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4 décembre 2024
Economie
DES DISTRIBUTEURS REMETTENT EN CAUSE LA BAISSE DES PRIX DU PAIN ET DU CIMENT
Les nouveaux prix de ces produits ne pourraient pas entrer en vigueur, car les mesures annoncées par l’État n’ont pas été notifiées aux meuniers et aux fabricants de ciment, ont soutenu des professionnels des circuits de distribution.
Dakar, 24 juin (APS) – Les nouveaux prix du pain et du ciment ne pourraient pas entrer en vigueur, car les mesures annoncées par l’État en vue de leur réduction n’ont pas été notifiées aux meuniers et aux fabricants de ciment, ont soutenu des professionnels des circuits de distribution de ces deux produits, lundi, à Dakar.
Le gouvernement et le Conseil national de la consommation (CNC) ont annoncé une baisse des prix de plusieurs denrées de consommation courante, dont le ciment et le pain.
Le prix de la baguette de pain de 190 grammes, la plus commercialisée, passe de 175 à 160 francs CFA.
L’État annonce avoir suspendu le paiement d’une taxe sur le ciment pour permettre aux cimentiers de réduire de 2.000 francs CFA le prix de la tonne.
Le gouvernement déclare avoir réduit de 4.000 francs CFA le prix du sac de 50 kilos de farine pour permettre aux boulangers de vendre la baguette de pain de 190 grammes à 160 francs CFA.
Ces mesures sont censées entrées en vigueur ce lundi, selon le CNC, une instance que préside le ministre de l’Industrie et du Commerce.
‘’Les meuniers se sont concertés ce matin [pour] stopper la vente de la farine, car nous avons eu effectivement un différend. Nous saluons la volonté des autorités de réduire le prix du sac de farine à 15.200 francs CFA. Cependant, les industriels que nous sommes n’avons reçu aucune garantie, aucun échange écrit nous disant de quelle manière la baisse de 4.000 francs sera financée’’, a soutenu Franck Bavard, le directeur général adjoint des Grands Moulins de Dakar, un important fournisseur de farine et de blé.
‘’Nous avons reçu verbalement une information relative à l’abandon de droits de douane […] Nous avons besoin aussi de savoir [ce qu’on fera des] stocks de blé et de farine que nous avons dans nos usines. Les droits de douane ont déjà été payés sur ces stocks’’, a ajouté M. Bavard lors d’une conférence de presse du Conseil national du patronat du Sénégal (CNP).
Il estime que ‘’c’est comme si [les meuniers seront] emmenés à subventionner [eux-mêmes] le prix du pain’’. ‘’Nous sommes désolés […] La marge bénéficiaire des meuniers est très basse’’, a argué Franck Bavard.
Il assure les autorités de l’‘’engagement’’ et de la ‘’volonté’’ des meuniers de ‘’soutenir’’ la baisse des tarifs, tout en estimant que l’État doit prendre en compte les droits de douane payés pour le blé déjà importé. ‘’Nous espérons que l’État fera rapidement une proposition écrite, qui permettrait d’enrayer ce flou.’’
Ousmane Mbaye, le directeur général de Dangote Cement Senegal, l’un des principaux fabricants de ciment du pays, a aussi des soucis quant à la baisse du prix de cette denrée.
‘’Nous attendons le décret et l’arrêté ministériel fixant le nouveau prix. Nous ne vendons plus parce que tout le monde (la clientèle) s’attend à cette baisse annoncée. Mais personne ne peut vendre à ce tarif, si le décret et l’arrêté ministériel qui le fixent ne sont pas rendus publics’’, a argué M. Mbaye en intervenant à la conférence de presse au nom du Syndicat des professionnels des industries du Sénégal.
Baïdy Agne, le président du CNP, commentant la baisse des prix, soutient que ‘’les politiques […] de subvention ne marchent pas’’.
‘’Nous invitons l’État à […] soutenir les plus vulnérables et à éviter de subventionner des prix pour des gens qui n’en ont pas besoin’’, a-t-il dit.
Le Conseil national du patronat du Sénégal va organiser ses prochaines ‘’assises de l’entreprise’’ jeudi et vendredi prochains à l’hôtel King Fahd de Dakar.
LE CNP ORGANISE L’ÉDITION 2024 DE SES ASSISES DE L’ENTREPRISE À PARTIR DE JEUDI
Le Salon international des professionnels de l’économie numérique (SIPEN), le Salon national ‘’Dakar Industries 2024’’, ainsi qu’une table ronde sur ‘’les entreprises, les impôts et les douanes’’ font partie du programme des assises.
Dakar, 24 juin (APS) – Le Conseil national du patronat du Sénégal (CNP) va organiser ses prochaines ‘’assises de l’entreprise’’ jeudi et vendredi prochains à l’hôtel King Fahd de Dakar, dans ‘’un contexte’’ marqué par ‘’des enjeux et des défis nouveaux’’, à savoir une politique économique fortement basée sur la ‘’souveraineté’’, a annoncé, lundi, son président, Baïdy Agne.
L’édition 2024 de cette rencontre qui se tient annuellement ‘’depuis une vingtaine d’années’’ survient dans un contexte où la promotion du contenu local est plus que jamais d’actualité, a souligné M. Agne lors d’une conférence de presse.
Le contenu local, c’est-à-dire l’implication de la main-d’œuvre et des entreprises locales dans l’exploitation des ressources nationales par des entreprises étrangères, doit être élargi à d’autres secteurs d’activité, a plaidé le président du CNP.
‘’Il y a le contenu local sur le pétrole et le gaz. Le grand défi est de l’étendre à d’autres secteurs’’ afin d’accroître les ‘’flux d’investissements nationaux’’, a dit Baïdy Agne.
C’est d’autant plus nécessaire que les nouvelles autorités du pays ont décidé de mener une politique économique privilégiant la ‘’souveraineté’’ nationale, a-t-il laissé entendre.
‘’On ne va pas vite dans la digitalisation’’
Le Salon international des professionnels de l’économie numérique (SIPEN), le Salon national ‘’Dakar Industries 2024’’, ainsi qu’une table ronde sur ‘’les entreprises, les impôts et les douanes’’ font partie du programme des assises du CNP.
Un forum ‘’Etat-partenaires sociaux’’, un symposium consacré à l’éducation, à l’enseignement supérieur et à la formation et une rencontre d’organisations patronales d’Afrique de l’Ouest en font également partie.
‘’Accélération de la digitalisation : un puissant levier des économies sénégalaise et africaine’’ est le thème du SIPEN. ‘’On ne va pas vite dans la digitalisation’’ de l’économie au Sénégal, ce qui justifie le choix de ce thème, a expliqué Antoine Ngom, leader de l’Organisation des professionnels des technologies de l’information et de la communication (OPTIC).
‘’Le SIPEN n’est pas un événement national […] Tous les pays de l’UEMOA seront représentés’’, a souligné M. Ngom.
À ce volet des assises prendront part plus de 5.000 visiteurs et des représentants d’une centaine d’entreprises, selon le président de l’OPTIC, une organisation membre du CNP.
Certains participants du SIPEN y seront de manière virtuelle, a-t-il précisé.
L’édition 2024 des assises de l’entreprise sera l’occasion de relancer les échanges sur l’industrie sénégalaise en termes de fiscalité, de règlementation et de concurrence, selon Ousmane Mbaye, le président du Syndicat professionnel des industries du Sénégal (SPIS).
‘’Comment augmenter le pouvoir d’achat au lieu de réduire les prix ? Comment les autorités du pays peuvent-elles nous aider à créer des emplois ? Comment élargir l’assiette fiscale en faisant de sorte que tout le monde paye l’impôt ?’’ Les participants au Salon national ‘’Dakar Industries 2024’’ tenteront de répondre à ces questions, a dit M. Mbaye.
La branche éducation, enseignement supérieur et formation du CNP va procéder à un ‘’état des lieux’’ de ces branches d’activité et plancher sur leurs ‘’perspectives’’, selon Pape Madické Diop.
Le symposium consacré à l’éducation, à l’enseignement supérieur et à la formation sera l’occasion de discuter des contrats d’apprentissage, des contrats de professionnalisation et du financement de l’enseignement privé, a ajouté M. Diop.
L’ARRÊTÉ PORTANT BAISSE DES PRIX DE CERTAINS PRODUITS PUBLIÉ
Dans un entretien accordé à la presse ce lundi, le president de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal a affirmé qu’ils ne comptent pas appliquer la baisse du prix du pain tant que l’arrêté ministériel ne sort pas.
Dans un entretien accordé à la presse ce lundi, le president de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal a affirmé qu’ils ne comptent pas appliquer la baisse du prix du pain tant que l’arrêté ministériel ne sort pas.
Le ministre du Commerce vient de publier le document administratif portant administration des prix plafond de certains produits.
L’huile de palme raffinée est maintenue à 1000 F Cfa le litre et 19000 F CFA le bidon de 20 litres.
Le riz brisé ordinaire à 410 F CFA le kg et 385.000 la tonne
Le sucre cristallisé à 600 f CFA le kg et 577.000 la tonne
La farine boulangère de type blé 55 à 15.200 F CFA le sac, le kg et la farine boulangère améliorée à 15.700 le sac de 50 kg.
Le pain de 60 g est vendu à 50 F CFA, le pain de 115 g à 100Fcfa, le pain de 190 g à 150 F CFA et le pain de 230 g à 200 F CFA.
La tonne de ciment 32,5 disponible à 71.000 et le sac à 3550 FCFA.
L’ arrêté de préciser que les prix fixés dans les autres régions du pays sont majorés d’un différentiel de transport déterminé par le Conseil Régional de Consommation.
Par Amadou Lamine SALL
DIOMAYE-SONKO, ENCORE PLUS LOIN QUE LES LIENS POLITIQUES ?
Ce pays est une oasis et les dattes sont à portée de lèvres. Que tout ce peuple soit béni et avec lui ses jardiniers de mars 2024. Mais se souvenir toujours que «la différence entre un jardin et un désert, ce n’est pas l’eau. Mais l’homme»
Notre prière, hymne à l’amitié et à nos valeurs les plus nobles, est celle-ci, avec l’arrivée du Président Diomaye au pouvoir comme 5ème président de la République du Sénégal : Qu’un océan caché et en marche, prenne le relais d’une mer qui n’a jamais renoncé à son sel. Même s’il est plus facile de «contempler la lune» que de «devenir l’océan.» Puissent les nouveaux marchands de sucre rendre notre quinquéliba plus délicieux encore qu’hier. Aidons-les tous à réussir un nouvel arôme !
Certains nous en voudront, jusqu’à nos prières ! Comme si nous n’avions pas le cœur et le droit de prier pour le bien et non pour le mal ! Tant pis, c’est trop tard ! Nous avons choisi le bien ! Il n’a rien à voir avec la politique, parce que la politique, ses démons et ses divisions nous ont appris plus à s’opposer, à haïr qu’à aimer !Que ceux que Le Seigneur aime soient préservés de ce cyanure, de cet incendie !
Nous tentons d’être des poètes qui donnent une voix à l’humanité et tentent de mettre en lumière les problèmes sociaux et politiques et inspirer les gens à agir pour les résoudre. Cette race, dit-on, Dieu veille sur elle et lui prête Sa Lumière.
Il n’y a rien de plus précieux que la liberté ! Il n’y a, non plus, rien de plus beau que l’amitié ! Surtout, que personne ne suive mon regard. Le Sénégalais sait être coquin ! Il est vif d’esprit. Le poète Rûmi, fondateur de la tarîqa Mawlawîya, écrit ceci dans ses «Odes mystiques», je le cite : «…tous deux nous sommes une seule lumière - Si tu veux, vois le, situ le veux, vois-moi.-Je suis lui, il est moi. -Pourquoi dis-je moi ou lui, puisque lui-même est moi, et que moi je suis lui ? Je suis lui-même, maintenant c’est de moi-même que je parle… Heureux le moment où nous sommes assis dans le palais, toi et moi. Avec deux formes et deux visages, mais une seule âme, toi et moi.»
Salâh-od-Dîn Farîdûn Zarkûb dit ceci de son ami le poète Rûmi. - Ne suivez pas mon regard-, je le cite : «Je suis comme un miroir devant Mawlânâ -autre nom du poète Rûmi-. C’est en moi qu’il voit son propre visage. S’il m’a choisi, c’est qu’il s’est choisi lui-même.»
Si quelque misère séparait un jour les deux gardiens du Sénégal à qui le peuple a confié les clefs de sa précieuse maison, -et prions pour que cela n’arrivera jamais-, l’un comme l’autre nous dira alors : «Je me plains puisqu’on m’a séparé de la canne à sucre. Et je ne puis plus vivre sans gémir et me lamenter.»
Puissent les deux, le saint et le héros, comme Senghor les avait prédits, «accueillir les pauvres et ceux qui sont dans le besoin, et qu’ils supportent avec patience la peine de les servir», comme le peuple dans les urnes les a si abondamment servis. Qu’ils se lèvent avant l’aube pour servir et qu’ils se couchent tard pour toujours servir.
«Un affamé ne s’enfuit pas loin du pain» si le pain montre sa pâte et diffuse son parfum.
«Garde bouche close» dit le poète Rûmi ! Dans ce pays si bavard, les meilleurs se taisent. Ils ont vu, fait, donné, construit, aimé leur pays et parcouru le monde. Sans bruit. Ceux qui bavardent, l’esprit court, l’ignorance en bandoulière et la vanité enflée, n’en sont même pas encore «au tournant d’une ruelle.» Tout finit par passer ! Seule demeure ce qui ne peut s’effacer et que garde jalousement les livres d’histoire, la vigueur et l’invincibilité de la tradition orale. Quand on sait et voit qu’il ne reste qu’à peine un mur des grands palais somptueux des sultans arabo-perse, comme « le palais d’Aladin des Mille et Une Nuits, entre autres, on devient silencieux.
Travaillons et pas seulement les tenants du pouvoir, mais tous ensemble. Soyons une présence savante, humble et fraternelle, constructive et non destructrice, divisionniste, séparatiste, jalouse et haineuse.
Ce pays est une oasis et les dattes sont à portée de lèvres ! Que tout ce peuple soit béni et avec lui ses jardiniers de mars 2024 venus avec pelles et truelles. Mais se souvenir toujours que «la différence entre un jardin et un désert, ce n’est pas l’eau. Mais l’homme.»
BAMBEY PILOTE DE LA STRATÉGIE CIBLÉE DU MESS
Le ministère de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire a lancé à Bambey une nouvelle stratégie de financement ciblé pour accompagner 54 organisations locales
Dans son ambition d’impulser une nouvelle approche dans le processus d’accompagnement des acteurs de l’économie sociale et solidaire et des petites et moyennes entreprises, le ministère de la microfinance et de l’Économie sociale et solidaire vient de mettre en place une nouvelle stratégie de financement ciblé (SFC). La première phase a été lancée le weekend dernier à Bambey et permettra d’accompagner 54 organisations dans le département.
Lever les contraintes liées à l’accès au financement, soutenir les acteurs économiques locaux, orienter le financement de l'État vers la souveraineté alimentaire, la création d'emplois et de richesses, lutter contre la pauvreté etc. Telles sont entre autres les objectifs de la nouvelle stratégie de financement ciblé (SFC) mise en place par le ministère de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire (MESS). La première phase a été lancée samedi dans la région de Diourbel. Cette nouvelle approche de financement repose sur trois piliers essentiels. Il s’agit du financement public qui est prioritairement dirigé vers les secteurs prioritaires, contribuant à la souveraineté alimentaire et à la substitution aux importations, le financement public destiné aux acteurs qui n’ont jamais reçu d’appuis financiers de la puissance publique, et enfin le financement visant les acteurs économiques disposant d’un projet à impact social en termes d’emplois créés ou consolidés, et d’un impact économique en termes de création de richesse locale, tout en priorisant les projets viables des acteurs potentiels de l’économie sociale et solidaire. Dans l’opérationnalisation de cette stratégie, un dispositif de ciblage simple basé sur trois critères a été utilisé à savoir la taille du GIE ou organisation productive en termes de membres, les financements reçus et l’intervention dans le secteur de la souveraineté alimentaire.
Ainsi sur les 250 organisations identifiées, 177 ont été rencontrées entre les communes de Bambey, Ndangalma, Ngogom, Ngoye, Guawane et Lambaye par les services du ministère et 54 ont été retenues pour cette première opération d’engagement de financement. Des critères renforcés par le respect du principe de l’équité territoriale. Selon le ministre de l’Économie sociale et solidaire, le financement de ce premier groupe fait partie de la première phase de la stratégie nationale de financement ciblé qui concerne toutes les régions du Sénégal, avec une enveloppe disponible d’un milliard de francs CFA au titre du premier semestre de l’année. Dr Alioune Dione qui prône une nouvelle approche dans l’accompagnement des acteurs, indique que ce changement de paradigme est une déclinaison de la vision du «PROJET» pour un Sénégal souverain, juste et prospère dans une Afrique en progrès. Laquelle vision prône la nécessité de trouver de nouvelles voies de développement économique et social pour un Sénégal prospère, avec le plein emploi productif, un travail décent pour tous et une réduction de la pauvreté sous toutes ses formes. C’est d’ailleurs dans ce cadre, dira-t-il, qu’il a procédé à la remise des 49 agréments aux acteurs de l’ESS dans le cadre de leur formalisation. Et c’est dans le même sillage que s'inscrit aujourd’hui la nouvelle SFC du ministère. Il salue la collaboration entre son département et l’institution de Microfinance UIMCEC comme partenaire d’exécution pour répondre aux attentes des populations en difficulté d’accès aux services financiers de base. Il est à signaler que les projets financés pour les besoins en petits équipements de base sont couverts gratuitement par l’État du Sénégal à travers le Fonds d’Appui à l’Économie sociale et solidaire (FAESS) logé au MEES, tandis que les besoins en gros équipements peuvent être financés par des prêts à partir de la ligne de crédit ouverte au niveau de la PLASEPRI, pour un montant de 600 millions.
Pour compléter le tout, certaines organisations qui préfèrent accéder par la finance islamique pourront être couvertes par le Programme de Développement de la Microfinance islamique après la réforme profonde en cours de mise en place suite à la création d’une nouvelle administration autonome pour la finance islamique.
Alioune Dione : « Je veillerai personnellement aux remboursements »
En outre, Dr Dione s’engage à accompagner toutes les institutions de microfinance pour faciliter l’accès aux crédits avec des conditions souples aux acteurs de l’ESS. Toutefois, il est attendu de ce partenariat que pour chaque SFD appliquée aux ressources de l’Etat, l’on fasse preuve de la même rigueur pour ses propres ressources. Pour ce faire, ils seront impliqués en amont dans la sélection des projets et en aval dans le recouvrement des créances. S’agissant des remboursements, le ministre compte «y veiller personnellement». Rappelant qu’il est du rôle de l’Etat d’accompagner ses populations, il rappelle par ailleurs que ces dernières doivent également respecter les règles édictées. «J’exhorte donc les bénéficiaires de ce programme au respect scrupuleux des conditions du crédit et j’insiste d’abord sur l’utilisation des financements et des subventions pour les besoins stricts des projets financés», a-t-il déclaré dans la foulée. Il ajoute à ce propos que le dispositif de mise en œuvre de la Loi d’orientation relative à l’économie sociale et solidaire mettra en place un cadre départemental de concertation avec un dispositif de suivi de l’utilisation effective des financements.
S’expliquant sur le choix de Bambey comme phase pilote du projet, le ministre indique que la SFC appelle à une rigueur jusque-là jamais appliquée aux crédits mis à disposition par l’État. Par conséquent, cette rigueur doit d’abord s’appliquer à ses proches, étant natif de cette localité, pour que nulle n’ignore «que dorénavant, dans le Sénégal dirigé par le Président Bassirou Diomaye Faye et dans un gouvernement dirigé par Ousmane Sonko, les crédits à l’économie doivent être remboursés jusqu’au dernier centime».
Par Madiambal DIAGNE
L’OFNAC SERVI SUR UN PLATEAU… D’ARGENT
La récente opération de levée de 450 milliards interroge sur une possible prise illégale d'intérêts, alors que le Sénégal, à en croire le FMI, n'avait nul besoin d'emprunter autant de manière aussi opaque
L’agence Bloomberg avait révélé, dans une dépêche du 4 juin 2024, que le Sénégal a levé, sur les marchés internationaux de capitaux, la bagatelle de 750 millions de dollars américains, soit 450 milliards de francs Cfa. L’information a été très largement relayée par les médias. Le gouvernement daigne alors, dans un communiqué en date du 6 juin 2024, confirmer l’information, soulignant avoir réalisé l’opération «avec succès». L’organisation Forum civil, qui s’investit pour la transparence dans la gestion des affaires publiques, s’était interrogée, par la voix de son coordonnateur, Birahim Seck, sur les conditions de réalisation de cette opération. «Le ministre des Finances et du budget doit nous édifier sur le choix de JP Morgan Londres. Le problème de la transparence de l’intermédiation demeure», demande-t-il. Le gouvernement n’a encore fourni la moindre réponse à cette interpellation publique. A priori, on pouvait être indulgent à l’endroit de cette opération car, dès l’installation du gouvernement dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko, des voix, les plus autorisées, laissaient entendre que la situation financière héritée du régime de Macky Sall était catastrophique et qu’il fallait parer au plus pressé pour trouver des ressources financières.
Pourtant, le 11 avril 2024, le nouveau régime avait encaissé 324 milliards de francs Cfa, fruits d’un prêt garanti par la Banque africaine de développement (Bad) et autorisé par le Fmi, en décembre 2023, pour permettre de passer le premier trimestre de 2024 marqué par une période électorale.
L’opération cachée, même au Fmi : Un scandale !
Les objections formulées quant à l’opération de levée de 450 milliards de francs Cfa étaient tout bonnement ignorées. Ainsi, le fait que le Sénégal ait cette fois-ci emprunté au taux le plus cher de son historique d’endettement, à savoir 7,75%, adjugé aux investisseurs, sur une maturité aussi courte de sept ans, ne devait pas étonner. Quel est le taux définitif si on intègre les commissions et autres frais d’intermédiation gardés confidentiels ? Le gouvernement avait souligné avoir levé les fonds pour consacrer les deux tiers à «optimiser davantage le service de la dette». Allez savoir la logique d’emprunter à des taux les plus chers, pour racheter des dettes moins coûteuses ! Les brillants économistes sénégalais, qui parlaient souvent de ces questions, se sont subitement tus. Nul ne cherche à insister pour savoir dans quelles conditions la banque intermédiaire JP Morgan a été choisie, sans aucun appel à la concurrence, et que l’opération présentée comme un eurobond ne l’est point et se révèle plutôt être une banale opération de placement d’obligations directes du Sénégal auprès d’investisseurs ciblés. Dans une opération classique d’eurobonds, du style de celles réalisées les dernières semaines par la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Kenya, et par le Sénégal sous les régimes de Abdoulaye Wade et Macky Sall, la transparence est de rigueur sur les modalités du choix de la banque conseil, les frais et commissions d’intermédiation payés. Mieux, «un road show» est organisé à l’intention des potentiels souscripteurs, avec l’assistance des institutions financières internationales publiques. Le modus operandi d’un eurobond voudrait une publicité préalable de l’opération et que les souscripteurs proposent, au cours d’une séance publique, des taux de financements affichés à l’écran, que le pays demandeur apprécie et négocie avant de distribuer le portefeuille selon ses propres critères d’appréciation. Le public est informé, jusqu’à la nomenclature des dettes rachetées à l’occasion ! Il n’en est véritablement rien de la première opération de levée de financements privés que vient de mener le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, en dehors des marchés financiers régionaux. JP Morgan n’a eu à démarcher que ses clients privilégiés, et des investisseurs traditionnels non consultés ou approchés font une moue frustrée. D’autres curiosités pouvant renforcer la suspicion sont également notées. L’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, présenté comme un Vrp de JP Morgan, a été reçu par le Président Faye, le lendemain de l’opération «fast track» de levée de fonds, alors qu’il était jadis férocement pourfendu par Ousmane Sonko. Simple coïncidence ? En outre, des médias ont pu révéler que des cadres encartés au parti Pastef avaient été, jusqu’à une période récente, des collaborateurs de JP Morgan.
Le Fmi, un «lanceur d’alerte» pour l’Ofnac
La mission qu’une équipe du Fmi, a effectuée du 6 au 19 juin 2024, pour une revue du programme en cours avec le Sénégal (2023-2026), s’est conclue par un coup de tonnerre. Edward Gemayel, chef de mission, a révélé, au cours d’une conférence de presse à Dakar, que «le Sénégal traverse une période de surfinancement. Le pays a emprunté plus que nécessaire, conduisant à une liquidité excédentaire». Il souligne que le gouvernement dispose actuellement de plus de liquidités que nécessaire. «Ce surplus de financement résulte principalement de l’émission d’euro-obligations (eurobonds) des 3 et 4 juin 2024.» Ce qui est fait est fait, et le Fmi semble donc se résigner à «discuter avec le gouvernement de l’utilisation de ce surfinancement pour effectuer des opérations de gestion du passif». M. Gemayel ajoute, non sans saveur : «C’est-à-dire racheter des dettes à court terme plus coûteuses avec cette liquidité à plus long terme et moins coûteuse.» Seulement, on remarquera que le taux de 7,75%, déjà souscrit par le Sénégal, ne saurait être moins coûteux que les dettes à racheter ! De toute façon, le principe préconisé par le Fmi pourrait apparaître simple et Mesmin KouletVickot, représentant-résident du Fmi à Dakar, nous l’explique de manière didactique : «Le Sénégal a emprunté plus que nécessaire pour ses besoins actuels, créant ainsi des fonds excédentaires disponibles. La gestion du passif implique de réduire les coûts de la dette et d’améliorer la stabilité financière à long terme. Les fonds excédentaires, ayant des taux d’intérêt plus bas et des échéances plus longues, permettraient de rembourser des dettes plus coûteuses à court terme et de bénéficier de coûts d’emprunt plus bas sur une période plus longue. Cette stratégie permettrait d’optimiser la structure de la dette, de réduire le surfinancement et de renforcer la soutenabilité de la dette.» Question à Mesmin KouletVickot : en langage plus clair, le Sénégal avait-il un besoin vital de faire ce nouvel emprunt ? Réponse plus ou moins embarrassée : «Véritablement pas.» Pourquoi le Fmi, conseiller du gouvernement, a-t-il pu alors laisser faire ? Le représentant résident à Dakar consent à lâcher : «Non, le Fmi n’était pas informé en amont de cette opération.»
Le fait que cette opération ait été réalisée dans le dos du Fmi est de nature cavalière et rajoute à la suspicion. Pourquoi diantre se cacher du Fmi et mettre l’institution financière devant le fait accompli, alors que la transparence dans ces opérations à gros sous doit être totale, pour éviter, à tout le moins, tout soupçon de prise illégale d’intérêts ou de versement de rétro-commissions ? Est-ce de la simple malice que, dans son communiqué numéro 24/226 du 19 juin 2024, le Fmi se félicite du renforcement des pouvoirs et des moyens d’action de l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac) et de la protection des «lanceurs d’alerte» ? Doit-on redouter que cette affaire ne finisse par gêner les relations du Sénégal avec ses partenaires ? Le gouvernement ne semble pas être très à l’aise avec ce dossier. La communication, à l’issue des conseils de ministres du 5 juin 2024 et du 12 juin 2024, donc postérieurement à l’opération de levée de fonds, continue étonnamment de faire l’impasse sur ces fonds. Y’aurait-il anguille sous roche pour que le ministre Diba, dans sa communication du 12 juin 2024 devant le Conseil des ministres, n’ait évoqué, à en croire le communiqué publié par le porte-parole du gouvernement, que le prochain débat d’orientation budgétaire à l’Assemblée nationale ? Cette omerta est de nature à accabler un gouvernement dont la transparence reste le crédo principal clamé. D’ailleurs, le public serait-il jamais informé de cette opération, menée en catimini, si Bloomberg n’avait pas vendu la mèche ? Par exemple, le gouvernement Sonko a levé près de 150 milliards de francs Cfa sur le marché financier de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa), en bons et obligations assimilables du Trésor ; à savoir respectivement 28 milliards le 3 mai 2024, 68 milliards le 31 mai 2024 et 50 milliards le 6 juin 2024. Seul le petit monde de la finance a été informé de ces opérations ; nonobstant d’éventuels prêts directs souscrits avec des banques de la place. Dans une autre époque, les services du Trésor public sortaient systématiquement des communiqués pour en rendre compte.
Le risque de se fâcher avec les marchés financiers formels
Le programme signé entre le Fmi et le Sénégal prévoit un décaissement, en juillet 2024, de 230 milliards de francs Cfa sous forme de prêt concessionnel. Mais on peut s’inquiéter pour un tel décaissement. En effet, il peut apparaître quelque peu incohérent pour l’institution financière de continuer à prêter à un pays dont il a fini de relever, à la face du monde, qu’il se trouve dans la merveilleuse et enviable situation de «surfinancement». Peut-être aussi que le Fmi pourrait faire appliquer son vœu ou préconisation, qui jusqu’ici paraîtrait comme une simple clause de style diplomatique, d’utiliser les ressources empruntées pour racheter des dettes plus chères et à maturité immédiate. Les prêts concessionnels sont en effet à des taux d’intérêts quasiment nuls. Il demeure que le Sénégal aura grand intérêt à éviter de froisser le Fmi car, sans son accompagnement, le pays ne pourra plus recourir aux marchés internationaux formels ou réguliers, et s’exposerait, pour le financement de son budget, à des fonds spéculatifs ou «fonds vautours». En dépit de tous ces fonds déjà empruntés, le gouvernement garde encore un gros reliquat dans l’autorisation parlementaire d’endettement contenue dans la Loi de finances initiale 2024.
Une manne à la Bceao ou une vulgaire fiction comptable
Le commun des Sénégalais constate des difficultés ou des tensions de trésorerie au niveau des administrations publiques. Des projets et programmes sont à l’arrêt faute de financements et de nombreuses entreprises attendent des paiements échus. La fête de la Tabaski a été l’occasion de constater des problèmes de trésorerie, alors qu’on nous dit que le Sénégal disposerait d’une position à la Banque centrale qui devait excéder un solde créditeur de 1000 milliards de francs Cfa dont près de 800 milliards encaissés le 11 avril 2024 (324 milliards) et après le 5 juin 2024 (450 milliards). On veut bien croire que cet argent est réellement disponible, car le Fmi assure qu’il «ne spécule pas». Sa mission n’a certes pas visité la Bceao et s’est suffi des assurances du gouvernement. En tout cas, tout mensonge à ce niveau pourrait avoir des conséquences fatales. Une pareille ambiguïté, pour ne pas dire nébuleuse, doit interpeller au premier chef les députés qui attendent, dans les prochains jours, le Premier ministre Ousmane Sonko pour une Déclaration de politique générale. Le ministre des Finances et du budget est aussi attendu pour l’examen d’une Loi de finances rectificative et un débat d’orientation budgétaire. La majorité parlementaire Benno bokk yaakaar (Bby) doit se sentir bien concernée, elle qui observe des attaques en règle de la part des tenants du nouveau régime qui se défaussent systématiquement sur leur gestion. A l’opposé, le Fmi constate que le pays reste liquide. Qu’est-ce qui cloche ? Comment avoir des difficultés pour fonctionner alors qu’on aurait autant d’argent dans les livres de la Bceao ? Il reste qu’on relèvera quand même que la signature du Sénégal n’est pas si chahutée ou abimée qu’on a voulu le faire croire, si le régime de Bassirou Diomaye Faye a pu lever, en un claquement de doigts, sur une courte période d’un mois, plus de 600 milliards de francs Cfa sur les marchés ! Rares sont les pays africains qui peuvent se targuer d’une telle confiance des investisseurs. Les ratios d’endettement du secteur public, suite aux dernières actualisations, sont hissés à plus de 85% du Pib. Un niveau de pic que le Sénégal n’a jamais atteint auparavant. En décembre 2023, l’évaluation du Fmi portait la dette de l’administration centrale à 73,8% du Pib et la dette totale du secteur public à 81,2% du Pib. Tous les tabous sont tombés et cela place le Sénégal dans une «situation de pays à risque élevé de surendettement», avec ses conséquences sur sa viabilité économique et sociale !
LES BONS POINTS ET LES IMPAIRS DU SYSTÈME FISCAL SÉNÉGALAIS
Evaluer le dispositif d'incitation fiscale sénégalais pour mieux l'adapter : tel était l'objectif d'une rencontre organisée à Saly par l'Ones. Son président de la Section fiscale en a dressé le bilan mitigé et a plaidé pour une révision des textes
L'Ordre national des experts du Sénégal a organisé, le weekend à Saly‐Portudal, une rencontre autour de l'évaluation du dispositif d'incitation fiscale au Sénégal. Ainsi, une large concertation a été ouverte pour faire le point sur le bon et le moins bon de cette initiative. L'ouverture de la rencontre, présidée par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux du Sénégal, a permis de revisiter toute la politique autour du dispositif d'incitation fiscale.
Mouhameth Dièye, le président de la Section fiscale l'Ordre national des experts du Sénégal, a fait le cadrage du dispositif d'évaluation fiscale, en se référant à la loi remontant à 2012. A l'en croire, l'État s'est beaucoup investi dans cette voie. Il a cité les nombreux textes épars qui sont désormais rassemblés dans le but de faciliter les choses au contribuable
Sous ce sillage, le président de la Section fiscale de l'Ones a rappelé la nécessité de faire le point sur le bon et le moins bon. Selon lui, ce conclave est la deuxième session du genre pour rencontrer les acteurs. En gros, il a aussi rappelé l'objectif visé, n'étant rien d'autre que la simplification et la rationalisation des procédures. En ce sens qu’il s’agit de rechercher l'efficacité du dispositif.
Pour lui, les choses connaissent encore une complexité, malgré beaucoup d'efforts entrepris. Le dispositif est conçu, selon lui, dans le but de booster l'économie et ceci à travers des mesures pour le secteur agricole et beaucoup d'autres qui ont facilité, de par le passé, la visibilité du «made in Sénégal». Pour le responsable de l'Ones, les textes hérités sur les dispositifs coloniaux sont à revoir et à changer
Sur la question épineuse du recouvrement des recettes, il milite pour l'élargissement de l'assiette fiscale et la révision de la surimposition faite sur certains contribuables. Par conséquent, les experts sont d'avis qu’il faut revoir, avec les nouvelles autorités, comment ne pas alourdir le poids de l'impôt.
Sur la question de l'exonération, la réflexion ouverte vise à savoir qui en bénéficie et l'impact sur l'Etat par rapport à son adaptabilité pour améliorer la politique économique de l'Etat. Le président de la Section fiscale de l'Ones a rappelé le besoin de faire face à la situation. Il n’a pas manqué d’inviter à l'assainissement de la profession d'expertise nécessitant des études sérieuses entre 6 et 10 ans après Le Ɓac.
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ALIOUNE NDOYE SANS FILTRE
L'ancien ministre défend le bilan de l'ancien régime dont la coalition (BBY) a été plombée, selon lui, par des "egos surdimensionnés". Il qualifie la baisse des prix de "mesurettes" et appelle à une analyse objective du secteur de la pêche
Ce dimanche 23 juin, l'émission "Point de vue" de la RTS a accueilli Alioune Ndoye, ancien ministre et maire de Dakar-Plateau. Dans une interview franche et directe, le responsable socialiste n'a pas mâché ses mots, offrant un regard critique sur la situation politique actuelle du Sénégal.
Revenant sur la défaite de la coalition Benno Bokk Yakaar à la dernière présidentielle, Ndoye a appelé à l'introspection plutôt qu'à la recherche de boucs émissaires. "Il faut avoir l'humilité de voir ce que chacun n'a pas fait", a-t-il déclaré, pointant du doigt les ego surdimensionnés au sein de la coalition.
L'ancien ministre n'a pas épargné le nouveau gouvernement, qualifiant ses récentes mesures de baisse des prix de "mesurettes". Selon lui, ces actions révèlent que les nouvelles autorités sont "rattrapées par la réalité du pouvoir", loin des promesses mirobolantes de campagne.
Sur le plan financier, Ndoye a défendu avec vigueur le bilan de l'ancien régime, notamment concernant la gestion des fonds Covid-19. Il a invité le nouveau gouvernement à se concentrer sur la résolution des problèmes plutôt que sur la "politique politicenne".
Concernant le secteur de la pêche, qu'il connaît bien pour avoir été ministre de l'Économie maritime, Ndoye a contesté l'idée d'une mauvaise gestion généralisée. Tout en reconnaissant l'existence de problèmes comme la surexploitation, il a appelé à une analyse objective de la situation.
Enfin, Alioune Ndoye a souligné l'importance pour le Parti Socialiste de se réorganiser et de redevenir un chef de parti, tout en restant ouvert à d'éventuelles "retrouvailles" avec d'anciens membres.
par Edgard Gnansounou
IL EST TEMPS D’AGIR CONCERNANT LA QUESTION MONÉTAIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Nigeria fait semblant d’être intéressé à l’unification monétaire et la tiédeur de l’engagement des autres Etats contribue à une farce qui n’a que trop duré. Pour une stratégie graduelle en quatre phases pour contourner les obstacles
Depuis plus de quatre décennies, la volonté de parvenir à une monnaie unique en Afrique de l’Ouest nourrit des débats souvent passionnés dans la région. Elle est portée principalement par deux motivations : stimuler les échanges commerciaux communautaires d’une part, parvenir à une souveraineté monétaire régionale d’autre part. Ces discussions sont amplifiées par le rejet de plus en plus vif du franc CFA utilisé par huit pays ouest-africains et hérité de la période coloniale.
La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait lancé son projet de monnaie unique selon un processus qui comprenait deux étapes : (1) créer une deuxième zone monétaire, la zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) avec les sept pays non membres de l’Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) ; la ZMAO devant parvenir à une unification monétaire de ces Etats en 2015, (2) unir ensuite les deux zones monétaires avec comme monnaie unique l’ECO en 2020. L’objectif de la ZMAO se révélant être inatteignable, la CEDEAO décida d’un processus direct d’unification monétaire des quinze Etats-membres.
Le 21 décembre 2019, les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara annonçaient, au nom de l’UEMOA, une réforme dont un des trois points majeurs était l’adoption de l’ECO en remplacement du franc CFA. Cette décision était censée entrer en vigueur en 2020. L’ECO de l’UEMOA resterait arrimé à l’Euro et la France s’engageait à maintenir la garantie de sa convertibilité.
L’annonce du 21 décembre 2019 est mal reçue par l’opinion en Afrique de l’Ouest. Elle est toujours légitimement ressentie comme une récupération par la France et ses partisans du projet de monnaie unique de la CEDEAO et son instrumentalisation pour perpétuer le franc CFA en se contentant de le débaptiser. En juin 2021, le lancement de l’ECO est reporté par la CEDEAO à 2027 pour tenir compte de la crise économique provoquée par la Covid-19 et de ses conséquences sur l’atteinte des critères de convergence, préalable à l’adoption de l’ECO. Ce nouveau report interroge cependant sur la volonté réelle des chefs d’Etat de parvenir à une monnaie unique régionale.
Enfin, au cours de la campagne présidentielle au Sénégal de mars 2024, le parti Pastef prône, dans son projet, la création d’une monnaie nationale. Cette position est ensuite corrigée par les leaders de ce parti qui la conditionnent à l’éventualité d’un échec du processus de création de l’Eco.
Le Pastef ayant gagné l’élection présidentielle, le Sénégal pourrait servir d’aiguillon au projet d’unification monétaire de la CEDEAO. Mais quelles sont les chances de succès de ce projet ? Quelle alternative pour sortir de l’impasse actuelle qui se manifeste par des reports à répétition ? Le Sénégal ne doit pas se faire d’illusions sur les chances d’aboutissement à moyen terme du projet de la CEDEAO dans sa mouture actuelle. Il devrait œuvrer, de manière volontariste, à une alternative graduelle plus réaliste qui s’appuie sur les acquis actuels malgré leurs insuffisances. La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement prévue le 7 juillet 2024 pourrait fournir une opportunité pour commencer un travail diplomatique dans cette nouvelle voie.
L’impasse du projet Eco
L’échec de la ZMAO vient du fait que le Nigéria n’a pas montré un grand enthousiasme à mutualiser ses réserves de change avec celles plus faibles des six autres Etats de la zone monétaire, contrairement à la pratique dans l’UEMOA. En réalité, ceci montre une difficulté importante du processus du projet Eco. Le comportement du Nigeria résulte moins de l’égoïsme du pays le plus riche de la région que des différences de gestion des monnaies en présence.
En particulier, l’économie du Nigeria reste dépendante des exportations de pétrole brut qui, en 2022, représentaient 78,74% des exportations du pays. La conséquence monétaire de cette situation est que le naira est souvent dévalué quand les cours internationaux du pétrole baissent.
Par ailleurs, l’économie du Nigeria s’industrialise et se diversifie pour moins dépendre du pétrole. Elle a donc un grand besoin de ses réserves de change pour importer des biens d’équipement. Cette situation n’encourage pas leur mutualisation avec d’autres pays, même si ceci pourrait changer à long terme. On pourrait en effet, s’attendre à ce qu’un meilleur équilibre des réserves de change s’établisse à l’avenir entre le Nigeria et les autres pays de la région.
Il est cependant dommage que, pour des raisons qui tiennent au fonctionnement diplomatique de nos Etats, cette impasse ne soit pas officiellement reconnue par la CEDEAO. En réalité, le Nigeria fait semblant d’être intéressé à l’unification monétaire et la tiédeur de l’engagement des autres Etats dans le projet de monnaie unique contribue à installer une farce qui n’a que trop duré.
Ainsi, dans le contexte actuel, le projet Eco de la CEDEAO n’est pas viable du fait de l’asymétrie entre l’économie du Nigéria, exportatrice nette de pétrole brut et celle des autres économies de la région qui sont importatrices nettes. La baisse des cours de pétrole est favorable aux autres économies alors qu’elle est défavorable au Nigeria qui a tendance à dévaluer sa monnaie. La mise en place de l’Eco de la CEDEAO ferait subir le même sort à la nouvelle monnaie, étant donné le poids de l’économie nigériane dans la région.
Ce diagnostic n’implique cependant pas qu’il faille maintenir le statu quo avec les huit monnaies en place ou encore créer de nouvelles monnaies nationales. Ceci ne serait pas favorable à l’intégration économique de la région.
Une solution alternative
L’unification monétaire doit être pensée dans la perspective d’une industrialisation résiliente de l’Afrique de l’Ouest qui nécessite la création d’un espace économique plus fluide. L’expérience de monnaies régionales telles que l’Euro montre que la gouvernance de la monnaie est problématique en l’absence d’une mutualisation de la gouvernance politique.
Par exemple, la montée de l’extrême droite en France et en Allemagne, à l’occasion des élections européennes de 2024, et en particulier, la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président français en réaction à cette droitisation politique, ouvre l’opportunité d’un gouvernement du Rassemblement National, à l’extrême droite de l’échiquier politique en France.
On assisterait alors à un clivage entre un gouvernement de gauche en Allemagne et d’extrême droite en France, deux des piliers de la zone Euro. Si elle s’avérait, cette situation affaiblirait l’Euro dans sa parité avec le dollar américain. Les conséquences seraient par exemple, le renchérissement en FCFA des dettes des Etats de l’UEMOA libellées en dollar et des dépenses liées aux produits importés en dollar.
On voit là, d’une part pour la zone Euro, la nécessité d’adosser la problématique monétaire sur une gouvernance politique fédérale et, d’autre part pour les pays de l’UEMOA, les implications possibles de l’absence de souveraineté monétaire.
Dans le contexte de l’Afrique de l’Ouest, nous avons proposé une intégration économique et politique selon un processus devant conduire à la création en trois étapes d’une confédération à l’horizon 2045. En conformité avec cette vision, l’unification monétaire pourrait aboutir selon une feuille de route en quatre étapes.
Etape 1 - Remplacer immédiatement (en 2025 par exemple) le FCFA par l’Eco ; renoncer, par dignité, à la garantie par le trésor français de la convertibilité de l’ECO ; traiter directement avec la banque centrale européenne la coordination des politiques monétaires entre les zones Euro et Eco ; considérer la nouvelle devise comme monnaie commune (et non unique) de l’Afrique de l’Ouest ; à cette première étape, l’Eco pourrait rester arrimé à l’Euro avec la même parité que celle du franc CFA ; les conditions de cette étape ont été partiellement réunies par la décision certes contestable de l’UEMOA du 21 décembre 2009 qui a déjà été ratifiée par certains Etats de l’UEMOA ; mais il faudra en plus, par dignité, se passer de la garantie de convertibilité apportée par la France et rendre l’Eco totalement indépendant de ce pays ; assurer le maintien des Etats de l’AES dans l’UEMOA et soutenir leurs efforts militaires en vue de recouvrer l’entièreté de leur souveraineté nationale et obtenir, dans ces conditions, une gouvernance économique de ces pays compatible avec les critères de convergence ; consolider les politiques économiques des autres Etats de l’UEMOA.
Etape 2 - Mettre en œuvre ou consolider les réformes économiques au Ghana, en Gambie, au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée pour parvenir à une convergence macroéconomique avec les pays actuellement membres de l’UEMOA, à l’horizon 2030. Au fur et à mesure, les pays qui auront atteint les objectifs de convergence de manière stable seront accueillis dans l’UEMOA rénovée c’est-à-dire débarrassée de l’influence française. L’Éco serait alors la monnaie unique de l’UEMOA rénovée. Etant donné les effets cycliques de l’environnement international sur les économies africaines, la convergence doit être entendue en termes d’harmonisation de la gouvernance économique et politique et non de la convergence quantitative à court terme d’indicateurs macroéconomiques aux comportements erratiques.
Etape 3 – L’Eco serait reformé pour l’arrimer désormais à un panier de devises incluant l’Euro, le YUAN et le Dollar américain (échéance 2035) selon un régime flottant. Ceci se ferait concomitamment à une amélioration continue de la gouvernance de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de manière à assurer la crédibilité de l’Eco après le changement de son régime. A cette échéance, il est attendu que les quatorze Etats de la CEDEAO autres que le Nigéria soient membres de l’UEMOA rénovée. Il y aurait désormais deux devises en Afrique de l’Ouest : le NAIRA et l’Eco à la place des huit monnaies actuelles.
Etape 4 - L’UEMOA rénovée serait transformée politiquement en Fédération Sahélo-Guinéenne à l’horizon 2040. La BCEAO deviendrait la banque centrale de la Fédération Sahélo-Guinéenne.
Il est temps d’agir
Le report incessant de la monnaie unique de l’Afrique de l’Ouest est un symptôme de l’impossibilité de ce projet dans sa mouture actuelle. La stratégie que nous proposons est graduelle et réaliste. Elle permet d’éviter les perturbations économiques que produirait inévitablement une unification totale et rapide et réduirait, dans la période transitoire, des souffrances inutiles qui seraient infligées aux populations démunies.
La volonté de réduire le nombre de monnaies nationales en cours dans la région répond à la nécessité d’un accroissement des échanges économiques régionaux et à celle du développement industriel en Afrique de l’Ouest.
Les perspectives économiques des Etats de la région avec la mise en exploitation de ressources minières telles que les hydrocarbures au Sénégal et au Niger par exemple, favoriseront un accroissement des entrées de devises étrangères du fait d’un accroissement des exportations. Cette perspective doit être mise en balance par les sorties plus importantes de devises en vue d’importer des biens technologiques requis pour l’industrialisation.
La tentation de cultiver les nationalismes hérités des temps coloniaux risque d’être forte particulièrement dans les Etats ouest-africains riches en matières premières. Certains milieux inciteront à la création de monnaies nationales. Il s’agit, en particulier, de milieux favorables à l’émiettement de l’Afrique (diviser pour mieux régner) et d’autres qui empoignent, sans lucidité, le souverainisme et le prétendu patriotisme prônés par la droite radicale dans les pays occidentaux.
Les Etats ouest-africains ainsi visés pour leur dotation en ressources minières, devront résister aux tentations narcissiques de marche solitaire car il est de leurs intérêts et de ceux de tous les peuples de l’Afrique de l’Ouest de créer un espace monétaire robuste. Seuls un tel espace et une gouvernance monétaire rigoureuse et vertueuse seront en mesure d’assurer un environnement stable pour un développement économique soutenu et continu de l’ensemble de la région.
Edgard Gnansounou est président du Mouvement des Fédéralistes Sahélo-Guinéens (MFSG).
LA DIPLOMATIE DU RÉALISME
La visite de Diomaye à Paris tranche avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", estime Jean-Baptiste Placca. Selon lui, "les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !"
(SenePlus) - Dans un monde interconnecté où "aucun peuple ne se suffit à lui-même", comme le souligne Jean-Baptiste Placca dans son éditorial sur RFI samedi, la visite à Paris cette semaine du nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye marque une étape importante pour les relations apaisées et mutuellement bénéfiques entre le Sénégal et l'un de ses partenaires traditionnels.
Lors de ce déplacement, sa première sortie hors d'Afrique depuis son élection, M. Faye a participé au Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinales, un sujet crucial pour son pays et le continent. Mais c'est sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron qui a retenu l'attention.
"N'est-ce pas plutôt surprenant ?" s'interrogeait M. Placca, faisant référence aux "petites inimitiés passées" entre les deux hommes lorsque Diomaye Faye était dans l'opposition. Pourtant, rien d'étonnant selon l'éditorialiste à ce que le nouveau chef d'Etat, "élu par son peuple" et non un imposteur, choisisse d'assumer pleinement son rôle en côtoyant ses pairs sur la scène internationale.
"Toute l'Afrique aime contempler les premiers pas, sur la scène internationale, de ces dirigeants auréolés d'une réelle légitimité du suffrage universel", écrit M. Placca, cité ici mot pour mot.
La visite de Diomaye Faye à Paris tranche en effet avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", comme le déplore l'éditorialiste. Une posture contre-productive qui transforme "peu à peu certains peuples du continent en parias".
Faut-il pour autant y voir un "ralliement" ou une "capitulation" du Sénégal ? Nullement selon Jean-Baptiste Placca : "Les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !" Il prend l'exemple des relations économiques complexes mais pragmatiques entre la Chine et les États-Unis, deux puissances aux prises avec de "permanentes tensions".
"Tant de peuples prospèrent, aujourd'hui, en n'ayant que des amis, quitte à doser leur proximité avec tel ou tel, au gré des circonstances", argumente l'éditorialiste. Une voie de la raison et de l'ouverture que semblent emprunter Diomaye Faye et son homologue Ousmane Sonko, eux qui "viennent du corps de l'État" et "savent tout du déséquilibre, depuis des lustres, de la balance des paiements du Sénégal".
Même si "une frange de leurs militants" pourrait s'étonner de cette "soudaine" conciliation, le président sénégalais, à la différence de l'opposant qu'il était, "se doit de garder, en toutes circonstances, le sens de la mesure, l'esprit de responsabilité". Le communiqué conjoint publié à l'issue de sa rencontre avec Emmanuel Macron "montre que leur président a été traité avec respect, et que l'avenir de la relation se concevra dans un respect mutuel".
Plutôt que les "tensions permanentes" dommageable, M. Placca voit dans ce rapprochement l'opportunité pour le Sénégal de "tirer de nouveaux avantages" de ce partenariat historique, à l'heure où le pays s'ouvre à la "manne pétrolière et gazière". Une diplomatie pragmatique, dans la lignée de ces "peuples [qui] prospèrent" aujourd'hui grâce à des liens apaisés avec leurs partenaires, et non en cédant aux "aventureuses carences de lucidité" qui mèneraient à l'isolement.