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5 décembre 2024
Economie
SITUATION ÉCONOMIQUE DU SÉNÉGAL, CE QUE RÉVÈLE LE RAPPORT DE LA BANQUE MONDIALE
Le rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du Sénégal rendu public ce mercredi fait état d’une croissance du PIB réel estimée à 4,3 % – 1,5% par habitant en 2023 soit supérieur au taux de croissance de 3,8 % enregistré en 2022 ...
Le rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du Sénégal rendu public ce mercredi fait état d’une croissance du PIB réel estimée à 4,3 % – 1,5% par habitant en 2023 soit supérieur au taux de croissance de 3,8 % enregistré en 2022 et au-dessus des projections initiales de 4,1 %. Le tout pour dire que «l’économie sénégalaise s’est montrée résiliente en 2023 dans un contexte de tensions politiques conjuguées à une inflation persistante quoiqu’en baisse. »
Selon l’économiste principal de la Banque mondiale, Wilfried A. Kouame «les réformes fiscales et l’amélioration de l’impôt sur le revenu des personnes physiques peuvent accroître les recettes internes à travers un élargissement de la base fiscale et un renforcement de l’application du cadre légal, ce sans augmenter la pauvreté ou les inégalités ». En effet, l’ambition de consolider les finances publiques envisagée dans la loi de finances 2023 s’est matérialisée, lit-on, même si le déficit global a été un peu plus élevé que prévu. Le déficit du compte courant s’est considérablement amélioré, permettant ainsi d’augmenter les réserves internationales.
Le rapport souligne de surcroît que les perspectives restent globalement positives, avec l’engagement des autorités pour des réformes structurelles majeures et l’amélioration de la transparence, mais elles dépendent d’un solide engagement en faveur de la stabilité macroéconomique. Les incertitudes nationales, régionales et mondiales sont cependant élevées, faisant pencher les risques vers la baisse, a dit le rapport.
Le Sénégal a relativement bien résisté aux multiples crises, l’incidence de la pauvreté et équité dans un contexte de crises multiples reste relativement stagnante de 37,8 % en 2018/2019 contre 37,5 % en 2021/2022 malgré la pandémie. « Les Sénégalais pauvres restent concentrés dans les zones rurales et plus fortement dans le bassin arachidier », a souligné la Banque Mondiale. La baisse observée de la consommation par habitant a été surtout ressentie par les ménages plus aisés.
En outre, le taux de croissance moyen des plus pauvres a été moins négatif que celui des plus aisés, ce qui a entraîné une diminution des inégalités aux niveaux aussi bien national qu’urbain et rural.
Pour augmenter les recettes fiscales de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), la Banque mondiale préconisel’amélioration de la mobilisation des recettes domestiques est essentielle pour que le Sénégal puisse réaliser ses ambitions en matière de développement; La croissance et le dynamisme des recettes fiscales du Sénégal se sont régulièrement améliorés au cours de la dernière décennie, surpassant ses pairs, mais les recettes restent en deçà de leur potentiel.
Les économistes soutiennent aussi que l’impôt sur le revenu des personnes physiques produit peu de recettes, et sa contribution aux recettes fiscales totales a stagné au cours de la dernière décennie en raison de l’étroitesse de l’assiette fiscale et de l’absence d’élan réformateur. Ainsi, l’accélération des réformes de l’administration fiscale et des politiques visant l’IRPP peut contribuer à stimuler les efforts de mobilisation des recettes intérieures.
LA DGID ACQUIERT DES ÉQUIPEMENTS POUR MODERNISER LA GESTION DU CADASTRE
Les équipements reçus ont une valeur de 600 millions de francs CFA. Ce programme prendra fin en 2025 et va coûter 2 milliards de francs CFA.
La direction générale des impôts et des domaines (DGID) a reçu des équipements, dont des drones et des GPS, dans le cadre de la modernisation de ses outils de collecte et de gestion des données cadastrales, a-t-on appris mercredi du chef de la modernisation de la documentation à la direction du cadastre, Elimane Malick Ndiaye.
‘’Nous avons acquis récemment une dizaine de drones, une vingtaine de GPS […] qui permettront d’aller faire une collecte de données cadastrales, de façon beaucoup plus rapide et avec une très bonne précision’’, a dit M. Ndiaye lors d’un atelier consacré aux données foncières.
Les équipements reçus ont une valeur de 600 millions de francs CFA, a-t-il précisé, ajoutant que la DGID est en train de mettre en œuvre un programme de modernisation du cadastre.
Selon M. Ndiaye, ce programme prendra fin en 2025 et va coûter 2 milliards de francs CFA.
Les équipements acquis dans le cadre de cette initiative vont permettre à la DGID, à la direction du cadastre surtout, de faire des relevés topographiques détaillés et de cartographier les terrains ‘’avec une plus grande exactitude’’, a dit Elimane Malick Ndiaye.
Déjà, ‘’l’utilisation des drones […] a transformé notre approche et a permis d’atteindre […] des objectifs majeurs’’, a poursuivi M. Ndiaye.
La DGID a lancé un ‘’vaste programme’’ concernant les procédures cadastrales et domaniales, selon le chef de la modernisation de la documentation du cadastre.
Il affirme que les nouveaux équipements reçus vont permettre aux services du cadastre de réduire les risques de perte et de falsification des documents.
L'ALERTE DE LEGS-AFRICA SUR LA GOUVERNANCE PETROLIÈRE
L'organisation souligne l'importance de sécuriser les acquis du peuple sénégalais et d'améliorer la transparence et l'inclusion dans la gestion du pétrole
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de LEGS-Africa, concernant le démarrage de la production de pétrole par le Sénégal, mardi 11 juin 2024. L'ONG exhorte à une réforme du cadre de gouvernance des ressources par l'État.
"A travers le projet Sangomar, le Sénégal a démarré sa production de pétrole avec le first oil tiré ce mardi 11 juin 2024. Cet événement inédit intervient exactement 10 ans après l’annonce de la découverte faite en mai 2014 par l’explorateur britannique Cairn Energy et 60 ans après l’ouverture de la société africaine de raffinage (SAR) en janvier 1964.
Après cette annonce de la compagnie Woodside qui a repris le projet en cours en tant qu’opérateur principal (82%), avec Petrosen(18%) qui représente l’Etat du Sénégal dans le consortium, LEGS- Africa attend une information exhaustive et précise de la part du gouvernement sur la quantité effective de production journalière et les dispositions mises en place pour un contrôle efficace de la production et des coûts de production.
Ces derniers estimés entre 4,9 et 5,2 milliards USD par l’opérateur Woodside ont un impact majeur sur la part de production et la rente directe que peut attendre le peuple Sénégalais de ce projet, selon les termes du contrat de partage de production(CPP) et la décision finale d’investissement signée en janvier 2020.
Également, LEGS-Africa interpelle le gouvernement dans son devoir d’informer les citoyens sur la stratégie nationale définie pour l’utilisation de la part de production de la partie nationale, les conditions de raffinage et de stockage du pétrole et les moyens de transport de la production du site offshore vers le continent, les dispositifs sécuritaires et surtout la gestion des risques d’impact environnemental et social.
LEGS-Africa demande également au gouvernement d’informer le peuple sénégalais, à qui appartient les ressources naturelles, sur la nouvelle stratégie d’approvisionnement en hydrocarbures, précisément sur la contribution du projet Sangomar dans la gestion des importations des produits pétroliers et la réduction des coûts de l’énergie pour les consommateurs ?
Enfin, LEGS-Africa invite le président de la République à une gouvernance démocratique inclusive des ressources naturelles, particulièrement du pétrole et du gaz en procédant à une réforme immédiate du cadre institutionnel avec la création d’un Conseil Supérieur d’Orientation et de Veille sur l’Intérêt National dans l’exploitation des hydrocarbures, à la place du Conseil d’Orientation Stratégique mis en place depuis Octobre 2016.
L’implication des organisations de la société civile (OSC), des communautés riveraines, des opérateurs et d’autres acteurs économiques et sociaux à côté du gouvernement, du parlement et d’autres institutions républicaines, ainsi que les Collectivités territoriales permettra une gouvernance efficace des ressources et la prise en charge effective des attentes et droits des citoyens et communautés."
LA BANQUE MONDIALE RECOMMANDE UNE AUGMENTATION DES RECETTES FISCALES POUR RÉDUIRE LES INÉGALITÉS SOCIALES
Plusieurs mesures ont été proposées dans le rapport telles que l’optimisation de la mobilisation des recettes, à travers le renforcement des impôts sur le revenu, dans le but de limiter les impacts en terme de creusement du seuil de pauvreté.
La Banque mondiale recommande à l’Etat du Sénégal de renforcer la mobilisation des recettes fiscales afin de réduire les inégalités sociales et renforcer la résilience économique.
Cette recommandation figure dans le rapport publié, mercredi, par l’institution financière sur la situation économique du pays en 2023.
‘’Le rapport met en exergue la nécessité urgente d’accroitre nos recettes fiscales afin de renforcer la résilience économique du Sénégal pour faire face aux chocs futurs’’, a indiqué Adama Seck, coordonnateur de la cellule étude et planification au ministère des Finances et du Budget.
D’après lui, des efforts ‘’considérables’’ ont été déployés pour maintenir une certaine ‘’stabilité macro-économique’’ malgré un ‘’contexte international difficile’’.
Cependant, a-t-il fait savoir, malgré cette résilience de l’économie sénégalaise, il reste des ”défis à relever” tels que les inégalités.
‘’Dans cette optique, plusieurs mesures ont été proposées dans le rapport telles que l’optimisation de la mobilisation des recettes, à travers le renforcement des impôts sur le revenu, dans le but de limiter les impacts en terme de creusement du seuil de pauvreté au sein des démunis’’, a révélé M. Seck.
Il a insisté sur le rôle ‘’prépondérant’’ que joue l’augmentation des recettes fiscales dans l’élargissement de la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour ‘’atteindre les objectifs de développement et améliorer les conditions de vie des Sénégalais’’.
‘’Une stratégie qui va permettre de redistribuer la richesse nationale de façon équitable mais également d’encourager la demande extérieure et de booster la croissance globale’’, a souligné le coordonnateur de la cellule étude et planification au ministère des finances et du budget.
Il a précisé que ces recommandations sont tout à fait en phase avec les orientations des nouvelles autorités, ajoutant que l’augmentation des recettes fiscales ne doit pas’’ exclusivement servir’’ à combler les déficits publics mais doit aussi être utilisée pour stimuler la croissance inclusive et atténuer les effets néfastes de la pauvreté et des inégalités.
Le rapport de la Banque mondiale révèle que le Sénégal a ‘’relativement bien résisté’’ aux ”multiples chocs” et que l’incidence de la pauvreté reste relativement inchangée à 37,5 % en 2021-2022 contre 37,8 % en 2018-2019, malgré la pandémie.
‘’Globalement l’économie s’est très bien comportée en restant résiliente et en ouvrant des perspectives sur des opportunités à venir, étant donné les ressources dont dispose le Sénégal’’, a estimé Wilfried Kouamé économiste principal à la Banque mondiale pour le Sénégal et la Gambie.
Il a suggéré que ”pour réduire le niveau de pauvreté, la protection sociale doit être renforcée avec un meilleur ciblage’’.
Néanmoins, il a indiqué qu’au niveau de la mobilisation des recettes domestiques par rapport aux pays de la sous-région, le Sénégal se comporte ‘’très bien’’ avec des réformes ”importantes” qui ont été mises en place au cours de ces dernières années.
M. Kouamé a aussi expliqué que concernant l’économie sénégalaise, plusieurs éléments montrent une ‘’opportunité’’.
‘’Il y a la volonté des autorités sénégalaises d’accélérer les réformes en terme de gouvernance et de transparence et cela va permettre de rassurer les investisseurs et de booster l’activité économique mais, il faut aussi ajouter la bonne nouvelle de la production de pétrole qui a commencé hier’’, a-t-il dit.
RENÉGOCIATION DE CONTRATS, WOODSIDE RÉVÈLE SES PREMIERS CONTACTS AVEC LES AUTORITÉS
La responsable des opérations internationales de de Woodside a dit ce qu'attend sa compagnie des nouveaux gouvernants du Sénégal. Et c’est essentiellement le respect des droits de l’investisseur.
Le Sénégal est devenu pays producteur de pétrole. Woodside, qui détient 82% de participations sur Sangomar, a annoncé avoir produit le premier baril. Les responsables de la compagnie pétrolière ont donné une téléconférence dans laquelle la question de la renégociation des contrats a été bien évoquée.
Avant même leur arrivée au pouvoir, les nouvelles autorités du Sénégal ont annoncé leur volonté de renégocier les contrats pétroliers et gaziers. Question sur laquelle les compagnies pétrolières travaillant au Sénégal, n’avaient pas réagi jusqu’ici. Mais, après avoir annoncé la production du premier baril de pétrole hier mardi, Woodside, qui détient 82% de participations sur Sangomar, s'est exprimé sur la question.
«J'ai eu l'occasion de rencontrer le ministre du Pétrole Birame Souleye Diop et c'était essentiellement pour faire le point sur les progrès réalisés sur Sangomar, mais aussi pour réitérer notre engagement. Et Woodside cherche vraiment à travailler avec le gouvernement du Sénégal pour aller de l’avant. Ce fut une très bonne rencontre, une rencontre très positive», a indiqué Shiva MacMahom, la responsable des opérations internationales de Woodside, lors d'une téléconférence.
"Ce que le ministre du Pétrole, Birame Souleye Diop, m'a dit..."
Elle a aussi révélé le discours que lui a tenu le successeur d'Antoine Diome au ministère du Pétrole : «Le Ministre Diop a réitéré et renforcé l'importance du respect des obligations contractuelles par toutes les parties. Je sais qu'il y a eu différentes rumeurs sur le marché, mais la réalité est que, et notre expérience a montré que, les pays qui réussissent le mieux sont ceux qui ont collaboré avec l'industrie, dans le respect le caractère sacré du contrat et ceux qui créent un environnement d’investissement stable.»
La responsable des opérations internationales de de Woodside a dit ce qu'attend sa compagnie des nouveaux gouvernants du Sénégal. Et c’est essentiellement le respect des droits de l’investisseur.
«Nous menons également nos activités avec intégrité, travaillons bien et soutenons les gouvernements qui défendent les mêmes valeurs. Nous savons que le gouvernement sénégalais est également attaché à ces principes. Nous avons apprécié les récents commentaires du Président saluant les partenariats privés et renforçant l'engagement de l'État à faire respecter l'État de droit et à protéger les droits des investisseurs. Ce fut une visite très positive et un début très positif pour notre relation avec le nouveau gouvernement», dit-elle.
Comment la production sera partagée
Pour ce qui est des contrats liant Woodside à l’Etat du Sénégal, elle explique qu’il s’agit d’un contrat de partage de production. Et au pic de la production, 75 % des recettes pourront être consacrés au recouvrement des coûts, y compris les dépenses de fonctionnement, les dépenses en capital de la phase d'exécution, les dépenses en capital antérieures à la décision de la Décision finale d'investissement (Fid) et les redevances payées au gouvernement.
Puis, les revenus restants sont partagés: la part du gouvernement étant de 15 à 20 % selon nos taux de production attendus. L'impôt sur le revenu qui sera appliquée à la Compagne est de 33 %, en plus d'un impôt sur le revenu de succursale de 10 %. De plus, interviendront des prélèvements et des paiements mineurs, dévoile le responsable de la compagnie.
LA COURBE MONTE CRESCENDO ET INQUIETE
Le niveau d’endettement des pays africains est préoccupant. Plusieurs d’entre eux ont dépassé la barre des 60% du PiB en2023. Et le Sénégal n’est pas en reste.
Le niveau d’endettement des pays africains est préoccupant. Plusieurs d’entre eux ont dépassé la barre des 60% du PiB en2023. Et le Sénégal n’est pas en reste.
Entre 2019 et 2022, l’endettement public du Sénégal a considérablement augmenté passant de 64% à 75% du PIB, dépassant ainsi le seuil de l’UEMOA (70%).» A en croire le document sur la situation économique et financière du Sénégal produit par Bercy, en 2023, la dette publique resterait au-dessus de 70%du PIB(75,1% et 71,4%) mais devrait baisser graduellement, passant en dessous du plafond dès 2024 (65,7% du PIB) grâce à un assainissement budgétaire et à une dynamique économique favorable, en particulier sur les années 2023-2024 (projets d’hydrocarbures, qui feraient rapidement diminuer le ratio dette/PIB). Le ministère de l’Economie et des Finances de la France estime également que la hausse de la dette publique reste une source importante de risque pour le Sénégal.
Mais cette situation vécue au Sénégal est assez générale dans le continent. Dans un rapport intitulé «Un monde de dettes : un fardeau de plus en plus lourd pour la prospérité mondiale», produit par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), il est révélé que 769 millions d'Africains, soit près des deux tiers de la population du continent, vivent dans des pays où les paiements d'intérêts dépassent les dépenses publiques dans l'éducation ou la santé.
Selon la CNUCED, le nombre de pays africains dont le ratio dette/PIB dépasse 60% est passé de 6 en 2013 à 27 en 2023, en raison notamment de multiples chocs exogènes mondiaux tels que la pandémie de covid-19, la guerre en Ukraine et la crise climatique en cours.
Le rapport, repris par l’agence Ecofin, indique que le remboursement de la dette est parallèlement devenu plus coûteux, ce qui impacte les pays en développement de manière disproportionnée. En 2023, note-t-il, ceux-ci ont payé 847 milliards de dollars d'intérêts nets, soit une augmentation de 26% par rapport à 2021.
L’étude révèle aussi que les pays en développement ont aussi emprunté au niveau international à des taux deux à quatre fois supérieurs à ceux des Etats-Unis et six à douze fois supérieurs à ceux de l'Allemagne. «Les taux moyens appliqués aux euro-obligations émises par les pays africains entre 2020 et 2024 se sont en effet établis à 9,8% en Afrique contre 0,8% en Allemagne, 2,5% aux Etats-Unis, 5,3% dans la région Asie & Océanie et 6,8% dans la région Amérique latine & Caraïbes», lit-on dans le document.
Par ailleurs, il est relevé que l'augmentation rapide du coût des intérêts limite les budgets des pays africains qui ont consacré 9,2% de leurs recettes publiques au service de la dette en 2023 contre 4,4% en 2010. De plus, apprend-on, près de la moitié des 54 pays en développement qui ont consacré au moins 10% des recettes publiques au paiement des intérêts de la dette en 2023 se trouvent en Afrique. Notant par ailleurs que les pays en développement consacrent actuellement une part plus importante de leur PIB au paiement des intérêts (2,4%) qu'aux initiatives en faveur du climat (2,1%), la CNUCED propose un plan visant à réorganiser le système financier mondial et à stimuler les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies afin de lutter contre la crise actuelle de la dette.
Ce plan recommande notamment l’amélioration de la participation effective des pays en développement à la gouvernance des systèmes financiers mondiaux, la réduction du coût croissant de la dette et du risque de surendettement par le biais d'un nouveau mécanisme efficace de restructuration de la dette, le renforcement des financements d'urgence pour fournir davantage de liquidités en temps de crise et l’augmentation des financements abordables et à long terme en mobilisant les banques multilatérales de développement et les ressources privées.
LE DÉFI PÉTROLIER
Renégocier les contrats pétroliers et gaziers trop avantageux pour les majors privées relève du bras de fer juridico-politique. Parallèlement, le Sénégal moderniser en profondeur son économie pour ne pas gaspiller cette formidable opportunité
(SenePlus) - Le Sénégal est officiellement devenu un pays producteur de pétrole le 11 juin dernier, avec le début de l'extraction sur le champ offshore de Sangomar par la compagnie australienne Woodside Energy et la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen). Comme le souligne Benjamin Augé, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI), dans une interview accordée au quotidien Le Monde, "il va y avoir une arrivée d'argent frais, en moyenne 700 milliards de francs CFA, soit plus d'un milliard d'euros par an sur une période de 30 ans, selon la compagnie publique Petrosen".
Cependant, M. Augé nuance l'impact de cette nouvelle manne financière : "Cela ne va pas complètement changer la structure de l'économie sénégalaise. La production reste tout de même faible, on l'estime à peu près à 100 000 barils par jour, très loin de géants africains comme le Nigeria." Néanmoins, il reconnaît que "cela devrait toutefois permettre au nouveau pouvoir de Bassirou Diomaye Faye d'avoir plus de marges de manœuvre pour transformer l'économie, un sujet mis en avant pendant la campagne électorale".
Le nouveau président sénégalais avait en effet promis durant sa campagne de renégocier les accords pétroliers et gaziers signés sous la présidence précédente de Macky Sall. Mais comme l'explique M. Augé, "on ne renégocie pas facilement les contrats passés avec les sociétés privées parce qu'il y a des règles internationales qui garantissent une stabilité des contrats".
Pour le chercheur, "dans le cas du Sénégal, les contrats qui ont été signés avec les sociétés comme Woodside Energy, en charge des gisements de pétrole de Sangomar, et British Petroleum, pour le champ gazier offshore de Grand Tortue Ahmeyim (GTA), étaient assez favorables au secteur privé". Il explique que "maintenant, le Sénégal passe à une autre étape : le domaine pétrolier est connu et il peut négocier des contrats futurs plus favorables".
Concernant le projet gazier GTA, que le Sénégal partage avec la Mauritanie, M. Augé estime que "ce qui peut être fait est de revoir les coûts. Ces derniers ont explosé et certains ne sont pas forcément justifiés du point de vue des audits qui ont été menés par les gouvernements mauritaniens et sénégalais". Il constate une nette amélioration des relations entre les deux pays depuis l'arrivée au pouvoir de Mohamed Ould Ghazouani en Mauritanie en 2019, créant un contexte plus favorable à la renégociation avec BP : "De toute façon, il faut qu'ils soient absolument unis pour renégocier avec BP les coûts qui ont explosé. C'est un bras de fer qui est autant juridique, technique que politique."
En devenant producteur de pétrole et de gaz, le Sénégal entre donc dans une nouvelle ère, avec des opportunités économiques significatives mais aussi de nombreux défis à relever pour tirer pleinement parti de ces nouvelles ressources naturelles.
LE SENEGAL DANS LE CERCLE RESTREINT DES PRODUCTEURS D'HYDROCARBURES !
La phase 1 du développement du champ de Sangomar sera le premier projet pétrolier offshore du Sénégal après sa mise en service. Woodside, en tant qu’opérateur, détient 82 % du projet, avec les 18 % restants appartenant à Petrosen.
Le Sénégal vient d’entrer dans le cercle restreint des pays producteurs d’hydrocarbures. La compagnie australienne Woodside Energy a annoncé le début de l’extraction de pétrole du champ de Sangomar, situé à environ 100 km au sud de Dakar. Ce projet ambitieux, qui a nécessité environ 5 milliards de dollars d’investissements, devrait générer un milliard d’euros annuels pour le pays sur une période de trente ans, avec une production estimée à 100 000 barils par jour.
La phase 1 du développement du champ de Sangomar sera le premier projet pétrolier offshore du Sénégal après sa mise en service. Woodside, en tant qu’opérateur, détient 82 % du projet, avec les 18 % restants appartenant à Petrosen. Cette première extraction marque un tournant crucial pour le Sénégal dans le secteur pétrolier offshore, promettant de renforcer l’économie et de créer de nouvelles opportunités. Ce projet qui peinait à démarrer a aujourd’hui accouché de son premier baril de pétrole créant une lueur d’espoir pour nos compatriotes. Le champ de Sangomar, en eaux profondes à environ 100 kilomètres au sud de Dakar, recèle à la fois du pétrole et du gaz. Le projet, initié en 2020, a nécessité un investissement colossal de cinq milliards de dollars. Selon Woodside, la production prévue est de 100 000 barils par jour.
Un autre grand projet en gestion, Grand Tortue/Ahmeyim (GTA
Cette première extraction à Sangomar ouvre la voie à un autre projet de grande envergure : celui de Grand Tortue/Ahmeyim (GTA), à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie. Développé par le géant britannique BP et l’américain Kosmos Energy, en partenariat avec la Société mauritanienne des hydrocarbures(SMH) et Petrosen, ce projet devrait produire 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, avec une production prévue pour le troisième trimestre. La production sénégalaise de pétrole et de gaz sera destinée tant à l’exportation qu’à la consommation domestique avec le projet «Gaz to power.» Bien que ses volumes ne rivalisent pas avec ceux des géants mondiaux ou africains tels que le Nigeria, les revenus espérés en milliards de dollars sont attendus pour transformer radicalement l’économie du pays. « Le début de l’extraction du champ de Sangomar marque le commencement d’une nouvelle ère, non seulement pour l’industrie et l’économie de notre pays, mais surtout pour notre peuple», a déclaré Thierno Ly, directeur général de Petrosen Exploration et Production, dans un communiqué de Woodside. Cependant, cette découverte suscite des inquiétudes. Le Sénégal pourrait être confronté à la «malédiction» du pétrole, un phénomène où la richesse des ressources naturelles alimente la corruption sans véritablement bénéficier à la population.
Face aux appels de la communauté internationale à réduire la dépendance aux énergies fossiles, le Sénégal affirme sa détermination à exploiter ses ressources en gaz et en pétrole.
La perspective d’un milliard d’euros annuels pour les trente prochaines années a été un enjeu majeur lors de la récente campagne présidentielle. Bassirou Diomaye Faye, prônant un souverainisme et un panafricanisme de gauche, avec la promesse de renégocier les accords pétroliers et gaziers jugés est ainsi attendu par plusieurs investisseurs sur les futures décisions qui seront prises.
Dès son investiture en avril, Bassirou Diomaye Faye avait annoncé un audit des secteurs minier, gazier et pétrolier. Son Premier ministre, Ousmane Sonko, avait réaffirmé cette volonté de revoir les contrats en déclarant : « Nous avions promis qu’on allait renégocier les contrats et nous allons le faire, et on a même déjà commencé.»
LES ASSISES DE LA CONSOMMATION SE PROFILENT A L’HORIZON
La fédération Sénégalaise des associations des consommateurs est un cadre regroupant des associations de consommateurs créé en août 2018. Elle a pour mission de mieux défendre les usagers et consommateurs
La Fédération Sénégalaise des associations des consommateurs (FéSAC) entend organiser dans les semaines à venir des assises de la consommation. Cette initiative entre, selon l’organisation, dans le cadre de l’accompagnement des politiques publiques pour la souveraineté alimentaire prônée par les nouvelles autorités du pays. Le prétexte de ce conclave est de réunir les acteurs clés du secteur de la consommation, y compris les représentants étatiques, de la société civile, des producteurs et acteurs du secteur privé entre autres.
La fédération Sénégalaise des associations des consommateurs annonce son intention d’organiser dans les semaines à venir des assises de la consommation. D’après Souleymane Ndiaye, membre de la FéSAC, « Ces assises seront l’occasion de réunir les acteurs clés du secteurs de la consommation, y compris les représentants du gouvernement, de la société civile, des producteurs, du secteur privé, des populations et des consuméristes pour discuter des problématiques de la consommation au Sénégal et proposer des solutions innovantes, pragmatiques et durables. »
La fédération Sénégalaise des associations des consommateurs est un cadre regroupant des associations de consommateurs créé en août 2018. Elle a pour mission de mieux défendre les usagers et consommateurs. Il faut rappeler que la législation sénégalaise consacre des droits fondamentaux pour les consommateurs ancrés dans les textes nationaux et internationaux notamment par le renforcement du dispositif de protection du consommateur par l’adoption de la loi n° 2021-25 du 12 avril 2021 entre autres.
De ce point de vue, pour une meilleure protection du consommateur Sénégalais, la FéSAC plaide pour la création d’un secrétariat d’Etat dédié. « Nous espérons encore la création d’un secrétariat d’Etat dédié à la protection du consommateur, à la sécurité sanitaire des aliments et à la qualité de la vie », ont plaidé lors d’une conférence de presse les membres de la fédération Sénégalaise des associations des consommateurs.
RDC : SALAIRES DE MISÈRE ET VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS DANS LES MINES DE COBALT ET DE CUIVRE
Alors que s'ouvre ce 12 juin la DRC Mining Week, rassemblant des acteurs clés du secteur minier congolais et international, des ONG tirent la sonnette d'alarme sur les conditions de vie inacceptables des mineurs de cobalt et de cuivre en RDC.
Des dizaines de milliers de travailleurs des mines de cobalt et de cuivre en République démocratique du Congo (RDC), essentielles à la transition énergétique verte, sont victimes d'un système d'exploitation à bas salaires qui les prive de leurs besoins fondamentaux et les maintient en dessous du seuil de pauvreté, selon une nouvelle étude.
Un salaire de subsistance en hausse, mais toujours inaccessible pour la majorité des travailleurs
Une étude publiée par l'organisme de surveillance des entreprises RAID, basé au Royaume-Uni, et le Centre d'Aide Juridico-Judiciaire (CAJJ) de Kolwezi révèle que le "salaire de subsistance" mensuel minimal est désormais de 501 USD. Cela représente une augmentation par rapport aux estimations de 2023 qui le fixaient à 480 USD. Cette hausse s'explique par l'augmentation continue des prix des produits de base sur les marchés de Kolwezi, notamment due à la dépréciation du franc congolais par rapport au dollar, qui a réduit le pouvoir d'achat des travailleurs.
Des conditions de vie qui se dégradent malgré un rôle crucial dans la transition énergétique
"Notre nouvelle analyse du salaire de subsistance montre que les travailleurs essentiels à la transition énergétique ne peuvent pas subvenir à leurs besoins vitaux. Les prix de ces produits de base ont augmenté depuis l'année dernière", explique Josué Kashal, responsable du suivi et de l'évaluation au CAJJ. "La triste réalité est que les travailleurs s'appauvrissent et que leurs conditions de vie se dégradent, tandis que leurs employeurs multinationaux semblent engranger des bénéfices considérables. Les travailleurs congolais qui contribuent à la transition mondiale vers une énergie propre ne devraient pas en payer le prix ; ils méritent eux aussi de profiter de l'essor du cobalt et du cuivre."
Un système d'exploitation basé sur la sous-traitance et les violations des droits humains
L'étude met en lumière un système d'exploitation généralisé des travailleurs congolais dans les mines de cobalt et de cuivre. Le recours à la sous-traitance par les sociétés minières entraîne de graves violations des droits des travailleurs. Contrairement aux employés embauchés directement, les milliers de travailleurs recrutés par le biais d'entreprises sous-traitantes - soit environ 57 % de la main-d'œuvre des mines étudiées - sont exposés à un temps de travail excessif, à des traitements dégradants, à des violences, à des discriminations, au racisme, à des conditions de travail dangereuses et au non-respect de la couverture santé de base.
Un appel à un salaire de subsistance et à une chaîne d'approvisionnement responsable
"Les affirmations de l'industrie minière sur la fourniture de minerais écologiques et durables aux marchés mondiaux ne correspondent en rien à la terrible réalité à laquelle sont confrontés des milliers de travailleurs congolais exploités", déclare Anneke Van Woudenberg, directrice exécutive de RAID. "Les sociétés minières présentes à la DRC Mining Week doivent s'engager publiquement à verser un salaire de subsistance à tous leurs travailleurs, qu'ils soient employés directement ou indirectement par le biais de sous-traitants. Les constructeurs de véhicules électriques et les autres acteurs de la chaîne d'approvisionnement du cobalt et du cuivre doivent également s'engager et faire savoir que le paiement d'un salaire de subsistance aux travailleurs est non négociable."
Le cobalt et le cuivre sont des minéraux essentiels pour l'énergie verte : le cobalt est utilisé dans les batteries lithium-ion des véhicules électriques, tandis que le cuivre est nécessaire à la construction des infrastructures de recharge. Plus de 70 % du cobalt mondial est extrait à Kolwezi, en RDC, et le pays est le troisième producteur de cuivre au monde.
Alors que 1 300 délégués de 57 pays se réunissent cette semaine à Lubumbashi pour la DRC Mining Week afin de discuter des moteurs de la croissance économique dans la région, RAID et le CAJJ exhortent les représentants des sociétés minières et les décideurs politiques à garantir le versement d'un salaire de subsistance à tous les travailleurs, qu'ils soient embauchés directement ou indirectement par le biais de sous-traitants.