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24 avril 2025
Développement
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CES SCÈNES À L'ASSEMBLÉE NATIONALE AUGURENT DES LENDEMAINS EXTRÊMEMENT DIFFICILES
Quelles leçons tirer de cette rentrée parlementaire mouvementée ? Papa Fara Diallo, enseignant chercheur en Sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint Louis, est l’invité de Charlotte Idrac sur RFI
Au Sénégal, l’installation des nouveaux députés a tourné à la foire d’empoigne. Le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, issu de la majorité présidentielle, a été élu en présence de gendarmes dans l’hémicycle lors d’un vote boycotté par l’opposition.
Quelles leçons tirer de cette rentrée parlementaire mouvementée ? Papa Fara Diallo est enseignant chercheur en Sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint Louis. Il est l’invité de Charlotte Idrac.
Par Yoro DIA
INDIGNATION ILLÉGITIME
Ce que nous avons vu à l’Assemblée nationale est le reflet de ce que le pays est devenu sur le plan politique et intellectuel. Le débat est l’âme de la démocratie. Au Sénégal, le débat n’est pas pauvre. Il n’existe presque pas
Je m’étonne de l’indignation et de l’étonnement des Sénégalais devant le spectacle que nos honorables députés nous ont offert lors de l’installation de la XIVe législature. Nous sommes dans un système de démocratie représentative et les députés sont nos représentants et sont donc à l’image de ceux qu’ils représentent et qui les ont élus pour les représenter. Le spectacle de l’installation de la XIVe législature est simplement ce que nous sommes devenus.
Sur le plan politique, le Sénégal est passé à l’indépendance, du débat des agrégés avec Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Wade, à Karim Xrum Xrax. Pour le Parlement, on est passé des aristocrates sur le plan intellectuel comme Fara Ndiaye du Pds, Abdourahim Agne du Ps, Ousmane Ngom du Pds, Djibo Ka de l’Urd, aux gladiateurs et insulteurs. La Société civile qui, heureusement, était entrée par effraction dans le débat public, dans la marche vers la première alternance 2000 et avait beaucoup contribué à l’éveil de la conscience citoyenne, est devenue aujourd’hui un repaire de rentiers de la tension.
On est passé de Mame Adama Guèye et ses jurys citoyens pour auditer les candidats à la Présidentielle et créer ainsi le débat, à l’inquisition du «Professeur» Cheikhou Oumar Diagne et à l’ignominie permanente de la double peine que les médias imposent à la famille du juge Babacar Sèye avec la présence médiatique de Clédor Sène. Ce monsieur, condamné pour le meurtre d’un juge constitutionnel, n’a pas sa place dans le débat public. L’image de Guy Marius Sagna, debout sur les tables de l’Hémicycle, illustre ce que le Sénégal de Senghor et Me Lamine Guèye est devenu. Ce n’est pas un problème de règlement intérieur ni de civisme, mais un simple problème d’éducation.
Nous sommes loin du Parlement britannique où une simple table sépare depuis des siècles, le Premier ministre du chef de l’opposition, ou du Congrès américain où, lors de l’assaut sur le Capitole, les furies sont venues de l’extérieur. Ce que nous avons vu hier à l’Assemblée est le reflet de ce que le Sénégal est devenu sur le plan politique, mais aussi sur le plan intellectuel. C’est pourquoi j’avais dit dans ces colonnes il y a quelques mois, que la grosse polémique intellectuelle entre le philosophe Souleymane Bachir Diagne et l’écrivain Boubacar Boris Diop était comme des vestiges d’un Sénégal qui n’existe plus, comme les ruines du Parthénon ou du Colisée qui témoignent de la grandeur de la Grèce et de la Rome antique.
Le spectacle de l’Assemblée nationale se joue de façon quotidienne dans la circulation, surtout au niveau des ronds-points, devenus de véritables labos de sociologie de l’incivisme. Le débat est l’âme de la démocratie. Au Sénégal, le débat n’est pas pauvre. Il n’existe presque pas. S’il existait, on en poserait un sur Guy Marius Sagna qui demandait le 13 mars 2012 sur sa page Facebook, «un référendum d’autodétermination de la Casamance avec l’accord du Mfdc». La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, nous dit Clausewitz. La politique de profanation et de désacralisation de l’Etat et de nos institutions n’est rien d’autre que la continuation de la guerre du Mfdc par d’autres moyens politiques.
La XIVème législature tient déjà ses promesses. C’est déjà une Assemblée de rupture car c’est la première fois qu’un député se met debout sur la table et c’est aussi la première fois, ou l’une des rares fois, que les Forces de l’ordre interviennent dans l’Hémicycle depuis les évènements de 1962. «Le militant agissant comme député en votant dans un sens ou un autre, engage, au-delà du parti, la Nation tout entière… Le parti est une fraction du pays, il n’a autorité et juridiction que sur ses militants, tandis que les députés Ups et d’autres, en votant dans un sens ou un autre, engagent l’ensemble du pays.» Ainsi parlait, le 26 février 1963, le président Lamine Guèye devant le juge d’instruction comme témoin, comme le rapporte Ousmane Camara dans son livre Mémoires d’un juge africain.
Dans les années 1960, la fragilité de nos institutions a été compensée par la grandeur des hommes politiques qui voulaient hisser le Sénégal à leur niveau, alors qu’aujourd’hui, des institutions très solides compensent le manque de relief des acteurs. L’exception sénégalaise a été possible grâce à des hommes exceptionnels comme Senghor, Wade, Cheikh Anta Diop, Me Lamine Guèye, qui n’auraient jamais imaginé que le débat descendrait au niveau de Karim Xrum Xrax ou Kounkandé, car de leur temps, il y avait une frontière entre le marbre du Sénat et la poussière du Colisée.
par Momar Dieng
MIMI-MACKY, LE DÉSAMOUR DÉFINITIF ?
Le défi est là pour BBY : contenir les velléités de revanche d’Aminata Touré qui pourrait se placer désormais dans une posture d’opposante à son propre camp, un électron libre dans un contexte où toute voix perdue ou gagnée peut être lourde de sens
Aminata Touré s’est rebellée. Contre Macky Sall. Alors que la séance de préparation de l’élection du nouveau président de l’Assemblée nationale était en cours, l’ancienne première ministre élue député aux législatives du 31 juillet 2022 a quitté l’hémicycle, en grande colère. C’est après son arrivée à l’immeuble de la Place Soweto qu’elle a su que le président Macky Sall ne lui ferait ni l’honneur ni le plaisir de devenir la première femme présidente du parlement. A sa place, circulait déjà le nom d’un illustre inconnu, Amadou Mame Diop, maire de Richard-Toll, une commune agro-industrielle située à une centaine de km au nord-ouest de Saint-Louis.
Mais avant de partir « Mimi » a pris soin de dire ses états d’âme à Me Oumar Youm, ancien ministre des Transports terrestres et ex-directeur de cabinet du président sénégalais porté à la tête du nouveau groupe parlementaire de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY). « Je ne serais pas présente à la séance de vote. (…) Je ne voterais pas pour le candidat du président de la coalition (ndlr : Macky Sall) qui privilégie les relations familiales au détriment du mérite militant », écrit-elle à son collègue. Néanmoins, par souci de cohérence, précise-t-elle, « ayant dirigé la liste de la majorité, je ne voterais pas pour l’opposition. Je rentre chez moi tout simplement. »
Après les scrutins parlementaires de juillet, tout le monde (ou presque) la voyait trôner au perchoir de l’Assemblée nationale au soir du 12 septembre 2022, date et jour d’installation des 165 députés de la 14e législature sénégalaise. Même si les noms du rallié Pape Diop et de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances Amadou Bâ ont circulé le temps d’une rose, le choix d’Aminata Touré restait le plus probable et le plus légitime au vu de son investissement dans la victoire certes étriquée de BBY.
En capitaine déterminée d’une équipe de BBY plus ou moins moribonde à l’entame de la campagne électorale, Aminata Touré a fait le job qu’il lui était demandé. Parcourir le Sénégal du nord au sud, d’est en ouest. Parler et vendre aux Sénégalais un produit appelé « Macky » visiblement en difficulté marketing aux rayons des soldes. Danser pour appâter un électorat dont une bonne partie est apparemment devenue très exigeante à l’endroit des politiques, en particulier de ceux qui exercent le pouvoir. Batailler ferme pour convaincre de la nécessité de reconduire une majorité pour le président de la république.
Au final, elle s’en est tirée avec une majorité précaire qui ne donne aucune garantie de cohérence et de solidité durables au chef de l’Etat. Mais était-ce sa faute au regard de l’impopularité grandissante de Macky Sall ? A posteriori, sa mission impossible s’est transformée en un exercice de limitation des dégâts pour le pouvoir. A partir de cet instant, Aminata Touré a cru que son heure parlementaire était arrivée – après sa consécration primatoriale de 2013. Mais le palais avait parfaitement camouflé son dessein avec deux atouts de taille dans sa besace : la faiblesse des performances locale de Mimi Touré, d’une part, sa position d’adversaire du 3e mandat pour le président Sall, d’autre part.
Aujourd’hui, celle qui a conduit la liste proportionnelle de la coalition BBY semble être dévastée par une immense déception. Certains de ses partisans dénoncent une « trahison froide » du président Sall coupable de n’avoir « pas rétribué à sa juste valeur l’engagement total et sincère » de leur championne qui a permis de « sauver » BBY. Le danger est là pour BBY : contenir les velléités de revanche d’Aminata Touré qui pourrait se placer désormais dans une posture d’opposante interne à son propre camp, un électron libre dans un contexte où toute voix perdue ou gagnée peut être lourde de sens.
Mais la trajectoire que compte emprunter Aminata Touré reste à déterminer alors que l’échéance capitale de février 2024 se rapproche. Cette nouvelle rupture avec Macky Sall – après celle intervenue après son limogeage du Conseil économique social et environnemental en octobre 2020. Elle était certes revenue dans les grâces du Palais, d’abord avec le titre d’Envoyée spécial du président de la république, puis comme tête de liste aux législatives de juillet dernier. Là, elle pourrait décider de mettre un terme à ce que certains considèrent comme une instrumentalisation de ses talents politiques par contrat à durée déterminée…
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
COUP DE FORCE À LA PLACE SOWETO
EXCLUSF SENEPLUS - Il faudra bien des arguments solides pour nous convaincre que ce qu’il s’est passé le 12 septembre à l'Assemblée n’est pas un putsch. Le camp présidentiel a montré qu’il n’avait que faire de la volonté des Sénégalais
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 13/09/2022
Contrairement à ce que certains d’entre nous avancent, ce n’est pas seulement l’image du Sénégal qui a été écornée hier à l’Assemblée nationale. Le plus grave est le coup d’État qui y a été perpétré aux yeux de tous par l’immixtion de forces armées dans le cours normal du débat parlementaire. Cette intervention s’est faite alors que la présidente de la séance inaugurale de la quatorzième législature n’avait pas épuisé les voies de dialogue qui s’offrent aux parlementaires lorsque les discussions semblent butées sur l’interprétation à donner à certaines dispositions du règlement intérieur.
La parole de Macky Sall est-elle si peu fiable aux yeux des siens ?
L’obstination des ministres en fonction à rester sur les bancs de l’Assemblée nationale alors qu’ils étaient frappés par les incompatibilités prévues par l’article 109 du règlement de l’Assemblée nationale et les dispositions constitutionnelles a de quoi surprendre sauf si on prend en compte le caractère inconfortable de leurs positions. Ces hommes et femmes étaient face à un dilemme cornélien : démissionner du Parlement sans garantie de reconduction dans un gouvernement qui en principe vit ses derniers jours. Ils ont donc voulu faire de leur problème celui de toute la représentation nationale. Celui qui aurait dû anticiper cette difficulté est le président de la République. Son Premier ministre et son gouvernement devraient être au travail depuis plusieurs jours ou semaines. Malheureusement, en violation de la Constitution et des usages institutionnels, il maintient une équipe dont aucun membre n’a d’assurance sur son avenir. Alors que la situation dans l’hémicycle s’enlisait, les ministres-députés, notamment ceux élus au scrutin majoritaire départemental (Abdoulaye Daouda Diallo, Abdoulaye S. Sow) n’ont pas pris le risque de parier que leur succès politique soit le gage de la reconduction au gouvernement. La démission de ces deux ministres et leurs remplacements par leurs suppléants attitrés auraient vidé le contentieux et montré la bonne volonté du camp présidentiel. Et pour finir, ôter un argument de poids à la contestation des opposants. Malheureusement, ce scénario ne s’est pas réalisé parce que, manifestement dans son camp, nul ne fait confiance à Macky Sall.
De quoi est le nom la présence de forces armées dans l’hémicycle ?
Pour la première fois dans l’histoire du Sénégal contemporain, des forces armées sont intervenues dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. L’intervention de ce peloton n’a pas consisté à maitriser quelques trublions. Il s’est agi de peser sur le cours des évènements en faisant triompher par la force les positions d’un des protagonistes de la controverse démocratique. Il faudra bien qu’on nous donne des arguments solides pour nous convaincre que ce qu’il s’est passé n’est pas un coup d’État. Hier, le fonctionnement régulier de l’Assemblée nationale a été perturbé. La présidente de la séance inaugurale a outrepassé ses compétences et pris des actes d’autorité violents et illégaux qui portent atteinte au fonctionnement normal du Parlement. Pour des faits moins graves, Mamadou Dia a été condamné pour « tentative de coup d’État ». Il avait ordonné en décembre 1962 à des gendarmes d’empêcher l’accès à la Chambre à des députés. En 2022, la présidente de la séance a ordonné l’occupation de l’hémicycle !
Un pouvoir aux abois
Depuis huit mois, le président Macky Sall a décidé de ne pas appliquer la constitution. Il refuse de nommer un Premier ministre, en revanche, il tient à ce que l’Assemblée nationale élise un président en quelques heures malgré les fortes divergences entre l’opposition et le camp présidentiel sur les qualités d’électeurs de ministres, qui sans démissionner se retrouvent sur le banc des députés. Il est singulier que messieurs Abdoulaye Daouda Diallo et Abdoulaye S. Sow nous expliquent qu’ils sont ministres et pas ministres en même temps. « Être ou ne pas être » ou, pour parler comme William Shakespeare, « To be, or not to be » est une question philosophique, pas politique et encore moins juridique. Le camp présidentiel nous a montré hier qu’il n’avait que faire de la volonté exprimée par les Sénégalais au cours de cette 2022. Deux fois, à l’occasion des élections territoriales et législatives, ils ont clairement dit qu’ils veulent des institutions démocratiques qui fonctionnent selon les principes de l’État de droit. En lieu en place, c’est le « débauchage des maires de l’opposition », des menaces de « délégation spéciale » et la juridisation du débat public.
La journée d’hier a été instructive à plusieurs égards. Il est inutile de revenir sur la stratégie du coup de force permanent du camp présidentiel. L’opposition a montré qu’elle est combattive et s’accroche aux principes. Si les opposants sont des prébendiers comme certains l’avancent, l’attitude la plus rationnelle de leur part aurait été de ne pas faire d’esclandre et laisser la présidence de l’Assemblée nationale à BBY pour partager à leur avantage les postes du bureau. Bravo à eux d’avoir dénoncé avec vigueur BBY.
Autre bonne nouvelle, jusqu’à présent l’opposition reste unie. L’intercoalition YAW/Wallu a boycotté l’élection du président et il n’y a qu’un groupe parlementaire pour les députés de YAW.
LE BUREAU DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE ENFIN CONNU
La nouvelle Assemblée nationale sénégalaise issue des législatives du 31 juillet dernier, a élu mardi son bureau, au terme d’une journée houleuse et électrique
La nouvelle Assemblée nationale sénégalaise issue des législatives du 31 juillet dernier, a élu mardi son bureau, au terme d’une journée houleuse et électrique.
L’élection de ce bureau intervient presque 24 h après celle lundi, tard dans la soirée, du président de l’institution parlementaire en la personne d’Amadou Mame Diop, maire de Richard-Toll.
Le remplaçant du leader de l’Alliance pour le progrès (AFP), Moustapha Niasse, a été élu à l’issue d’un scrutin boycotté par l’opposition, qui réclamait notamment le départ de l’hémicycle des ministres élus députés.
La présidente de séance, Aissatou Sow Diawara, avait dû solliciter l’intervention de gendarmes pour permettre la tenue du scrutin.
Comme celle de lundi, la séance de ce mardi a également été houleuse et électrique.
Les travaux ont dû être suspendus pour une concertaion entre les présidents des trois groupes parlementaires de l’Assemblée nationale, afin de trouver un consensus sur l’ordre de répartition des postes au sein du bureau de l’institution parlementaire.
Cette concertation fait suite à un désaccord soulevé par le président du groupe parlementaire de Yewwi Askan Wi, Birame Soulèye Diop, sur l’ordre de répartition des huit postes de vice-président.
Finalement, les trois groupes parlementaires ont réussi, outre les huit vice-présidents, a élire les secrétaires élus (6) et les deux questeurs.
Voici le nouveau bureau de l’Assemblée nationale :
Président : Monsieur Amadou Mame Diop
Vice-présidents :
- Premier vice-président : M. Abdoulaye Diouf Sarr
- Deuxième vice-président : Mme Aissatou Sow Diawara
- Trosième vice-président : Docteur Malick Diop
- Quatrième vice-président : Mme Yetta Sow
- Cinquième vice-président : M. Modou Barra Gaye
- Sxième vice-président : Mme Mame Fatou Guèye
- Septième vice-prsident : M. Mamadou Lamine Diallo
- Mme Gnyma Goudiaby
Secrétaires élus :
- Premier : Mme Ndeye Lucie Cissé
- Deuième : M. Karim Sène
- Troisième : Mme Astou Ndiaye
- Quatrième : M. Babacar Mbaye
- Cinquième : M. Awa Diène
- Sixième : M. Abdoulaye Diop
Questeurs :
- Premier questeur : M. Daouda Dia
- Deuxième questeur : Mme Aïcha Touré
Président de groupe parlementaire
- Groupe Benno Bokk Yakaar : M. Omar Youm
- Groupe Yewi Askan wi : M. Birame Souleye Diop
- Groupe Wallu : M. Mamadou Lamine Thiam
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MIMI TOURÉ DÉNONCE LA GESTION CLANIQUE DE MACKY SALL
L'ancienne Première ministre affirme que le choix d'Amadou Mame Diop pour le perchoir obéit à une logique familiale. "Vous dirigez la liste, vous gagnez, mais il faut que ce soit un homme qui vienne s'assoir. Non !", a-t-elle déclaré ce mardi sur RFI
Aminata Touré n'en finit plus d'affirmer son mécontement par rapport au choix d'Amadou Mame Diop par le chef de l'État Makcy Sall pour la présidence l'Assemblée nationale. Elle ainsi déploré une décision clanique sur les ondes de RFI ce mardi 13 septembre 2022. Ci-dessous le verbatim de ses propos :
"Je n'ai pas participé au vote par principe. J'estime que le critère de sélection du candidat de Benno n'était pas objectif, c'était plus un critère familial que relevant du mérite militant. J'aurais pu me satisfaire d'un arrangement politique, d'un strapontin bien payé, mais non. Donc, il faut aussi que nos organisations fonctionnent de manière rationnelle, que le mérite revienne comme critère de sélection, parce que tout le monde n'a pas le bras long, tout le monde n'est pas le cousin ou l'arrière-cousine du président de la République. Je n'ai rien contre le monsieur, mais commençons par avoir le courage aussi de dire non, quand c'est la préférence familiale qui passe avant le mérite. Et ça, c'est également, en fait, en direction des femmes. Souvent, on pense que c'est comme à la maison, on fait le ménage, etc., et c'est gratuit. On est là pour servir les autres et puis après, vous retournez d'où vous venez. Vous dirigez la liste, vous gagnez, mais il faut que ce soit un homme qui vienne s'assoir. Non ! C'est quand même 5 175 kilomètres, l'actuel président de l'Assemblée nationale, il ne l'a pas fait."
EXCLUSIF SENEPLUS - Le moment grave que nous traversons ne devrait plus être à l'opposition politique, mais à la République. Il en va de notre modèle démocratique autant que de notre image internationale d’encourager une vision progressiste du pays
Chaque jour notre pays se déchire davantage et s'enfonce un peu plus une crise politique factice. Hier encore, ce lundi 12 septembre 2022, le vote pour l’attribution du perchoir à l’Assemblée nationale a tourné au pugilat. En effet, au-delà de l’escalade verbale habituelle, le bras de fer entre l’opposition et la coalition présidentielle a viré à la confrontation.
Est-ce donc cela la rupture promise par l’opposition ? L’amateurisme et le désordre ? Ce sentiment de chaos n’est pourtant pas le reflet de notre société. Il est le résultat de l’esprit incendiaire de l’opposition qui nuit à la stabilité du pays.
À l’issue d’une séance cacophonique qui ne fait pas honneur à notre classe politique, c’est finalement Amadou Mame Diop, maire de Richard Toll et actuel directeur général de la SAPCO, qui a été élu président de l’Assemblée, dans une pagaille indescriptible et après que l’hémicycle ait été protégé par les gendarmes.
L’opposition qui a, quant à elle, échoué à présenter un candidat unique s’est vue privée de toutes les chances de l’emporter, d’autant que ses députés ont purement et simplement boycotté le vote de l’élection du président de l’Assemblée nationale de la 14ème législature.
Est-ce bien sérieux et quelle image cela donne-t-il de nos institutions ? Guy Marius Sagna refusant de voter et déchirant son bulletin devant toute l’Assemblée, allant jusqu’à s’emparer de l’urne. Barthélémy Dias arrachant le micro à Cheikh Seck et invitant Yaw à rejeter les enveloppes contenant les bulletins de vote.
Est-ce là le nouveau visage politique sénégalais, un pittoresque et lamentable cohorte d’amateurs qui se comportent sur les fauteuils de l’Assemblée nationale comme dans les rues à exacerber la tension et détériorer le bien public ? C’est juste choquant et qui plus est très mauvais en termes de calcul politique.
À ce jeu-là, Macky Sall qui a su une fois de plus rassembler ses troupes et mobiliser derrière ses barons des jeunes vaillants gladiateurs, ne pouvait que l’emporter haut la main.
Le moment grave que nous traversons ne devrait donc plus être à l'opposition politique, mais à la République. Il est indispensable de rompre le cycle infernal de la violence, et pour cela, les nouvelles générations de dirigeants politiques doivent apprendre la culture du dialogue pour participer activement à renouveler les forces vives de la nation.
Pour ne rien arranger, cet état de révolte permanent masque aux yeux des plus jeunes les progrès sociaux historiques accomplis par notre pays ces dernières années, et pire encore, empêche une grande mobilisation démocratique vers des perspectives d’émergence.
Dans ce climat général délétère et violent, il appartient désormais aux représentants de tous les partis politiques d’entrer dans une dynamique constructive, de condamner la violence sans la moindre ambiguïté et de tout mettre en œuvre pour répondre aux cris de colère poussés par les jeunes sénégalais.
Il en va de notre modèle démocratique autant que de notre image internationale d’encourager une vision progressiste de notre pays et de montrer la réalité d’un Sénégal qui sait aussi être optimiste malgré les problématiques sociales lourdes.
Il y a une société sénégalaise avec un socle commun de tolérance et d’ouverture sur le monde, un pays qui fonctionne et pour qui c’est la stabilité qui compte et qui considère que la force est à la loi.
Il s’agit de préserver la République démocratique pour la parfaire de plus en plus et la protéger des dérives idéologiques.
Ces comportements violents et hors cadre démocratique, doivent alerter et faire réfléchir nos jeunesqui sont notre plus grand espoir de changement quant à leurs choix politiques. Une jeunesse sénégalaise que les autorités de l’État ont intérêt à écouter et considérer pour transformer sa formidable énergie en un nouveau récit porteur de sens pour le pays.
par Nioxor Tine
LES PECCADILLES DE YEWWI ET LES FORFAITURES DE BENNO
Les évènements regrettables du 12 septembre 2022 à l’Assemblée ne font que traduire la perversion de notre système politique remodelé par le président Macky, dans lequel seuls les hommes politiques intrépides ou blasés arrivent à évoluer
À l’instar de notre équipe nationale de football, il semble bien que notre opposition politique rencontre beaucoup de difficultés pour terminer la compétition épique, qui l’oppose à l’autocrate en chef de Benno Bokk Yakaar.
Si Yewwi et Wallu s’en sont bien tirées lors des deux premières compétitions électorales (locales et législatives), elles auraient moins bien réussi leur rentrée politique, entre rivalités stériles autour du poste de président de l’institution parlementaire et comportements "inappropriés", à la lisière du politiquement correct, selon les canons classiques de la démocratie bourgeoise.
Il faut être conscient des limites du parlementarisme bourgeois, qui, selon Marx, ne sert, tout au plus, qu’à désigner tous les cinq ans, quel membre de l’élite politique devait représenter et fouler aux pieds (ver- und zertreten) le peuple laborieux. C’est d’avec cela qu’il faut rompre, mais en bonne intelligence avec le mouvement populaire. C’est seulement ainsi qu’on arrive à relativiser certaines dispositions de la Constitution et/ou du règlement intérieur de l’Assemblée et de différencier l’essentiel de l’accessoire.
Les évènements regrettables du 12 septembre 2022 à l’Assemblée ne font que traduire la perversion de notre système politique remodelé par le président Macky, dans lequel seuls les hommes politiques intrépides ou blasés arrivent à évoluer.
Cela dit, l’irruption des forces de défense et de sécurité dans l’enceinte de l’hémicycle de la place Soweto, ne constitue aucunement une surprise, car reflétant la gouvernance autocratique en cours et préfigurant un potentiel coup de force, dans le futur, en vue d’imposer une troisième candidature illégale à un mandat indu.
Arrêtons donc de jouer aux vierges effarouchées !
Notre pays a vécu des péripéties beaucoup plus rocambolesques depuis le kidnapping suivi d’exil forcé de Karim Wade, la prise en otage du député-maire Khalifa Sall, les procès irréguliers, les nombreux manifestants assassinés, la signature de contrats léonins, au grand dam d’un ministre de l’Énergie, les nombreux scandales étouffés, dont celui de Pétrotim, la défenestration de l’ancienne patronne de l’OFNAC, la prolongation de l’âge de la retraite pour certains magistrats triés sur le volet…
Même le profil du nouveau président de l’Assemblée Nationale, un ami de la famille royale – pardon présidentielle - pose problème, comme l’a si pertinemment relevé l’ancienne et malheureuse tête de liste de Benno aux dernières législatives.
Donc ceux qui ont encore des capacités d’indignation en réserve, peuvent en faire usage, quand ils auront fini de tirer les oreilles des chenapans de Yewwi, pour leurs peccadilles parlementaires, qui ne doivent surtout pas de masquer les gravissimes forfaitures du régime de Benno.
En réalité, il est temps que la classe politique, dans son ensemble tire les leçons de la défaite politique de Benno aux dernières législatives et s’inspire des idéaux des Assises nationales pour entreprendre des réformes institutionnelles venues à maturité, à commencer par le respect de la limitation des mandats du président de la République.
par Mohamed Lamine Ly
LA RÉGULATION DOIT PRIMER SUR LA RÉPRESSION AU SEIN DU SYSTÈME SANITAIRE
Il est navrant de constater que seuls quelques dysfonctionnements du système sanitaire font l’objet de traitement disproportionné et parfois biaisé de la part d’une certaine presse friande de scoops et de buzz
Depuis l’affaire feu Sokhna Astou de Louga, notre système sanitaire est pris dans une spirale judiciaire, caractérisée par l’emprisonnement systématique des professionnels de la santé officiant dans les structures où ces tragédies ont eu lieu. Cette manière de procéder n’est qu’une des multiples conséquences d’une gouvernance autoritaire et de la judiciarisation de la vie publique de notre pays, accentuées depuis la seconde alternance de 2012.
Curieusement, pour une fois, le drame de Kédougou survenu au début de ce mois semble plus poser le problème de dysfonctionnement de la Justice - qui aura manqué de sérénité - que celui de notre système sanitaire, comme l’ont confirmé d’éminents spécialistes et les autorités du ministère en charge de la Santé.
De fait, c’est bien cette hantise de servir de bouclier aux puissants de l’heure, loin d’être irréprochables, de les protéger contre la clameur populaire, qui amène souvent certains "procureurs du Prince" à faire fausse route.
Une justice discriminatoire
Depuis la survenue de la deuxième alternance en mars 2012, l’exacerbation de la nature hyper-présidentialiste de notre État se manifeste, entre autres, par l’instrumentalisation de notre système judiciaire, conduisant à des atteintes aux droits et libertés, qui même si elles concernent, au premier chef, hommes politiques et activistes, peuvent aussi atteindre n’importe quel citoyen, se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment.
S’agissant de la Santé, il s’agit le plus souvent de faire des professionnels du secteur, les boucs émissaires des errements des politiques publiques définies et coordonnées par l’Exécutif National, en l’absence de toute redevabilité et dans l’indifférence totale d’un pouvoir législatif pourtant chargé du contrôle de l’exécution des politiques publiques.
A contrario, les hommes du pouvoir (et dans une moindre mesure, les forces de défense et de sécurité, en cas de bavures), ont toujours bénéficié d’une impunité systématique, malgré les nombreux crimes et délits que leur reprochent le peuple et même parfois, les corps de contrôle de la République.
Tout cela montre, d’une part, la nature profondément discriminatoire de notre système judiciaire, si prompt à préserver les intérêts des hommes de pouvoir et des classes possédantes et d’autre part, sa philosophie fondamentalement répressive, pour laquelle, la détention est la règle et la liberté, l’exception.
Une santé à deux vitesses
Il est navrant de constater que seuls quelques dysfonctionnements du système sanitaire font l’objet de traitement disproportionné et parfois biaisé de la part d’une certaine presse friande de scoops et de buzz.
Pourtant, aussi douloureux que puissent être ces incidents malheureux, ils ne constituent que la face visible de l’iceberg, parmi les innombrables drames survenant dans les lieux de soins, liés davantage à des plateaux techniques incomplets et à une mauvaise organisation du système sanitaire, qu’à des facteurs humains.
L’opinion publique devrait davantage se préoccuper d’actes fort regrettables, posés, de manière unilatérale, par les pouvoirs publics dans le cadre de la politique nationale de santé. Si nous prenons l’exemple récent de la fermeture intempestive du plus grand hôpital national de notre pays, il serait très instructif d’investiguer le devenir de milliers de patients anonymes, souffrant d’affections chroniques pouvant, en l’absence de soins adéquats, voir leur pronostic vital mis en jeu.
Dans le même ordre d’idées, la pandémie de Covid-19 a mis en exergue les manquements du système de soins, avec insuffisance ou parfois même absence totale de respirateurs, de salles de réanimation, de médecins réanimateurs et même d’oxygène dans de nombreuses structures situées dans les régions et même, dans les grandes villes, dont la capitale, Dakar.
Cette même pandémie a également mis en évidence l’exigence accrue en matière de démocratie sanitaire justifiée par les inconvénients de l’approche directive en matière de santé, à l’origine d’un large mouvement de déni de la maladie et de défiance contre les mesures préventives préconisées, qu’il s’agisse d’interventions non pharmaceutiques ou de la vaccination anti-Covid, même celle des personnels soignants.
Cette fronde envers les potentats de la Santé mondiale, liés par des accointances plus que douteuses aux tenants de la philanthropie capitaliste, est à l’origine d'une suspicion croissante à l’égard des professionnels de la santé.
D’où la vanité des approches purement corporatistes et la nécessité de repenser, de concert avec toutes les composantes de la Nation, notre système sanitaire de fond en comble.
Un système sanitaire à refonder
Malgré les multiples contraintes pesant sur lui, liées à un sous-financement chronique, notre système sanitaire, devenu plus complexe, semble être confronté à une crise de croissance, liée à une inéquité territoriale manifeste, mais surtout à un hiatus flagrant entre demande et offre de soins.
Cette crise relève de plusieurs facteurs :
Le développement fulgurant du secteur privé de la santé laissé à lui-même, est de plus en plus mercantiliste, avec échange de mauvais procédés avec le secteur public,
Si l’implication accrue des communautés est positive et a contribué à une diversification des acteurs, la participation communautaire est caporalisée par les représentants locaux du pouvoir central (délégués de quartiers, chefs de villages…) et /ou parasitée par des logiques politiciennes,
Le transfert de la compétence Santé et action sociale souffre du manque de moyens caractéristique de notre processus de décentralisation et de l’absence d’ambition des gestionnaires de collectivités territoriales ayant, pour la plupart, de faibles capacités technico-administratives et réduites à un rôle de succursales des partis politiques dominants,
L’autonomie hospitalière est instrumentalisée par les élites politico-syndicales, au détriment des travailleurs et des usagers et est devenue synonyme
de dérégulation tarifaire rendant l’accès aux soins difficile pour les couches modestes et
de clientélisme, avec une mainmise de certains groupes sur la nomination de directeurs et le recrutement massif de personnels non qualifiés
Cet état de fait rend indispensable une régulation de la part des pouvoirs publics, dont on n’attend plus seulement la coercition et la contrainte, mais l’utilisation de méthodes normatives plus souples, afin de canaliser les comportements des différents acteurs, en vue d’atteindre un équilibre et de garantir le fonctionnement harmonieux du système sanitaire.
Il y a nécessité urgente de doter notre pays d’une véritable politique de santé, qui n’existe plus, depuis la Déclaration de la politique de santé et d’action sociale de juin 1989. La mise en œuvre de cette politique devrait se faire, de manière inclusive, grâce à la mise en place d’un Conseil National de Santé (qui a existé en 1983), dans lequel serait représentés les principaux acteurs du secteur de la Santé et de l’Action sociale. Il pourrait, entre autres, lors de convocations ponctuelles, formuler des avis ou propositions en vue d’améliorer le système de santé publique et élaborer chaque année un rapport sur le respect des droits des usagers du système de santé.
De plus, le ministère de la Santé a forcément besoin d’une instance d’aide à la prise de décision sur la base de rapports et qui pourrait procéder au suivi annuel et à l’évaluation pluriannuelle de la politique sanitaire.
Malheureusement, dans un pays aux solides traditions hyper-présidentialistes et jacobines, la volonté proclamée de promotion de la dynamique communautaire, de responsabilisation des collectivités territoriales et d’autonomisation des établissements publics de santé se heurte à la toute-puissance du parti-État, qui tient lieu de pouvoir exécutif.
C’est ce qui rend urgente l’instauration de la démocratie sanitaire, c’est-à-dire le dialogue et la concertation entre les administrations sanitaires, les professionnels de santé et les usagers, ce qui présuppose une exigence de redevabilité de la part de tous les acteurs.
Ce ne sont là que quelques pistes de réflexion pour remettre notre système sanitaire sur les rails et éviter ces pénibles moments, où toute une catégorie socio-professionnelle est vouée aux gémonies, alors que la conception et le pilotage des politiques publiques sont dévolues aux hommes politiques.
Dr Mohamed Lamine Ly est secrétaire Général de la COSAS
Aminata Touré, qui a désapprouvé le choix de Macky Sall pour la présidence de l’Assemblée, n’a pas attendu le vote lundi. L'ancienne Première ministre s'explique à travers une interview parue dans les colonnes de l’Observateur - EXTRAITS
L’ancienne Première ministre n’a pas pris part hier, lundi, à l’élection du président de l’Assemblée nationale. Elle a quitté l’Hémicycle avant le scrutin, en réclamant à Farba Ngom sa procuration. En vain. Ce dernier a refusé de lui remettre l’habilitation. Ainsi, le vote de l’ancienne ministre de la Justice a été enregistré pour le compte du candidat de Benno pour la présidence de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, qui sera élu.
Dans une note transmise au nouveau président du groupe de la majorité, Oumar Youm, avant de quitter l’Hémicycle, l’ancienne chef du gouvernement a fait savoir que l’utilisation de sa procuration se ferait contre son gré puisqu’elle ne voterait pas pour le candidat proposé par Macky Sall.
Dans un entretien paru ce mardi dans L’Observateur, elle réitère sa position et en profite pour solder ses comptes avec le couple présidentiel qu’elle accuse de promouvoir les contre-valeurs et de lui avoir fait subir beaucoup d’injustices. «Je parle au nom de tous les indignés de l’Alliance pour la République (APR) et de Benno Bokk Yakaar», a-t-elle clamé. Extraits.
«L’injustice de trop»
«Je voudrais encourager les jeunes à continuer à croire aux valeurs de loyauté, de mérite et d’équité, même si pour l’élection du président de l’Assemblée nationale, aucune de ces valeurs n’a été mise en avant par le président de la coalition Benno Bokk Yakaar. J’ai passé ma vie à lutter contre l’injustice, j’en ai subi pas mal dans mon compagnonnage avec Macky Sall, mais là, c’est celle trop. Celle qui privilégie les liens familiaux par-dessus le mérite militant, ce n’est pas tolérable.
«Un choix strictement familial»
«Il est clair et établi que le choix est strictement familial, c’est connu de tous. Mais à ce moment, il fallait que le cousin fasse le tour du Sénégal, 5175 km exactement et le travail préalable. Il n’y a pas de responsables pour aller au front et d’autres pour ramasser les fruits. La politique, ce n’est pas du servage où certains, forts de leur appartenance familiale, attendent que les autres travaillent pour eux.
Liens entre Amadou Mame Diop et le couple présidentiel
«Ils sont connus de tous et établis avec la famille de Mansour et Marième Faye. Je parle au nom de tous les indignés de l’Alliance pour la République (APR) et de Benno Bokk Yakaar (BBY). J’aurais pu laisser passer, négocier un poste honorifique, mais il y a des moments où il faut se regarder dans la glace et se demander si on vit pour les valeurs pour lesquelles on s’est battu toute sa vie. Je me suis battue contre l’injustice et je continuerai à le faire.
Le coup de fil de Macky Sall
«Pour être claire, je n’ai pas participé au vote, je n’ai pas voté pour le candidat du président de la coalition BBY parce que c’est un choix injuste, subjectif et beau-familial. (…) Le président de la coalition Benno n’a pas jugé utile de nous rendre visite à notre séminaire pour échanger avec ses députés et expliquer les critères de son choix. J’ai reçu son coup de fil dans l’enceinte de l’Assemblée pour revenir sur ses engagements précédents. Il n’y a pas de problème dans un changement d’avis, il faut juste que ce ne soit pas du népotisme ou de la dictature.
«Choix de Macky Sall ou de la Première dame»
«Le président de la coalition a discuté avec plusieurs responsables dont moi-même. Il sait ce que nous nous sommes dit. Je ne dévoilerai jamais le contenu de nos discussions privées. Mais à l’arrivée, je conteste son choix ou celui de la Première dame. Pour être claire, je n’ai pas démissionné de mon poste de député. Mais je reste une militante de la justice et de l’équité. La politique, telle que je la conçois, ce n’est pas un jeu de cache-cache ni de tromperie. On doit se faire confiance. Ce n’est pas de la naïveté du tout, c’est ma conception d’un compagnonnage.
Le troisième mandat
«C’est une question qui est derrière nous. Depuis longtemps, je l’ai dit à satiété et je suis convaincue qu’il fera une déclaration après la nomination de son Premier ministre pour annoncer qu’il ne fera pas de troisième mandat. Même si je ne suis pas d’accord avec lui sur sa décision concernant la présidence de l’Assemblée nationale, je pense que c’est un homme d’honneur qui tient parole.
«Pourquoi, diantre, démissionner de l’Assemblée ?»
«Une chose est sûre, je ne compte pas du tout démissionner de l’Assemblée nationale. Pourquoi, diantre, le ferais-je ? Je pense qu’il faut des députés qui fassent de bonnes propositions de loi comme celle sur les incompatibilités familiales avec certaines fonctions publiques que je compte faire. Ainsi, on avancera sur la question de l’implication des familles dans les affaires de l’Etat.
«Je ne suis pas intimidable»
«Je saisi le Président sur les intimidations et autres actions envisagées par certains soi-disant faucons du Palais et proches de la famille Faye. Je ne suis pas intimidable et j’interpelle le Président Macky Sall à cet effet. Je suis comptable de mes propres décisions et de ma propre éthique. Je suis engagée et militante. Mais je ne peux accepter l’injustice, d’où qu’elle vienne.»