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26 novembre 2024
Diaspora
par Abdoul Aziz Diop
LA QUATRIÈME DISSOLUTION ET LES SUIVANTES
EXCLUSIF SENEPLUS - Les Sénégalais constateront, peu après l'installation des nouveaux députés, l'équivalent d'une deuxième dissolution de l'Assemblée par celui qui en assurera seul le contrôle sous très bonne escorte de son groupe de "jeunes politiciens"
« En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par l’article 87 de la Constitution, et après avoir consulté le Conseil constitutionnel sur la bonne date, le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale, sur l’opportunité, je dissous l’Assemblée nationale. La date des élections législatives est ainsi fixée au dimanche 17 novembre 2024.» Cette messe avait été dite le 12 septembre 2024 par le président Bassirou D.D. Faye qui, du coup, obligea la communication politique à prendre une toute autre tournure dont la redoutable connotation anti-démocratique en dit long sur les résultats par bureau de vote à l’étranger et au Sénégal plus que favorables à la coalition Pastef dirigée par l’irascible Ousmane Sonko au terme d’une campagne électorale d’une rare violence et d’une innommable inélégance. Aux militants et sympathisants de Pastef et aux médias qui expliquent tout par la nécessité d’une conformité de la majorité présidentielle avec la majorité parlementaire, le spécialiste et homme politique - candidat malheureux à la députation - oppose une analyse dont les ressorts sont ceux de la communication politique qu’il enseigna sans interruption pendant dix bonnes années.
Tous paresseux !
Si la communication politique se définissait seulement de manière extensive par toute communication ayant pour objet la politique, on ne s’en servirait pas comme outil puissant d’analyse des communications puisque les contenus ne suffiraient pas à tout expliquer comme c’est le cas en 2024 et avant dans nos médias tous canaux confondus (presse écrite, radio, télévision et Internet). De manière restrictive, les spécialistes définissent la communication politique par l’espace où s’échangent les discours contradictoires des trois acteurs qui ont la légitimité à s’exprimer publiquement sur la politique - la vraie bien sûr - et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l’opinion publique à travers des sondages (WOLTON, 1997). Mais que savons-nous des valeurs sous-jacentes et des jugements dont l’ensemble constitue l’opinion publique en l’absence de sondages transparents dont on connaît les commanditaires et qui sont rendus publics par des instituts de sondages légalement constitués ? Rien ou presque ! Il n’est donc pas étonnant que le vide créé sur lequel personne ne s’arrête pour le combler au profit des trois acteurs du même espace - celui de la communication politique - soit pour beaucoup dans les très faibles effectifs - moins de 50 % des inscrits - qui s’expriment valablement aux élections législatives depuis longtemps déjà.
Dans leurs relations incestueuses avec les hommes politiques, les journalistes, tous paresseux, n’ont plus que moins d’un électeur sur deux à orienter vers les acteurs politiques de leur choix en discriminant les mouvements, les partis, les coalitions de partis et les démocrates bénévoles qui les animent. Sur 41 listes de candidats, les journaleux ne retinrent que les 4 qu’ils parvinrent à imposer à l’opinion dont le cumul des handicaps profitent aux moins méritants du mouvement des idées ou ce qu’il en reste.
Illusionnisme
Diomaye Faye peut maintenant dissoudre les assemblées consultatives que sont le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) après les avoir décapitées sur injonction de Sonko. Les législatives pliées pour Pastef font, elles, suite à la dissolution de l'Assemblée nationale. Les Sénégalais constateront, peu après l'installation des nouveaux députés, l'équivalent d'une deuxième dissolution de l'Assemblée par celui qui en assurera seul le contrôle sous très bonne escorte de son groupe de « jeunes politiciens nouvellement promus » pour railler l’intelligence politique qui fortifie les cités les mieux organisées du monde. Et de quatre en sept mois en attendant les dissolutions qui viennent.
L'anti-institutionnalisme du percepteur, déjà à son paroxysme, sera à nouveau servi quand Ousmane Sonko tiendra sa promesse de campagne des législatives en obtenant tout ce qu'il veut du ministre de la Justice, de son procureur, maître des poursuites, et du ministre de l'Interieur « content » des bulletins de vote défraîchis et méconnaissables de bon nombre d’adversaires du 17 novembre 2024. Toutes les raisons de désespérer du Sénégal seraient alors réunies. Mais on peut encore compter sur Ousmane Sonko dont l'incompétence technique, la cupidité et l'accélération subséquente de la misère des Sénégalaises et des Sénégalais obligeront le plus grand nombre de jeunes et de moins jeunes à prendre enfin l'initiative de sa propre survie en se séparant, le moment venu, de l'illusionniste à qui plus rien ne pourrait être pardonné. Mon vœu n’est naturellement pas celui-là quand je revois les files d’électrices et d’électeurs qui pensent aujourd’hui encore que leur Sonko ne fera enfin violence en se conformant à la Constitution du pays organisé qui depuis hier soir, après minuit, pense enfin le voir au travail et rien qu’au travail. Mais avec quelle sagesse du chef impulsif bien prompt à déclarer la guerre sans oser la faire sans l’aide des institutions désormais dans sa poche des Danaïdes ?
LE PARI PERDU DE BARTH À DAKAR
Le maire de la capitale, qui rêvait de transformer cette élection en tremplin vers 2029, a vu sa stratégie voler en éclats face à la vague Pastef. Sa déroute, jusqu'à son propre bureau de vote, illustre la consolidation du pouvoir dans la région
Barth’ a perdu son pari dakarois. Le leader de Samm sa kaddu, qui a joué à imposer un duel à Sonko, a été battu dans la capitale. Même dans son propre bureau de vote ! C’est une leçon électorale pour le maire de Dakar qui voulait transformer l’essai de ces Législatives pour les prochaines locales, et aussi sans doute pour la présidentielle de 2029. Mais, toutes les stratégies qu’il a échafaudées ont volé en éclats après le triomphe de Sonko dans toute la région de Dakar. Surtout qu’il voulait construire son ascension à partir de Dakar pour aller à la conquête du reste du pays.
Il devra repasser. De toute façon, cela aurait été une surprise pour les suiveurs de l’actualité que Pastef perde ces élections 8 mois après l’élection triomphale de Diomaye.
La tradition a été respectée. Les élections législatives qui suivent généralement la présidentielle, sont toutes gagnées par le parti au pouvoir. Celles de ce 17 novembre n’ont pas dérogé à la règle. Pastef semble, au regard des tendances, gagner dans les grandes villes du Centre, rafler la mise au Sud, perdre le Nord, principalement le Fouta. Et mettre la main sur Dakar. En attendant la confirmation des résultats, Pastef peut se targuer d’avoir fait une bonne opération. En effet, à l’annonce des élections, ils n’étaient pas nombreux ces observateurs qui pouvaient miser sur une défaite de Pastef. Les enjeux étaient ailleurs. S’il était certain que Sonko allait rafler le Sud, des doutes subsistaient dans le Centre du pays, à Dakar et sa banlieue.
Alioune Sall, qui a tourné le dos à son frère pour s’allier avec Amadou Ba, n’avait pratiquement pas de concurrent à Guédiawaye. Pikine, qui d’ordinaire était un bastion du Pds, semble confirmer son choix de la présidentielle. Avec la sortie de Cheikh Oumar Diagne, Touba semblait vaciller. Tous ces départements ont basculé, confirmant ainsi leur choix à la dernière Présidentielle. S’il y avait vraiment un département qui nourrissait l’espoir des opposants, c’était Dakar. Son maire y jouait sa survie politique par procuration. En effet, Barthélemy Dias, en dirigeant la liste nationale de Samm sa kaddu, a soigneusement évité un combat contre son adjoint, Abass Fall de Pastef. Pour autant, le leader des «Patriotes» a les faveurs des tendances. Si elles se confirment, Abass Fall peut légitimement lorgner le fauteuil de Dakar dans 2 ans lors des locales.
Par Hamidou ANNE
LE PEN, TRUMP, SONKO ET LEURS JUGES
Les populistes n’invoquent la Justice que quand celle-ci est en indélicatesse avec d’autres citoyens, leurs adversaires
J’ai suivi avec grand intérêt, ces derniers jours, le procès de Marine Le Pen et ses collaborateurs au sujet de délits supposés d’emplois fictifs au Parlement européen. En effet, il est reproché à la cheffe du parti français d’Extrême-droite, un système organisé de fraude qui faisait supporter les salaires de ses collaborateurs politiques par le Parlement européen. Le préjudice constaté est de 7 millions d’euros. En attendant la peine, les procureurs ont requis cinq ans de prison, ainsi que cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. Ceci signifie que si les juges suivent les procureurs, elle serait inéligible pour la présidentielle 2027 dont elle est la grandissime favorite. L’intéressée a réagi, arguant «une atteinte à la démocratie», l’organisation de sa «mort politique», l’inféodation du Parquet à l’Exécutif, etc.
Elle dénonce une Justice «aux ordres», qui voulait l’empêcher de concourir au suffrage universel. «Mais, au-delà de moi, c’est le peuple français qui, en réalité, est empêché (…) de voter pour la candidate qu’il souhaite», ajoute-t-elle. J’ai tout de suite reconnu le refrain de la chanson de la victime brimée soi-disant par le «système». Marine Le Pen ainsi que tous les populistes usent et abusent de la rhétorique du complot quand ils sont devant la Justice et risquent une condamnation.
Après son départ du pouvoir en 2020, Donald Trump a fait l’objet de dizaines d’accusations. Il a été condamné pour certaines. Naturellement, le truculent président américain a lui aussi accusé les juges, arguant que les procès étaient «truqués» et que les juges étaient «corrompus». Aucune remise en cause, aucune tenue, mais l’usage de la défense de rupture, avec toujours en première ligne le prétexte d’un système inique qui voudrait annihiler la voix du peuple. Trump avait dit à l’issue d’une condamnation que le vrai procès sera pour le 5 novembre, avec le jugement du peuple souverain. Il faut reconnaître qu’il a remporté celui-là, malgré les accusations nombreuses dont certaines très graves, malgré l’attaque du Capitole du 6 janvier et malgré les propos hallucinants tenus quasi quotidiennement contre les magistrats, l’Administration, ses adversaires et toutes celles et tous ceux qui refusaient de se plier à ses désidératas.
La logique populiste est implacable, et elle est éculée. Ils ne sont coupables de rien et sont victimes de tout le monde. Tout le «système» est mis en place pour freiner leur montée politique et les combattre par l’usage détourné des lois. Au Sénégal, ce scénario a été éprouvé pendant trois années de procédures judiciaires, qui ont visé un homme dont l’irresponsabilité n’a pas de limite. Si Marine Le Pen, par exemple, fait l’objet d’accusations concernant l’usage de fonds publics au préjudice de l’Europe, notre bonhomme lui a été sous le coup d’affaires toutes privées.
D’abord visé par une plainte au pénal d’une compatriote, il a été sommé devant un tribunal d’apporter les preuves de ses accusations. Dans les deux cas, il a été condamné à la suite d’accusations privées. Dans les deux cas, il a refusé de faire face à ses accusateurs. Dans les deux cas, il a refusé de faire face à la Justice de son pays. Ses arguments, comme ceux de Trump et Le Pen aujourd’hui, ont consisté à invoquer la rhétorique du complot, de l’abus de pouvoir et de la volonté de l’empêcher d’être candidat. Il a appelé au «Mortal Kombat» pour ne pas se présenter devant un juge, qualifié de partisan, avant que son collègue et successeur, lui, ne reçoive le sobriquet de «lâche». L’histoire est facétieuse : celui qui disait détenir toutes les preuves du complot qui le visait, en huit mois d’exercice, n’en a sorti aucune. Au contraire, les rodomontades, les menaces, les accusations, le bruit permanent sont notre quotidien avec lui depuis le 2 avril 2024. Celles et ceux qu’il accusait de complot vaquent calmement à leurs occupations.
Les populistes n’invoquent la Justice que quand celle-ci est en indélicatesse avec d’autres citoyens, leurs adversaires. De vieilles vidéos de Mme Le Pen sont ressorties, où elle accusait toute la classe politique française de «piquer dans les caisses», sauf son parti. Trump a accusé les démocrates de toutes sortes de forfaits dont les plus farfelus, sans jamais apporter la moindre preuve. Notre bonhomme, lui, est coutumier des déclarations grossières et outrageuses, et a usé de la rhétorique du «système» du «Tous pourris !», mais se montre si léger quand il s’agit d’éclairer l’opinion sur les scandales présumés de l’Onas et de l’Aser. Pour Trump, Le Pen ou Sonko, la logique est la même : nous sommes victimes du système quand nous sommes appelés à la barre, mais dans l’exercice de nos responsabilités publiques, nous n’allons rendre aucun compte parce qu’au fond, nous sommes la Justice. Ce qui change seulement, c’est qu’aux Etats-Unis et en France, la presse, la Société civile et les intellectuels sont en général attentifs au devoir de responsabilité qui leur incombe
Chez nous, le larbinisme, la couardise et l’opportunisme ont élu domicile dans ces milieux, et ce depuis longtemps.
LE PASTEF FAIT CARTON PLEIN
Les premières projections donnent 129 sièges sur 165 au parti présidentiel. L'opposition, avec seulement 20 sièges répartis entre Samm Sa Kaadu (5) et Takku Wallu (15), se trouve réduite à sa plus simple expression, en attendant le reste des répartitions
(SenePlus) - Selon les projections du statisticien Mamadou Yauck, publiées dimanche 17 novembre à minuit, le Pastef obtient une majorité absolue historique à l'Assemblée nationale. Le parti au pouvoir raflerait 129 sièges sur les 165 à pourvoir, soit largement au-dessus de la majorité absolue fixée à 83 députés.
Ces premières estimations révèlent un véritable raz-de-marée en faveur du parti du Premier ministre Ousmane Sonko, tandis que l'opposition se trouve fortement fragmentée. La coalition Samm Sa Kaadu n'obtiendrait que 5 sièges, et Takku Wallu 15 sièges. Les 16 sièges restants demeurent encore à pourvoir.
Face à l'ampleur de ces résultats provisoires, les principales forces d'opposition ont rapidement concédé leur défaite. La coalition Samm Sa Kaadu et l'ancien Premier ministre Amadou Ba ont admis leur revers quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote.
Autre enseignement de ce scrutin : la participation s'établit à 49,72%, selon les projections de Mamadou Yauck. Un taux qui témoigne d'une mobilisation importante des électeurs pour ces législatives anticipées.
Cette configuration, si elle se confirme dans les résultats officiels, donnerait au parti au pouvoir une marge de manœuvre considérable pour faire adopter ses projets de loi au Parlement.
SAMM SA KADDU RECONNAÎT SA DÉFAITE
Tour à tour, Barthélémy Dias, Anta Babacar et le président de Gueum Sa Bopp, Bougane Gueye Dany, ont félicité leurs adversaires du Pastef. Leurs messages convergent vers un même constat : la vitalité de la démocratie sénégalaise
(SenePlus) - Dans un exercice démocratique, les principaux leaders de la coalition Samm Sa Kaddu ont reconnu leur défaite face au Pastef lors des élections législatives anticipées de ce 17 novembre 2024, alors que le dépouillement se poursuit.
Anta Babacar, Bougane Gueye Dany et Barthélémy Dias ont tour à tour félicité la coalition Pastef pour sa victoire, dans des déclarations empreintes de fair-play politique.
Ces messages convergent sur un point essentiel : la maturité démocratique du peuple sénégalais. "Cette élection témoigne de la vivacité démocratique de notre cher peuple", a notamment souligné Anta Babacar.
Pour Bougane Gueye Dany, président de Gueum Sa Bopp Les Jambars, ce scrutin confirme "le choix du 24 mars dernier". Il appelle désormais "le camp présidentiel à se pencher sur la satisfaction des besoins des Sénégalais".
Dans un message plus développé, Barthélémy Dias a qualifié ce moment d'"éclatante preuve de maturité politique", tout en réaffirmant l'engagement de sa formation pour "un Sénégal juste, solidaire et tourné vers l'avenir".
Cette reconnaissance rapide des résultats par l'opposition marque une étape importante dans la consolidation démocratique du pays, illustrant la capacité des acteurs politiques sénégalais à accepter le verdict des urnes.
KIEV AUTORISÉ À FRAPPER PLUS LOIN EN RUSSIE
Selon AP, Biden aurait donné son accord pour des frappes ukrainiennes plus profondes en Russie avec les missiles ATACMS. Cette décision, longtemps réclamée par Kiev, intervient alors que jusqu'à 12 000 soldats nord-coréens renforceraient les rangs russes
(SenePlus) - Le président Joe Biden vient d'autoriser l'Ukraine à utiliser des missiles américains longue portée pour des frappes plus profondes en territoire russe, alors que Moscou déploie des milliers de soldats nord-coréens pour renforcer son effort de guerre, rapporte Associated Press (AP), citant un responsable américain et trois sources proches du dossier.
Cette décision concernant l'utilisation du système de missiles tactiques de l'armée (ATACMS) intervient dans un contexte particulier : Vladimir Poutine positionne des troupes nord-coréennes le long de la frontière nord de l'Ukraine, dans une tentative de reconquérir des territoires repris par les forces ukrainiennes.
Selon AP, ce revirement stratégique fait suite à la victoire électorale de Donald Trump, qui a promis une fin rapide au conflit et suscité des incertitudes quant à la poursuite du soutien militaire américain vital pour l'Ukraine.
"Les missiles de plus longue portée seront probablement utilisés en réponse à la décision de la Corée du Nord de soutenir l'invasion de l'Ukraine par Poutine", indique l'une des sources citées par l'agence de presse américaine.
Le président Volodymyr Zelensky et ses soutiens occidentaux faisaient pression depuis des mois sur Biden pour autoriser ces frappes plus profondes avec des missiles occidentaux, arguant que cette restriction rendait impossible toute tentative d'arrêter les attaques russes contre les villes et le réseau électrique ukrainiens.
L'ampleur de l'implication nord-coréenne est significative : selon les évaluations américaines, sud-coréennes et ukrainiennes citées par Associated Press, jusqu'à 12 000 soldats nord-coréens ont été envoyés en Russie. Les services de renseignement américains et sud-coréens affirment que Pyongyang a également fourni d'importantes quantités de munitions à Moscou.
Cette décision intervient alors que la Russie a lancé ce dimanche "une attaque massive de drones et de missiles contre l'Ukraine, décrite par les responsables comme la plus importante des derniers mois, ciblant les infrastructures énergétiques et faisant des victimes civiles", précise AP.
Les États-Unis demeurent le plus précieux allié de l'Ukraine dans cette guerre, ayant fourni plus de 56,2 milliards de dollars d'aide à la sécurité depuis l'invasion russe en février 2022. Cependant, l'administration Biden a régulièrement retardé la fourniture de certaines armes avancées spécifiques demandées par l'Ukraine, ne cédant que sous la pression de Kiev et de ses soutiens.
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, interrogé sur cette décision, a rappelé la position des Nations Unies qui est "d'éviter une détérioration permanente de la guerre en Ukraine", ajoutant : "Nous voulons la paix, nous voulons une paix juste", selon les propos rapportés par Associated Press.
UN DÉMARRAGE TIMIDE POUR LES LÉGISLATIVES
La participation électorale peine à décoller. De Dakar à Tambacounda, en passant par les zones rurales, les bureaux de vote n'ont accueilli que 7 à 14% des électeurs dans la matinée
(SenePlus) - Les premiers chiffres de participation aux élections législatives anticipées révèlent un démarrage modéré ce dimanche. À 10 heures, les taux de participation oscillent entre 7% et 14% dans plusieurs localités du pays.
Dans la région de Dakar, Guédiawaye enregistre 8,1% de votants sur plus de 203 000 électeurs, tandis que Rufisque atteint 10,26% sur près de 278 000 inscrits.
Le département de Médina Yoro Foula affiche le taux le plus élevé avec 14% de participation, suivi d'Oussouye avec 12%. À l'opposé, Bakel ferme la marche avec 7,93% de votants.
Dans les zones rurales, Foundiougne compte 10,4% de participation, Gossas 11,4%, pendant que Podor, malgré ses 237 079 électeurs, ne mobilise que 8% des inscrits en début de matinée.
La région de Tambacounda et ses environs présente des taux similaires : 8,71% pour Tambacounda-ville, 8,91% à Koumpentoum, et 11,42% à Goudiry.
Ces chiffres préliminaires concernent un corps électoral de plus de 7,3 millions d'électeurs appelés à renouveler les 165 sièges de l'Assemblée nationale.
DES LÉGISLATIVES SOUS HAUTE SURVEILLANCE AFRICAINE
La CEDEAO et l'UA ont déployé 104 observateurs pour superviser ce scrutin. La mission, dirigée par des diplomates chevronnés, surveillera l'ensemble du processus électoral jusqu'au dépouillement
Les Commissions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Africaine (UA) ont annoncé le déploiement au Sénégal de leur Mission conjointe d’Observation électorale, composée de 104 observateurs pour les élections législatives anticipées prévues dimanche.
La mission conjointe, arrivée les 12 et 13 novembre, a pour mandat d’observer les derniers jours de la campagne électorale, les opérations de vote le jour du scrutin, et les procédures de clôture et de dépouillement des voix.
La délégation est conduite par des figures expérimentées comme Francis Alex Tsega, ancien ambassadeur du Ghana en Espagne, pour la CEDEAO, et Calixte Aristide Mbari, chef de la Division de la Démocratie, des Élections et du Constitutionnalisme de l’Union Africaine, pour l’UA, selon un communiqué de presse.
Les observateurs incluent des représentants d’organes de gestion des élections, des organisations de la société civile, des universitaires et des experts électoraux. Leur objectif est de garantir la transparence du scrutin et de formuler, si nécessaire, des recommandations pour renforcer le processus électoral sénégalais, indique-t-on auprès de ces Commissions.
La mission prévoit de collaborer avec les acteurs locaux et internationaux du processus électoral pour collecter des informations et partager ses observations. Une déclaration préliminaire sur le déroulement des élections sera présentée le 19 novembre 2024, suivie d’un rapport final détaillé qui sera accessible aux parties prenantes sénégalaises.
Selon un communiqué de la Cédéao, sa mission comprend 90 membres représentant diverses instances : la Cour de justice communautaire, le ministère des Affaires étrangères, les organes de gestion électorale des États membres, des organisations de la société civile et une équipe technique de la Commission.
Les Sénégalais se rendent dimanche prochain aux urnes pour élire les députés de la nouvelle Assemblée nationale. Le scrutin à un seul tour qui mobilisera un total de 7 millions 371.890 électeurs inscrits, renouvellera pour cinq ans les 165 sièges de l’Assemblée nationale. Un total de 41 listes de candidats sont en lice incluant des partis politiques, des coalitions et des entités regroupant des candidats indépendants.
Le mode de scrutin combine un scrutin majoritaire à un tour et un scrutin proportionnel, selon le Code électoral. Dans le cadre du scrutin majoritaire, 112 sièges seront pourvus, dont 97 pour le territoire national et 15 pour la diaspora. Chaque département élit entre 1 et 7 députés, en fonction de sa population, tandis que les circonscriptions de la diaspora élisent entre 1 et 3 députés.
En parallèle, 53 sièges seront attribués selon un scrutin proportionnel sur une liste nationale. Chaque parti obtiendra une part des sièges proportionnelle à sa part des suffrages obtenus à l’échelle nationale.
par Alioune Diop
DE L’URGENCE D’ASSAINIR LE DÉBAT SUR LES ÉTRANGERS AU SÉNÉGAL
Alors que la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest ont créé des agences spécialisées pour la gestion des identités, le Sénégal reste attaché à un système traditionnel confié à la Police. Les protocoles de la CEDEAO offrent pourtant un cadre de régulation
C’est au cours d’une de leurs longues et agréables visites du week-end qu’un groupe de neveux que j’appelle affectueusement «les réguliers», m’a posé encore une fois cette question qui semble être une réelle préoccupation pour eux : «Tonton, vous qui avez travaillé avec les Nations unies et la Cedeao, est-ce que l’exigence d’une carte de séjour pour les nombreux étrangers ne devient pas une obligation désormais ?»
En fait, voilà plus de trois mois que les thèmes qu’ils abordent lors de nos échanges et qui exacerbent leurs frustrations, ont trait respectivement :
Au nombre de jeunes citoyens sénégalais victimes d’usurpation de pièces d’identité nationale, celles-ci étant attribuées très souvent, disent-ils, à des personnes d’origine étrangère ;
A l’exhibition sur les réseaux sociaux de passeports sénégalais par des émigrants étrangers qui les déchirent dès leur arrivée au Nicaragua ;
Au nombre important de citoyens étrangers venus s’établir définitivement au Sénégal, particulièrement d’origine guinéenne, et prêts à envahir plusieurs créneaux de travail disponibles pour la jeunesse nationale tels qu’ouvriers sur les grands chantiers, livreurs, conducteurs de mototaxi ou employés dans les grandes surfaces, etc.
Après quelques semaines de recherches pour bien asseoir notre réponse sur des textes communautaires et bonnes pratiques en vigueur dans le monde, eu égard à l’appartenance du Sénégal à des organisations internationales comme l’Onu, l’Union africaine, la Cedeao et l’Uemoa, il a été possible de partager avec eux les considérations suivantes.
Premièrement, en ce qui concerne les passeports et cartes nationales d’identité, les bonnes pratiques de la gouvernance des identités biométriques recommandent aux Etats d’appliquer le principe sacro-saint qui stipule que le service qui délivre doit être totalement différent de l’autorité responsable du contrôle quotidien des pièces d’identité ou de passeport.
A cet effet, certains Etats de la région, ayant noté la récurrence d’accusations de corruption ou de malversations effectives, ont mis en place des agences ou offices uniquement dédiés à la gestion des cartes nationales d’identité et de résident temporaire ou définitif, alors que les Forces de défense et de sécurité conservent leur rôle de contrôle sur le terrain avec accès aux terminaux digitaux de l’agence concernée. C’est le cas avec :
L’Oneci (Office national de l’état civil et de l’identification) en Côte d’Ivoire, accessible au site : www.oneci.ci ;
La Nia au Ghana (National Identification Authority/Autorité nationale de l’identification), accessible à : https://nia.gov.gh ;
L’Anip (Agence nationale d’identification) au Bénin, accessible au site : www.anip.bj ;
La Nimc (National Identity Management Commission au Nigeria), accessible au site : www.nimc.gov.ng ;
L’Anid au Togo (Agence nationale de l’identification), accessible au site : www.anid.gouv.tg.
Ainsi, les seuls pays francophones de la région qui ont encore maintenu la tradition de confier la gestion et le contrôle des pièces d’identité à la Police nationale sont le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Sénégal.
Pour les passeports, les options varient entre, d’une part, les services chargés de l’immigration et, d’autre part, le recours à une société privée nationale comme Snedai, qui a déjà opéré au Sénégal, et ce dans une vision de préférence nationale avec un champion national.
Deuxièmement, pour le séjour des étrangers, il faut prendre en compte :
Les originaires de pays membres de la Cedeao ;
Les originaires de pays non membres de la Cedeao ;
Les originaires de pays hors du continent.
Pour les étrangers originaires de la Cedeao, les Etats membres ont adopté respectivement, et depuis 1979 :
Le document fondamental du Protocole sur la libre circulation des personnels, le droit de résidence et d’établissement (Dakar 1979) dont «l’article (1) exige de tout citoyen désirant entrer sur le territoire d’un pays membre de posséder un document de voyage et des certificats internationaux de vaccination en cours de validation», alors que l’article (2) précise bien que «tout citoyen désirant séjourner dans un Etat membre pour une durée max, obtenir une autorisation délivrée par les autorités compétentes» ;
En mai 1990 à Banjul, les Etats membres adoptent le Protocole additionnel A/SP2/5/90 relatif à l’exécution de la troisième étape (droit d’établissement du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement) dont l’article (1) précise respectivement :
La «Carte de Résident» ou «Permis de Résident» comme le titre ou le permis de résidence délivré par les autorités compétentes accordant le droit de résidence sur le territoire d’un Etat membre ;
Le statut de Résident comme tout citoyen, ressortissant d’un Etat membre auquel est conféré le droit de résidence.
Dans le même article, les Etats membres se sont entendus sur les différents statuts disponibles, en matière de travail, pour les citoyens venant chercher du travail dans un Etat membre, à savoir :
«Travailleur migrant ou migrant» ;
«Travailleurs frontaliers» ;
«Travailleurs saisonniers» ;
«Travailleurs itinérants» ;
«Personnes exerçant dans des organisations internationales».
Les détails sont précisés dans le document accessible sur internet.
Et enfin, avec l’adoption quasi généralisée de la biométrie, lors de la 70e session ordinaire du Conseil des ministres tenue à Abidjan du 20 au 21 juin 2013, les Etats membres ont adopté le «Règlement C/REG.15/06/13 relatif aux aspects sécuritaire et institutionnel de la mise en œuvre du Protocole sur la libre circulation des personnes et des biens et le droit de résidence», en demandant la mise en place :
Du profilage biométrique des passagers internationaux dans les aéroports et frontières terrestres ;
L’installation de guichets d’immigration spécifiquement destinés aux citoyens de la Cedeao.
Troisièmement, les Etats membres de la Cedeao dont certains sont confrontés au terrorisme, à l’extrémisme violent, aux activités illicites transnationales, à de fréquentes incursions dans les zones frontalières des pays côtiers, ont mis en place les protocoles et règlements qui permettent à chaque Etat membre d’assurer un enregistrement et un suivi permanent de tous les étrangers qui accèdent à leur territoire.
La carte de résident, et non carte de séjour, est un document qui justifie la présence de tout citoyen de la Cedeao dans un territoire d’un pays membre !
Pour conclure, la première des souverainetés est celle d’assurer la sécurité de son territoire et la protection de ses citoyens et de leur identité : la négligence ou le manque d’intérêt des gouvernants a trop duré pour causer aujourd’hui paroles, faits et gestes qui risquent de perturber notre cohésion nationale et nos relations fraternelles avec nos voisins dont les Etats ont adopté ces textes comme le nôtre !
Les nouvelles autorités du pays doivent pouvoir régler ce problème sans heurt ! La responsabilité incombe à chaque Etat, la Cedeao ayant déjà fait sa part et défini le cadre accepté par tous les Etats membres.
Je ne saurais conclure sans vous recommander, pour votre gouverne personnelle ou d’autres actions ultérieures, de visiter les sites annoncés plus haut, et particulièrement celui de l’Oneci de la Côte d’Ivoire qui délivre même des Cartes de Résident Temporaire, avant le délai de 90 jours exigé par les protocoles de la Cedeao.
Colonel (Er) Alioune Diop est ancien Conseiller Sécurité des Nations Unies, Secrétaire général de l’Association Pour la Promotion de la Sécurité Humaine (Aprosh) aldiop30@gmail.com
A L’UCAD, LA RÉVOLTE DES SANS-BOURSE
Treize mois sans bourse ont poussé 5 000 étudiants de master à manifester jeudi, malgré la répression. Face à un pouvoir qui évoque des caisses vides, les étudiants rappellent que leur survie n'attend pas
(SenePlus) - L'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (Ucad), plus grande université francophone d'Afrique de l'Ouest, est à nouveau en ébullition. Le jeudi 7 novembre, environ 5 000 étudiants de master ont manifesté pour réclamer leurs bourses impayées depuis treize mois, rapporte La Croix Afrique.
"C'est la première mobilisation d'envergure depuis l'avènement des nouvelles autorités. Elles ont réagi avec force", confie au journal Babacar Diallo, étudiant en anglais et coordonnateur du collectif des boursiers. Les manifestants, asphyxiés par les gaz lacrymogènes, ont dû se replier à l'intérieur de l'université.
L'Ucad, qui compte 100 000 étudiants, est coutumière des mouvements de contestation. Selon La Croix, l'occupation de la route principale est devenue un levier de pression classique. "S'ils parviennent à occuper le croisement, ils bloquent un axe majeur de circulation de la capitale et sont donc certains que le pouvoir entendra leurs revendications", explique Abdoulaye Cissé, un ancien étudiant, cité par le quotidien français.
"Faute d'argent, certains étudiants ne peuvent même pas regagner Dakar pour suivre les cours", déplore Babacar Diallo dans les colonnes du quotidien. "D'autres n'ont pas de quoi manger, ni même d'ordinateur pour écrire leur mémoire. C'est mon cas, j'appréhende le jour où le professeur annoncera une date de rendu."
Le nouveau pouvoir, élu sur des promesses de changement, n'a toujours pas résolu la situation. "Ils disent qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses. Pourtant, ils ont décaissé 102 millions de francs CFA (150 000 €) après les récentes inondations", dénonce le militant Babacar Diallo, qui ajoute : "Le rôle des ministres est de trouver des solutions. S'ils n'en trouvent pas, c'est bien que les étudiants ne sont pas leur priorité."
La situation est d'autant plus critique que l'université sort d'une fermeture de neuf mois, consécutive aux émeutes de juin 2023. "La plupart des étudiants, même les meilleurs, ont redoublé à cause de la fermeture", déplore Mohamed Ba, redoublant en deuxième année de droit, cité par La Croix Afrique.
Les étudiants promettent de poursuivre leur mobilisation. "Nous, on ne manifeste pas pour des idées mais bien pour des droits ! Ces bourses sont cruciales pour notre avenir. On va continuer le combat et se faire entendre", affirme Babacar Diallo.