenues de 2012 à ce dimanche 24 mars 2024 auront fait l’objet de manipulations qui en ont, sans nul doute, affecté leurs résultats. En 2012, le forçage de la candidature de Wade a favorisé l’arrivée au pouvoir de Macky Sall. En 2019, ce dernier, toujours avec la méthode favorite de l’instrumentalisation des institutions, a éliminé les candidats Khalifa Sall et Karim Wade, pour se faufiler au 1er tour.
En 2024, il tentera le même coup de Wade en mixant son propre ingrédient de neutralisation de candidats, mais la résistance forte du peuple sénégalais l’amena à renoncer à briguer un 3e mandat et faussa son système de sélection de candidats à l’élection présidentielle.
En définitive, si le combat du peuple a fait échec au projet de Macky, il reste que la victoire porte un goût d’inachevé, avec la non-participation d’Ousmane Sonko, qui était un des favoris de l’élection, et son remplacement à la dernière minute par son camarade Diomaye Faye, moins connu des Sénégalais. Ainsi notre élection présidentielle de 2024, pour ne pas dire notre démocratie, est encore piégée. Que faire face à ce piège ? Pour qui voter dimanche ?
Le désir de changement est, et à juste titre (nul besoin de revenir sur les justifications tant la gouvernance de Macky Sall a été destructrice pour le pays), le sentiment le mieux partagé par le peuple sénégalais. Notre expérience des élections nous conforte dans l’idée que, comme dans le passé, le vote utile sera à l’œuvre dans cette élection et nous conduit inexorablement dans un choix entre Khalifa et Diomaye, pour porter le flambeau du changement.
Pour nous, quel que soit celui qui sera choisi, le prochain mandat ne pourra être qu’un mandat de transition : transition vers un vivre-ensemble mieux organisé, avec des institutions fortes, indépendantes et respectables, une effectivité des principes de redevabilité à tous les niveaux de l’Etat, une administration publique restructurée, et une citoyenneté plus éveillée et exigeante.
En effet, le legs Macky Sall est particulièrement lourd, avec un endettement faramineux de plus de 14 000 milliards de FCFA (contre 3 000 milliards en 2012), des investissements couteux en subventions d’exploitation et à la rentabilité économique souvent douteuse (ex. TER), une désorganisation de l’administration et un système éducatif et de santé à l’agonie. Ce legs ne pourra être transformé en « émergence » ou en « développement » en l’espace de 5 ans, et ceci malgré les recettes tirées de l’exploitation du pétrole et du gaz qui ne changeront pas fondamentalement le profil budgétaire du pays.
Aussi, au regard de la situation dans laquelle le Sénégal se trouve, la question du choix se pose surtout en ces termes : faire un saut dans l’inconnu avec un candidat que nous ne connaissons pas bien et espérer qu’il saura naviguer et sortir le bateau Sénégal dans le creux de la vague où l’a mené Macky Sall ; ou choisir un candidat avec qui nous avons eu du vécu, avec qui nous avons travaillé et dont nous connaissons les forces et les faiblesses.
Nous avons retenu cette seconde option en portant notre choix sur Khalifa Sall pour être le prochain président du Sénégal et mener les réformes majeures inspirées des conclusions des Assises nationales, et sur lesquelles nous nous sommes entendues, pour avoir un meilleur vivre-ensemble. Parmi les réformes les plus importantes, on notera une réforme constitutionnelle qui consacre l’effectivité de la séparation des pouvoirs ; l’incompatibilité entre la fonction de président de la République et la fonction de chef de parti politique ; la réforme du Conseil supérieur de la magistrature présidé par le Président de la Cour Suprême ; le renforcement de la Cour des Comptes en la dotant de pouvoir d’initiation de poursuites judiciaires ; l’institution du référendum d’initiative citoyenne ; l’abolition des dispositions attentatoires aux libertés, en particulier toutes celles qui rendent obligatoires la détention sur simple réquisition du procureur ; la fixation des parts minimales pour les dépenses d’éducation, de santé, de l’agriculture selon les standards internationaux ; l’adoption d’une nouvelle réglementation (montant, gestion et contrôle) des Fonds spéciaux conforme à la bonne gouvernance et aux meilleurs standards en vigueur ; et la mise en place d’un système de compétition transparente pour l’accès aux emplois de l’État.
Ces réformes, et bien d’autres, inclues dans le programme du candidat Khalifa permettront, nous pouvons certainement en convenir, d’asseoir des fondations solides pour enclencher un véritable processus de développement économique et social du Sénégal.
Comme toujours quand il s’agit de choisir un candidat, il restera la question de la personne, de ses capacités, de ses valeurs et convictions. Notre expérience de Khalifa Sall est qu’il est un homme qui respecte ses engagements. Dans nos débats budgétaires à la Mairie de Dakar, il tenait toujours à respecter les engagements pris avec les populations, mais également avec les conseillers municipaux que nous étions, en particulier sur les investissements de la Ville de Dakar dans les secteurs éducatif et de la santé. Khalifa a également de grandes capacités de résistance aux différentes pressions venant de toutes parts, en témoigne son adoption de la budgétisation participative, y compris dans les investissements de la Ville de Dakar au niveau des communes, malgré les résistances de plusieurs de ses alliés maires de commune. Sur ce plan, les commerçants qui occupaient de manière anarchique les rues de la ville de Dakar nous confirmeraient certainement sur la capacité de Khalifa à mener jusqu’au bout les initiatives nécessaires à l’intérêt général.
En conclusion, notre attente pour cette nouvelle étape de l’histoire de notre pays est que le prochain président de la République soit un homme assez clairvoyant, responsable et expérimenté pour asseoir de manière durable des règles consensuelles et effectivement appliquées pour la justice, la paix et un plus grand respect des droits humains de tous, contribuant à mobiliser tout notre peuple dans l’effort de développement économique et social du pays. Notre conviction est qu’à cette étape historique, cet homme est Khalifa Sall.
Bon vote et vive le Sénégal !
Ousmane Ndoye est Secrétaire national chargé de l’administration LD Debout.
par Fatou Kassé-Sarr
MAHAMMED BOUN ABDALLAH DIONNE, LES RAISONS D’UN CHOIX
Après le mortal kombat Sonko/Sall, assisterons-nous à un mauvais remake avec les seconds choix Faye/Ba ? Dionne incarne la compétence et l'engagement nécessaires pour stimuler l'économie , mettre en œuvre des réformes...
L’incarnation d’un slogan : l’industrialisation au service d’un Sénégal réparé et uni, un Sénégal juste
Tels sont les slogans du candidat Mahammed Boun Abdallah Dionne. Un slogan est une promesse. Ce que l’on sait du candidat de la coalition DIONNE2024 est-il une incarnation de sa promesse ? Cette interrogation revêt une importance cruciale, car en en période électorale, chaque candidat lance des slogans, souvent pour dire aux sénégalais ce qu’ils ont bien envie d’entendre. Je pense que les promesses contenues dans un slogan de campagne, doit refléter la personnalité, le parcours de celle ou celui qui l’incarne et qui prétend vouloir diriger l’avenir de tous les Sénégalais.
Un profil porté sur l’industrialisation : quel intérêt ou quel avantage pour diriger le Sénégal ?
Un tel profil est l’ADN qui façonne sa vision. Cela signifie donc qu’il est pleinement conscient de la nécessité de faire passer un nouveau cap au Sénégal : celui de l’industrialisation, de l’exploitation et de la transformation locale de toutes les richesses du pays. La notion de souveraineté et l’objectif de création d’emplois, dans chaque secteur et territoire concernés sont donc au cœur du programme. Mahammed Boun Abdallah Dionne possède le profil qu’il faut pour relancer l'économie, mener des réformes industrielles et créer des emplois au Sénégal grâce à son expérience et ses compétences avérées. En tant qu'ancien Premier Ministre et homme d'État, Dionne a démontré sa capacité à gérer des responsabilités gouvernementales de manière efficace et stratégique. Son engagement envers le Sénégal, illustré par sa longue carrière politique et son dévouement constant au service du pays, fait de lui un leader crédible et dévoué. Dionne a dirigé la mise en œuvre la première phase du Plan Sénégal Émergent (PSE) pendant son mandat de Premier ministre, enregistrant des progrès significatifs dans divers secteurs clés tels que les infrastructures, l'éducation, la santé et l'inclusion sociale. Car c’est durant cette période que le Sénégal a lancé des réformes avec de meilleurs résultats. Son parcours professionnel diversifié, allant de l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) à la BCEAO, en passant par des postes au ministère sénégalais de l'Industrie, démontre sa connaissance approfondie des enjeux économiques et industriels. Sa formation en ingénierie informatique et en sciences économiques renforce son expertise dans ces domaines cruciaux pour le développement économique du pays.
La sobriété : le vrai leadership est-il dans l’action ou dans le bruit ?
La capacité reconnue de DIONNE à apaiser les tensions et à assurer la stabilité politique est un atout majeur pour relancer l'économie sénégalaise. Elle est en adéquation avec sa promesse de réconcilier et réparer le Sénégal. Son calme se reflète jusque dans sa campagne. Au point que certains déplorent qu’il ne fasse pas autant de bruit que les autres candidats. Me poussant à me poser les questions suivantes : le bruit et la fureur sont-ils les moteurs du choix ? Le Sénégal, aujourd’hui n’a-t-il pas besoin de sérénité en lieu et place des invectives ? La qualité d’un candidat se mesure-t-elle à la quantité d’argent qu’il est prêt à déverser ? Après le mortal kombat Sonko/Sall, assisterons-nous à un mauvais remake avec les seconds choix Faye/Ba ? Ce qui a d’ailleurs déjà commencé préfigure d’une continuité des tensions dans un Sénégal qui a besoin de reprendre son souffle. Les Sénégalais ont besoin de se remettre au travail, les entreprises sont fatiguées, les jeunes n’en peuvent plus. La lutte pour le pouvoir a ceci qu’elle est souvent violente, agressive, car le pouvoir tel que pratiqué dans des pays où la séparation des pouvoirs n’est pas claire, et où l’hyperprésidentialisme est une règle, choisir revient quasiment à élire un président de la République qui concentre tous les pouvoir entre ses mains, c’est-à-dire un « souverain ». Cette campagne restera dans les annales : le niveau de désinformation, de manipulation a atteint des niveaux inquiétants et avec une facilité tout aussi inquiétante. Avons-nous le désir de poursuivre sur cette voix du tumulte ?
Un mandat unique, une transition centrée sur l’industrialisation au service d’un Sénégal réparé et uni
La décision de Mahammed Boun Abdallah Dionne de se limiter à un seul mandat a de quoi surprendre dans ce contexte où conquérir le pouvoir pour se l’accaparer semble devenir l’objectif premier. Pourtant la logique de cet engagement mérite d’être examinée pour en saisir l’intérêt. C’est d’abord un objectif clair de consacrer les 5 années à réparer, réconcilier le pays tout en lançant son processus urgent d’industrialisation. Un seul mandat de 5 ans : c’est aussi une approche qui permet de se libérer des pressions politiques liées à une réélection potentielle, lui offrant ainsi la liberté nécessaire pour prendre des décisions sans contraintes et pour le collectif. C’est un point qui mérite que l’on sarrète un moment. Nous avons constaté ce qui a gangréné la politique au Sénégal : les stratégies et manœuvres pour maintenir un personnel politique dans le but de gagner élection sur élection. Le résultat en est une politisation extrême de l’administration et des postes de gouvernement, avec un partage en fonction du poids local de tel ou tel. Ce phénomène est assez problématique puisqu’il institue de fait la conditionnalité qui est de maintenir sa base pour garder son poste. Ensuite on transhume vers une herbe plus verte ailleurs. Une véritable catastrophe et les conséquences sont entre autres celles d’une société qui se délite. Courant mars dernier DIONNE a lancé un appel à toutes les forces vives sans exclusive, car il n’a pas l’intention de diriger seul, camp contre camp. Car sa vision et sa méthode consistent à consulter les forces vives, mener des réformes en collaboration avec toutes les forces politiques sans exclusive, par ce que sont d’abord des sénégalais. C’est un trait de sa personnalité, une manière de mener des projets pour laquelle il est reconnu.
Ensuite un seul mandat de 5 ans, c’est aussi une transition : car le Sénégal a sincèrement besoin d’une pause dans le tumulte, pour se recentrer sur l’essentiel.
En s’engageant à ne pas chercher de second mandat, le candidat Mahammed Boun Abdallah Dionne envoie un message fort de responsabilité et d’engagement envers le peuple sénégalais. Une démarche qui pourrait encourager une culture politique plus axée sur les résultats et les actions concrètes plutôt que sur la simple conservation du pouvoir. En fin de compte, cette posture pourrait renforcer la confiance des citoyens dans le leadership politique et ouvrir la voie à des changements significatifs et durables pour le Sénégal.
Et si jamais il est tenté de renier sa promesse, les mécanismes existent pour contester, lui rappeler et l’obliger. Les évènements récents ont prouvé au monde entier que les Sénégalais n’oublient pas certaines promesses et qu’ils sont particulièrement attachés à leurs institutions. Le monde a pu voir avec admiration que leur capacité à protéger leurs droits et leurs institutions est d’autant plus forte lors de l’élection présidentielle. Pour eux trahir les promesses liées à cette élection est non négociable.
Les orientations programmatiques de Mahammed Boun Abdallah Dionne, déclinées dans ses slogans, laissent entrevoir un type de gouvernance concentré sur la réforme profonde du Sénégal, de la gouvernance à la question des valeurs, en passant par l'industrialisation génératrice d'emplois pour tous ces jeunes qui se jettent à la mer par désespoir, alors que le potentiel inexploité est là au vu et au su de tous. L’histoire politique du monde, et au Sénégal nous prouve que le vote contre où le vote de colère, peut conduire à des choix malheureux que nous finissons par regretter. Les populismes font leur grand retour à travers le monde avec l’arrivée au pouvoir des extrêmes, mais aussi, aidés des nouveautés de ce siècle qui sont les moyens modernes de désinformation et de manipulation des opinions. Les populismes ont de cela qu’ils savent user des colères et des frustrations pour fédérer. Et les mécontents, à juste titre, sont nombreux. On note également que la stratégie du populisme est aussi, savamment utilisée par des élites pour garder leur pouvoir en jouant sur les peurs, cette fois peur de perdre des privilèges ? Le 24 mars 2024, j’ai trouvé ma réponse à ces questions que je me suis posées : voulons-nous d’un Sénégal réconcilié et au travail dans l’efficacité, dans l’unité ? Le dégagisme est-il un argument de vote ?
J’ai choisi Mahammed Boun Abdallah Dionne, car aussi bien dans son parcours que dans sa personnalité, il peut être celui qui incarne la compétence et l'engagement nécessaires pour stimuler l'économie sénégalaise, mettre en œuvre des réformes industrielles et créer des opportunités d'emploi pour les citoyens du Sénégal.
Fatou Kassé-Sarr est Directrice Générale de Labell’Com, vice-Présidente de la Commission Culture CoalitionDionne2024.
DIOMAYE FAIT SA DÉCLARATION DE PATRIMOINE
Du détail de ses terrains et biens mobiliers à celui de ses emprunts bancaires, le candidat de la coalition Diomaye Président livre sa situation financière. Il appelle ses concurrents, notamment ceux déjà passés par des charges publiques, à faire pareil
Le candidat à l'élection présidentielle Bassirou Diomaye Faye a dévoilé sa déclaration de patrimoine dans un tweet le 22 mars 2024. L'inspecteur des impôts et des domaines depuis 2007 a publiquement affiché la transparence souhaitée sur sa situation financière avant le scrutin du 24 mars.
Le patrimoine foncier déclaré par M. Faye s'élève à plus de 43 millions de FCFA. Il comprend notamment un terrain agricole de 4,3 ha dans la commune de Sandiara, acquis en 2022 pour 15 millions, et sur lequel des investissements de près de 30 millions ont été réalisés pour l'irrigation et l'exploitation. Le candidat indique aussi être propriétaire d'un terrain nu de 200m2 à Thiès évalué à 700 000 FCFA, et d'un terrain de 80m2/40 à Ndiaganiao acquis en 2017 pour 3 millions.
Concernant son patrimoine bâti, M. Faye déclare une maison construite sur le terrain de 200m2 qui lui a été attribué par le syndicat des impôts à Mermoz, et sur laquelle des travaux ont été effectués de 2017 à 2021 grâce à des fonds propres et des prêts bancaires depuis remboursés.
Ses avoirs mobiliers comportent deux véhicules d'occasion, une Focus 2012 à 6,5 millions et une Ford Explorer Platinum à 19 millions, ainsi que des comptes bancaires créditeurs d'un total de plus de 3,5 millions à la UBA et BICIS.
Enfin, le candidat indique avoir contracté deux prêts bancaires, l'un de 30 millions à la UBA et l'autre de 8 millions à la BICIS, ainsi qu'un prêt d'un ami de 10 millions pour son exploitation agricole.
Dans cette déclaration signée, M. Faye affirme la sincérité et l'exactitude des informations fournies, qui seront également transmises au Conseil constitutionnel en cas de victoire le 24 mars, après actualisation des valeurs foncières. Une initiative de transparence qu'il appelle les autres candidats, dont Amadou Ba, à reproduire face aux Sénégalais.
— Bassirou Diomaye Faye Officiel (@DiomayeFaye) March 22, 2024
par Lamine Niang
POURQUOI CHOISIR BASSIROU DIOMAYE FAYE
Macky Sall et son candidat, Amadou Ba, nous lèguent un pays économiquement agenouillé et socialement fracturé. Nous rêvions d’en finir un jour avec leur régime et l’occasion nous est ainsi donnée ce dimanche de reprendre notre destin en main
Nous sommes dans la dernière semaine de la campagne électorale. Dimanche, le 24 mars 2024, les Sénégalais iront aux urnes pour élire leur nouveau président de la République. Dix-neuf candidats sont en lice pour occuper ce fauteuil si convoité. L’élu présidera ainsi aux destinées de notre Nation les cinq prochaines années. C’est un moment crucial dans la vie d’un peuple et un mauvais choix dans les urnes pourrait être extrêmement regrettable. Ces douze dernières années, nous n’avons cessé de crier sur tous les toits notre vive colère et nos profondes frustrations. Macky Sall et son candidat, Amadou Ba, nous lèguent un pays économiquement agenouillé et socialement fracturé. Nous rêvions d’en finir un jour avec leur régime et l’occasion nous est ainsi donnée ce dimanche de reprendre notre destin en main en prenant une décision suffisamment éclairée dans le secret de l’isoloir.
De tous les candidats qui concourent à cette course présidentielle, nous estimons que Bassirou Diomaye est le mieux indiqué pour diriger le Sénégal. De toute évidence, l’homme fait actuellement la meilleure campagne électorale en s’appuyant sur l’efficace machine de sa grande Coalition. En compagnie de son frère de parti et leader charismatique de Pastef, Ousmane Sonko, sa caravane draine partout des foules sur son passage et leurs discours enflammés sont bien accueillis par un public surexcité et conquis.
Cependant, au-delà de l’effet de masse et du concours de popularité, les électeurs devront faire un choix objectif et dépouillé de toute émotivité. Les témoignages élogieux d’Ousmane Sonko sur Bassirou Diomaye Faye auraient pu suffire pour convaincre tout électeur sceptique, mais notre compagnonnage avec Bassirou Diomaye, ces dernières années, à travers l’aventure de Jotna Media Group, nous a permis de découvrir d’autres facettes de l’homme. À l’échelle de la gestion d’un pays, cela peut paraitre anecdotique, mais cette relation politico professionnelle nous renseigne suffisamment sur ses qualités. Au-delà du parcours académique et professionnel qui singularise chaque candidat, nous estimons que l’élection présidentielle du 24 mars doit également se jouer sur un élément fondamental qui passe malheureusement sous le radar. Il s’agit des valeurs.
Un homme de parole
Dans l’un de nos derniers articles, en appelant vivement à la libération du candidat Bassirou Diomaye Faye, nous rappelions la haute portée de l’acte de voter et que celui-ci, loin d’être une simple formalité citoyenne, doit nécessairement s’appuyer sur ce que l’électeur aura d’abord entendu de la bouche de chaque candidat avant de pouvoir faire un choix éclairé. Par conséquent, rien n’est plus injuste et antidémocratique dans une compétition électorale que de priver de parole un candidat au profit des autres. Justement, Bassirou Diomaye est un homme de parole. En effet, il est fréquent d’entendre de la part des candidats des promesses, les unes plus mirobolantes que les autres, dans le simple but d’obtenir le vote de l’électeur. Cependant, toutes les personnes qui ont travaillé avec Diomaye peuvent témoigner qu’il ne dit jamais à son interlocuteur ce qu’il a envie d’entendre. Cela peut paraitre froid et déstabilisant, mais Bassirou s’assure d’argumenter et de prendre le recul nécessaire avant d’émettre un avis. Ses positions ne dépendent point de l’affinité qui le lie à l’autre ou de la simple volonté de plaire, mais elles procèdent toujours d’une mûre réflexion.
Lorsque nous lancions Jotna Media Group, Bassirou Diomaye Faye, à la suite de notre sollicitation, nous avait promis de tenir une chronique hebdomadaire pour appuyer la nouvelle chaîne médiatique. Malgré ses lourdes charges professionnelles et politiques qui lui laissent peu de temps libre, il s’organisait toujours pour être présent tous les samedis à l’enregistrement de l’émission. Nous avons pu tourner avec lui une quarantaine de numéros. Lorsqu’il a compris qu’il ne pouvait plus honorer ses engagements, Diomaye nous a clairement expliqué qu’il allait céder sa place à quelqu’un d’autre tout en nous conseillant su le choix des meilleurs profils pour lui succéder. De la générosité et une grande fiabilité.
Un humanisme naturel et la tête sur les épaules
L’épisode Ndingler a révélé Bassirou Diomaye Faye à beaucoup de Sénégalais lorsque le puissant industriel Babacar Ngom cherchait à faire main basse sur les terres des habitants de Ndingler et que Bassirou s’y était farouchement et publiquement opposé. Le pays a suivi les différentes péripéties de cette affaire, devenue un débat national, qui avait contraint d’ailleurs le président-directeur général de SEDIMA à faire une sortie largement médiatisée (fait rarissime) pour tenter de se défendre. Si le propriétaire de la SEDIMA, du haut de sa toute-puissance financière, avait réussi à obtenir le soutien de la quasi-totalité de la presse qui le faisait passer pour le bon samaritain devant les villageois, en travestissant volontairement la réalité, Diomaye ne s’est laissé nullement impressionner ou intimider, bien au contraire. En portant sur ses épaules ce combat pour la restitution des terres à leurs propriétaires, il a réussi à mobiliser une grande vague de solidarité des Sénégalais pour ce qui paraissait pourtant aux yeux de beaucoup de personnes comme une bataille de David contre Goliath.
L’exploitation du pétrole et du gaz sénégalais va susciter beaucoup d’appétits et de convoitises des multinationales et de certaines puissances occidentales. Et si des pays ont échappé à la malédiction des ressources naturelles grâce à une bonne gouvernance de leurs hydrocarbures, permettant ainsi un partage équitable des richesses aux populations, c’est parce qu’ils ont des dirigeants suffisamment patriotes et capables de négocier au profit exclusif de leur pays. Cela nécessite d’avoir les épaules assez solides pour faire face à toutes les formes de pression, d’où qu’elles puissent venir. Ce qui s’est passé à Ndingler et la posture héroïque de Diomaye devant cette affaire nous donnent un aperçu de la solidité des épaules de l’homme dans la protection et la défense des intérêts exclusifs de ses compatriotes.
De plus, pour les mauvaises langues qui tentaient un raccourci politique dans sa prise de position, Diomaye précisait dans l’une de ses chroniques que : « c’est d’abord une question éminemment humaine, ensuite d’incapacité notoire chez moi à regarder l’injustice sans m’indigner.» En effet, plutôt que de faire étalage de ses connaissances en fiscalité ou d’aborder des thèmes purement techniques, Diomaye faisait toujours le choix de traiter de sujets sociaux dans ses chroniques. Il reste extrêmement sensible au sort du monde rural et à l’injustice que vivent les couches les plus vulnérables de la société. Entre les conséquences désastreuses de la Centrale à charbon sur les populations de Bargny et le traitement salarial injuste des agents de sécurité (ASP), chaque chronique était une occasion pour lui d’exprimer son indignation sur ce que vit le Sénégalais d’en bas avant de formuler des solutions.
Une écoute active et une ouverture à la contradiction
Avant de devenir Secrétaire général du parti Pastef, Bassirou Diomaye Faye était le responsable de la diaspora et coordonnateur du Mouvement des cadres patriotes. La diaspora et les cadres sont deux groupes assez particuliers d’une organisation politique. Si l’une est composée de Sénégalais de l’extérieur caractérisés par leur expérience unique acquise au contact d’autres cultures et d’autres méthodes de travail, l’autre regroupe des Sénégalais, aussi bien à l’intérieur du pays que dans la diaspora, qui se singularisent par leur riche parcours académique et professionnel. Diriger cumulativement ces deux branches d’une formation politique requiert des prédispositions à l’écoute et une grande ouverture d’esprit. Tous les témoignages recueillis convergent vers les mêmes observations : Bassirou Diomaye sait écouter attentivement son interlocuteur même s’il n’est pas d’accord avec lui. Il sait en prendre sur les épaules, mais il faut toujours être prêt à entendre sa réplique qui, du reste, demeure toujours convaincante et respectueuse. Si les cadres lui ont fait totalement confiance également, c’est parce qu’il a les qualités intellectuelles qui forcent le respect et l’admiration des membres du MONCAP.
En somme, nous pouvons dire que nous avons enfin la possibilité de confier notre pays à un homme qui, en plus de son intégrité professionnelle confirmée par son passage sans faille à l’Inspection des impôts et domaines depuis une quinzaine d’années, jouit d’une grande probité morale. Mieux, il dispose surtout de grandes qualités humaines. Des qualités enseignées dans les grandes écoles de gestion à tous les futurs leaders.
Lamine Niang est administrateur de Jotna Media.
par Djibril Sambou
LE SÉNÉGAL DOIT-IL CONTINUER AVEC LE FCFA ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Aucun pays au monde ne s’est développé sans utiliser sa propre monnaie. De même aucun pays au monde ne s’est développé avec une monnaie communautaire. Cependant, une monnaie nationale, à elle seule, ne suffit pas pour le développement
Le programme de Diomaye président intitulé « pour un Sénégal souverain, juste et prospère » a eu le mérite de poser le débat, en campagne électorale, sur l’abandon du franc CFA. Mes collègues économistes ont tendance à aborder le sujet en utilisant des concepts que le Sénégalais lambda ne peut facilement comprendre. C’est pourquoi, dans cette contribution, je vais essayer d’aborder le sujet de façon très simple, en évitant autant que possible le jargon monétaire. Mais avant, je voudrais m’appesantir un peu sur l’importance de la monnaie. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la monnaie n’est pas un seulement sujet technique, c’est aussi un sujet politique qui touche à la souveraineté et à l’indépendance d’un pays. La monnaie bien gérée joue un rôle fondamental dans le développement économique en fournissant la stabilité, la flexibilité et la souveraineté nécessaires pour favoriser la croissance à long terme et améliorer le bien-être économique des citoyens.
Historique du Franc CFA
D’abord, il convient de souligner que le FCFA est une monnaie étrangère. Pour être plus précis, elle n’appartient pas au Sénégal ou aux autres pays de la Zone franc. C’est un bien de la France. En effet, le franc des colonies françaises d'Afrique (Franc CFA) a créé par un décret du gouvernement français. Ce décret a été promulgué le 26 décembre 1945, alors que le Sénégal était encore une colonie. C’est pour cette raison que l’Assemblée nationale du Sénégal ne peut d’ébattre de réformes relatives au franc CFA. Cela est entièrement dévolue au Parlement français. C’est aussi pour cette raison que les billets de FCFA (de mauvaise qualité) sont fabriqués en France, plus précisément à Chamalières, près de Clermont-Ferrand, pour maintenir l’expertise monétaire et les emplois en Hexagone.
Ensuite, beaucoup de personnes ignorent que la création du FCFA était d’inspiration nazie. Durant la période d’occupation, les Allemands avaient imposé à la France un système monétaire qui reposait principalement sur l’ouverture d’un compte d’opérations à la Banque centrale Allemande et une pseudo monnaie (des « pseudo Marks») avec une parité fixe avec le franc français. Ce système permettait aux nazis, par un simple jeu d’écritures comptables, de s’accaparer gratuitement les richesses de la France occupée. Cette pratique monétaire choisie et imposée par le vainqueur n’était que l’expression d’une politique délibérément punitive à l’encontre de la France défaite. Les Allemands avaient aussi ouvert des comptes d’opérations pour chacun des autres pays occupés et demandaient à ces pays de leur exporter des biens et services qu’ils voulaient. En échange, les Allemands, par un simple jeu d’écritures comptables, créditaient les comptes d’opérations avec les « pseudo Marks » de la domination. Les banques allemandes ne reconnaissaient pas ces « pseudo Marks » qui ne pouvaient pas être utilisés en Allemagne. Les nazis avaient des représentants à la Banque de France pour contrôler les décisions monétaires. Ce qui leur a permis de vassaliser et de piller les ressources de la France occupée. À la fin de la guerre, la France était complètement ruinée par le système monétaire imposé par les nazis. Elle devait donc se reconstruire et s’assurer du monopole sur les matières premières de ses colonies, en empêchant la moindre concurrence avec le marché mondial. C’est pourquoi, dès sa sortie du système monétaire nazie, la France va imposer le FCFA (sa pseudo monnaie) en 1958 à ses colonies d’Afrique pour s’octroyer des pouvoirs d’achat exorbitant en pays conquis, s’assurant ainsi l’exploitation gratuite de toutes les richesses africaines. Ayant subi un enrichissement sans cause par le biais d’une pseudo monnaie, la France va appliquer intégralement ce système à toutes ses colonies avec une dose de cynisme incroyable. C’est comme si elle voulait se venger, non pas sur l’Allemagne, mais sur ses colonies d’Afrique. C’est ce système monétaire nazie, avec une pseudo monnaie à parité fixe et des comptes d’opérations, qui est l’ancêtre du franc CFA.
Par ailleurs, même si le FCFA a, plus d’une fois, changé de nom à la suite de réformes cosmétiques, l’acronyme est demeuré. Aujourd’hui, seules les anciennes colonies françaises dont la population est composée majoritairement de noirs continuent d’adopter cette monnaie coloniale. Des pays comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, Madagascar et la Mauritanie ont quitté cette monnaie coloniale dès leur indépendance et ont adopté leur propre monnaie. La Guinée en avait fait de même. Aucun de ses pays n’est revenue sur sa décision de quitter le giron monétaire colonial. À noter que par l’opération secrète dénommée Persil, la France a saboté la nouvelle monnaie guinéenne dès sa mise en circulation car elle voyait d’un mauvais œil le rejet du FCFA par un pays d’Afrique noir francophone. L’opération Persil a permis de démultiplier la monnaie guinéenne et de l’a déverser par les airs dans tout le pays. La conséquence a été l’asphyxie de l’économie de la Guinée puisse que beaucoup de travailleurs qui avaient ramassé des liasses de billets étaient restés chez eux et ne travaillaient plus. Le Togo indépendant avait voulu quitter la monnaie coloniale, mais le président Olympio a été assassiné à la suite d’un complot ourdi par les services secrets français. Conséquemment, cet assassinat avait définitivement enterré le projet quasiment achevé de création du franc togolais. Le FCFA est actuellement la monnaie commune de 14 pays d’Afrique noire francophone.
Le 11 janvier 1994 à Dakar, la France imposait une dévaluation du franc CFA. Cette diminution de valeur de 50% avait permis de remplir, en devises, les caisses du compte d’opérations du Trésor français contre le bien-être socio-économique des Sénégalais et des africains.
Le 21 décembre 2019 à Abidjan, la France, soutenue par la Côte-d’Ivoire, annonçait un projet de réforme comportant le changement de nom du FCFA qui devait devenir l'Éco en juillet 2020, le retrait « virtuel » des administrateurs français de la Banque Centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), la fin du compte d'opérations et du dépôt des devises au Trésor français. En réalité cette réformette visait à saborder la création d’une monnaie unique de la CÉDÉAO et à calmer la jeunesse africaine opposée au FCFA. Le projet de réforme n'est pas entièrement à terme du fait que la pandémie de COVID-19 ne permettait pas l’avènement de l’Éco qui devait inéluctablement s’accompagner d’une dévaluation.
Fonctionnement du franc CFA
En Afrique de l’Ouest, le FCFA est théoriquement géré par la banque centrale (BCEAO). Cette banque ne fonctionne pas comme une vraie banque centrale, mais comme une super banque commerciale qui s’enrichie au dépend des banques commerciales. En effet, avec la parité fixe du FCFA et la fabrication des billets en France et par la France, la BCEAO ne possède pas toute l’expertise requise en matière de gestion monétaire. Qui plus est, elle ne rend pas des services à l’économie et à la société, et sa « politique monétaire » est dictée par les institutions françaises. En réalité la BCEAO est une succursale de la Banque centrale européenne par l’entremise du ministère français des finances (Bercy) et de la Banque de France. Aucune décision majeure ne peut être prise par la BCEAO ou par la Conférence des chefs d’États sans l’accord des institutions françaises. Les autres faiblesses de la BCEO sont liées à son manque d'indépendance, sa capacité limitée à répondre aux chocs économiques, le manque de transparence dans sa gouvernance, ainsi que son exposition aux influences des institutions financières internationales.
Le FCFA se distingue par son arrimage à l’euro avec une parité fixe. Cela signifie que la valeur du FCFA fluctue en fonction de celle de l’euro sur le marché des changes. Il se distingue également par la convertibilité illimitée « garantie » par le Trésor français, en contrepartie d’une centralisation des réserves de change (stock de devises et d’or des africains) dans les comptes d’opérations. Cela signifie que la France encaisse dans son Trésor public, c'est à dire le budget de l’État (et non pas la Banque de France), l’argent provenant des exportations du Sénégal et des autres pays de la Zone franc. En réalité, la convertibilité illimitée est un leurre car la France ne dispose pas de quantité illimitée de devises à prêter.
Quand les pays de la Zone franc importent des produits ou services, ils sont obligés d’emprunter des devises à la France. Celle-ci puise dans les comptes d’opérations pour leur prêter leurs propres devises avec des intérêts en sus. C’est pour cela les pays africains prennent la France comme un bienfaiteur alors qu’elle les endette avec l’argent qu’ils ont durement gagné. C’est cet endettement des pays africains par la France et par des capitaux africains que j’appelle l’esclavagisme monétaire voulu et subi.
La confiscation des stocks de devises et d’or, sous prétexte de garantir le franc CFA, a pour conséquences principales le surendettement des pays comme le Sénégal et l’impossibilité de s’industrialiser. En réalité, le FCFA est garanti par les africains eux-mêmes à travers leurs dépôts de devises et d’or en France. La France utilise l’argent des africains pour financer ses découverts budgétaires et à amortir sa dette.
Comme autre contrepartie de la garantie du franc FCA, le Sénégal et les autres pays de la Zone franc doivent déposer leurs états financiers en France à la fin de chaque année fiscale. C’est une manière de rendre compte à la France, propriétaire-garant du FCFA. Ce qui permet à ce pays étranger de peser sur les décisions budgétaires des pays africains. Il y a aussi que le FCFA n’est convertible que dans sa Zone. Tout comme le Dalasi gambien n’est convertible que dans sa Zone, c’est-à-dire sur le territoire gambien. Le franc n’est pas du tout une monnaie convertible. La France prétend garantir le FCFA, alors qu’aucune banque sur son territoire n'accepte cette pseudo monnaie. Il est quand même étonnant que la France garanti ce qui n’a aucune valeur sur son territoire.
La France impose également la libre transférabilité. Cela signifie que tout l’argent gagné par les entreprises, en particulier françaises, peut être converti en devises, sans aucune perte de change et transféré en France le même jour, sans aucune restriction. Plus clairement, la libre transférabilité n’est rien d’autre qu’une fuite savamment organisée des capitaux de la Zone franc vers l’étranger. En réalité, c’est ce qui travesti le taux de croissance enregistré par les pays de Zone franc et accentue le chômage et la pauvreté. Cela est illustré par le plus récent classement de l’indice de développement humain (IDH). Dans le classement IDH des pays africains, le sept majeur ne comporte aucun pays de la Zone franc. Dans ce classement aussi la moitié des dix derniers pays est constituée de pays de la Zone franc. Je me passe des comparaisons avec la Corée du Sud qui, en 1960, avait pratiquement le même niveau de développement que le Sénégal.
La maîtrise de l'inflation est le point le plus vanté par les adeptes du FCFA. L'inflation est exaltée comme étant la plus basse dans la Zone franc que dans la plupart des autres pays du continent. Cependant, nous constatons que le panier de la ménagère est plus cher, par exemple, au Sénégal qu’en Gambie et en Côte-d’Ivoire qu’au Ghana. La comparaison du coût de la vie suite la même tendance alors que le taux d’inflation est beaucoup plus élevé en Gambie et au Ghana. Quel paradoxe! Ces deux pays ont la particularité de posséder leur propre monnaie. L’économiste que je suis ne peut s’empêcher de questionner la pertinence des données et la méthode utilisées par la BCEAO pour calculer le taux d’inflation. Je souhaite que cette institution rendre public ses données et sa méthode de calcul pour plus de transparence. Quel serait le taux d’inflation dans l’hypothèse où les pays de l’Afrique de l’Ouest de la Zone franc éliminait toutes les subventions à la consommation ?
Autres avantages que la France tire du franc CFA
La France peut utiliser le FCFA comme un levier pour accéder aux marchés régionaux des pays membres, en facilitant les échanges commerciaux et en favorisant les investissements français dans la région. En outre, la France, à travers ses accords avec les pays membres, exerce une influence sur la politique monétaire de la région, ce qui peut être bénéfique pour ses intérêts économiques et géopolitiques. Le FCFA sert également d'outil pour maintenir une influence politique et économique dans les pays africains membres, renforçant ainsi les relations bilatérales entre la France et ces pays. Enfin, la France peut utiliser la planche à billets de son usine de Chamalières pour financer ses entreprises installées dans un pays de la Zone Franc. Ceci est d’autant plus facile que contrairement à l’Euro, les billets de FCFA sont numérotés par des lettres (la lettre K identifie les billets émis pour le Sénégal). Elle peut émettre des FCFA pour son propre compte, les envoyer dans un pays cible en Afrique pour les convertir là-bas en Euro et rapatrier facilement la somme en France.
Le FCFA contribue à vassaliser le Sénégal et à maintenir la pauvreté
Le Sénégal a accepté de renoncer à sa souveraineté monétaire au profit, non pas de la CÉDÉAO, mais de la France. Pour ce faire, le pays paie un loyer au propriétaire-garant du FCFA, et ce, à chaque opération financière qui rapporte des devises (dollars, euro, yen, yuan, etc.). En d’autres termes, ce loyer ou titre de garanti du FCFA se traduit par une renonciation à toutes les devises que gagne le Sénégal, au profit de la France.
Lorsque le Sénégal exporte, par exemple des produits aux États-Unis, il est payé en dollars. Supposons que lors d’une opération d’exportation le Sénégal gagne 100 M$. Parce que le Sénégal doit payer un loyer à la France sur cette opération, les Américains vont transférer la totalité du montant à la France. Ce pays dépose une moitié de la somme (50 millions de dollars) au Trésor Français. L’autre moitié est encore confisquée par le Trésor française, cette fois-ci, pour permettre la fabrication des billets de FCFA qui seront envoyés au Sénégal à place des 500M$. À noter que le Sénégal ne recevra pas l’équivalent exact de cette somme car la France va défalquer les frais d’impression et de transport des FCFA à destination de la BCEAO. Sur cette opération de commerce extérieur sénégalais, la France a légalement confisqué la totalité des 100M$ et le Sénégal a volontairement cédé ses devises à la France. C’est ce qu’on appelle la servitude volontaire, coté sénégalais ou l’enrichissement sans cause, côté français. En suivant le même procédé, la France récupère également toutes les devises que les émigrés sénégalais envoient au pays et même les emprunts en devises du gouvernement auprès des bailleurs de fonds.
Supposons maintenant que le Sénégal décide d’acheter du pétrole pour un montant total de 20M$. Le pays doit emprunter cette somme à la France. Ce pays va prêter 20M$ au Sénégal pour acheter le pétrole. Donc chaque opération d’importation du Sénégal en dehors de la Zone franc se traduit par une augmentation de sa dette.
Il est donc illusoire de penser que le Sénégal pour se développer avec ce système monétaire qui limite le bien-être socio-économique de ses citoyens et qui ne fait que servir les intérêts de la France. Ce système est unique au monde. L’ancien vice-premier ministre italien, Luigi Di Maio, avait raison de dire que « La France est l'un des pays qui, en imprimant de l'argent pour 14 États africains, empêche leur développement économique et contribue au fait que les réfugiés partent et meurent en mer ou arrivent sur nos côtes. »
En définitive, l’usage du CFA justifie et légalise les sacrifices inouïs imposés sans cesse aux peuples africains par leurs chefs d’États et le gouvernement français. Les pays qui ont quitté cette monnaie se portent beaucoup mieux qu’avant. Aucun pays au monde ne s’est développé sans utiliser sa propre monnaie. De même aucun pays au monde ne s’est développé en utilisant une monnaie communautaire. Les pays de l’union européenne se sont d’abord développés, chacun avec sa propre monnaie, avant de migrer ensuite vers une union monétaire. Celle-ci ne profite qu’au pays économiquement dominant de la zone. Dans le cadre de la CÉDÉAO, une monnaie communautaire profiterait plus au Nigéria qui représente à lui seul 60 % du PIB de cette région. La monnaie incarne la souveraineté d’un peuple et est un outil précieux de développement social, économique et culturel. Pas de monnaie, pas d’économie solide, pas d’indépendance politique et financière. Il est donc pertinent que le candidat Bassirou Diomaye Faye qui prône la souveraineté de son pays puisse inclure dans son programme la création d’une monnaie nationale. Cependant, une monnaie nationale, à elle seule, ne suffit pas pour permettre le développement. Pour produire les effets recherchés, la monnaie nationale doit être accompagnée par des institutions solides, une bonne gouvernance budgétaire, politique, social et économique. Elle requière également d’être gérée de manière transparente par une banque centrale totalement indépendante du pouvoir exécutif, et ce, pour éviter un usage abusif de la planche à billets.
DANS LE NEW YORK TIMES, BOUBACAR BORIS DIOP ENTERRE LA PRÉSIDENCE CHAOTIQUE DE MACKY SALL
Dans le prestigieux quotidien new-yorkais, l'écrivain passe au crible les dérives du pouvoir sortant. Entre crispations autocratiques et répression sanglante des manifestants, le règne de Macky est dépeint comme un cauchemar pour la démocratie du pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 22/03/2024
Dans un éditorial publié dans le New York Times du 21 mars 2024, l'écrivain Boubacar Boris Diop dresse un portrait sans concession du président Macky Sall, dont le règne trouble touche bientôt à sa fin. Alors que le Sénégal s'apprête à élire un nouveau chef d'État ce dimanche 24 mars, M. Diop décrit les dernières années du mandat de Macky Sall comme "brouillonnes et parfois grotesques", menaçant de fragiliser la stabilité chèrement acquise par le pays.
Selon l'auteur, les ennuis du président ont commencé en février dernier lorsqu'il a reporté in extremis l'élection présidentielle, prévue ce mois-là, après avoir pris l'engagement de ne pas se représenter pour un troisième mandat. Cette décision, perçue comme une tentative de contourner la Constitution, a plongé le Sénégal dans une crise majeure, avec manifestations, troubles parlementaires et remise en cause de l'ordre démocratique. Bien que contraint par le Conseil constitutionnel à respecter le calendrier initial, Macky Sall a sérieusement écorné son image en agissant de la sorte.
Depuis lors, poursuit Diop, le chef de l'État sortant n'a cessé de s'embourber, entre comportements excessifs à l'égard de ses ministres et velléités autocratiques accrues ces dernières années. Après avoir réprimé violemment les manifestations pro-opposition à partir de 2021, faisant au moins 40 morts selon des ONG, il a bâillonné la société civile en emprisonnant plus de 1000 militants. Macky Sall, qui se targuait en 2012 de resserrer les limites du pouvoir exécutif, s'est finalement révélé autoritaire et de plus en plus enclin à bafouer les règles démocratiques.
Si le bilan économique et social de ses deux mandats reste positif, l'éditorialiste estime que Macky Sall, "le quatrième président de l'histoire du Sénégal post-indépendance", est le premier à qui l'on accole l'étiquette de "dictateur". Il conclut en mettant en garde contre les troubles potentiels qui pourraient survenir autour ou après l'élection, notamment si les résultats étaient contestés. Pour Diop, le président sortant porte l'entière responsabilité de cette incertitude politique inédite, alors que le Sénégal a toujours su faire figure de modèle démocratique en Afrique.