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23 avril 2025
Femmes
PAR AMINATA TOURÉ, ANCIEN PREMIER MINISTRE
MIMI - MACKY, LA RUPTURE ?
URGENT - Assimiler le droit de grâce à un arrangement politicien c'est ne point comprendre les changements profonds aux allures de révolution silencieuse qui ont été opérés depuis 2012 en matière de meilleure gouvernance
En quatre ans, des progrès indéniables ont été accomplis en matière de lutte contre la corruption. Notre corpus législatif et réglementaire s’est enrichi de dispositifs normatifs permettant une meilleure gestion de nos deniers publics.
Le code de transparence portant sur les finances publiques, la création de l’OFNAC, la déclaration de patrimoine des élites administratives en charge des fonds publics, sont autant de mesures avant-gardistes allant dans le sens d’une meilleure gouvernance des affaires publiques.
Ceci n’est pas passé inaperçu aux yeux de nombreux de nos concitoyens. En effet, selon l’étude de Transparency International et Afro Baromètre réalisée entre mars 2014 et septembre 2015, la majorité des sénégalais interrogés admettaient que le gouvernement fait un travail important de lutte contre la corruption.
La communauté internationale a également reconnu ces avancées importantes, le Sénégal est cité par la Fondation Mo Ibrahim parmi les pays africains ayant connu une amélioration de l’Indice MO Ibrahim de la gouvernance en Afrique au cours des 4 dernières années en se classant à la 9éme place sur 54. Alors que selon le rapport 2015 de la même fondation l'état de la corruption s’est aggravé en Afrique dans la même période.
Dans notre continent où pendant des décennies le pillage des ressources publiques a été longtemps la règle, il faut reconnaître que beaucoup de chemin a été parcouru depuis mars 2012 et c’est à mettre au crédit du Président Macky Sall qui a choisi dès son arrivée de s’engager résolument dans la voie de la reddition des comptes publiques, condition sine qua none pour la réussite du Plan Sénégal Emergent.
Faut-il rappeler que la bonne gouvernance est clairement stipulée dans le PSE comme objectif stratégique pour atteindre nos ambitions d'émergence pour les prochaines deux décennies.
Dans cette même optique de lutte contre la délinquance à col blanc, la justice sénégalaise a été saisie de cas d’enrichissement illicite notoires, parmi lesquels celui de Karim Wade, pour ne pas le nommer. Les magistrats dans leur âme et conscience ont délivré leur verdict et justice a été servie sans faiblesse coupable ni cruauté inutile.
La Justice a pour vocation de faire respecter les lois que nous nous sommes choisies et de sanctionner ceux qui y dérogent. Mais la Justice reste humaine et humaniste et c'est pourquoi le législateur accorde le droit de grâce dans des conditions bien définies par la loi au premier des citoyens, le Chef de l'Etat qui seul apprécie et juge de son opportunité. C'est ainsi que chaque année il gracie des centaines de nos concitoyens incarcérés. Assimiler le droit de grâce (dont les fondements sont essentiellement humanistes et humanitaires) à un arrangement politicien c'est ne point comprendre les changements profonds aux allures de révolution silencieuse qui ont été opérés en quatre ans en matière de meilleure gouvernance.
A l'heure du dialogue entre tous les acteurs publics impulsé par le Président de la République et salué par tous nos concitoyens, il est souhaitable qu'un consensus fort soit justement bâti autour des acquis législatifs et institutionnels de bonne gouvernance dont notre pays s'est progressivement doté depuis 2012. Ceci évacuerait du discours public ll'argument facile souvent brandi de persécution politique lorsque la reddition des comptes se met en application.
Pour notre part, nous encourageons et soutenons le Président Macky dans ses efforts avant-gardistes pour une bonne gouvernance des affaires publiques et nous sommes convaincus que c'est aussi en reconnaissance de ces efforts que près de 63% des sénégalais lui ont réaffirmé leur confiance le 20 mars dernier.
Aminata Touré
Ancien Premier ministre
LES "REINES VIERGES" PRÔNENT L'ABSTINENCE DANS LES ÉCOLES
Chaque année depuis sept ans, une centaine de jeunes Togolaises acceptent de se prêter à un test de virginité pour prendre part à ce concours, organisé par l'Association des volontaires pour la promotion des jeunes
Lomé, 12 juin 2016 (AFP) - Diadème, chevelure soyeuse et robe de satin. Malgré sa panoplie, Pascaline Boukari Kombaté n'est pas une reine de beauté comme les autres: elle a été sacrée "reine vierge" 2015 du Togo, comme l'indique l'écharpe bleue qu'elle arbore fièrement.
Chaque année depuis sept ans, une centaine de jeunes Togolaises acceptent de se prêter à un test de virginité pour prendre part à ce concours, organisé par l'Association des volontaires pour la promotion des jeunes (AV-Jeunes).
La gagnante du "Trophée vierges" et ses dauphines, trois "princesses vierges" représentant les universités, lycées et collèges du pays, ont pour mission de faire le tour dejhls établissements scolaires pour prôner l'abstinence sexuelle.
Pascaline, qui a 21 ans, est étudiante en troisième année de Sciences Techniques et Animation socio-éducative. "Les études d'abord et le sexe après, car on ne court pas deux lièvres à la fois", conseille-t-elle aux élèves lors d'une intervention dans le complexe scolaire Payarama de Lomé.
"Notre action vise surtout à réduire les grossesses précoces et les nouvelles infections en matière de VIH/Sida", explique Rodrigue Akolly, le président de l'AV-jeunes.
Pour participer au concours, il faut avoir entre 16 et 24 ans.
"Les candidates nous contactent soit par SMS, soit par Facebook. Une fois le contact établi, nous rencontrons leurs parents, afin de leur expliquer le but du concours. Certains parents sont réticents, mais la plupart apprécient notre démarche et nous encouragent", poursuit M. Akolly.
Ce qui fait hésiter les parents, c'est sans doute surtout le test de virginité, épreuve clé du concours, effectué par un collège de gynécologues à peine 48 heures avant le sacre.
Lors de la grande finale, relayée par les médias et très suivie dans les foyers togolais, les candidates sont aussi soumises à un quiz de culture générale et à un concours de danse traditionnelle.
- Zita, étudiante en droit et vierge 'admirée' -
Pascaline Boukari Kombaté dit s'être prêtée au test de virginité "à coeur joie" parce qu'elle voulait prouver à ses amies "qu'on peut bien garder sa virginité jusqu'à un certain âge".
Zita Totu, "princesse vierge 2014", est en troisième année de droit à l'Université de Lomé. "Sur le campus, mes amies me regardent avec admiration car plusieurs ONG me sollicitent pour des campagnes de sensibilisation dans des villages", se réjouit l'étudiante de 20 ans.
Au Togo, selon un rapport de l'Onusida publié l'an dernier, le taux de prévalence du VIH est de 2,5% - sur une population d'environ 7,5 millions d'habitants - et cette prévalence est deux fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes.
Le nombre de nouvelles infections et de décès dus au virus du sida a certes considérablement baissé dans le pays depuis le début des années 2000 -avec des chiffres qui restent toutefois plus élevés dans la zone côtière, notamment à Lomé, que dans les zones rurales de l'intérieur du pays.
Mais les jeunes sont loin d'être à l'abri: près de 10% des 15-24 ans ont une activité sexuelle avant leurs 15 ans et, dans cette tranche d'âge, à peine deux jeunes filles sur cinq ayant des rapports avec plusieurs partenaires utilisent des préservatifs, selon une étude de l'Unicef réalisée entre 2008 et 2012.
- Briser le tabou sur le sexe -
Les grossesses en milieu scolaire sont aussi un problème croissant. Plus de 5.000 ont été recensées dans les écoles, collèges et lycées du Togo pour la seule année scolaire 2012-2013. Soit presque autant que pour les quatre années précédentes réunies, selon les statistiques du ministère de l'Action sociale.
Pour porter la bonne parole, les jeunes "reines vierges" ont parcouru en quelques mois une trentaine d'écoles à Lomé et dans d'autres villes du pays. Les échanges se déroulent souvent dans les salles de classes, en présence des professeurs, ou à l'extérieur de façon plus informelle.
"Plusieurs élèves abandonnent vite les classes à cause des grossesses. Nous devons nous ressaisir et penser à notre avenir. Moi, je ne vise qu'un seul objectif pour le moment: terminer mes études et trouver du travail", serine Pascaline.
La seule façon de remédier à ces grossesses non désirées, dont le nombre est "alarmant", est de briser le tabou sur la sexualité qui a cours dans le pays, tranche Épiphanie Houmey Eklu-Koevanu, coordinatrice du Centre de recherche, d'information et de formation pour la Femme (GF2D), la plus importante association de défense des droits de la femme au Togo.
"Nous devons adapter notre façon d'éduquer les enfants à l'évolution de la société dans laquelle nous vivons actuellement", dit-elle.
Ce qui signifie qu'il ne faut pas se "limiter au discours de l'abstinence", ajoute-t-elle, mais aussi "pouvoir dire clairement à la jeune fille ce qu'elle doit faire pour éviter la grossesse".
ARBITRE, TU AS DE BELLES HANCHES
Dans le milieu du foot sénégalais, les femmes arbitres continuent de subir un traitement de défaveur, un marquage strict, souvent sexiste
Les échos du sifflet féminin se font de plus en plus entendre dans les matches de foot des hommes au Sénégal. Ces femmes-arbitres, qui ont fini à s’imposer nonobstant quelques réticences sexistes, racontent à EnQuête les soubresauts de leur(s) vie(s) de juge.
Ce sont des gazouillis de garnements qui viennent chahuter le silence des gradins. Dans un stade Demba Diop de Dakar quasi vide, un refrain interloquant tombe des tribunes, parvenu à briser le calme de cathédrale de ce lundi 9 mai. ‘’Arbitres jigéen yi, bulèn yax sunu match !’’ (Chères femmes arbitres, ne gâchez pas notre match !’’, chantonnent de jeunes garçons âgés d’environ 12 ans. L’écho de ce tube potache résonne jusque dans les oreilles du quatuor arbitral féminin du match de clôture de la 22e journée de Ligue 2 sénégalaise de football entre Yeggo et Dakar Sacré-Cœur (DSC).
Sous le chœur de ce message de bienvenue qui ne charrie pas qu’une sympathie enfantine, Fatou Thioune, ses deux assistantes Dié Alsé Sylla et Adja Isseu Cissé et la 4e arbitre Mame Coumba Faye sortent de leurs vestiaires, avancent dans le couloir sans jeter le moindre regard dans la tribune couverte d’où venait ce son des enfants qui s’amusent à courir dans les gradins en escaladant les barrières séparatistes.
‘’C’est l’hymne qui nous accueille dans les stades, sourit Fatou Thioune. Quelqu’un avait même dit : ‘’Aujourd’hui, c’est un trio féminin ; donc, le match ne sera pas facile’’.
‘’Elles ne connaissent rien !’’
Dans le milieu du foot sénégalais, les femmes arbitres continuent de subir un traitement de défaveur, un marquage strict, souvent sexiste. Au cours de leur vie de juges du jeu, elles ont quasiment tout entendu, tout enduré. Et les mots viennent très souvent d’un public perché sur son machisme, qui ne (dé)gueule pas toujours des gentillesses. ‘’Elles ne connaissent absolument rien !’’, dit-on souvent à notre encontre.
Parfois, on nous taxe de «faibles»’’, se plaint Mame Coumba Faye. Quelquefois, ce sont les acteurs eux-mêmes qui s’y mettent, sous le couvert de tacles plus ou moins appuyés. ‘’Un jour, j’ai demandé à un joueur de se mettre en tenue de compétition, il a moufté : ‘’arbitrage jiggen dey soof (l’arbitrage des femmes est chiant)’’, relate l’ancienne élève du collège privé Adramé Ndiaye de Rufisque.
Dié Alsé Sylla a embrassé en 2002 un métier, comme on hérite d’une affaire de famille. ‘’C’est un peu de la volonté de mon défunt papa Mamadou Abdoulaye Sylla qui était arbitre fédéral. Il m’emmenait très souvent au terrain. Après, il était devenu superviseur. Quand je l’accompagnais au stade, je critiquais les arbitres. Il m’a dit un jour : «Toi-là, je vais faire de toi un arbitre. De ce fait, tu vas savoir que ce qu’ils font est très difficile.».
Je lui disais : «Celui-là, il ne connait rien !» Il me répondait : Attends d’y être avant de critiquer’’, raconte-t-elle. Aujourd’hui, l’assistante de touche devenue Madame Sène subit une sorte d’effet boomerang.
En une sorte de version sexiste de l’arroseuse arrosée. ‘’Un jour, un coach du championnat pro m’a dit : ‘’Il faut rendre ton drapeau parce que tu n’iras nulle part’’, se souvient la professeur d’Education physique et sportive (Eps) au lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack. Mais pas question pour elle de lever le drapeau…blanc.
L’invitation crue et cruelle du technicien l’a au contraire poussé à s’améliorer. ‘’Ce genre de remarque désobligeante ne me fait que du bien parce que ça me forge mentalement. A chaque fois que je pense à ce jour-là, je mesure le chemin parcouru pour progresser dans le métier’’, confie-t-elle. Arbitre de district en 2002, Dié Alsé Sylla est devenue arbitre assistante internationale depuis 2009, en passant les grades d’arbitre de Ligue (2007) et d’arbitre fédérale (2008).
‘’Votre place est dans la cuisine’’
La gent féminine n’a pas encore pris le pouvoir du jeu, mais les femmes arbitres sont de plus en plus nombreuses sur les terrains de foot sénégalais. ‘’Leur nombre a presque triplé en 10 ans’’, informe le président de la Commission centrale des arbitres (CCA), Amadou François Guèye dit Francky. Elles sont aujourd’hui 7 internationales (dont 3 centres), 15 fédérales, 30 arbitres de Ligue et 50 arbitres de District. On les voit partout sur les terrains du championnat professionnel comme amateur.
Toutefois, certains continuent de s’étonner de les voir diriger une partie d’hommes. ‘’Sen palace mingi si wagn bi, sen palace mingi seni poju yay (Votre place est dans la cuisine, votre place est auprès de vos mamans)’’, relate Mame Coumba Faye.
Actuelle tête de gondole des femmes-arbitres au Sénégal, Fadouma Dia a aussi subi critiques misogynes et quolibets testostéronés, mais a su trouver ses réponses dans un sourire déterminé : ‘’Quand on me disait : «arbitre jigéen fan là àm (où a-t-on vu un arbitre femme ?)»
Je leur répondais : ‘yen, ay kao kao ngen, xamolèn dara’’ (vous êtes des incultes, vous ne connaissez rien)’’, raconte l’arbitre centrale internationale qui rappelle que ‘’les terrains de ‘navétanes’ les plus difficiles sont Ngor et Yoff’’. Sa collègue Adja Isseu Cissé acquiesce : ‘’ Le public des Navétanes est plus dur, plus violent. Dans le championnat pro, on connait mieux le règlement.’’
Souvent alignée comme assistante, cette Rufisquoise sait bien comment les supporters de ce championnat populaire agissent après un drapeau levé pour signaler une faute, un hors-jeu ou une sortie du ballon des limites du terrain. L’écho du coup de sifflet suggère souvent des répliques parfois inqualifiables. ‘’ Le public cherche à nous déstabiliser, narre-t-elle. Il nous insulte et nous traite de tous les noms. On te dit : ‘Ça greffage bu bone bi ! Boy bi mool na, boy bi wang na ! (Vous avez un vilain greffage.
Cette demoiselle est charmante, elle a de belles hanches (chic).’’ L’arbitre internationale Fadouma Dia avoue également avoir été prise par les charmes dans les tentatives de déstabilisation : ‘’Qu’est-ce que tu fais dans l’arbitrage avec ton charme ?’’, m’a-t-on une fois demandé. Quelques douceurs dans une tranche de brutalités…
‘’On nous drague parfois’’
Dans ce monde viril, la barrière se révèle fine entre l’invective et l’admiration. Souvent injuriées et abaissées dans leur dignité, les femmes au sifflet font parfois l’objet de délicatesses qui adoucissent la violence des diatribes du public. ‘’On nous drague parfois’’, révèle une arbitre. Les joueurs n’hésitent pas à se laisser aller sur un terrain piégeux. Les chuchotements sont une fois arrivés aux oreilles de Mame Coumba Faye : ‘’Lors des présentations, certains joueurs parlaient tout bas en disant : ‘’Regardez cette arbitre, elle est charmante.’’ Je souriais.
Parfois, je leur répondais ceci : ‘’Ok, c’est ce que vous dites, attendons de rentrer sur le terrain pour voir si vous allez le répéter ?’’ Est-ce parce qu’elles sont plus attirantes, plus sexy avec leurs uniformes ? ‘’En 2015, on nous avait dotées de nouvelles tenues d’arbitrage. Les shorts étaient courts. Quand on les portait, certains disaient : Vous avez des jambes très sexy’’, se rappelle Fatou Thioune, la grande sœur du footballeur Ousseynou Thioune de Diambars (Ligue 1 sénégalaise).
‘’Je paierais celui qui la tuerait’’
Mais sur pré comme en matière d’amour, le meilleur n’est jamais loin du pire. Et Mame Coumba Faye a buté sur ce qu’il y a de plus ignoble sur un terrain de foot. C’était plus que de simples mots qu’a perçus cette arbitre qui est passée fédérale en 2008. On avait voulu attenter à sa vie en 2014, dans les ‘’navétanes’’ de tous les excès.
‘’Lors d’un match de poule, j’ai sifflé un penalty en faveur de Cité Port qui menait déjà (1-0) face à Asc Colobane. Un membre du staff de Colobane, depuis son banc de touche, a dit qu’il paierait celui qui me tuerait. Le match n’a pu aller jusqu’au bout, les gaz lacrymogènes pleuvaient de partout’’, se rappelle-elle. ‘’On entend parfois des mots qui dépassent la limite’’, se désole-t-elle.
Les femmes sont donc exposées à tout et à tous. Car certains hommes ne veulent donc pas les laisser ‘’s’immiscer’’ dans leur milieu. Ou les croient-ils incapables ou faibles pour ‘’gérer’’ des débats d’hommes. ‘’A mes débuts, un entraîneur de l’ASC Plateau de Kolda m’avait dit : Vous n’avez pas le niveau. Ici, il n’y a que des hommes. C’était très sexiste’’, s’insurge-t-elle.
Mais cette sergente de l’armée sénégalaise ne se laisse pas déstabiliser. ‘’On essaie de se boucher les oreilles, faire semblant de ne pas les entendre et se concentrer sur le match’’, dit-elle. Parfois lors des présentations, les joueurs répondent par ‘oui madame’, ‘oui mademoiselle.’’ Un peu de tendresse dans un combat de brutes…
Pour conjurer une relation très peu apaisée, Mame Coumba Faye, arbitre fédérale depuis 2008, trouve une astuce conciliante : ‘’Pour m’en sortir, je gère les matches de manière pédagogique, ça me permet d’atténuer la tension et l’agressivité envers moi. Parfois quand un joueur se blesse, j’accours vers lui et lui dit : Chéri, par où tu t’es fait mal ?’’
Mademoiselle Thioune, elle, a une fois dû utiliser les moyens durs pour s’en sortir. ‘’Cette saison, je suis tombée sur un match entre Pépinière Sud et As Kolda en National 2. C’est souvent un derby très tendu. J’ai demandé à ce que chacun se tienne prêt pour la présentation mais personne n’a voulu suivre mes injonctions. Alors, j’ai donné un avertissement au capitaine de l’As Kolda pour mettre de l’ordre’’, révèle cette ancienne élève du lycée Alpha Molo Baldé de Kolda. Qui poursuit : ‘’Avant chaque match, je me renseigne sur les joueurs. Certains sont insupportables’’.
‘’Mon premier match…’’
Malgré le climat incertain voire inhospitalier, ces filles et dames ont réussi à tracer leur sillon dans cette faune d’hommes surexcités par l’enjeu des matches. Très souvent, ce sont celles qui ont longtemps vécu au milieu de la gent masculine qui ont osé s’interposer entre les mâles. ‘’J’ai toujours été sportive, je courais beaucoup avec mes frères, j’ai joué attaquante ou libero, j’étais un garçon manqué’’, informe Adja Isseu Cissé dans un rire.
Cette dame a été encouragée dans la voie du sifflet par son oncle maternel, l’ancien arbitre international Badara Mamaya Sène. ‘’Il était surpris quand il a su que j’étais arbitre parce que j’étais très timide’’, se remémore-t-elle.
Fatou Thioune, elle, a été la capitaine des Amazones de Kolda. ‘’Ce sont mes grands frères Saher alias ‘Marabout’ et Makhtar (international sénégalais) qui m’ont poussée à pratiquer ce métier. Ils m’avaient dit que le foot féminin n’avait aucun avenir’’, affirme celle qui a commencé à la Commission régionale des arbitres (Cra) de Kolda. Un choix qu’elle ne regrette pas.
L’arbitre du match de la 3e place du tournoi féminin des Jeux africains de Brazzaville 2015 est présélectionnée pour la Coupe du monde féminine 2019 en France. Sur le plan national, elle fait partie du ‘’meilleur trio arbitral’’ de la saison 2014-2015 décerné par la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp).
On est loin des débuts hésitants, des boules au ventre, de l’inévitable trac de la première fois. Quand l’idée de se trouver entourer d’hommes tétanise, file quelque chose qui ressemble à de la trouille. ‘’La première fois, j’étais nerveuse, mon cœur battait très fort, avoue la Koldoise Fatou Thioune. Je suis la première femme à arbitrer un match d’hommes à Kolda. J’avais même une diarrhée. J’ai fait deux ‘rakkas’. C’est après le coup d’envoi que je me suis libérée.’’
Adja Cissé a commencé aussi en ‘’navétanes’. C’était lors d’un match qui a opposé Médiour à Gouy-gui en 1999 à Rufisque. ‘’J’avais peur, j’avais bien dormi la veille mais je n’avais pas beaucoup mangé le jour-j, parce que je craignais de faire un mauvais match. Les supporters disaient : ‘’Que fait cette gamine dans notre match ?’’ Ça m’a stressé mais tout s’est dénoué quand je suis rentrée dans le match’’, dit celle qui a obtenu ses galons d’internationale en 2010.
La plupart d’entre elles ont dû surmonter les obstacles, enjamber les préjugés pour faire face à la pression sociale. Et au regard d’une société qui va parfois s’aventurer jusqu’au déni de féminité. ‘’L’environnement est parfois très difficile parce qu’on te considère comme arbitre et non comme une femme. Il y a un double regard. Quand tu passes dans la rue, on dit : ‘’Arbitre. C’est notre arbitre…’’
C’est-à-dire que toi, en tant que personne, c’est fini. On ne te traite plus comme une femme et c’est vraiment dommage. C’est pour cela que, parfois, si tu t’habilles en tenue traditionnelle, ils te disent : ‘’Waouh ! Toi-là, tu peux t’habiller comme ça ?’’ Je dis : ‘’Oui, je suis femme avant d’être arbitre’’, partage Dié Alsé Sylla. Cependant, sourit-elle, ‘’Kaolack la voit comme un exemple.’’ ‘’Il y maintenant beaucoup de femmes à la Cra de la région. Je suis la première femme internationale de la région’’, informe cette titulaire du Bac +2 à l’Ecole nationale d’économie appliquée (Enea).
Arbitre de… bon ménage
C’est une vie à deux…visages. Sur le terrain, le public sénégalais tolère plus qu’il n’apprécie les femmes-arbitres. Dans le civil, elles ont pour la plupart le soutien sans faille de leurs époux. Dié Alsé Sylla a eu la chance de se marier à… l’arbitre international Ababacar Sène.
Et naturellement, la compréhension est plus simple, plus facile. ‘’Il y a une complicité qui n’occulte pas les critiques dans notre couple, soutient-elle. A chaque fois que j’ai un match à arbitrer et qu’il a la possibilité de venir, il vient me superviser. Après le match, il fait des remarques sur ce que j’ai fait de bon ou pas. Il me dit là où je dois m’améliorer et on en discute. C’est vice-versa. Le fait de l’avoir à mes côtés me donne beaucoup de force mais génère aussi de la pression parce qu’on me dit : Ton mari fait partie des meilleurs, donc il faudra bosser pour te rapprocher un petit peu de lui’’.’’
Sa collègue Adja Isseu Cissé est mariée à un ‘’Modou Modou’’ (émigré). ‘’Comme il n’est pas au Sénégal, j’ai plus de temps pour me consacrer à l’arbitrage. Quand il revient au Sénégal, il m’encourage dans la voie que j’ai choisie, il aime souvent m’accompagner dans mes exercices physiques’’, souffle-t-elle En revanche, une de ses collègues vit de mauvais moments avec son fiancé quelque peu rétif à son choix de carrière. ‘’Il me reproche de privilégier mon métier mais je ne cèderai pas. Je suis très ambitieuse, je me suis battue pour en arriver là’’, martèle-t-elle. Le match contre les préjugés n’est donc toujours pas gagné.
A HAUTEUR D’HOMME
Sa silhouette est devenue très familière dans le foot sénégalais et mondial. Depuis quelques années, Fadouma Dia parcourt les pelouses
Considérée actuellement comme l’un des meilleurs sifflets au Sénégal, l’arbitre internationale Fadouma Dia est d’ailleurs surnommée ‘’Collina* bu jigéen’’.
Sa silhouette est devenue très familière dans le foot sénégalais et mondial. Depuis quelques années, Fadouma Dia parcourt les pelouses du championnat professionnel du pays et des compétitions internationales. Armée de sa (re)tenue d’arbitre centrale.
La dame d’environ 40 ans a fini d’imprimer ses empreintes dans le panorama. A sa façon. Ferme sans être fermée. ‘’Parfois, j’entends : ‘’Tey Collina bu jigéen mo niow’’ (Aujourd’hui, c’est Collina* version femme qui est là !’’ Un surnom usurpé ?
Il faut voir comment cette femme-arbitre excelle dans son métier pour saisir le sens de la comparaison avec le légendaire et charismatique ancien arbitre italien. Au point que la Commission centrale des arbitres l’a récemment désignée pour diriger le chaud derby dakarois entre l’Us Ouakam et Niary Tally (1-0).
La native de Tambacounda a tenu d’une main de fer ce match du 16 février 2016, comptant pour 12e journée de Ligue 1 sénégalaise. N’hésitant pas à expulser le défenseur ouakamois Lamine Diop pour cumul de cartons. Mais la première preuve de confiance a été matérialisée en 2009. C’est elle qui avait été choisie par la Commission centrale des arbitres (CCA) pour diriger la finale retour du championnat de Ligue 1, à Saint-Louis, entre la Linguère et le Casa Sport de Ziguinchor.
‘’Ce match m’a beaucoup marquée, dit-elle aujourd’hui. Le public avait des appréhensions avant la rencontre : «Ah, une femme pour celle finale ?» Mais à la fin, tout le monde m’a félicitée, même feu Jules François Bocandé…’’ C’est dire...
Le premier fait d’armes de ‘’Collina version femme’’ remonte à 1997. Alors arbitre de district, Fadouma s’est fait un nom à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar, dans le championnat inter-nations. Elle avait brandi trois cartons rouges contre des Gabonais qui étaient en train de perdre face à la Centrafrique (0-3).
La rencontre n’a pu aller jusqu’à son terme. ‘Le lendemain, mon nom était un sujet de conversation au campus, narre-t-elle. On disait : «Il y a une femme à l’université, elle s’appelle Fatou, elle ne sait pas blaguer dé !» Le week-end suivant, certains étudiants étaient venus me demander des autographes.’’
Charisme masculin
Pour avoir une idée du charisme… masculin de cette demoiselle, il faut scruter son enfance. Fadouma a grandi dans une famille où il n’y avait que des hommes. Passionnée par la lecture des journaux de football, elle a préféré jouer dans les équipes de garçons de quartier de Tambacounda, plutôt que celles des filles de son âge. En 1995, son professeur d’Eps en classe de seconde, M. Camara, l’incita à se jeter dans l’arbitrage.
‘’J’ai démarré très jeune, à 17 ans, se remémore-t-elle. Ce n’était pas facile au début. Quand on me critiquait, je me sentais mal à l’aise et l’idée d’abandonner me traversait l’esprit. Je décidais de rester chez moi mais mon prof n’avait cessé de m’encourager’’, soutient l’ancienne pensionnaire du lycée Mame Cheikh Mbaye de Tambacounda. Après les critiques, la bachelière A3 de 1996 devait affronter ses parents. ‘’Ma famille hal pulaar était réticente, mais elle a fini par accepter, admet-elle. On me disait : «Vas cuisiner, vas te marier».’’
Cette célibataire, titulaire de Duel II en Anglais, a ensuite fait son bonhomme de chemin dans ce monde d’hommes. Elle est vite montée en grade pour prendre la relève des Marème Ndiaye, Fatou Gaye, Marème Guèye, Florence Biagui et Ndèye Sèye, les premières femmes-arbitres internationales au Sénégal. D’arbitre de Ligue en 2001, puis arbitre fédérale en 2004, elle a eu son rang d’internationale en 2005.
Aujourd’hui, celle qui a officié lors du Mondial U20 de 2012 est le porte-drapeau sénégalais de l’arbitrage féminin. Quatre fois présente au tournoi Algarves au Portugal, Fadouma Dia a sifflé la finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) féminine de 2010 en Afrique du Sud, entre le Nigeria et la Guinée Equatoriale (4-2).
Elle a aussi dirigé la finale du tournoi féminin des Jeux africains de 2011 de Maputo (Mozambique) entre le Ghana et le Cameroun (1-2). Plusieurs étapes d’une ascension historique. Et à hauteur d’homme.
UNE SOIXANTAINE D’ORGANISATIONS DE FEMMES SE REGROUPENT AUTOUR DE «AND JEEGO»
POUR MARQUER LEUR PRESENCE DANS LES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT
Des femmes membres d’une soixantaine d’organisations venues de tous les horizons politiques et socioéconomiques se sont retrouvées ce week-end à thiès. c’était à l’occasion de l’assemblée générale constitutive de la plateforme des femmes «and Jeego» présidée par le ministre des forces armées, augustin tine. Selon Zara Iyane Thiam Diop, coordonnatrice de la plateforme, les femmes veulent marquer leur présence dans la mise en œuvre des politiques de développement.
«La Plateforme des femmes And Jeego» regroupe des structures de différents pôles de développement, de la société civile, des syndicats, et du secteur privé, de la société civile, du secteur informel, des collectivités locales, du monde rural, avec des femmes de diverses sensibilités, mais surtout réunies autour d’un idéal commun, à savoir la volonté de participer à l’atteinte d’un développement durable». Ces propos ont été tenus le week-end dernier par Dr Ndèye Arame Boye Faye, présidente du comité scientifique de la plateforme. C’était lors de l’assemblée générale constitutive présidée par le ministre des Forces armées, Dr Augustin Tine, qui a délivré le message du chef de l’Etat.
Selon Zara Iyane Thiam Diop, coordonnatrice de la plateforme, les femmes veulent marquer leur présence dans la mise en œuvre des politiques de développement. Et «l’objectif principal poursuivi par la plateforme est de contribuer à la réalisation du Pse en tenant compte du rôle et de la place active ainsi que des préoccupations des femmes en tant qu’actrices et bénéficiaires».
Selon Dr Ndèye Arame Boye Faye, la plateforme, qui ne porte aucune couleur politique, regroupe déjà une soixantaine d’organisations de femmes, venues de tous les secteurs d’activité. Il y a des enseignantes, des universitaires, des actrices de la société civile, des femmes s’activant dans l’artisanat, l’agriculture, l’élevage, etc. «Même si elles ont l’habitude de travailler dans les associations, elles ont senti la nécessité de se regrouper au sein de la plateforme pour avoir plus de force afin de dire au référentiel politique qu’est le Plan Sénégal émergent (Pse) que nous sommes là pour contribuer à la mise en oeuvre de cette politique de développement. Mais que celle-ci prenne aussi en charge les préoccupations de développement des femmes. Des commissions thématiques ont travaillé d’arrache-pied depuis plusieurs semaines pour décliner les priorités dans les différents domaines. Le premier projet que la plateforme va prendre à bras le corps, pour sa concrétisation dans les bons délais, c’est la mutuelle de santé avec un objectif de 5.000 adhésions dans un premier temps.
En effet, il est constaté que les femmes qui s’activent dans les organisations n’ont pas de prise en charge médicale. La mutuelle permettra de prendre désormais en charge leur santé et celle de leurs enfants et de toutes les personnes à leur charge». Mme Zara Iyane Thiam Diop affirme pour sa part : «nous voulons nous regrouper autrement en mettant en synergie et de façon innovante les différentes compétences et ressources des organisations de femmes. C’est bien d’échanger sur des thématiques à travers des fora, mais c’est mieux de passer à l’acte. C’est le sens de l’assemblée générale qui est marquée par la mise en place de cellules de projets dont celle de la formation qui va consacrer l’encadrement, la professionnalisation des activités économiques menées par la plateforme. Cette démarche est rendue possible par le fonds de formation professionnelle et technique qui va accroître la productivité des membres et leur permettre demain d’attaquer le marché sous-régional».
Pour le Dr Augustin Tine, le logo de la plateforme traduit déjà un engagement sans faille, car dans l’image, c’est comme si les femmes portaient sur leur tête le Pse. « Ce qui montre que vous soutenez l’action du président de la République dont le Yoonu Yokkute accordait déjà la priorité aux femmes et aux enfants, les piliers de la société», conclut-il.
LES "NDAYALÉ" AU SÉNÉGAL
"Ki moy diiw", "Mokay corote", "Moy baatre", "Moy carte gab", "Ki du ndawsi", "Yoruko", "Te du si leen"…
En Afrique, particulièrement au Sénégal, certaines traditions sortent de l'ordinaire. Et c'est le cas du 'ndayalé' où marraine dans la culture wolof. Un fait social réel dont nous avons chercher à percer les mystères qu'il recèle. Cela en nous posant une question importante. A savoir ce qui se cache vraiment derrière ces 'ndayalé' des temps modernes ?
Réalité sociale et sociologique du Sénégal, notamment au sein de la communauté wolof, le 'ndayalé' est devenu une pesanteur dans nos sociétés. Et nous avons cherché à en savoir davantage sur cette notion qui renvoie tout simplement au fait de se donner une marraine. L'idée se recoupe ici en plusieurs notions. Ainsi, use-t-on dans le langage courant en la matière de termes comme : "Kii moy diiw", "Moy corote", "Moy battré", "Moy bomb", "Ki du ndawsii", "Kii yoruko yaaw".
Voilà autant de concepts soulevés que des Sénégalaises interpellées sur cette question du 'ndayalé' et qui semblent la maîtriser parfaitement, décortiquent. Du fait justement qu'ils sont bien ancrés dans la société, ces expressions qui collent au 'ndayalé' ont encore de beaux jours devant elles. Pourtant, le 'ndayalé', c'était surtout et avant tout une affaire de famille, de solidarité et pour se donner un modèle. Mais aujourd'hui, tel n'est plus le cas. Et nous avons cherché à savoir ce qu'il en est auprès des Sénégalaises.
"Le 'ndayalé', une grosse perte de nos jours"
Selon Kiné, cette cinquantenaire rencontrée chez sa mère, les cheveux tirés derrière, voile autour de la tête, "les histoires de 'ndayalé', c'est une grosse perte de nos jours. Imaginez-vous, je donne à la personne concernée, c'est-à-dire 'ndaay-ji', par exemple la somme de 50 000 francs Cfa pour son événement. Mais en retour, lorsque ce sera mon tour, elle me donne le double de la somme que je lui avais offerte".
Aussi, cette femme d'informer: "Par exemple, entre temps, si elle, la 'nday-ji' organise une autre cérémonie, soit un mariage ou un baptême, forcément je dois doubler la somme et même parfois tripler ce qu'elle m'avait donné. Donc, des 100 000 francs Cfa, on passe ainsi à 200 ou 300 000 francs Cfa, et même parfois au-delà. En plus de cela, je dois lui donner des tissus et d'autres cadeaux. C'est une grande perte pour moi. C'est une coutume qui a été dévoyée au point de devenir très mauvaise pour la société Sénégalaise".
'Ndayalé', pesanteur sociale et poids financier
Abondant dans le même sens, une autre dame du nom de Arame Niang, renchérit: "Celle qui te dit que 'mala ndayalé sama doom' (tu es la marraine de ma fille), elle t'as mis un couteau à la gorge. Car c'est t'imposer une épreuve avec des dépenses incommensurables. Car, le jour où cette fille aura un 'xew' (une quelconque cérémonie), c'est sûr que cette femme là, la 'nday-ji donc, va faire des 'téranga' (des largesses) très importants. Et financièrement et matériellement, elle est obligée de se saigner pour être à la hauteur, quitte à se ruiner".
Poursuivant, elle indique : "Si elle avait ramené la somme de 200 000 francs Cfa ou bien 500 000 francs Cfa pour marquer l'acte, en retour, on est dans l'obligation de doubler la somme qu'on doit lui remettre. Non seulement on va donner à boire et à manger à la 'ndey', mais également à toute sa délégation, sans compter le 'téral' (les présents) pour ses griots et ses esclaves (jaam), entre autres. Donc, on doit donner des présents à cette personne et en offrir aussi à toutes les personnes avec qui elle se déplace. Et ce sont des millions parfois que ça coûte".
"Il faut laisser tomber ces histoires de 'ndayalé' et retourner à notre culture"
"Il faut laisser tomber ces histoires de 'ndayalé' et retourner à notre culture. Faire ce que nos arrières grand-mères faisaient avant. C'est-à-dire qu'à l'époque, par exemple, quand un membre de ta famille accouchait, tu lui donnais soit du savon, soit du Omo, soit tu lui préparais de la soupe ou de la bouillie de mil, etc. Mais, maintenant, les affaires de 'ndayalé' prennent de l'ampleur et les traits d'un troc financier. C'est devenu un moyen de dépenser ou de gaspiller de grosses sommes d'argent, et souvent en s'endettant jusqu'au cou", se désole Mme Guèye.
Pour cette quinquagénaire, "ces histoires de 'ndayalé', c'est fatiguer d'abord sa fille, son beau fils et la 'ndey'". "Car, poursuit-elle, pendant la période du Ramadan, la Korité, la Tabaski ou la Tamkharite, il y a toujours un cadeau à offrir, soit à cette 'ndeey' soit à sa belle famille. Et de nos jours, si on ne le fait pas, 'nit yi sik le' (les gens vont te critiquer)".
D'après Imah, une enseignante dans une école de la place, "le 'ndayalé' est bien une réalité dans la société sénégalaise. Car, maintenant, c'est affaire de 'kii moy diiw', mais c'est l'homme qui donne, c'est cette personne qui débloque de l'argent. Et finalement, nous les femmes on souffre. Car, c'est devenu une tendance. Et après, quand la 'ndeey' a un événement quelconque, ton entourage commence à te demander ce que tu comptes donner à la marraine pour préparer les 'teral' (les présents)".
"Nous les femmes, nous subissons tout et nous mettons la main à la poche pour 'sagaal suñu bop' (préserver notre réputation). Moi, j'ai eu un 'ndayalé'. Mais j'avoue que j'ai presque tous les problèmes du monde une fois que ma 'ndeey' a une cérémonie. Car je suis obligée de me saigner pour faire face à toutes les contraintes que cela induit", avoue-t-elle.
"Les 'ndayalé', une affaire de 'yakoy corote', 'ak yay bomb'
Autres lieux, autres réalités, c'est du côté de cette étudiante à la Faseg. Daba Guèye elle se nomme déclare avoir été élevée par sa tante. "Depuis que je me suis mariée, elle m'a clairement fait savoir que j'ai affaire à une 'ndeey' qui débloque, donc je dois me démerder à tout prix et faire le maximum sur tout ce que je dois lui offrir".
Astou, quant à elle explique que sa mère lui a clairement dit : "Du mala ndayaale n'importe qui. Parce que je fais partie d'une bonne famille. J'avais à faire à des 'ñeeno' (des castés) et nous évoluons dans le monde des 'teranga' et du 'defante lu baax' (présents de valeur). Donc, pour être digne de mon rang, même si je dois récupérer mes 'nat' (tontines), je dois tout faire l'impossible pour être à la hauteur et me faire voir".
Coiffeuse de son état, Maty explique pour sa part que, "de nos jours, les réalités sont différentes. Et en disant ça, je fais allusion au proverbe wolof qui dit : 'dërëm ak dërëm ño wara aand' (ceux qui se ressemblent s'assemblent). Personnellement, les affaires de 'ndayalé', j'y tiens. Car, j'ai affaire à une belle famille assez particulière. Et là-bas, nous avons cela dans le sang. Nous y tenons et moi, je vous dis que j'ai déjà plus de trois 'ndey'. Parce qu'il y a des dames qui te disent carrément je suis ta marraine, alors que d'un autre côté, j'avais déjà une marraine. Le problème, c'est que tu ne peux pas dire non quand on te fait un honneur".
PAR BOUBACAR BADJI DE SENEPLUS
VIDEO
50 SAVEURS AMERES DANS LES BOLS DE FRUITS
Des femmes et des jeunes filles, le sourire achalandé prennent des risques pour vendre leurs marchandises
Elles sont devenues très nombreuses á installer leurs étales de fruits le long de la route entre Diamniadio et Thiès. Des femmes et des jeunes filles, le sourire achalandé prennent des risques pour vendre leurs marchandises. Au village nommé 50, certaines d’entre elles nous ont fait goutter à la saveur amère qui se trouve au fond des bols de fruits. Voir la vidéo.
A peine intégrée dans le milieu de l’art, Ndèye Coumba Faye, 25 ans, connue sous le nom de Bineta dans la série ‘’Mokk Pooc’’, se fait déjà un nom. Talentueuse dans l’exercice de sa passion, l’hôtesse d’accueil voit déjà grand et souhaite connaître de véritables succès au théâtre. EnQuête vous la présente.
Elle est l’actrice principale du téléfilm diffusé sur l’une des chaînes de télévision privée sénégalaise ‘’Mokk Pooc’’. Belle nymphe, astucieuse dans cette série, Ndèye Coumba Faye est très timide dans la vraie vie. Loin des caméras, elle est sans chichi et même un peu timorée sur les bords. Celle que les téléspectateurs connaissent sous le pseudo de Bineta est arrivée au théâtre par passion. Rien de plus, rien de moins.
Aujourd’hui, elle connaît ses premiers succès dans le quatrième art après y être restée anonyme pendant longtemps. En underground, elle a commencé par les prestations au sein de l’Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais (Arcots).
‘’C’est en 2011, alors que j’étais en classe de Terminale, que j’ai intégré l’Arcots pour acquérir quelques notions du théâtre que j’aimais bien déjà. A ce moment, j’étais trop timide et j’y étais donc pour vaincre aussi cette timidité’’, se rappelle-t-elle.
Chose à peine réussie, puisque la native de Guédiawaye y est sortie avec connaissances artistiques sûres mais reste quand même toujours un peu timide. ‘’J’ai eu mon premier rôle grâce au comédien Tonton Ada (ndlr l’un des guignols de Jalgati Xibar) qui me proposait un essai. Mais j’avoue que j’arrivais difficilement à interpréter certains rôles’’, se remémore-t-elle. Pourtant, son entourage trouvait qu’elle était faite pour le 4ème art.
A force de suivre des stages au sein de l’Arcots, elle s’est bonifiée. Avec brio, elle a interprété un rôle pour le casting d’une série intitulée ‘’Fifi’’ et elle a été retenue. Mieux, le rôle principal lui a été confié par le réalisateur.
Seulement, ce qu’elle voyait comme son premier grand rôle n’était qu’un mirage. Ndèye Coumba ne sortira de l’anonymat que beaucoup plus tard et grâce à un autre téléfilm. ‘’Fifi n’est toujours pas diffusé mais c’est dans ce tournage que j’ai connu un réalisateur qui, plus tard, m’a mise en rapport avec le promoteur de ‘’Mokk pooc’’.
Ce dernier est, selon elle, un film qui vient à son heure au moment où les divorces sont très récurrents au Sénégal. ‘’Le sens du scénario sensibilise doublement les filles car comme on le montre à travers mon rôle, une jeune fille peut trouver du travail mais n’empêche, comme le veut notre tradition, elle doit s’occuper de son mari. Par contre, ce que l’on remarque en général, c’est que les filles n’accordent pas assez d’importance à la vie de couple’’, dit-elle.
Hors des astuces que lui impose son rôle dans la série, elle est dans l’hôtellerie. D’ailleurs sa silhouette renseigne assez sur sa deuxième profession. Coumba est hôtesse d’accueil. Titulaire d’un BTS en informatique maintenance et d’une licence en communication, elle a dans ses tiroirs des projets d’émission télévisée.
‘’J’ai des émissions en tête que je compte réaliser dans un futur proche. Et si possible allier théâtre et communication. Je veux aussi réaliser un film que je suis en train d’écrire’’, affirme-t-elle.
JEUNES DE SEDHIOU ET DE MATAM A L’ECOLE DE TOSTAN
SEDHIOU- DROITS HUMAINS ET PROSCRIPTION DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
L’Ong Tostan vient de boucler une semaine d’intenses activités de mobilisation sociale et de sensibilisation sur les droits humains et les stratégies de proscription des différentes formes de violences administrées aux femmes et aux filles. Une caravane suivie d’une rencontre inter générationnelle et d’un forum ont été les temps forts de ces journées organisées dans le Nord de la région de Sédhiou.
Les activités ont duré six jours et s’articulaient autour des questions de droits humains et d’éveil des consciences sur les violations faites à l’intégrité physique et morale des filles et des femmes. Le coup d’envoi est donné à Sénoba, par une caravane qui a sillonné 19 localités surtout celles des terroirs du Kabada (Nord de la région de Sédhiou). Tout au long des villages peulh visités, les populations ont spontanément rejoint la caravane et exprimé leur courroux, même si c’est à voix basse par endroit, contre les pratiques traditionnelles jugées néfastes.
Le cinquième jour est consacré à la rencontre inter générationnelle (RIG) à Saré Pathé, avec les jeunes venus du Fouta, dans la région de Matam. Rencontre dont les visées étaient de «capitaliser et d’harmoniser les interventions pour la promotion de l’abandon des pratiques néfastes pour la santé des femmes et des filles». Et, enfin, le sixième jour est consacré à un forum (journées d’échange) à Faoune, toujours sur les stratégies de mutualisation des efforts.
«Cette rencontre d’échange constitue des moments riches en apprentissage ensemble, avec nos frères de Matam. Les facilitateurs du Fouta viennent certes de démarrer leur programme, mais leur engagement donne des gages de certitude dans la suite du temps qui leur reste. Nous avons également beaucoup appris de vous, comme pour confirmer que c’est le rendez-vous du donner et du recevoir».
Pour Bacary Tamba, le coordonnateur régional de Tostan, «cette organisation internationale cherche à promouvoir les conditions des filles et des femmes surtout par rapport aux violences sexuelles à savoir l’excision, les mariages précoces et les viols entre autres».
Ibrahima Boly, assistant coordonnateur Tostan/Matam déclare: «nous avons beaucoup appris lors de ces rencontres d’échange et inversement pour les frères de Sédhiou. Nous sommes à notre troisième mois à Matam et ce que nous avons appris ici nous renforce dans nos pratiques afin de mobiliser les communautés pour la promotion des droits humains».
Oumou Diop, la responsable de la mobilisation sociale à Thiès a, quant à elle, exhorté à l’inscription des enfants à l’école notamment les jeunes filles pour construire un leadership solide, capable de mettre nos jeunes filles sur les rampes de la compétition. Par ailleurs, mais toujours au sujet des droits humains, il a été fait mention, et avec insistance, de l’enregistrement des enfants à la naissance, un droit de plus en plus bafoué dans la région de Sédhiou, à l’image de beaucoup d’autres collectivités locales du Sénégal.
Le dernier acte a été la lecture et la présentation d’un mémorandum au préfet de Bounkiling qui a promis de transmettre à qui de droit. L’on retient du document, en substance: «Nous, jeunes caravaniers, après avoir sillonné les localités du département de Bounkiling, réaffirmons que la pratique de l’excision est une violation des droits humains, causant parfois la mort des victimes. Nos remercions Johnson and Johnson aux côtés de Tostan pour son engagement pour la promotion des droits humains (…). Nous demandons aux autorités administratives et locales d’inscrire l’abandon de l’excision dans leur plan d’action et leur budget local».
IL Y A AU MOINS 400 NOUVEAUX CAS DE FISTULES PAR AN
Docteur Issa Labou, chirurgien urologue a l’hôpital général de grand yoff
La fistule obstétricale est une maladie peu connue aux conséquences dramatiques. Docteur Issa Labou, chirurgien urologue à l’hôpital général de Grand Yoff, revient dans cet entretien sur l’état de la maladie au Sénégal, ses conséquences et le combat pour en venir à bout.
La fistule est une maladie qui peut avoir des conséquences désastreuses. Qu’est-ce qui en est la cause principale ?
La cause de la fistule, c’est la pauvreté. Dans les villages où l’accès aux soins est difficile, c’est là où la proportion est assez importante de femmes atteintes. Elle est généralement causée par un travail prolongé et difficile, parfois de plusieurs jours, sans intervention obstétrique pratiquée en temps voulu. Durant ce travail prolongé, les tissus mous du bassin sont compressés contre la tête descendante du bébé et l'os pelvien de la mère.
Le manque d'écoulement de sang entraîne la mort des tissus, qui crée une fistule ou trou entre le vagin et la vessie de la mère, ou entre le rectum, ou les deux. Le résultat est une fuite chronique d'urine et/ou de matières fécales.
Au-delà d’être une maladie des pauvres, la fistule appauvrit également ses victimes. La patiente s’appauvrit davantage, parce qu’étant isolée de la société. Elle ne peut plus avoir les maigres ressources que lui rapportait son travail.
Quels sont les différents types de fistules ?
Outre les fistules obstétricales, il y a des fistules rabiques. Ce sont des fistules qui surviennent chez des personnes qui sont porteuses de cancer et qui subissent la radiothérapie.
Donc secondairement, cette radiothérapie peut créer une fistule. Le cancer lui-même, que ça soit celui de vessie ou le cancer du col de l’utérus, son évolution peut être émaillée de complications dont la communication anormale entre les voies génitales et les voies urinaires, occasionnant les fistules cancéreuses. Il peut y avoir aussi des fistules iatrogènes qui sont causées par la chirurgie.
Certains types de chirurgie au niveau du petit bassin chez la femme peuvent occasionner des fistules. Mais les fistules pour lesquelles il y a une mobilisation mondiale, c’est la fistule obstétricale.
Une fistule qui est secondaire à des accouchements difficiles qu’on appelle des accouchements dystociques et qui entraîne cette communication anormale entre les voies urinaires et des voies génitales ou parfois même entre les voies génitales et les voies digestives. C’est à dire les fistules recto-vaginales.
Combien de femmes sont touchées par cette fistule obstétricale au Sénégal ?
Il est difficile de donner aujourd’hui un chiffre exact. Mais des estimations ont été faites et on considère qu’il y a au moins 400 nouveaux cas de fistule par an au Sénégal. C’est juste des estimations, parce qu’une étude exhaustive n’a pas été faite pour qu’on puisse donner des chiffres exacts.
Y-a-t-il d’autres maladies qui découlent de la fistule ?
Oui. Il peut y avoir d’autres complications, si la fistule évolue. On a vu des femmes qui sont porteuses de fistules, depuis plusieurs années; comme elles sont assez pauvres pour se prendre en charge correctement, elles ne font que des couches de fortune. Et ces couches de fortune avec les urines qui s’écoulent vont irriter la peau, et ça donne souvent des lésions au niveau des parties génitales qui sont extrêmement douloureuses.
Il peut y avoir des infections à répétions, parce que, quand on a une fistule, communication entre la partie génitale, la partie urinaire et ou la partie digestive, les matières fécales peuvent passer par la partie vaginale. Cela peut donner aussi des infections qui peuvent être souvent fatales. Il peut y avoir aussi, chez d’autres, des complications où ce sont des pierres qui se forment dans les voies naturelles ou dans les voies génitales.
C’est ce qu’on appelle des calculs. C’est un impact qui doit être pris en charge, parce que plus tard, ça peut créer d’autres problèmes. D’autres, en fonction des lésions, peuvent même avoir une insuffisance rénale, parce qu’elles ont parfois des obstructions des voies urinaires qui entrainent des lésions.
Est-ce qu’il y a des conséquences sur le plan social ?
Elles sont énormes. D’abord, il y a le handicap. Parce que quand on ne peut pas contrôler ses urines et qu’elles s’écoulent en permanence, c’est un handicap. L’odeur urineuse de l’adulte est assez forte, ce qui fait que les femmes atteintes de fistule ne peuvent pas rester au sein de la société. Il y a aussi un handicap social parce que la plupart de ces femmes ont été abandonnées par leur mari ou par leur propre famille. Elles sont isolées du reste de la famille.
Ensuite, il y a un handicap psychologique. Quand on est isolé, stigmatisé, ça peut donner des conséquences psychologiques qui peuvent aller de la dépression parfois au suicide. Donc, les conséquences sont énormes et ces femmes ne peuvent plus avoir une maternité normale. Elles ne connaissent plus la vie de couple.
Autrement dit, une femme atteinte de fistule ne peut donner naissance ?
Il peut arriver que des femmes porteuses de fistules et qui sont encore dans la vie conjugale fassent encore des grossesses. Il y a des femmes qu’on opère dans beaucoup de pays et qui arrivent à tomber enceinte. Mais la plupart du temps, avec l’abandon de la femme par son mari, la maternité est exclue.
Existe-t-il au Sénégal une politique de prise en charge des fistuleuses ?
Oui ! Il y a une politique gouvernementale qui a été élaborée, depuis plusieurs années, que d’ailleurs notre service est en train de piloter. Le traitement est entièrement gratuit. C’est de concert avec beaucoup d’Organisations non gouvernementales qui nous aident dans la sensibilisation, le dépistage, l’identification des femmes et l’orientation vers les centres de traitement.
Ensuite, il y a des bailleurs de fonds qui, depuis plusieurs années, financent la prise en charge chirurgicale, la réinsertion sociale, mais aussi le volet prévention. Donc, le traitement est gratuit et accessible à tous. C’est juste un problème d’information pour certains. La fistule guérit avec la chirurgie, il faut que les gens le sachent. Elle guérit si on la prend en charge correctement.
Hormis la prise en charge médicale, que faites-vous pour aider ces femmes vivantes avec la maladie ?
C’est tout l’objet de la politique actuelle du gouvernement. La prise en charge n’est pas seulement chirurgicale. On opère les femmes, mais, il faut les aider à se réinsérer socialement ; d’abord dans le tissu conjugal, familial et ensuite dans la société. Il y a des formations qui ont été faites. D’ailleurs, il y a quelques mois, une formation a été organisée ici pour les femmes dans un nouveau centre qu’on va bientôt ouvrir.
Il est déjà officiellement inauguré, mais il reste juste quelques détails à régler. C’est un centre fonctionnel où les femmes vont être accueillies et vont être formées pour des activités génératrices de revenus et un financement s’ensuit. Aujourd’hui, plusieurs femmes ont été formées en gestion et activités professionnelles. Elles ont des activités génératrices de revenus.
Donc la prise en charge est aussi sociale et économique pour donner à ces femmes la possibilité de se prendre en charge ultérieurement. Parce que la fistule obstétricale, le soubassement, c’est la pauvreté. Les femmes nanties n’ont jamais presque de fistules pour lesquelles on parle d’obstétricale, parce qu’elles peuvent se prendre en charge.