L'animatrice vedette de l'émission "Wareef" de la Télévision Futurs Médias (TFM), Déguène Chimère Diallo, est décédée dans la nuit de mercredi à jeudi des suites d'une maladie.
À l'occasion, elle faisait également de grands plateaux lors de certaines fêtes religieuses, comme la Tabaski, la Korité ou encore la Journée mondiale de la femme.
Devant la caméra de SenePlus.Com, des Sénégalais qui suivaient ses émissions rendent hommage à tata Déguène.
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MICHELLE OBAMA VS. DONALD TRUMP
Pour toutes les femmes du monde, la First Lady américaine frappe fort, très fort...
À près de 50 ans, Déguène Chimère Diallo est décédée des suites d'une maladie, laissant derrière elle un mari éploré, des enfants orphelins et des collègues tristes. Touba sera sa dernière demeure.
Elle était connue comme une animatrice chevronnée. Et pourtant, Déguène Chimère Diallo était, à la base, une spécialiste de la gestion. Elle avait suivi une solide formation en comptabilité et gestion avant de se rendre à Paname pour y faire une autre formation en gestion hôtelière et en informatique. Mais c'est dans la communication qu'elle a fini par exceller grâce au défunt patron de Excaf Télécom, Ben Bass Diagne.
Ses débuts dans la presse
"J'étais venue en vacances. C'est là qu'un parent de mon père, le Pdg du groupe Excaf communication (feu Ben Bass Diagne) m'a approchée un jour chez mes parents afin que je fasse un essai à la radio. Parce qu'il trouvait que j'avais une voix radiophonique. Quand j'ai fait le test, ça s'est bien passé et j'ai aimé. J'ai commencé des émissions et c'est ainsi que je suis finalement resté au Sénégal pour démarrer ma carrière en 1995. C'est sous la houlette de feu Gora Guèye (je ne me lasserais jamais de lui rendre hommage). Il m'a appris les notions du journalisme. Je suis allée jusqu'à présenter de grandes éditions en français, ou encore faire des correspondances à RFI et ça, c'est quelque chose. Il y avait aussi Hady Wade, Abdoulaye Lam, El Hadj Tandian Diouf qui m'ont beaucoup encadrée et aidée. De fil en aiguille, j'ai commencé à faire des émissions comme "xam sa waruugar" avec l'ordre des avocats, "disso ci biir keur". C'est ainsi que j'ai créé "Confidence", racontait-elle dans une interview à l'Observateur.
Elle était dotée d'une excellente capacité d'écoute
En effet, Déguène Chimère a toujours eu une capacité d'écoute et de réconfort. C'est pourquoi elle était à l'aise dans des émissions de ce genre. "J'étais naturellement la confidente de tous mes amis. Les gens avaient une facilité à se confier à moi et je me suis dit pourquoi pas ? Ceci pour permettre aux gens de lever des tabous. Parce que notre société regorge de sujets comme l'inceste, le viol, la pédophilie etc… Donc permettre aux gens d'en parler dans l'anonymat était une manière de soulever des barrières. Avec nos maigres moyens, on l'a commencé et ça a fait tilt", disait-elle.
En 2000, elle démissionne d'Excaf pour être actionnaire et directrice générale de Diamono fm. L'expérience ne durera que le temps d'une rose. Elle finit par avoir des problèmes avec ses partenaires. Un procès s'en est suivi. Procès qu'elle a gagné. Plus tard, elle travaillera à Océan Fm, fera quelques piges à Seneweb et finit par créer son agence de Communication et de Marketing social dotée d'un site internet (www.dechiba.com), d'une Webtv (Bégué TV) et d'une radio online (Begue Radio).
Comment est-elle venue à la Tfm
Lorsque la Tfm démarrait ses programmes, le premier directeur de cette télé, Moustapha Diop, un ancien de la 2stv, la contacte pour lui confier l'émission "wareef". "Quand je suis venue, il m'a donné le concept et j'ai senti que je pourrais le faire", disait-elle dans une interview avec "L'Observateur". Et c'est parti pour une aventure qui a duré des années avant que la maladie ne s'invite dans sa vie, l'obligeant à céder l'émission à Eva Tra, ancienne animatrice de la 2Stv.
Sa complicité avec son mari, Me Abdoulaye Babou
Lorsqu'elle parlait de son mari, c'est pour user de superlatifs, tellement elle était fière d'avoir un époux comme Me Abdoulaye Babou. "Vous savez, c'est un sentiment très fort qui nous lie. Et parfois une femme arrive à un degré d'amour au point de devenir la mère de son époux. Je veux dire par là qu'une maman ne veut que le meilleur pour son enfant, elle a envie de le protéger, elle aimerait qu'il ait mieux que ce qu'elle a eu. Et, vous savez mon mari me protège, m'entretiens, me donne de la joie. Celui-là vraiment ,par la grâce Dieu, je ne lui dois qu'allégeance. Je vais te dire un secret, j'ai fais acte d'allégeance pour lui. Je sais qu'il n'aimerait pas que je le dise. C'est à dire qu'il passe la plupart de la nuit à prier. Alors, moi un matin à l'aube, je me suis réveillée et il était sur la natte de prière. Je suis descendue du lit, j'ai rampé vers lui et très sérieusement, je lui ai dit que je voulais lui faire acte d'allégeance. Et vous savez, c'était très émouvant et il me l'a accordé et je l'ai fait. Donc il est mon mari et mon marabout. Il a tout ce qu'il faut pour être un bon marabout et c'est vraiment l'homme idéal", témoignait-elle sur son mari. L'avocat le lui rendait bien aussi. "Je resterai avec mon épouse Déguène Chimère Diallo pour la Vie. Elle restera mon unique épouse jusqu''à la fin de mes jours", jurait Me Babou, à l'émission "Sortie" de Walf Tv.
Déguène Chimère : "Dieu m'a aidé"
Quand vous l'interrogiez sur sa vie, elle ne cessait de rendre grâce à Dieu, le Seigneur qui ne lui a pas donné de progéniture, mais qui lui a donné le coeur de couver et d'éduquer les enfants de son mari, nés d'un précédent mariage. Elle n'a pas enfanté, mais elle était une femme comblée, une maman attentionnée. Lorsqu'on disait du mal d'elle, elle en rigolait, laissant tout entre les mains de Dieu.
"Vous savez le seigneur m'a aidé. Je suis quelqu'un qui sait accuser les coups. Si tu vivais avec moi, tu te dirais, mais celle-là rien ne la dérange. C'est un soubassement spirituel en moi. Pour moi, rien n'est hasard dans cette vie. Donc pour tout ce qui m'arrive, je rends grâce à Dieu. Et vous savez après la pluie, c'est le beau temps. Et peut être si le bon Dieu n'avait pas créé ça, il ne me donnerait pas autre chose", disait-elle.
Ainsi vivait Déguène Chimère. Que Dieu l'accueille au Paradis.
Portugal: Benfica lance une collection de robes de mariée
Les traditionnels maillots, shorts et autres gadgets ont de la concurrence! Benfica va vendre une collection de robes de mariée et de soirée, bien souvent rouges, la couleur du club portugais, dévoilées lors d'un défilé dans son stade mardi.
"Notre objectif est d'accompagner le cycle de la vie de nos fans et de nos supporters", a expliqué à l'AFP Jose Simao, responsable du merchandising pour Benfica.
"Tout comme nous avons des produits destinés aux bébés, comme des couches ou des biberons, nous avons des produits pour toutes les étapes de leur vie, pour les moments les plus importants."
Se marier sous les couleurs du club à tout de même un prix nettement plus conséquent que celui d'un simple maillot: jusqu'à 10.000 euros la robe.
Au rayon des offres insolites à destination de ses supporters, Benfica n'en est pas à son coup d'essai: le club propose depuis 2012 des réductions sur des services funéraires sur mesure.
La loi sur la parité, promulguée par le Président Abdoulaye Wade le 28 mai 2010, souffre dans le cadre de son application effective et absolue dans certaines sphères de décisions comme l’Assemblée nationale. ‘’Déplorable’’, cette situation irrite certains parlementaires, y compris des analystes politiques. Pourtant, à ses débuts, elle a soulevé beaucoup d’enthousiasme au Sénégal. Malgré tout, elle a vu pour la première fois, sous la douzième législature, le nombre de femmes parlementaires passer de 27 à 64 sur 150 députés.
De manière globale, le principe de la parité a pour projet de lutter contre les disparités dans le domaine de la représentativité dans les institutions. Il vise aussi l’équité par rapport au traitement salarial entre l’homme et la femme.
Ainsi, lorsqu’il est allégué que certaines catégories sociales connaissent une forte inégalité entre leur nombre et leurs représentants élus, et qu'il existe parfois un handicap de rémunération dans les emplois occupés, notamment dans le secteur public, le principe de parité tente donc, par des lois, de redresser cette situation souvent perçue comme une ‘’injustice’’.
Dans le cadre de la défense des droits des femmes, la parité a été avancée pour défendre l'égalité, organisée en nombre de sièges ou de postes occupés (publics ou privés). C'est ainsi que l'on en parle dans un parti politique, à l'Assemblée nationale, dans une profession. Au Sénégal, promulguée par le Président Abdoulaye Wade, la loi n°2010-11 du 28 mai 2010 s’inscrit dans cette dynamique. Théoriquement, elle institue la parité absolue Homme-Femme.
Une manière de rendre effective (l’application) de la Constitution de 2001 favorisant ‘’l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats et aux fonctions’’ électives. Votée par l’Assemblée nationale en sa séance du vendredi 14 mai 2010, le Sénat le mercredi 19 mai 2010, elle stipule : ‘’Article premier. -La parité absolue homme-femme est instituée au Sénégal dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives. Art. 2. -Les listes de candidatures sont alternativement composées de personnes des deux sexes. Lorsque le nombre de membres est impair, la parité s’applique au nombre pair immédiatement inférieur. Les listes de candidatures doivent être conformes aux dispositions ci-dessus sous peine d’irrecevabilité’’.
A l’époque, c’est le ministre de la Justice, El Hadji Amadou Sall, qui défendait cette loi, et les associations regroupant des femmes indiquaient qu’elle était une ‘’grande avancée démocratique’’. Mais, malgré l’euphorie qu’elle a suscitée à ses débuts, cette loi sur la parité soulève aujourd’hui beaucoup de controverses.
Son application dans certaines instances de décisions laisse voir des failles. D’où le non-respect des principes qu’elle édicte. Parlementaires et analystes politiques sont déçus quant à son application effective à l’Assemblée nationale.
De ce point de vue, des grincements de dents, il en existe autour de cette loi. D’ailleurs, lors du vote du bureau du Parlement en 2012 et de son renouvellement en octobre 2013, les parlementaires Aïda Mbodji et Hélène Tine avaient dénoncé la non-application de la parité absolue.
En substance, la libérale Aïda Mbodji lançait : ‘’La loi sur la parité ne vise pas seulement l’entrée des femmes à l’Assemblée nationale. Elle concerne l’ensemble des institutions des instances électives dont le bureau de l’Hémicycle. A cet égard, elle doit s’appliquer dans toute sa rigueur.’’ Forte de cette conviction, la camarade d’Oumar Sarr invitait le Président Macky Sall à ne pas faire moins que son prédécesseur dans ce domaine.
Et les sorties pour exiger le respect de cette loi n’ont pas été uniquement portées par les politiques. Sensible à cette situation, la société civile s’est également jointe à ce concert de critiques. En écho au renouvellement du bureau de cette institution, la présidente du Caucus des femmes leaders du Sénégal, Fatou Sow Sarr, alertait : ‘’Nous voulons prendre à témoin l’opinion nationale et internationale, pour manifester notre désapprobation pour la non-application de la loi sur la parité(…).’’
13 femmes maires sur environ 600
A l’occasion de sa rencontre intitulée ‘’Conférence nationale sur la parité au Sénégal’’, le Collectif des femmes parlementaires (Cfp) a jeté un regard critique sur la parité. Une posture pour mesurer les avancées de cette loi au niveau des instances électives et semi-électives, et de formuler des recommandations. Et il a été noté que l’application de cette loi a vu le nombre de parlementaires femmes passer de 27 à 64 sur 150 députés.
Cet effectif, souffle-t-on, ne reflète pas la réalité dans les collectivités locales, puisque le Sénégal ne compte que 13 femmes maires sur environ 600, et aucune d’elles n’est édile de ville. En croisade contre ces déséquilibres qui plombent l’application de cette loi, la deuxième vice-présidente de l’Assemblée nationale, Awa Guèye, de renseigner : ‘’Nous avons introduit un amendement qui a abouti. D’ailleurs, c’est ce qui a fait qu’au niveau des secrétaires élus, nous avons 3 femmes et 3 hommes. La seule difficulté se trouve au niveau du bureau avec les vice-présidents où le mode alternatif n’est toujours pas respecté.’’
Mme Fatou Sow Sarr, qui abonde dans le même sens, estime que la présence ‘’significative’’ des femmes dans les instances électives, comme l’Assemblée nationale, est essentielle. Parce que, détaille-t-elle, c’est le lieu où l’on décide de l’utilisation des ressources de la Nation, vote les lois.
A ses yeux, l’enjeu de cette loi porte sur le développement du pays. ‘’Le dernier rapport de la Banque mondiale sur le genre montre qu’en Inde, quand les femmes sont à la tête des conseils locaux, la corruption diminue de 30% (…).
Quant à l’Assemblée nationale, l’incompétence n’est pas que du côté des femmes, puisque le pourcentage de femmes avec un diplôme d’enseignement supérieur, allant du Bac au Doctorat, est de 37,5 %. Ce qui est proportionnellement plus important que celui des hommes’’, compare-t-elle.
Aussi, la parité renvoie donc à des choix de société, par-delà la représentation politique. Au fond, elle reste favorable aux femmes en tant qu’individus, mais aussi une source profonde de modification de leur place dans la société. Il convient donc, à travers la parité, de faire évoluer certains comportements ou visions de la société. Les droits étant les mêmes, reste à les faire comprendre, accepter et appliquer. ‘’La parité pose un débat éminemment politique de transformation sociale. Et cela, Abdoulaye Wade l’a très vite compris. C’est un intellectuel curieux ouvert aux idées nouvelles.
D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’en 2002 à Durban, interpellé par des Africaines, il a accepté de porter le combat de la parité à l’Union africaine. Il l’a fait avec le soutien du ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio’’, rappelle Docteur Fatou Sow Sarr. Avant de signaler que Me Abdoulaye Wade a amené la présence des femmes au Sénat à 40% et au Conseil économique et social (Ces) à 43%. ‘’Il ne lui restait plus que l’Assemblée nationale’’, avance-t-elle.
Pour Mme Fatou Sow Sarr, le Sénégal a incontestablement innové avec cette loi (…). Mais malheureusement, il a raté une opportunité d’en tirer avantage par manque de perspective des nouvelles autorités. Préoccupée par cette question de parité, elle déplore l’attitude des gouvernants actuels par rapport à cette loi.
La sociologue de motiver : ‘’Si le Président Macky Sall s’était donné les moyens de se faire expliquer la parité, comme en 2006 pour le genre, peut-être qu’il aurait pu aider le pays à progresser.Car elle dépasse la seule question de la représentation homme-femme (...). Et tant qu’Abdoulaye Wade était au pouvoir, ceux qui pensaient qu’il en était l’instigateur ont joué le jeu. Ils ne juraient que par la parité. Une fois au pouvoir, ces mêmes personnes ont enfourché une autre trompette.’’
Par le biais de son analyse intitulée ‘’Pourquoi il faut revoir la loi sur la parité’’, le journaliste Momar Seyni Ndiaye constate que les différentes franges de la population n’ont pas été consultées avant l’adoption de la loi sur la parité. Il estime qu’elle mérite d’être revue.
‘’En République, les lois sont faites pour être respectées (…)’’, rappelle le journaliste Momar Seyni. Dans son analyse intitulée ‘’Pourquoi il faut revoir la loi sur la parité’’, l’analyste politique considère que le gouvernement, garant des lois, a le devoir de les faire appliquer. Autrement, souligne M. Ndiaye, il prendrait le risque de laisser une brèche largement ouverte pour tous les abus.
Suffisant pour lui de noter : ‘’Pis, toutes les listes invalidées pour non-respect de la loi de la parité pourraient s’en prévaloir pour exiger de bon droit leur réhabilitation (…). Chacune pouvant se réclamer de sa particularité locale, religieuse, ethnique, sociétale pour demander une exception… Et c’est un déni de droit aux femmes de Touba et une violation d’une loi.’’
Pour ce journaliste, le gouvernement de Macky Sall n’est que le ‘’malheureux héritier’’ des ‘’errements’’ du régime précédent. Selon lui, Abdoulaye Wade, pour mobiliser les femmes au profit de son élection, a cru devoir leur offrir ce cadeau qu’est la parité.
Ceci sans réelle consultation populaire, encore moins de discussions approfondies entre les différentes franges de la société sénégalaise. Dans les années 70, convoque-t-il, le gouvernement de Senghor avait pris le soin de passer par les étapes de la négociation, d’un brainstorming collectif, avant de faire voter le code de la famille.
Et les autorités religieuses confrériques, pas des moindres, s’y étaient opposées. Ce qui n’a pas été le cas de certains imams et prédicateurs crédibles. Ils avaient donné leur onction à ce texte, en dépit de ses nombreuses insuffisances et des privilèges qu’il semble accorder aux femmes.
‘’Mais la loi est passée. Elle est appliquée depuis, ancrée dans nos mœurs. Celle de la parité est une absurdité, puisqu’elle se fonde sur l’espérance mathématique, l’arithmétique, le principe de l’égalité parfaite et non l’équité. Elle est basée sur le particularisme- la même remarque qu’on fait aux autorités de Touba-, la discrimination prétendument positive’’, commente-t-il, avant de savoir qu’elle constitue un ‘’ersatz de liberté’’, ‘’d’émancipation’’, une simple aspiration de groupes féministes extravertis.
Fort de ce constat, le journaliste estime qu’une ‘’grosse pierre’’ est jetée dans le jardin du gouvernement, qui doit payer la ‘’note salée’’ de Wade. Pour lui, revenir sur cette loi est une exigence non pas pour céder aux pressions de foyers religieux, mais pour corriger une ‘’absurdité télécommandée, et sans prise réelle avec les véritables exigences des femmes’’. C'est-à-dire l’accès et le maintien à l’école, aux mêmes chances, à l’emploi et aux responsabilités, à la propriété foncière.
Sociologue de formation, la Directrice du laboratoire Genre de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), dans cet entretien, jette un regard pointu sur la loi n°2010-11 du 28 mai 2010 instituant la parité. Sans langue de bois aucune, Mme Fatou Sow Sarr renseigne qu’elle a des ‘’lacunes’’ qui plombent les modalités de sa mise en œuvre. Selon elle, au niveau mondial, le Sénégal est le sixième pays à œuvrer pour l’accès des femmes aux instances électives et semi-électives.
Quelle appréciation faites-vous de la parité au Sénégal?
Il faut d’abord saluer le formidable mouvement qui a été à la base de cette révolution silencieuse dans notre pays, pour une démocratie plus inclusive. Les femmes sont passées de 15,9% en 2009 à 47,2% dans les collectivités locales en 2014 et à l’Assemblée nationale de 22% à 42,7%.
Tout ceci est le résultat d’un long processus. Individuellement ou collectivement, en privé ou en public, les femmes de plusieurs générations, issues de partis politiques, de syndicats ou d’organisations de la société civile, ont chacune pris part à la lutte pour le respect de leurs droits, chaque génération accrochant son maillon à la chaîne des résultats.
Etes-vous convaincue de son application?
Oui, au regard de la loi, la parité a été appliquée en amont, car aucune liste n’est recevable si elle n’est pas paritaire. Mais chaque fois qu’il n’y a eu qu’un candidat à élire, le poste est revenu aux hommes. D’ailleurs, c’est ce qui explique l’écart à l’Assemblée nationale.
En ce qui concerne les membres du bureau dans les exécutifs, il s’agit d’un scrutin uninominal. Contrairement au scrutin de liste, la loi n’a pas précisé les modalités. Mais si les hommes ont été investis massivement, c’est souvent avec la complicité de femmes qui ont suivi les mots d’ordre de leurs partis.
Les gouvernants actuels sont-ils en phase avec la parité?
Eh bien ! Au regard de ce que je viens de décliner comme explication, la loi a été respectée. Par contre, l’esprit de la parité va au-delà de la loi. Maintenant, par rapport aux nominations en conseil des ministres, depuis 2012, on retrouve moins de 10% de femmes.
A-t-on réellement besoin de la parité si on est compétent ?
(Elle coupe) La question ne se pose pas en ces termes. Si la démocratie signifie la représentation du peuple pour le peuple et par le peuple, celui-ci a deux composantes équivalentes en dignité, c'est-à-dire hommes et femmes. Et notre ouvrage sur les profils des députés de cette législature a montré que les femmes ne sont pas moins compétentes que les hommes à l’Assemblée nationale. Cela dit, rien n’empêche de définir des critères pour être député. Certains pays africains prennent en considération le niveau de scolarisation.
Peut-on faire le lien entre la ‘’discrimination positive’’ et la parité ?
La parité en politique, comme la discrimination positive dans l’espace professionnel, concourt à l’équilibre entre les composantes sociales. Ainsi, pour entrer dans un parti politique, la seule exigence, c’est d’être un citoyen ou une citoyenne. A cet égard, tous les avantages conférés à un groupe doivent l’être pour l’autre.
Par contre, dans les espaces où il y a une barrière d’entrée, comme la Fonction publique où la qualification est exigée, on ne peut pas parler de parité. Mais il est possible de faire état de la discrimination positive, c'est-à-dire à compétence égale nommer une femme. Ceci pour réduire l’écart avec les hommes car elles font moins de 30%.
Que dire des institutions sénégalaises qui ne respectent pas la loi sur la parité?
Toutes les institutions concernées ont respecté la parité. Mais cela n’a pas été le cas dans les bureaux de ces institutions. Et à ce niveau précis, la loi comporte des lacunes, car elle n’a pas défini les modalités de manière précise.
La société sénégalaise est-elle suffisamment préparée pour adopter la parité homme-femme ?
Est-ce qu’on s’est posé la question de savoir si les peuples colonisés étaient préparés pour l’indépendance ? Est-ce qu’on s’est posé la question de savoir si les esclaves étaient où sont suffisamment préparés pour leur liberté ?
Ceux qui étaient en position de domination ont sorti de tels arguments, fallacieux du reste. Mais, pour les dominés, la question ne s’est jamais posée. Et pour les questions de liberté, de droit et de démocratie, il n’y a pas de préparation qui vaille, puisque nous sommes tous et toutes nés libres et égaux devant Dieu.
Des autorités religieuses de Touba avaient refusé de se conformer à la parité aux dernières législatives. Est-il facile d’appliquer cette loi en profondeur sur toute l’étendue du territoire national ?
La parité ne concerne que les instances électives et semi-électives. Elle a été appliquée sur toute l’étendue du territoire lors des élections législatives et locales. Sur les 2 700 listes, seule celle de Touba a manqué à l’appel. Les 99,97% avaient respecté la loi. C’était donc un succès. Vous savez, en sociologie, on parle de majorité tardive. Face à toute innovation, il y a des résistances.
Ainsi, lorsque le Président Senghor a voulu introduire la cuisine au gaz, les Sénégalaises n’étaient pas convaincues car pour elles, le bon ceebu jën ne pouvait se faire qu’avec le feu de bois ou le charbon. Aujourd’hui, quelle Sénégalaise accepterait de retourner au bois de chauffe ? C’est la même chose pour la parité. Les résistances finiront par s’estomper. La loi a été appliquée aux législatives et aux locales et le sol ne s’est pas dérobé sous nos pieds. Et le dialogue doit se poursuivre.
Le Sénégal, comparé aux autres pays en Afrique de l’Ouest, comment se porte-t-il sur le plan de la parité?
Si nous parlons de l’accès aux instances électives et semi-électives, le Sénégal est le chef de file en Afrique de l’Ouest. Il est au sixième rang au niveau mondial.
A qui profite la loi sur la parité ?
A la société toute entière. Et c’est dans le futur qu’on en mesurera la portée. Un ami aveugle m’a dit un jour : ‘’Kuy fanaan ci lëndëm moola gëna xam luy lëndëm’’ (Celui qui dort dans l’obscurité sait mieux que quiconque ce qu’est l’obscurité). Donc, pour moi, il faut que chaque catégorie soit suffisamment représentée pour la prise en compte de ses préoccupations spécifiques.
Cette loi a-t-elle des retombées positives sur la société sénégalaise?
Absolument ! Elle a contribué à l’approfondissement de la démocratie. Dans la même lancée, le vote de la loi, permettant à la femme de donner sa nationalité à son enfant et à son mari, a permis à des enfants, dont les pères sont mauritaniens, maliens, guinéens ou gambiens, d’être sénégalais.
Dans notre culture, on se marie avec son cousin. Et du fait du découpage artificiel des territoires imposés par le colonisateur, le conjoint peut se trouver de l’autre côté de la frontière. De mon point de vue, ce n’est que justice car la seule filiation dont on a la certitude, c’est celle maternelle.
A votre avis, quelles sont les limites (faiblesses) et les atouts de cette loi sur la parité ?
D’abord, à travers la parité, le Sénégal s’est réveillé avec une nouvelle conscience. Et je pense que les limites relatives à cette loi sont liées au niveau de conscience et d’engagement des femmes et de leur poids dans leurs partis respectifs. Sans la parité, beaucoup de femmes ne seraient jamais élues députés. Et, entre la fidélité au combat des femmes de plusieurs générations et la loyauté à leur parti, elles ont choisi le parti.
Ainsi, l’installation du premier bureau de l’Assemblée nationale a révélé les premières limites du mouvement. Les intérêts partisans ont pris le dessus sur celui de toutes les femmes, en tant que groupe social. Par moments, la parité a été capturée par des leaders de partis pour imposer leurs ‘’marionnettes’’.
Ceux et celles qui ont porté la lutte n’avaient pas perdu de vue cette possibilité. Il s’agissait d’installer des règles de jeu justes, pour inciter davantage de femmes à investir l’espace politique et à prendre leur place ; en espérant ainsi ouvrir des perspectives aux jeunes générations pour une plus grande implication en politique.
Quelle analyse faites-vous du leadership féminin au Sénégal ?
Au niveau individuel, le leadership des femmes est incontestable. Mais elles n’ont pas encore réussi, en tant que force collective, à peser sur le devenir de ce pays. Même si l’expérience de la parité a montré que c’est possible, il y a encore un long travail à faire avant d’y parvenir de manière durable.
Comparé à celui des hommes, le leadership féminin est-il en marche au Sénégal ?
L’histoire de la résistance au Sénégal a été marquée par le leadership des femmes. Parce que la première force de résistance que les Français ont rencontrée en 1855 avait à sa tête une femme du nom de la Reine Ndaté Yala. Aline Sitoé Diatta, prêtresse de Casamance, est la dernière résistante déportée. Et le leadership féminin a accusé du retard par la faute du colon qui a délibérément exclu les femmes de l’espace politique et de l’accès aux ressources. Les mesures prises par le Français stipulaient que la femme doit se soumettre à l’ordre colonial et à son mari.
Ouvertement sexiste, la politique coloniale a limité l’accès des femmes à l’éducation et à la formation. En 1906, il y avait 1,21% de filles dans les écoles. Au plan professionnel, on note un écart important entre la création de l’Ecole Normale William Ponty (1910) pépinière des futurs cadres et chefs d’Etat africains et celle des jeunes filles de Rufisque (1939).
Mais depuis 1945, date à laquelle les femmes ont arraché le droit de vote, elles n’ont cessé de s’imposer dans l’espace public sénégalais. Et elles sont majoritaires dans le secteur informel qui contribue pour 40% de notre PIB.
C’est une ‘’combattante inlassable’’ de la cause des femmes. La présidente de l’Association pour la promotion de la femme sénégalaise (Aprofes) a tourné le dos à la Fonction publique, le secteur hydraulique, pour être plus proche des communautés. Mme Binta Sarr consacre l’essentiel de son énergie intellectuelle et physique à ce groupe vulnérable aux préoccupations spécifiques. D’ailleurs, sa croisade pour le respect de la parité à Kaolack s’inscrit dans cette logique.
Binta Sarr est hydraulicienne de formation. La Présidente de l’Association pour la promotion de la femme sénégalaise (Aprofes), qui a fait 13 ans dans la Fonction publique sénégalaise, s’occupait des contrôles de programmes de forages, de puits, de routes et infrastructures (salles de classe), etc. en milieu rural pour le compte de l’Etat. Originaire de Kaolack, sa région natale, la formatrice en leadership, plaidoyer, a débuté ses études supérieures à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) dans les années 80. Avant d’aller au Burkina Faso pour se spécialiser dans le domaine hydraulique.
Bénéficiaire d’une bourse d’étude, issue d’une famille modeste, cette mère de famille s’est envolée aux Etats-Unis. Où elle a suivi plusieurs formations : développement institutionnel, renforcement des capacités des Ong, leadership etc. Riche est le parcours académique de cette dame qui, à ses débuts, a demandé la disponibilité pour aller œuvrer dans le secteur des Ong. Alors qu’elle était pourtant chef de service régional du bureau des aménagements des infrastructures hydrauliques et agricoles de sa localité.
Mme Binta Sarr se dit ‘’impressionnée’’ par la capacité de mobilisation des femmes en milieu rural, de même qu’urbain. Et elle porte en bandoulière la cause de cette couche ‘’vulnérable’’. C’est son combat au quotidien. «Les femmes se mobilisent tout le temps pour la communauté. La synergie et la solidarité existent entre elles. Et je pense que nous avons là des opportunités à exploiter pour faire avancer le Sénégal.
D’ailleurs, c’est une des raisons pour lesquelles j’ai quitté le service public pour être beaucoup plus proche des communautés, m’impliquer pour l’émergence d’une nouvelle génération de femmes leaders», motive-t-elle, timbre vocal pesé, verbe bien maîtrisé. Aujourd’hui, elle est à la tête de l’Aprofes qui regroupe au total 105 groupements (65 en milieu rural et 40 dans la ville de Kaolack) et un réseau de 12 villages situés à Mboss.
Son Ong intervient dans la promotion des droits de la femme, leur accès aux ressources productives, la participation aux sphères de prise de décisions, la réduction de la pauvreté, la lutte contre la violence faite aux femmes…
Mme Binta Sarr et son équipe sont dans une perspective d’entrepreneuriat communautaire agricole. Cette ambition vise la sécurité et la souveraineté alimentaire. En outre, le souhait ‘’ardent’’ de cette native du bassin arachidier, c’est de voir les jeunes, notamment les filles, prendre le relais pour assumer les défis liés à la promotion des droits des femmes.
Sur le leadership féminin au Sénégal, elle relève que des pas de géant ont été notés. Avec le recul, la militante de la cause féminine savoure : ‘’Rien que la loi sur la parité est un progrès important par rapport aux autres pays africains. Si vous allez au Niger, les gens parlent de quota.
Au Mali, le code de la famille pose problème, parce qu’il y a des discussions pour légiférer. Alors qu’au Sénégal, on a un environnement juridique favorable à la promotion des droits des femmes.’’ Avant de plaider pour l’application effective des textes qui existent au grand bonheur de cette couche de la société. D’ailleurs, pour non-respect de la parité au niveau de la commune de Kaolack, la présidente de l’Aprofes a déjà engagé une croisade dont la finalité est de rétablir les femmes dans leurs droits.
Dépitée par cette violation des textes, elle s’indigne : ‘’La parité figure dans la Constitution. Malheureusement, les femmes qui sont arrivées au niveau des conseils municipaux, départementaux, ne se retrouvent pas dans les instances de prise de décisions. Au niveau de notre commune, à part le maire, il y a une seule femme au niveau du bureau, c'est-à-dire huit membres dont une seule femme.’’
Adama Gaye : ‘’Mme Binta Sarr comble le vide à Kaolack’’
Devant cette violation manifeste de la loi, Mme Binta Sarr et ses camarades ont introduit une plainte au niveau de la Cour d’appel de leur localité. Mais ils ont été déboutés. Ils se sont rabattus sur la Cour suprême qui leur a donné raison. ‘’Actuellement, nous attendons que la mairie casse le bureau pour le respect de la parité. Malgré tout, nous continuons le combat’’, poursuit-elle. Selon la responsable du Point d’écoute de l’Aprofes, branche qui lutte contre toute forme de violence faite aux femmes et aux filles, Mme Binta Sarr a un ‘’leadership international’’.
‘’Elle a laissé les avantages qu’elle avait dans le secteur public pour venir œuvrer au nom des femmes. Depuis 1987, nous cheminons ensemble dans cette logique. Nous sommes présents au niveau international, dans la sous-région’’, glisse Mme Ndèye Mbengue, louant les valeurs humaines de sa présidente qu’elle résume en ces termes : son ouverture d’esprit, sa capacité de consulter ses collaborateurs avant de prendre une décision qui engage l’Ong, sa forte capacité d’écoute, etc.
Le journaliste-consultant Adama Gaye est son camarade de promotion à l’école primaire. Il voit en elle une dame ‘’sociable, ouverte au monde, humble…’’. ‘’Je suis fier d'elle. Mais, je suis loin d’être surpris. Elle était ma camarade de classe à l'école primaire de Kassaville, à Kaolack. Elle a toujours été ainsi, brillante et impliquée dans les bonnes causes. Elle est au service de notre ville où elle comble le vide.’’
LA RÉGION DÉTIENT LE TAUX LE PLUS ÉLEVÉ DE MARIAGES PRÉCOCES
Dakar, 10 oct (APS) - L’Afrique de l’Ouest déteint le taux le plus élevé de mariages précoces, relève l’ONG Plan international à travers son programme 18 plus.
’’Selon une étude initiée récemment, nous avons constaté qu’environ 6 millions d’enfants mariées vivent en Afrique de l’Ouest, dont 76% de taux de prévalence, le plus élevé au monde, au Niger’’, a dit lundi la directrice adjoint des opérations et des études de Pan international, Setigui Ndiaye.
Mme Ndiaye s’exprimait lors d’une rencontre sur le mariage des enfants en Afrique de l’Ouest en prélude de la Journée internationale des filles.
Le rapport crédite le Tchad d’un taux de prévalence de 68%, alors que le Mali en est à 52%. Ces chiffres, a dit la directrice adjoint des opérations de Plan international, représentent plus de la moitié de l’ensemble des enfants mariées dans le monde.
Le rapport souligne que 6 des 10 pays qui ont le taux de prévalence le plus élevé au monde se trouvent dans la sous région et en Afrique centrale.
’’Les conditions socio-économiques des femmes sont déterminantes sur la prévalence du mariage des enfants’’, a pour sa part estimé Karelle Ken, membre du groupe d’études de Plan international.
Selon elle, la proportion de femmes rurales qui se marient avant l’âge de 18 ans est plus élevée par rapport à celles vivant dans les zones urbaines. Elle a aussi précisé que les pays avec les taux de prévalence les plus élevés ont souvent un fort taux de fécondité.
’’Une femme nigerienne a en moyenne sept enfants’’, a-t-elle fait savoir, ajoutant que le Niger a également le taux le plus élevé en matière de mortalité maternelle.
Les résultats de ces recherches menées au Mali, au Niger et au Sénégal montrent que les parents marient leurs enfants pour non seulement protéger et préserver leur dignité, mais aussi pour établir une cohésion sociale sans tenir compte des risques liés à ce phénomène.
Le programme 18 plus regroupe l’ensemble des initiatives de Plan international visant à lutter contre le mariage des enfants. En 2016, cinq filles ont été sélectionnées pour mener ces études en occupant de hautes fonctions temporaires au niveau de l’ONG.
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"NOTRE PARTI, AVEC SA MANIÈRE DE FONCTIONNER N'A PAS BESOIN D'AVOIR DE PATRON"