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16 février 2025
Diaspora
LA DIFFICILE MUE DU PASTEF
La formation qui a porté Bassirou Diomaye Faye à la présidence fait face à un défi majeur : transformer une force contestataire en parti de gouvernement. Une équation complexe qui met à l'épreuve le leadership d'Ousmane Sonko
(SenePlus) - Le parti au pouvoir, le Pastef, apparaît traversé par des tensions qui révèlent la difficile transition d'une force contestataire vers un parti de gouvernement. Cette formation politique, qui a conquis le pouvoir dans la ferveur militante, doit aujourd'hui composer avec les exigences de l'action publique.
L'épisode récent de la nomination d'Aoua Bocar Ly au Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) est symptomatique des défis auxquels fait face le Pastef. Comme le rappelle Jeune Afrique, les militants se sont immédiatement mobilisés sur les réseaux sociaux, exhumant d'anciennes déclarations hostiles de l'intéressée envers le parti sous l'ère Macky Sall. Face à cette fronde, Ousmane Sonko a dû intervenir personnellement, rappelant que "le temps de l'État n'est pas celui des militants."
Cette vigilance militante s'était déjà manifestée lors de la nomination de Samba Ndiaye à la tête d'une agence nationale. Le président Bassirou Diomaye Faye avait alors dû justifier publiquement ce choix en expliquant : "Nous avons annoncé des appels à candidature et nous ne nous bornons pas aux gens qui font partie de Pastef. [...] Les Sénégalais nous ont fait confiance grâce à notre Projet, et ce Projet inclut tous les Sénégalais."
Le magazine révèle que le Pastef traverse une période de transformation profonde. Le parti continue de fonctionner avec un bureau politique provisoire, sans charte ni règlement intérieur. Le poste de secrétaire général, qu'occupait Bassirou Diomaye Faye avant son arrestation en avril 2022, est aujourd'hui assuré par intérim par le député Ayib Daffé.
Ansoumana Sambou, membre du secrétariat national à la Communication, reconnaît ces "tâtonnements" mais les justifie : "Dès notre arrivée au pouvoir, nous avons réfléchi à la manière de gouverner et de continuer à animer le parti, tout en observant une certaine neutralité vis-à-vis des affaires publiques."
Selon Jeune Afrique, le Pastef s'appuie sur une "armée de l'ombre" impressionnante : plus d'un millier de cadres, chercheurs et professeurs d'université qui continuent de produire notes conceptuelles et recommandations pour le chef de l'État. Cette expertise technique contraste avec l'image d'un parti uniquement contestataire.
La figure d'Ousmane Sonko reste centrale dans l'organisation. Premier ministre et chef du parti, il conserve une influence considérable, comme le souligne Ansoumana Sambou : "Le Projet pourra se dérouler tant que personne ne remettra en question la place de leader d'Ousmane Sonko." Cette situation soulève des questions sur la dynamique du duo exécutif, même si un conseiller présidentiel cité par le magazine assure qu'Ousmane Sonko "ne sera jamais un fusible ou un laquais du président."
JA met en lumière une particularité remarquable du Pastef : son mode de financement. Les campagnes électorales sont directement financées par les militants, particulièrement ceux de la diaspora. Les rassemblements sont devenus payants, avec des tarifs allant "de 1 000 à 1 million de F CFA pour assister au dernier méga-meeting d'Ousmane Sonko à la Dakar Arena."
Un cadre du parti cité par Jeune Afrique résume l'ambition de transformation : "Le Sénégal a eu une tradition de parti-État [...] Sous les régimes précédents, l'État avait fusionné avec le parti, dont il ne représentait qu'un appendice et un moyen de subsistance. Nous estimons au contraire que c'est au parti de servir l'État."
Cette ambition se heurte cependant à la réalité du terrain. Mamadou Oumar Sall, militant depuis 2018, rappelle le rôle de vigilance des sympathisants : "Notre leader n'est pas un demi-dieu qui décide de tout. [...] C'est à nous de dénoncer tout manquement aux principes du parti ; c'est aussi ça le rôle de la jeunesse patriotique."
Le Pastef se trouve ainsi à la croisée des chemins, devant concilier son héritage militant avec les exigences de la gouvernance, tout en préservant ses idéaux de transformation politique et sociale.
LA FRANCE REND SES CLÉS AU SÉNÉGAL EN SEPTEMBRE
Cette échéance aurait été évoquée lors d'une visite de courtoisie du général Pascal Ianni, chef du commandement pour l'Afrique, auprès du chef d'état-major sénégalais, le général Mbaye Cissé, la semaine dernière
(SenePlus) - Le Sénégal s'apprête à fermer définitivement les dernières bases françaises sur son territoire. Selon les informations de RFI, cette décision majeure prendra effet en septembre 2025, marquant ainsi la fin d'une présence militaire permanente française dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Cette échéance a été évoquée lors d'une visite de courtoisie du général Pascal Ianni, chef du commandement pour l'Afrique, auprès du chef d'état-major sénégalais, le général Mbaye Cissé, la semaine dernière. Bien que le calendrier ne soit pas encore définitivement arrêté, septembre 2025 apparaît comme l'horizon privilégié pour la remise du camp Geille, dernière base militaire française d'importance au Sénégal, aux forces armées sénégalaises.
La présence militaire française au Sénégal compte actuellement plus de 200 militaires et leurs familles stationnés au camp Geille, situé dans le quartier de Ouakam au centre-ville de Dakar, ainsi qu'une vingtaine de personnels sur la base de Rufisque, en périphérie de la capitale. Comme l'explique une source militaire française citée par RFI, le choix de septembre s'explique par des considérations pratiques : "Les mouvements de mutation au sein de l'armée se font à l'été" et des "raisons familiales et logistiques" justifient cette période.
Le processus de désengagement est déjà en cours, puisque trois autres emprises militaires françaises - les bases Maréchal et Saint-Exupéry près du port, ainsi que la base Protet dans l'enceinte navale sénégalaise - sont déjà vides et fermées depuis le premier semestre 2024, selon les déclarations de l'armée française à RFI.
L'avenir des relations militaires franco-sénégalaises reste à définir. Des discussions techniques doivent reprendre prochainement, même si aucune date n'a encore été fixée. Les deux parties se disent confiantes, mais le principal enjeu réside désormais dans la définition des futures modalités de coopération militaire entre les deux pays.
Cette décision s'inscrit dans un contexte plus large de reconfiguration de la présence militaire française en Afrique, marquant un nouveau chapitre dans les relations entre la France et ses anciens territoires sur le continent africain.
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SAIF AL-ISLAM KADHAFI ACCABLE NICOLAS SARKOZY
Le fils de l'ancien dirigeant libyen révèle avoir supervisé personnellement le versement de cinq millions de dollars au clan de l'ex-président français. Il détaille pour la première fois depuis 2011 les dessous de ce financement présumé
(SenePlus) - Dans une interview accordée à Radio France Internationale (RFI), Saif al-Islam Kadhafi, fils de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, brise plus d'une décennie de silence sur l'affaire du financement présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Ces déclarations interviennent alors que l'ancien président français et onze autres prévenus comparaissent actuellement devant la justice à Paris.
Dans cet échange écrit, sa première prise de parole sur le sujet depuis 2011, Saif al-Islam Kadhafi fait des révélations particulièrement détaillées sur le montant et les modalités du financement présumé. Il affirme avoir personnellement supervisé le transfert de 5 millions de dollars en espèces au "clan Sarkozy". Selon ses déclarations à RFI, la moitié de cette somme, soit 2,5 millions de dollars, aurait été destinée au financement de la campagne présidentielle de 2007, en contrepartie d'accords et de projets favorables à la Libye.
Le fils de l'ancien guide libyen précise que l'autre moitié du versement aurait servi à obtenir l'arrêt des poursuites dans l'affaire de l'attentat du DC-10 d'UTA, survenu le 19 septembre 1989, qui avait fait 170 victimes et pour lequel Abdallah Senoussi, beau-frère de Mouammar Kadhafi, avait été condamné par contumace en 1999.
Plus troublant, Saif al-Islam révèle à RFI avoir fait l'objet de trois tentatives d'approche distinctes depuis 2021 visant à lui faire modifier sa déposition auprès des juges français. La première approche aurait été effectuée en 2021 par l'intermédiaire de Souha Al Badri, une consultante basée à Paris. Une seconde tentative aurait eu lieu fin 2022 via Noël Dubus, qui aurait contacté Hannibal Kadhafi, emprisonné au Liban depuis 2015, promettant sa libération en échange d'un changement de témoignage. Une troisième tentative aurait été menée par un Français d'origine arabe, dont l'identité n'a pas été révélée.
Contacté par RFI, Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, rejette catégoriquement ces allégations, les qualifiant de "fausses", "fantaisistes" et "opportunistes". Il souligne que ces déclarations surviennent au moment précis où s'ouvre le procès et y voit "le cadre d'une vengeance objective", ajoutant que "le dossier est vide".
LE RÉVEIL CITOYEN BOUSCULE LES URNES
René Lake dresse sur VOA Afrique, le bilan d'une année 2024 charnière pour la démocratie en Afrique. Selon lui, la simple tenue d'élections ne suffit plus à satisfaire une jeunesse de plus en plus exigeante
Dans une intervention approfondie sur VOA Afrique lors de l'ultime édition de l'émission Washington Forum, René Lake, analyste politique, dresse un bilan nuancé de l'année 2024 et esquisse les perspectives pour 2025, mettant en lumière les défis de la démocratie contemporaine.
"La démocratie électorale semble être une réalité sur le continent, mais elle n'est pas synonyme de démocratie effective, de démocratie citoyenne, de démocratie participative", observe Lake, soulignant une crise démocratique qui dépasse les frontières africaines. Selon lui, ce déficit de participation explique largement le mécontentement populaire et les bouleversements politiques observés à travers le monde.
La question de l'Alliance des États du Sahel (AES) et son retrait de la CEDEAO illustre les tensions régionales actuelles. Lake qualifie cette décision d'"incompréhensible", tout en reconnaissant que "les critiques des pays de l'AES vis-à-vis de la CEDEAO sont ressenties par les populations". Il place ses espoirs dans les efforts diplomatiques, notamment ceux du "professeur Abdoulaye Bathyli, diplomate chevronné et grand pan-africaniste".
Sur le plan international, l'analyste évoque la surprise de la réélection de Donald Trump aux États-Unis, survenue après la campagne éclair de Kamala Harris. "Il y a six mois, personne n'envisageait un tel scénario", note Lake, attribuant ce résultat à "la persévérance de Donald Trump, qui lui s'est préparé pendant quatre années sans répit".
Pour 2025, Lake identifie plusieurs enjeux majeurs pour l'Afrique francophone : l'avenir du franc CFA, la situation sécuritaire au Sahel, l'avenir de la CEDEAO, et les développements politiques au Sénégal et en Côte d'Ivoire. Concernant le conflit en Ukraine, il anticipe une possible résolution sous l'administration Trump, probablement "au détriment des Européens et de l'Ukraine en particulier".
L'analyste conclut sur une note d'espoir, évoquant l'émergence d'une jeunesse africaine "de plus en plus informée" et "très déterminée". "Les jeunesses veulent participer au développement et elles ont une exigence de transparence, de moralité, de décence qui est très élevée", affirme-t-il, suggérant un changement de paradigme nécessaire dans la conception même de la démocratie.
DEPUIS MARRAKECH, MACKY SALL PRÉPARE SA RIPOSTE
L'ancein président peut compter sur l’appui d’un collectif de poids lourds du monde judiciaire pour organiser sa défense et celle de ses proches, dont certains sont déjà dans le viseur de la justice sénégalaise
Exilé au Maroc depuis son départ du pouvoir en avril 2024, Macky Sall reste au cœur des enjeux politiques sénégalais. Depuis la Palmeraie de Marrakech, l’ancien président suit de près les vagues de poursuites qui visent ses proches, à l’instar de Farba Ngom, député-maire des Agnams, au centre d’une affaire de blanchiment d’argent. Craignant que la justice sénégalaise ne s’oriente vers des mesures le visant directement, Macky Sall s’appuie sur un réseau d’experts juridiques et politiques, tant au Sénégal qu’à l’international, pour organiser sa défense.
Redoutant une vendetta politique menée par l'administration de son successeur, Macky Sall peut compter sur l’appui d’un collectif de poids lourds du monde judiciaire pour organiser sa défense et celle de ses proches, dont certains sont déjà dans le viseur de la justice sénégalaise, renseigne des sources d’Africa Intelligences.
Depuis Marrakech, où il s’est installé après son départ du pouvoir en avril 2024, Macky Sall suit de près la situation politique sénégalaise. En contact régulier avec les cadres de l’Alliance pour la République (APR), l’ancien chef d’État s’inquiète des vagues de poursuites judiciaires qui ciblent ses fidèles lieutenants. Parmi eux, Farba Ngom, député-maire des Agnams et grand argentier de l’APR, se retrouve au centre d’une procédure pour blanchiment d’argent impliquant plus de 190 millions d’euros. L’Assemblée nationale a d’ailleurs engagé un processus visant à lever son immunité parlementaire, une première sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye.
Face à cette situation, Macky Sall a mobilisé un réseau d’experts juridiques pour anticiper d’éventuelles actions judiciaires le visant directement. Il est notamment en contact avec El Hadj Amadou Sall, ancien ministre de la Justice sous Abdoulaye Wade, qui s’était illustré dans la défense de Karim Wade lors de son procès pour enrichissement illicite. Dès septembre 2024, ce ténor du barreau a mis sur pied un collectif d’avocats chargé de défendre les personnalités de l’ancien régime.
Un collectif d’avocats en ordre de bataille
Baptisé ‘’Collectif des avocats républicains’’, cette structure a déjà dénoncé les restrictions de circulation imposées à plusieurs anciens ministres et dignitaires du régime Sall. Certains, comme l’ex-ministre des Sports Lat Diop, se sont vu interdire de quitter le territoire sénégalais.
Ce collectif, qui compte parmi ses membres des figures influentes du barreau comme Omar Youm, El Hadj Moustapha Diouf et Bassirou Ngom, s’emploie à décrédibiliser les procédures en cours, les qualifiant de ‘’justice des vainqueurs’’. En coulisse, Macky Sall s’active également sur le plan international, multipliant les consultations avec des avocats étrangers. Le médiatique avocat français Antoine Vey, connu pour ses dossiers sensibles, a été mandaté pour préparer une éventuelle contre-offensive judiciaire en Europe.
Si l’ex-président de la République lui-même ne fait pas encore l’objet de poursuites, la multiplication des affaires impliquant ses proches alimente les spéculations. Outre Farba Ngom, plusieurs anciens ministres et hauts fonctionnaires sont cités dans des enquêtes pour détournement de fonds publics et blanchiment d’argent. Le parquet financier sénégalais aurait déjà ouvert plusieurs dossiers dont les ramifications pourraient remonter jusqu’à l’ancien président.
En exil discret au Maroc, Macky Sall évite pour l’instant de rentrer au Sénégal, préférant suivre les évolutions judiciaires à distance. Il reste toutefois actif sur la scène internationale : il serait présent le 20 janvier aux États-Unis à la cérémonie d’investiture de Donald Trump, un déplacement qui devrait lui permettre de consolider des appuis politiques et diplomatiques.
Dans ce climat de tensions croissantes, l’issue des procédures en cours pourrait bien redéfinir l’avenir politique de Macky Sall et de son entourage. Une chose est certaine : l’ancien président n’a pas dit son dernier mot et prépare déjà sa riposte.
LA FRONDE S'ORGANISE CONTRE LE RETOUR DES VISAS
Le patronat et les opérateurs du tourisme, secteur clé du PIB, s'activent auprès des autorités contre cette initiative annoncée par Ousmane Sonko. L'échec coûteux de 2013-2015 reste gravé dans les mémoires
(SenePlus) - Une levée de boucliers s'organise contre le projet de rétablissement de la réciprocité des visas annoncé par le Premier ministre Ousmane Sonko le 27 décembre devant l'Assemblée nationale, révèle Jeune Afrique.
Les acteurs économiques, échaudés par l'expérience désastreuse de 2013-2015, se mobilisent activement pour faire avorter cette initiative. Selon le magazine panafricain, une coalition regroupant les opérateurs du tourisme et le patronat sénégalais mène actuellement un lobbying intense auprès des plus hautes autorités de l'État, ciblant aussi bien le Premier ministre que la ministre des Affaires étrangères Yassine Fall et le président Bassirou Diomaye Faye.
"Nous ne sommes pas dans le secret des dieux, et nous avons appris la mesure comme tous les Sénégalais", confie à JA un acteur économique de premier plan, qui exige des "véritables concertations" avant toute décision. Cette réaction traduit l'inquiétude d'un secteur touristique qui représente 7% du PIB national et qui garde en mémoire l'échec cuisant de la précédente tentative.
Le "mauvais souvenir" de 2013-2015 reste en effet vivace. À l'époque, rappelle le magazine, l'État avait dû verser 12 milliards de F CFA (18,29 millions d'euros) d'indemnités à la société Snedai pour abandonner le système après seulement deux ans, face à la chute drastique de la fréquentation touristique.
La résistance s'étend même au sein du parti au pouvoir, Pastef, et parmi ses alliés, selon un fonctionnaire du ministère de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères cité par Jeune Afrique. Cette opposition interne s'explique notamment par l'impact négatif que la mesure avait eu sur la diaspora sénégalaise et les binationaux, contraints eux aussi de demander des visas pour rentrer au pays.
Le projet semble d'ailleurs loin d'être mûr. Le même fonctionnaire affirme qu'il n'est "même pas encore à l'état de projet", tandis que ni la primature ni le ministère des Affaires étrangères n'ont souhaité réagir aux sollicitations du journal.
Face à cette mobilisation, le Premier ministre tente de rassurer. "Il s'agit, tenant compte de l'expérience précédente, de bien cerner les faiblesses avant toute décision", a-t-il déclaré, évoquant notamment la possibilité d'exemptions pour préserver le tourisme et le secteur des affaires. Mais ces garanties ne semblent pas suffisantes pour apaiser les inquiétudes des acteurs économiques, déterminés à éviter une répétition de l'échec de 2013-2015.
LE GRAND BALAYAGE DE TRUMP
Le nouveau président américain a signé une avalanche de décrets touchant à tous les domaines, de l'immigration au climat en passant par la fonction publique. Pas moins de 78 mesures de l'administration précédente ont été annulées d'un trait de plume
(SenePlus) - Dès son installation à la Maison Blanche pour son second mandat lundi, Donald Trump, 47e président des États-Unis, a engagé une série de mesures spectaculaires visant à détricoter l'héritage de Joe Biden et à mettre en œuvre ses promesses de campagne les plus controversées, rapporte le Washington Post.
Installé derrière un bureau de signature au Capital One Arena de Washington, entouré de sa famille et de ses alliés, le nouveau président a commencé par abroger pas moins de 78 décrets signés par l'administration Biden. Ces annulations touchent un large éventail de domaines, des politiques environnementales aux droits des personnes transgenres dans l'armée, en passant par la lutte contre les discriminations raciales et de genre.
Parmi les mesures les plus radicales figure une réinterprétation du 14e amendement de la Constitution américaine concernant le droit du sol. Selon le Post, cette directive présidentielle vise à ne plus accorder automatiquement la citoyenneté américaine aux enfants nés sur le sol américain de parents en situation irrégulière ou détenteurs de visas temporaires.
La question migratoire occupe une place centrale dans ces premières décisions. Trump a déclaré "l'état d'urgence nationale" à la frontière mexicaine et ordonné la suspension du programme de réinstallation des réfugiés "pour au moins quatre mois". Le quotidien américain précise que le président a également chargé les ministères de la Défense et de la Sécurité intérieure de "déployer et construire des barrières physiques temporaires et permanentes" à la frontière sud.
La politique du "Remain in Mexico", qui oblige les demandeurs d'asile à attendre au Mexique l'examen de leur dossier, fait son retour. Plus controversé encore, le ministre de la Justice est désormais autorisé à "requérir la peine de mort pour tous les crimes d'une gravité justifiant son usage", y compris ceux commis par des migrants.
Sur le plan international, Trump a engagé le retrait des États-Unis de l'accord de Paris sur le climat et de l'Organisation mondiale de la santé, démontant ainsi deux engagements majeurs de son prédécesseur, selon le Washington Post.
La fonction publique n'est pas épargnée : le télétravail est aboli, un gel des embauches est décrété (sauf pour les forces armées et la sécurité nationale), et les protections de l'emploi sont levées pour des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux.
Dans un geste particulièrement controversé, Trump a accordé la grâce présidentielle à 14 personnes impliquées dans l'assaut du Capitole du 6 janvier 2021, étendant cette clémence à tous les autres individus condamnés pour des délits liés à cet événement. Le Washington Post souligne que le président a même ordonné au ministre de la Justice de "demander l'abandon avec préjudice de tous les actes d'accusation en cours" concernant le 6 janvier.
Concernant TikTok, le président a fait en reporter l'application de l'interdiction fédérale contre l'application chinoise, une décision qui, selon le journal, risque d'être contestée juridiquement car elle outrepasse une loi votée par le Congrès et confirmée par la Cour suprême.
Le Washington Post précise que nombre de ces décrets présidentiels devraient faire l'objet de contestations judiciaires, ce qui pourrait ralentir ou bloquer leur mise en œuvre.
par Amadou Sarr Diop
L’ETHNICITÉ S’INVITE AUX DÉBATS POLITIQUES
EXCLUSIF SENEPLUS - De Wade à Sonko, en passant par Macky, l'influence des appartenances ethniques dans les stratégies électorales pose question dans un pays où la stabilité s'est bâtie sur le dépassement des clivages identitaires
Avec l’affaire Farba Ngom, le syndrome de l’ethnicité s’invite de nouveau au débat politique. Au lieu de se voiler la face, la question mérite d’être abordée pour poser l'ampleur, en termes de signes précurseurs, d’un malaise social aux conséquences imprévisibles. La guerre des identités, par la politisation de l'ethnicité en contexte africain, a suffisamment fait d'effets dans beaucoup de pays confrontés aujourd’hui à des crises identitaires structurelles. Toujours dans cette stratégie d’ensauvagement des réseaux sociaux, sous fond de haine et de manipulation, l’argument ethno-identitaire émerge, de plus de plus, des querelles politiques au Sénégal.
L’analyse des facteurs de cause à l’origine des guerres ethniques dans les pays en situation de conflictualité, renseigne sur l’impact des débats ethnicistes dans la genèse, la maturation et l’éclosion de conflits identitaires. L’ampleur des conflits ethniques en Afrique a aujourd'hui redonné vigueur aux thèses primordialistes sur l’irréductibilité et l’immuabilité des « ethnicités africaines, promptes à r-émeger dans certains discours politiques et médiatiques ».
La fabrique des identités de résistance contre un ordre politique à partir de l'ethnicisation des conflits politiques ont conduit à des dérives aux conséquences incalculables. Par l’artifice de la politisation du sentiment ethno-identitaire, l’Afrique est un continent exténué par des violences systématiques de toutes sortes. Un bref rappel des conséquences de ce mode opératoire dans certains pays devrait alerter pour sortir de cette dérive ethniciste.
Au demeurant, les crises qui ont secoué les régions des Grands Lacs trouvent leur explication en partie dans cette ethnicisation des crises politico-sociales. On peut évoquer, la guerre civile en Ouganda, les génocides au Rwanda et au Burundi, le conflit au Sud-Soudan et enfin les rébellions dans la province Orientale du Kivu. On se rappelle de l’effroyable génocide des Tutsis au Rwanda estimé à plus de 5,5 millions de morts. En deux journées, celle du 11 avril et la fin d’après-midi du 14 mai 1994, 50 000 Rwandais ont été tués à la machette par leurs voisins sur les collines de Nyamata. D’avril à juillet 1994, on a estimé entre 500 000 et un million de Rwandais tutsis victimes d’une extermination systématique perpétrée par des miliciens (les Interhamwe).
L'autre exemple est la situation post-électorale dramatique connue en Côte d’Ivoire avec l’introduction du concept « d’ivoirité » par Henri Konan Bédié. Durant les cinq mois de violence et de conflit armé qui ont marqué la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d'Ivoire, 3 000 personnes ont été tuées.
Dans un article sur les enjeux géostratégiques de l’ethnicité, je soutenais que la symbolique des identités, comme élément de stratégie politique, a marqué les trajectoires de trois figures du champ politique sénégalais depuis 2000, à savoir Abdoulaye Wade, Macky Sall et Ousmane Sonko. Chacun s‘est servi de l’identité d’appartenance comme site de mobilisation politique. Par la mise en scène idéologique du clientélisme identitaire, chacun a construit des éléments de langage dans la communication de conquête ou de préservation du pouvoir. Il est vrai que l’exemplarité du Sénégal dont les premiers concepteurs de l'État postcolonial ont pris en considération le pluralisme ethnique dans le mode de gouvernance, en tenant compte des équilibres identitaires, peut être considérée comme un cas d’école. Une bonne gestion des différences ethniques, religieuses, voire confrériques, et leur présence équilibrée au niveau des sphères étatiques, ont préservé le Sénégal jusqu’ici de la guerre des identités ethniques et religieuses.
Le Sénégal a établi son unité et sa stabilité sur le socle de la diversité et de la pluralité des croyances et des valeurs de référence. De Senghor à Abdou Diouf, l’option pour la construction de l’État-nation a pris le dessus sur les appartenances identitaires. Il est établi que dans les années 1950, Senghor s’est certes appuyé sur la territorialisation des identités primaires, catégorisant les colonisés en citoyens français (ressortissants des quatre communes) et en indigènes (considérés comme des kaw-kaws, des citoyens du Sénégal de l'intérieur vivant en contexte rural). Mais, cette prépondérance des identités cristallisées autour du terroir, n’a pas connu une instrumentalisation identitariste. Durant ses mandatures, et ceci dans la continuité avec Abdou Diouf, les débats politiques ont été menés, en dépit de fortes adversités assumées, dans l’espace de la neutralité citoyenne, autour des enjeux programmatiques et des indicateurs de gouvernance. Les tempêtes de violence qui ont balayé, par moment, le paysage politique sénégalais, n’ont pas conduit à des dérives ethnicistes ou religieuses. On peut supposer que la qualité du personnel politique d’alors (formaté dans des partis politiques ayant érigé la formation idéologique des militants en priorité) y a beaucoup contribué.
A ce niveau, le Sénégal se distingue de la plupart des pays en Afrique qui ont connu la guerre des identités autour des enjeux de pouvoirs et de contrôle des ressources par des stratégies d’ethnicisation des polarités idéologiques et politiques.
Les mutations politiques amorcées à partir de 2000 sont révélatrices des influences ethno-identitaires au niveau de l’électorat dans certaines localités du Sénégal. C’est avec le président Wade qu’a véritablement commencé dans la stratégie électorale la mise en dividende politique des identités de proximité par l’instrumentalisation de son appartenance à la confrérie mouride. Son allégeance ostentatoire à cette confrérie a servi, par moment, de levier d’agitation, de mobilisation politique, dans les zones où les mourides sont représentatifs. Concernant le président Macky Sall, l’énonciation de la notion de « titres fonciers », un élément de langage fortement usité dans la communication politique de ses partisans, pour marquer la prédominance politique de sa coalition dans deux régions où son ethnie d'origine Hal pulaar et celle adoptive Sérère sont fortement présentes, est révélatrice du vote affectif et ethno-identitaire lié à sa double appartenance ethnique dans un contexte politique et électoral traversé par l’impensé du débat ethnique.
Les résultats enregistrés lors de l’élection présidentielle de 2019 dans le Fouta, berceau de son ethnie d’origine Hal pulaar (Matam 93,26 %, Podor 93,40%) et dans la région de Fatick (79,78%) majoritairement habitée par son ethnie d’adoption (sérères), révèlent l’impact des affects ethno-identitaires dans la mobilisation politique et électorale. Le phénomène Sonko n’est pas exempt de l’empreinte de l’ethno-identitaire, au regard des performances électorales de sa coalition politique dans sa région d’origine. Sonko s’est construit, en un temps record, une base politique dans la région naturelle de la Casamance marquée par le sentiment ethniciste et régionaliste fortement entretenu par la présence d’une rébellion en lutte contre l’État du Sénégal depuis plus de quatre décennies. Lors des deux dernières sélections locales (2020) et législatives (2022), l’alliance dirigée par Sonko réalise une percée politique inédite dans cette région du Sud. Sur les 30 communes que compte la région, la mouvance présidentielle Benno Bokk Yaakar n’a gagné que celle rurale de Boutoupa-Camaracounda. La forte mobilisation et la passion exprimée des populations du Sud lors du procès opposant Ousmane Sonko et la masseuse Adji Sarr, s’inscrivent dans cet ancrage symbolique des origines.
Ce détour sur ces trois figures politiques les plus emblématiques durant ces deux dernières décennies, vise à montrer combien sont fragiles en Afrique les équilibres ethniques. A chaque fois que des enjeux politiques et ceux liés à la prise ou à la conservation du pouvoir, atteignent un certain niveau de conflictualité, les rapports de force politiques peuvent faire vaciller les socles ethniques pour en faire des leviers de mobilisation partisane. L’impensé des discours sur l’ethnicité nous situe dans le rituel de la diversion idéologique des élites politiques africaines, à des fins de détournement des opinions de la pauvreté systémique à laquelle sont confrontées de larges couches sociales et, surtout, la jeunesse qui vit dans la précarité et qui est hantée par les incertitudes du lendemain.
Pour le Sénégal, rien n’est gagné, il faut faire preuve de vigilance. C’est par l'intelligence dans la gouvernance et le management de nos institutions et, surtout, du leadership transformationnel, qu’on peut induire un approfondissement de la démocratie par la prise en charge du quotidien des sénégalais. Les enjeux sont multiples pour les artisans de la troisième alternance, dont la mise en chantier des transformations systémiques promises constitue un impératif institué au regard de leurs engagements pour le triomphe du Grand soir tant rêvé par une jeunesse pressée.
Amadou Sarr Diop est sociologue, enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop.
LE CDEPS DÉNONCE SON EXCLUSION DE LA MAISON DE LA PRESSE
Le patronat regrette un nouveau coup porté par le régime de Diomye Diomaye à la presse nationale, après "le harcèlement fiscal, la suspension unilatérale des conventions, le non-paiement des services faits"
Le patronat dénonce un nouveau coup porté à la presse sénégalaise. Selon le CDEPS, la direction de la Maison de la Presse lui a refusé l'accès aux locaux ce lundi, empêchant la tenue d'une conférence sur la situation critique du secteur. Une interdiction que l'organisation qualifie de "comble" dans un contexte où les entreprises de presse sont déjà asphyxiées financièrement par diverses mesures gouvernementales.
"Le CDEPS interdit de point de presse à la Maison de la Presse
Ce lundi 20 janvier 2025, le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de la Presse du Sénégal (CDEPS) s’est vu refuser l’accès de la Maison de la Presse, où il avait convoqué la presse nationale et internationale à un point de presse sur la crise des médias au Sénégal depuis l’avènement de la troisième alternance politique du régime du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
C’est la première fois de l’histoire que le patronat de la presse est interdit d’accès à la Maison de la Presse. Depuis sa création, un appel téléphonique au directeur de la structure donnait accès aux locaux dès lors qu’il s’agissait d’une organisation des médias. Le Directeur de la Maison de la Presse, informé le dimanche matin et qui a promis de prendre les dispositions nécessaires, a ensuite organisé son injoignabilité.
Les journalistes, reporters et autres techniciens des médias, venus couvrir le point de presse, ont été informés dans la cour de la Maison de la Presse.
Nous constatons un nouveau jalon posé dans la stratégie des nouvelles autorités de museler la presse. Après le harcèlement fiscal, la suspension unilatérale des conventions, le non-paiement des services faits, refuser l’accès à des journalistes à la Maison de la Presse, qui porte le nom de Babacar Touré, est le comble !
Aujourd’hui, les entreprises de presse privées sont toutes quasiment en faillite avec des dettes colossales envers leurs fournisseurs et certaines ont fermé. Le coût social pour les travailleurs des médias est très lourd en 303 jours : suppression de centaines d’emplois, arriérés pharaoniques de salaires, non cotisation aux institutions de prévoyance sociales, couverture médicale défaillante.
La presse a bon espoir que les recours intentés au niveau de la Cour suprême permettront de casser toutes les décisions illégales du ministre de la Communication.
À ce titre, le CDEPS va continuer de dénoncer les atteintes à la liberté de la presse et reporte sa conférence au mercredi 22 janvier 2025, toujours à la Maison de la Presse"
LE PIED DE NEZ DE SOULEYMANE BACHIR DIAGNE
Le philosophe, confronté à des reproches sur son prétendu silence durant les crises récentes, choisit la voie de l'engagement intellectuel plutôt que celle de la polémique. "Je vais continuer à les agacer", promet-il à ses détracteurs
Le philosophe Souleymane Bachir Diagne n’y est pas allé de main morte pour répondre à ceux qui pensent qu’il n’a plus le droit à la parole au Sénégal. Invité de « Face aux lecteurs », un événement organisé par la librairie l’Harmattan et animé par le journaliste Pape Aliou Sarr, le penseur sénégalais souligne qu’il continuera à agacer les gens qui ne veulent plus le voir intervenir dans l’espace médiatique sénégalais.
Certains activistes sénégalais et militants du Pastef reprochent au philosophe sénégalais son mutisme durant les crises socio-politiques qui ont secoué le pays ces dernières années. Ils pensent qu’ils pouvaient user de son rayonnement planétaire pour prêter main forte à leur « Révolution ». Par conséquent, les détracteurs du Professeur Souleymane Bachir Diagne sont d’avis qu’il n’a plus son mot à dire concernant les affaires du Sénégal. Mais pour le brillant philosophe, ces derniers peuvent déchanter. « Il semble qu’il y a des gens que cela agace que je parle ici », soutient-il avec humour.
Mais devant un public venu l’écouter parler de philosophie et de son dernier ouvrage *Ubuntu*, Pr Diagne, connu pour sa tempérance, n’a pas pour autant fait l’autruche pour répondre à ces critiques : « Je vais continuer à les agacer », déclare-t-il avec véhémence. À l’en croire en effet, le paradoxe serait qu’il ne parle de son travail et de ce qu’il a fait qu’à l’extérieur. « Et que je ne le fasse pas ici chez nous », renchérit le penseur sénégalais.
S’exprimant en outre sur son livre et sur le concept *Ubuntu*, mot bantou devenu, d’après lui, un concept éthique et politique, Pr Diagne indique qu’il y a deux choses qui sont importantes avec ce mot devenu par la force des choses un concept philosophique.
L’humain n’est pas un état mais un devenir
« Que l’humain n’est pas un état mais un devenir. On devient humain. Naître humain, c’est avoir la responsabilité de se faire soi-même un humain, de s’inventer comme humain », renseigne l’auteur de l’essai *Universaliser*. La deuxième composante, estime-t-il, est que l’humanité qu’il faut construire se fait dans la réciprocité et la relation. « Nous co-construisons nos humanités. Une des traductions possibles d’*Ubuntu* c’est une co-humanité. C’est l’idée que nous avons à devenir humain et que nous le devenons ensemble », a fait savoir Souleymane Bachir Diagne.
Dans le même ordre d’idées, le penseur sénégalais a fait une comparaison entre ce mot bantou *Ubuntu*, et le mot wolof « Nitté ». « C’est l’analogue fonctionnel de ce qui est entendu par *Ubuntu*. Il est tout à fait logique de voir en effet que *Ubuntu* a dans la langue wolof un analogue fonctionnel qui est ‘‘Nitté’’. Car ‘‘Nitté’’ signifie aussi que l’homme a la responsabilité et la tâche de devenir ‘‘Nitt’’ », renseigne-t-il.
Faire de mon identité une politique, c’est absurde, c’est une impasse
Devant « ses » lecteurs, et parlant de la complémentarité qui pourrait exister entre ce concept *Ubuntu* et l’action politique, Pr Souleymane Bachir Diagne trouve aussi qu’il n’y a aucune urgence d’agir qui vaille de mettre entre parenthèses le temps de la réflexion. « Le temps de la réflexion est toujours nécessaire quand les urgences sont là, il faut pouvoir savoir prendre la distance philosophique que la réflexion elle-même nous impose malgré la pression de ces urgences », prône-t-il non sans rappeler que la finalité d’*Ubuntu*, c’est finalement rendre la communauté meilleure.
Toutefois, il affirme qu’être ensemble, cela suppose aussi l’affirmation des identités. « Il ne s’agit pas de transformer nos identités en identitarisme. Le problème, c’est les identitarismes. Faire de mon identité une politique, c’est absurde, c’est une impasse », prévient-il. Poursuivant son argumentation, il signale que malheureusement, dans le monde actuel de la fragmentation, chacun fait de sa tribu et de son particularisme l’alpha et l’oméga de sa politique. « Mais pour faire communauté, cela ne veut pas dire qu’il faille effacer qui nous sommes. Au contraire, comprendre que le monde est pluriel, qu’il est tissé de différences, c’est la condition même d’une orientation commune vers un horizon de l’universalité », note le philosophe avec toujours la même pertinence.