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18 février 2025
Diaspora
LE CONTINENT AFRICAIN PRISONNIER DE SES VISAS
Pour la journaliste Marie de Vergès, "plus de soixante ans après les indépendances, l'Afrique aurait davantage à gagner à s'ouvrir à elle-même, plutôt qu'à protéger des frontières tracées par les colons européens il y a cent quarante ans"
(SenePlus) - Dans une chronique publiée le 9 janvier 2025 dans Le Monde, Marie de Vergès dresse un constat alarmant de la circulation des personnes sur le continent africain, révélant les nombreux obstacles qui entravent encore la mobilité des Africains au sein de leur propre continent.
Alors que le Ghana vient d'ouvrir ses frontières sans visa aux détenteurs de passeports africains depuis le début de l'année 2025, cette décision apparaît comme une exception notable. Selon la chronique, seuls quatre autres États sur les cinquante-quatre que compte le continent - le Bénin, la Gambie, le Rwanda et les Seychelles - accordent une telle exemption aux ressortissants africains.
Cette situation paradoxale n'épargne personne, pas même les plus influents. Le magnat nigérian Aliko Dangote, présenté comme l'homme le plus riche d'Afrique, s'en est publiquement plaint lors d'un forum économique au Rwanda en mai 2024 : "En tant qu'investisseur qui souhaite faire prospérer l'Afrique, je dois demander trente-cinq visas différents", a-t-il déclaré, soulignant l'absurdité de devoir "déposer [son] passeport dans les ambassades" malgré son statut d'investisseur majeur présent dans dix-huit pays du continent.
La chronique met en lumière des situations particulièrement aberrantes, comme celle des deux Congo. Les habitants de Brazzaville et de Kinshasa, dont les capitales ne sont séparées que par vingt minutes de traversée en ferry sur le fleuve Congo, doivent présenter passeport et visa pour se rendre d'une rive à l'autre.
Certes, des progrès ont été réalisés, comme le note Marie de Vergès. Selon l'indice d'ouverture en matière de visas de la Banque africaine de développement, le nombre de pays proposant des visas électroniques est passé de moins de dix à vingt-six depuis 2016. Des espaces de libre circulation existent également au sein de certains blocs régionaux, comme la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest.
Pourtant, les obstacles demeurent nombreux. La chroniqueuse cite notamment "les critères d'éligibilité flous, la paperasserie, les longs délais de traitement" qui compliquent l'obtention des visas. Cette situation a des répercussions économiques majeures : le commerce intra-africain ne représente que 15 % des échanges commerciaux du continent.
Une solution existe pourtant sur le papier. En 2018, l'Union africaine a adopté un protocole visant à permettre aux Africains de voyager sans visa dans n'importe quel pays du continent pour une durée maximale de quatre-vingt-dix jours. Mais la chronique révèle que sur les trente-deux pays signataires, seuls quatre l'ont ratifié (Mali, Niger, Rwanda et Sao Tomé-et-Principe), bien loin des quinze ratifications nécessaires pour son entrée en vigueur.
Les réticences des États s'expliquent par diverses craintes : concurrence sur le marché du travail, augmentation de la contrebande et de la criminalité, ou encore propagation des maladies. Mais comme le conclut la journaliste du Monde, "plus de soixante ans après les indépendances, l'Afrique aurait davantage à gagner à s'ouvrir à elle-même, plutôt qu'à protéger des frontières tracées par les colons européens il y a cent quarante ans."
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
ANNETTE MBAYE D’ERNEVILLE, UNE PHARAONNE BÂTISSEUSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Enseignante, journaliste et écrivaine, elle incarne l’engagement artistique de manière universelle, tout en déployant l’univers africain comme la source de son inspiration
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
La tonalité poétique d’Annette Mbaye d’Erneville est absolue, vivante et vibrante. Elle va puiser aux sources des rites africains pour en faire une bandoulière perlée d’intensité poétique et pour transmettre tout un legs initiatique.
Comme j’aime à le dire souvent, la poésie est un art esthétique fondateur dans la littérature. Elle est à l’origine de notre parole et de notre imaginaire sacré. Avec elle, nous transcendons tout notre héritage culturel fécond et nous sculptons des joyaux pour la postérité. La poésie est un son, elle est une image, elle est un rythme, elle est synonyme d’histoire et de savoirs et elle s’inscrit dans le langage.
Sans hésitation, on peut dire que la création littéraire d’Annette Mbaye d’Erneville appartient à cette catégorie, celle d’une passion poétique qui devient ici une représentation de notre narration symbolique et métaphorique.
Car la tonalité poétique d’Annette Mbaye d’Erneville est absolue, vivante et vibrante. Elle va puiser aux sources des rites africains pour en faire une bandoulière perlée d’intensité poétique et pour transmettre tout un legs initiatique. La sincérité avec laquelle l’auteur poétise nous emporte avec elle de manière immédiate, tout en caractérisant la continuité du langage poétique.
Avant-gardiste de la scène littéraire sénégalaise, Annette Mbaye d’Erneville possède un talent singulier, fait de justesse, de classicisme et d’audace. Sa poésie est l’expression de la vie, de ses déceptions, de ses joies, du souvenir qui surgit douloureusement, de la beauté des rituels, comme une ronde cosmique qui se reforme à chaque étape.
Le style est structuré par une langue imaginative et puisée dans la symbolique africaine. C’est aussi le langage de l’espoir qui prend source dans la figure de la liberté et qui tambourine que « l’Afrique est debout et va vers la lumière. »
Mais c’est aussi une poésie du combat contre l’oppression de l’homme à l’homme, ou encore de l’homme à la femme, qui fouille la mémoire pour dire des « mots de feu » pour éteindre à jamais les flammes de l’injustice et faire revivre une « aïeule guinéenne que tu ne connais pas ».
Elle traduit encore la tendresse pour les femmes qui ont acquis la liberté de « la solitude des nuits d’hiver ». Elle partage son émotion quand « l’exil [est] trop lourd au cœur gourmand de nos vingt ans ».
La poésie d’Annette Mbaye d’Erneville est rare car elle rassemble émotion et combativité, féminisme et union des cœurs, valeurs sacrées et modernité. C’est ce cheminement de rupture transcendante qui fait la puissance et la beauté du chant poétique d’Annette Mbaye d’Erneville.
« Gawlo ! … chante cet homme nouveau
Jeunes filles aux seins debout
Clamez son nom au vent.
Selbé N’Diaye, fais danser ce petit homme.
Tu es un homme, mon fils.
Tu es un homme ce soir.
Ils sont tous là :
Ceux de ta lune première
Ceux que tu nommes pères.
Regarde, regarde-les bien :
Eux seuls sont gardiens de la terre
De la terre qui a bu ton sang
Extrait de « Kassak », Kaddu, Nouvelles éditions Africaines, 1966
Annette Mbaye d’Erneville, née en 1926 à Sokone au Sénégal, est une figure exceptionnelle de longévité dans la poésie négro-africaine. Enseignante, journaliste et écrivaine, elle incarne l’engagement artistique de manière universelle, tout en déployant l’univers africain comme la source de son inspiration. Sa résidence à Dakar représente un lieu littéraire majeur pour tous les écrivains de passage dans le pays. Ses combats en faveur des femmes font d’elle une personnalité très moderne au sein de la communauté littéraire. Son verbe poétique allié à son éloquence investie de justice humaine est une combinaison remarquable qui marque l’histoire littéraire africaine comme un éclat qui continue de briller dans le flambeau de notre civilisation et de notre renaissance.
"Traîtres" ou "héros ?" Ces soldats, qui ont combattu sous le drapeau français, incarnent les paradoxes de l'histoire coloniale. L'enjeu est de construire un récit national sans tomber dans le giège d'une lecture uniquement héroïque ou accusatrice
(SenePlus) - Le récent limogeage de Cheikh Oumar Diagne, le 31 décembre 2024, après avoir qualifié les tirailleurs de "traîtres", révèle les tensions profondes qui entourent la mémoire de ces soldats africains. Selon Le Monde, cette polémique illustre la complexité d'un héritage colonial qui continue de diviser la société sénégalaise.
La figure du tirailleur cristallise des perceptions contradictoires. D'un côté, ces hommes sont célébrés comme des héros ayant payé un lourd tribut, notamment lors du massacre de Thiaroye en 1944, où des dizaines, voire des centaines de soldats africains furent tués par l'armée française alors qu'ils réclamaient leur solde. De l'autre, leur participation à la répression coloniale soulève des questions délicates : ils ont été déployés pour mater des soulèvements à Madagascar, au Maroc, en Algérie et au Cameroun.
"Après les indépendances, ils ont pu être considérés de manière négative", explique l'historien Martin Mourre au Monde. Cette ambivalence se reflète dans le témoignage poignant de N'Dongo Dieng, ancien tirailleur, qui évoque son malaise lors de son déploiement en Algérie, confronté à d'autres musulmans "comme nous".
L'historien Pape Chérif Bertrand Bassène souligne la nécessité de dépasser les jugements simplistes : "Héros, traîtres, victimes, il est de toute manière restrictif de résumer ainsi ce que furent les tirailleurs." Il rappelle notamment que certains d'entre eux étaient d'anciens esclaves "rachetés" par la France, complexifiant encore leur statut.
Le chantier mémoriel lancé par le président Bassirou Diomaye Faye, incluant une commission sur Thiaroye et un conseil national de la mémoire, s'annonce donc délicat. "Un tel chantier mémoriel ne peut pas se faire sans débats et oppositions", affirme Bassène, citant les paradoxes inhérents à ce travail : le pont Louis Faidherbe à Saint-Louis, symbole colonial contesté, rappelle que cet administrateur s'appuyait lui-même sur des tirailleurs.
Cette complexité se retrouve même dans la célébration des héros nationaux. Bassène évoque le cas de Fodé Kaba : "Pour beaucoup, c'est un grand résistant, mais dans bien des villages de la Casamance, c'est un homme autoritaire arrivé là par la conquête."
La récente reconnaissance par la France du "massacre" de Thiaroye, qualifié par le ministre Jean-Noël Barrot de "plaie béante dans notre histoire commune", marque une étape importante. Mais elle souligne aussi la nécessité d'un dialogue approfondi sur cette histoire partagée, alors que le Sénégal s'engage dans une redéfinition de ses relations avec son ancienne puissance coloniale.
Ce travail de mémoire, nécessairement complexe et parfois contradictoire, devra, selon Bassène, s'appuyer sur les historiens et les universités pour éviter les écueils d'une vision simplificatrice du passé. L'enjeu est de taille : construire un récit national qui fasse justice à la complexité de cette histoire, sans tomber dans les travers d'une lecture uniquement héroïque ou accusatrice.
L'AFRIQUE DES PUTSCHS VUE PAR ACHILLE MBEMBÉ
L'intellectuel camerounais décrypte l'émergence d'un modèle étatique hostile aux libertés fondamentales. En toile de fond, une économie de prédation s'installe, mêlant mercenaires, exploitation minière et répression politique
(SenePlus) - Dans une tribune publiée par Le Monde ce samedi 11 janvier 2025, le philosophe et historien Achille Mbembé, dresse un constat alarmant de la situation politique en Afrique de l'Ouest, où se dessine un nouveau modèle étatique hostile aux libertés fondamentales.
Selon l'intellectuel camerounais, deux visions s'affrontent aujourd'hui sur le continent africain. D'un côté, un projet de "démocratie substantive" porté par une nouvelle génération d'activistes, qui lie étroitement décolonisation et démocratisation. De l'autre, un courant souverainiste qui, sous couvert d'anti-impérialisme, "considère la démocratie libérale comme un piège, le cheval de Troie de la domination occidentale", écrit Mbembé.
C'est particulièrement en Afrique de l'Ouest que ce second modèle s'enracine, avec l'émergence d'"États-casernes" au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Niger. "L'armée se veut l'État", analyse le philosophe, qui souligne que "loin de chercher à domestiquer la violence et de civiliser les mœurs politiques, le gouvernement est assimilé au commandement et le politique à une guerre larvée."
La Guinée comme laboratoire de la répression
Le directeur général de la Fondation de l'innovation pour la démocratie basée en Afrique du Sud, pointe particulièrement du doigt la situation en Guinée sous le régime de Mamadi Doumbouya, arrivé au pouvoir par un coup d'État le 5 septembre 2021. Le pays est devenu, selon lui, le "terreau le plus fertile" de la dérive liberticide. "La machine répressive fonctionne désormais à plein régime", affirme-t-il, détaillant un système où les opposants sont arrêtés de nuit et détenus sur l'île de Kassa, "où en règle générale, ils sont malmenés physiquement et soumis à des traitements dégradants."
L'auteur révèle des chiffres glaçants : "Entre 60 000 et 75 000 Guinéens ont été tués par les régimes successifs" depuis l'indépendance, selon les organisations internationales de défense des droits humains qu'il cite. Sous le seul régime de Lansana Conté, "plus d'1,5 million d'habitants ont fui le pays."
Un écosystème de prédation
Le philosophe décrit un système qui dépasse la simple répression politique. Les régimes militaires ouest-africains ont mis en place ce qu'il nomme une "matrice élargie de la prédation", où s'entremêlent "la guerre, l'économie de ponction, l'extraction et la prédation." Il pointe notamment le recours croissant aux mercenaires et l'externalisation de la sécurité vers des opérateurs privés.
En Guinée, la situation économique se dégrade dramatiquement : "Les prix à la consommation enregistrent de fréquentes hausses et près de 10 % de Guinéens n'arrivent plus à manger à leur faim", alerte Mbembé. Pendant ce temps, "la lutte pour le contrôle des moyens de prédation ne cesse de s'envenimer au sein des différentes fractions de l'armée", particulièrement dans le secteur minier.
Pour l'intellectuel, cette situation fait de la Guinée "une menace objective pour la paix, la sécurité et la stabilité régionale." Il prédit une "intensification des tensions sociales" et une "radicalisation de l'opposition", tandis que la junte s'apprête à organiser "des élections en trompe-l'œil" pour se maintenir au pouvoir.
18 FILMS SÉNÉGALAIS EN COMPÉTITION AU FESPACO
Le film "Demba" de Mamadou Dia, déjà auréolé du Tanit de bronze à Carthage, portera les espoirs du pays dans la prestigieuse compétition des longs métrages.
Du 22 février au 1er mars, Ouagadougou accueille la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Cette année, le Sénégal sera fortement représenté par une vingtaine de films. Malgré l’absence notable d’une représentation dans la catégorie des longs métrages documentaires et des films d’école, le Sénégal marque tout de même sa présence.
Du 22 février au 1er mars, Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, sera le point de rencontre des cinémas d’Afrique et de la diaspora. 235 films de 48 pays seront à l’honneur pendant cette 29e édition dont le thème est : «Cinémas d’Afrique et identités culturelles.» En conférence de presse hier, le comité d’organisation a rendu publique une grande partie de la sélection officielle. Le Sénégal, cette année, se distingue par une représentation de 18 films déjà sélectionnés en attendant la publication des autres sections, la section Perspectives notamment, prévue ce mardi à Ndjamena au Tchad, qui est le pays invité d’honneur.
Parmi les films sénégalais en sélection, un seul sera en lice dans la compétition reine des longs métrages fictions pour remporter l’Etalon d’or du Yennenga. Il s’agit de Demba de Mamadou Dia. Récemment rentré au Sénégal avec le Tanit de bronze des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc), le film de Mamadou Dia sera en lice aux côtés d’autres grands noms du cinéma africain. Dans la sélection long métrage figure en effet le film Les enfants rouges du Tunisien Lofti Achour, Everybody loves Touda du Marocain Nabil Ayouch, Augure du Belgo-Congolais Balodji, The village next paradise du Somalien Mo Harawe, On becoming a guinea fowl de la Zambienne Rungano Nyoni, Nome du Bissau-guinéen Sana Na N’Hada, ou encore Goodbye Julia du Soudanais Mohamed Kordofani. Absent de la sélection des longs métrages documentaires, le Sénégal marque de son empreinte celle des courts métrages fictions et documentaires avec 5 films en sélection. Il s’agit de Less Waxul de Yoro Mbaye, déjà couronné du Prix Annette Mbaye d’Erneville du Festival Dakar Court. 2002, bataille contre l’oubli de Abdoul Aziz Basse, Beutset de Alicia Mendy, Langue maternelle de Mariame Ndiaye, Nous les griots de Demba Konaté, complètent la liste.
Dans d’autres sections, le Sénégal est représenté par Debbo de Abdoulahad Wone et Hair lover de Babacar Niang pour les séries. Dans la section Animation, les aventures de Kady et Djudju (L’empire du Ghana) de Fatoumata Bathily et Milimo de Kemane Ba représentent le Sénégal. Dans la section Sukabe, on retrouve les films Kreme de Magaye Gaye, Les yeux de Mabil de Khadidiatou Sow, Timpi Tampa/ Empreinte de Adama Bineta Sow. Dans la section Panorama, c’est Banel et Adama de Ramata Toulaye Sy et Ndar Saga Waalo de Ousmane William Mbaye qui seront en compétition aux côtés du documentaire Yambo Ouologuem, la blessure de Kalidou Sy. Nouvelle section, Fespaco Réalité virtuelle (Vr) enregistrera la participation de la série Dakar Faan club et de Ndokette. Avec la proclamation des autres sections ce mardi, le Sénégal pourrait bien enregistrer une vingtaine de films et projets en compétition au Fespaco. Une belle moisson donc pour le cinéma sénégalais. Au total, pour cette présente édition, l’organisation du Fespaco a reçu un total de 1351 films. 235 composent la sélection, ce qui augure encore une fois fois une grande célébration du 7e art africain. Cette année, le Fesapco coïncide avec le centenaire de Paulin Soumanou Vieyra, cinéaste et membre fondateur de la Fédération africaine de la critique (Facc). Nul doute que des évènements spéciaux marqueront ce centenaire.
Mati Diop décline sa sélection
Le Sénégal du cinéma s’apprête à se rendre à Ouagadougou. Mais dans les bagages de la délégation, une absence notable. Celle de Dahomey de Mati Diop. Le film qui a remporté l’Ours d’or du Festival de Berlin en 2024, ne figure sur aucune des sections. Renseignement pris, la production aurait décliné une sélection dans la section Panorama.
Des absences qui interpellent
Le Sénégal est particulièrement bien représenté à cette 29e édition du Fespaco. 18 films au moins et des projets de films seront présentés à cette édition. Mais l’absence d’un film sénégalais dans la section Long métrage documentaire interpelle, puisque depuis 2009, le Sénégal a toujours été présent dans cette catégorie et a même eu à remporter des prix à travers l’œuvre de Ousmane William Mbaye, Kemtiyu, sacrée meilleur documentaire en 2017. Qu’est-ce qui explique cette absence ? Les explications sont nombreuses, mais pour Sébastien Tendeng, producteur de films documentaires, c’est surtout parce que le documentaire est le parent pauvre du cinéma sénégalais. Autre absence notable du Sénégal, c’est la section des Films d’école où le Sénégal n’est pas représenté. Une absence pour le moins intrigante.
LOMPOUL, L’OASIS DE LA DISCORDE
L'oasis artificielle créée par la GCO pour deux milliards ne convainc pas les populations locales, témoins impuissants de la dégradation de leur écosystème. Cette situation cristallise le débat plus large sur la gestion des ressources minières au Sénégal
Dix ans après sa phase de production, Grande côte opérations (Gco) fait toujours face à la défiance des populations impactées par l’exploitation du zircon. L’oasis d’un investissement de 2 milliards de FCfa de la Gco, implantée à Lompoul, au cœur du désert, n’a pas rabaissé la tension entre deux camps qui se regardent en chiens de faïence. Pollution des sols et de la nappe, retombées économiques sans effets sur les impactés, péril environnemental… le zircon embrase cette partie de la zone des Niayes.
Autour des dunes de sable, hauts monticules dignes du grand erg de la Mauritanie, aucune trace de vie, si ce n’est un groupe de vaches qui déambule péniblement pour traverser l’asphalte brûlant. A Lompoul, dans le désert de Louga, à 190 km de Dakar, l’exploitation du zircon et autres minerais a détruit la végétation. Pourtant, le panorama lunaire laisse soudain place à une immense étendue verdoyante : l’oasis du désert. Des cases à l’architecture saharienne, des tentes en dur et des suites avec chacune une piscine privée. Cerise sur le gâteau : une piscine de 2000 m2. « Nous n’avons pas encore commencé à exploiter, on est dans la mise en place. Les travaux sont finis depuis fin octobre 2024. On attend des démarches pour exploiter. C’est tout un circuit qui part du ministre des Mines au ministère du Tourisme », explique Mamadou Kabirou Ba, Directeur de l’hôtel « Oasis du désert ».
A Lompoul, une partie de la zone des Niayes, situé dans la commune de Kab Gaye (département de Louga), il souffle un vent sec et bouillant de chaleur, étouffant l’horizon et le ciel, ce jeudi 12 décembre. Un no man’s land que la Grande côte opérations (Gco) a choisi pour relancer le tourisme.
« L’oasis du Sénégal a été voulu et conçu dans des zones où l’activité minière s’est déjà déroulée. Nous avons jugé nécessaire de bâtir cet édifice pour redynamiser le tourisme dans la zone », explique Frédéric Zanklan, directeur général de la Gco. D’après lui, l’oasis érigé sur 200 ha pour un financement de 2 milliards de FCfa, fait partie des 900 ha que l’entreprise filiale du groupe Eramet compte restituer à l’Etat du Sénégal dans les jours à venir. « 80% du désert sont détruits par Gco » Le réceptif hôtelier bénéficie d’un réseau d’adduction d’eau et électrique. « Le site est magnifique et on espère faire une très bonne exploitation », s’enthousiasme le directeur de l’hôtel.
Dans cette partie du désert, jadis forêt classée sous le contrôle du Direction des eaux et forêts, se déroule la phase de concentration des minerais de sable. On est à un moment émerveillé par la drague qui recueille le sable humide et les concentre notamment par moyen de spirales. Cette usine flottante appelée Wcp récupère 2% de minéraux concentrés et restitue à l’arrière de l’usine les 98% du sable extraits ne comportant pas de sables minéralisés : zircon, ilménite, rutile…Mais tout le monde n’est pas conquis. Cette oasis ne nous intéresse pas », rejette Gora, maire de Diokoul Dieuwrigne.
En effet, les communes de Kab Gaye, de Thieppe et de Diokoul Dieuwrigne ont décidé de faire front commun dans la lutte contre la Gco. Leur porte-parole, Gora Gaye, définit leurs priorités : « Nous menons un combat de justice. Il s’agit d’arrêter la destruction de notre écosystème, d’évaluer les dégâts avec la disparition du désert de Lompoul. On veut panser nos plaies et redonner espoir à nos populations. » Selon l’édile, la stratégie de Gco est de tenter de se détourner de l’essentiel en parlant d’oasis. « C’est un épiphénomène. Malheureusement, cette entreprise minière veut et embarque déjà certains dans cette affaire. Aujourd’hui, 80% du désert sont détruits par Gco », déplore-t-il. Le maire Gora Gaye demande ainsi au ministère des Mines et au ministère du Tourisme de réaliser une étude d’évaluation relative à l’impact de la disparition du désert de Lompoul sur l’économie du Sénégal.
Interrogations sur le montant versé comme part de l’Etat
Le Code minier 2016 prévoit en son article 33, que l’État peut conclure des contrats de partage de production avec les sociétés minières. En effet, le but est de fixer les rapports entre l’État et le contractant pendant toute la durée des opérations minières. A la Grande côte opérations (Gco) qui détient un permis de 25 ans, le groupe Eramet détient les 90% du capital laissant 10% à l’Etat du Sénégal. Toutefois, l’avenant 1 à la convention minière avec Gco a prévu exceptionnellement dans son article 24 que pendant la durée du projet, l’État aura le droit d’acquérir 10% de la production de la société d’exploitation sur la base de la formule du coût majoré telle que définit à l’annexe dudit avenant.
Dans sa livraison du 23 décembre, le journal sénégalais « Libération » révélait que Gco, « n’a jamais versé de gains à l’Etat » et « verse une ridicule redevance de 4% sur la valeur marchande à l’État ». Cependant, pour maximiser ses profits et dribbler l’Etat, écrit le quotidien spécialisé dans les scandales financiers et faits divers, « Gco a signé un contrat de distribution du zircon avec la société Emas qui est…contrôlée par Eramet ; le zircon lui est vendu trois fois moins cher que les prix du marché ».
« Le Soleil » a fouillé le rapport de l’Itie pour savoir qu’en 2023, la déclaration de la Gco fait état d’un paiement de 5 milliards 957 millions 227 mille 301 FCfa au titre du partage de production pour le projet Diogo, effectué le 8 novembre 2023. Interpellée, la Direction générale des mines a précisé qu’il s’agissait d’une redevance minière et non une part de l’État. Cette entité du ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines concède aussi qu’il s’agit d’une spécificité prévue dans l’accord avec Gco.
« Toutefois, la Dgm traite ce paiement comme redevance minière spécifique, impliquant une vérification de l’application de la formule prévue dans l’avenant », indique le rapport de l’Itie. Le document note que la part en nature de l’Etat n’a pas été déclarée ni par la Dgm ni par la société. Contacté, Ngagne Demba Touré, directeur général de la Société des Mines du Sénégal (Somisen) dit être en train de réaliser un audit de la gestion des entreprises minières.
Gco a fait plus de 141 milliards de FCfa de chiffres d’affaires en 2023
D’après le rapport 2023 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives, ITIE la Grande côte opérations a extrait au cours de cette année 292.630 tonnes d’ilménite 54 et 28956 tonnes de zircon premium. Pour le zircon standard, la filiale du groupe français Eramet a sorti du sol 19.442 tonnes et 110.527 tonnes d’ilménite 58. Pour le leucoxène, c’est 4.942 tonnes tandis que le rutile en est à 3.081 tonnes. 24.927 tonnes de médium grade zircon sand et 18 238 tonnes d’ilménite 56 sont sorties des terres de Diogo par la Gco. D’après l’Itie, en 2023, Gco a réalisé un chiffre d’affaires de 141 milliards 64 millions 555 mille 704 FCfa.
Toutefois, de 2013 à 2023, exploitant les rapports de la Gco, le maire Gora Gaye relève que l’entreprise a versé à l’Etat 51 milliards 293 millions 677 mille 862 FCfa en termes de redevances minières, soit 4,6 milliards par an. « Si on y ajoute ce que Gco donne à la Cedeao, à l’Uemoa et les cotisations sociales, c’est 110 milliards 349 millions de FCfa, soit à peu près 10 milliards par an. Ce que Gco coûte à l’économie, à notre écosystème, tout ce que l’Etat a investi pendant 80 ans pour réserver cette zone, est-ce que 10 milliards par an en valent la peine ? », s’interroge-t-il.
LES PATRONS SONNENT L'ALARME POUR L'INDUSTRIE NATIONALE
Les chefs d'entreprises, banquiers et représentants de l'État appellent à une refonte complète des stratégies d'investissement et de développement industriel. Cette transformation passe par un renforcement des compétences locales
Dans le cadre de la célébration des 18 ans du magazine « Réussir Business », un panel a été organisé à Dakar sur le thème « Le Sénégal à l'heure du développement endogène : les principaux leviers d'une rupture systémique ». Cet événement a rassemblé des représentants de l'État, des chefs d'entreprises, des experts et des dirigeants d'établissements financiers, notamment des banques et des sociétés d'assurance.
Les participants ont déploré la fermeture de plusieurs usines emblématiques, telles que SEIB, SOTIBA et BATA, ainsi que la persistance d'investissements jugés obsolètes. Ils ont souligné que le Sénégal ne peut rester isolé dans un monde marqué par une ouverture croissante des marchés. Toutefois, ils ont plaidé pour la protection des entreprises émergentes, souvent vulnérables face aux multinationales, et pour des réformes permettant une pleine participation des acteurs nationaux à l'activité économique.
Le panel a également évoqué le rôle du nouveau référentiel des politiques publiques intitulé « Sénégal 2025 : agenda national de transformation », qui vise à faire du pays une nation souveraine, juste et prospère. Pour y parvenir, les panélistes ont mis en avant la nécessité de rompre avec des modèles économiques basés sur la dépendance à l'aide extérieure et la dette publique. À la place, ils prônent une mobilisation des ressources pour renforcer l'autonomie économique, énergétique, alimentaire, sociale et culturelle.
Le Président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), M. Adama Lam, a insisté sur le potentiel du secteur privé, composé de nombreux entrepreneurs compétents et engagés. Selon lui, l'accompagnement de ce secteur est essentiel pour relancer l'économie nationale et poser les bases d'un développement endogène. Il a toutefois déploré le manque d'opportunités d'investissement au Sénégal comparé à d'autres pays de la sous-région, ainsi que les procédures longues et complexes liées aux appels à candidature.
Les interventions ont en outre mis en lumière plusieurs axes d'amélioration dont la révision des textes structurants de l'investissement. Les six textes qui encadrent l'investissement doivent ainsi être réformés pour stimuler le développement. Il est également urgent pour ces acteurs de promouvoir l'autosuffisance économique. Chaque année, 135 milliards de FCFA sont dépensés pour importer des moutons de Tabaski, principalement du Mali. Cette situation pourrait être corrigée en développant des capacités locales.
Il est de même question d'encourager la formation technique et professionnelle car il est urgent de renforcer les compétences dans les métiers industriels et d'accélérer la mécanisation de l'agriculture. Le développement des infrastructures industrielles reste aussi une priorité et, pour les panélistes, cela inclut la création de pôles de développement et la structuration des filières industrielles pour favoriser la création de chaînes de valeur complètes, comme dans les secteurs du coton, de l'arachide et de l'anacarde. Un autre point qui a attiré l'attention des acteurs est de favoriser les énergies renouvelables par le biais de la promotion et de l'intensification de l'énergie solaire et éolienne.
Le panel a conclu sur la nécessité d'un travail acharné et d'une mobilisation collective pour relever le défi du développement endogène. Des actions concrètes et immédiates doivent remplacer les discours et slogans pour faire du Sénégal une économie prospère et autonome, ont-ils signifié.
LA GENDARMERIE SÉNÉGALAISE RENFORCÉE PAR LE SOUTIEN AMÉRICAIN
La coopération militaire entre les États-Unis et le Sénégal franchit un nouveau cap avec un don d'équipements stratégiques d'une valeur de 750 000 dollars
Dans le cadre d'un partenariat stratégique, les États-Unis ont remis, le 7 janvier 2025, à la Gendarmerie nationale du Sénégal un ensemble d'équipements modernes destinés à renforcer la sécurité des frontières. Ces matériels, d'une valeur de plus de 750 000 dollars (plus de 450 millions de francs CFA), incluent des lunettes de vision nocturne, des appareils GPS, des casques, des boucliers balistiques ainsi que des équipements médicaux essentiels.
La cérémonie officielle de remise s'est tenue au Centre régional d'entraînement tactique de Thiès. Elle a mis en évidence le soutien constant des États-Unis aux efforts du Sénégal pour protéger ses frontières et assurer la sécurité de ses citoyens. Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'un programme quadriennal visant à améliorer les capacités des forces de sécurité sénégalaises.
L'objectif principal de ce programme est de développer une collaboration efficace pour identifier et contrer les menaces transfrontalières, notamment le trafic illicite de stupéfiants, d'armes et d'êtres humains. À travers des initiatives conjuguant formation et partage de ressources, ce partenariat renforce non seulement la sécurité nationale du Sénégal, mais contribue également à la stabilité régionale.
L'ambassadeur des États-Unis au Sénégal, Michael Raynor, a exprimé sa satisfaction lors de la cérémonie : « Les États-Unis sont fiers de soutenir les efforts du Sénégal pour protéger ses frontières en fournissant des équipements modernes et de haute qualité qui renforceront les capacités opérationnelles de la Gendarmerie nationale. Notre partenariat continu pour renforcer la sécurité des frontières reflète notre engagement permanent envers la sécurité et le bien-être du peuple sénégalais. »
Cette initiative souligne une fois de plus la profondeur du partenariat entre les deux nations et leur détermination commune à promouvoir la paix et la sécurité dans la région. Elle souligne une fois de plus la profondeur du partenariat entre les deux nations et leur détermination commune à promouvoir la paix et la sécurité dans la région, relèvent les responsables.
TRUMP, PREMIER PRÉSIDENT AMÉRICAIN CRIMINEL, MAIS ÉPARGNÉ
Le prochain locataire de la Maison Blanche, reconnu coupable de 34 chefs d'accusation de falsification de documents, ne fera pas de prison. Selon le juge, seule la fonction présidentielle le protège des conséquences de ce verdict
(SenePlus) - Selon les informations rapportées par le New York Times, Donald Trump est devenu vendredi le premier président américain élu à être officiellement reconnu comme un criminel, tout en évitant la prison dans une affaire de falsification de documents commerciaux.
Lors d'une audience virtuelle depuis sa résidence de Mar-a-Lago en Floride, l'ancien et futur président des États-Unis a reçu une "décharge inconditionnelle" de sa peine - une alternative clémente à l'emprisonnement ou à la mise à l'épreuve - pour 34 chefs d'accusation de falsification de documents commerciaux.
"Jamais auparavant ce tribunal n'a été confronté à des circonstances aussi uniques et remarquables", a déclaré le juge Juan M. Merchan, cité par le New York Times, avant d'expliquer que seule la fonction présidentielle protégeait l'accusé de la gravité du verdict. "Ce tribunal a déterminé que la seule peine légale permettant l'entrée en vigueur de la condamnation sans empiéter sur la plus haute fonction du pays est une décharge inconditionnelle", a-t-il précisé.
L'affaire remonte à 2016, lorsque Trump avait fait verser de l'argent à l'actrice de films pornographiques Stormy Daniels pour acheter son silence concernant une liaison présumée. Selon le quotidien new-yorkais, un jury de douze New-Yorkais avait conclu en mai que Trump avait remboursé son homme de main Michael D. Cohen pour cet argent, puis ordonné la falsification de documents pour dissimuler le paiement.
"C'est un fait, je suis totalement innocent", a déclaré Trump pendant l'audience, qualifiant cette procédure de "très terrible expérience". Son avocat Todd Blanche a dénoncé une ingérence électorale, évoquant "un jour triste" pour la famille Trump et le pays.
Le procureur Joshua Steinglass a quant à lui fustigé l'attitude de l'ancien président : "Loin d'exprimer un quelconque remords pour sa conduite criminelle, l'accusé a délibérément semé le mépris pour nos institutions et l'État de droit", rapporte le New York Times. Il a ajouté que Trump "a causé des dommages durables à la perception publique du système de justice pénale".
Bien que Trump puisse désormais faire appel de sa condamnation, il ne pourra pas s'accorder un pardon présidentiel, celui-ci ne s'appliquant pas aux accusations au niveau des États. Cette décision intervient après que la Cour suprême a rejeté jeudi sa demande de report de l'audience, dans ce que le New York Times qualifie de "surprenante démonstration d'indépendance".
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L'ARMÉE FANTÔME DE MACRON EN AFRIQUE
Derrière ses départs médiatisés du continent africain se cache une réalité plus complexe : dans des aéroports désaffectés, des écoles de cybersécurité et des missions de conseil, l'armée française réinvente sa présence
Du déploiement spectaculaire aux opérations furtives, l'armée française opère une mutation sans précédent sur le continent africain. Exit les bases militaires imposantes et les défilés de Mirage dans le ciel sahélien. Une nouvelle stratégie, plus discrète mais tout aussi stratégique, prend forme dans l'ombre.
Cette métamorphose s'illustre parfaitement au Bénin. Là où jadis les uniformes français s'affichaient ouvertement, des agents opèrent désormais sous couvert d'instructeurs. L'aéroport supposément désaffecté de Tourou s'est transformé en hub secret de surveillance, où drones et avions de reconnaissance scrutent silencieusement les frontières avec le Niger et le Mali.
En Côte d'Ivoire, la transformation est encore plus subtile. Le retrait très médiatisé du 43e BIMA masque une réinvention complète du dispositif militaire. Une école de cybersécurité a pris racine, pendant qu'un réseau discret de renseignement se déploie dans l'ombre des anciennes installations.
Le changement s'étend jusqu'aux méthodes d'influence. Les bataillons d'infanterie cèdent la place aux experts en guerre numérique. Les réseaux sociaux deviennent le nouveau champ de bataille, où des cellules spécialisées mènent des opérations d'influence sophistiquées.
Cette transformation forcée, née des expulsions successives du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et du Sénégal, dessine les contours d'une nouvelle ère. L'armée française, autrefois symbole de puissance visible, se réinvente en force invisible. Une révolution silencieuse qui marque la fin d'une époque et le début d'une autre, plus discrètement mais non moins présente.