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24 novembre 2024
Développement
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L'EMPREINTE SPIRITUELLE DE CHEIKH AHMADOU BAMBA EN CÔTE D'IVOIRE
L'histoire de figure emblématique du mouridisme à Grand Bassam est celle d'un exil qui a engendré un héritage. En 21 jours, les graines d'une communauté florissante ont été semées sur les côtes ivoiriennes
Grand Bassam, jadis simple escale d'un exil forcé, est devenu le berceau inattendu d'un héritage spirituel florissant. Il ya plus d'un siècle, le navire transportant Cheikh Ahmadou Bamba, figure emblématique du mouridisme, jetait l'ancre sur ces rivages pour 21 jours. Ce qui semblait n'être qu'une halte imposée s'est transformée en un chapitre crucial de l'histoire mouride en Afrique de l'Ouest.
Aujourd'hui, Grand Bassam vibre au rythme d'une communauté mouride dynamique. Des dairas fleurissent dans chaque recoin de la ville, tandis que l'ancien hôtel WAF, témoin silencieux de cette époque, se dresse comme un monument à la mémoire du Cheikh. Le cimetière, où repose le fidèle Sokhna Coura Fal, est devenu un lieu de pèlerinage incontournable.
L'impact de ce bref séjour dépasse largement les frontières de Grand Bassam. D'Abidjan aux dix communes environnantes, les disciples mourides ont tissé un réseau de solidarité et de spiritualité. Ils organisent des événements commémoratifs et lancent des projets ambitieux, comme la construction de maisons Serigne dans chaque localité.
par Oumou Wane
JOJ 2026 : LES GARDIENS DU TEMPLE OLYMPIQUE
Pour accueillir dignement les athlètes et spectateurs du monde entier, il faut mettre les bouchées doubles. Les infrastructures sportives doivent être à la hauteur, les hôtels prêts à recevoir, et la sécurité assurée. Le compte à rebours est lancé
‘’Monsieur le président Thomas Bach, chers membres de la grande famille de l’olympisme, Ainsi c’est à Paris, ville lumière, Et c’est à l’occasion de Jeux étincelants, que le monde regarde avec envie qu’il m’est donné de recevoir, de la Commission exécutive du CIO, la prestigieuse distinction de l’Ordre Olympique en argent. Au-delà de la signification personnelle qu’elle a pour moi, et de l’émotion qu’elle suscite en moi, Je vois, dans cette distinction et dans l’heureuse conjonction de symboles qui l’accompagnent, un appel à célébrer la puissance du sport, et son pouvoir d’unir, d’inspirer et de transformer le monde. J’y vois l’affirmation triomphale de la primauté de l’esprit humain, de son génie, de son énergie régénératrice, de son extraordinaire résilience, qui consolent de tous les avatars, autorisent tous les espoirs. J’y vois, par-dessus tout, une aspiration universelle à la Paix et à l’Amitié.’’ Mamadou Diagna Ndiaye.
Comme il l’a si bien exprimé, l’infatigable patron du CNOSS, Comité National Olympique et Sportif Sénégalais, ce samedi 10 août : "Le sport choisit d’opposer la volonté assumée de faire humanité ensemble, dans l’expression plurielle de nos singularités et la dissonance harmonieuse du dialogue des cultures, crédo olympique par excellence." Cette perspective résonne particulièrement alors que le Sénégal se prépare à accueillir le monde, en mettant en avant ses valeurs de tolérance et d'ouverture.
Le président de la République, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, lors de son discours du 25 juillet à Paris, avait déjà sonné la mobilisation. En avant toute !
En 2026, le Sénégal s'apprête à faire vibrer la planète en accueillant les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ), un événement qui transcende le sport pour célébrer la jeunesse, la fraternité et l'engagement citoyen. Inspiré par le succès des Jeux Olympiques de Paris 2024, le Sénégal entend créer une édition inédite, où l'originalité africaine s'allie aux meilleures pratiques internationales. C'est une occasion unique pour le pays de se hisser sur la scène mondiale, avec un sourire aussi large que la baie de Dakar et une détermination à toute épreuve.
Paris 2024 a brillamment réussi son pari. Malgré le scepticisme ambiant, les râleurs professionnels et les punaises de lit qui avaient envahi les gros titres, la Ville Lumière a montré au monde entier ce que la France savait encore faire : un grand spectacle. Les Français se sont retrouvés presque candides, la fierté nationale au rendez-vous. Les Jeux ont été un coup de pouce salvateur pour un tourisme malmené, et ils en parlent encore avec des étoiles dans les yeux. Alors, pourquoi le Sénégal ne pourrait-il pas, lui aussi, réaliser cet exploit ?
Le Sénégal n'est pas la France, et c'est tant mieux ! Ici, l'hospitalité est une seconde nature, et le partage une valeur sacrée. Le pays de la Téranga, notre hospitalité légendaire, compte bien faire des JOJ 2026 un événement à son image : chaleureux, accueillant, et tourné vers l'avenir. Mais l'ambition ne suffit pas. Pour accueillir dignement les athlètes et spectateurs du monde entier, il faut mettre les bouchées doubles. Les infrastructures sportives doivent être à la hauteur, les hôtels prêts à recevoir, et la sécurité assurée. Un défi de taille, mais le Sénégal a plus d'un tour dans son sac, et le CIO, qui a effectué plus de quatorze visites au Sénégal, veille au grain. Son président, Monsieur Thomas Bach, tient à ce que ces premiers Jeux Olympiques en Afrique soient un succès.
Pour que ces Jeux soient un succès, le Sénégal doit investir dans des infrastructures de qualité. Les stades, les routes, les hôtels : tout doit être au top. Cela passe par des partenariats solides avec le secteur privé, qui ne demande qu'à soutenir un événement d'une telle envergure. Les entreprises locales et internationales seront des alliées précieuses pour financer et organiser les JOJ, tout en créant des emplois et en dynamisant l'économie locale. Un win-win, comme dit le Directeur du Comité d’Organisation, Monsieur Ibrahima Wade, qui nous assure que Dakar a mis le Turbo sur les JOJ 2026.
Pour ceux qui s'inquiètent des coûts que pourrait engendrer un tel événement, rassurez-vous. L'argent investi pour ces Jeux n'est pas une dépense à fonds perdus, et ce n'est certainement pas celui des Sénégalais qui sera dilapidé. Au contraire, il s'agit d'une formidable opportunité de développement économique pour le pays. Grâce à des partenariats public-privé bien ficelés, le financement sera soutenu par des investisseurs internationaux et des sponsors, garantissant que l'économie locale en sortira renforcée. Il ne s'agit pas de reproduire les erreurs de Rio, mais de saisir cette chance unique pour propulser le Sénégal vers de nouveaux horizons.
"Je vois, dans cette distinction et dans l’heureuse conjonction de symboles qui l’accompagnent, un appel à célébrer la puissance du sport, et son pouvoir d’unir, d’inspirer et de transformer le monde."
Guidés par cette vision de Monsieur Ndiaye, nous ferons des Jeux Olympiques de la Jeunesse un tremplin vers un avenir où le sport occupe une place centrale dans la construction d'une société plus juste et pacifique. Ces mots sont une flamme qui doit éclairer notre chemin vers les JOJ. En insufflant cette flamme dans le cœur de chaque jeune participant, nous ferons de ces Jeux un moment inoubliable, où le sport se révélera être un puissant vecteur de changement positif.
Le compte à rebours est lancé. Le Sénégal a deux ans pour se préparer, deux ans pour montrer au monde qu'il est prêt à relever le défi. Les JOJ 2026 ne seront pas qu'une simple compétition sportive, mais un véritable catalyseur de changement social, une vitrine pour le pays, et un tremplin pour la jeunesse. Alors, prêts à briller sous les projecteurs du monde entier ? Oui ! Le Sénégal n'attend que ça ! Rendez-vous en 2026 pour un spectacle qui promet d'être formidable, si l’on s’en donne les moyens. Voici les enjeux de l’heure et la Presse devrait s’intéresser plus à ça que de se divertir dans des débats futiles et abscons !
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group/A7.
par Ousseynou Nar Gueye
HEY PRÉSIDENT DIOMAYE, C'EST L'ÉCONOMIE
Les agents économiques et le patronat sont inquiets, au Sénégal. Au nom, supposément, de la "préférence nationale", ne créons pas des milliardaires locaux par simple "génération spontanée", ne reposant aucunement sur leurs performances entrepreneuriales
Tous mes contacts le savent et les autres peuvent le vérifier : dans mes réseaux sociaux et interviews et débats audiovisuels, j'ai appelé à voter Diomaye publiquement plusieurs jours avant l'élection présidentielle.
Touefois, fort de l'adage qui veut que "qui aime bien, châtie bien", je critiquerai président Diomaye et le Premier ministre Sonko. Surtout le Premier ministre, qui a ouvert plusieurs fronts d'hostilité avec de larges pans de l'opinion nationale.
Je ne crois aucunement aux messies en politique : la République, c'est nous tous. Et je resterai au Sénégal à le dire, tant que je pourrai.
Pour ma part, je suis un universaliste de gauche. Et aucunement un "panafricaniste de gauche".
Ce qui fait vivre un pays, c'est l'économie et son socle naturel, que sont les TPE, PME et grandes entreprises, dont il faut sanctuariser les mécanismes vertueux de fonctionnement.
Les agents économiques et le patronat sont inquiets, au Sénégal. Les investisseurs étrangers hésitent à finaliser leur implantation au Sénégal.
Création de nouveaux impôts et taxes, et augmentation des recettes fiscales de l'État ? Oui. Mais, il faut le faire en élargissant l'assiette fiscale, pour y inclure tous ceux qui ne payent pas d'impôts (y compris des milliardaires du secteur informel et de – grands - bailleurs immobiliers), et non pas en pressurrisant fiscalement, comme des citrons, toujours les mêmes assujettis que sont les salariés du secteur formel et les mêmes 700 entreprises formelles de ce pays qui réalisent 80% du PIB.
12.000 autres entités économiques réalisent les 20% de la richesse nationale. Donc, sur plus de 450.000 entités économiques dans ce pays, nous n'en avons que 12.700 qui sont formelles.
Le défi pour le régime Diomaye-Sonko est donc, d'abord, de "faire sortir du bois" tous ces acteurs informels millionnaires ou milliardaires, ou en tout cas le maximum d'entre eux, par des politiques d'incitation liés à des stratégies coercitives aussi, bien sûr.
Personne ne sort de l'informel avec l'ambition de payer plus d'impôts, mais plutôt pour obtenir plus de clients, gagner plus d'argent, bénéficier de financement de la part des acteurs bancaires et pour renforcer les fonctions essentielles de sa TPE-PME.
Votre régime, président Diomaye, a abandonné le funeste projet de baisser par oukases les loyers des bailleurs, sur des habitations qui sont leur propriété privée : c'est fort bien ainsi, car la seule soupape qui peut modérer à la baisse les loyers, en particulier à Dakar, c'est la construction de large parcs de HLM, détenus par l'État et par les collectivités territoriales ; HLM qui seraient louées, comme son nom l'indique (habitations à LOYER modéré) et non pas vendues, au risque de renouveler le même cauchemar pour les locataires dakarois tous les 10 ans.
En ce qui concerne la baisse des denrées, pour ne prendre que l'exemple de la miche de pain, plutôt que la diminution "cosmétique" de 15 francs CFA, pour un produit qui coûte donc la même chose pour tout le monde (pauvres, riches, gens de moyenne condition), ce qui est injuste : la bonne solution serait de fournir des filets sociaux financiers à ceux qui y sont éligibles ou des carnets d'alimentation, subventions aux familles modestes donc, pour leur permettre d'acheter le pain et les autres denrées à des prix ajustés pour eux.
Enfin, dans la proclamation de la mise en œuvre du "contenu local" dans les nouvelles filières pétrole et gaz, il faut inclure en premier maillon des chaînes de valeur, les multinationales installées au Sénégal, qui ont le know-how et la capacité de mobilisation de ressources financières pour préfinancer leurs opérations, et qui pourront faire progressivement un transfert de technologies aux PME -TPE à capital "sénégalais", qui pour l'instant doivent être et ne peuvent être que les sous-traitants des premiers.
Au nom, supposément, de la "préférence nationale" (expression de triste mémoire, dans les pays avancés), ne créons pas des milliardaires locaux (nationaux donc) par simple "génération spontanée", ne reposant aucunement sur leurs performances entrepreneuriales.
Ousseynou Nar Gueye est fondateur du site d'info Tract.sn, éditorialiste et communicant.
par Makhtar Diouf
ÔTEZ CE VOILE QUE JE NE SAURAIS VOIR
EXCLUSIF SENEPLUS - Chaque entité sociale ne voulait s’en remettre qu’à son ‘’règlement intérieur’’, que deviendrait cette unité nationale ancrée dans nos us et coutumes, entérinée par toutes nos Constitutions ?
En évoquant l'interdiction du voile des élèves musulmanes dans les écoles catholiques, le Premier ministre Sonko n'a pas créé un problème. Il a posé un problème. Encore qu'il aurait dû le faire sur un ton plus serein.
Ce n'est pas parce qu'on refuse de poser un problème que le problème ne continuera pas à se poser s’il n’est pas résolu. Ce problème du voile à l'école est en veille depuis près d'une quinzaine d'années dans le pays, au point de devenir lancinant, jalonné par des dates significatives sur lesquelles il est opportun de revenir.
Une pratique française et une loi française
Le 18 septembre 1989, dans un collège de la petite ville de Creil au Nord de Paris, trois élèves musulmanes portant le voile sont interdites d'entrée, puis expulsées définitivement. C’est une première.
Le 15 mars 2004, l’Assemblée nationale française vote une loi interdisant en France le port du voile dans les écoles publiques (les écoles privées ne sont pas concernées).
Une loi profondément islamophobe, qui ne peut pas étonner d’un pays qui dans l’histoire s’est d'abord distingué par les croisades entreprises du 11ème au 13ème siècle pour anéantir l’Islam.
L’interdiction dit s’appliquer au port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. Les signes visés sont les plus ostensibles : le ‘’voile islamique’’, la kippa des garçons juifs, les grandes croix de certains chrétiens. Mais sont tolérés les signes discrets comme les petits bijoux (les petites croix chrétiennes portées comme pendentifs).
En fait, la mesure ne vise que l’habillement des filles musulmanes. Les juifs continuent à porter leur kippa et les chrétiens leurs petites croix comme pendentifs.
C’est ainsi que des adolescentes de 15 à 17 ans sont refusées d’entrée dans leurs écoles pour avoir porté une tenue « non conforme ». Le Collectif contre l’Islamophobie en France a recensé 130 cas d’exclusion de collégiennes ou lycéennes en raison de leur tenue vestimentaire en 2014. Dans la fonction publique française, le port du voile n’est pas permis.
La France est le seul pays d’Europe et même d’Occident où le port du voile fait l’objet de fixation. C’est le pays où le qualificatif ‘’islamique’’ est adjoint au voile, pour parler de ‘’voile islamique’’ alors que dans les pays de langue anglaise, on dit simplement head scarf (foulard de tête).
Mais cette loi rencontre de la résistance dans le pays. Elle a introduit des divisions même au sein du mouvement féministe français. Certaines féministes continuent à considérer le voile comme un symbole d’oppression, mais d’autres féministes la combattent vigoureusement. C’est le cas de Christine Delphy, figure de proue du féminisme en France, qui estime qu’aucun argument rationnel n’a été avancé pour interdire le port du voile à l’école : Une loi qui est inique, raciste, et s’inscrit dans un aveuglement collectif. Un groupe de féministes françaises ‘’Les Blédardes’’ a aussi combattu cette loi. Et ce ne sont pas les arguments qui manquent. Comment peut-on dans les écoles accepter des jeunes filles qui portent des tenues dénudant le nombril, et refuser d’autres jeunes filles qui se couvrent la tête ?
Lorsque le projet de loi d’interdiction du voile est soumis à l’Assemblée nationale française, les 14 députés du Parti communiste qui votent contre ne sont sûrement pas animés par le souci de défendre l'Islam. Ils voient simplement dans cette loi une atteinte aux droits humains.
Le 12 mars 2012, des enseignants français signent l'Appel Nous demandons l'abrogation de la loi dite ''sur le voile à l'école''.
Le Français Julien Suaudeau, écrivain enseignant aux Etats-Unis condamne ces mesures d’interdiction dans un article de presse intitulé ‘’La France contre le reste du monde’’ (7 septembre 2016) pour parler de « délire », « d’hystérie collective », « d’obsessions et névroses identitaires ».
Le sport aussi s’est invité dans le problème du voile. Actuellement, toutes les fédérations internationales de disciplines sportives (athlétisme, basketball, football, judo…) ont homologué le port du voile pour les athlètes musulmanes lors des compétitions. La seule réticence vient encore des fédérations françaises. En 2018, la firme américaine d’équipements sportifs ‘’Nike’’, en collaboration avec deux athlètes musulmanes, met au point son hijab sportif, le Nike Pro Hijab, une tenue bien adaptée, qui permet de pratiquer son sport favori tout en respectant sa religion.
Devant le succès de l’opération, en février 2019, l’équipementier français ''Décathlon'' annonce son projet de fabrication de hijab sportif avec l’argument de rendre la pratique du sport accessible à toutes les femmes dans le monde. Mais le tollé soulevé en France, surtout du côté de la classe politique, est tel que le projet est abandonné.
Ce qui amène un journaliste américain du Washington Post correspondant à Paris à écrire : La France s’est une nouvelle fois plongée dans le ridicule en parlant des vêtements que les femmes musulmanes peuvent choisir de porter ou non.
Une journaliste britannique de la BBC fait aussi part de son indignation : Les politiques français devraient arrêter avec cette obsession de décider de comment doit s’habiller une femme musulmane.
Une revisite de l’histoire de France révèle que l’Islam n’est pas la première victime de l’interdiction vestimentaire. Alain Weill (Affiches impertinentes, improbables, incorrectes, insolites, Paris : 2010) nous apprend dans ce livre que, avant même la loi de 1905 sur la laïcité, Eugène Thomas maire du Kremlin Bicêtre (proche banlieue Sud de Paris), avait signé le 10 septembre 1900 un arrêté interdisant le port de la soutane sur le territoire de la commune (rapporté par LeCanard enchaîné du 5 mai 2010). Avec des propos irrespectueux que je ne me permettrai pas de reproduire ici.
Ce qui montre que l’irrespect à l’égard de la religion ne date pas d’aujourd’hui dans une France tombée depuis des décennies dans un processus avancé de déchristianisation.
En 2012, le Comité des droits de l’homme des Nations unies, au nom du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, a condamné le gouvernement français à la suite d’une plainte d’un élève d’origine indienne expulsé de son école pour avoir porté un turban ‘’sikh’’ révélant son appartenance au sikhisme (religion monothéiste indienne). Le gouvernement français est alors astreint à la double obligation de réparer l’injustice faite au lycéen par sa réintégration, le paiement d'une compensation appropriée, et d’empêcher que de semblables violations ne se reproduisent dans le futur.
Pourquoi le voile en Islam ?
Le verset 59 de la sourate 33 du Coran sur l’habillement des femmes musulmanes a surtout valeur de recommandation, de conseil dans l’intérêt même des femmes. Bien qu'adressé aux musulmanes, il concerne toutes les femmes.
Si elles doivent s’habiller comme le recommande le Coran, c’est d’abord pour qu’elles soient reconnues (you’rafna) comme musulmanes certes, mais aussi comme femmes de dignité, qui rien que par leur présentation extérieure imposent le respect et ne soient pas l’objet du voyeurisme de certains hommes et de leurs comportements malveillants.
C’est aussi pour leur éviter d’être you’zayna. Ce terme coranique est rendu dans les langues indo-européennes de traduction du verset par une gamme de mots tels que ‘’agacer’’, ‘’importuner’’, ‘’tourmenter’’, ‘’offenser’’, ‘’injurier’’ … Ils revoient tous au terme ‘’harceler’’.
Il est recommandé à la femme musulmane de s’habiller d’une façon qui impose le respect lorsqu'elle sort de son domicile. Il est certain qu’une femme dont le corps est bien couvert a bien moins de chances d’être objet de convoitise de la part de certains hommes. Il s’agit donc de mesure de prévention et de protection, d’autant plus que le harcèlement sexuel dont sont victimes bon nombre de femmes dans la rue, dans les lieux de travail, dans les transports en commun, est non seulement stressant, aliénant, mais ouvre la voie bien souvent au viol.
Pour l’Egyptienne Safinaz Kazim, le voile est un ‘’imperméable moral’’ qui permet de se dérober du viol visuel par lequel certains hommes jouissent d’une femme sans son consentement. Pour elle, cette façon de s’habiller libère la femme de l’ostentation, lui évite d’être considérée comme un simple objet de désir. C’est une illusion pour la femme de penser qu’elle se libère en dénudant aux yeux de tous une grande partie de son corps.
Il convient tout de même de préciser que la façon qu’ont certaines femmes d’Asie centrale (Ouzbékistan, Afghanistan, Pakistan …) de s’habiller en ''burqa'' (tout en noir, le visage couvert ne laissant voir que les yeux) relève de leur culture et non de préceptes islamiques.
Simone de Beauvoir dans son livre Le Deuxième sexe, 1949, qui est le classique de la littérature féministe, dénonce la mode féminine d’habillement qui transforme la femme en objet pour le voyeurisme des hommes,avec une société qui lui demande de se transformer en objet érotique, pour être offerte comme une proie aux désirs mâles.
Comment la femme peut-elle revendiquer d’être traitée comme une égale si elle adopte un style vestimentaire qui amène les hommes à ne se focaliser que sur son corps partiellement dénudé, faisant totalement l’impasse sur sa personnalité, ses capacités intellectuelles et professionnelles ?
On peut à cet égard relater l’expérience racontée par cette femme d’origine asiatique, vivant aux Etats-Unis, dans un article au titre suggestif Hijabed like me (‘’Voilée comme moi’’). Certainement très jolie, elle était constamment harcelée dans la rue. Étant de nature sensible, elle dit qu’elle était effrayée, se sentait mutilée, molestée, violée :
Ce n’est pas, dit-elle, ma féminité qui était problématique, mais ma sexualité, ou plutôt la sexualité que certains hommes avaient inscrite en moi, basée sur mon sexe biologique.
Elle pense trouver une échappatoire en se faisant couper court les cheveux, mais en vain. Elle se résout alors à s’habiller à la manière hijab, comme les femmes musulmanes qu’elle voyait, et relate ainsi le résultat :
Les gens me percevaient comme une femme musulmane et ne me traitaient plus comme un être sexuel avec des remarques cruelles … J’ai remarqué que les yeux des hommes ne glissaient plus sur mon corps … Auparavant j’étais dans la conception occidentale selon laquelle le port du voile est oppressif … je suis arrivée à la conclusion que cette vue est superficielle et erronée … Ce fut l’expérience la plus libératrice de ma vie … C’est ma sexualité que je dissimulais, non ma féminité. Le fait de couvrir la première permettait la libération de la seconde (Kathy Chin, 1994).
A l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, de plus en plus d’étudiantes adoptent la tenue voilée, pour certaines, moins par conviction religieuse que par souci de faire barrage au harcèlement sexiste de leurs camarades étudiants. Ces derniers, soit les respectent, soit les trouvent moins séduisantes.
Position du judéo-christianisme
Dans le Judaïsme, les rabbins maudissent l’homme qui laisse voir les cheveux de sa femme, et la femme qui laisse voir ses cheveux est indexée comme apportant la pauvreté. Dans l’ancienne société juive, le voile était considéré comme un signe de respectabilité, de dignité, raison pour laquelle il était interdit aux prostituées de le porter. Dans la société juive actuelle, beaucoup de femmes ont tendance à substituer la perruque au voile.
Dans le Nouveau Testament, Première Lettre de Paul à Timothée, on peut lire :
Je désire aussi que les femmes s’habillent d’une façon convenable, avec modestie et simplicité ; qu’elles ne s’ornent pas de coiffures compliquées, ou de bijoux d’or, ou de perles ou de vêtements coûteux, mais d’œuvres bonnes, comme il convient à des femmes qui déclarent respecter Dieu (Timothée 2 : 9).
Loi française appliquée au Sénégal
Sept ans après sa promulgation en France, la loi d'interdiction du voile poursuit son bonhomme de chemin pour atterrir au collège catholique Hyacinthe Thiandoum d'un quartier populaire de Dakar. En 2011, des élèves filles portant le voile sont exclues. La Direction de l'enseignement catholique du Sénégal (Didecs) avait décrété :
A compter de l'année scolaire 2011-2012, il ne sera plus question du port du voile dans les établissements privés catholiques du Sénégal, sous peine de renvoi temporaire ou définitif’.
L'évènement semble passer inaperçu, peut-être à cause de l'ambiance pré-électorale de l'époque, annonçant la fin du régime de Wade. Une poignée des plus de 300 établissements catholiques d'enseignement du Sénégal tentent de l'appliquer : Didier Marie à Saint-Louis, Anne-Marie Javouhey à Dakar... mais sans bruit, avec des arrangements locaux à l'amiable.
En septembre 2021, alors que le pays est au calme, l'Institution Sainte Jeanne d'Arc de Dakar (ISJA) sonne la mobilisation. Évoquant son règlement intérieur, elle renvoie des filles portant le voile. C'est alors comme un coup de foudre dans un ciel serein. C'est avec ISJA que le problème du voile à l'école atteint son paroxysme et sa diffusion avec l’appareil médiatique qui n’existait pas auparavant.
Après bien des tergiversations, un accord est conclu entre l'État et la direction de l'école sur le type de voile que devront porter les filles qui le veulent. Mais ce n'est qu'un accommodement pour calmer la situation momentanément, car cette disposition du règlement intérieur n'est pas abrogée. Le problème est désactivé mais n'est pas éteint. C'est pour cela qu'il est nécessaire qu'en toute responsabilité une décision soit prise pour vider cette affaire une fois pour toutes.
Le cas Institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar
Au départ est le Patronage Jeanne d’Arc créé en 1904 par le Père Daniel Brottier. Le Patronage est une organisation sur un site donné qui réunit des enfants et des adolescents pour leur donner une formation physique, morale et sociale par des activités sportives et éducatives. Le Père Daniel Brottier donne à son patronage le nom de Jeanne d’Arc. Au début des années 1920, avec son accord, le Père Lecocq met en place à Dakar l’Association sportive et culturelle Jeanne d’Arc aux couleurs Bleu et Blanc. Le souci de ces deux prélats français est de réunir Noirs, Européens, Métis, catholiques et musulmans dans un même cercle de fraternité. Un club sportif Jeanne d’Arc est aussi créé à Bamako.
Club catholique à l’origine, la JA Dakar attire par la suite de plus en plus de musulmans, pratiquants et supporters, au point d’être considérée à un moment donné comme le club comportant le plus grand nombre de supporters. L’auteur de ces lignes a été depuis 1959 membre du club sportif JA, d’abord comme footballeur, ensuite comme membre du Comité directeur. La JA est un microcosme de l’harmonie confessionnelle au Sénégal. La présidence du club a été exercée par des chrétiens et par des musulmans. C’est une famille. Il n’y a jamais été perçu une trace de problème entre chrétiens et musulmans.
C’est dans ce sillage que le volet éducatif du patronage est concrétisé à Dakar avec la création en 1939 de l’école appelée Institution Sainte Jeanne d’Arc (ISJA) avec les mêmes couleurs Bleu et Blanc. Mais cette école a créé un problème en réchauffant l’interdiction du voile qui semblait oubliée, s'écartant ainsi de la ligne tracée par ses fondateurs.
Quid de l’unité nationale ?
L’harmonie religieuse et ethnique qui existe au Sénégal est un modèle envié partout dans le monde.
Le Premier ministre Sonko a posé un problème. L’abbé André Latyr Ndiaye avec une violence inouïe et surprenante de la part d’un prélat, s’est employé à créer un problème, pour donner à un problème d’école, une dimension communautaire susceptible de mettre face à face catholiques et musulmans. Ce n’est même pas la peine de revenir ici sur les civilités que les deux communautés se sont toujours mutuellement faites.
Ce n’est pas le Père Daniel Brottier, initiateur du Patronage Jeanne d’Arc et le cardinal Mgr Thiandoum, qui auraient approuvé la mesure d’interdiction du voile dans des écoles catholiques et les propos de cet ecclésiastique.
On ne peut pas laisser des Sénégalais inviter dans le pays une loi française, de surcroit inspirée par l’islamophobie. Si chaque entité sociale ne voulait s’en remettre qu’à son ‘’règlement intérieur’’, que deviendrait cette unité nationale ancrée dans nos us et coutumes, entérinée par toutes nos Constitutions ?
Certains conseillent aux parents musulmans de retirer ou de ne plus envoyer leurs enfants dans des écoles catholiques. Ce serait capituler et créer un précédent dangereux. On ne peut pas avoir dans le pays une école exclusivement pour les catholiques et une école exclusivement pour les musulmans. Que deviendrait l’unité nationale ? Les enfants sénégalais doivent dès leur jeune âge, prendre l’habitude de vivre ensemble sans distinction de religion ou d’ethnie comme l’ont fait les générations qui les ont devancés.
Dans les écoles, les élèves filles qui portent le voile le font par choix personnel. Ce n’est pas le voile qui les distingue de leurs camarades chrétiennes. La différenciation confessionnelle est visible au niveau des noms et prénoms. Et cela n'a jamais posé de problème.
Nombreux sont les parents catholiques qui envoient leurs enfants à l'école publique et à l'école privée non catholique où ils vivent en parfaite harmonie avec leurs camarades dont des filles voilées. En vertu de quoi l'école catholique doit- elle faire exception ?
Dans une interview du 16 mars 2015, l'abbé Georges Diouf nous apprend que les élèves musulmans constituent 75 pour cent des effectifs des écoles catholiques au Sénégal.
Cela dit, l'Etat ne peut pas rester en dehors de ce problème. Le ministère de l'Éducation nationale en plus des établissements d'enseignement publics, a en charge les établissements catholiques et laïcs, auxquels des subventions sont accordées chaque année.
Il faut que les hautes autorités de l'Église catholique prennent leurs responsabilités pour instruire la Direction de l’enseignement catholique d’abroger l'interdiction du voile. Cette mesure appliquée au Sénégal ne l’aurait jamais été si elle n’avait pas existé en France. Elle a été prise sept ans après le rappel à Dieu de Mgr Hyacinthe Thiandoum, trait d'union entre chrétiens et musulmans (il avait une sœur musulmane), l'année même où la loi a été votée en France. Cette mesure n'aurait jamais été prise en sa présence.
Revenons sur ces dates :
- 18 septembre 1989 : exclusion d'élèves musulmanes voilées en France
-15 mars 2004, vote de la loi antivoile en France
- 18 mai 2004, rappel à Dieu de Mgr Thiandoum
- En 2011, Pour l'année scolaire 2011-2012, la Direction de l'enseignement catholique du Sénégal (Didecs) interdit le port du voile dans les écoles catholiques.
Il existe à Dakar, un Collège protestant John Wesley qui brille par sa discrétion.
Il ne faut pas que le problème du voile soit interprété comme un problème entre catholiques et musulmans. Nombreux sont les catholiques sénégalais qui s'insurgent contre cette mesure d'interdiction du voile, trouvant qu'ils n'en voient pas l'intérêt.
Une seule solution
Ce problème doit être envisagé non pas au niveau communautaire, mais au niveau éthique et juridique.
1) Un argument souvent avancé en France par les adversaires du voile est qu’il est contraire à leurs valeurs. Seulement, les valeurs françaises ne sont pas les nôtres.
L'école privée catholique n’est pas sous régime d’exterritorialité susceptible de lui permettre d’instaurer dans le pays une loi étrangère tropicalisée en règlement intérieur. Le port du voile ne peut y être interdit.
Un règlement intérieur est au plus bas dans la hiérarchie des droits, loin derrière la Constitution et la loi votée à l'Assemblée. Un règlement intérieur est coiffé, parrainé par une loi. L'interdiction du voile à l'école catholique procède d'une loi non pas sénégalaise, mais française. Ce qui est inadmissible.
L’interdiction du voile dans les écoles catholiques est en violation de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
5) Elle viole la Constitution du Sénégal qui dans son préambule proclame l’inaltérabilité de la souveraineté nationale, le rejet et l’élimination, sous toutes leurs formes de l’injustice, des inégalités et des discriminations.
L'article 25-3 insiste sur le devoir de s’abstenir de tous actes de nature à compromettre l’ordre, la sécurité, la salubrité et la tranquillité publics.
Le verdict rendu par le Comité des Droits de l’homme de l’ONU contre la France pour le même motif a valeur de jurisprudence au Sénégal.
Il est arrivé que le Vatican fasse son autocritique. Ce qu'a fait le pape Jean XXIII (dont une rue du centre de Dakar porte le nom) avec ''l'Aggiornamento'' (Remise à jour) proclamé lors du Concile Vatican II (1962-65). L'actuel pape François se situe dans la même démarche sur certains dossiers du passé.
L'Église catholique sénégalaise se doit en toute humilité et grandeur de faire son mea culpa (par ma faute, en latin) dans ce problème du voile à l'école.
L’abbé Georges Diouf, actuellement Directeur diocésain de l’Office National de l’Enseignement Catholique du Sénégal (ODEC), semble s'être engagé dans cette voie. En toute conformité avec les propos qu'il avait tenus dans une interview de 2015.
Très bien. Mais le prélat continue à exiger des élèves musulmanes de proscrirele refus de serrer la main d’un camarade du sexe opposé, le refus de partager une table ou un banc en classe ou dans la cour de récréation avec une personne de sexe opposé, et le refus de participer à des activités physiques en tenue scolaire en raison de convictions personnelles.
Il s'agit là d'une clause ajoutée à son texte, et qui n'a aucun fondement sociétal. Comment le prélat peut-il ignorer que dans la société africaine traditionnelle, les femmes ne serrent pas les mains des hommes ? Il gagnerait à visiter ou à revisiter L'Unité culturelle de l'Afrique noire de Cheikh Anta Diop, les travaux de Elia Mbokolo et Théophile Obenga. Il devrait aussi savoir que même à l'heure actuelle, certaines musulmanes refusent de serrer la main de musulmans avec qui elles n'ont pas de lien solide de parenté.
Pour ce qui est des séances d'éducation physique, il ne doit pas y avoir de tenue scolaire imposée. Il existe maintenant un hijab sportif reconnu par toutes les fédérations sportives internationales (mais pas en France).
Dans tous les établissements scolaires mixtes, dans les cours de récréation les élèves se regroupent entre copains et entre copines. Dans tous les campus universitaires les pavillons des étudiantes sont distincts des pavillons des étudiants.
Il est à craindre que cette clause qui n'est qu'un prétexte et non un argument convaincant ne fasse obstacle à l'abrogation de la mesure d'interdiction du voile dans les écoles catholiques. Une mesure que rien ne peut justifier.
C’est dans l’interview du 16 mars 2015 que l’abbé Georges Diouf disait : Quand on s’ouvre à l’autre, cette dimension permet d’accepter l’autre dans sa différence. L’ouverture à l’autre est très présente dans nos cultures, le respect de l’autre dans sa différence et le dialogue.
L’acceptation et le respect de la différence de l’autre, c’est ce que demandent les filles musulmanes pour porter le voile dans les écoles catholiques.
Bonne fête de l’Assomption à tous les catholiques du Sénégal et d’ailleurs.
ALERTE ROUGE SUR LE MPOX EN AFRIQUE
Fièvre, éruptions cutanées, douleurs... Les symptômes du mpox, anciennement appelé "monkeypox", sont connus des soignants africains. Mais face à une épidémie galopante déjà objet de 500 morts en RDC, c'est tout un continent qui retient son souffle
(SenePlus) - Pour la seconde fois en l'espace de trois ans, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré mercredi le mpox comme une urgence sanitaire mondiale, exhortant à une action face à ce virus qui se propage rapidement dans plus d'une douzaine de pays africains. Selon un guide réalisé par le New York Times, l'épidémie est particulièrement sévère en République Démocratique du Congo, avec 15 600 cas et 537 décès rapportés par l'agence onusienne. "L'épidémie de mpox s'y avère déjà plus meurtrière que celle de 2022, date de la dernière déclaration d'urgence", souligne le quotidien américain.
Anciennement appelé "monkeypox" avant que les autorités sanitaires ne recommandent son nom actuel en 2022 suite à des plaintes, le virus du mpox est endémique en Afrique centrale et de l'Ouest. Le New York Times explique que "la maladie est similaire à la variole mais moins contagieuse, et le virus se transmet principalement par contact étroit avec des animaux ou des personnes infectées, ainsi que par la consommation de viande contaminée." Le journal ajoute que "le mpox peut aussi se propager par contact sexuel, avec un risque de transmission au fœtus."
Si 96% des décès signalés en juin concernaient la RDC, pays déjà en proie à un conflit interne et une crise humanitaire, la maladie a désormais été identifiée dans 13 pays. Le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l'Ouganda sont touchés pour la première fois. "Il existe des différences entre les épidémies selon les régions et les pays, en fonction des circonstances propres à chaque communauté", explique au New York Times le Dr Sylvie Jonckheere, conseillère sur les maladies infectieuses émergentes pour Médecins Sans Frontières. "Mais elles partagent un point commun : nous ne savons pas comment contrôler cette épidémie."
Face à la menace d'une propagation mondiale, les Centres pour le Contrôle et la Prévention des Maladies (CDC) aux États-Unis ont appelé les professionnels de santé et la population à rester en alerte maximale. Fièvre, maux de tête, douleurs musculaires et éruption cutanée évoluant en pustules puis en croûtes font partie des symptômes. "Historiquement, la maladie est plus létale pour les jeunes enfants, les personnes immunodéprimées et celles souffrant de comorbidités comme le VIH", précise le New York Times.
Si des vaccins ont été utilisés en 2022 lors de l'épidémie précédente, ils sont insuffisants pour endiguer la crise actuelle selon les experts. "Il n'y a pas assez de vaccins dans le monde pour cela", affirme le Dr Jonckheere au quotidien new-yorkais. La distanciation sociale peut aider à réduire la propagation, sans pour autant être une solution globale. Mais dans certaines régions de RDC comme les camps de déplacés près de Goma, la promiscuité rend l'isolement impossible. Bien que le pays ait approuvé deux vaccins contre le mpox, aucun plan de vaccination n'a encore été mis en œuvre.
Découvert en 1958 suite à des épidémies chez des singes de laboratoire, le mpox a été confirmé pour la première fois chez l'humain en 1970 au Congo. En juillet 2022, l'OMS avait déclaré l'épidémie comme urgence sanitaire mondiale, le virus étant détecté dans plus de 70 pays qui n'avaient jamais rapporté de cas auparavant. Depuis, près de 100 000 personnes ont été touchées dans 116 pays.
Si l'épidémie a largement régressé en Europe, Asie et Amériques, elle s'est aggravée dans certaines régions d'Afrique. "Les Centres Africains pour le Contrôle et la Prévention des Maladies ont signalé une augmentation de 160% du nombre de cas entre début 2024 et le 28 juillet, comparé à la même période l'an dernier", rapporte le quotidien new-yorkais. La souche circulant en RDC a un taux de létalité de 3%, bien supérieur aux 0,2% observés lors de l'épidémie de 2022.
"Les femmes et les enfants sont les plus touchés", alerte l'ONG Save The Children, citée par le journal. "Des nouveau-nés de seulement 2 semaines contractent la maladie à cause de la surpopulation dans les hôpitaux." Les soignants traitent des patients de tous âges, y compris des familles entières. "C'est vraiment déchirant quand on voit des familles complètes se retrouver dans votre centre de traitement", confie le Dr Jonckheere au New York Times. "C'est la maman, ce sont tous les enfants, y compris les tout-petits."
LE RENDEZ-VOUS DE LA MÉMOIRE FRANCO-AFRICAINE
François, Boudjema, Harry, Niakara. Venus de tout l'empire colonial, ils ont risqué leur vie pour une France inconnue. 80 ans après, la nation honore enfin ces héros oubliés du débarquement de Provence
(SenePlus) - Sous un ciel menaçant, chargé d'histoire et d'émotion, les dirigeants français et africains se sont réunis jeudi pour commémorer le 80e anniversaire du Débarquement de Provence, une opération militaire cruciale mais souvent éclipsée par fils homologue normand. Cette cérémonie, marquée par l'absence notable de certains pays africains, a mis en lumière le rôle déterminant des troupes coloniales dans la libération de la France.
Le président français Emmanuel Macron, aux côtés de son homologue camerounais Paul Biya et d'autres chefs d'État africains, a rendu un hommage appuyé à ces soldats venus d'ailleurs. "Il n'y aurait pas eu de victoire alliée sans les étrangers, les tirailleurs" d'Afrique, a déclaré M. Macron cité par l'AFP, soulignant l'importance capitale de ces combattants dans la question du conflit.
L'opération "Dragoon", lancée le 15 août 1944, a vu débarquer sur les plages du Var plus de 350.000 soldats, dont une grande partie issue des colonies françaises. Cette armée, décrite par Macron comme "la plus fervente et la plus bigarrée", a joué un rôle clé dans la libération de Toulon et Marseille, ouvrant ainsi une voie d'approvisionnement cruciale pour les Alliés.
"Ces hommes s'appelaient François, Boudjema, Harry, Pierre, Niakara", a rappelé le président français, évoquant la diversité des origines de ces combattants. "Un grand nombre d'entre eux, spahis, goumiers, tirailleurs africains, antillais, marsouins du Pacifique, n'avaient jamais foulé le sol de la métropole" avant d'être appelés à la libérer.
Le président camerounais Paul Biya a renchéri : "Cette lutte a été menée ensemble, pour défendre les valeurs et les vives universelles de paix et de justice". Une déclaration qui résonne particulièrement dans le contexte actuel des relations franco-africaines, parfois tendues.
La cérémonie a également été l'occasion de réfléchir sur l'héritage de cette période. "La part d'Afrique en France est aussi ce jambes qui nous oblige", a souligné Macron, appelant à perpétuer la mémoire de ces soldats en donnant leurs noms aux rues et places de France.
Cependant, l'absence de représentants du Niger, du Mali ou de l'Algérie a été constatée, reflétant les défis diplomatiques actuels de la France en Afrique. Malgré ces tensions, l'événement a cherché à mettre en avant l'unité et la reconnaissance.
N'Dongo Dieng, un ancien tirailleur présent à la cérémonie, a partagé avec l'AFP son sentiment : "Si la France a pu écrire sous son drapeau 'Liberté, égalité, fraternité', c'est en partie grâce aux tirailleurs sénégalais" . Une déclaration qui souligne l'importance de reconnaître pleinement la contribution de ces soldats à l'histoire française.
La journée devait initialement se poursuivre par une reconstitution du Débarquement sur les plages toulonnaises du Mourillon, mais les caprices de la météo en ont décidé autrement. Cette annulation n'a pas diminué la portée symbolique de l'événement.
Alors que la France continue de naviguer dans les eaux complexes de ses relations avec l'Afrique, cette commémoration a servi de rappel puissant de l'histoire partagée et des sacrifices communs. Comme l'a souligné à l'AFP Oumar Diémé, un autre vétéran présent : "La France nous avions oubliés, mais ils sont en train de rattraper le temps perdu".
En cette journée de souvenirs et de reconnaissance, la nécropole de Boulouris-sur-Mer, où reposent 464 soldats tombés sous l'uniforme français en août 1944, est devenue le symbole d'une histoire commune, complexe mais indéniablement liée. Une histoire qui, 80 ans plus tard, continue d'influencer les relations franco-africaines et de façonner l'identité de la France moderne.
AUDIO
LE RÉGIME TALON ACCUSÉ DE KIDNAPPING D'UN OPPOSANT
Un groupe de cinq personnalités s'insurge contre l'enlèvement extraterritorial du Frère Hounvi, chroniqueur béninois en exil, le 12 août 2024 à Lomé. Il dénonce n acte inacceptable qui viole les principes fondamentaux du droit international
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de cinq personnalités condamnant l'arrestation de Steve Amoussou alias Frère Hounvi au Togo, par un véhicule d'immatriculation béninoise présumée, le lundi 12 août dernier en pleine rue.
"Nous exprimons notre profonde indignation et consternation face à l'enlèvement odieux du Frère Hounvi, de son vrai nom Steve Amoussou, qui a eu lieu le lundi 12 août 2024, aux alentours de 22h dans le quartier d'Adidogomé à Lomé, au Togo. Ce chroniqueur béninois en exil, connu pour être une voix forte de l'opposition béninoise, a été kidnappé en pleine rue, alors qu'il rentrait chez lui après avoir fait des emplettes. Selon les témoignages recueillis, ce rapt a été perpétré par un groupe d'individus à bord d'un véhicule 4x4 Toyota 4Runner d'immatriculation béninoise, un véhicule portant une plaque bleue, signalant qu'il s'agit d'un véhicule officiel.
Ce kidnapping, mené par des agents béninois en territoire togolais, constitue une grave violation du droit international et un affront direct à la souveraineté du Togo, pays frère et voisin. Loin d’être un simple acte criminel, il s’agit d’un enlèvement extraterritorial qui viole les principes fondamentaux du droit international, et remet en cause la paix et la stabilité dans la région.
Nous dénonçons fermement cette opération crapuleuse orchestrée par le gouvernement béninois sous la direction de Patrice Talon, dont les méthodes brutales d’intimidation n’ont de cesse de bafouer les droits humains les plus élémentaires. Cet acte inacceptable en territoire étranger démontre une fois de plus la dérive autoritaire du régime béninois, prêt à piétiner les règles internationales pour réduire au silence toute forme de dissidence.
Nous appelons la communauté internationale et les organisations de défense des droits de l'homme à se mobiliser immédiatement pour assurer la sécurité du Frère Hounvi et veiller à ce qu'il ne soit pas exécuté ou soumis à des traitements inhumains. Nous mettons en garde le gouvernement de Patrice Talon : toute atteinte à l’intégrité physique du Frère Hounvi aura des conséquences graves et ne restera pas impunie.
Nous demandons au gouvernement togolais, en tant que garant de la sécurité des exilés politiques sur son territoire, de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger non seulement le Frère Hounvi, mais également tous les autres opposants politiques qui ont trouvé refuge au Togo.
Il est impératif que le Togo affirme sa souveraineté face à ces actes d'agression extérieure et qu’il assure la protection de tous ceux qui fuient la répression politique au Bénin.
Enfin, nous enjoignons les États-Unis et les autres nations éprises de justice à condamner fermement cet enlèvement et à exiger des comptes au gouvernement béninois. Les lois internationales sont claires, et nous ne tolérerons aucune violation de ces principes fondamentaux.
Nous appelons à une action concertée pour que justice soit rendue et que de telles actions ne se reproduisent plus."
Signataires:
Madame Amissetou Affo-Djobo, ancienne députée
Monsieur Valentin Djenontin, ancien ministre de la Justice, ancien député
Monsieur Omar Arouna, ancien ambassadeur
Monsieur Martin Rodriguez, Opérateur Économique
Monsieur Jules Djossou, Communicateur, BeAfrica TV
Par Mamadou Oumar NDIAYE
AU TÉMOIN, ON N’EST NI DES DON QUICHOTTE NI DES TARTARIN DE TARASCON
On voit soudain sortir des ténèbres et apparaître au grand jour, sabre au clair, des chevaliers Bayard sans peur et sans reproche qui se ruent à l’assaut du nouveau régime pour, prétendent-ils, défendre une profession menacée
A travers un communiqué assez largement diffusé lundi soir, afin que nul n’en ignore, nous avons tenu à informer nos lecteurs et annonceurs que notre journal ne serait pas dans les kiosques hier mardi. En même temps, nous précisions que nous nous démarquions totalement de la « Journée sans presse » à laquelle avait appelé une partie de la corporation. Les raisons de ce refus méritent d’être exposées. Il y a d’abord le fait que nous n’avons pas été associés au processus de prise de cette décision. Pour ce qui me concerne, c’est dans la nuit de dimanche à lundi, vers 1h du matin, qu’un des journalistes du « Témoin » m’a envoyé par texto un éditorial commun censé être diffusé par tous les journaux pour le lendemain et un autre message pour m’informer de l’initiative consistant à observer une « journée sans presse pour le mardi ».
Sans doute dira-t-on que les absents ont toujours tort et que je n’avais qu’à assister à la réunion à laquelle tous les patrons de presse étaient invités vendredi dernier. Certes, mais cela n’empêchait pas de faire amender le texte de l’éditorial par tous les concernés et aussi de les consulter ne serait-ce que par téléphone sur le déclenchement d’un mouvement de grève, car il s’agissait bien de cela. Il s’y ajoute que, dans notre compréhension, la grève doit constituer une arme ultime à n’utiliser que lorsque toutes les autres voies de recours auront été épuisées. Encore faudrait-il que l’on se donne la peine d’explorer lesdites voies. Or, à notre connaissance, à part quelques demandes d’audience — sans réponses de la part de l’intéressé — adressées au président de la République, rien n’a été fait pour nouer le fil du dialogue avec les autorités. De pauvres autorités auxquelles on n’a même pas laissé le temps de s’installer que, déjà, un feu nourri était ouvert sur elles en même temps qu’on procès en incompétence et reniement leur était intenté ! Alors qu’elles n’avaient même pas encore fait 100 jours et cherchaient encore leurs marques…
En fait, dès l’accession au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, suivie de la nomination d’Ousmane Sonko au poste de Premier ministre, une partie de la presse leur avait déclaré la guerre. On remarquera qu’alors même que des corporations aussi grévistes en diable que les personnels de la santé avec « And Gueusseum », les enseignants tous ordres confondus et même les étudiants, observent un cessez-le-feu depuis le 24 mars pour souhaiter la bienvenue au nouveau pouvoir, ce sont les hardis patrons de presse qui choisissent de déclencher la première grève contre lui. C’est assez louche tellement les motifs avancés pour justifier ce mouvement d’humeur sont sujets à caution. On voit soudain sortir des ténèbres et apparaître au grand jour, sabre au clair, des chevaliers Bayard sans peur et sans reproche qui se ruent à l’assaut du nouveau régime pour, prétendent-ils, défendre une profession menacée. Fort bien et à la bonne heure ! Il est seulement permis de se demander où étaient ces nouveaux défenseurs de la presse lorsque l’ancien pouvoir arrêtait notre confrère Pape Alé Niang à de nombreuses reprises et le jetait en prison après avoir attenté à son intégrité physique ? Où étaient-ils lorsque, par un vendredi après-midi caniculaire nous marchions en scandant des slogans et en chantant du rond-point de l’Ecole normale supérieure à celui du Rond-Point Jet d’eau où nous avions tenu un meeting pour exiger la libération du propriétaire de « Dakar Matin » ? Où étaient-ils lorsque des journalistes de Wal Fadjri étaient emprisonnés, les locaux de ce groupe attaqués à coups de grenades lacrymogènes par les policiers et sa fréquence télé retirée ? Notre excellent confrère Moustapha Diop peut-il nous dire si tous ces gens se sont alors portés à leur secours ? Où étaient-ils lorsque notre ancien collaborateur (pendant une quinzaine d’années) Serigne Saliou Guèye était embastillé ? A l’époque, pour l’enfoncer davantage, certains confrères avaient même fait des sorties pour dire qu’il n’avait pas la carte nationale de presse ! « Maintenez-le en prison ce salaud » avaient l’air de dire aux flics et aux juges ces braves confrères qui s’érigent aujourd’hui en croisés de la liberté de la presse et en intrépides défenseurs de la profession. Où étaient-ils lorsque de jeunes confrères étaient violentés par les forces de l’ordre lors des manifestations ?
Plus généralement, où étaient-ils donc, ces braves qui défendent l’honneur du journalisme et les grands principes de la démocratie lorsque plus de 60 jeunes gens à la fleur de l’âge tombaient sous les balles des policiers et des gendarmes du président Macky Sall ? Que faisaient-ils lorsque plus de 2000 jeunes gens étaient jetés au gnouf souvent pour avoir fait un post pour saluer Ousmane Sonko ou pour avoir porté les bracelets de Pastef ? Les a-t-on jamais vus ou entendus condamner les graves dérives liberticides et la folie répressive du défunt régime ? Les a-t-on vus dénoncer le gigantesque et scandaleux complot fomenté contre Ousmane Sonko et son parti Pastef ? Au contraire, bien souvent, ce sont des organes de presse qui ont constitué le bras armé médiatique de Macky Sall pour calomnier, insulter, traîner dans la boue les opposants qui, grâce au peuple souverain, président depuis le 24 mars dernier aux destinées de notre pays. Qui donc a relayé et donné l’ampleur que l’on sait à l’ignoble affaire Adji Sarr ? Lorsqu’on a joué un rôle aussi peu glorieux depuis mars 2021 et que l’on constate que, malgré ses tirs de barrage, les Sénégalais ont élu dès le premier tour Bassirou Diomaye Faye, le candidat choisi par Ousmane Sonko, on devrait se regarder dans un miroir et avoir le courage de se remettre en question. Faire son examen de conscience. Et, à défaut de battre sa coulpe et de présenter des excuses au peuple sénégalais pour ce rôle dégoutant que l’on a joué, la moindre des choses c’est de faire profil bas pour se faire oublier, et le dos rond pour laisser passer la bourrasque, plutôt que de déclarer la guerre à un pouvoir auréolé de la légitimité populaire ! Savons-nous donc que les journalistes ont aujourd’hui…très mauvaise presse dans ce pays à cause justement du comportement de ces gens qui veulent aujourd’hui pousser la presse à la confrontation avec le nouveau pouvoir ?
Un secteur à la ramasse !
Il a été dit que notre secteur traverse une mauvaise passe. C’est un euphémisme car il est carrément à la ramasse ! Ce n’est pas étonnant car il y a longtemps que la presse se tire des balles dans les pieds et s’est lancée dans une fuite en avant plus que suicidaire. Cette politique de l’autruche ne pouvait débuter que sur la situation de quasi faillite généralisée que l’on observe actuellement. Comme nous sommes les plus intelligents au monde, au Sénégal, on a cru pouvoir se jouer de toutes les lois de l’économie et de toutes les règles de gestion. Voilà donc un pays qui fait partie des plus pauvres du monde — au 162ème rang mondial sur 192 du classement des PIB par habitant — et qui bat paradoxalement le record du nombre de journaux (51 quotidiens), de radios (plus de 200), de télévisions (plus de 50) et de sites d’information (400 rien que dans la région de Dakar) ! Dans ces conditions, évidemment, impossible qu’il y ait des entreprises de presse viables. Surtout qu’il en naît chaque mois de nouvelles. Des entreprises ou, en tout cas, des supports qui tous se posent en concurrents de ceux existants et qui vont réclamer eux aussi leur part de l’ « aide à la presse » qui est à l’image d’un gigantesque gâteau à partager chaque année par un plus grand nombre de convives. Une aide à la presse qui, surtout, constitue un appel d’air puisque, pour capter une plus grande part cumulée, d’aucuns multiplient les supports à cette fin ! Comme nous l’écrivions dans ces colonnes il y a quelques mois, c’est le serpent qui se mord la queue. En plus des millions grappillés dans l’aide à la presse, on se lance aussi dans la chasse aux « conventions » avec les sociétés nationales et les ministères. L’activité étant structurellement déficitaire, pour combler on a donc un besoin vital d’aide à la presse et de « conventions ».
Que celles-là diminuent voire soient gelées et c’est la catastrophe. Dans un système capitaliste, la loi du marché aurait régulé tout cela, les plus forts absorbant les plus faibles et le tour est joué. Dans ces pays où les choses marchent sur les pieds, il y a un effet de concentration, au Sénégal c’est plutôt à un effet d’éclatement et de métastase que l’on assiste ! Chaque mois ou presque, de nouveaux « patrons de presse » apparaissent, naissent sur les flancs des supports existants et demandent eux-aussi à être aidés par l’Etat ! Or, encore une fois, au vu des chiffres, même l’économie américaine, sans doute, ne pourrait pas supporter le nombre incroyable de journaux, de radios, de télévisions, de sites d’informations et de webtélés qui pullulent et survivent laborieusement au Sénégal.
Un pays à l’économie exsangue et au marché publicitaire insignifiant, ne cessant de se réduire comme peau de chagrin, et dont la plus grande partie, qui plus est, est bouffée par le hors média. Pour tout dire, un pays à l’environnement particulièrement défavorable à la presse. Je me rappelle, dans les années 90, ce patron de presse qui avait fait des pieds et des mains pour rencontrer Jean-Paul Baudecroux, tout-puissant patron du groupe NRJ. Il voulait le convaincre d’investir dans une radio au Sénégal. Réponse cinglante de Baudecroux : « ça ne m’intéresse pas car il n’y a pas d’argent à gagner au Sénégal ! » Beaucoup plus tard, le groupe Lagardère avait cédé sa station dans notre pays au bout de quelques mois d’exploitation faute de recettes publicitaires suffisantes. Tous préfèrent aller en Côte d’Ivoire où il y a de l’économie tandis que, dans notre beau pays, on fait de la politique et on palabre ! Quelques mots sur la presse écrite : croyez-vous donc que le business model basé sur des journaux à 100 francs soit tenable ? Même dans les pays qui nous entourent, il n’y en pas un seul où un journal est vendu à un prix aussi modique. Et pourtant, on persiste à vendre des journaux à 100 francs sur lesquels les 25 francs reviennent aux vendeurs.
Encore faudrait-il que les Sénégalais achètent des journaux ! Comment faire pour basculer dans le numérique qui, dans le monde entier, a tué la presse écrite ? Voilà l’une des questions que l’on doit se poser. C’est de tout cela que l’on devrait parler d’abord, balayer devant notre propre porte, étudier les moyens de rendre nos entreprises viables, ce qui passe avant tout par des regroupements, plutôt que de rendre le nouveau pouvoir responsable de tous nos malheurs. Des malheurs qui préexistaient et qu’il ne fait qu’aggraver en matraquant fiscalement des entreprises en faillite depuis longtemps. En tirant sur des ambulances. Ne nous trompons pas d’adversaire et ne menons pas, comme Don Quichotte, des combats contre des moulins à vent ! Ne faisons pas comme Tartarin de Tarascon, ce personnage burlesque d’Alphonse Daudet, qui prétendait aller à la chasse aux lions en Algérie. Et cessons donc, à chaque fois qu’il y a un cheveu dans la soupe, d’accuser le vent qui passe !
LE MFPA DÉNONCE L'INGÉRENCE UKRAINIENNE AU MALI
Dans une déclaration publiée le 7 août, l'organisation s'insurge contre ce qu'elle qualifie d'"agression criminelle et barbare d'un État africain souverain", pointant du doigt l'implication présumée de Kiev dans l'attaque meurtrière de fin juillet
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration publiée mercredi 7 août 2024 par le Mouvement Fédéraliste Pan Africain (MFPA) à propos de l'attaque 22 au 25 juillet 2024 contre l'armée malienne.
"Le Mouvement Fédéraliste Pan Africain (MFPA), siégeant à Bamako, République du Mali, exprime sa profonde douleur et toute sa solidarité avec le vaillant peuple africain du Mali et les autorités nationales, suite aux événements tragiques d’agression manifeste du pays par une coalition terroriste internationale, orchestrée et soutenue par des puissances étrangères hostiles, ayant entraîné la mort de soldats maliens à Tinzawaten.
Ayant eu connaissance, par voie de presse, du communiqué n°068 du gouvernement de la transition malien, au sujet des affirmations extrêmement graves d’officiels de l’Ukraine dévoilant le soutien de leur pays aux groupes armées terroristes impliqués dans l’attaque meurtrière, perpétrée du 22 au 25 juillet 2024 contre le Mali ;
Considérant que cette ingérence, non démentie ni condamnée par les autorités ukrainiennes, participe des velléités, maintes fois affichées par des puissances impérialistes, de reconquête de l’Afrique par la force ;
Le Mouvement Fédéraliste Pan Africain, conformément à ses principes,
S’insurge contre cette agression criminelle et barbare d’un État africain souverain, en violation flagrante du droit international ;
Condamne avec la dernière vigueur cette ingérence et cette violation inacceptables de la souveraineté d’un pays africain frère.
Le MFPA en appelle à tous les États africains, en vue de défendre et de garantir leur souveraineté de manière durable, de procéder, dès maintenant, et sans plus tarder, à l’unification politique de l’Afrique à travers la création de l’État fédéral panafricain.
L’union fait la force. Unis, nous vaincrons."
LA CNTS/FC APPELLE À UN NOUVEAU PACTE SOCIAL
Le syndicat pointe du doigt le statu quo sur la prise en charge du passif social, malgré les difficultés des travailleurs. Il appelle les nouvelles autorités à des avancées concrètes sur des questions cruciales comme la revalorisation salariale
"Il est fortement attendu des nouvelles autorités des avancées concrètes." C'est le message fort adressé par la CNTS/FC au gouvernement dans une déclaration datée du 12 août 2024 et reçu du syndicat. Ils exigent des actes sur des dossiers prioritaires comme l'élargissement de la revalorisation salariale, le relèvement du pouvoir d'achat ou encore la revalorisation du statut de certains travailleurs.
"Le secrétariat exécutif de la Coordination nationale des Travailleurs du Sénégal/Forces du changement (CNTS/FC) s’est réuni ce lundi 12 août 2024 pour analyser la situation du monde du travail et dégager des perspectives.
Le Secrétariat exécutif a d’abord tenu à s’incliner devant la mémoire du camarade Mademba Sock, infatigable combattant pour la défense des droits des travailleurs et des libertés individuelles et collectives dont le décès a coïncidé avec la clôture de la 112ème conférence internationale du travail de l’OIT tenue cette année du 3 au 14 juin.
Appréciant la situation du monde du travail, le secrétariat a constaté pour s’en inquiéter le statuquo par rapport à la prise en charge du passif social, malgré les conditions difficiles que traverse le monde du travail.
De ce point de vue, il est fortement attendu des nouvelles autorités des avancées concrètes sur des questions transversales comme :
L’élargissement de la revalorisation salariale aux secteurs non-encore bénéficiaires ;
Le règlement de la dette intérieure ;
L’équité salariale et le relèvement du pouvoir d’achat des travailleurs malgré les efforts déjà consentis ;
La revalorisation du statut de certains travailleurs (décisionnaires, contractuels …) ;
L’arrêt des empiètements répétitifs constatés ces derniers temps sur certaines prérogatives dévolues aux organisations syndicales.
Il est également à déplorer dans le contexte actuel le non-respect des règles structurant la négociation collective et le dialogue social, la recrudescence de conflits individuels et collectifs, une absence de protection sociale adéquate pour certains travailleurs …
Parallèlement à ce tableau peu reluisant, est observée l’émergence de nouvelles menaces sur l’avenir du travail tels que l’émiettement des forces syndicales, la désorganisation des luttes, la désyndicalisation qui engagent la responsabilité de toute la classe syndicale et des masses laborieuses.
Ce phénomène est renforcé par le manque de volonté de la part des autorités à assumer les implications d’un partenariat mutuellement avantageux et des principes régissant le dialogue social et la négociation collective conformément à l’orthodoxie.
Et pourtant, il urge d’aller dans le sens de la consolidation du consensus construit toutes ces années autour des principes d’un partenariat fécond entre l’État et les travailleurs qui nous a valu des acquis. À ce titre on peut citer entre autres, la signature du pacte de stabilité sociale et d’émergence économique (2014), l’organisation de conférences sociales en 2014, 2016 et 2021 sur les thématiques spécifiques du dialogue social, de la retraite et de la protection sociale, ainsi que le règlement préventif de conflits sociaux préjudiciables à la stabilité socioéconomique du pays.
Cette situation interpelle toutes les centrales syndicales et tous les travailleurs soumis à l’impératif de relever le défi de l’efficacité des luttes, qui ne peut se réaliser que dans la représentation collective de la puissance syndicale.
Cela requiert une forte unité syndicale dans l’autonomie et un cadre organisationnel nouveau plus adapté au contexte, apte à faire face aux dérives du capital financier ainsi qu’un modèle de gouvernance propice au progrès social.
À cet effet, la Cnts FC appelle le gouvernement à une plus grande ouverture et à un recentrage des pratiques de gestion sur les principes qui nous ont valu des réussites collectives.
Forte de toutes ces considérations, la Cnts FC réaffirme son entière disponibilité à œuvrer pour le renforcement des relations partenariales autour de problématiques actuelles et émergentes relatives au travail et au mouvement syndical. Elle s’engage à explorer avec la coalition des centrales syndicales du Sénégal, et avec toutes les forces syndicales, les voies et moyens d’une amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs, la défense conséquente des droits acquis et la conquête de nouveaux droits sociaux.