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1 décembre 2024
Diaspora
L'UTIME TEST POUR LES ÉTATS-UNIS
Le New York Times dresse le portrait d'une Amérique à la croisée des chemins. Le retour de Trump à la présidence fait planer l'ombre d'un pouvoir autoritaire sur Washington. Les garde-fous constitutionnels suffiront-ils à protéger les institutions ?
(SenePlus) - Dans un éditorial majeur, le comité de rédaction du New York Times (NYT) dresse un constat alarmant sur le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, qualifiant ce choix des électeurs américains de "périlleux" pour l'avenir de la nation.
"Les Américains doivent être lucides quant à la menace qui pèse sur le pays et ses lois émanant de son 47e président", affirme sans détour le comité éditorial du prestigieux quotidien new-yorkais.
L'analyse souligne que de nombreux électeurs ont voté pour Trump malgré ses défauts reconnus, motivés par des préoccupations concrètes : "les prix élevés, l'afflux d'immigrants, une frontière sud poreuse et des politiques économiques inégalement réparties dans la société."
Le journal rappelle les garde-fous constitutionnels établis par les Pères fondateurs, notamment le Premier Amendement permettant aux citoyens de s'assembler, de s'exprimer et de protester contre leur dirigeant. Une protection qui pourrait s'avérer cruciale face à une administration Trump qui, selon l'éditorial, "donnera la priorité à l'accumulation d'un pouvoir sans contrôle et à la punition de ses ennemis présumés."
"Il ne peut plus y avoir d'illusions sur qui est Donald Trump et comment il entend gouverner", prévient le comité de rédaction, rappelant son "mépris pour la loi" et les "normes et traditions démocratiques" durant son premier mandat.
L'éditorial souligne toutefois que les institutions américaines ont résisté une première fois : "Les fonctionnaires, les membres du Congrès, les membres de son propre parti et les personnes qu'il a nommées à des postes élevés se sont souvent opposés aux projets de l'ancien président."
Un point crucial est soulevé : "Trump ne peut pas se représenter pour un autre mandat. Dès son entrée à la Maison Blanche, il sera, en effet, un président en fin de mandat."
Pour le Parti démocrate, le journal préconise une introspection, pointant notamment qu'il "a mis trop longtemps à reconnaître que le président Biden n'était pas capable de briguer un second mandat."
L'éditorial conclut sur les mots historiques de Benjamin Franklin, rappelant que l'Amérique est "une république, si vous pouvez la conserver", tout en soulignant que si "l'élection de M. Trump représente une grave menace pour cette république, [...] le sort à long terme de la démocratie américaine reste entre les mains du peuple américain."
TRUMP REVENDIQUE UNE VICTOIRE HISTORIQUE
Dans une ambiance électrique à West Palm Beach, l'ancien président a proclamé avoir "écrit l'Histoire" de cette présidentielle. Fox News, média conservateur, est le seul à lui donner raison pour l'instant
(SenePlus)- Donald Trump s'est autoproclamé vainqueur de l'élection présidentielle américaine mercredi soir, alors que le dépouillement se poursuit dans plusieurs États clés. Lors d'une allocution à West Palm Beach, en Floride, l'ancien président a affirmé avoir réalisé "une victoire politique jamais vue" aux États-Unis.
"Nous avons écrit l'Histoire", a déclaré Donald Trump devant une foule de partisans enthousiastes, promettant dans la foulée "d'aider le pays à guérir".
Cette déclaration de victoire s'appuie uniquement sur les projections de Fox News, seul média américain à avoir annoncé un résultat définitif à ce stade. La chaîne conservatrice fait cavalier seul, alors que les autres grands médias américains attendent la fin du dépouillement dans les États décisifs avant de se prononcer.
Cette annonce intervient dans un contexte de grande tension, alors que le décompte des votes par correspondance se poursuit dans plusieurs États clés qui pourraient déterminer l'issue finale du scrutin.
par Mohamed Mbougar Sarr
À PROPOS DE L’AFFAIRE SÉVERINE AWENENGO
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est ironique que l’opposition et le pouvoir soient tombés d’accord sur la condamnation de l’ouvrage. Ce seul fait devrait alarmer. Il n’est pas toujours obligé que la crainte sociale soit opposée à la nécessité de la connaissance
Sur ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire Séverine Awenengo », je voudrais dire quelques mots. D’emblée, je confesse une honteuse faute : je vais commettre à l’égard de ce livre la même injustice que la plupart des commentateurs de son actualité : je ne l’ai pas encore lu, ce qui devrait pourtant être le préalable élémentaire à toute discussion sérieuse le concernant. Naturellement, je le lirai bientôt et en reparlerai peut-être ici même, après lecture. Foi candide dans le geste élémentaire de la bonne foi critique : lire d’abord, commenter et juger ensuite. Il n’est pas certain - j’ai déjà, en toute modestie, une solide expérience à ce propos - que cette bonne foi intéresse le plus, en matière de controverse intellectuelle et littéraire au Sénégal. Mais c’est un autre sujet. Je précise aussi que je ne connais pas personnellement Madame Awenengo.
Le malentendu, comme souvent, semble venir de la confusion, calculée ou involontaire, entre l’approche scientifique - mais cela peut aussi valoir pour l’approche fictionnelle - d’un sujet et l’apologie politique ou morale de ce sujet. En l’occurrence, tout indique qu’on suspecte (ou, pour certains, qu’on accuse franchement) la chercheure de « défendre » ou « encourager » ou « légitimer » l’idée d’une autonomie de la Casamance. Et la suspicion semble s’appuyer sur le seul fait (je souligne) qu’elle y consacre un essai, fruit d’années de labeur, de lectures, d’analyses, de terrain. Je ne suis pas naïf au point de croire encore qu’il existe une « neutralité » (au sens d’une innocence absolue, d’une « perspective de Sirius » objectivement détachée) de la recherche académique. Il va de soi que tout travail universitaire est plus ou moins « situé » ; que tout chercheur, toute chercheure a d’inévitables biais (théoriques ou personnels) ; que la démarche scientifique, aussi rigoureuse soit-elle, s’effectue toujours dans un contexte politique et social auquel elle n’échappe pas, et avec lequel elle doit composer, y compris dans la gestion des affects que ce contexte génère.
Je sais tout cela. Seulement, je sais aussi que : 1) le travail universitaire obéit à des protocoles, des contrôles, des relectures, des critiques externes qui font que n’importe quoi ne se publie pas n’importe comment ; 2) que la suspicion d’un agenda politique « caché » d’un universitaire peut être confirmée ou infirmée par l’examen patient et rigoureux de son historique de recherches et de publications ; 3) qu’au cas où, pour une raison ou une autre, une proposition universitaire « suspecte » ou « problématique » sur un sujet réussissait à être publiée malgré tous les sas de validation, les autres universitaires, spécialistes de cette question - et il y a, sur la question de ce livre, de nombreux spécialistes, et beaucoup sont Sénégalais - la liront, la critiqueront, la réfuteront, au besoin.
Pour toutes ces raisons, j’ai trouvé très triste la manière dont cette affaire a été politisée, ramenée à des considérations navrantes sur la nationalité de l’universitaire impliquée et sa légitimité, à cause de ses origines, à traiter de ce sujet. Ce procès ne me paraît pas juste, et pour tout dire, je le trouve inquiétant. Si la légitimité à s’occuper de certains objets d’étude était indexée à la nationalité ou l’origine des universitaires, toute une bibliothèque de la connaissance humaine n’aurait jamais vu le jour. Qu’on imagine un seul instant ce qui se serait passé si celui qui est peut-être le plus grand chercheur de ce pays, Cheikh Anta Diop, avait été cantonné dans ses recherches à sa nationalité ou à son origine.
Il est tout à fait ironique que l’opposition et le pouvoir, pour des raisons absolument inverses - et toutes mauvaises à mon sens -, soient tombés d’accord sur la condamnation de l’ouvrage. Ce seul fait devrait alarmer. L’éditeur a fini par renoncer à le présenter à Dakar. Je ne vois pas de quoi se réjouir. Si, dans ce pays, la politisation systématique - ou même ponctuelle - de la production scientifique ou littéraire devait être le baromètre de la vie des livres, livres que, la plupart du temps, on ne lit pas, ou superficiellement, il y aurait de quoi être inquiet. Mais peut-être le conditionnel est-il superflu, et qu’il est déjà trop tard. Ce n’est pas la première fois, au Sénégal, que des politiques, pour de raisons bien faciles, accusent un livre et/ou son auteur de vouloir déstabiliser un pays ou pervertir sa culture.
La Casamance est un sujet « sensible », me dit-on. C’est vrai et je comprends, à la lumière de l’histoire récente, qu’on puisse craindre son instrumentalisation à des fins malintentionnées. Cependant, c’est presque au nom de cette « sensibilité » qu’il faut pouvoir accepter des travaux universitaires sur la question. Car ils éclairent, complexifient, donnent une profondeur historique, questionnent autrement et, in fine, je crois, produisent un savoir plus complet, débarrassé des mythes et des fantasmes, sur un sujet. Il n’est pas toujours obligé que la crainte sociale soit opposée à la nécessité de la connaissance. Celle-ci peut dissiper celle-là.
J’entends aussi que « ce ne serait pas le bon moment » pour parler de cette question. Prudence salutaire, peut-être. Mais elle entraîne une question dans sa foulée : quel serait le bon moment ? Je crois qu’il n’y a jamais de « bon » moment pour parler d’une question dite « sensible », pour la simple raison - et pardon pour la tautologie qui va suivre - que le propre de la « sensibilité », lorsqu’on l’entretient par la précaution du silence ou le report sine die, est de ne jamais être moins sensible. Ce n’est pas parce qu’on ne parle pas (scientifiquement) d’un sujet qu’il devient moins sensible dans le temps. A n’importe quelle époque, par temps d’élection ou non, il demeurera sensible. Et ce qui est tout le temps sensible et impossible à aborder mue inévitablement en tabou. Il faut absolument l’éviter, à mon sens.
UNE LONGUE NUIT ÉLECTORALE EN PERSPECTIVE AUX ÉTATS-UNIS
L'annonce du vainqueur de l'élection présidentielle américaine pourrait suivre deux scénarios radicalement différents, rappelant soit 2016 avec une victoire annoncée dès le lendemain matin, soit 2020 avec plusieurs jours d'attente
(SenePlus) - D'après le New York Times (NYT), l'annonce du vainqueur de l'élection présidentielle américaine pourrait suivre deux scénarios radicalement différents, rappelant soit 2016 avec une victoire annoncée dès le lendemain matin, soit 2020 avec plusieurs jours d'attente.
Le précédent de 2020 reste dans toutes les mémoires : il avait fallu attendre le samedi 7 novembre, soit quatre jours après le scrutin, pour que les médias confirment la victoire de Joe Biden. Sept États décisifs - l'Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et le Wisconsin - étaient restés en suspens au lendemain du vote.
Le décompte des votes par correspondance avait particulièrement complexifié le processus en 2020, créant ce que les experts appellent des "mirages" rouges et bleus. Ces phénomènes s'expliquent par l'ordre de dépouillement : certains États comptent d'abord les votes par correspondance, d'autres les votes en personne, créant des tendances temporaires trompeuses compte tenu des préférences partisanes dans le mode de vote.
Pour 2024, quelques changements pourraient accélérer le processus. Le Michigan, notamment, a modifié sa législation pour permettre le traitement anticipé des bulletins par correspondance. De plus, l'écart partisan dans l'utilisation du vote par correspondance devrait se réduire, les républicains y ayant davantage recours qu'en 2020.
Les premiers indices significatifs tomberont dès 19h (heure de l'Est) en Géorgie, suivis de la Caroline du Nord à 19h30. Les États cruciaux du "Mur Bleu" - Michigan, Pennsylvanie et Wisconsin - ainsi que l'Arizona et le Nevada fermeront leurs bureaux de vote plus tard dans la soirée, entre 20h et 22h.
Le journal new-yorkais souligne qu'historiquement, le décompte complet n'a jamais été achevé en une seule journée. La nouveauté en 2020 résidait dans l'impossibilité de faire des projections fiables le soir même du scrutin, en raison de l'importance inédite du vote par correspondance.
Par Vieux SAVANÉ
AUX ÉTATS-uNIS, LA DÉMOCRATIE À L'ÉPREUVE
La seule certitude est que nous avons affaire à une élection fortement polarisée et d’une violence inouïe avec le candidat Donald Trump complétement désinhibé, se livrant à toutes sortes d’outrances
Alors que plus de 75 millions d’Américains ont voté par correspondance et de manière anticipée, notamment dans les sept Etats-pivots (le Nevada, la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin, la Georgie, la Caroline du Nord, l’Arizona), c’est aujourd’hui que les électeurs et grands électeurs américains vont décider qui sera le prochain ou la prochaine présidente des Etats-unis d’Amérique. Si l’on en croit les sondages, le scrutin sera très serré.
La seule certitude est que nous avons affaire à une élection fortement polarisée et d’une violence inouïe avec le candidat Donald Trump complétement désinhibé, se livrant à toutes sortes d’outrances.
D’ores et déjà, Donald Trump affirme avec un étonnant aplomb que s’il perd l’élection, c’est tout simplement qu’il aura été battu par la triche. Rien d’étonnant du reste puisque, sans preuve aucune, il a refusé et refuse toujours de reconnaître sa défaite contre Joe Biden lors de leur confrontation en 2020 alors qu’il était président de la République. On est en face d’une posture noyée dans le complotisme et les «fake news» avec un candidat autoritaire qui donne l’impression d’être plutôt entouré par des groupies, en somme des gens tombés en fascination, installés dans une adhésion totale, bien loin du recul que nécessite l’usage de la raison.
En face, il y a Kamala Harris, une ancienne procureure habituée à se confronter aux faits, à les disséquer pour démêler le vrai du faux. Dans cette élection qui a lieu dans un pays dont on vante la force des institutions, il est surprenant de constater qu’il est rarement question de confrontations programmatiques mais de « fake news », de suspicions de fraudes non documentées.
Dans toute cette confusion où le souvenir de l’invasion du Capitole est encore vivace, ce jour d’élection est visité par la crainte de troubles voire de déferlement de violences incontrôlables. L’Amérique retient son souffle, tant l’issue de cette élection est incertaine et grosse de dangers. Redoutant le pire, la capitale Washington se barricade
PAR Fadel Dia
LE SYNDROME FAHRENHEIT 451
Dans son film intitulé « Fahrenheit 451 »; François Truffaut conte une société imaginaire, située dans un avenir proche, où le savoir et la lecture sont considérés comme un danger pour le pouvoir
L ’annonce de la présentation dans une librairie de la place d’un ouvrage consacré à l’histoire coloniale de la Casamance a provoqué une bruyante levée de boucliers, suscitée principalement par des membres de l’ancien parti au pouvoir, et avait poussé deux éminents professeurs d’histoire à s’élever contre ce qu’ils avaient appelé la « mise à l’index » d’un travail qui est, selon eux, le fruit d’une investigation scientifique.
Ils avaient donc pris la défense de leur métier commun, le « métier d’historien. Ils avaient porté un témoignage élogieux sur les qualités et le professionnalisme de son auteure et tancé vertement les responsables de la cabale montée contre elle, en s’en prenant directement à l’ancien parti au pouvoir et à ses dirigeants. Ils avaient enfin interpellé directement le président de la République et son Premier ministre et, se fondant sans doute sur l’engagement qu’ils avaient pris, avant d’arriver au pouvoir, de ne pas céder aux « pratiques d’un autre temps », ils avaient exprimé leur conviction qu’ils ne se laisseront pas entraîner dans ce qui ressemble à un bâillonnement de la recherche historique.
La réponse n’a pas tardé, vite relayée par la presse. Elle vient du Premier ministre qui s’est prévalu du soutien du président de la République. Ce n’était certainement pas la réponse qu’ils attendaient. Loin d’être rassurante, elle est même, d’une certaine manière, plus inquiétante que les prises de position des parties qu’ils avaient mise en cause !
Passons sur le fait que le Premier ministre ait servi sa réponse, sur une question aussi sensible, au cours d’un meeting électoral, qui n’est pas précisément le lieu le mieux indiqué pour délivrer un message empreint de sérénité et de mesure. Sa prise de position publique est d’autant plus surprenante que c’était probablement la première fois qu’il s’exprimait aussi clairement sur ce sujet brûlant et qu’il prenait le risque de se mettre à dos un mouvement qui en avait fait son dogme et, qu’à tort ou à raison, certains supposaient plutôt favorable à sa cause. Passons sur le fait que même si l’histoire n’appartient pas qu’aux historiens, il n’est pas la personne la mieux placée pour juger du contenu d’un livre d’histoire, surtout s’il n’a pas pris la peine de le lire méticuleusement. Sa réaction est en tout cas un désaveu de la qualité et des compétences des historiens sénégalais qui, en la matière, auraient dû lui servir de référents et de caution. On aurait mieux compris que, tenant compte de ses limites sur ce sujet et surtout du pouvoir que lui confère la loi, qu’il choisisse de faire appel à la justice pour qu’une enquête préliminaire soit lancée , s’il juge que l’auteure de l’ouvrage s’est « drapée dans une dignité qui n’est pas la sienne, celle de la science historique », comme Robert Badinter l’avait reproché au négationniste Robert Faurisson, que son livre est plus polémique que scientifique, qu’il occulte ou travestit la vérité, qu’il propage des thèses complotistes ou qu’il met en danger la cohésion nationale. Interdire la diffusion et la commercialisation d’un livre, sur la seule base d’une impression personnelle, est un acte de censure qu’on n’attendait pas de quelqu’un qui s’était retrouvé lui-même, il n’y a guère longtemps, sous la menace d’une telle mesure.
Passons sur l’accusation, gratuite jusqu’à preuve du contraire, portée sur l’auteure du livre, dont pourtant la probité et l’expérience avaient été vantées par ses collègues sénégalais, mais qui, selon le Premier ministre, ne serait qu’un maillon du réseau de manipulateurs dont se servirait la France, qui aurait saisi l’occasion pour se venger de sa déconvenue après le travail d’investigation mené par un autre historien.
Attardons-nous en revanche sur une autre partie de la péroraison du Premier ministre, celle où il affirme que l’auteure de l’ouvrage, par le seul fait qu’elle est de nationalité française, n’a pas « à écrire sur le Sénégal » et devrait consacrer son métier d’historienne à parler de la Corse ou de la Nouvelle Calédonie ! C’est faire fi de cette règle qu’un historien, un bon historien, n’est lié sérieusement que par les lois de sa discipline et qu’il est un juge juste et étranger à tous. C’est aussi suggérer que la Grèce ou l’Allemagne auraient le droit d’interdire à Souleymane Bachir Diagne de parler de Platon ou de Kant !
L’Histoire a certes ses faussaires, mais elle n’a pas de patrie
Dans son film intitulé « Fahrenheit 451 » François Truffaut conte une société imaginaire, située dans un avenir proche, où le savoir et la lecture sont considérés comme un danger pour le pouvoir. Leurs principaux vecteurs, les livres, ne sont pas seulement prohibés mais détruits systématiquement et le rôle des pompiers est de les brûler et non plus d’éteindre les incendies. On n’est pas dans la même situation et nous n’en sommes pas heureusement là, mais la décision prise par la deuxième personnalité de notre pays apparait, volontairement ou non, comme une manière d’empêcher les Sénégalais en général, et ceux d’entre eux qui ont accès à la lecture en particulier, de réfléchir, de juger par eux-mêmes sur un sujet qui est au cœur de notre vie politique et sécuritaire, et c’est sans précèdent dans notre histoire récente.
Les résistants de « Fahrenheit 451 » avaient trouvé comme solution pour sauver les livres de les apprendre par cœur, les Sénégalais que les propos du Premier Ministre ont mis en appétit se passent le livre dont il a interdit la vente par la toile, et gratuitement ! On peut dire que, par ses propos incendiaires, il n’a pas seulement fâché les défenseurs du droit à l’expression et les passionnés d’histoire locale, il a aussi fait à cet ouvrage qui, nous dit-on, a provoqué chez lui une colère noire, une énorme publicité dont on peut se demander si elle est méritée!
par Thierno Alassane Sall
TRANSHUMANCE ET REDDITION DES COMPTES
Le stratagème de Sonko pour récupérer les chefs de famille APR est à présent clair. D'abord, annoncer une grande battue des pilleurs de la République. Ensuite, interdire de sortie du territoire tous ceux qui parmi le gotha BBY se présentent aux frontières
Le stratagème mis en place par Ousmane Sonko pour récupérer les chefs de famille APR est à présent très clair.
D'abord, annoncer une grande battue des pilleurs de la République. Ensuite, interdire de sortie du territoire presque tous ceux qui parmi le gotha Bennoo se présentent aux frontières. Puis, faire savoir qu'il y a une liste rouge, en laissant le doute ronger les plus frileux (trois ou quatre ont pu passer avant que la nasse ne se referme avait dit Sonko). Enfin, attendre.
Et voici que se déclenche soudain une massive transhumance de politiciens pressés par la peur de la prison. Les moins courageux prennent la carte du Pastef sans condition. Les revirements les plus improbables se produisent aux grands jours. Les « démons » deviennent des « anges » dès qu'ils passent des herbes mortes marron-beige aux prairies vertes du Pastef
Pastef nous avait promis de restaurer l'éthique en politique et de ne jamais accepter la transhumance. Au grand jour, il l'a hissée à une échelle qui pourrait tuer pour longtemps la morale en politique.
LE PASTEF SEUL CONTRE TOUS
Le choix de faire cavalier seul aux législatives du 17 novembre soulève des questions cruciales sur l'avenir du mouvement. Il suscite par ailleurs incompréhension et colère au sein des membres de l'ancienne coalition victorieuse de mars
(SenePlus) - De la dissidence à la présidence, en passant par la clandestinité, le Pastef s'apprête à écrire un nouveau chapitre de sa jeune histoire. Dix ans après sa création dans une modeste salle de l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, le parti d'Ousmane Sonko fait le pari risqué d'affronter seul les législatives du 17 novembre.
Selon Jeune Afrique (JA), l'annonce a été faite lors d'une réunion qui avait des airs d'oraison funèbre pour la coalition "Diomaye président". Face aux alliés réunis à l'hôtel King Fahd de Dakar le 21 septembre dernier, le Premier ministre a tranché : "Seule la liste de Pastef allait participer aux élections", relate Charles Ciss, qui dénonce un "procédé antidémocratique et discourtois".
Un virage stratégique assumé par les cadres du parti. "Après une élection, on n'a plus d'alliés. Tous ceux qui nous ont accompagnés retournent dans leur propre camp ou se fondent dans le parti", explique l'un d'eux à JA. Une position qui marque la volonté d'émancipation du mouvement : "Il est temps de revenir à nos fondamentaux. Nous avons un parti jeune, qui a besoin d'une majorité stable."
Le parcours de Pastef détonne dans le paysage politique sénégalais. Créé en 2014 par un groupe d'inspecteurs des impôts autour d'Ousmane Sonko, le parti s'est construit sans scission avec les formations existantes. Parmi les architectes de cette ascension fulgurante, Bassirou Diomaye Faye, devenu président de la République, a joué un rôle crucial dans l'élaboration du "Projet", le programme qui a séduit les Sénégalais en mars 2024.
L'histoire récente du parti est marquée par une période sombre. Le 31 juillet 2023, une dissolution par décret présidentiel, une première dans l'histoire récente du Sénégal, contraint le mouvement à la clandestinité. "Cette période-là a été très compliquée, nous devions tenir nos réunions de manière presque clandestine", se remémore Madièye Mbodj, vice-président et conseiller spécial du chef de l'État, interrogé par Jeune Afrique.
La renaissance officielle intervient le 27 mars 2024, quelques jours après la victoire présidentielle, par un décret d'abrogation signé par Macky Sall "dans un souci d'apaisement". Aujourd'hui fort de près de 10.000 membres, le parti a temporairement gelé les nouvelles adhésions dans l'attente d'un congrès prévu en 2025, selon le magazine panafricain.
L'ambition législative du Pastef surprend par son audace. Dans un système où 105 sièges sur 165 sont pourvus au scrutin majoritaire, le parti qui n'avait obtenu qu'un siège en 2017, puis 26 en 2022, vise désormais la majorité absolue de 83 députés. Ousmane Sonko, désigné tête de liste, mène cette bataille décisive.
Le parti est désormais omniprésent jusque dans les détails du quotidien. Sa devise "jub, jubbal, jubbanti", prônant éthique et droiture, orne les timbres fiscaux, tandis que les visages du président et du Premier ministre s'affichent sur les cahiers d'écoliers.
Cette ascension fulgurante n'est pas sans soulever des questions sur la gestion du pouvoir. Comme le rappelle Jeune Afrique, en septembre, une polémique a éclaté suite aux propos du ministre de la Santé, Ibrahima Sy, évoquant une préférence pour le recrutement de militants du parti. Si Pastef a officiellement pris ses distances avec cette position, un conseiller présidentiel nuance auprès de JA : "Ce sont des choses à faire, pas des choses à dire. [...] Peut-on lui reprocher de favoriser un cadre expérimenté de son parti dans ces conditions ?"
Pour Madièye Mbodj, les législatives du 17 novembre représentent "la lutte du système contre l'antisystème". Un scrutin qui dira si le parti, né dans l'opposition et porté au pouvoir par une vague de changement, peut désormais gouverner seul tout en restant fidèle à ses principes fondateurs.
UNE PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE SOUS TENSION
Dans sept États clés, le destin de la première puissance mondiale pourrait se jouer à quelques dizaines de milliers de voix près. Des tireurs d'élite sur les toits aux drones de surveillance, l'Amérique blindée attend dans l'angoisse le verdict des urnes
(SenePlus) - Une campagne électorale hors norme touche à sa fin aux États-Unis, où Kamala Harris et Donald Trump livrent leurs dernières batailles avant le scrutin présidentiel de mardi, rapporte l'AFP. Un duel historique qui pourrait voir l'accession de la première femme à la tête de la première puissance mondiale, ou le retour spectaculaire de l'ancien président.
À 60 ans, la vice-présidente démocrate Kamala Harris, qui a pris le relais de Joe Biden en juillet dernier, affronte Donald Trump, 78 ans, dans une course à l'issue incertaine. Une campagne marquée par une violence inédite, avec notamment deux tentatives d'assassinat visant le candidat républicain.
Sept États pivots concentrent toutes les attentions, avec la Pennsylvanie comme théâtre principal des ultimes tractations. Dans cet État crucial disposant du plus grand nombre de grands électeurs parmi les "swing states", les deux candidats multiplient les apparitions. Harris s'y rend notamment à Scranton, Pittsburgh et Philadelphie, soutenue par des célébrités comme Oprah Winfrey, Lady Gaga et Ricky Martin.
"Demain, ce sont les patriotes qui bossent dur comme vous qui vont sauver notre pays", a lancé Trump lors d'un meeting à Raleigh, avant d'entamer une tournée marathon en Pennsylvanie et dans le Michigan. À Grand Rapids, un jeune supporter de 19 ans, Ethan Wells, confie à l'AFP : "Quand Trump était président, personne ne déconnait avec l'Amérique."
La tension est palpable alors que près de 80 millions d'Américains ont déjà voté par anticipation. L'équipe Harris dit "s'attendre pleinement" à ce que Trump se déclare prématurément vainqueur, une manœuvre que Ian Sams, son porte-parole, qualifie de "signe de faiblesse et de peur de perdre."
Les craintes de violences post-électorales sont réelles : deux Américains sur trois les redoutent. Des mesures de sécurité exceptionnelles sont déployées : mobilisation de la Garde nationale dans l'État de Washington et le Nevada, agents électoraux équipés de boutons d'alarme en Géorgie, surveillance par drone et tireurs d'élite dans certains bureaux de vote. À Washington, des barrières métalliques protègent déjà la Maison Blanche, le Capitole et d'autres sites sensibles.
Le résultat, attendu dans la nuit de mardi à mercredi, pourrait se jouer à quelques dizaines de milliers de voix près dans un pays profondément divisé, où les deux camps ont déjà engagé de nombreuses actions en justice.
L'AVIS SECRET QUI A FAIT PLIER MACKY SALL
Le Conseil constitutionnel a résisté aux pressions des partisans d'un 3e mandat. Son président Mamadou Badio Camara révèle l'existence d'une demande d'avis officielle. Le verdict négatif aurait pesé lourd dans le renoncement de l'ancien chef d'État
(SenePlus) - Dans un témoignage sans précédent livré début octobre lors de l'édition 2024 de la Nuit du Droit au Conseil constitutionnel français, Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel sénégalais, a levé le voile sur la question du troisième mandat de l'ancien président Macky Sall.
Pour la première fois depuis la fin de cette crise politique majeure, il a confirmé que son institution avait été officiellement saisie pour avis sur la possibilité d'un troisième mandat. "L'avis a été donné très rapidement, très vite, sur l'impossibilité de briguer un troisième mandat", a révélé M. Camara, s'appuyant sur la disposition constitutionnelle issue de la révision de 2016.
Cette révision, initiée paradoxalement par Macky Sall lui-même, stipulait clairement que le président "ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs". Ayant exercé un premier mandat de 2012 à 2019, puis un second de 2019 à 2024, la situation semblait juridiquement sans ambiguïté.
Le magistrat a également évoqué les "fortes pressions" exercées sur le Conseil constitutionnel durant cette période critique. "Il y a eu beaucoup de tensions. Il y a eu beaucoup de pressions", a-t-il reconnu, tout en précisant que ces pressions étaient "peut-être un peu normales" dans le contexte d'une élection présidentielle où "les enjeux sont très importants et les politiques peuvent être féroces avec tout ce qui peut contredire ou contrecarrer leur projet".
Malgré ces pressions, M. Camara affirme que son institution est restée fidèle à sa mission constitutionnelle : "On a fait l'effort d'exercer notre métier de la manière la plus conforme à la Constitution du Sénégal et aux lois électorales du Sénégal."
Cette révélation apporte un éclairage nouveau sur la décision de Macky Sall qui, après des mois de suspense et de tension politique, avait finalement annoncé en juillet 2023 qu'il ne briguerait pas un troisième mandat. Selon les propos de M. Camara, l'avis négatif du Conseil constitutionnel "a peut-être influé sur la décision de renoncer à cette tentative de troisième mandat".
Au cours de son intervention, le président du Conseil constitutionnel a également analysé la singularité démocratique sénégalaise dans le contexte africain. Il a notamment évoqué l'héritage de "l'arbre à palabre", une tradition ancestrale de résolution des conflits par le dialogue et le consensus.
"On nous a dit que c'était un peu dans l'ADN du Sénégal", a expliqué M. Camara, décrivant cette pratique où les anciens se réunissaient pour discuter des problèmes de la communauté et trouver des solutions consensuelles, "acceptées à 100% par toutes les parties".
Interrogé sur la perception de la démocratie française au Sénégal, M. Camara a souligné l'influence considérable de la Constitution française de 1958 sur le système institutionnel sénégalais, tout en reconnaissant que toutes les démocraties peuvent traverser des périodes de turbulence.