(AFP) - Le débat lancé cet été en France sur le burkini rencontre peu d'écho en Afrique du nord, où ce costume de bain islamique a trouvé sa place sur des plages où les tenues sont de plus en plus pudiques.
A Zeralda, station balnéaire à l'ouest d'Alger, rares sont désormais les femmes qui osent se mettre en maillot, surtout en bikini, sur les plages publiques.
Hakima, professeur de mathématiques d'une quarantaine d'années, nage en burkini puis s’entoure d’un large paréo en sortant de l’eau. "C’est plus décent. Le maillot intégral est la solution pour les musulmanes pratiquantes qui aiment la mer", explique-t-elle.
Mais certaines se couvrent à contrecœur, comme Manel Brahimi, étudiante en biologie: "J’adore nager mais si je porte un maillot de bain normal, on me regarde comme une martienne".
Siham, 24 ans, s'est également résignée à porter, au-dessus de son maillot une pièce, un short cycliste afin d'"éviter les regards".
Sur les plages de Rabat, les baigneuses se trempent aussi dans les tenues les plus disparates, du bermuda au bas de survêtement en passant par le legging, le short en jean, ou même le suggestif tee-shirt mouillé.
Mais rares sont celles arborant un burkini proprement dit, ce costume de bain créé en Australie dont le prix moyen (au moins 500 dirhams, 50 euros) le met hors de portée pour la majorité d'entre elles.
"Ce phénomène est surtout le fait des MRE (les Marocains résidant à l’étranger). Ils ont importé cette mode cette année lors de leur vacances sur les plages marocaines", en particulier dans le nord du pays, plus conservateur, souligne Miloud, un retraité.
Fadel, un quadragénaire, y voit avant tout "une histoire de gros sous" qui "fait les affaires des boutiques de mode islamique". "Mais la plupart des gens ici s’en foutent", souligne-t-il.
- Réservée aux femmes -
De ce fait, la polémique créée en France par l'interdiction du burkini par plusieurs communes du sud, comme Nice ou Cannes, paraît décalée.
"Ce débat n'intéresse pas en Tunisie", indique le sociologue Abdessatar Sahbani. "Le port du burkini, qui a évolué d’une façon considérable depuis la révolution (de 2011), n’a pas provoqué de problèmes sur les plages... Et cet été les Tunisiens sont surtout préoccupés par la situation économique et sécuritaire".
L'évolution des moeurs a ouvert la voie aux plages privées réservées aux seules femmes et enfants. Comme le "Marina club" ouvert à l'est d’Alger par l'entrepreneur Riadh Bourayou.
Bien que son prix d'entrée soit élevé, les clientes, voilées ou non, se bousculent autour de la piscine, où se côtoient bikinis, maillots échancrés ou burkinis loin des regards masculins. Seules des femmes, étudiantes pour la plupart, y sont employées comme serveuses ou maîtres nageuses.
"C’est un havre de paix, un endroit discret pour une femme musulmane", se réjouit Ouahiba Chatouri, une hôtesse de l’air à la retraite voilée heureuse de porter son maillot deux pièces en toute tranquillité.
Un peu plus loin, un mur sépare sur la plage ces baigneuses de celles portant le voile intégral.
Ces dernières "en fait n’apprécient pas qu’il y ait de jeunes garçons", affirme une cliente, étonnée que l’on puisse comparer le regard d’un gamin de 7 ou 8 ans à celui d’un adulte.
- En bikini 'par principe' -
Début août, un article de la presse arabophone algérienne avait provoqué un tollé sur les réseaux sociaux en assimilant les femmes en bikini à des débauchées. La journaliste y affirmait que "certaines plages d’Alger se sont transformées en points noirs, interdites de fait aux familles, à cause de la nudité et de la mixité".
Or, jusqu’aux années 1990, la mixité et les maillots de bain étaient la règle sur les plages d'Algérie, où la baignade habillée était l’exception le long de ses 1.600 km de côtes.
"Au lieu d’avoir une mixité sociale sur les plages comme cela avait toujours été le cas, des murs sont érigés entre celles qui peuvent se permettre une plage payante et bronzer comme elles le veulent et celles qui, par conviction ou par obligation, nagent dans une tenue décrétée décente par la société", regrette Saida, une enseignante d'anglais.
Près d’elle, Katia Ouahid, est en bikini "par principe".
"J’ai pris du poids avec mes grossesses mais je refuse le diktat de la société. Quand les islamistes interdisaient aux femmes d’aller à la plage, on n’a pas cédé. On partait en famille et avec des amis et on se mettait en maillot", rappelle Katia, la cinquantaine.
Amina, l'une de ses amies, regrette aussi que "la société ait énormément régressé sur le plan des libertés individuelles". "Il ne manque plus que l’on placarde à l’entrée: +plage familiale, tenue décente exigée+", s’insurge-t-elle, en se disant "nostalgique" des grandes plages où les filles étaient en maillots aux couleurs chatoyantes.
LA NOUVELLE POUDRE QUI ENVOIE LES FEMMES AU 7E CIEL… SANS ACTE SEXUEL
Un nouveau produit est en train de gagner le monde des femmes à Dakar. Son nom est regroupé sous l'appellation secrète de "Tabac". Le but de se produit, ce n'est pas de maintenir son homme comme on a l'habitude de voir. Mais plutôt une poudre "magique" qui procure du plaisir sexuel aux femmes. Sa posologie consiste à mettre une fine quantité dans ses parties intimes et au bout de 15 minutes, c'est exactement comme si on avait atteint le nirvana avec son partenaire.
On dit souvent que le monde des femmes est mystérieux. Les secrets que détiennent les femmes peuvent faire "couler" la planète terre. C'est à Cambérène, dans l'intimité d'une maison, que avons assisté à cet échange entre une vendeuse de produits d'origine casamançaise et des femmes ou clientes.
Au cours de la discussion que nous avons suivie avec attention, la vendeuse a expliqué la posologie des produits qu'elle vend. Les femmes autour, visiblement très intéressées, ont commencé à l'assommer de questions. A la fin, beaucoup d'entre elles ont décidé de se procurer le produit. Même les plus sceptiques qui en ont déjà eu l'écho ont directement acheté les produits.
Un produit à base d'une plante qui pousse dans la forêt du Sud et en Guinée-Bissau
Contrairement à ce qu'on pense, le but de cette nouvelle poudre n'est pas de "maintenir son homme". Au contraire. "Il s'agit du nouveau produit en poudre qui procure du plaisir aux femmes sans aucun acte sexuel. Son nom est regroupé sous l'appellation 'Secret'".
Le "Secret" ! apostrophons-nous la dame. Et la voilà qui nous rétorque : "Demandez aux femmes et aux filles qui sont là et qui l'ont essayée, elles vous répondront. Nous, nous ne faisons qu'un bref aperçu sur un phénomène répandu de façon insoupçonnée. Croyez-nous ! Tout ce qu'on peut dire, c'est une poudre dénommée : 'Tabac'", nous informe-t-elle cependant.
D'après les informations que nous avons pu obtenir des utilisatrices de ce produit qui sort de l'ordinaire, le "Tabac", tel que l'on nomme cet "aphrodisiaque" pour femme, est fait à base d'une plante qui pousse dans les forêts casamançaises et bissau guinéennes.
En fait, le produit a d'abord vu le jour en Guinée-Bissau où il a fait ses effets. Puis, il est arrivé en Casamance, dans la Basse d'abord, la Gambie ensuite, avant d'atterrir à Dakar, par le biais des femmes du Sud du pays.
15 à 30 minutes pour atteindre le Nirvana
La posologie consiste à introduire, à l'aide de ses doigts, une fine quantité de la poudre en question dans ses parties intimes. Et au bout de quelque 15 minutes, l'appétit sexuel envahit tout le corps de la femme qui commence à jouir, comme si elle était en pleine chevauchée avec un homme.
A peine 30 minutes après la prise du "Tabac", le sentiment qui envahit la femme utilisatrice est celui d'une personne qui vient de faire l'amour avec son partenaire. C'est ainsi que s'en suit un long sommeil pour retrouver ses esprits, nous rapportent les femmes qui ont usé de cette "potion" magique.
Le prix d'une petite cuillère varie entre 300 et 500 francs Cfa
En tout cas, qu'elles soient femmes mariées, célibataires, jeunes filles… elles sont nombreuses dans la ville Dakar à apprécier ce stimulant sexuel. Ces produits d'origine casamançaise et guinéenne, mais dont on ignore la composition chimique, sont fréquemment utilisés par plusieurs femmes et filles sénégalaises depuis un bon bout de temps, dans le secret d'un réseau connu des initiées.
Quant à l'accessibilité des produits, elle n'est pas facile. Les vendeuses sont nichées dans des coins reculés et ça se vend par code. Pour en disposer, il faut connaître les canaux de distribution. Mais quoi qu'il en soit, les prix semblent être à la portée de tout le monde.
En effet, le sachet mesuré avec une petite cuillère à café varie entre 300 francs Cfa et 500 francs Cfa. La plupart des vendeuses vivent aisément grâce à leur commerce. Mme Tavarés (nom d'emprunt), est une dame d'une quarantaine d'années. Vendeuse de ce stimulant, nous l'avons rencontrée à Cambérène 1, en compagnie d'une amie qui s'est fait passer pour une cliente. Cela, après qu'une connaissance et cliente de la dame nous a mis sur sa piste.
Les clientes potentielles : Des femmes mariées, surtout à des immigrés
Interpellée sur la question, elle nous a fait savoir qu'elle vient de changer sa chambre à coucher, comme quoi le business marche. "Je reçois toutes sortes de clientes, des femmes mariées, des jeunes filles et même des élèves. Mais le business est très florissant, je m'en sors très bien", avoue-t-elle.
La dame s'est empressée toutefois de nous confier que, "les clientes potentielles, c'est les femmes mariées, mais surtout les femmes des immigrés. En tout cas, ça les arrange beaucoup, vu que leurs maris sont loin d'elles et qu'elles ont des besoins physiologiques sexuels qu'elles n'arrivent pas à satisfaire. Moi, j'ignore l'effet de ce produit. Car je ne l'ai jamais utilisé. Mais ce qui est sûr, si ce n'était pas efficace, les femmes n'allaient plus revenir solliciter mes services".
"Si ce n'était pas efficace, les femmes n'allaient plus revenir solliciter mes services"
Quoi qu'il en soit, nos échanges autour de ce phénomène révèlent que l'utilisation de ce produit dénommé "Tabac" dans leur langage codé est très répandue et pénètre tous les milieux pour diverses raisons. Mais principalement pour les envies de performances sexuelles, aussi pour être compétitives devant les hommes. L'autre aspect, c'est de résoudre des problèmes de foyers, maintenir sa fidélité, maîtriser les hommes, etc…
UN HÉRITAGE CULTUREL EN DÉCOMBRES
Thiong, Metissacana
Mbayang Sarr Faye et Mame Fatou Kébé |
Publication 19/08/2016
"Le temps n'a point de rive, il emporte tout sous son aile" dit un dicton. La gloire et la beauté n'échappent pas à cette règle. Le Metissacana a connu un grand succès avec son cybercafé qui a initié les Sénégalais à Internet en est l'exemple. En son temps, le vrombissement des véhicules devant la bâtisse, les allers-retours des habitués du bar et les éclats de rire des clients du restaurant animaient les nuits et jours de la rue deThiong. Aujourd'hui, sa façade attractive, son intérieur convivial et ses heures festives ont laissé place à un vide. Les 600 m2 de terrasse et son rez-de-chaussée ne sont plus que ruine. Un calme lugubre règne à l'intérieur. Le sublime décor qui installait la gaieté dans les locaux a été dévoré par la moisissure et les arbustes qui germent de partout. Metissacana n'existe plus, le bâtiment en rénovation sert désormais de hangar pour marchandises, au grand dam des riverains.
"Salon de thé internet…", des écritures du passé encore présentes. "Salon de thé, internet, 24…", "Soirée animée par Dj… au Metissacana". Ces lettres gravées en bleu sur la façade de la porte ou inscrites sur des affiches sont les vestiges du cyber-complexe, Metissacana. On est au 30, rue de Thiong, près du marché Sandaga, au cœur de Dakar où l'endroit se présentait comme un espace convivial, multidisciplinaire, composé d'un café électronique, d'un restaurant et d'une immense terrasse de 600 m2 qui a accueilli spectacles et moult événements.
Le lieu était festif et attractif. L'endroit est désormais poussiéreux. Premiers plans d'un restaurant particulier à l'état d'abandon. Gravas à l'entrée, murs qui partent en cloques, peinture qui pâlit, la terrasse du Metissacana est en morceaux. L'endroit n'attire plus. Il fait même peur. Les plus prudents ne vont pas s'y aventurer, peut-être les nostalgiques ou les curieux. D'ailleurs, la couleur rouge de la porte d'entrée renvoie au danger, contrairement à la belle époque où elle était décorée en bleu, couleur du calme et de la sérénité, propice à la détente.
En effet, le mythique cybercafé de l'Afrique de l'Ouest, s'était niché dans un bâtiment R+1 de couleur blanche sur laquelle était inscrit, au-dessus de la façade triangulaire de la terrasse, en jaune et bleu, "Bienvenue au Metissacana". Aujourd'hui, le temps a eu raison de ce décor. Les inscriptions ont laissé place aux moisissures qui sont en train de ravager le mur de la terrasse de tout son long. En haut, sur la devanture, le décor est troqué par les fils des branchements électriques clandestins des commerçants et des tailleurs de la "Galerie".
De chaque côté du triangle, les ouvertures qui servaient de fenêtre sont barricadées par des bouts de zinc, où poussaient des arbustes. L'étage s'ouvre vers le ciel. "J'ai enlevé tout ce que j'avais investi là-bas, y compris le plafond de la terrasse", a indiqué Oumou Sy, lors d'une interview accordée au journal Le Quotidien. Une bâtisse en pleine rénovation. On frappe à la porte, une voix d'homme répond.
Mine fatiguée, regard méfiant, Samba demande : "Vous voulez quoi ?", d'une voix peu amène, en se tenant au seuil de la porte. De là, on pouvait avoir un aperçu de la cour intérieure, qui à l'époque, nous dit-on, était peuplée d'arbres tropicaux, de photos de la styliste Oumou Sy, propriétaire des lieux, accrochées un peu partout. Aujourd'hui, elle s'est muée en chantier. On ne peut pas avancer un pas de plus, car ce n'est pas sûr, affirme Samba.
Derrière lui, sont superposées des briques sur le sol. A côté, une masse de sable et des sacs de ciment campent le décor. C'est un bâtiment en rénovation. L'arrière-boutique où était aménagée la salle des ordinateurs est prise d'assaut par des gravats, des pelles, des marteaux, du béton …. C'est ce à quoi ressemble désormais le Metissacana. Au fond du hall, les escaliers qui menaient à l'étage où se produisaient moult évènements, sont restés intacts.
20 ans après l'ouverture de ses portes, le Metissacana est un bâtiment en décombres. La porte se referme sous notre nez. Le mythique endroit disparait petit à petit, en emportant avec lui sa frivolité, son charme, son énergie, ses secrets et sa vivacité d'antan. L'on nous murmure à l'oreille que le bâtiment va désormais abriter un dépôt de marchandises.
Un Pakistanais est désigné comme le nouveau propriétaire. "Il réfectionne le bâtiment pour en faire un lieu de stockage de ses marchandises", confie un de ses employés trouvé dans une boutique située à la rue Valmy. Cela au grand dam des habitants de Thiong qui se disent nostalgiques du Metissacana.
Thiong nostalgique du Metissacana
Les témoins des beaux jours de la boîte, vieux et jeunes, ont bien voulu faire un détour au cœur de leurs souvenirs, pour partager leurs moments de folie dans le cyber-complexe. Sapé dans un grand boubou beige, la soixantaine révolue, Abdou Ndiaye natif de Thiong, fait l'historique de la maison mère de l'internet en Afrique :
"Avant c'était un restaurant marocain, une baraque peu fréquentée". A l'ère du Metissacana, le vieux Lébou était surtout épaté par le défilé des personnalités tels que Abdoulaye Wade ou Youssou Ndour, qui d'après lui, s'y donnaient rendez-vous pour des débats, des conférences... Sur le comportement de leur voisine Oumou Sy, M. Ndiaye se rappelle une bonne personne, qui n'hésitait pas à faire le tour du voisinage pour saluer les gens. A la question de savoir si le Metissacana dérangeait ses voisins, Abdou Ndiaye dira non car "il y a jamais eu de bagarres ni quoi que ce soit ; ceux qui venaient ici, étaient des gens civilisés, corrects, il n'a en aucun cas dérangé le quartier, au contraire, il nous manque".
Cette nostalgie trouve son explication dans les pensées de Awa Ndoye, vendeuse en temps plein depuis plus de 20 ans devant la porte du Metissacana où elle est assise sur une chaise, en train de couper les mangues qu'elle distribue à ses fidèles clients. "Metissacana créait de l'ambiance et il marchait à merveille, aussi bien le cyber, le restaurant que le bar", se souvient-elle.
D'ailleurs, pour elle, le restaurant était une bénédiction car, "comme vous voyez, la vente des fruits ne marche pas bien, contrairement au temps du Metissacana où je vendais tout avant midi pour rentrer chez moi avec beaucoup d'argent en poche", dixit la mémé, à qui les clients de la boîte manquent énormément. Selon elle, la fermeture du Metissacana a eu des conséquences néfastes sur les affaires des occupants du quartier.
A l'en croire, "Oumou Sy a aidé beaucoup de jeunes filles à l'époque et cela grâce aux recettes du cybercafé. Elle a offert des billets d'avion à deux de mes clientes de l'époque. Elles vivent actuellement aux Etats-Unis".
Pour Modou, un amoureux des "maad" de Awa, l'apport du Metissacana était tout autre. Ce tailleur de 40 ans, qui à l'époque n'avait pas de quoi se payer un ticket pour participer aux soirées dansantes qui s'y produisaient, faisait le mur pour se détendre après une dure journée de labeur dans les ateliers de couture, où il était un jeune apprenti.
Le sourire aux lèvres, les yeux braqués vers le passé, il confie que ces "bals poussière" lui manquent. Même son de cloche chez Ndigg, assis sur son scooter garé devant une boutique où sont exposés des tissus : "Je me souviens que l'endroit était très animé, tantôt par des défilés ou des mariages, tantôt par des conférences ou des soirées auxquelles je me faisais le plaisir de prendre part". Il se souvient d'un endroit mouvementé qui n'a jamais été mis à feu par qui que ce soit, comme l'affirme bec et ongles Oumou Sy.
"ON M'A MENACÉE DE MORT…"
Oumou Sy, fondatrice du Metissacana, créatrice de mode, costumière
Mbayang Sarr Faye et Mame Fatou Kébé |
Publication 19/08/2016
Elle fait partie des pionnières de l'Internet grand public au Sénégal, avec son fameux cybercafé Metissacana (voir Le Quotidien n°4058 d'hier jeudi 18). Mais Oumou Sy, qui était plus connue comme une grande créatrice de mode et couturière de dimension internationale, s'est aussi brûlée les ailes en voulant faire montre d'ingéniosité. Pour elle, ses déboires, aussi bien dans le monde digital que dans le secteur du show business, n'ont qu'un seul fondement, son adversité avec la Sonatel, sur laquelle les Français de France Télécom venaient de faire main basse, et qui tenait à avoir une situation de monopole dans le secteur de la téléphonie, du mobile et de l'Internet au Sénégal. Le Quotidien a revisité dans son édition d'hier la belle épopée du Metissacana, premier cybercafé et Fournisseur d'accès Internet du Sénégal et d'Afrique de l'Ouest. Aujourd'hui, il revient sur les raisons de son échec relativement rapide. De la bouche même de sa fondatrice.
Oumou Sy est considérée aujourd'hui comme la première prestataire de service Internet de l'Afrique de l'Ouest grâce au restaurant-cybercafé, le Metissacana qui a fermé ses portes depuis 2001. Pouvez-vous revenir sur la création d'un réseau Internet en 1996 ?
Quand j'ai terminé les cérémonies du Bicentenaire de la Révolution française, les Français m'ont offert un passeport que j'ai refusé, car c'était une injure. Ils se sont rendu compte que je travaillais bien dans mon pays, et l'ambassadeur de la France de l'époque voulait que je quitte mon pays. Et je lui ai dit qu'il me sous-estimait. Je préférais rester et investir dans mon pays. Alors, des amis m'ont proposé d'apporter Internet aux Sénégalais, et j'ai rétorqué que je ne pouvais le faire si les villageois ne pouvaient en bénéficier. Ils m'ont suggéré de créer un cybercafé pour permettre aux Sénégalais de découvrir l'Internet. J'ai accepté leur proposition, mais à la condition de le faire à ma manière. C'est-à-dire, en y incluant les villageois, surtout ceux qui ne savent ni lire, ni écrire, comme moi. Pour cela, j'ai trouvé des animateurs puis amené des formateurs de la Suisse, qui les ont formés pendant 8 mois. Et en 1996, on a ouvert Metissacana, qui fonctionnait 24h sur 24. Durant 2 mois, j'ai passé des appels à la Sonatel pour savoir ce qui faisait fonctionner l'Internet dans les villages et on m'a répondu : le téléphone et l'électricité. J'ai acheté beaucoup de câbles téléphoniques, et je suis allée à la Soboa, j'y ai rencontré Tidiane Wone qui m'a prêté leur camion pour sillonner les villages, en faisant des démonstrations sur l'Internet, à travers un écran géant. L'Afrique avait déjà Internet, elle n'attendait qu'une personne pour le développer.
Comment fonctionnait le Metissacana à sa création ?
Il marchait à merveille, jusqu'au jour où la Sonatel a été rachetée par France Télécom, c'est à partir de ce moment que ces gens ont commencé à nous bloquer sur des bandes passantes.
Qu'est ce qui s'est passé ?
Il y avait 4 megabits pour tout le pays. Les deux étaient pour la Sonatel, les deux autres pour la primature, la présidence et les autres providers, ce qui n'était pas normal. On s'est battus pour qu'on nous augmente nos bandes passantes, mais la Sonatel avait dit niet. La tension était devenue très forte. J'ai alors décidé d'aller en France pour nouer un partenariat avec Alcatel, qui m'a dit qu'il ne pouvait pas investir si le marché ne faisait pas 600 milliards. J'ai appelé Abdoulaye Wade, qui est mon ami, je lui ai posé le problème d'Alcatel. On a fait ensemble un dossier pour la connectivité rurale pour le Sénégal et la sous-région. Je n'ai pas eu de retour sur la suite du dossier. Par la suite, quelqu'un qui était proche du gouvernement -je ne veux pas citer son nom- est venu me menacer en me disant que si je continuais, on allait tuer mes enfants. Autant me taire alors, car je préfère mes enfants à l'Internet et au Metissacana.
Vous aviez été menacée de mort ainsi que vos enfants à cause d'Internet et du Metissacana?
Effectivement. Ils m'ont clairement dit que si je citais des noms, ils allaient s'en prendre à mes enfants. Ils ne se sont pas limités à la menace. Ils sont passés aux actes. Deux de mes enfants ont été renversés dans la rue, mais heureusement qu'ils n'ont eu que quelques égratignures. Ma fille, Dina, hospitalisée à l'hôpital Principal de Dakar pour des soins, a été victime d'une tentative de meurtre. Quelqu'un est venu se présenter en tant que médecin en salle d'opération, alors que c'était un bandit venu tuer ma fille. Il avait réussi à lui sectionner les ganglions. Elle a survécu grâce à Dieu. J'ai pris peur pour leur vie et j'ai fait tout mon possible pour les emmener à l'étranger. Il fallait que je reste muette, ne plus parler aux journalistes pour sauver nos vies. D'ailleurs, jusqu'à présent nous ne sommes pas à l'abri, parce que ce n'est pas encore fini.
Vous menace-t-on toujours ?
Non, ils ne me menacent plus, j'ai la paix et la tranquillité, personne ne me dit plus rien, on ne m'offense pas. Vous savez, le provider-mère du Metissacana a été vendu à France Télécom par l'État sénégalais. Et France télécom, c'est la France. Ce qui fait que je ne pouvais que fermer, car je n'avais plus de fournisseur. Je n'utilise même pas de puce orange. Ce sont mes ennemis.
Sans Internet, le Metissacana attirait-t-il toujours autant de visiteurs ?
L'endroit était devenu célèbre grâce à l'Internet. Donc, la fermeture du cybercafé a eu un impact négatif sur les activités de la boîte. Toutefois, j'ai continué à faire des défilés jusqu'à ce que l'on brûle le restaurant. Là, j'ai arrêté le grand restaurant, en conservant le petit resto qui se trouvait au rez-de-chaussée. Il ne restait plus grand-chose, les gens venaient de moins en moins.
Le Metissacana n'était-il pas devenu un peu dépassé dans le secteur des télécommunications ?
Les autorités sénégalaises voulaient se débarrasser d'une concurrente de la Sonatel et régler en même temps d'autres problèmes diplomatiques. Colin Powell, l'ancien Secrétaire d'État américain de Bush, avait fait le tour de l'Afrique sans passer par le Sénégal, sous prétexte que selon lui, Abdoulaye Wade était trop proche de Khadafi et que ce dernier avait financé la campagne présidentielle de Wade. Il incombait au gouvernement sénégalais de prouver le contraire. Un incident diplomatique entre les deux pays africains serait la preuve parfaite. Aussi, puisque Metissacana les dérangeait, et avec ce scandale de l'affaire des mannequins à convoyer en Libye, ils ont réussi à freiner l'élan du Metissacana, vu que j'envisageais développer le net dans les campagnes, connecter les 13 700 villages du Sénégal avec un partenaire, Alcatel, qui ne voulait pas signer avec l'État, mais avec moi. L'État du Sénégal voulait, quant à lui, signer avec Alcatel et non avec le privé. Quand on m'a refusé la licence, je me préparais à aller en Libye. Et j'avais anticipé les résultats avant mon départ pour la Libye, en envoyant un email général aux journalistes nationaux et internationaux pour les informer qu'à mon retour au Sénégal, je ferais une conférence de presse internationale pour dénoncer la concurrence déloyale de France Télécom. Il s'est trouvé qu'au même moment, j'ai été arrêtée et emprisonnée.
Quelles étaient les véritables raisons de votre arrestation ?
Il était écrit dans la presse que je partais avec 100 filles en Libye, pour les vendre au défunt président Khadafi. Mais ce n'était qu'une tromperie. Ils ont parlé de 100 filles pour embellir la chose, gonfler la situation. Il leur faillait un chiffre mythique pour attirer l'attention de la population. Mais malheureusement pour eux, en m'arrêtant, ils m'ont protégée du danger que je courais dans la rue à l'époque. Beaucoup de gens étaient prêts à en finir avec ma vie à cause de cette histoire de réseau de proxénétisme. Ils voulaient me mettre la pression et me pousser au suicide, chose que je n'ai pas faite. Beaucoup de gens sont déclarés morts par suicide, mais ce n'est pas vrai, ils ont été tués, et c'est ce qu'ils voulaient faire avec moi. Mais ils ont raté ma mort.
Vous n'avez toujours pas dit la raison pour laquelle, ils en avaient après votre vie, était-ce à cause du Metissacana qui concurrençait France Télécom sur l'offre des services Internet ? Comment et pourquoi l'État du Sénégal a-t-il participé à cet acharnement sur votre personne ?
Nous étions invitées, Diouma Dieng Diakhaté, Collé Sow Ardo et moi, au Hara de Jardy, en France, où nous devions faire un défilé. Abdoulaye Wade et sa femme Viviane étaient aussi invités. A cette occasion, le président Wade m'a présentée à Michel Rocard, un homme d'État français que je ne connaissais pas. Après les salamalecs, Michel Rocard avait fait un chèque de 750 millions à la Première dame de l'époque, pour le compte de son dispensaire de Ninefesha. Wade m'a alors proposé de les accompagner aux États-Unis, chose que j'ai refusée parce que j'avais d'autres contraintes. Deux mois après, il y a eu le scandale sur les 100 mannequins.
Comment avez-vous vécu votre arrestation ?
J'avais reçu l'invitation de Kadhafi pour l'anniversaire de ses 32 ans de pouvoir. J'ai appelé au ministère de la culture pour savoir si on devait se rendre à Tripoli ou pas, ils m'ont donné une réponse positive en m'affirmant que même les artisans du village de Soumbédioune et le groupe culturel de Thionk Essyl étaient aussi invités. Il y avait un document daté du 15 août de la République populaire arabe de Libye, adressé au Président de la Chambre de Commerce du Sénégal, informant de l'intention de présenter des mannequins du Sénégal à Tripoli. Donc, les autorités sénégalaises étaient bien au courant. Ils m'ont d'ailleurs demandé de préparer mon casting pour le défilé. J'ai pris mes élèves, mes cousines et mes filles pour partir en Libye. Comment pourrais-je vendre mes filles aux Maures ? C'était impossible et insensé. Le jour du voyage, je suis partie un peu à l'avance à l'aéroport et on nous a informées à l'entrée que l'avion avait un problème. Vers midi, j'ai alors demandé la fiche technique de l'avion et je l'ai photocopié pour la donner à des gendarmes qui étaient en tenue civile. Une erreur qui m'a conduite au gnouf, car c'est sur cette fiche qu'ils comptaient pour savoir l'heure de départ du vol. Le gendarme a rapporté la fiche au ministre de l'intérieur de l'époque Mamadou Niang et à celui des affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio. Ce dernier a réuni toute la presse au Cices, sauf le journaliste Biaye. A l'heure où la presse était au Cices, l'attaché culturel de l'ambassade de Libye et le directeur de l'aéroport sont venus enregistrer nos bagages. Pourquoi ? Mais quand un Guide affrète un avion, on n'a même pas besoin de visa. Ils ont quand même enregistré et nous avons fait les contrôles de police et de douane, il ne nous restait que l'embarquement. Surprise ! Les pick-up de la gendarmerie ont envahi le tarmac de l'aéroport. Ils sont venus demander le responsable du voyage et je me suis présentée. On nous a conduits à la gendarmerie et les autres, mannequins, chef d'orchestres, danseurs,... au Cices où les attendaient les journalistes et Gadio. Arrivés là-bas, les mannequins ont été placés derrière Gadio qui dénonçait un réseau de proxénétisme. Nous, quand nous sommes arrivées à la gendarmerie, j'ai voulu savoir les raisons pour lesquelles on a été conduites là, ils m'ont dit que je n'étais pas concernée. La gendarmerie n'avait pas compris pourquoi on a été arrêtée. Ils m'ont laissée rentrer et les autres sont restés.
Qu'est ce qui s'est passé par la suite ?
Sur le chemin du retour, dans le taxi, je me suis rendu compte que la déclaration de Gadio se faisait en direct à la radio. J'ai donc demandé au taximan de ne pas me ramener chez moi, mais plutôt me conduire au Metissacana car j'avais déjà accès à la radio depuis le net. J'ai fait en même temps un direct sur les ondes de Sud Fm pour remercier l'Armée sénégalaise de sa vigilance en nous empêchant de voyager. Car je ne savais pas qu'on courait un danger en partant en Libye. Des proches m'ont appelée pour me dire que cette histoire était très politique. Et de là, les appels n'en finissaient plus, Youssou Ndour, Babaa Maal, Mame Fatou Aïdara pour ne citer que ceux-là, m'ont appelée pour m'apporter leur soutien. Je leur ai tous dit qu'il n'y avait rien et que j'étais chez moi avec mes enfants.
S'ils vous ont libérée le jour, pourquoi vous ont-ils arrêtée le lendemain ?
Ils ont eu ce qu'ils voulaient car les deux ambassadeurs, du Sénégal et de Libye ont été rappelés chacun dans son pays. Car il y a eu incident diplomatique. Le lendemain, on est partis à la gendarmerie, on nous a tous interrogés et la majorité avaient récupéré leurs passeports et sont rentrés chez eux. Le jeudi 30 août 2001, l'équipage est libéré, l'avion "clandestin" est reparti officiellement avec 52 personnes, dont les danseurs de Thionk Essyl et des artisans de Soumbédioune.
Vous insinuez que le gouvernement sénégalais de l'époque a orchestré un déni de justice et une séquestration abusive pour ternir l'image de la propriétaire du Metissacana et en même temps montrer à la France et aux États-Unis que le Sénégal n'avait pas de bonnes relations avec Khadafi ?
Oui, l'incident diplomatique a été créé par le gouvernement de Wade pour montrer aux Français qu'entre Abdoulaye Wade et Khadafi, il y avait un différend. Et ils ont réussi leur coup. Les sœurs Campbell et moi étions les seules à avoir été mises en prison. Mais si un avion est déclaré clandestin, est ce que ce sont les passagers qui devraient aller en prison ? Non. A 17 heures, je fus conduite à la gendarmerie où j'ai attendu pendant 7 heures avant de parler avec le juge. Après l'audition des sœurs Campbell, le juge m'a affirmé que le dossier était vide, au point qu'il devait m'arrêter pour y voir plus clair. Ils m'ont conduite au camp pénal, car il ne pouvait pas dévier, ni renverser le car ou me tuer dedans parce que la presse était derrière nous. Ils ne pouvaient plus rien faire contre moi, je deviens alors une prisonnière politique et non plus un fardeau. J'ai fait 33 jours de prison avant d'être libérée. Il faut que ces gens sachent que mentir est un art. Il faut savoir mentir, ils ont fabriqué un tissu de mensonges sans calculer.
Mais ils on eu raison de vous car la pression a porté ses fruits. 8 mois après votre arrestation la fermeture du Metissacana a été annoncée?
Ils ont fait plusieurs pierres d'un coup. Ce fut une affaire chamboulée, concentrée sur une seule et unique personne.
Cela était au temps de Abdoulaye Wade et pourtant vous dites qu'il est votre ami. Comment cela est-il possible ?
C'est mon ami je le réaffirme. J'ai fait sa campagne présidentielle au Metissacana. C'est là-bas même qu'il tenait ses réunions. C'est le premier que j'ai connecté gratuitement. Quand la connexion a été coupée, il ne s'est même pas inquiété. Il n'a pas essayé d'avoir une quelconque information sur le problème. Le fait d'être Président ne veut pas dire qu'on n'est pas au courant de ce qui se passe. Le pays est bourré de renseignements généraux. Il n'a pas voulu réagir. Il a tout simplement montré de quel côté il était.
Aujourd'hui quelles sont vos relations avec Abdoulaye Wade après tout ce qui s'est passé depuis 2001 ?
On a de bonnes relations, je ne blâme personne. Cependant, c'est à cause de cette histoire que j'ai refusé de défiler pour Viviane Wade tant que son époux n'aurait pas prononcé un pardon public pour que la lanterne des Sénégalais soit éclairée sur l'affaire des 100 mannequins et montrer qu'on m'avait accusée injustement et utilisée. Je n'avais pas besoin d'être payée pour un défilé, un simple pardon public aurait suffi pour que je fasse le défilé gratuitement. En plus, elle ne m'a envoyé ni plus ni moins que Farba Senghor pour parler du défilé. Mais, par la suite j'ai rencontré Abdoulaye Wade qui voulait savoir ce que j'étais devenue. Ma réponse a été claire : je suis comme un tas de miel où chaque fourmi vient prendre sa part. Il a appelé ses hommes pour leur demander de tout régler concernant le scandale des mannequins et le Metissacana. Il m'avait préparé un cadeau empoisonné parce qu'il a donné un papier sur lequel il m'était permis de reprendre mes ateliers qui ont été incendiés, pour une valeur de 305 millions. Mais il fallait que je me rapproche de l'Adepme (Agence de développement des petites et moyennes entreprises) pour mendier un remboursement. Ils m'ont fait du mal au lieu de réparer cela et respecter mes droits en me dédommageant, ils ont voulu me donner un cadeau empoisonné. Chose que j'ai refusée farouchement.
Donc jusqu'à présent l'État du Sénégal n'a pas réparé le préjudice qu'il vous a causé ?
Non. Mais je ne vais pas prendre l'argent de l'Adepme et lui rembourser le double après. Ils n'ont qu'à me donner ce qu'ils me doivent. De toute façon cela ne m'a pas empêchée de continuer mes affaires, je rends grâce à Dieu. Metissacana est né sur fonds propres. C'était dur et Wade voulait que je quitte le pays comme l'on fait mes partenaires. Mais il fallait qu'il sache qu'il n'est pas plus Sénégalais que moi. Je peux sauver mes enfants en les amenant hors du pays, mais moi je reste.
Au moment des faits, qu'elle a été la réaction de vos collègues créatrices de mode, comme Collé Sow Ardo, Diouma Dieng Diakhaté et autres ?
Elles m'ont soutenu à leur manière. C'est-à-dire qu'elles ont fait de leur mieux pour me sortir du gouffre. Mais si j'étais à leur place, personne n'aurait été en prison. Je n'ai peur de personne, encore moins de dire la vérité.
Donc, elles n'ont pas osé dire la vérité ?
Elles l'ont dit à leur manière, comme je vous l'ai dit tout à l'heure. On est tous des êtres humains mais nous sommes différents dans notre manière de faire. On n'a pas tous le même courage. Si on veut aider une personne alors que cela pourrait nous coûter la prison, on ne va pas le faire.
Est-ce que l'on peut s'attendre à la réouverture du Metissacana ?
Il peut reprendre car ils ont libéré les données. Metissacana peut rouvrir ses portes dans un nouveau registre car c'est un nom de domaine qui figure dans le livre d'or du monde entier. Il y a des gens qui veulent acheter le nom, mais je ne vends pas. Je veux des partenaires et non des gens qui veulent se l'approprier parce qu'ils ont des pouvoirs. Ce n'est pas un nom à bazarder.
Quels sont vos projets ?
Je veux transmettre mes talents aux jeunes artistes. Je suis formatrice, donc, pourquoi le président Macky Sall ne me donne pas quelque chose pour que je puisse former les jeunes à la mode. Je ne fais pas partie de ceux qui reçoivent un budget de formation, et je ne vais pas le quémander comme le font certains.
LA "GÉNÉRALISTE" DE LA MODE AFRICAINE
Profil de la styliste Oumou Sy
Mbayang Sarr Faye et Mame Fatou Kébé |
Publication 19/08/2016
Elle est l'un des plus grands noms de la mode africaine contemporaine. Styliste, costumière de cinéma et de théâtre, décoratrice et créatrice de bijoux, la beauté et la création n'ont pas de limites dans son imagination. Au-delà de ces valeurs esthétiques, c'est aussi une femme d'affaires. Elle est l'une des pionnières de l'Internet en Afrique. "Je me surnomme moi-même, généraliste", se vante-t-elle. Qu'est ce qui lui a valu autant de talent si l'on sait que Oumou Sy est autodidacte ? Comme un génie, elle a une explication à toute question, en particulier sur sa personne.
Oumou Sy se dit chérifienne. D'origine peule, elle naît en 1952 à Podor, dans la région de Fouta dans une famille chérifienne. Le déclic s'est opéré à l'âge de 5 ans, à la disparition de son père, membre de la famille Tidjaniya. C'est de là que sa gloire dans le monde de la création artistique contemporaine lui a été insufflée.
Elle confie : "mon père a mis beaucoup de choses en moi, à sa mort même les gens croyaient que je n'allais pas survivre. On m'a enfermée avec lui dans sa chambre mortuaire et c'est à cet instant que j'ai su que j'allais faire beaucoup de choses sans un maître, si ce n'est Dieu". Ainsi, à 13 ans, elle ne pouvait plus cacher ses créations.
Elle décide de les partager avec les habitants de Saint-Louis, où "Bagatelle-Couture" s'était ouvert. C'est là-bas qu'elle a dévoilé ses talents avec comme matériel, une petite machine achetée par sa mère, qui au départ était contre l'idée. "Ma maman était opposée à ce que j'ouvre mon atelier à 10 ans. Elle disait que la mode n'était pas adéquate pour une enfant. Car il y avait des consommateurs d'alcool, des bandits etc", souligne la styliste.
A 20 ans, elle se fait un nom en tant que styliste et créatrice de mode et ouvre son premier magasin de prêt-à-porter à Dakar. Son talent se confirme et le succès frappe à sa porte. Oumou, bien appréciée par les chanteurs sénégalais tels que Baba Maal ou Youssou Ndour, devient leur costumière.
Au surplus, l'international clame la prouesse de la styliste. Elle est sollicitée par des cinéastes et tourne avec les plus grands noms africains, crée les costumes de plusieurs de leurs films, comme :
Hyènes (Djibril Diop Mambéty, 1992), Guélewaar (Ousmane Sembène, 1992), Samba Traoré (Idrissa Ouédraogo, 1992), le court métrage Pressions (Sanvi Panou, 1995), Les Caprices d'un fleuve (Bernard Giraudeau, 1996). Más allá del jardín (Pedro Olea, 1996) ou Le Déchaussé (Laurence Attali, 2003), un court métrage dans lequel elle interprète elle-même le rôle de Zaglad subsaharienne. "C'est quand j'ai fait des grands films, qu'on m'a fait comprendre que je suis costumière, créatrice de costumes", appuie la Podoroise.
Une créativité primée de partout
En 1990, elle monte son école, les "Ateliers Leydi", chargée d'enseigner les arts traditionnels du costume et de la parure. En 1996, elle ouvre à la rue Thiong, à Dakar Plateau, le premier cybercafé d'Afrique de l'Ouest, appelé le Metissacana.
C'est dans ce décor qu'elle organisait régulièrement ses défilés et sa manifestation annuelle, la Simod (Semaine nationale de la mode) qui se tient toutes les années. Fruit de ce parcours riche et divers, marqué par son héritage enfoui dans l'histoire profonde du continent, Oumou Sy a conçu une collection unique au monde de costumes de rois et reines d'Afrique qui effectue à elle seule son tour du monde.
La consécration internationale lui est arrivée à plusieurs reprises, notamment avec le 1er Prix 98 de la Fondation Prins Claus. Ce sont deux élèves de Leydi qui ont remporté, l'un le Concours Design 21 98 et le Ciseaux d'or 98 et l'autre les Ciseaux de Bronze 98.
Oumou Sy est alors devenue la première lauréate du prix Rfi en Afrique, qui lui est décerné le 26 janvier 2001 et remis au Cameroun le 13 février de la même année, à l'occasion du Salon Yaoundé NetCom.
Cette récompense salue son engagement dans la lutte contre la fracture numérique sur le continent africain. Elle gagne à la place Faidherbe, le marché du Bicentenaire de la révolution française pour avoir cousu une robe de signare, "faire quelque chose que personne d'autre n'a pu faire", fut son slogan.
En 2003, la Semaine de la Mode de Rome (AltaModa) la gratifie d'un Prix spécial de la Ville de Rome. Le 26 mai 2006, Oumou Sy reçoit les insignes de Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur à la résidence de l'ambassadeur de France au Sénégal.
Une vie tourmentée
Malgré cette percée dans la mode et le cinéma, la vie n'a pas été toujours rose pour Oumou Sy. Ses nombreux succès sont devenus sources d'épouvante pour elle et son entourage. Cinq ans après l'ouverture du Metissacana en 2001, la polémique frappe à sa porte. Le provider-mère du Metissacana est racheté par France Telecom, et le cybercafé ferme ses portes. Un épisode qui a bouleversé sa vie.
Plus de dix ans après ces évènements, la tristesse se lit dans ses yeux et l'espoir de ressusciter le dit nom de domaine se fait sentir dans ses paroles. "Beaucoup de gens sont venus pour que je leur vende le Metissacana, mais j'ai refusé. Je garde le nom de domaine. Je peux le rouvrir un jour ailleurs", projette-elle sans pourtant afficher une mine confiante.
Rio de Janeiro (Brésil), 15 août (APS) - L’équipe nationale féminine de basket, malgré ses résultats jugés peu satisfaisants à Rio, se trouve "sur la bonne voie" au regard de son objectif de préparer le prochain Afrobasket à partir des Jeux olympiques 2016 (5-21 août), a estimé le sélectionneur sénégalais, Moustapha Gaye.
Les Lionnes n’ont pas remporté la moindre victoire à l’issue de la phase de groupes du tournoi de basket des olympiades 2016, terminant à la dernière place de leur poule.
"Au regard de ce qu’on a vu, on peut dire que le Sénégal est sur la bonne voie", a toutefois déclaré le technicien sénégalais à des journalistes, dont l’envoyé spécial de l’APS, après le dernier match des Lionnes battues (88-97) dimanche par la Serbie, championne d’Europe en titre.
Gaye avait déclaré avant le début du tournoi que son équipe ne pouvait remporter de match aux JO, compte tenu de sa préparation, n’ayant pu par exemple disputer des matchs amicaux avec des équipes ciblées.
Le niveau du Sénégal "n’est pas très loin de celui des autres" équipes présentes à Rio, mais le manque de préparation des Lionnes faisait que les olympiades 2016 devait surtout permettre à l’encadrement sénégalais de jauger l’équipe nationale féminine.
"C’est pendant le tournoi des JO que nous avons vu nos limites, les points sur lesquels il faut mettre l’accent, les combinaisons des joueuses qui fonctionnent", a-t-il analysé.
"Tout cela, on n’a su le voir que durant la compétition, parce qu’on n’a pas eu les matchs amicaux qui auraient permis de mieux connaître notre équipe", a indiqué Tapha Gaye, selon qui "une bonne préparation" est nécessaire pour que le Sénégal puisse remporter la prochaine édition de l’’Afrobasket 2017.
"L’Afrobasket, c’est dans 12 mois, je n’attendrais pas juin ou juillet pour commencer la préparation", a prévenu le sélectionneur des Lionnes, qui compte soumettre dès à présent une feuille de route à la Fédération sénégalaise de basket.
Celle-ci comportera des points portant sur "la supervision des joueuses dans leur contexte de club, mais surtout" la participation à des tournois "comme celui qu’on avait disputé en Roumanie il y a deux ans", a expliqué le technicien.
Rio de Janeiro (Brésil), 15 août (APS) - Le Sénégal, seul représentant du basket féminin africain à l’édition 2016 des Jeux olympiques (5-21 août), a livré dimanche à Rio son meilleur match du tournoi, ne perdant que de sept points d’écart (83-95) contre la Serbie.
Les Lionnes, largement menées au premier quart temps (15-27), ont ensuite rivalisé d’adresse au deuxième, à l’issue duquel leur total-points, conforté par 28 points marqués, leur avait permis d’aller à la mi-temps avec un écart bien moins important (43-55).
De retour des vestiaires le Sénégal continuait sur sa lancée offensive et parvenait à trouver régulièrement le chemin du panier adverse, sous la conduite d’Astou Traoré, meilleure marqueuse du match (30 points).
L’écart entre les deux équipes commençait naturellement à se fondre, malgré la sortie sur blessure de Mame Marie Sy, les championnes d’Afrique parvenant à deux reprises à se positionner à seulement 6 longueurs des Serbes (51-57 puis 53-59).
En dépit d’un de 10 points (66-76) à l’entame du dernier virage, les Lionnes faisaient presque jeu égal et pouvaient se prévaloir de meilleures statistiques (56% à 3 pts contre 54 pour la Serbie, 53 % à deux points contre 41 %).
Ce qui les a amenées à jouer leur va-tout, même distancées par des Serbes obligées de tirer à distance pour décoller de l’étreinte sénégalaise.
Le Sénégal est ensuite revenu dans les derniers instants de la partie mais les Lionnes étaient trop justes pour pouvoir étrenner leur première victoire olympique.
Il reste que les protégées de Moustapha Gaye peuvent se mordre les doigts, compte tenu des nombreuses pertes de balles (16) qui semblent leur avoir coûté le gain ce match dont elles ont remporté la deuxième mi-temps (40-45), ce qui pouvait faire espérer à une issue plus heureuse.
Avec le bradage de la corniche de Dakar, la Plateforme pour l'environnement et la réappropriation du Littoral (PERL) est toujours au coeur de la lutte pour sa préservation.
En marge du 12ème numéro de l'émission SANS DÉTOUR, Moctar Bâ, le président de la PERL, a interrogé en exclusivité le porte-parole du PDS, Babacar Gaye, qui a révélé qu'Abdoulaye Wade a retiré 32 x 2.000 m2 de terres à des hommes influents et à d'anciens présidents africains à qui, il avait donné des terrains sur la corniche.
(AFP) - La convention d’investiture démocrate de Philadelphie, qui a désigné Hillary Clinton comme candidate à la Maison Blanche, une première pour une femme dans l’histoire américaine, a démarré dans la confusion et finit par une série de discours de haute volée.
Voici cinq moments qui ont marqué ces quatre journées.
- Les «Bernistas» donnent de la voix
La convention qui veut être celle de l’unité débute mal lundi. Des fans irréductibles de Bernie Sanders, déçus par la défaite de leur champion et écoeurés par les emails internes du parti (révélés par Wikileaks) qui montrent une méfiance vis-à-vis du sénateur, laissent éclater leur colère.
Aux cris de «Bernie! Bernie!» et avec des broncas répétées, ils interrompent les orateurs à chaque fois qu’ils prononcent le nom d’Hillary Clinton. Le tapage, qui donne une image de désunion, s’apaisera au fil des jours, sous l’impulsion de l’ex-candidat qui appellera au calme et au respect.
- Le récit de Bill
«Au printemps 1971, j’ai rencontré une fille». Avec son timbre de voix reconnaissable entre tous, son sens politique hors-norme, Bill Clinton, ex-président et possible futur «First Gentleman» raconte, dans un registre très personnel, sa rencontre avec «Hillary».
Les premiers échanges sur le campus de Yale, les demandes en mariage successives (la troisième sera la bonne), la naissance de leur fille Chelsea... Le 42e président des Etats-Unis a un objectif, un seul: humaniser une candidate vue par nombre d’Américains comme froide et calculatrice.
- La magie Michelle et Barack
Michelle lundi soir, Barack deux jours plus tard: les Obama, qui s’apprêtent à quitter la Maison Blanche, ont enflammé le Wells Fargo Center avec des discours passionnés.
«Grâce à Hillary Clinton, mes filles et tous nos enfants considèrent désormais comme évident qu’une femme peut devenir présidente des Etats-Unis», lâche la Première dame, la gorge nouée.
«Nous mènerons Hillary à la victoire!», lance le président face à une foule électrisée à l’issue d’un discours prenant par moment la forme d’adieux.
- La douleur
Une convention politique américaine est d’abord une kermesse dominée par un brouhaha permanent. Mercredi et jeudi, l’immense salle omnisports s’est figée face à la douleur.
Mercredi, Christine Leinonen, simple croix noire en pendentif, est venu dire la douleur de la mort de son fils unique, abattu comme 48 autres dans l’attaque du club gay Pulse à Orlando. Et plaider pour un durcissement des lois sur les armes à feu.
«L’arme qui a assassiné mon fils a tiré 30 balles en une minute. Une minute pour tirer tant de balles, cinq minutes pour que les cloches rendent hommage à tant de vies».
Jeudi, c’est Khizr Khan qui est venu muer la douleur d’avoir perdu son fils --un capitaine de l’armée américaine musulman-- en puissant message contre la rhétorique anti-islamique et anti-immigrés de Donald Trump.
«Vous n’avez rien sacrifié, vous n’avez perdu personne. Nous ne pouvons résoudre nos problèmes en construisant des murs, en semant la discorde», a dit le père de Humayun, très digne pesant chacun de ses mots.
«Votez pour celle qui guérit, votez pour la candidate la plus forte, la plus qualifiée, Hillary Clinton. Pas pour celui qui divise».
- L’heure de gloire d’Hillary
Toute de blanc vêtu --un clin d’oeil aux suffragettes-- devant des milliers de délégués de son parti qui ont fait d’elle la première candidate à la présidentielle d’un grand parti, Hillary Clinton a lancé: «C’est avec humilité, détermination et une confiance sans limites dans la promesse de l’Amérique que j’accepte votre nomination pour la présidence des Etats-Unis».
Elle a promis d’être «la présidente des démocrates, des républicains, des indépendants» et de mettre l’emploi au centre de sa présidence si elle l’emportait le 8 novembre.
«Tant d’entre vous m’ont dit qu’ils sentaient que l’économie ne fonctionnait pas pour eux. Certains d’entre vous sont frustrés, même furieux. Et vous savez quoi? Vous avez raison. Elle n’est pas encore à la hauteur». «Ma première mission en tant que présidente sera de créer davantage d’opportunités et davantage d’emplois avec des salaires en hausse ici-même aux Etats-Unis... Du premier au dernier jour de mon mandat»