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4 décembre 2024
Economie
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
PLAIDOYER POUR UN NOUVEL ORDRE DE L’INFORMATION ET DE LA PRESSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le débat en cours dépasse la seule question des arriérés d'impôts. Il interroge la pérennité d'un modèle de presse fragilisé et appelle à une refonte des rapports entre médias et personnel publique
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 15/06/2024
38 milliards, c’est la somme que les services de la Direction Générale des Impôts et Domaine (DGID) réclament aux entreprises de presse en arriérés : 13 milliards pour dette fiscale et 25 milliards pour redevances dues à l’Agence de Régulation des Télécommunications et de la Poste (ARTP). Une trentaine d’entreprises de presse serait concernée.
Pour récupérer cette somme due, la DGID a procédé au blocage des comptes des entreprises débitrices. Alerté, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps), demande par la voix de son président M. Mamadou Ibra kane « un arrangement » pour permettre « la main levée sur les comptes bancaires des entreprises de presse… »
Un « arrangement » entre les entreprises de presse et le fisc est recevable car prévu par le Code des impôts et conforme à la pratique habituelle des services de recouvrement de l’impôt.
Il est prévu que ces derniers puissent convenir avec l’entreprise interpellée de modalités de paiement d’arriérés d’impôt selon un échéancier de paiement soutenable, sur la base de ses états financiers.
L’article 706 du Code général des Impôts (CGI), indique en effet que « le contribuable, en situation économique ou financière difficile, qui reconnaît le bien-fondé d’une imposition établie à son nom, peut introduire une demande de remise ou de modération de sa dette fiscale ».
Il suffit aux entreprises de presse concernées d’introduire auprès du ministère des Finances sous le couvert de la DGID, une demande de remise ou de modération de la dette fiscale et de main levée sur leurs comptes.
Mais ce n’est pas la première fois que les entreprises de presse sont interpellées par le fisc pour arriérés d’impôts et taxes. C’est arrivé sous le régime du président Abdoulaye Wade puis de M. Macky Sall.
Une solution pérenne est donc requise.
C’est d’ailleurs le plaidoyer que le président Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps), porte : « Nous ne refusons pas de payer, et nous payons nos impôts. Par contre, ce que nous demandons, c’est que compte tenu de la spécificité du secteur, qu’il y ait une fiscalité adaptée comme en France et ici au Sénégal dans les secteurs de l’agriculture, du logement social, de la santé. »
De la viabilité de l’entreprise de presse au Sénégal
On devrait en effet considérer la récurrente crise fiscale et adresser la question de la viabilité de l’entreprise de presse au Sénégal. Que le législateur revoie les dispositions du Code de l’impôt relatives à l’entreprise de presse pour introduire une déduction spéciale de l’impôt comme on l’a fait récemment en France.
Dans le même temps, on devrait réviser la loi sur la publicité de 1983 (Loi N° 83.20 du 28 janvier 1983) afin de promouvoir et développer le secteur de la publicité, seul susceptible de financer les médias et d’assurer leur viabilité économique à long terme.
De même, une révision en profondeur du Fonds d’Appui à la Presse s’impose aussi bien dans sa gestion que dans son utilisation.
Il devrait être géré désormais pour plus de transparence, non plus par le ministère de l’Information et de la communication, mais par le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA).
Il devrait être affectée pour partie à des appuis indirects, formations spéciales et frais de séjour de couverture d’événements mondiaux incontournables par exemple notamment et pour partie comme caution auprès de la Banque Nationale de Développement pour le financement des projets d’équipement des entreprises.
Liquider le conflit politique récurrent entre l’Exécutif et les médias
Mais voici qu’en marge du contentieux sur les dettes fiscales, la presse, tout au moins une partie significative de celle-ci, s’attaque au nouveau régime, en ciblant particulièrement le Premier ministre Ousmane Sonko.
Une information fabriquée de toute pièce est reprise selon laquelle il est le seul responsable de l’affectation d’un officier supérieur de l’armée, sans aucun respect des procédures et protocoles habituels, juste pour régler un compte personnel.
Ses propos sur l’homosexualité sont relevés et mis en exergue pour indiquer que sa position sur la question a changée, histoire de semer le trouble au sein de ses soutiens qui y sont particulièrement sensibles.
Il réagit avec colère et défiance : on crie haro sur l’intolérant, sur l’islamiste menaçant les bonnes mœurs démocratiques.
Apparemment, cette presse prend en charge le combat politique contre le régime du Pastef de l’opposition politique, pour faciliter la remise sur pied de celle-ci. A moins qu’elle ne cherche à provoquer littéralement le gouvernement Diomaye Faye /Ousmane Sonko, pour l’accuser ensuite d’atteinte à la liberté d’expression voire aux droits de l’homme.
Rêve-t-on plutôt de rétablir le « deal » qu’on avait avec le président Macky Sall qui avait coopté nombre de patrons de presse et crée de toutes pièces une presse « marron beige » au service de ses combats ?
Ce n’est évidemment ni de la mission ni de l’intérêt de la presse de prendre en charge le combat politique de l’opposition ou de se mettre au service du gouvernement. Elle devrait plutôt considérer que les entreprises de presse sont pour la plupart exsangues économiquement et que les journalistes en sont les premières victimes.
Elle devrait se préoccuper des voies et moyens pour remplir sa mission première : produire et diffuser quotidiennement l’information nécessaire au fonctionnement de la société et de la démocratie. Aussi est-il urgent d’établir des « rapports normaux » entre l’administration politique et la presse.
Pour un nouvel ordre de l’information et de la communication
Que les patrons de presse, car ce ne sont pas les journalistes qui sont en cause ici, considèrent qu’ils n’ont pas affaire ici à un quelconque Comité de transition monté par des colonels en rupture de ban, mais à un régime dont le président a été élu au premier tour d’une élection on ne peut plus démocratique. Que ceux d’entre eux qui ont partie liée avec l’ancien régime, soient inquiets à l’idée de devoir rendre compte et rendre gorge, cela se comprend.
Appelons-les pourtant à s’imposer ce « minimum de discrétion » (concernant par exemple les informations du secret défense), ce « minimum de sérieux » (pour ne pas publier des informations mensongères en connaissance de cause ou par défaut de vérification) et ce « sens des responsabilités » auquel appelait ce spécialiste de droit public français[1].
Appelons l’administration du président Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko à considérer que l’information est un bien commun fondamental qu’il faut sauvegarder vaille que vaille.
Oui, l’information est un bien commun dans le sens de la déclaration de l’UNESCO : elle contribue à la formation du citoyen et à son expression, à la dissémination du savoir, à l’expression de la culture, au bon fonctionnement des institutions et au renforcement de la démocratie.
Que l’administration du président Diomaye Faye se convainque que la presse dans sa majorité travaille effectivement à produire et à diffuser ce bien commun qu’est l’information qui est indispensable non pas seulement au succès du « Projet », mais à l’avènement de la nouvelle société à laquelle les Sénégalais aspirent.
Qu’elle se convainque que le droit des Sénégalais à une information plurielle et sans filtre, corollaire de la liberté de la presse, est indispensable à l’atteinte des objectifs de souveraineté nationale et d’émancipation sociale.
C’est pourquoi il revient à l’administration du président Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko de proposer à la presse et de mettre en œuvre un nouvel ordre de l’information et de la presse au Sénégal.
Ce nouvel ordre devra imposer les règles élémentaires qui régissent toutes les entreprises de presse partout à travers le monde : le respect de l’éthique professionnelle, la transparence concernant aussi bien les bailleurs et propriétaires, que la ligne éditoriale, les tirages et les parts d’audience.
Le respect aussi de la convention collective des journalistes et techniciens. Le paiement régulier des impôts et taxes. Ainsi que les cotisations sociales des employés.
Le nouvel ordre auquel nous appelons ici a pour objet de mettre en place un partenariat entre les entreprises de presse, l’administration publique, les organisations de la société civile spécialisées et les organisations professionnelles (notamment le Conseil pour l’Observation des Règles d’Ethique et de Déontologie dans les médias au Sénégal (CORED) pour le bien de la corporation toute entière. Et pour le renforcement de la démocratie.
LE PÈLERINAGE À LA MECQUE, UN FARDEAU DE PLUS EN PLUS LOURD
Entre l'augmentation constante du prix des billets d'avion, la taxation accrue du royaume saoudien et les effets de la dévaluation monétaire, le coût du hajj flambe pour les fidèles. Un véritable frein à l'accomplissement de ce cinquième pilier de l'islam
(SenePlus) - Le hajj, cinquième pilier de l'islam, est un devoir sacré pour tout musulman qui en a les moyens physiques et financiers. Comme le rappelle le Coran : "Et aux gens, l'accomplissement du pèlerinage de la Maison est une obligation envers Allah pour tous ceux qui en ont la possibilité." (Sourate 3, verset 97). Chaque année, l'Arabie Saoudite délivre des quotas de pèlerins par pays en fonction de leur population musulmane. Pour cette édition 2024, le Sénégal peut envoyer jusqu'à 13 000 fidèles, la Côte d'Ivoire près de 10 000. Le Nigeria, nation la plus peuplée d'Afrique, dispose logiquement du contingent le plus important avec près de 90 000 pèlerins autorisés.
Ces dernières années pourtant, accomplir ce grand pèlerinage est devenu un véritable fardeau financier pour de nombreux croyants. "Les packages de voyages organisés à la Mecque comprennent les billets d'avion, la nourriture, l'hébergement sur place. Au Sénégal par exemple, leurs prix ont littéralement doublé depuis le Covid" explique RFI. Cette année, un pèlerin doit débourser en moyenne 4 300 000 francs CFA pour effectuer le hajj.
Plusieurs facteurs expliquent ces tarifs exorbitants. "Il y a d'abord eu l'augmentation généralisée du prix des billets d'avion ces derniers mois. Ensuite, la chute de valeur de certaines monnaies face au dollar renchérit mécaniquement les coûts sur place en Arabie Saoudite" analyse Aminata Touré, économiste. Le royaume lui-même a aussi augmenté récemment les taxes appliquées, comme la TVA. Une stratégie délibérée car comme le souligne RFI: "Le hajj est aussi une source de revenus considérable pour l'Arabie Saoudite. Avant le Covid, le pèlerinage rapportait entre 10 et 15 milliards de dollars par an à l'Etat."
Le tourisme religieux s'inscrit d'ailleurs pleinement dans le plan Vision 2030 visant à préparer l'après-pétrole pour l'économie saoudienne. "L'organisation des pèlerinages tout au long de l'année est désormais la deuxième source de recettes pour le royaume, loin derrière les exportations d'hydrocarbures mais c'est un secteur en pleine expansion" la radio française. Une perspective peu réjouissante pour les fidèles musulmans qui peinent déjà à financer leur pieux voyage...
LA CONCRÉTISATION DES BAISSES DE PRIX SE FAIT ATTENDRE
Dans les étals et échoppes du marché en pleine effervescence avant la fête de la Tabaski, les prix n'ont pour l'instant pas bougé. Mais au-delà de leur applicabilité, ces baisses modestes semblent bien insuffisantes aux yeux de nombreux Sénégalais
(SenePlus) - Le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye a annoncé jeudi dernier les premières mesures destinées à lutter contre la vie chère, un sujet brûlant sur lequel les nouvelles autorités sont très attendues depuis leur prise de pouvoir il y a deux mois et demi. Parmi ces mesures, une diminution négociée des tarifs du sucre, du riz, de l'huile et du pain devrait en théorie entrer en vigueur dans le courant de la semaine prochaine. Mais sur le terrain, cette baisse tant espérée semble encore loin d'être une réalité, comme l'a constaté la correspondante de RFI à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff, lors d'un reportage au marché Tilène.
Dans les étals et échoppes du marché en pleine effervescence avant la fête de la Tabaski, les prix n'ont pour l'instant pas bougé. Un épicier interrogé confie : "Si les grossistes baissent, ça va diminuer, sinon non, ça ne va pas diminuer parce qu'on achète ça cher. Actuellement, 610 FCFA le sac [de sucre]. On passe parfois à 700, 675 FCFA." Bien loin donc de l'objectif fixé à 600 FCFA maximum le kilogramme.
Pour le riz brisé, c'est la même inconnue. Le gouvernement a négocié 40 FCFA de baisse pour ramener le prix à 410 FCFA le kg, mais sur le marché, il se négocie encore à 640, voire 600 FCFA. Un grossiste de produits alimentaires se dit pourtant "impatient qu'on les fasse appliquer pour qu'on puisse travailler correctement". "Maintenant, comme les autorités les ont fixés à 600 FCFA, je pense que tous les clients voudront bénéficier de ce nouveau prix et les vendeurs devront modifier", espère-t-il dans des propos rapportés par RFI.
Pour accompagner cette transition, le gouvernement a promis la création de "boutiques-témoin" pour encourager la baisse. Du côté de la baguette de pain, la réduction de 15 FCFA devrait être plus aisée à appliquer selon un boulanger : "C'est le gouvernement qui fixe les prix. S'il y a un accord avec le patronat, peut-être qu'ils vont l'appliquer." Une suspension des droits de douane sur le blé à partir d'août est d'ailleurs prévue pour compenser.
Mais au-delà de leur applicabilité, ces baisses modestes de 15 à 50 FCFA semblent bien insuffisantes aux yeux de nombreux Sénégalais, alors que le prix du riz a presque doublé en trois ans, dans un contexte d'inflation galopante. "Non, ce n'est pas suffisant", répondent ainsi de nombreux clients, espérant que d'autres mesures plus ambitieuses suivront.
L’ITIE PRECHE LA TRANSPARENCE
Le Sénégal a extrait le premier baril de pétrole du gisement de Sangomar dont les réserves sont estimées à environ 630 millions de barils de pétrole brut et 2, 4 Tcf (113 milliards de Nm3) de gaz naturel.
Le Sénégal a extrait le premier baril de pétrole du gisement de Sangomar dont les réserves sont estimées à environ 630 millions de barils de pétrole brut et 2, 4 Tcf (113 milliards de Nm3) de gaz naturel. Pour que cette manne profite au pays, le Comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Cn-Itie) invite l’Etat du Sénégal à cultiver la transparence, la redevabilité et la traçabilité.
Le premier baril de pétrole sorti des puits de Sangomar propulse le Sénégal dans le cercle des pays producteurs de pétrole. Le Comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Cn-Itie) s’en réjouit. Mais restant dans son rôle, l’Itie trace la voie à suivre pour le gouvernement. «Le Cn-Itie recommande à l’Etat du Sénégal de continuer à insister sur la bonne répartition et l’encadrement de la gestion des recettes issues de l’exploitation pétrolière et gazière», déclare l’instance dirigée par Oulimata Sarr. L’Itie invite également l’Etat du Sénégal «à procéder à une divulgation périodique et exhaustive d’informations essentielles en vue de garantir la traçabilité des revenus pétroliers et gaziers dans le Budget de l’Etat».
Dans son communiqué de presse qui rappelle la genèse de l’aventure pétrolière du Sénégal, l’Itie met l’accent sur la transparence, la traçabilité et la redevance. Dès leur accession au pouvoir, les nouvelles autorités avaient annoncé l’audit des coûts pétroliers des projets Sangomar et Grand Tortue Ahmeyim. L’Itie encourage «les autorités à finaliser» ces missions dédiées à l’audit. Mais, elle invite également le «ministère de l’Energie, du pétrole et des mines, et le Groupe Petrosen à divulguer la manière dont ils suivent et vérifient l’exactitude des données de production et d’exportation». Chargée de «gendarmer» l’exploitation des ressources minières dans le pays, l’Itie invite également l’opérateur Woodside Energy, «au nom de la transparence environnementale, à divulguer les chiffres sur les émissions de Gaz à effet de serre (Ges) conformément aux principales normes de divulgation existantes».
Pour rappel, le Sénégal est devenu producteur de pétrole grâce aux réserves du projet Sangomar, situées à 90 km au sud de Dakar et développées par la sociét́é opérante Woodside Energy et Petrosen. Ces réserves sont estimées à environ 630 millions de barils de pétrole brut et 2, 4 Tcf (113 milliards de Nm3) de gaz naturel. Avec 82% des parts des blocs de Rufisque, Sangomar offshore et de Sangomar offshore profond, Woodside reste majoritaire, tandis que le Sénégal détient 18% des parts via Petrosen, société nationale appartenant à 100% à l’Etat du Sénégal.
En vertu des accords signés, les parts de l’Etat varieront en fonction de la production journalière définie. Et la manne financière issue de cette exploitation a déjà fait l’objet d’une loi de répartition des recettes, rappelle l’Itie en soulignant qu’«au maximum 90% des recettes du secteur pétrolier et gazier seront affectés au budget général, et un minimum de 10% sera dédié à l’alimentation du Fonds intergénérationnel. Le surplus de recettes résultant de la différence entre les recettes projetées et celles effectivement encaissées constituera le Fonds de stabilisation et sera réconcilié à la fin de chaque trimestre».
LE FORUM CIVIL INVITE LE GOUVERNEMENT A PROMOUVOIR LA PRODUCTION LOCALE
Le Bureau exécutif du Forum civil a rendu publique hier, vendredi 14 juin, une déclaration dans laquelle il manifeste son soutien au Gouvernement dans sa volonté de baisser les prix de certaines denrées de première nécessité
Le Bureau exécutif du Forum civil a rendu publique hier, vendredi 14 juin, une déclaration dans laquelle il manifeste son soutien au Gouvernement dans sa volonté de baisser les prix de certaines denrées de première nécessité et de respecter une promesse de campagne pour soulager les populations. Toutefois, Birahim Seck, coordonnateur du Forum civil (Section sénégalaise de Transparency international) et compagnie invitent les nouvelles autorités dans le cadre de leur engagement à réduire le coût de la vie et la satisfaction des besoins des populations à promouvoir la production locale.
Les réactions sur les mesures de baisse des prix de certaines denrées de premières nécessités annoncées jeudi 13 juin dernier par le Gouvernement se poursuivent. Dans une déclaration rendue publique hier, vendredi 14 juin, le Bureau exécutif du Forum civil dit manifester son soutien au Gouvernement dans sa volonté de baisser les prix de certaines denrées de première nécessité et de respecter une promesse de campagne de soulager les populations. Poursuivant, Birahim Seck, coordonnateur du Forum civil (Section sénégalaise de Transparency international) et compagnie ont toutefois, tenu à rappeler au Gouvernement que ses marges de manœuvre sont très limitées du fait des cours et des prix à l’international. Sous ce rapport, ils soulignent que le « Sénégal est encore un pays importateur net. À cela, s’ajoutent les coûts de transport et d´assurance qui réduisent fortement les marges bénéficiaires des opérateurs économiques. Une baisse significative des prix affecterait les bénéfices des opérateurs économiques ».
Le Forum civil invite les nouvelles autorités à « travailler à promouvoir l’offre interne en mettant en œuvre des politiques alternatives visant à promouvoir la production locale ». « Ces politiques alternatives ont été bien détaillées par le Premier ministre et le ministre chargé de l’Agriculture. Il faut travailler à garantir la sécurité et la souveraineté alimentaires
La dépendance du Sénégal aux produits importés annihile tous ses efforts. En somme les politiques de réduction des prix ou de subventions sont souvent intenables à long terme », a fait savoir le Bureau exécutif du Forum civil. Par ailleurs, s’exprimant sur le rapport de sa Cellule de monitoring des actions du Gouvernement (Cmag) relativement aux orientations et engagements du Gouvernement pris en Conseil des ministres, le Bureau exécutif du Forum civil demande également au Gouvernement de se concentrer exclusivement sur la satisfaction des besoins des populations en traduisant en actes les orientations et engagements identifiés dans les discours publics et les réunions du Conseil des ministres du Chef de l’État et son Gouvernement.
LE GOUVERNEMENT HAUSSE LE TON CONTRE LA HAUSSE ILLÉGALE DES TARIFS DE TRANSPORTS
Le ministère des Infrastructures et Transports fustige cette violation flagrante de la loi et promet des sanctions pour les opérateurs en infraction
(SenePlus) - À l'approche de la fête de la Tabaski, les autorités ont constaté une flambée injustifiée des prix des billets de transport interurbains. Dans un communiqué de presse publié le 14 juin 2024, le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye, a dénoncé cette augmentation unilatérale des tarifs par certains opérateurs.
"Le ministère chargé des Transports terrestres rappelle que les tarifs des transports publics routiers de personnes sont encadrés par une réglementation", affirme le communiqué. Il précise qu'"aucune augmentation des tarifs n'a été discutée, encore moins arrêtée avec les opérateurs."
Cette hausse sauvage des prix constituerait une violation flagrante de la loi n°2021-25 du 12 avril 2021 sur les prix, la concurrence et le contentieux économique. Comme le souligne M. Ndiaye, "toute augmentation des tarifs serait de la seule responsabilité des opérateurs ou gestionnaires des gares routières."
Face à ce constat alarmant, le gouvernement a décidé de sévir. "Le ministère se réserve le droit de prononcer, à l'encontre de tout contrevenant, les sanctions prévues par les lois et règlements en vigueur", peut-on lire dans le texte.
Les autorités compétentes ont été mobilisées pour surveiller de près la situation. Le ministre "instruit les autorités contractantes et le CETUD (Conseil Exécutif des Transports Urbains de Dakar) à surveiller de près les réelles pratiques tarifaires durant cette période de fête." De plus, les forces de l'ordre ont reçu l'ordre de "veiller strictement au respect des tarifs actuels" lors des contrôles routiers.
PAR Birane Gaye
LES SÉNÉGALAIS ONT CHOISI LA DÉMOCRATIE
EXCLUSIF SENEPLUS - La vocation du Sénégal n'est pas de suivre les aventuriers de l’AES. Le 24 mars, le peuple a lancé un message clair au nouveau pouvoir. Il faut savoir l’entendre et se méfier des sirènes nationalistes
Le général Mamadi Doumbouya, le colonel Assimi Goïta et le capitaine Ibrahim Traoré devaient être dans leurs petits souliers quand Bassirou Diomaye Faye, président légitimement élu du Sénégal, est venu leur rendre visite. Malgré les tensions qui ont eu cours au Sénégal à la suite des nombreuses « affaires Sonko » et du report de la présidentielle décidé par Macky Sall, le pays a tenu. Le Conseil constitutionnel a censuré l’Exécutif, qui s’est plié aux exigences des Sept Sages. Le peuple sénégalais a fait le reste, en se rendant massivement aux urnes pour élire son président parmi dix-neuf candidats. Le scrutin, marqué par un calme exceptionnel, a été libre, démocratique et transparent en dépit des Cassandre qui, de l’intérieur et de l’étranger, agitaient la menace du chaos généralisé voire de l’effondrement du pays.
Le Sénégal a confirmé son ancrage dans la démocratie libérale et du modèle électoral ouvert qui permettent une compétition entre des projets concurrents avec comme arbitre suprême le peuple souverain.
La présidentielle du 24 mars dernier a été une respiration pour tous ceux qui désespéraient de la démocratie dans une région ouest-africaine engluée dans les putschs, les dérives autoritaires et l’assujettissement à des puissances étrangères, dont certaines envisagent de devenir maîtresses et alliées des nouveaux autoritarismes tropicaux.
En faisant le choix d’élire son président au suffrage universel, ce qui signifie tourner le dos à la tentation du pire, le peuple sénégalais a lancé un message clair au nouveau pouvoir : nous ne voulons pas du modèle illibéral vendu notamment par des puissances conquérantes à leurs nouveaux alliés, mais de la poursuite dans la voie de la démocratie libérale qui seule permet l’alternance au pouvoir et la garantie de l’effectivité des libertés publiques. Il ne faudrait pas que les nouvelles autorités sénégalaises se trompent dans le décryptage du message des électeurs. Celui-ci est éloquent, car il consacre, avec la victoire d’un candidat de l’opposition sans expérience de l’élection ni du gouvernement, la compétition électorale pour choisir librement à qui confier le pouvoir.
Que le président sénégalais fasse la tournée des voisins après son élection est tout à fait normal. Mais il lui faut toujours garder à l’esprit que le Sénégal n’est ni le Mali, ni le Burkina Faso encore moins la Guinée. Aussi, il lui faut se souvenir de la manière dont il est arrivé au pouvoir ; ni par les armes ni par une insurrection. Il a été élu démocratiquement et installé à la suite d'une prestation de serment devant le président du Conseil constitutionnel et d'une passation de service en bonne et due forme avec son prédécesseur. L’heure n’est pas au rapprochement avec des régimes autoritaires dont les dirigeants ont arraché le pouvoir par le fusil sous prétexte que la situation de leur pays était déplorable et que l’armée subissait des défaites face aux bandes armées. Désormais, ils jouissent du confort du pouvoir dans des palais cossus, loin des théâtres d'opérations, se partagent les postes de responsabilité, répriment toute voix discordante et décident de se maintenir au pouvoir sans mandat populaire.
Au Burkina Faso, des opposants et des membres de la société civile sont régulièrement arrêtés s’ils ne sont tout bonnement envoyés au front. En janvier Me Guy Hervé Kam, avocat d’Ousmane Sonko, est enlevé et détenu au secret. Libéré le 30 mai, il a, le même soir, encore été arrêté par la gendarmerie. Récemment, le capitaine Ibrahim Traoré s’est octroyé sans coup férir un mandat « cadeau » de cinq ans.
Au Mali, la junte non seulement refuse de rendre le pouvoir après quatre années de transition, mais Assimi Goïta a suspendu par un décret du 10 avril 2024, les activités des partis et des associations politiques. Les médias ont également reçu l’ordre de ne plus traiter l'actualité politique.
Au Niger, non content de détenir l’ancien président élu démocratiquement Mohamed Bazoum, le régime putschiste empêche toute forme d’expression démocratique. Le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte, déroule le tapis rouge à Niamey à Kémi Séba et Nathalie Yamb, activistes pseudo-panafricanistes, mais en vérité relais propagandistes de Moscou en Afrique francophone. En Guinée, quatre radios et une télévision ont été interdites par le régime au mois de mai.
Les délires anti-impérialistes, qui sont en réalité une manière de masquer ses carences en matière économique et de transformation sociale, masquent mal une incapacité à gouverner dans la transparence et la vertu. Il est attendu des dirigeants de la sous-région une volonté et une ambition pour plonger leurs pays dans la modernité mais pas dans la reconstitution d’un agenda qui fait office de vieilles reliques tiers-mondistes. Les discours enflammés sur la souveraineté, le nationalisme économique et le patriotisme ne sont que leurre face aux vraies urgences qui relèvent de la transformation de l’économie, de l’industrialisation, de la réalisation d’infrastructures modernes et de l’attrait des investissements en vue de générer de la croissance et des emplois massifs. La compétition entre les pays du champ devrait se situer au niveau de savoir qui attire les plus grandes multinationales pour lutter contre le chômage des jeunes et non qui montrerait le plus d’attachement à la milice Wagner pour sécuriser son territoire.
Heureusement que le président Faye a catégoriquement fermé la porte d’une adhésion du Sénégal à l’Association des États du Sahel. Le Sénégal est un leader de la Cedeao et de la zone Franc et devrait l’assumer en pesant de tout son poids diplomatique pour renforcer l’intégration régionale, la monnaie commune et la dynamique d’échanges commerciaux au sein de la communauté régionale.
La vocation du Sénégal n'est pas de suivre les aventuriers de l’AES, mais de rester dans le giron des grandes démocraties de la région, avec le Ghana et le Cap Vert. Il s’agit aussi pour le Sénégal de rattraper le voisin et rival ivoirien dont le miracle économique se réalise sous nos yeux. Dakar doit s’éloigner de la tentation autoritaire et renforcer sa coopération avec des puissances démocratiques comme le Nigéria, l’Afrique du Sud, sur le continent, la France, l’Allemagne et le Brésil, hors de nos frontières. Trêve de fanfaronnades nationalistes ! Le Sénégal a vocation à s’ouvrir à toutes les partenaires économiques qui respectent le principe de non-ingérence et qui apportent de la valeur ajoutée à son ambition économique.
Les Sénégalais votent depuis un siècle et demi. Ils ont expérimenté la presse privée depuis les années 70. Le droit de marche est inscrit dans la Constitution depuis janvier 2001. Nos compatriotes, qui en 2022, ont donné plus de députés à l’opposition au Parlement, ont plusieurs fois réalisé une alternance au sommet de l’État par le biais du suffrage universel. Ce peuple est jaloux de sa liberté et de son pouvoir conférés par la Constitution. Il a, le 24 mars dernier, fait une nouvelle fois le choix de la pérennité d’un modèle démocratique qui connaît ses limites certes mais garantit l’exercice des libertés fondamentales. Les Sénégalais ont choisi la démocratie, il faut savoir l’entendre, se méfier des sirènes nationalistes et faire nôtre le rendez-vous senghorien du donner et du recevoir.
Birane Gaye est enseignant.
par Dija Sow
ET MAINTENANT, QUE FAIT-ON ?
La France est le rêve de ceux qui la visitent, la projection de ceux qui la font, le souhait de ceux qui y résident. De gauche ? de Droite ? Aucune importance. Il est temps d’être à la fois humaniste et démocrate
Encore un matin. Encore un matin où le si mal nommé "Rassemblement National" (RN) est aux portes du pouvoir. Un parti dont les racines puisent allègrement dans le pire vice d’une société : la peur de l’autre, le rejet. L’arbre RN a des racines vivaces dans le négationnisme et le pétainisme, mais son tronc, c’est la petite entreprise familiale des Le Pen. Et puis il y a ses bourgeons, les p’tits gars sympas qui prennent des mairies en sympathisants avec la population et Bardella-belle-gueule qui passe si bien sur TikTok.
Pourquoi je ne veux pas que le RN gouverne le pays ?
D’abord parce qu’il le gouvernera mal. La première victime de la guerre, c’est le plan qu’on établit pour la gagner. Voilà pourquoi aucun parti ne tient ses promesses de campagne. Une fois qu’on a des idées, il faut faire avec les imprévus internationaux : crise économique pour Sarkozy, attentats sur le territoire pour Hollande, crise Covid pour Macron…et donc ils prennent des décisions moins basées sur leur programme que sur leurs convictions.
Et moi ça ne me dérange pas qu’un élu républicain, quel que soit son bord politique, prenne des décisions fortes avec ses convictions lorsque le pays traverse une crise. Mais je ne souhaite pas être gouverné à vue par une personne dont la réponse sera à tout bout de champ : “C’est de la faute de l’Autre ! “, par un xénophobe.
Ce que je propose pour le pays
L’identité est une chose qui évolue en fonction de comment on la projette. La France n’est pas le fruit de son passé - aucun pays ne l’est. Elle est le rêve de ceux qui la visitent, la projection de ceux qui la font, le souhait de ceux qui y résident.
Elle n’est que l’arbre des possibles et il nous appartient de lui donner la direction que nous souhaitons. Celle que je souhaite, c'est une décision cohérente avec l’Histoire du monde, et quelque part aussi dans la droite file d’une certaine Histoire de la nation.
Parce que je pense que la France n’a jamais été aussi belle et aussi grande que lorsqu’elle était le pays des lumières, je veux qu’elle voit naître et croître les Lumières de notre siècle : l’éthique technologique et l’intelligence créative, la redéfinition de la place de l’humain dans les espaces naturels et l’univers technologique.
Pour cela, il faut accueillir tous les humains qui souhaitent participer à la belle aventure française : travailler, étudier, penser, douter, écouter et accueillir puis transmettre à son tour.
Pour cela, il faut la paix dans le monde : elle s’obtient par la lutte active et légitime contre les belligérants : diplomatique ou armée, mais ferme et publique.
Pour cela, il faut la paix en bas de chez soi :
Les préfets doivent prendre en charge la délinquance et le crime. Pas les exilés, pas les victimes de produits et de conduites addictives, pas les activistes sociaux et politiques. Ils doivent en avoir les moyens et ne doivent pas avoir la crainte de les déployer. Il n’existe pas de paix sans sentiment de sécurité.
Une politique ambitieuse de grands travaux transformant l’héritage urbain des années soixante en écoquartiers favorisant la mixité sociale et une vraie pénalisation des mairies qui ne construisent pas assez de logements sociaux.
Proposons un nouveau modèle ambitieux centré autour de la commune et de son centre : réhabilitation urbaines, réflexion et mesure nationale contraignante sur la politique de parking sur la voie publique.
Pour cela, il faut la justice sociale :
Remettre à plat notre système fiscal et notre système d’allocation en le basant sur l’individu plutôt que sur le ménage. C’est le premier pas vers la possibilité d’un capital universel inconditionnel, versé à chaque citoyen à l’âge de 25 ans.
Valoriser le Travail, tous les travaux : éduquer ses enfants, être bénévole au club de foot du quartier…autant d’activités qui comptent pour la société et qui doivent donner lieu à une rétribution sociale, pour la retraite par exemple. L'entrepreneuriat vertueux doit être encouragé, en simplifiant la mise en place des coopératives dans tous les secteurs d’activité.
Pour cela il faut l’education pour tous et par tous :
Renouer avec l’éducation populaire en généralisant l’e-learning certifiant. Pour cela former à l’emploi efficace des outils digitaux - pour tous les âges et tous les milieux.
Pour cela il faut la santé :
Attirer et favoriser l’installation de médecins étrangers sur notre territoire - comme le fait déjà très à profit le Canada - mais aussi l’installation d’aides humaines à la personne et d'auxiliaire de vie.
En finir avec la tarification à l’acte à l’hôpital.
Favoriser l’essor de la silver economy afin de préparer par l’innovation le vieillissement de la population.
Pour cela, il faut la croissance, mais pas celle du PIB, celle de l’indice de développement humain : Pour avancer sur la bonne route, il faut les bons indicateurs. Les euros ne valent que s’ils sont transformés en bonheur pour le plus grand nombre. Notre tissu économique est principalement composé de TPE et de PME : simplifions leur implantation et leur développement. Développer encore la lutte contre l’évasion fiscale.
De gauche ? de Droite ? Aucune importance. Il est temps d’être à la fois humaniste et démocrate. Terriens. Ensemble. Pour le progrès de tous et de chacun sur la voie qu'il choisit librement dans le respect de son voisin.
Alors, pourquoi voterez-vous ?
INTRODUCTION DE LA TVA SUR LES ACTIVITÉS NUMERIQUES À PARTIR DU 1ER JUILLET
Le Sénégal s’apprête à appliquer une taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur les activités numériques dès le 1er juillet prochain, une initiative du ministère des Finances et du Budget visant à élargir l’assiette fiscale ...
Le Sénégal s’apprête à appliquer une taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur les activités numériques dès le 1er juillet prochain, une initiative du ministère des Finances et du Budget visant à élargir l’assiette fiscale et à renforcer la mobilisation des ressources internes pour financer les politiques publiques.
Les prestations de services numériques, comprenant la fourniture de biens et services immatériels via des réseaux informatiques et/ou électroniques, seront désormais soumises à la TVA. Cette mesure s’applique aussi bien aux entreprises nationales qu’aux fournisseurs étrangers qui utilisent des technologies propres pour offrir des services numériques.
Principaux domaines concernés : intermédiation numérique, les plateformes et places de marché en ligne facilitant les transactions entre fournisseurs et clients. Téléchargement et diffusion : musique, films, et jeux en ligne. Stockage et traitement des données : services de cloud et gestion de bases de données. Apprentissage et enseignement en ligne : Cours et formations à distance. Hébergement de contenus en ligne : sites web, images, et textes.
Les fournisseurs étrangers seront tenus de collecter et de reverser la TVA applicable à leurs opérations de vente en ligne effectuées sur le territoire sénégalais. Les intermédiaires, tels que les plateformes numériques, percevant des commissions sur ces transactions, seront également soumis à cette obligation fiscale.
La base imposable sera déterminée selon le chiffre d’affaires réel des fournisseurs non-résidents ou des opérateurs de plateformes numériques étrangères, évaluée en fonction de la contrepartie reçue ou à recevoir. Le taux de TVA au Sénégal est fixé à 18 %, avec une réduction spécifique de 10 % pour le secteur de l’hôtellerie et de la restauration depuis la pandémie de Covid-19.
Cette nouvelle réglementation vise non seulement à accroître les recettes fiscales de l’État, mais aussi à créer un environnement commercial plus équitable entre les entreprises locales et les géants du numérique étrangers. En structurant ainsi l’imposition des activités numériques, le Sénégal aspire à moderniser son système fiscal et à s’assurer que toutes les parties prenantes contribuent équitablement au développement économique du pays.
Les autorités sénégalaises espèrent que cette mesure encouragera également une plus grande transparence et une meilleure gouvernance des transactions numériques, tout en offrant aux consommateurs locaux des services numériques de qualité.
LE SENEGAL PEUT-IL ECHAPPER A LA MALEDICTION DU PETROLE ?
Malgré l’enthousiasme suscité par cet événement historique, la malédiction du pétrole reste un phénomène à prendre au sérieux, surtout dans une sous-région déchirée par l’instabilité.
Le Sénégal vient d’extraire son premier baril de pétrole, un événement qui a fait la une de la presse nationale et internationale. Après plusieurs années d’attente, il entre donc dans le cercle fermé des pays producteurs d’or noir. Malgré l’enthousiasme suscité par cet événement historique, la malédiction du pétrole reste un phénomène à prendre au sérieux, surtout dans une sous-région déchirée par l’instabilité.
Ça y est ! L’opérateur Woodside a annoncé la sortie du premier baril de pétrole tiré du champ de Sangomar. Ce puits prometteur devrait permettre à terme à notre pays d’atteindre une production de 100 000 barils par jour, soit à peu près les mêmes volumes que le Ghana. Une bonne nouvelle pour notre pays touché par une crise économique sans précédent. L’inflation y est galopante. Des projets structurants sont à l’arrêt. Les politiques peinent à résoudre l’équation de l’emploi des jeunes. C’est pourquoi la manne financière qui devrait provenir de l’exploitation de ce pétrole suscite beaucoup d’espoirs au niveau de la population. Une population qui, cependant, devrait prendre garde à la malédiction du pétrole. L’histoire a montré que les zones de production d’hydrocarbures sont souvent déchirées par l’instabilité et une répartition inégale des richesses entraînant souvent des guerres civiles. Voire des guerres tout court. Le Sénégal peut-il échapper à la « maladie hollandaise » ?
Conscientes de la réalité de ce risque, les autorités ont, dès 2018, initié un dialogue national sur la gestion des rentes issues de l’exploitation des hydrocarbures. L’ occasion pour l’ancien président de la République Macky Sall de garantir une gestion inclusive, durable et prudente des ressources. « Cette rencontre a permis un consensus autour de la gestion des recettes issues de l’exploitation du pétrole et du gaz, de promouvoir la transparence et de partager toutes les informations sur le secteur pétrolier et gazier du Sénégal », affirme Dr Seydou Kanté, géopoliticien. Il assure que le Sénégal, à l’instar des pays scandinaves, s’est bien préparé à l’exploitation de son pétrole. « Le Sénégal a pris des mesures anticipatives pour ne pas être surpris par les conséquences négatives de la production de l’or noir, ce que beaucoup de pays n’ont pas fait après la découverte de pétrole. C’est le cas de plusieurs pays en Afrique et au Moyen-Orient », ajoute-t-il.
Prendre conscience des erreurs du passé
Le Sénégal a tiré les leçons des erreurs commises ailleurs en Afrique et dans le monde. Plusieurs pays producteurs de pétrole et/ou de gaz ont sombré dans les abysses de l’instabilité chronique. Selon le chercheur Dr Seydou Kanté, l’implication des acteurs politiques, des autorités religieuses et coutumières, des membres de la société civile et du secteur privé dans la gestion des hydrocarbures est déjà une réussite. C’est d’ailleurs ce qui explique l’adhésion du Sénégal à l’ITIE (Initiative pour la transparence dans les industries extractives) depuis 2013. Cette mesure conservatoire visant à promouvoir la transparence constitue un rempart contre les externalités négatives liées au développement de l’industrie pétrolière, notamment la corruption.
Par ailleurs, la situation géographique des gisements découverts est aussi un facteur essentiel. Les blocs de Sangomar et de Cayar sont des gisements « offshore » (se trouvant en haute mer). Cette particularité permet au Sénégal d’échapper à des revendications autochtones qui se soldent souvent par des rébellions. Une bénédiction le fait que ces hydrocarbures soient off-shore, diront certains spécialistes. Pourquoi ? Si nous prenons une carte des pays disposant de ressources pétrolières « onshore » (se trouvant dans l’espace terrestre), les conflits entre le gouvernement central et les populations vivant aux alentours des gisements sont fréquents. L’instabilité dans le Delta du Niger (Nigeria) et l’enclave de Cabinda (Angola) sont des illustrations parfaites des appétits des populations vivant çà côté des gisements d’hydrocarbures. « L’exploitation du pétrole en mer permet d’éviter les risques de conflits. Les plateformes de forage sont souvent situées dans des zones inaccessibles. Il faut des moyens colossaux pour les attaquer », explique un spécialiste en géopolitique.
Impacts sur les ressources halieutiques
Pour Amadou Diallo, spécialiste en relations internationales, l’inconvénient des plateformes offshore est la limitation de la pêche dans certaines zones. Or, déplore-t-il, « si les ressources halieutiques sont impactées, cela peut créer des frustrations auprès des pêcheurs ». « La pêche est un secteur important de l’économie sénégalaise. Les pirogues sont souvent interdites de s’approcher des plateformes pétrolières », explique-t-il. Cependant, selon lui, vu la répartition géographique des plateformes et l’inclusion des acteurs de la pêche dans le dialogue sur les hydrocarbures, il est fort probable que des mécontentements soient évités.
Par ailleurs, la cohésion sociale prévalant chez nous serait également un atout. Le Sénégal est l’un des rares pays à ne pas sombrer dans les entrailles du communautarisme, souvent à l’origine des conflits ethniques dans plusieurs pays pétroliers. Dès lors, la stabilité du pays est un gage contre la malédiction de l’or noir. Alors qu’une crise post-électorale se profilait au lendemain de la présidentielle de mars 2024, il a su s’appuyer sur ses ressorts pour résoudre ses querelles internes. « Le Sénégal est un pays dont les piliers sont très solides. À chaque crise, il a su se redresser et apprendre de ses erreurs », indique Seydou Kanté.
Aujourd’hui, le pays de la Téranga est convoité pour ses ressources en hydrocarbures. Les vautours rodent autour ! L’instrumentalisation des acteurs non-étatiques à des fins de chantage devient plus que jamais une inquiétude. Conscientes de cette menace, les décideurs ont pris les devants. Comment ? En renforçant l’armée qui a connu une montée en puissance sans précédents ces dernières années en termes d’équipements de pointe notamment des navires lance-missiles et des aéonefs. Les forces de défense et de sécurité restent un solide rempart face aux menaces. La sécurisation des plateformes est plus que jamais un leitmotiv. L’acquisition de patrouilleurs envoie un fort signal aux menaces venant de la mer. L’érection de plusieurs bases à la frontière avec le Mali permet de se prémunir des menaces terrestres. La ceinture de feu n’est pas loin. Des djihadistes surarmés dictent leurs lois dans le nord du Mali. La mise en place du Groupe d’action rapide de surveillance et d’intervention (GARSI) dans les zones frontalières sensibles constitue un tournant majeur dans la lutte contre les menaces transfrontalières. Ces unités d’élite, légères et mobiles, sont conçues pour être polyvalentes afin de contrer les infiltrations. Bref, qu’importent les menaces, le Sénégal reste un pays outillé pour faire face à la malédiction du pétrole ! Nos compatriotes croisent les doigts.