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18 avril 2025
Développement
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SAMBA GUEYE, L'ENFANT MIRACLE DU SÉNÉGAL
Il sourit à la vie malgré les 77 interventions chirurgicales qu'il a subies. Le jeune homme de 15 ans incarne la résilience face à un accident domestique qui aurait pu lui coûter la vie. Son histoire fait désormais l'objet d'un livre
Dans interview accordée à l'émission "Soir D'info" de la TFM le jeudi 28 novembre 2024, Samba Gueye, âgé aujourd'hui de 15 ans, a partagé son parcours remarquable de résilience et de courage face à l'adversité.
À l'âge de trois ans, alors qu'il vivait à Joal, Samba a accidentellement ingéré de la soude caustique, localement connue sous le nom de "Ré" en wolof. "C'est ainsi que je suis tombé malade, que mon œsophage s'est brûlé et j'avais des problèmes d'alimentation", a-t-il confié au présentateur Cherif Diop.
Face à cette situation critique, sa mère Mariem a fait preuve d'une détermination extraordinaire. "Ma mère me mettait dans un bassin où elle mettait de l'eau et du sel", se souvient Samba, évoquant les premiers soins prodigués pour maintenir son corps en vie. Après deux mois sous perfusion à Joal, il a été transféré dans plusieurs hôpitaux de Dakar, où une sonde gastrique lui a été posée, qui s'est malheureusement bouchée quelques semaines plus tard.
Le tournant de son histoire survient grâce à sa rencontre avec Cya Cloté, qu'il décrit comme "une grande femme, une femme d'honneur qui aime l'Afrique mais aussi l'Europe". Cette dernière a permis son transfert en Allemagne, où il a subi 77 opérations chirurgicales en dix ans. "À l'hôpital, c'était comme une troisième famille", témoigne-t-il.
Son séjour en Allemagne a été marqué par des moments intenses, notamment sa dernière opération particulièrement risquée. "On m'avait dit que c'était une opération très très difficile et très compliquée, et que ça pouvait même aller à la mort", explique-t-il. Son histoire a tellement ému qu'elle a fait la une de la presse allemande et lui a valu une rencontre avec le président allemand de l'époque.
Aujourd'hui, Samba porte un message d'espoir pour les autres enfants confrontés à des épreuves similaires : "Après chaque opération, je souriais [...] chaque enfant, chaque personne a le droit de rêver. L'empêchement d'une maladie ne veut pas dire que tu n'as pas le droit de rêver."
Son histoire fait désormais l'objet d'un livre publié aux éditions Feu de Brousse, dans la collection "Histoire de vie", une initiative visant à préserver la mémoire des parcours exceptionnels au Sénégal.
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LE SÉNÉGAL DÉVERROUILLE LA MÉMOIRE DE THIAROYE
Mamadou Diouf, président du comité de commémoration des 80 ans du massacre, salue les avancées obtenues grâce à la persévérance des autorités sénégalaises. L'historien détaille les préparatifs des cérémonies prévues le 1er décembre et au-delà
À trois jours de la commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, le professeur Mamadou Diouf, président du comité de commémoration, dresse un état des lieux des avancés dans la reconnaissance de cet événement tragique par la France.
Dans un entretien accordé à la RTS ce jeudi, le professeur de l'université Columbia de New York souligne l'importance de la récente reconnaissance par Emmanuel Macron des événements du 1er décembre 1944. "La pression sénégalaise à des effets", affirme-t-il, précisant que "le fait que le Sénégal a effectivement décidé non seulement de commémorer le massacre mais de s'investir dans la recherche des faits [...] fait que progressivement les entraves sont en train de se lever."
Ce massacre, perpétré contre des tirailleurs sénégalais revenus du front européen, reste entouré de zones d'ombre. Selon le professeur Diouf, « on ne sait pas combien de tirailleurs ont été rapatriés en 44, on ne sait pas les circonstances dans lesquelles le massacre a été perpétré, on ne connaît pas le nombre de victimes et on ne sait même pas où elles sont enterrées."
L'ironie tragique de cet événement est particulièrement soulignée par l'universitaire : "Au moment où la France est en train de massacrer les tirailleurs sénégalais, la France célèbre la libération [...] c'est à ce moment-là que la France dit aux tirailleurs sénégalais qui se sont battus pour la France : 'Vous retournez à votre place et votre place c'est la place de colonisé.'"
Le nouveau régime sénégalais a pris l'initiative de rouvrir ce dossier historique, longtemps maintenu fermé par la France. Les commémorations du 1er décembre 2024 comportent une série d'événements officiels, incluant un dépôt de gerbes au cimetière en présence du chef de l'État, des cérémonies au camp de Thiaroye, et diverses prestations culturelles.
"Le travail de recherche va continuer jusqu'en avril", précise le professeur Diouf, annonçant l'organisation de panels et de conférences pour approfondir la connaissance de cet événement historique qui, selon ses mots, "porte aussi cet espoir et ces valeurs que les tirailleurs ont acquis dans la guerre et se sont lancés dans une bataille qui est une bataille pour l'émancipation.
texte collectif
MÉMOIRE DE THIAROYE : LE SÉNÉGAL ÉCRIT L’HISTOIRE OUBLIÉE PAR LE DÉNI COLONIAL FRANÇAIS
Le souvenir des tirailleurs ne saurait se limiter à des cérémonies dictées par l’État français. Cette mémoire nous appartient : elle est celle des peuples africains, les véritables héritiers de ce drame et les seuls légitimes à en préserver l’héritage
La commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye prend une tournure révélatrice de l’approche française face à ce drame colonial. Contrairement aux premières informations qui laissaient entendre une éventuelle présence d’Emmanuel Macron, le président français a choisi de se faire représenter par Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Ce choix, s’il évite la controverse directe liée à la venue du président français Emmanuel Macron, ne répond pas pour autant aux exigences de vérité et de justice portées par les militants du panafricanisme et de la souveraineté que nous sommes. Tant que la France n’assumera pas pleinement ses responsabilités historiques dans ce crime colonial, toute représentation officielle reste insuffisante et dénuée de sens pour honorer la mémoire des martyrs et leurs descendants.
Le massacre de Thiaroye, survenu le 1ᵉʳ décembre 1944, est l’une des tragédies les plus emblématiques du colonialisme français. Ce jour-là, des tirailleurs africains démobilisés furent massacrés par l’armée française pour avoir revendiqué leurs soldes. Ce drame illustre l’arbitraire colonial et la violence d’un système marqué par le mépris des droits fondamentaux des Africains ayant pourtant combattu pour libérer la France. Aujourd’hui encore, les archives restent verrouillées, et les réparations attendues ne sont qu’un mirage.
Le déni colonial français : des gestes insuffisants et une mémoire trahie
En 80 ans, la reconnaissance par la France de sa responsabilité dans le massacre de Thiaroye demeure limitée et empreinte de paternalisme. En 2014, lors d’une visite officielle à Dakar, François Hollande avait qualifié ces événements de « tout simplement épouvantables, insupportables ». Pourtant, ces paroles n’ont été suivies d’aucune action concrète. Dix ans plus tard, en 2024, la France s’est contentée d’un geste minimaliste en attribuant la mention « Morts pour la France » à seulement six tirailleurs identifiés, un effort dérisoire au regard de l’ampleur du drame. Les descendants des victimes attendent toujours un véritable travail d’ouverture des archives, une reconnaissance complète des responsabilités et des indemnisations justes et légitimes.
Les tentatives persistantes de la France pour occulter ce crime témoignent d’une désinvolture inacceptable face à son passé colonial. En tant qu’Africains, nous exigeons que cette démarche mémorielle cesse d’être unilatérale et paternaliste. Elle doit impérativement associer les pays d’origine des victimes, refléter notre quête de justice et respecter la dignité de nos peuples. Le souvenir des tirailleurs ne saurait se limiter à des cérémonies dictées par l’État français. Cette mémoire nous appartient : elle est celle des peuples africains, les véritables héritiers de ce drame et les seuls légitimes à en préserver l’héritage.
L’appropriation sénégalaise : un acte de souveraineté mémorielle
Dans ce contexte, il est essentiel de saluer la détermination du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko à inscrire la mémoire du massacre de Thiaroye dans une perspective véritablement africaine. Leur engagement pour une appropriation souveraine de ce drame historique marque une rupture nécessaire avec les récits imposés par la France. En plaçant cette tragédie sous l’autorité des Africains, ils affirment la volonté des peuples concernés de contrôler leur propre histoire, loin des discours paternalistes ou des symboles vides de sens.
Cet effort d’appropriation mémorielle est un pas décisif vers une justice historique. Il montre que l’Afrique, forte de sa dignité et de sa mémoire, refuse désormais que ses drames soient instrumentalisés pour servir des intérêts extérieurs. Cette posture courageuse ouvre la voie à une réconciliation basée sur la vérité, la reconnaissance et le respect mutuel.
Une commémoration sous haute vigilance
La décision d’Emmanuel Macron de déléguer sa représentation à un ministre montre la crainte d’un rejet populaire face à son implication dans cette commémoration. Toutefois, cette absence ne saurait suffire à réconcilier la France avec ce passé douloureux. Trop souvent, ces cérémonies se transforment en tribunes pour des annonces symboliques qui ne changent rien au fond des relations franco-africaines. La mémoire des martyrs de Thiaroye ne peut être un outil de blanchiment des crimes coloniaux ou un spectacle destiné à redorer l’image de la France en Afrique.
Pour que cette commémoration ait un véritable sens, elle doit être l’occasion d’actions concrètes : ouverture totale des archives, reconnaissance des responsabilités, excuses officielles, et réparations pour les descendants des victimes. Elle doit également se dérouler sous l’autorité des pays concernés, afin d’être un réel moment de justice mémorielle. Sans ces engagements, même présence de la délégation française apparaîtra comme une provocation, voire une insulte à la mémoire des victimes.
Une mémoire au service de la souveraineté et de la justice
Le massacre de Thiaroye incarne l’injustice coloniale dans toute sa brutalité. Ce quatre-vingtième anniversaire ne peut être réduit à une simple occasion pour la France de réorienter ses relations avec l’Afrique sans assumer ses responsabilités historiques. En prenant en main cette mémoire, le Sénégal montre qu’il est possible de s’affranchir des récits imposés et de construire une souveraineté mémorielle solide.
La France, quant à elle, doit comprendre que son avenir en Afrique ne pourra se dessiner sans une reconnaissance claire et sans réparations concrètes pour les crimes du passé. Thiaroye 44 ne doit pas être un théâtre d’effets d’annonce, mais un tournant vers une justice authentique portée par ceux qui en sont les véritables héritiers.
Liste signataires
- Abdou Aziz Diouf, Professeur titulaire, FSJP, UCAD
- François Joseph Cabral, Professeur titulaire, FASEG, UCAD
- Mouhamed Abdallah Ly, Directeur de recherche assimilé, IFAN, UCAD
- Dr Félix Atchadé, médecin
- Dr Ismaïla Fall, Chimiste
- Mme Olivia Marie Guèye, Informaticienne
- Bado Ndoye, Professeur titulaire, FLSH, UCAD
- Ahmadou Wagué, Professeur titulaire, FST, UCAD
- Mouhamed Abdallah Ly, Directeur de recherche assimilé, IFAN, UCAD
- El Hadji Samba Ndiaye, Professeur assimilé, UCAD
- Oumar Dia, Maître de conférences titulaire, FLSH, UCAD
- Mme Ndèye Aida Dia, Doctorante, ETHOS, UCAD
- Mohamed Lat Sack Diop, Maître de conférences titulaire, EBAD, UCAD
- Mamadou Kabirou Gano, Maître de conférences titulaire, FASTEF, UCAD
-Mor Dièye, Maître de conférences titulaire, EBAD, UCAD
- Thierno Guèye, Maître de conférences assimilé, FASTEF, UCAD
- Dr. El Hadji Séga Guèye, Sociologue
VERS UNE BAISSE DES PRIX DU CARBURANT ET DE L'ÉLECTRICITÉ ?
En réponse aux rumeurs sur une éventuelle hausse des prix du carburant, le ministère de l’Énergie a clarifié la situation. Le gouvernement travaille à la réduction des prix des produits pétroliers et de l’électricité, tout en ciblant mieux les subventions
Le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines informe qu’en réponse aux rumeurs évoquant une éventuelle hausse des prix du carburant, le gouvernement travaille activement, en collaboration avec les services compétents sous la tutelle du ministère, pour parvenir à une baisse des prix des produits pétroliers et de l’électricité, ainsi qu’à un meilleur ciblage des subventions. Ces efforts s’inscrivent dans le cadre de l’arrêté conjoint fixant le taux et l’assiette de la redevance de la Commission de Régulation du Secteur de l’Énergie (CRSE).
Le communiqué précise que « les travaux sont bien avancés » et que « les résultats seront partagés dans les meilleurs délais ».
Le ministère a également rappelé la base légale justifiant la signature de l’arrêté en question. Selon le communiqué, cette redevance est instituée par l’article 26 de la loi n° 2021-32 du 9 juillet 2021 portant création, organisation et attributions de la CRSE.
Le décret d’application n° 2022-1593 du 12 septembre 2022 précise que cette redevance a pour objectif de garantir l’autonomie de fonctionnement et l’indépendance de la Commission, à l’instar de pratiques similaires observées dans d’autres secteurs tels que les télécommunications ou l’électricité au niveau régional, notamment avec l’Autorité de Régulation Régionale du Secteur de l’Électricité de la CEDEAO (ARREC).
Le ministère souligne que la redevance a toujours existé et que les opérateurs du secteur de l’électricité s’en acquittent depuis la création, en 1998, de l’ex-Commission de Régulation du Secteur de l’Électricité. L’extension du paiement de cette redevance aux opérateurs des secteurs nouvellement régulés est désormais nécessaire. Cette redevance est conçue pour être équitable et proportionnelle aux activités des acteurs régulés dans les secteurs concernés, à savoir : l’électricité, l’aval des hydrocarbures et l’intermédiaire et l’aval gazier.
En effet, le communiqué rappelle qu’aucun des acteurs détenteurs d’une licence d’importation, de stockage, de transport et/ou de distribution dans l’aval des hydrocarbures et dans les activités intermédiaires et avals gaziers ne s’acquitte de cette redevance, contrairement à ce qui se pratique dans d’autres secteurs. Or, la CRSE veille, entre autres, à garantir leur viabilité financière.
La CRSE précise qu’elle a consulté et informé les acteurs concernés sur les modalités de cette redevance, qui vise à assurer le bon fonctionnement des activités de régulation des secteurs de l’électricité et des hydrocarbures, conformément aux dispositions légales susmentionnées.
DIOMAYE FAYE POSE LA QUESTION DES BASES MILITAIRES FRANÇAISES
Le chef d'État rappelle le poids de l'histoire coloniale dans les relations actuelles entre Paris et Dakar. Il invite à un exercice de perspective en demandant aux Français d'imaginer des soldats sénégalais stationnés sur leur territoire
(SenePlus) - Dans un entretien exclusif accordé à France 2, le président Bassirou Diomaye Faye a abordé la question sensible de la présence militaire française dans son pays, laissant entrevoir un possible retrait des 350 soldats français actuellement déployés sur plusieurs bases à Dakar et ses environs.
Le chef d'État, qui avait fait du départ des troupes françaises l'une de ses promesses de campagne, a développé sa position en utilisant une analogie frappante : "Est-ce qu'en tant que Français, vous envisagez de nous voir dans votre pays avec des chars ou avec des véhicules militaires, des militaires sénégalais avec les tenues sénégalaises ?"
Poursuivant son raisonnement, le président a évoqué le contexte historique pour justifier sa position : "Comme ça, parce que sur le plan historique, la France a esclavagisé, a colonisé et est restée." Il a ensuite invité ses interlocuteurs à un exercice de perspective : "Quand vous inversez un peu les rôles, vous ne concevrez très mal qu'une autre armée, la Chine, la Russie, le Sénégal ou n'importe quel autre pays puisse avoir une base militaire en France."
Interrogé directement sur le départ des soldats français, Bassirou Diomaye Faye a cependant fait preuve de prudence diplomatique, refusant de fixer un calendrier précis : "Il n'y a pas encore de délai de rigueur par rapport à ça et si ça doit être fait, ça sera dit aux autorités françaises qui en auront la primeur et suivant les calendriers établis", a-t-il déclaré à France 2.
LA FRANCE AVOUE ENFIN LE MASSACRE DE THIAROYE
Dans une lettre à Diomaye, Macron qualifie pour la première fois de "massacre" la tuerie perpétrée contre les tirailleurs africains en 1944. Le président sénégalais espère désormais "un engagement total" de la France dans la recherche de la vérité
(SenePlus) - Dans un geste historique, le président Emmanuel Macron reconnaît officiellement le "massacre" de Thiaroye dans une lettre adressée à son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye, quatre-vingts ans après les événements tragiques du 1er décembre 1944.
Dans une interview exclusive accordée à France 2 ce 28 novembre 2024, le président sénégalais a révélé cette avancée significative : "J'ai reçu aujourd'hui une lettre du président Macron dans laquelle il reconnaît que ce fut en effet un massacre". Dans cette lettre citée par RFI, le chef de l'État français écrit que « la France se doit de reconnaître que ce jour-là, la confrontation de militaires et de tirailleurs qui exigeaient que soit versé l'entièreté de leur solde légitime, a déclenché un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre. »
Cette reconnaissance officielle marque un tournant décisif dans l'histoire franco-sénégalaise, après des décennies de silence et de minimisation des faits.
Selon une enquête approfondie du Monde, le drame s'est déroulé à l'aube du 1er décembre 1944, lorsqu'un impressionnant dispositif militaire - comprenant un millier de soldats, trois automitrailleuses, un char et deux blindés - a encerclé le camp où dormaient les tirailleurs africains. L'opération s'est soldée par une fusillade meurtrière contre ces soldats qui réclamaient simplement le paiement de leurs indemnités après avoir servi sous l'uniforme français pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le bilan humain de cette tragédie reste controversé. Si les autorités militaires de l'époque n'ont reconnu que 35 morts, l'historienne Armelle Mabon estime le nombre de victimes "entre 300 et 400". Un rapport militaire de l'époque, mentionné par Le Monde, fait état de "508 cartouches tirées" sur une "foule compacte", suggérant "un carnage de grande ampleur".
Le président Bassirou Diomaye Faye voit dans cette reconnaissance une opportunité historique : "Ce pas consistant à reconnaître que c'est un massacre doit ouvrir la porte à une collaboration parfaite pour la manifestation de toute la vérité sur ce douloureux événement de Thiaroye", a-t-il déclaré à France 2. Il souligne cependant que "quelque chose a été caché" et espère désormais "un engagement total" de la France dans la recherche de la vérité.
Cette reconnaissance fait écho aux déclarations récentes de l'ancien président François Hollande qui, dans un entretien à RFI plus tôt cette semaine, avait déjà qualifié les événements de "massacre", précisant qu'il s'agissait d'une "répression à la mitrailleuse" et non d'une simple manifestation qui aurait dégénéré.
La reconnaissance officielle du massacre par Emmanuel Macron intervient alors que de nombreuses zones d'ombre persistent encore, notamment en raison d'archives manquantes ou inaccessibles. Elle marque néanmoins une étape cruciale dans le processus de reconnaissance et de réconciliation entre la France et le Sénégal, ouvrant potentiellement la voie à de nouvelles investigations sur ce chapitre tragique de l'histoire coloniale française.
L'ÉTONNANT REBOND D'AIR SÉNÉGAL
Six mois après une sortie de piste qui avait fait 11 blessés, la compagnie obtient le renouvellement de sa certification internationale de sécurité. Un sésame qui lui permet de maintenir ses accords avec des partenaires comme Royal Air Maroc ou Air France
(SenePlus) - Dans un développement significatif pour l'aviation civile ouest-africaine, Air Sénégal vient d'obtenir le renouvellement de sa certification Iosa (Iata Operational Safety Audit) jusqu'au 25 novembre 2026. Ce renouvellement, effectif dès le 26 novembre, intervient dans un contexte particulier marqué par un incident majeur survenu plus tôt cette année.
La certification Iosa, véritable sésame pour les compagnies aériennes internationales, représente un gage de sécurité rigoureux. Selon les informations de Jeune Afrique (JA), ce processus implique la validation de pas moins de 1 057 points de contrôle, couvrant huit domaines essentiels de l'exploitation aérienne, notamment la maintenance et la formation des équipages. "Une première réunion de travail en présentiel est suivie d'un certain nombre d'échanges entre les auditeurs et la compagnie", détaille le média, soulignant la rigueur du processus.
L'obtention initiale de cette certification en août 2023 avait ouvert de nouvelles perspectives pour le transporteur national sénégalais. La compagnie avait ainsi pu négocier des accords stratégiques avec plusieurs partenaires de renom : un accord de partage de code avec Royal Air Maroc et Air Côte d'Ivoire, ainsi qu'un accord interligne avec Air France permettant aux passagers de poursuivre leur voyage vers d'autres destinations françaises depuis Paris. Toutefois, Jeune Afrique précise qu'à ce jour, seul l'accord avec Royal Air Maroc est pleinement opérationnel.
Un incident majeur qui soulève des questions
Le renouvellement de la certification intervient pourtant dans le sillage d'un incident sérieux. Dans la nuit du 8 au 9 mai, un Boeing 737-300 affrété par Air Sénégal auprès de la compagnie privée Transair est sorti de piste lors d'un vol Dakar-Bamako, causant onze blessés. L'appareil en question, âgé de plus de 30 ans et acquis fin 2023 auprès de la compagnie roumaine Tarom, faisait l'objet de critiques récurrentes de la part des passagers, comme l'attestent les témoignages recueillis par JA.
Cette situation soulève des interrogations sur les procédures d'audit. Un expert du secteur, cité par le journal, apporte un éclairage crucial : "Lors de leur passage, les auditeurs Iosa ne rentrent pas dans les avions affrétés, ils vérifient simplement que l'acteur qu'ils contrôlent a bien effectué son propre audit de la compagnie à laquelle il recourt".
L'enquête menée par Jeune Afrique n'a pas réussi à établir si l'appareil Transair impliqué dans l'incident disposait des certifications requises. De plus, la chronologie exacte de l'audit Iosa par rapport à l'incident reste floue, l'IATA ayant déclaré que "toutes les données concernant ce genre d'audit sont confidentielles".
Fait notable relevé par le journal : selon les données de Flightradar24, Air Sénégal a cessé d'utiliser les appareils Transair depuis le 13 mai, suggérant une révision significative de sa politique d'affrètement.
Le précédent des accidents majeurs
Jeune Afrique rappelle que d'autres accidents graves dans l'histoire récente de l'aviation africaine n'ont pas non plus entraîné de remise en cause des certifications. Le crash du Boeing 737 MAX d'Ethiopian Airlines en mars 2019 et celui du McDonnell Douglas DC-9-83 de Swift Air exploité par Air Algérie en juillet 2014 n'ont pas affecté le statut Iosa de leurs opérateurs respectifs. Dans ces cas, les enquêtes ont conclu à une défaillance logicielle pour le premier et à une réaction inadaptée de l'équipage pour le second.
L'incident impliquant le vol Transair affrété par Air Sénégal reste actuellement sous investigation par le Bureau d'enquête et d'analyse sénégalais, dont les conclusions pourraient avoir des implications significatives pour les pratiques d'affrètement dans la région.
MODOU GAYE SECK APPELLE À UNE SYNERGIE D’ACTIONS POUR TRANSFORMER L’AGRICULTURE
Le directeur des financements au ministère de l’Agriculture plaide pour une cohérence d’ensemble et des investissements structurants afin de booster le secteur agro-sylvo-pastoral.
Le directeur des financements et des partenariats au ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Modou Gaye Seck, a insisté mercredi, sur la nécessité pour les différents acteurs de mener une « cohérence d’ensemble » pour mieux stimuler le développement du secteur agricole.
« Nous ne pouvons pas développer ce pays si chacun est dans son coin à faire ce qu’il a pensé être bon (…) Il faut une structuration et une cohérence d’ensemble dans ce que nous faisons. Le développement durable de l’agriculture doit reposer sur la stratégie des 3F, c’est-à-dire +formaliser, former avant de financer », a estimé M. Seck.
Le directeur des financements et des partenariats au ministère de l’Agriculture s’exprimait en marge de la cérémonie de clôture de la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat à Dakar.
Il a rappelé que seuls 2% des unités économiques du pays sont formalisées et que le secteur agro-sylvo-pastoral reçoit moins de 2% des crédits bancaires.
Modou Gaye Seck a assuré que la stratégie des 3F (formaliser, former avant de financer) est en cours d’élaboration pour « remédier à cette situation, prônant une synergie d’actions et une mutualisation des efforts ».
Insistant sur la nécessité d’une « cohérence d’ensemble » pour transformer l’économie agricole sénégalaise, M. Seck a soutenu qu’ »on ne peut pas développer ce pays si chaque acteur reste dans son coin ».
Il a par ailleurs relevé le paradoxe du secteur de l’agriculture familiale qui représente 70% de l’économie, mais dans lequel on ne travaille que 2 à 3 mois par an, correspondant à la saison des pluies.
Pour y remédier, Modou Gaye Seck a plaidé pour des investissements structurants, notamment dans l’irrigation, la solarisation, la mécanisation et l’accès au financement.
Le directeur des financements et des partenariats au ministère de l’Agriculture a également souligné l’importance de la collaboration avec le secteur privé dans l’optique de « créer une chaîne de valeur performante, allant de la production à la commercialisation ».
Il a en outre dévoilé des projets en cours, tels que la création de 20 000 sociétés coopératives d’ici 2029 et la mise en place de hangars de stockage pour résoudre les problèmes liés à la gestion des stocks agricoles.
Il a par ailleurs exprimé l’engagement du ministère de l’Agriculture à soutenir l’entrepreneuriat agricole et la souveraineté alimentaire, en collaboration avec le secteur privé et d’autres départements ministériels et appelé à une « mobilisation collective pour transformer le secteur agricole et renforcer la résilience économique du pays ».
LA RÉVOLUTION DES NITTU DAARA
Médias, politique, recherche : les produits des écoles coraniques s'imposent dans des espaces auparavant réservés aux élites issues du système français. Longtemps cantonnés dans des rôles subalternes, ils s'émancipent désormais de l'héritage colonial
Très présents dans les médias, la politique, le secteur privé et dans le monde universitaire, les "Nittu Daara" sont en train de bousculer la hiérarchie et un espace qui était souvent réservé aux produits de l'école française. Et la troisième édition de la journée nationale des daara célébrée aujourd'hui est juste une nouvelle étape dans cet "affranchissement" de ces produits des daara.
Cantonnés depuis longtemps dans des rôles "primitifs" de prise en charge du destin des enfants talibés dans les écoles coraniques, les "Nittu Daara" ne devaient pas sortir de cette "délimitation historique", survivance d'une dichotomie coloniale. Ainsi, l'administration qui était alors fille de cette colonisation devait être composée uniquement de fonctionnaires issus de l'école dite française. Et cette séparation a continué même après les indépendances malgré quelques embellies dans l'enseignement et la diplomatie.
Mais depuis quelques années, force est de constater que les "Nittu daara" sont en train visiblement de faire leur mue au Sénégal. Ils s'affranchissent de plus en plus de cet ostracisme historique. Dans les médias par exemple, ils commentent l'actualité politique. Sortant peu ou prou de leur zone de confort habituelle qui est la prêche et les écoles coraniques, ils donnent de plus en plus leurs points de vue sur les affaires de la cité.
C'est dans ce cadre qu'il y a eu l'avènement de figures médiatiques comme le chroniqueur Bara Ndiaye, élu récemment député. Clivant mais très visible dans l'espace médiatique, ce dernier s'est bâti une réputation grâce à ses analyses politiques et son sarcasme détonnant. Et ses prises de position sur le plan politique en faveur du Pastef ont fait de lui par la force des choses une des figures de proue du "Projet".
D'autres "Nittu daara" comme Mbacké Sylla, Maodo Faye, Mansour Diop, imam Mouhamad Al amine Dramé s'essaient aussi à l'analyse politique et se disputent l'espace médiatique avec les autres chroniqueurs attitrés.
Dans le même ordre d'idées, force est de constater que beaucoup de personnalités issues des daara se sont engagées ces dernières années en politique. Et cet état de fait est plus saillant encore avec le Pastef avec le Mouvement des "Domou Daara" des Patriotes (MODAP) qui est une entité influente de cette formation politique.
Serigne Mboup, symbole d'une "intégration" réussie
D'ailleurs à l'issue des élections législatives, plusieurs parmi eux vont entrer à l'hémicycle. Un acteur politique comme Serigne Modou Boussou Dieng avait même sa propre coalition lors de ces législatives. Mais celui qui incarne à merveille cette "intégration" réussie est sans doute l'homme d'affaires Serigne Mboup. Chef d'entreprise prospère, l'ancien pensionnaire de Koki a réussi aussi son entrée en politique devant le maire de la ville de Kaolack, sans oublier qu'il était aussi candidat lors de la dernière élection présidentielle.
Serigne Cheikh Tidiane Sy «Al Maktou», Sidy Lamine Niasse, Serigne Mansour Sy « Jamil», ces précurseurs
Toutefois, il est important de noter que même si ces figures sont les plus visibles dans l'espace médiatique, il y a plusieurs « Nittu daara » qui ont eu des intégrations réussies dans ces sphères jusqu'à présent très réservées aux «francisants». Ils sont nombreux à être dans la finance, le secteur privé, mais aussi dans le monde académique comme le tout nouveau Directeur des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés en langue arabe, Djim Drame qui est maître de recherches titulaire à l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN). Il y a aussi Professeur Abdou Aziz Kébé qui n'est plus à présenter sur le plan intellectuel mais aussi la jeune garde incarnée par Dr Sidy Jamil Niane.
Chargé de recherche titulaire en islamologie, Seydi Diamil Niane a soutenu une thèse en islamologie au Département d’études arabes de l’Université de Strasbourg en septembre 2017 sur « Le conflit idéologique entre le wahhabisme et la confrérie soufie Tijāniyya au sud du Sahara : le Sénégal en exemple. Actuellement il est chercheur à l'IFAN. Par ailleurs, il faut dire que même s'il y a des efforts à faire pour atteindre un syncrétisme réussi entre l'école française et les daara, il faut souligner que beaucoup d'eau a coulé depuis l'époque où des figures emblématiques comme Serigne Cheikh Tidiane Sy Al «Maktoum», qui est le premier «Nittu daara» à créer un parti politique vers les années 50, Sidy Lamine Niasse, Serigne Mansour Sy Jamil étaient les seules embellies dans la grisaille. Désormais la mayonnaise commence à prendre.
PAR Boubacar Biro Diallo
HABITAT À DAKAR : ENTRE DÉFIS PERSISTANTS ET SOLUTIONS À RÉINVENTER
La modernisation des modèles existants comme les SICAPS et la Société HLM, couplée à une réorientation sociale du projet Diamniadio, pourrait ouvrir la voie. Une transformation qui nécessite une vision politique claire
Dakar, à l’instar de nombreuses grandes villes africaines, fait face à une crise aiguë du logement. La pression démographique, conjuguée à une urbanisation rapide et souvent désordonnée, a exacerbé les inégalités sociales. La flambée des loyers et l’insuffisance de logements sociaux plongent les jeunes professionnels et les familles défavorisées dans une quête incessante d’un habitat décent.
Malgré des efforts notables, comme ceux des SICAPS, de la Société HLM ou encore du projet ambitieux de Diamniadio, la demande croissante de logements abordables reste largement insatisfaite. Ces initiatives offrent des enseignements précieux qui, s’ils sont renforcés et adaptés, pourraient guider vers des solutions durables.
SICAPS et Société HLM : Héritage et défis actuels
Les SICAPS : Offrir des terres viabilisées à faible coût
Les Sociétés Immobilières pour la Construction et l’Aménagement de Parcelles Sociales (SICAPS) ont été mises en place pour fournir aux familles modestes des parcelles viabilisées à des coûts accessibles. Elles ont permis à de nombreuses familles de construire leur propre maison dans des zones périphériques comme Pikine, Yeumbeul ou Guédiawaye.
Cependant, ce modèle a rencontré des obstacles majeurs :
Insuffisance des infrastructures : L’absence de routes, d’écoles, ou encore de centres de santé dans ces zones a compromis leur viabilité.
Spéculation foncière : Les parcelles, bien que destinées à des ménages modestes, sont souvent revendues à des prix exorbitants.
La Société HLM : Un acteur historique en quête de renouveau
Depuis les années 1970, la Société Habitations à Loyer Modéré (HLM) a joué un rôle essentiel dans la création de logements collectifs à Dakar. Des quartiers comme Grand Yoff, Fass ou les Parcelles Assainies témoignent de l’impact de cette institution.
Toutefois, l’institution doit faire face à :
Une demande dépassant largement son offre.
Des projets inadaptés aux besoins actuels des jeunes actifs.
Une coordination insuffisante avec d’autres partenaires du secteur immobilier.
Diamniadio : Une solution ambitieuse mais sélective
Le pôle urbain de Diamniadio représente une tentative audacieuse du gouvernement sénégalais pour décongestionner Dakar. Cette ville nouvelle se veut un modèle d’urbanisme moderne, intégrant zones résidentielles, économiques et universitaires.
Les points forts :
Diamniadio a déjà permis le développement de résidences modernes et d’infrastructures telles que le Train Express Régional (TER).
En attirant des entreprises et des investisseurs, la zone a contribué à une décentralisation progressive.
Les limites :
Coût élevé des logements : Une majorité des habitations construites sont inaccessibles aux ménages modestes.
Manque d’infrastructures sociales : Les écoles, hôpitaux et espaces verts restent insuffisants, limitant l’attractivité pour les familles.
Inclusion sociale absente : Peu de logements sociaux sont intégrés dans les projets en cours.
Si Diamniadio doit devenir un véritable modèle de développement urbain, il est impératif de revoir sa stratégie pour inclure des logements accessibles à tous.
Pistes pour un habitat durable et inclusif
Pour répondre aux défis du logement à Dakar, il est essentiel d’adopter une approche globale et inclusive :
Moderniser les modèles existants :
Renforcer les SICAPS avec des financements innovants et des partenariats public-privé.
Repenser la stratégie de la Société HLM pour répondre aux besoins des jeunes et des familles modestes.
Encourager un développement équitable à Diamniadio :
Imposer un quota de logements sociaux dans tous les projets immobiliers.
Développer des infrastructures sociales pour améliorer la qualité de vie.
Soutenir les coopératives d’habitat :
Inspirées des succès internationaux, ces structures permettent à des groupes de construire ensemble des logements durables et abordables.
Créer un fonds national pour le logement social :
Ce fonds pourrait financer des projets destinés aux populations vulnérables, en partenariat avec des bailleurs de fonds internationaux.
Renforcer la régulation immobilière :
Mettre en place des politiques de plafonnement des loyers pour lutter contre la spéculation foncière et protéger les locataires.
La crise du logement à Dakar n’est pas seulement un problème urbain, mais une urgence sociale et économique. En s’appuyant sur les acquis des SICAPS, de la Société HLM et sur les opportunités offertes par Diamniadio, le Sénégal peut tracer un chemin vers un avenir où chaque citoyen dispose d’un toit décent.
Cette transformation nécessite une vision politique claire, une collaboration active entre les secteurs public et privé, et surtout, une participation des citoyens pour construire ensemble un avenir inclusif.
L’heure est venue de transformer la crise en opportunité. Qu’attendons-nous pour agir ?