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29 novembre 2024
International
LES OPTIONS INCERTAINES DU PDS
Techniquement, la Cour suprême ayant rendu son verdict, le PDS n'a plus de voie de recours judiciaire pour contester le processus électoral. Néanmoins, le parti de l'ancien président Abdoulaye Wade ne s'avoue pas vaincu
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 18/03/2024
Alors que la Cour suprême a définitivement enterré les espoirs du Parti démocratique sénégalais (PDS) de voir la candidature de Karim Wade validée et le processus électoral refondu, la formation historique de l'opposition se retrouve dans une situation délicate à quelques jours du scrutin présidentiel, comme le relate Juliette Dubois pour RFI.
En coulisses, des discussions ont eu lieu ce week-end au sein du PDS pour déterminer la ligne à adopter. Selon un responsable du parti qui s'est confié à RFI, "une communication devrait être faite en début de semaine" pour officialiser la position du parti. Plusieurs options semblent se dessiner.
Techniquement, la Cour suprême ayant rendu son verdict, le PDS n'a plus de voie de recours judiciaire pour contester le processus électoral. Néanmoins, "le parti de l'ancien président Abdoulaye Wade ne s'avoue pas vaincu", assure ce cadre du PDS, qui souligne l'"important réservoir de vote" dont dispose la formation.
Autre inconnue, l'attitude à adopter vis-à-vis du candidat de la majorité présidentielle Amadou Ba. Ce dernier a tenté une ouverture en direction du PDS, évoquant des "valeurs et préoccupations communes". Mais cette main tendue est loin de faire l'unanimité au sein d'un parti qui accuse Amadou Ba d'avoir "corrompu des juges" pour écarter Karim Wade.
D'autres alliances pourraient également être envisagées alors que le PDS et la coalition Yewwi Askan Wi s'étaient unis aux législatives. En 2019, le parti n'avait donné aucune consigne de vote. Sur Twitter, Karim Wade a remercié ses soutiens et appelé à rester "mobilisés", laissant son père Abdoulaye Wade tracer la voie à suivre. Autant d'éléments qui promettent des prochains jours agités en coulisses au sein de cette formation clé de la démocratie sénégalaise.
par Madiambal Diagne
LE GROS COUP PERDANT DE MACKY SALL
Les Sénégalais sont médusés de découvrir un Ousmane Sonko qui, après sa sortie de prison, affiche un nouvel ami, en la personne du président. Je refuse de croire qu’il puisse être sincère
Le premier tour de l’élection présidentielle devait se tenir le 25 février 2024 mais, en fin de compte, il se tiendra le 24 mars 2024. Le Sénégal est passé, depuis le 3 février 2024, à des situations les plus périlleuses et l’incertitude subsiste. La classe politique continue à jouer avec le feu, et à nous faire peur.
C’est fou ! Ont-ils entrepris tout ça, pour se retrouver à l’arrivée avec Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye et leurs centaines de casseurs en liberté et même amnistiés, et le Pastef dissous ressuscité ? Ont-ils entrepris tout ça pour se retrouver avec Amadou Ba toujours candidat de Benno bokk yaakaar (Bby) et qui rallie les foules excitées de militants et de sympathisants ? Ont-ils entrepris tout ça pour se retrouver avec Karim Meïssa Wade et Ousmane Sonko, toujours hors de course pour la Présidentielle, parce qu’ils n’ont pas réussi à faire rebattre les cartes de la sélection des candidatures par le Conseil constitutionnel ? Ont-ils entrepris tout ça pour se retrouver avec la perspective que le président Macky Sall aura à quitter le pouvoir au terme fatidique de son mandat, à savoir le 2 avril 2024, et que le Conseil constitutionnel en arrive à devoir le lui rappeler ? Ont-ils entrepris tout ça pour se retrouver avec l’image on ne peut plus chahutée d’un président Sall alors qu’il n’y a guère, sa cote de popularité était au pinacle ? Le supplice de Macky Sall aura été de bien mesurer que nombre de ses «obligés» ne pouvaient plus le suivre dans la logique d’une hostilité absurde à l’encontre de son propre candidat Amadou Ba et qu’il s’est senti presque forcé de lui renouveler son soutien. Assurément, il lui devenait impossible de se mettre à la face du monde pour appeler à voter pour un autre candidat ! Au corps défendant de ses collaborateurs et camarades de parti, qu’il a pu percevoir comme des traîtres à sa personne, il ne leur a jamais clairement confié ses intentions de bouder la candidature de Amadou Ba, qu’il leur avait préalablement vendue publiquement avec force arguments. Peut-être qu’il appartenait aux autres de deviner ce que Macky Sall avait à l’esprit ! Ainsi, lui sera-t-il difficile de jubiler au soir d’une victoire de Amadou Ba s’il manque de s’afficher à ses côtés durant la campagne.
Une victoire de l’opposition serait également sa propre défaite. On semble vivre les mêmes situations qu’en France où l’histoire de la Vème République révèle parfois un manque d’enthousiasme débordant du président sortant en faveur de son poulain. François Mitterrand avait choisi du bout des lèvres Lionel Jospin contre Jacques Chirac en 1995, ou quand le même Jacques Chirac faisait le service minimum pour Nicolas Sarkozy en 2007 contre Ségolène Royal. Au Kenya, en 2022, Uhuru Kenyatta avait joué contre son propre camp, en choisissant de soutenir son opposant Raïla Odinga, au détriment de son propre vice-président William Ruto.
Chaque fleur de Ousmane Sonko pour Macky Sall est une insulte à la morale !
Les Sénégalais sont médusés de découvrir un Ousmane Sonko qui, après sa sortie de prison, affiche un nouvel ami, en la personne de Macky Sall. Désormais, il lui épargne ses féroces injures, ses diatribes et ses quolibets assassins, qui sont désormais exclusivement destinés au vilain Amadou Ba. Le leader de Pastef réhabilité, pousse l’indécence jusqu’à dire à ses troupes : «Il ne faut pas céder à l’émotion et il ne faudrait pas se tromper de combat, le Sénégal a encore besoin de la sagesse de Macky Sall, et Amadou Ba est de loin pire que Macky Sall.»
Je devine la gêne de Macky Sall à entendre ces propos ! En effet, je relate, dans mon livre paru en novembre 2023, Amadou Ba, la dernière marche, comment Macky Sall et son régime avaient fait payer à Amadou Ba d’avoir cherché à sauver la tête ou à protéger l’ancien jeune inspecteur des Impôts et domaines dont les activités syndicales et politiques donnaient du fil à retordre aux autorités de l’Etat. Tous les déboires de Amadou Ba aux côtés de Macky Sall tenaient à des accusations d’une supposée collusion avec Ousmane Sonko.
La famille de Ousmane Sonko devrait elle aussi vivre un certain malaise, notamment sa maman, Khady Ngom, qui n’a de cesse de témoigner de la reconnaissance à l’endroit de Amadou Ba pour diverses civilités ; ou son épouse Anna Diamanka dont la main a été demandée pour Ousmane Sonko, par Amadou Ba en personne. C’est sans doute qu’il fait dans de l’ironie cynique lorsque Ousmane Sonko tisse des lauriers pour Macky Sall. Je refuse de croire qu’il puisse être sincère ! Et comme aucune charge ne serait trop lourde pour la pauvre mule Amadou Ba, ce dernier qu’il a pourtant assez ménagé et même épargné depuis son entrée en politique, Ousmane Sonko le charge subitement et à volonté. A l’étape de Ziguinchor, il déclare sans sourciller : «Amadou Ba a tout fait pour que Diomaye et moi restions en prison. Amadou Ba a organisé toutes les attaques dont j’ai fait l’objet ces dernières années.»
La grande humiliation pour les victimes et toutes les personnes qui défendaient Macky Sall et/ou l’Etat du Sénégal contre Ousmane Sonko
Chercher à apaiser le Sénégal grâce à la libération des casseurs du parti Pastef et de leurs leaders est sans doute un calcul erroné. On ne le dira jamais assez, le Sénégal a été paisible durant tous les mois d’emprisonnement de Ousmane Sonko et de ses sbires. S’il y a eu une brève recrudescence d’actes de violences, le 9 février 2024, c’était justement parce que l’élection présidentielle, initialement prévue pour le 25 février 2024, avait été reportée, sans aucune raison qui a pu convaincre grand monde. Autrement dit, l’agression barbare, le 29 février 2024, contre la journaliste Maïmouna Ndour Faye, que tout le monde savait menacée par les troupes du parti Pastef, constitue indubitablement une conséquence dramatique de cette vague de libérations de groupes de fauteurs de troubles.
Qui a pensé aux victimes en amnistiant les terroristes ? On annonce recenser ces victimes pour des dédommagements payés par l’Etat. Dites-moi quelle est la responsabilité de l’Etat de voir des citoyens saccager les biens d’autres citoyens, les tuer, les blesser, les insulter et traîner leur réputation dans la boue. Avant que ses services ne finissent d’ailleurs de nous recenser, nous, les innombrables victimes, Macky Sall aura fini de quitter le pouvoir… Qui nous fixera un barème pour réparer nos peines, nos douleurs morales ? Les magistrats, policiers et gendarmes, qui ont rempli leur devoir de protection de l’Etat, se sentent humiliés. La situation sera encore plus regrettable si ces hordes de démolisseurs reprennent du service avec de sinistres actes contre les personnes, les biens privés et publics, mais surtout contre les institutions. A chaque fois qu’ils nous casseront la gueule, nous nous souviendrons que c’est Macky Sall qui nous aura laissés avec cette gangrène et qui se la coule douce dans son exil au Maroc. Que nous nous le tenions pour dit, Ousmane Sonko a déjà préparé ses gens à contester violemment les résultats d’une élection que Bassirou Diomaye Faye ne gagnerait pas !
Cette libération devrait-elle constituer un obstacle de plus sur la route de la campagne de Amadou Ba ? Tout porte à le croire, mais on peut leur trouver une certaine vertu. Si d’aventure les électeurs choisissaient Bassirou Diomaye Faye, ils le feraient en pleine connaissance de cause. Nul ne pourra invoquer avoir voté à l’aveuglette et ne rien savoir du candidat, de ses idées, de ses lacunes et carences, comme excuse ou circonstance atténuante. En effet, l’implication dans la campagne des principales têtes de file de la campagne «Diomaye Président» a permis de mieux mesurer l’impréparation et la vacuité du discours de ces personnes qui aspirent aux plus hautes fonctions. A chaque fois que leur poulain ouvre la bouche, bien des électeurs réalisent l’hérésie de songer à confier le destin du pays à un tel personnage. «Il aurait été peut-être mieux qu’il ne prenne plus la parole», regrette un membre du directoire de campagne. Finalement, les spin-doctors vont essayer de faire parler leur candidat le moins possible, pour lui éviter de proférer des énormités.
Gaffer est aussi le côté pittoresque d’une campagne électorale. Pas un mot de compassion pour les victimes décédées, mais Ousmane Sonko, narcissique et égocentrique à souhait, pousse l’indécence jusqu’à parler de son grand confort en prison avec une «suite» (présidentielle ?) qui a pu abriter des nuits de noces avec une nouvelle épouse, troisième du rang. Il ne nous apprend rien car tout Dakar avait pu voir à partir des appels vidéo du lugubre entremetteur malien, Ousmane Yara, la couleur rouge des fauteuils de la «Suite» pénitentiaire de Ousmane Sonko à la prison du Cap Manuel. Le pauvre Bassirou Diomaye Faye restait cloitré dans un 9 mètres carrés (Ousmane Sonko dixit) jusqu’à appeler au secours Amadou, le fils de Macky Sall ! C’est lui-même qui le dit. Le temps des confessions.
Ousmane Sonko, pour sa part, a révélé avoir discuté et demandé au président Macky Sall de rester au pouvoir. Il avoue donc faire partie du groupe de conjurés du report de l’élection présidentielle. Il acte ainsi publiquement son protocole du Cap Manuel, lui qui se gaussait des protocoles de Rebeuss ou de Doha, pour tourner en dérision ses rivaux Idrissa Seck, Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade. Comme pour remuer le couteau dans la plaie, Ousmane Sonko et sa bande se considèrent comme des victimes et certains demandent à l’Etat des réparations. Ousmane Sonko avait attrait le Sénégal devant la Cour de justice de la Cedeao pour demander réparation de préjudices à lui causés, pour la rondelette somme de 1500 milliards de francs, à savoir 25% du budget annuel du pays.
Un beau bilan abîmé
«Quand on rate sa sortie, c’est aussi triste que de ne pas réussir sa mission» (Carlos Ghosn). On reprochera toujours à Macky Sall d’avoir cherché à torpiller le processus électoral, pour avoir demandé à sa majorité parlementaire et à son parti d’endosser toutes les initiatives de Karim Wade tendant à empêcher la tenue de l’élection présidentielle. Si cette élection aura pu se tenir, c’est parce qu’ils n’y ont pas réussi, freinés par des institutions fortes de l’Etat du Sénégal. Nous pouvons nous féliciter de ce qu’au Sénégal, un chef d’Etat, tout puissant qu’il puisse être, ne peut confisquer le processus démocratique. On l’avait observé avec Abdoulaye Wade en 2012, et une nouvelle fois avec Macky Sall en 2024. Seulement, on ne peut ne pas être en rage de constater que le président Macky Sall, qui avait réussi à se tailler la plus belle des images en Afrique et dans le monde, arrive à devoir raser les murs, simplement parce qu’il a tenté le mauvais coup de trop. Cela est d’autant plus regrettable que des amis ont eu à chercher à l’arrêter, pour ne pas dire à le sauver de lui-même et d’un entourage nocif. Quand on voit la qualité des personnels politiques qui ont voulu entonner avec lui la chanson du report de l’élection présidentielle, on réalise bien le grand niveau de fourvoiement. D’aucuns comme moi, pourront se consoler, considérant qu’il n’avait plus tous ses esprits. C’est sans doute une explication commode. Qu’à cela ne tienne !
LE CAMP ANTISYSTÈME RENFORCÉ
Libérés à quelques jours du scrutin, Sonko et Diomaye Faye sortent renforcés de leur long bras de fer avec le pouvoir selon les analystes. Portrait de deux opposants que trois ans de turbulences judiciaires ont finalement grandis
Les opposants antisystème Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye sortent renforcés de leur bras de fer de trois ans avec le président sénégalais Macky Sall, à l'issue de leur libération dans la nuit de jeudi à vendredi, selon les analystes et observateurs politiques interrogés par TV5MONDE et l'AFP.
"On est en train de vivre un tournant décisif", estime le politologue Maurice Dione, pour qui la libération des deux opposants, à seulement 10 jours du premier tour de l'élection présidentielle, ne peut que renforcer leur image et leur camp antisystème. "Les Sénégalais ont une culture démocratique forte et les institutions ont prouvé leur résilience", ajoute-t-il, pointant "une erreur politique grave" du chef de l'État dans sa volonté de "réduire l'opposition à la plus simple expression".
Alassane Beye, enseignant-chercheur en sciences politiques à l'université de Saint-Louis, relève quant à lui "l'ingéniosité" et la "capacité de résilience politique" de la galaxie Sonko, qui a su "diversifier les options" en présentant finalement Bassirou Diomaye Faye comme candidat après le rejet de la candidature de Sonko. "Au Sénégal, les hommes politiques qui ont subi beaucoup d'injustices se trouvent plébiscités", estime Maurice Dione, évoquant le fait que Sonko et Faye pourraient bénéficier d'"une rente victimaire" capable de changer l'issue du scrutin.
Depuis 2021, Ousmane Sonko a fait l'objet de plusieurs poursuites judiciaires qu'il a toujours dénoncées comme des complots du pouvoir. Ses procès ont donné lieu à des troubles ayant fait des dizaines de morts et conduit à des arrestations massives de ses partisans. Placé en détention en juillet 2023 pour "appel à l'insurrection" alors qu'il comptait parmi les favoris de la présidentielle, son numéro deux Bassirou Diomaye Faye a été à son tour détenu depuis avril 2023 pour "outrage à magistrat".
Les deux opposants ont finalement été libérés dans la nuit de jeudi à vendredi en vertu d'une loi d'amnistie controversée adoptée par l'Assemblée nationale sur proposition de Macky Sall. Pour Gilles Yabi, fondateur du groupe de réflexion Wathi, "ils sortent au milieu de la campagne électorale et ça les renforce", d'autant que Bassirou Diomaye Faye est libéré "sans condamnation". Ousmane Sonko, dont les procès ont valu condamnation, voit quant à lui "ses affaires relever d'un acharnement politique", selon l'analyse de Gilles Yabi.
Capable de mobiliser de larges foules, en particulier parmi la jeunesse citadine, Ousmane Sonko pourra désormais "peser sur la campagne", juge Gilles Yabi. Autre atout pour le camp antisystème, la fin de l'"inégalité de traitement" dont a fait l'objet Bassirou Diomaye Faye pourra lui permettre de retrouver le temps d'antenne qui lui avait été retiré à la télévision nationale. Bénéficiant de "l'effet Sonko", le candidat Faye est même cité parmi les favoris du scrutin.
Pour Seydi Gassama, directeur d'Amnistie internationale Sénégal, "ces libérations vont permettre une campagne plus apaisée" après les tensions des derniers mois liées aux poursuites judiciaires. Elimane Kane, membre du collectif Aar Sunu Election, déplore pour sa part "un très grand gâchis" et "les traumatismes" causés par "les dizaines de morts, le développement de la haine" dans ce bras de fer avec le pouvoir.
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UN PRÉSIDENTIALISME SCLÉROSÉ
L'universitaire Ndeye Astou Ndiaye livre sur les ondes de Sud FM, un réquisitoire cinglant contre le système politique sénégalais actuel. Elle insiste sur la nécessité impérieuse d'une refondation globale au soir du 24 mars
A une semaine du scrutin présidentiel, l'émission Objection de Sud FM a reçu ce dimanche 17 mars une invitée au timbre singulier. Ndeye Astou Ndiaye, docteure en sciences politiques et maîtresse de conférences, a livré un réquisitoire cinglant contre le système politique sénégalais actuel.
Dans son plaidoyer, ce membre du Collectif des universitaires pour la démocratie a déploré le présidentialisme hypertrophié qui gangrène selon elle les institutions. "On nous a montré les limites du régime présidentialiste avec le blocage du processus électoral", a-t-elle asséné, déplorant une "imbrication des institutions" au profit d'un homme providentiel.
Si elle a salué le rôle du Conseil constitutionnel qui a permis la poursuite du processus, l'universitaire ne s'est pas cantonnée à l'actualité électorale. Elle a insisté sur la nécessité impérieuse d'une refondation globale du système au soir du 24 mars.
Selon l'invitée de Baye Omar Guèye, cette refonte devra s'appuyer sur un diagnostic sans concession des maux qui rongent le Sénégal contemporain : délitement du lien de confiance, école publique en lambeaux, jeunesse délaissée, justice dévoyée... Des maux qui selon Ndeye Astou Ndiaye auraient pour origine une "rupture avec nos valeurs sociétales et notre philosophie humaniste".
CLARIFICATION SUR LE PROJET DE RÉFORME MONÉTAIRE DE SONKO
Alors que la question monétaire agite la campagne, Ousmane Sonko répond aux détracteurs de l'idée d'une monnaie nationale. Le candidat dévoile sa proposition réelle: une monnaie unique pour la CEDEAO, avec le Sénégal en plan B si les réformes échouent
L’annonce, dans le programme du candidat Bassirou Diomaye Faye, de la création d’une monnaie nationale a soulevé un tollé au Sénégal et au-delà, suscitant soit la réprobation d’économistes ou la dérision d’adversaires qui mettent en avant les acquis du franc Cfa tout en soulignant les réformes que cette monnaie commune doit connaître.
Ce vendredi 15 mars, Ousmane Sonko a donc évoqué l’une des réformes phares de leur programme consacrée à la sortie du FCFA. Le maire de Ziguinchor a notamment fait savoir que cette perspective s’inscrit dans une approche sous-régionale qui devrait permettre d’aboutir à une monnaie unique pour l’ensemble des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.
« Si nous n’arrivons pas à impulser les réformes au niveau communautaire, nous prendrons la responsabilité de doter le Sénégal de sa propre monnaie », a-t-il déclaré. Il a également précisé que les dernières recommandations concernant ce point n’ont été prises en compte dans le programme mis à la disposition du public samedi 9 mars.
AFRICAN INITIATIVE, LA NOUVELLE TÊTE DE PONT DE LA PROPAGANDE RUSSE EN AFRIQUE
Alors que le chef du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, est décédé en août 2023, entraînant le démantèlement de sa structure de mercenaires, la Russie semble avoir créé une nouvelle organisation pour poursuivre ses ambitions sur le continent africain
Alors que le célèbre chef du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, est décédé en août 2023, entraînant le démantèlement de sa structure de mercenaires, la Russie semble avoir créé une nouvelle organisation pour poursuivre ses ambitions sur le continent africain. Baptisée African Initiative, cette agence de presse basée à Moscou s'impose progressivement comme la tête de pont d'une stratégie de communication et d'influence continuée, selon une enquête du quotidien Le Monde.
L'un de ses principaux représentants n'est autre que Viktor Lukovenko, un ancien collaborateur d'Evgueni Prigojine qui parcourt le continent depuis des mois. Sur sa chaîne Telegram "Smile & Wave" suivie par 9500 personnes, cet Ouzbek de 39 ans se met régulièrement en scène lors de voyages au Sénégal, au Burkina Faso ou au Niger. Selon le Département d'État américain, "certains membres d'African Initiative ont été recrutés dans les entreprises en désintégration de feu Prigogine".
Officiellement présentée comme une "agence de presse russe" observation les événements africains, la structure serait en réalité chargée, comme l'était autrefois Wagner, de diffuser de la propagande pro-russe sur le continent. African Initiative est accusée d'avoir "répandu de la désinformation sur les États-Unis et les pays européens", en partenariat avec les services de renseignement russes. L'un de ses premiers récits serait de colporter la rumeur que les Occidentaux mènent des "expériences biologiques" en Afrique, dans la lignée d'anciennes théories complotistes du KGB.
Selon une enquête du média russe independent The Insider, le rédacteur en chef d'African Initiative, Artyom Kureev, serait un membre actif du FSB, les services secrets russes. Interrogé par Le Monde, il a nié travaillé pour un tel organisme. Toujours est-il que son organisation s'emploie activement à étendre son emprise sur le continent. Présents au Burkina Faso, Niger et Mali gouvernés par des juntes pro-russes, ses membres annoncent par exemple l'arrivée de "mercenaires russes" d'Africa Corps à Ouagadougou en janvier dernier.
Signe de son ambition ? Une association du même nom, vantant l'"amitié russo-burkinabée", a été créée à Ouagadougou, avec des liens manifestes à African Initiative. Viktor Lukovenko a lui-même été aperçu lors de certains événements qu'elle organise. Comme par le passé, la structure semble œuvrer méthodiquement au recrutement d'influenceurs locaux, afin de servir la propagande du Kremlin et asseoir toujours plus la présence russe sur le continent africain.
FRANC CFA, LE GRAND DÉBAT
Alors que le franc CFA cristallise les débats, la campagne électorale est le théâtre d'un bras de fer monétaire entre réformistes et conservateurs. Du souverainisme assumé de Guy Marius Sagna aux mises en garde d'Amadou Bâ, chaque camp défend sa vision
La monnaie s’invite au cœur de la campagne électorale. Entre réformistes et conservateurs, les accusations et contre-accusations se multiplient.
Il y a quelques jours, le candidat Khalifa Ababacar Sall lançait les hostilités. En visite dans la Petite Côte à Mbour, l’ancien maire de Dakar prenait le prétexte du développement touristique pour donner son point de vue sur le franc CFA. Aux réformistes dont le plus en vue est le candidat Bassirou Diomaye Faye, il disait : ‘’Nous sommes à l’ère de la mondialisation et les pays sont appelés à s’ouvrir. Notre pays a une longue tradition d’accueil des touristes. Mais pour tirer profit de cette ouverture et du secteur touristique, il faut une monnaie forte. Si vous avez une monnaie de pacotille, vous aurez du mal à vivre de votre secteur touristique. Et pour avoir une monnaie forte, il faut des économies fortes, il faut être ensemble.’’
À en croire le candidat de Taxawu Sénégal, c’est impertinent d’envisager la mise en place d’une monnaie propre et donc la sortie de l’Union monétaire avec les pays de la sous-région. ‘’Nous sommes de ceux qui pensent qu’il faut renforcer l’UEMOA, renforcer l’intégration économique et monétaire, pour renforcer notre économie. Les pays qui ont les plus fortes monnaies, ce sont les unions monétaires ou les grands pays, même s’il y a quelques exceptions à cette règle. Pour une économie forte, il faut une monnaie forte’’, prévient Khalifa Sall qui semble répondre aux souverainistes, même s’il se garde de les nommer.
La réponse n’a d’ailleurs pas tardé. Et c’est le député Guy Marius Sagna, une des figures de la coalition DiomayePrésident, qui est monté au créneau, pour lui apporter la réplique.
D’abord, se défend le leader de Frapp/France dégage qui paraphrase Louis Gallois, ‘’le projet panafricain de Sonko, de Diomaye et de la coalition DiomayePrésident n'est pas d'affaiblir le Sénégal en faveur d'un ou d'autres pays, ni d'affaiblir les autres au service du Sénégal. Mais plutôt de renforcer, protéger tout le monde et assurer la prospérité et la souveraineté à l'Afrique entière’’.
Selon lui, DiomayePrésident est pour une monnaie qui soit l'instrument de politique économique au service du peuple sénégalais. ‘’Si d'autres pays sont prêts à sortir de l'exploitation monétaire pour ériger une monnaie au service de plusieurs peuples et pas de l'impérialisme, nous sommes preneurs’’, lance le panafricaniste.
L’enjeu, explique-t-il, c’est de mettre en place ‘’une monnaie qui ne facilite pas les importations et qui ne contribue donc pas à la forte mortalité de nos PME ; c’est de mettre en place une monnaie qui mettrait suffisamment de crédit à la disposition des paysans, des éleveurs, du patronat... ; une monnaie qui permet de lutter efficacement contre le chômage’’.
De l’avis du lieutenant de Sonko, le franc CFA est aux antipodes de tous ces objectifs.
Donnant l’exemple des Seychelles, Guy estime qu’il est erroné de penser qu’il faut être un grand pays pour pouvoir bâtir une monnaie propre. ‘’Après 64 ans d'indépendance’’, pense-t-il, les 14 pays de la zone franc (UEMOA et Cemac) qui comptent 200 millions d’habitants ne peuvent pas continuer de dire que ‘’sans le Trésor français, rien n'est possible’’. Guy Marius de s’interroger : ‘’Le candidat Khalifa ne défend-il pas le maintien de l'occupation monétaire de nos pays par la France ? Le candidat Khalifa ne défend-il pas ainsi les intérêts de la France et des entreprises du Cac 40 pour le maintien de l'UEMOA et de la colonisation monétaire de nos pays par la France contre le Sénégal et les Sénégalais ?’’
Hier, le candidat de Benno Bokk Yaakaar, Amadou Bâ, s’est aussi invité au débat. Ancien ministre de l’Économie et des Finances, ancien Premier ministre, il assimile se projet à presque de la folie. ‘’C’est comme un enfant qui joue à un jeu dangereux. Ce projet est simplement insensé et nous mènerait, à coup sûr, vers le gouffre’’, avertit le candidat de BBY. Qui ajoute : ‘’Cela signifie : si vous êtes commerçant, si vous voulez importer ou exporter des produits, ce serait la croix et la bannière. Les pays qui battent leur monnaie et qui ont des économies similaires aux nôtres, nous ne les envions pas.’’
La monnaie, selon lui, c’est très sérieux. Sans les nommer, il fait allusion aux frondeurs de la CEDEAO pour se justifier : ‘’Parmi les pays avec lesquels nous avons la même monnaie, certains ont des difficultés, ce qui ne les pousse pas pour autant à vouloir sortir de la monnaie commune. On ne joue pas avec la monnaie. Ce qu’ils prônent, ce n’est bien ni pour le pays ni pour la population. Si on leur donne le pays, ils vont nous mener droit vers le gouffre’’, insiste-t-il en promettant d’y revenir ultérieurement ‘’pour démontrer que ce qu’ils disent c’est un non-sens économique’’.
De l’avis du candidat de BBY, les gens le font ‘’soit par ignorance soit par incompétence’’, tient-il à répliquer, non sans donner l’exemple de l’Europe et du franc CFA. Pour lui, l’enjeu, c’est plutôt de bâtir une monnaie CEDEAO et le Sénégal est dans cette dynamique, mais les pays se heurtent à de nombreuses difficultés, compte tenu de la sensibilité de la question.
Défenseur invétéré de la souveraineté, Guy Marius Sagna revient à la charge pour clamer haut et fort : ‘’À partir d’avril 2024, plus de poisson d'avril et d'indépendance de toc. Souveraineté monétaire par force !’’
Selon le député, il y a en réalité deux camps : ‘’Le camp patriotique autour de la candidature de Diomaye choisi par Sonko et le camp de la servitude volontaire dont Amadou veut être le continuateur. Mon camp, le camp patriotique, sortira vainqueur de cette lutte’’, assène-t-il sans équivoque.
Inspecteur général d’État, ancien directeur général des Douanes, Boubacar Camara semble plutôt opter pour la voie médiane. Des différents candidats, il semble être celui qui a consacré le plus de colonnes à ce sujet de grande importance.
Revenant sur les lacunes du franc CFA, il estime que la monnaie garantie par la France pose ‘’un réel problème de souveraineté et d'exploitation économique que les dirigeants communautaires n'ont pas l'intention de bouleverser, malgré l'annonce bluffée de l'eco à Abuja et le sommet de Lomé du 28 mai 2021’’.
Toutefois, l’ancien DG des Douanes ne parle pas d’une monnaie locale. Il semble plutôt opter pour ‘’une révolution monétaire dans l’espace communautaire avec la matérialisation de l’annonce d’Abuja sur l’eco arrimée à plusieurs devises sans paternalisme’’. A défaut, il propose de ‘’challenger avec la monnaie commune au sein de la FAO (Fédération atlantique Ouest, qui sera constituée du Sénégal, de la Gambie, de la Guinée et de la Guinée-Bissau)’’. Le candidat fait de grands développements sur le sujet.
KEMI SEBA BRÛLE SON PASSEPORT FRANÇAIS
Alors qu'il fait l'objet d'une tentative de révocation de nationalité par les autorités françaises, Kemi Seba a choisi la confrontation publique
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 16/03/2024
Le militant panafricaniste Kemi Seba a brûlé publiquement son passeport français lors d'une conférence de presse organisée à Paris ce samedi 16 mars 2024. Devant une assemblée composée de journalistes et de sympathisants, ce Franco-Béninois engagé dans la lutte pour l'indépendance africaine a voulu marquer son rejet de la tutelle française sur le continent.
"Votre passeport, ce n’est pas un os que vous nous donnez comme si les Noirs étaient des chiens. Je suis un homme Noir libre. Je suis un Africain libre. Je suis un Béninois libre", a déclaré Kemi Seba en s'adressant directement au "gouvernement Macron" tout en commettant son acte. Une manière selon lui de manifester son refus de la nationalité du pays qu'il accuse d'ingérence en Afrique.
Par cet acte héroïque aux yeux de ses partisans, le militant panafricaniste a entendu donner corps à son combat pour l'autodétermination du continent africain. Interpellant ensuite les diasporas africaines et antillaises présentes, il les a appelées à faire preuve de la même unité et de la même conscience politique que lui dans leur lutte contre la néocolonisation.
Cette prise de parole publique intervient dans un contexte tendu, alors que Kemi Seba fait face à une tentative de révocation de sa nationalité française de la part des autorités. Le ministère de l'Intérieur lui reproche en effet d'"adopter une posture résolument anti-française". Initialement, la préfecture avait même interdit la tenue de cette conférence de presse, avant que la justice administrative n'annule cette décision.
Kemi Seba brûle son passeport français en live à Paris et s’adresse au gouvernement Macron: “Votre passeport, ce n’est pas un os que vous nous donnez ou nous retirez en fonction de notre degré de soumission vis à vis de vous, comme si les Noirs étaient des chiens. Je suis un… pic.twitter.com/OKT3PjlOP4
Alors que près de la moitié de la population mondiale, dont les Sénégalais, est appelée aux urnes en 2024, les missions d'observation électorale joueront à nouveau un rôle central. Mais qui sont réellement ces observateurs et comment fonctionnent-ils ?
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 16/03/2024
Alors que les élections de 2024 seront riches sur le continent africain avec 19 pays concernés dont 14 scrutins présidentiels, les missions d'observation électorale joueront à nouveau un rôle central. Mais entre les délégations internationales et les collectifs citoyens, qui sont réellement ces observateurs et comment fonctionnent-ils ? Le chercheur britannique Robert Macdonald, qui a étudié le sujet dans trois pays, apporte un éclairage précieux sur ces acteurs souvent mal connus.
Dans un entretien accordé au site d'information XXL Afrique, Robert Macdonald, post-doctorant au Centre d’études africaines de l’Université d’Édimbourg, revient sur les principaux résultats de sa recherche consacrée spécifiquement aux missions d'observation électorale. Il a mené 520 entretiens qualitatifs approfondis avec des citoyens et 160 avec des observateurs dans trois pays d'Afrique (Zambie, Gambie, Kenya) dans le cadre d'un projet financé par le Conseil de recherche économique et sociale du Royaume-Uni.
Le chercheur souligne tout d'abord la grande hétérogénéité des acteurs se cachant derrière ce terme générique de "missions électorales". Outre les initiatives locales d'observation citoyennes, on retrouve les délégations internationales intergouvernementales mais aussi des ONG internationales. Le financement de ces missions, souvent peu transparent, provient de donateurs occidentaux, d'ONG internationales ou des budgets des organisations intergouvernementales.
Robert Macdonald insiste ensuite sur l'importance des standards méthodologiques censés assurer la neutralité des observateurs, à l'image de la "Déclaration de principe pour l'observation internationale d'élections". Il souligne aussi la nécessité pour les missions crédibles de fonder leur analyse sur des données probantes récoltées sur le long terme et non sur des incidents isolés.
Cependant, le chercheur note que la compréhension des citoyens sur ces missions reste "médiocre", beaucoup ignorant leur fonctionnement et leur rôle consultatif. Par ailleurs, si les médias s'intéressent davantage aux verdicts préliminaires, ces derniers ne reflètent pas toujours fidèlement les subtilités des rapports finaux.
Au final, Robert Macdonald insiste sur le rôle déterminant des missions d'observation électorale dans la promotion de la démocratie, au-delà de la simple évaluation des élections. Leur action passe notamment par la formulation de recommandations clés pour améliorer les processus électoraux et par un effet dissuasif sur les tentatives de fraude.
COLÈRE DES HABITANTS DE CONAKRY EXCÉDÉS PAR LES COUPURES D'ÉLECTRICITÉ
Depuis la fin 2023, les coupures de courant se sont intensifiées. Face à ces conditions de vie dégradées, la colère des habitants éclate régulièrement. C’est ce qui s’est passé jeudi, lorsqu’une panne générale a plongé la capitale dans le noir.
Depuis la fin 2023, les coupures de courant se sont intensifiées, notamment à Conakry. Face à ces conditions de vie dégradées, la colère des habitants éclate régulièrement. C’est ce qui s’est passé jeudi 14 mars 2023, lorsqu’une panne générale a plongé la capitale dans le noir et provoqué des émeutes dans de nombreux quartiers.
Installés sur le trottoir, à la recherche d’un peu d’air face à la chaleur qui règne, Ousmane et ses amis font le ramadan. Impossible pour eux de rester à la maison sans électricité : « C'est ici qu'on dort presque. Tu prends la chaise, tu t'assois confortablement et puis tu essaies de dormir là-bas, y a pas de choix. Ce n'est pas confortable parce que si t'es couché dans la maison, c'est plus confortable que ça, mais si tu n'as pas de courant, de l'électricité, tu préfères t'asseoir comme ça. »
Depuis deux mois, le courant, c’est de 18 heures à 7 heures. Mais jeudi soir, une gigantesque panne a plongé Conakry dans le noir au moment de la rupture du jeûne : « À Conakry, tout le monde, tout le monde a décidé de manifester parce qu'on en a marre maintenant. »
Des jeunes ont affronté les forces de l’ordre dans les quartiers traditionnellement contestataires, mais aussi ailleurs, comme à Dixinn où l’on manifeste rarement : « Les policiers sont rentrés dans le quartier, ils ont commencé à lancer du gaz [lacrymogène, ndlr]. Mais rien ne va, on ne voit pas le courant. Depuis que le CNRD est arrivé, c'est la première fois qu’un scandale pareil se déroule ici. »
Dans la cuisine de la concession, Fatoumata, la sœur d’Ousmane, fait à manger. Sans électricité, elle doit tout cuire sur les braises. Il fait une chaleur insoutenable : « Ça nous fatigue, ça me fatigue vraiment. S’il n'y a pas le courant, ce n'est pas du tout facile à vivre. »
Après les émeutes, le quartier a été alimenté jusqu’à 11 heures du matin. Ce n’était pas arrivé depuis des mois.