Nouvelle secrétaire générale de la Fédération internationale de football (Fifa), la Sénégalaise Fatma Samoura veut "aider le football à retrouver son image, écornée par les scandales", a-t-elle expliqué samedi à l'AFP, dans un entretien téléphonique depuis Abuja, au Nigeria.
"La Fifa, ce sont les Nations Unies du football et j'apporte mes 21 ans d'expérience dans le privé et à l'ONU en termes de bonne gouvernance et de transparence et d'obligation de rendre compte, aussi bien au niveau des fédérations qu'à celui de la Fifa", a poursuivi Mme Samoura, présente à Abuja en tant que représentante du PNUD, le Programme des Nations unies pour le développement.
"Mon but, c'est de soutenir le programme du président Gianni (Infantino, NDLR), que le foot retrouve son image, écornée par les scandales. Et à ceux qui parlent de mon manque d'expérience, je leur dis de me laisser le temps de faire mes preuves", a-t-elle insisté auprès de l'AFP, en pleine préparation du sommet sur la sécurité d'Abuja, organisé pour tenter de mettre fin à l'insurrection islamiste de Boko Haram.
Doivent notamment participer à ce sommet, le président français François Hollande -qui doit rencontrer son homologue nigérian Muhammadu Buhari dans la matinée-, Antony Blinken, le secrétaire d'Etat américain adjoint, ainsi que le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond.
"Il faut faire en sorte que le football redevienne ce qu'il doit être, c'est-à-dire le sport le plus populaire, qui surmonte les clivages sociaux", a plaidé Mme Samoura, en s'interrompant quelques minutes dans sa préparation du discours du représentant du secrétaire général de l'ONU.
"Gianni m'a parlé de diversité, de sa volonté de rassembler tout le football, qui n'est pas uniquement un sport d'hommes. Et je vais notamment essayer d'apporter un plus grand soutien au foot féminin", a-t-elle conclu.
PARITÉ : LES RETOMBÉES BÉNÉFICIERONT AUX GÉNÉRATIONS FUTURES
Dakar, 13 mai (APS) - Les retombées de la parité instituée au Sénégal en 2010 vont bénéficier aux générations futures, a estimé vendredi Marie Delphine Ndiaye, ancienne présidente de l’Association des juristes sénégalaises (AJS).
‘’Je ne déchante pas et ne me décourage pas, car il est certain que la parité, c’est pour les prochaines générations’’, a-t-elle confié dans un entretien exclusif avec l’APS.
Même si l’application de la loi sur la parité est encore très limitée au moment de l’installation des commissions et des bureaux au sein des instances électives et semi-électives, Marie Delphine Ndiaye n’en est pas pour autant pessimiste. Elle reconnaît plutôt qu’un grand pas a été franchi.
A la veille de la date anniversaire du vote de la loi, intervenu le 14 mai 2010, la juriste reste convaincue que les changements de mentalité sont précédés et accompagnés de volonté politique forte et affichée.
‘’Il y a un recul au niveau du Conseil économique, social et environnemental. On était à 42 membres, ce qui était une grande avancée, mais on a enregistré un bon en arrière, du fait d’une mauvaise compréhension et interprétation de la loi’’, a-t-elle analysé.
La juriste recommande un élargissement au sens de la loi qui, dans son décret d’application (2011), cite nommément les commissions et bureaux des collectivités locales, de l’Assemblée nationale, du Conseil économique, social et environnemental (CESE) où la parité s’applique de fait.
‘’Lors des dernières locales, la loi a été violée, et malgré la décision rendue par la Cour suprême en faveur des requérantes, aucune commune n’a repris l’élection des bureaux et des commissions hors la loi’’, s’est-elle désolée.
Elle en appelle à plus de dialogue et de concertation, mais surtout à une meilleure interprétation de la loi par les autorités.
Dakar, 13 mai (APS) - L’ancienne députée non inscrite Me Ndèye Fatou Touré estime que, contrairement à une opinion répandue, la représentation des femmes à l’Assemblée nationale n’est pas moins positive que celle des hommes.
‘’De manière générale, la représentation des femmes n’est pas aussi négative que celle des hommes’’, a-t-elle dit, soulignant qu’elles ont mené des revendications d’ordre social ou portant sur la santé, les infrastructures, plus ardues par rapport à leurs collègues hommes.
Me Touré a apprécié le rôle joué par les femmes de la 11-ème législature (2007- 2012), à l’Assemblée nationale sénégalaise. En tant que porteuses d’actions, il y a beaucoup à dire sur le travail qu’elles ont abattu, a-t-elle confié dans un entretien avec l’APS.
‘’Contrairement à l’opinion répandue, elles ne sont pas nulles et analphabètes. Elles sont des leaders et capitalisent une expérience communautaire très intéressante. Par conséquent, elles peuvent porter valablement la voix des femmes’’, a-t-elle dit.
Toutefois, elle reconnaît qu’il reste beaucoup à faire pour approfondir et renforcer la parité. Elle recommande également de faire preuve d’une extrême vigilance pour ne pas tomber dans les travers de la loi.
L’avocate à la cour préconise la mobilisation, la formation et la sensibilisation des femmes à la base pour les mettre en position d’éligibilité.
‘’Ce défi n’est pas encore relevé et, pour y arriver, nous devons maintenir le même niveau de mobilisation de l’ensemble du mouvement féminin qu’avant le vote de la loi’’, a-t-elle affirmé, regrettant que la synergie d’action qu’il y avait naguère soit retombée.
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LA SÉNÉGALAISE FATMA SAMOURA NOUVELLE SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE LA FIFA
La Sénégalaise Fatma Samoura, diplomate aux Nations Unies, a été nommée vendredi secrétaire générale de la Fifa, devenant la première femme à occuper ce poste au sein d'une fédération secouée depuis plus d'un an par le plus vaste scandale de corruption de son histoire.
A l'ONU depuis 21 ans, Mme Samoura, 54 ans, qui a occupé différents postes dans plusieurs pays d'Afrique, a été nommée lors du 66e congrès de la Fifa qui se tient à Mexico.
La nomination de Mme Samoura qui prendra son poste à la mi-juin "après un contrôle d'éligibilité", a été annoncée par le nouveau président de la Fifa, Gianni Infantino, élu en février dernier pour succéder à Sepp Blatter, suspendu.
Mme Samoura, qui n'a jusqu'à maintenant aucune expérience des organisations sportives est "dotée d'une grande personnalité. Elle a l'habitude de gérer de grandes organisations et des budgets importants", a ajouté M. Infantino à Mexico où se tient un congrès de la Fifa.
"Elle va apporter un vent nouveau à la Fifa, elle vient de l'extérieur. Ce n'est pas quelqu'un du passé mais c'est quelqu'un de nouveau", a ajouté l'Italo-Suisse.
Mme Samoura succédera au Français Jérôme Valcke, licencié puis suspendu 12 ans par la Fifa notamment pour son implication dans un trafic de billets pour le Mondial-2014 au Brésil.
C'est l'Allemand Markus Kattner, directeur financier, qui assure depuis lors l'intérim.
"GROSSIFESSE"
En Côte d'Ivoire, mille et une techniques pour se grossir les fesses
Joris Fioriti & Sia Kambou |
Publication 12/05/2016
Abidjan, 12 mai 2016 (AFP) - Elles prennent du "grossifesse", onguent miracle au nom révélateur ou se couvrent le derrière de gaines "push-ups" : en Côte d'Ivoire, où "big is beautiful", les femmes rivalisent d'ingéniosité pour élargir leurs formes.
La filiforme Kate Moss et ses égéries n'ont jamais eu la cote à Abidjan.
"En Côte d'Ivoire, pour être belle, il faut avoir un beau bassin", observe Sarah, une commerçante de 34 ans. "Les hommes préfèrent les femmes un peu fessues".
Car les rondeurs sont signe d'opulence et de "bonne santé", explique le politologue Jean Alabro. Elles sont aussi gages de "maternités glorieuses", dont "les fesses sont le siège", poursuit-il.
Tous les artifices semblent donc permis pour épanouir son séant.
Evelyne est vendeuse de "grossifesse", autrement appelé "botcho crème" dans le marché de Treichville, le plus important de la capitale économique ivoirienne. En nouchi, la langue de la rue, "botcho" signifie "vaste arrière-train".
Cet onguent, produit à base d'"huile de foie de morue", de "miel" ou encore de "beurre de karité", selon sa notice, connaît un succès inégalé. "C'est ma meilleure vente", affirme Evelyne, devant la crème "jolis seins" et la pommade "bazooka", qui sert à "affermir et grossir les membres" des hommes.
Des dizaines de pots s'arrachent chaque jour, à 15.000 ou 25.000 francs CFA (23 ou 38 euros) l'unité, poursuit-elle. Une fortune en Côte d'Ivoire. Dans son petit kiosque, deux gros cartons destinés au marché ghanéen voisin attendent d'être emportés.
- Résultats 'garantis' -
Les résultats sont "garantis au bout de 30 jours" et durent, lance Evelyne,"il n'y a pas une seule cliente qui s'est plainte". "C'est pas comme les comprimés, qui te font gonfler, et ensuite tu perds", ajoute-t-elle.
Des médicaments "élargissants" vendus dans un packaging plus professionnel-la plupart venant de pays anglophones, notamment du Nigeria- sont également proposés aux clientes à Treichville.
Souvent à base de corticoïdes, ils génèrent diabète, hypertension ou infections, pouvant aller jusqu'au coma, met en garde le Pr Fatima Ly, dermatologue-vénérologue à Dakar.
Dans la capitale sénégalaise, ces médicaments, souvent faux, créent un"énorme" problème de santé publique qui affecte des milliers de personnes chaque année, s'alarme-t-elle.
Moins lourdes de conséquences: les "fausses fesses", sortes de culottes rembourrées, que tâte Christine à Abidjan. "C'est pour ma fille", explique cette retraitée de 56 ans.
"Moi, j'ai déjà beaucoup de derrière, c'est lourd à porter", plaisante cette dame en robe jaune, qui refuse de communiquer son nom de famille mais assure préférer le "naturel" à l'"artificiel". "Ce que Dieu donne, il faut garder", dit-il.
Apparus il y a cinq ans, ces compléments fessiers se vendent comme des petits pains, à 9.000 FCFA (13,7 euros) l'unité, se réjouit Kader Camara, le propriétaire du magasin.
"Avant, on n'avait pas ce genre d'articles. C'était un secret de femmes qui, pour aller danser, se cousaient plusieurs pagnes" afin de gonfler leur derrière, raconte-t-il.
Les insatisfaites de leurs cuisses se voient aussi proposer des rembourrages grossissant le haut des jambes, appelés "pistolets", poursuit le commerçant qui, pour expliquer ce terme, mime le geste d'un cow-boy, les bras le long du corps et rangeant ses révolvers.
- Aromates -
Autre technique d'élargissement, le bouillon cube Maggi, omniprésent dans la cuisine africaine, se verrait détourné de son usage alimentaire...
"J'ai une amie d'amie qui en prenait sous forme de suppositoire pour faire grossir ses fesses", assure Francine, jeune trentenaire. Cette pratique, apparue en RD Congo, a même donné lieu à une chanson dans ce pays. Les femmes"pensent que comme c'est gras, ça va leur faire prendre du volume", observe-t-elle.
"Le bouillon doit être utilisé pour la cuisine", commente sobrement Peggy Diby, communicante pour Nestlé/Maggi en Afrique de l'ouest, qui s'interroge sur la "véracité" de cette pratique.
Pour les plus argentées, reste la solution bistouri, qui passe par une opération hors de Côte d'Ivoire.
Le chirurgien plastique parisien Robin Mookherjee, qui vient chaque mois à Dakar, indique avoir vu passer "des centaines de patientes" ouest-africaines, notamment ivoiriennes, influencées selon lui par la culture négro-latino-américaine. Il cite aussi le cas de Maliennes venues le consulter depuis Tombouctou à la première occasion, dès que les combats ont cessé dans leur pays.
Autant de femmes prêtes à payer 3 à 4.000 euros pour se faire"lipo-injecter" dans les fesses leur propre graisse, prélevée dans leur ventre ou leurs bras.
PAR MIMI TOURÉ
IDY, LAISSE TOMBER
L'ancien Premier ministre réagit à la proposition de création d'un conseil suprême de la république - "Votre proposition sied davantage aux pays sortis de guerre..."
SenePlus, vous propose, ci-dessous, l'intégralité de la lettre que l'ancien Premier ministre Mimi Touré a adressée à Idrissa Seck, le leader de Rewmi.
Monsieur le Premier Ministre,
Il y'a quelques mois je vous suggérais d'inscrire davantage votre démarche politique dans le registre des idées, je constate pour vous encourager à rester sur cette voie que votre texte est un bon début car c'est bien là que nos concitoyens attendent les hommes et femmes politiques qui ont l'ambition de les diriger. Le débat d'idées et la civilité entre les acteurs publics encouragent nos compatriotes de valeur, les jeunes, les femmes et autres détenteurs de savoirs et d'expériences utiles à s'engager dans la vie publique. Et de toute évidence, c'est le Sénégal qui en gagnerait.
Monsieur le Premier Ministre,
Pour en venir à votre proposition faisant suite à l'appel au dialogue du Président de la République Macky Sall, une rapide recherche documentaire permet de constater que votre "conseil suprême de la république" par les objectifs et les domaines d'interventions que vous lui fixez ressemble comme un frère jumeau aux organes de transition qui ont existé dans les pays africains sortis de guerre. Dans ces cas de conflits majeurs, les institutions républicaines déjà frêles et fragiles au départ ont été emportées aux premiers crépitements des mitrailleuses, laissant ainsi place à un "no man's land" institutionnel et à la loi du Talion. Pour rétablir un minimum de légalité institutionnelle, des organes consensuels rassemblant toutes les forces vives de ces pays ont été mis en place de manière transitoire sous l'égide du Conseil de Sécurité des Nations Unies avec pour objectif principal de reconstruire les institutions, préparer des élections libres et revenir à un Etat de droit normal. Ce fut le cas récemment dans tous les pays en guerre ou en conflit. De l'Iraq à la Libye, de la Sierra Leone à la Centrafrique, le schéma est le même, seules les dénominations des organes de transitions changent.
Monsieur le Premier Ministre,
Par la grâce de Dieu, notre pays est bien loin de ce triste tableau, nous n'avons jamais connu ni guerre ni coup d'Etat ! Depuis 1960, date de notre accession à la souveraineté internationale, nos institutions ne cessent de se renforcer et sans complexe nous pouvons tous être fiers de notre architecture institutionnelle et de notre système démocratique qui a encore fait la preuve de son efficacité le 20 mars dernier lors du référendum où le peuple s'est prononcé à 62,64% pour les avancées démocratiques proposées par le Président Macky Sall.
La construction d'institutions démocratiques fortes est bien évidemment une œuvre en perpétuelle progression, c'est pourquoi, Monsieur le Premier, il est important d'instaurer un dialogue politique permanent souhaité par la grande majorité de nos compatriotes qui sont résolument pour la paix des ménages politiques. Mais pour que les fruits tiennent la promesse des fleurs, les règles du dialogue doivent être sainement établies: ce dialogue ne doit s'inscrire que dans le cadre du respect des compétences et missions des différentes Institutions de la République. Il faut remarquer, Monsieur le Premier Ministre, que de nombreux membres listés dans votre "conseil suprême de la république" sont déjà au niveau du Conseil Economique, Social et Environnemental dont la vocation comme vous le savez est justement de donner des avis sur les questions essentielles pour la nation, le Haut Conseil des Collectivités Territoriales viendra compléter notre dispositif consultatif en amenant la voix des populations de nos terroirs, le Conseil Constitutionnel dont les missions ont été élargies veillera à la constitutionnalité des actes judiciaires et le Haut Conseil du Dialogue Social favorise une concertation permanente avec les syndicats.
C'est dire, Monsieur le Premier Ministre, que les cadres de consultation et de concertation ne manquent point et par conséquent, le Président de la République ne peut se tromper seul, comme vous le dites. En sus de ses conseillers et de son Gouvernement, il dispose de solides outils d'aide à la décision.
Pour conclure, Monsieur le premier Ministre, il faut rappeler que tout modèle démocratique est perfectible, les Etats Unis et la Suisse que vous citez sont de grandes démocraties certes mais ces deux pays essaient régulièrement de balayer devant leur porte, les Etats Unis essayent de fermer la base militaire décriée de Guantanamo et la Suisse essaye d'améliorer son système bancaire opaque qui a favorisé pendant longtemps l'arrivée de capitaux d'origine douteuse. A l'instar des autres grandes démocraties le Sénégal fait son bonhomme de chemin. Sans complexe ni grosse tête, c'est aux acteurs politiques, majorité comme opposition, de travailler à léguer aux générations futures un système démocratique encore plus solide ancré dans nos valeurs culturelles de paix, de dialogue et de tolérance. C'est le souhait du Président Macky Sall et le sens de son appel au dialogue.
Courtoisement à vous
Aminata Touré
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LEADERSHIP FÉMININ
EXCLUSIF SENEPLUS - Place de la femme sénégalaise dans l'économie du pays selon la ministre en charge de la Promotion des investissements, Khoudia Mbaye - SANS DÉTOUR (Partie 5/5)
(SenePlus.Com, Dakar) -Pour cette cinquième et dernière partie de Sans Détour, la ministre en charge de la Promotion des investissements, Khoudia Mbaye, discute avec Saphie Ly, Mody Niang et Momar Seyni Ndiaye de la place de la femme sénégalaise dans l'économie du pays. Que faut-il faire pour faire émerger des leaders femmes dans le monde des affaires ?
Cliquez sur SENEPLUS pour voir les quatres premières parties
MACKY PARLE DE TRANSPARENCE SYNDICALE
Alors qu'il est interpelé sur la transparence de son gouvernement, le président s'intéresse à celle des autres - Le communiqué intégral du Conseil des ministres d'aujourd'hui avec les nominatioins
SenePlus, vous propose ci-dessous l'intégralité du communiqué du Conseil des ministres de ce jour.
Le Président Macky SALL a réuni le Conseil des Ministres, ce mercredi 4 mai 2016, à 10 heures, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Président de la République rappelle aux membres du Conseil, l’intérêt particulier qu’il accorde à l’art et à la culture et réitère ses vœux de succès à la 12ème édition de la biennale de l’art africain contemporain dont il a procédé à l’ouverture officielle le 3 mai 2016, à Dakar.
Revenant sur la célébration de la fête internationale du travail, le Chef de l’Etat renouvelle ses félicitations et ses encouragements à l’ensemble des travailleurs du Sénégal, pour leur contribution remarquable au développement national et au bien-être des populations. Il adresse également ses félicitations au Ministre du travail, à ses services, et au Haut Conseil du Dialogue social, pour les efforts louables consentis en matière de prévention des conflits et de médiation.
Le Président de la République souligne dans ce cadre, l’impératif de la modernisation des instruments de pilotage du dialogue social et de la transparence dans la gouvernance syndicale, à travers l’organisation d’élections générales de représentativité. Il en appelle à l’engagement patriotique de tous les partenaires sociaux, en vue de parvenir à un climat social durablement apaisé, propice à l’épanouissement d’une économie forte, compétitive, créatrice d’emplois et de progrès social partagé.
Dès lors, le Chef de l’Etat invite le Premier Ministre à accorder une attention particulière à la mise en œuvre intégrale du plan d’actions du Pacte de Stabilité sociale et d’Emergence économique, à la préparation de la deuxième conférence sociale qui porte sur la rénovation et la modernisation du système national de retraite. Il lui demande également de veiller à une meilleure organisation des relations administratives, juridiques et financières entre l’Etat et les Institutions sociales que sont l’IPRES et la Caisse de Sécurité Sociale, et à l’actualisation de leurs statuts, pour être conformes aux réalités nationales et aux standards internationaux en la matière.
Abordant l’insertion socio-économique des jeunes et des femmes et la création d’emplois décents, le Président de la République invite le Premier Ministre :
d’une part, à mettre en œuvre, en relation avec les structures publiques dédiées et le secteur privé, les opportunités d’emploi, induites par les nouvelles dispositions du Code du travail, relatives aux stages et aux apprentissages,
et d’autre part, à développer l’entreprenariat des jeunes et des femmes, à travers les dispositifs d’accompagnement et de financement des projets, notamment dans les secteurs innovants tels que le numérique ou à haute intensité de main d’œuvre comme l’agrobusiness, l’élevage, la pêche, les bâtiments et travaux publics.
Le Président de la République a clos sa communication sur son agenda diplomatique et le suivi de la coopération.
Le Premier Ministre a axé sa communication autour de la politique de renouveau urbain avec la deuxième génération de projets présidentiels au pôle urbain de Diamniadio, avant de rendre compte de la coordination de l’activité gouvernementale.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait le point de la situation sous régionale, africaine et internationale.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a rendu compte des préparatifs de la campagne agricole 2016 - 2017.
Le Ministre auprès du Président de la République, chargé du suivi du PSE a rendu compte de l’état d’avancement des projets et réformes.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le conseil a adopté :
le projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier l’accord entre le Gouvernement de la République du Sénégal et le Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique concernant la coopération en matière de défense, le statut des forces des Etats-Unis et l’accès aux installations et zones convenues ainsi que leur utilisation en République du Sénégal, signé à Dakar le 02 mai 2016 ;
le projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier la Convention multilatérale de l’OCDE et du Conseil de l’Europe concernant l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale, signée le 25 janvier 1988 à Strasbourg.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Khaly Adama NDOUR, Conseiller des Affaires étrangères principal, précédemment Ambassadeur de la République du Sénégal en Pologne, est nommé Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de Son Excellence Monsieur John Dramai MAHAMA, Président de la République du Ghana, en remplacement de Monsieur Chérif Oumar DIAGNE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Ousmane PAYE, diplômé en Economie et Relations internationales, Ambassadeur du Sénégal au Canada, est nommé, cumulativement avec ses fonctions, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de Son Excellence Raùl CASTRO RUZ, Président de la République de Cuba, avec résidence à Ottawa ;
Monsieur Youssoupha DIALLO, Inspecteur principal de la Coopération de classe exceptionnelle, est nommé Président du Conseil d’Administration de SUNEOR.
Monsieur Papa DIENG, Ingénieur, est nommé Directeur général de SUNEOR.
"J'AI VU DES FEMMES QUI S'ÉTAIENT MARIÉES QUATRE FOIS ET DONT LE QUATRIÈME A ÉTÉ LE PREMIER"
Dr Fatou Binetou Dial, Sociologue au laboratoire d'anthropologie culturelle de l'Ifan
Sociologue au laboratoire d'anthropologie culturelle de l'Ifan, Dr Fatou Binetou Dial, qui a publié il y a dix ans l'ouvrage "Le Divorce à Dakar", en tant que chercheur, ne donne pas beaucoup d'importance à ces faits divers qui relèvent de gouttes d'eau qui font déborder le vase. Elle diagnostique dans cet entretien les causes profondes des ruptures de mariage.
L'As : Qu'est ce qui pousse, selon vous, certains maris à répudier leurs épouses pour des raisons aussi incongrues qu'un poisson qui manque dans un repas, une chanson fredonnée, un oui ou un non à un référendum… ?
Dr Fatou Binetou Dial : Je ne sais pas par quel bout commencer… Ce que l'on peut d'emblée dire, c'est que le mariage dans la société sénégalaise est une règle sociale très forte. Toutes les femmes et tous les hommes finissent par se marier. Pour montrer combien le mariage est fondamental, un rite de passage à l'âge adulte, il faut regarder les données démographiques, par exemple l'enquête démographique de 1997 disait qu'à 50 ans, une femme sur mille n'était pas mariée. C'est vraiment pour montrer l'ampleur de l'institution matrimoniale au Sénégal et la place prépondérante qu'elle occupe. On dit aussi que si la femme préserve son sexe et se marie, elle rentre au Paradis. Les prières d'une femme célibataire et d'une femme mariée n'ont pas la même valeur. D'ailleurs, les marqueurs sont la scolarisation, le premier emploi, l'entrée en union et l'autonomie résidentielle.
A côté du mariage, il y a le divorce. Et la société sénégalaise est musulmane à 95%. L'Islam autorise la répudiation et le remariage, mais ne dit pas combien de fois une femme ou un homme peut se marier. C'est la porte ouverte pour une trajectoire matrimoniale complexe. De plus, chez les hommes, il y a la possibilité de se remarier sans rompre l'union précédente, c'est la polygynie. On utilise le terme global de polygamie, mais la polygamie, c'est l'union d'une personne avec plusieurs personnes. La forme de polygamie pratiquée au Sénégal, est la polygynie. Elle permet aux hommes de contracter plusieurs mariages en même temps, alors que la femme n'a pas cette possibilité. Le divorce joue le même rôle pour les femmes, que la polygamie chez les hommes. Il permet aux femmes de sortir d'une union, de rentrer dans une autre. Soit, pour la première, elle n'avait pas satisfaction ou c'est une décision des parents, ou elle s'est rendu compte qu'elle a d'autres ambitions et en rompant une union, elle a la possibilité d'aller ailleurs, qui puisse répondre plus amplement à ses aspirations amoureuses, économiques.
"Le referendum et autres, c'est la goute d'eau qui fait déborder le vase"
Pour en venir à votre question, je dois vous répondre que la polygamie des hommes est souvent un divorce qui ne dit pas son nom. Parce que, selon nos enquêtes, quand un homme épouse une autre, les troisièmes épouses sont les chasseuses de femmes. Donc, quand un mari contracte une autre union et qu'il n'a pas envie d'aller au tribunal, de saisir la juridiction pour rompre l'union, il peut simplement se remarier ailleurs et, du coup, la femme peut analyser cela comme un divorce qui ne dit pas son nom. Il y a un soubassement derrière un motif aussi léger qu'une chanson fredonnée, un poisson qui manque… Permettez-moi de ne pas donner beaucoup d'importance à ces exemples, qui relèvent de faits divers. Avec les médias, les faits divers ont une importance capitale dans notre univers social. Je n'y porte pas vraiment beaucoup d'importance, parce que je ne les ai pas vérifiés. Pour moi, ce ne sont pas des résultats de recherches et je ne peux pas me prononcer sur ces choses. Tout ce que je peux dire, c'est que derrière une répudiation, il y a toujours un motif qui est porté au public et un autre qui est la quintessence de la rupture conjugale. Le référendum et autres, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Il y a eu des soucis antérieurs et on cherche la petite bête. A la moindre occasion, la rupture est prononcée j'aimerai revenir sur la répudiation.
L'Islam a beaucoup influencé le Code la famille. Il y a eu l'établissement du Code de la famille en 1972. Depuis cette année, la loi interdit la répudiation. Au moment où nous sommes en train de faire cet entretien, des femmes se font répudier à Tambacounda, Ziguinchor, ici à Dakar. La délicatesse de la rupture conjugale, c'est qu'elle renferme en elle des pratiques multiformes. Si vous allez en Europe, quand on parle de rupture conjugale, tout de suite on s'adresse à la juridiction. Alors qu'ici au Sénégal, il y a la rupture qui est prononcée devant deux témoins adultes, le divorce qui doit être judiciaire… Nous sommes à cheval sur le coutumier, l'Islam, et le Code de la famille, inspiré du Code napoléonien. C'est tellement alambiqué. J'ai mené mes travaux plus avec les femmes qu'avec les hommes, parce que, d'une part, quand on identifie un couple séparé à une étape donnée, la population de divorcés est mobile. Marié, on s'installe quelque part et on bouge quand il y a rupture. J'ai vu dans mes recherches que les femmes peuvent provoquer des ruptures conjugales, si elles ne veulent plus de l'union ; elles peuvent faire porter le chapeau à l'homme. Il y a des stratégies que les femmes mettent en place pour entrer en union ; comme pour sortir.
IL ARRIVE QU'IL Y AIT DES REGRETS…
Justement, c'est la deuxième question, est-ce qu'en général, les hommes ne regrettent pas ces réactions impulsives ?
J'ai retracé la trajectoire matrimoniale de plusieurs femmes, dans une enquête démographique où je mets à côté l'âge, l'entrée en union, la sortie d'union, l'arrivée d'un enfant, le remariage. Et donc, j'ai l'histoire biographique de plusieurs hommes et femmes. Cela m'a permis de comprendre par exemple qu'homme et femme ne sont pas sur le même registre quand on parle de mariage et de divorce. Il y a aussi le fait que la femme peut prendre des initiatives. Avec les boutiques de droit, les médias, la femme a la prérogative de demander le divorce et de l'obtenir. Mais nos sociétés condamnent ces femmes-là. Nos sociétés ne veulent pas que le privé soit dans les sphères publiques. Elles s'en cachent, elles peuvent entamer une procédure judiciaire qui est longue, lente, lassante, c'est le parcours du combattant. J'ai vu des femmes qui ont passé plus d'une dizaine d'années à courir derrière un prononcé du divorce, alors qu'au même moment, l'homme s'est remarié. Autant on essaie de canaliser la vie des femmes, autant les hommes ont la possibilité de mener leur vie comme ils l'entendent.
"Elles disent que si c’était a refaire, elles seraient restées avec le premier"
Pour parler des regrets, il y a des femmes qui m'ont dit qu'elles s'étaient mariées à un âge où elles n'étaient pas vraiment mûres et pour moins que ça, elles ont demandé le divorce et sont reparties chez leurs parents pour attendre un autre mari. Avec le temps, si je les retrouve à 60 ans, qu'elles s'étaient mariées à 17 ans, ont divorcé au bout d'un an ou deux de mariage, elles disent que si c'était à refaire, elles seraient restées avec le premier. Xelu xale la woon (péché de jeunesse). Cerise sur le gâteau, j'ai vu des femmes qui s'étaient mariées quatre fois et dont le quatrième a été le premier. En fait, toujours d'après les enquêtes démographiques, les enfants ont été des intermédiaires, elles chassent les maris et demandent à leurs pères de revenir. On dit que si la femme refuse, cela peut porter malheur aux enfants. Souvent, les enfants n'aiment pas voir leur mère avec un autre homme. J'ai l'histoire d'un fils aîné qui a menacé le mari de sa mère avec une hache, lui disant qu'il ne pouvait pas passer la nuit dans la chambre qu'ils occupaient. Finalement, le fils est allé au Fouta remettre du cola à son père, pour qu'il redevienne le mari de sa mère.
"Le divorce n'est pas un phénomène récent ou accéléré"
Les gens pensent que le divorce est un phénomène récent, ou accéléré, ce n'est pas vrai. On passe à côté. Les enquêtes ont montré qu'un mariage sur trois se terminait par une rupture conjugale dans les cinq premières années, à Dakar. En France, c'est genre le mariage à l'essai. Quand je faisais mes travaux sur la thématique, il y avait un chercheur, Luc Tourret, qui a travaillé sur Mariage et divorce dans la banlieue dakaroise, à Pikine Dagoudane. Dans ses travaux, il a relevé, il y a quarante quatre ans qu'un mariage sur trois se terminait par une rupture conjugale. Le divorce est souvent inclus dans la conception du mariage. On vous dit, en la donnant, c'est votre femme, si vous ne pouvez plus en prendre soin, vous nous la rendez. C'est la porte ouverte à la rupture. Les grandes perdantes, ce sont les femmes qui ne s'approprient pas leurs divorces. J'ai pensé que le divorce est une source de promotion sociale et économique pour les femmes. C'est valable pour les femmes instruites, d'une certaine catégorie sociale, aisées. Ce n'est pas valable pour les femmes très pauvres, qui n'ont pas de famille sur laquelle compter.
"Pour certaines, la richesse sociale c'est le mari"
Souvent, ces femmes mariées sont toutes heureuses, elles n'envient pas celles qui habitent aux Almadies, qui ont la dernière voiture sortie. Pour elles, la richesse sociale, c'est le mari. Ce mari-là, souvent, il est plus âgé. Dans nos études, la moyenne de l'écart d'âge entre les deux conjoints est de dix ans. J'ai rencontré certaines qui ont vingt ans de moins que leur époux. Ce qui fait que quand ce dernier arrive à la retraite, le relais est pris par ces épouses. Elles font bouillir la marmite. Elles sont lingères, employées de maison, vendeuses de poisson, de légumes et autres tresseuses… Elles restent parce qu'elles n'ont pas les moyens de partir. Donc, ne divorcent que celles qui ont les moyens de le faire. Sinon, on est obligé de supporter le mari, la belle-famille, la co-épouse… Dans certains témoignages, des femmes ont soutenu que c'était un prétexte pour se débarrasser d'elles et laisser le champ libre à une nouvelle épouse. Est-ce qu'il n'y a pas anguille sous roche ?
Oui, mais je maintiens que je n'accorde pas une importance scientifique aux faits divers. je m'en méfie parce que ce n'est pas de la recherche.
Pourquoi entend-on de plus en plus souvent ce genre de faits ? Existaient-ils du temps de nos mères ?
Peut-être bien, je n'en sais pas plus que vous. Mais tout ce que je peux dire, c'est que les motifs d'une rupture conjugale, dans la société wolof, par exemple, comme l'a étudié le Professeur Abdoulaye Bara Diop, auteur de "La famille wolof", qui a été le directeur de l'Institut fondamental d'Afrique noire, c'étaient wexx, naxari dérét (ndlr : coléreux, caractériel), impuissance… C'est-à-dire pour rompre une union, même si c'est une pratique banalisée, entre parenthèses, il fallait des causes qui en valaient la peine. Dans le Code de la famille, on établit 10 causes dont le défaut d'entretien, l'incompatibilité d'humeur, l'injure grave, etc.
L'incompatibilité d'humeur, c'est allé trop vite. c'est vraiment la solution que des divorcés trouvent pour accélérer le processus.
Dans la société, traditionnellement, il fallait tout faire pour éviter le divorce. Par contre, les motifs de divorce d'aujourd'hui, ça, c'est nouveau. Avec les médias, le numérique, les choses ont évolué, le divorce échappe aux parents.
Il faut dire qu'il y a des femmes qui ne connaissent pas leurs droits, d'autres qui la connaissent, mais qui n'en veulent pas
Quelle attitude la femme doit-elle adopter ?
Je ne suis pas donneuse de leçon. Je suis chercheur, j'ai travaillé sur cette thématique pendant plus d'une dizaine d'années. J'avais fait un mémoire sur les divorces judiciaires au Tribunal régional de Saint-Louis. J'ai voulu battre en brèche tout ce que les gens racontaient sur le divorce et les divorcés, parce qu'à l'époque, je lisais des papiers sur l'éducation des enfants et puis, je me suis rendu compte qu'aux Etats Unis, par exemple, tous les enfants qui commettent des délits sont des enfants issus de rupture conjugal. Alors, j'ai regardé la documentation sur Saint Louis, l'Action éducative en milieu ouvert, l'Aemo, idem, tous les enfants qui commettaient des larcins, fuguaient, étaient des enfants de divorcés. J'ai voulu prendre le contre-pied de cette idée négative. Parce que pour moi, le divorce pouvait être bénéfique à la fois pour la femme et pour l'enfant. Des femmes m'ont raconté qu'elles ont eu des enfants avec des hommes, qui étaient par exemple alcooliques. Et plus les enfants grandissaient, plus les femmes se rendaient compte que les enfants pouvaient prendre le père déviant comme modèle. Elles ont préféré rompre l'union, prendre les enfants, l'écarter de cet univers, pour les sauver.
"J'avais tout faux, le divorce n'est pas une source de promotion sociale et économique"
J'en ai retrouvé certaines en 2000, dans la ville de Saint-Louis, qui ont pu réorienter leurs vies. Elles confirmaient ma thèse selon laquelle le divorce était une source de promotion sociale et économique. Mais j'avais tout faux parce que l'échantillon était biaisé, il ne prenait pas en compte les femmes qui n'avaient pas un niveau d'instruction aussi élevé que les divorcées judiciaires, celles qui pouvaient aller au tribunal. Je suis revenue à Dakar et j'ai intégré des femmes divorcées depuis 11 ans. J'ai renouvelé une enquête démographique. J'ai retrouvé ces femmes, pour savoir où elles en étaient depuis 11 ans. Cet échantillon m'a permis de mettre un bémol dans mes résultats antérieurs. Avec ma thèse qui a porté sur "Le parcours matrimonial des femmes à Dakar, subir le mariage, s'approprier le divorce ?", j'ai vu que les femmes ne sont pas toutes fières d'être divorcées et de l'assumer. A la fin de l'entretien, elles disent : si c'était à refaire, je ne l'aurai pas fait. Abdoulaye Bara Diop dit dans son livre : la femme ne divorce pas, elle change de mari
Pour un «oui» ou un «non» au référendum du 20 mars, un poisson volé par un chat, une chanson de Youssou Ndour…des femmes se font répudier sur un coup de tête.
Les auditeurs de l’émission « Teuss » de la radio « Zik Fm » du mardi 19 janvier 2016 qui ont écouté cette histoire ne savaient pas s’il fallait rire de la dame ou avoir pitié d’elle, ou les deux à la fois… Il s’agit d’une dame qui a été renvoyée de sa maison par son époux, après 25 ans de mariage, parce qu’elle fredonnait une chanson de Youssou Ndour. Elle a raconté que son mari lui a reproché de lui lancer des piques par le biais d’un célèbre tube du Roi du Mbalax. Il est arrivé à convaincre leurs enfants de sa version des faits. En réalité, ajoute-t-elle, il a épousé une seconde femme et s’est débarrassé d’elle en sautant sur ce prétexte. Quand il l’a épousé, elle n’avait que 15 ans et en a 45 aujourd’hui. C’est la troisième fois qu’il convole en secondes noces, mais les unions se sont cassées avant qu’elles ne rejoignent le domicile conjugal.
Dans l’édition du 21 janvier 2016 du journal « Sud Quotidiens, on lit qu’ Ibrahima D., marié depuis plus de trois ans, domicilié au quartier Médina Chérif de Kolda, tradipraticien, s’est débarrassé de sa douce moitié pour du «yaboy» (sardinelle). Il avait acheté le poisson pour le déjeuner, mais le chat qui rodait dans la maison l’a chipé et est parti avec. Furieux, il a ordonné à son épouse de poursuivre l’animal voleur. Ce qu’elle n’a pas pu faire. Il l’a traité de tous les noms d’oiseau et mis dehors, malgré les multiples interventions des proches. Au surlendemain du scrutin du 20 mars, une dame a déclaré que son mari, qui milite pour le Rewmi d’Idrissa Seck, l’a répudiée parce qu’elle était pour le « oui » et lui pour le « non ». Les discussions autour du référendum se terminaient toujours par une pluie d’insultes qu’elle essuyait. Le jour du meeting de Macky Sall à Guédiawaye, à l’insu de son époux, elle a pris un bus et a assisté à la manifestation politique. Elle est première épouse et a cinq enfants. Il en a une deuxième. « Il me considère comme un moins que rien. Pour lui, je ne dois pas avoir d’opinion.
Quand Youssou Ndour est allé à Rufisque, je voulais l’accueillir avec un teeshirt, il m’a interdit de franchir le seuil de la porte de la maison. Le jour du vote, il m’a aussi interdit de sortir. J’ai dit à ma voisine que je souhaite que Macky Sall gagne. Il m’a insulté de mère. Le soir, quand on a commencé à donner les premiers résultats, j’ai jubilé en disant « sama jambaar ji gagné na » (mon candidat a gagné). Il n’en pouvait plus et m’a dit de sortir. Actuellement, je suis chez mon père avec mes enfants. Je pense qu’il a agi ainsi pour se débarrasser de moi ». Elle ajoute qu’elle travaille avec quelqu’un qui est dans le régime et avec ce qu’elle gagne, elle contribue aux charges du ménage. Donc, elle n’avait aucun intérêt à soutenir le camp du «non».
Dans sa livraison du mardi 22 mars, «Libération» fait état, dans ses textos de la page 2, du cas d’une femme, domiciliée à Koungheul, qui a aussi été répudiée parce qu’elle était dans le camp du «oui».
ME BABA DIAW, AVOCAT «LA REPUDIATION EST CONSIDEREE COMME UNE INJURE PAR LE CODE DE LA FAMILLE»
Les causes du divorce sont limitativement énumérées par l’article 166 du Code de la famille, il ne s’agit pas de questions d’humeur, ce sont des causes objectives, telles que les mauvais traitements, l’injure, l’incompatibilité d’humeur, l’abandon de domicile, l’abandon de famille, le défaut d’entretien, etc. Il faut préciser, dit l’avocat, que selon la jurisprudence, la répudiation est interdite par le Code de la famille, elle est considérée comme une injure faite à la femme. Pour des cas comme ça, explique l’avocat, la femme, si elle souhaite que le divorce soit prononcé, doit faire constater la répudiation par des témoins. Elle peut la citer comme une cause du divorce devant le Tribunal. Si elle ne veut pas de la séparation, elle peut tranquillement attendre que les proches persuadent le mari à revenir à de meilleurs sentiments, éclaire Me Diop.
IMAM MASSAMBA GUEYE, ISLAMOLOGUE
«L’Islam maudit les hommes qui répudient sur un coup de tête» Imam Massamba Guèye commence par expliquer que dans son organisation, l’Islam donne à l’homme le pouvoir de libérer sa femme. Si l’Islam le permet, c’est parce qu’il considère que la femme est sentimentale et impulsive et que pour un oui ou un non, elle peut demander le divorce. «Un homme, un vrai, qui a reçu une bonne éducation, ne doit pas suivre une femme dans ses dérives, quand elle réclame une séparation sans raison valable. Ce qui doit lui importer par-dessus tout, c’est la tranquillité de la famille, la paix du ménage. Autant un homme ne doit pas accepter de libérer sa femme pour des broutilles, autant il ne doit pas la chasser de la maison pour les cas dont vous avez fait état ».
Ce qui est à l’origine de ces faits, analyse l’Imam, c’est que la génération actuelle banalise le mariage. «Le mariage, ce n’est pas le plaisir, le bonheur, le bon côté. C’est surtout la dévotion en Allah. Que les hommes et les femmes n’oublient pas cela. Il implique de supporter des situations difficiles, de se pardonner mutuellement les erreurs, de remplir ses devoirs. Pour la femme, c’est de bien s’occuper de son ménage, de son époux à qui elle doit obéissance et respect. Pour l’homme, c’est de supporter les charges de la famille, de sa femme… L’Islam maudit les hommes qui répudient sur des bases légères et un coup de tête, qui se marient à tour de bras. Un homme comme ça, on se demande si l’Islam doit lui permettre d’avoir une épouse », s’interroge Imam Guèye.
«En fait, je me demande s’ils ne profitent pas d’un incident pour parler de divorce. En général, on ne donne pas la vraie raison », conclut-il.