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29 novembre 2024
International
LE PROCESSUS ÉLCTORAL PEUT AVANCER
Le juge des référés a rejeté ce vendredi 15 mars 2024 à la Cour suprême, les requêtes en suspension déposées par le PDS et certains candidats recalés afin de faire annuler la tenue de l'élection présidentielle au 24 prochain
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 15/03/2024
Le juge des référés saisi par le Parti démocratique sénégalais (PDS) et certains candidats à l'élection présidentielle a déclaré ce vendredi 15 mars 2024 irrecevables les requêtes en suspension déposées. Cette décision vient couper court aux ambitions de Karim Wade et des "candidats spoliés" qui tentaient par cette voie judiciaire d'invalider le processus électoral en cours.
Selon nos informations, le juge a suivi les réquisitions du procureur qui avait demandé que les deux requêtes soient déclarées irrecevables. Les requérants, dont Karim Wade, Cheick Tidiane Gadio et compagnie, entendaient obtenir la suspension des décrets contestés du président Macky Sall convoquant le corps électoral et fixant la date du scrutin au 24 mars. Ils estiment que ces textes ont été pris dans des conditions irrégulières pour les écarter de la course à la magistrature suprême.
Cependant, le juge des référés a considéré que les deux requêtes "visaient le même objectif", selon les termes du procureur. En rejetant leur recevabilité, la justice a de facto fermé la porte à toute remise en cause du scrutin à ce stade.
Cette décision de la justice vient conforter les 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel dans l'organisation de l'élection dans les délais prévus, malgré les contestations du camp des candidats dits spoliés dénonçant des "manœuvres" pour les écarter du jeu électoral.
VIDEO
SONKO ET DIOMAYE FAYE LIBÉRÉS DE PRISON
Les deux opposants détenus depuis plusieurs mois ont pu recouvrer leur liberté ce jeudi 14 mars 2024. Un dénouement rendu possible grâce au vote de la loi d'amnistie effaçant certaines poursuites politiques initiée par Macky Sall
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/03/2024
Ousmane Sonko, le maire de Ziguinchor, et Bassirou Diomaye Faye, candidat à l'élection présidentielle, ont été libérés de prison ce jeudi 14 mars 2024. L'information a été confirmée par plusieurs sources, dont le secrétaire national à la communication du parti dissous de Sonko, le Pastef.
L'ancien candidat à la présidentielle était en détention depuis le 28 juillet 2023, date de son arrestation. Il avait été inculpé trois jours plus tard pour "appels à l'insurrection et complot" contre l'Etat, puis placé en détention préventive.
De son côté, Bassirou Diomaye Faye, numéro 2 de l'ex-Pastef, était détenu depuis mi-avril 2023 après avoir publié un post critiquant des magistrats. Il a même perdu son temps d'antenne sur la télévision nationale, conformément à une décision du Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA). Malgré cette incarcération, il faisait partie des candidats les plus visibles sur le terrain dans le cadre de sa campagne pour l'élection présidentielle, sous la bannière de la coalition "Diomaye Président".
Ces deux libérations font suite à la promulgation par Macky Sall d'une loi d'amnistie adoptée récemment par l'Assemblée nationale. Selon le texte, tous les faits "susceptibles de revêtir la qualification d'infraction criminelle ou correctionnelle commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu'à l'étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques" sont désormais amnistiés.
Cette loi met ainsi fin aux poursuites engagées contre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Leur libération marque donc un coup d'arrêt à leur détention entamée il y a plusieurs mois.
Les Présidents Ousmane SONKO et Bassirou Diomaye Faye seront avec nous dans quelques minutes. Ils quittent cap manuel en ce moment. #diomayemooysonko
DES PANNES GÉANTES PRIVENT L'AFRIQUE DE SA CONNECTIVITÉ
Des dégâts survenus sur au moins trois câbles sous-marins au large de la Côte d'Ivoire perturbent actuellement l'accès à Internet à travers le continent, avec des impacts fortement notés au Bénin, au Liberia, au Ghana, au Nigeria et au Cameroun notamment
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/03/2024
Des dégâts sur au moins trois câbles sous-marins au large de la Côte d'Ivoire perturbent actuellement l'accès à Internet à travers l'Afrique, rapporte le site Bloomberg en s'appuyant sur des données de sociétés spécialisées comme NetBlocks, Kentik et Cloudflare. Le West Africa Cable System (WACS), MainOne et Africa Coast to Europe (ACE), des artères vitales pour les télécommunications, ont été touchés jeudi dernier, déclenchant pannes et problèmes de connectivité.
D'après NetBlocks, la Côte d'Ivoire, le Liberia et le Bénin sont les plus affectés. Le Ghana, le Nigeria, le Cameroun et plusieurs entreprises en Afrique du Sud font aussi partie des pays impactés. "C'est un coup dur majeur pour la connectivité Internet en Afrique de l'Ouest, qui fonctionnera de manière dégradée pendant des semaines", déplore Doug Madory de Kentik.
Ces incidents font suite à des dommages sur trois câbles dans la mer Rouge le mois dernier, probablement causés par une ancre de navire coulé par les Houthis selon les États-Unis et l’ICPC. Route stratégique liant l'Europe, l'Afrique et l'Asie, la mer Rouge voyait 25% de son trafic perturbé.
Ces problèmes de part et d'autre du continent créent une pénurie de capacité. Les géants MTN et Vodacom, ainsi que Microsoft, confirment des perturbations sur leurs services au Nigeria, en Afrique du Sud et dans plusieurs autres pays africains. "De multiples coupures de câbles entre l'Afrique et l'Europe affectent les fournisseurs d'accès", déclare Vodacom.
Ces incidents soulignent la vulnérabilité des infrastructures numériques africaines, quasi dépendantes des câbles sous-marins. Des dommages similaires l'année dernière avaient déjà coupé les connexions internationales de l'Afrique de l'Ouest pendant un mois. Les réparations pourraient à nouveau prendre plusieurs semaines.
PAR Farid Bathily
TIKTOK, LA PASSION CONTRARIÉE DES AMÉRICAINS
Entre la fascination des foules et les suspicions des autorités, la relation des États-Unis avec le réseau social de partage de courtes vidéos menacé d’interdiction outre-Atlantique prend des allures de "je t'aime moi non plus"
Le jeudi 7 mars 2024 alors que la Chambre des représentants se préparait à examiner un projet de loi bipartisan destiné à forcer le désengagement de TikTok de ses liens chinois, les utilisateurs américains ont reçu un appel à protester contre cette initiative.
"Stoppez la fermeture de TikTok. Faites connaître à votre Congrès ce que représente TikTok pour vous et dites-leur de voter NON", indiquait entre autres un message provenant du réseau social partagé par plusieurs abonnés sur X.
Quelques heures plus tard, de nombreux parlementaires furent inondés d’appels téléphoniques les exhortant à préserver le réseau social. Certains ont même dû couper leur ligne momentanément, selon de nombreux témoignages rapportés par la presse.
Influence considérable
La manœuvre n’a pas prospéré – le projet a été adopté à l’unanimité par la Commission de l’énergie et du commerce de la Chambre des représentants (50-0) –, mais cela n’en reste pas moins une preuve de la force d’influence de TikTok, particulièrement aux États-Unis où son audience ne cesse de croître.
Aujourd'hui, plus de 150 millions d'Américains, soit plus de la moitié de la population, utilisent TikTok. Grâce à son format court, l'application est devenue en quelques années seulement incontournable, notamment chez les jeunes.
L’engouement est particulièrement fort chez les 18-29 ans (62% l’utilisent selon Pew Research). Le réseau social qui sert à la fois d’exutoire créatif et de canal d’information privilégié pour de nombreuses personnes de cette tranche d’âge suscite également l’intérêt des personnalités politiques.
Le président, candidat à sa réélection Joe Biden, s’y est inscrit le mois dernier alors que la plateforme détenue par l’entreprise chinoise ByteDance est accusée de menacer la sécurité nationale des États-Unis. "Biden le président veut limiter TikTok. Biden le candidat courtise ses stars", s’est amusé le New York Times à propos de cette ambiguïté.
Entreprise périlleuse
Donald Trump, l’adversaire de Biden, reste sans compte TikTok, contrairement à sa fille aînée Ivanka. Mais la récente volte-face de l’ancien président sur une potentielle interdiction de la plateforme ne devrait pas être dissociée de la popularité de ses sorties sur celle-ci.
L'annonce du bannissement de TikTok se présente comme une entreprise risquée, surtout dans le cadre spécifique de la période électorale actuelle. Ceci est le cas même si les autorités, y compris le président Biden, considèrent cette action comme une question de souveraineté nationale.
Pour sa part, l’opinion semble divisée sur la question. Un sondage révélé le 16 février 2024 par Associated Press, NORC Center for Public Affairs Research indique que : 31% d’adultes américains sont favorables à une interdiction nationale de la plateforme ; 35% s'y opposent et 31% restent indécis. 73% des utilisateurs quotidiens se disent opposés à une telle mesure.
ANTA BABACAR NGOM SUR TOUS LES FRONTS DANS UNE CAMPAGNE ÉCLAIR
À 40 ans, cette cheffe d'entreprise et patronne de la plus grande entreprise avicole du pays, la Sedima, fondée par son père, souhaite briser les barrières et devenir la première présidente de la République
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/03/2024
Pour sa troisième journée de campagne, Anta Babacar Ngom, la seule femme candidate à l'élection présidentielle au Sénégal, sillonne le quartier populaire de Grand Yoff dans la banlieue de Dakar. Comme les 18 autres prétendants, elle a moins de deux semaines pour défendre son programme et se faire connaître de tous les Sénégalais, dans le cadre d'une campagne éclair suite au report du scrutin (AFP).
En effet, après plus d'un mois d'incertitude et une crise sans précédent liée au report de l'élection par le président Macky Sall, ce dernier a finalement fixé le premier tour de la présidentielle au 24 mars. Pour tous les candidats, il faut donc s'adapter au plus vite et accélérer le calendrier. La campagne officielle n'a débuté que samedi et s'achèvera le 22 mars à minuit, soit une semaine de moins que ce que prévoyait initialement le code électoral.
"Je suis la candidate des femmes, que j'assume pleinement, mais je suis aussi la candidate de tous les Sénégalais", a déclaré Anta Babacar Ngom à l'AFP. À 40 ans, cette cheffe d'entreprise et patronne de la plus grande entreprise avicole du pays, la Sedima, fondée par son père, souhaite briser les barrières et devenir la première présidente de la République.
Originaire d'une famille influente de la bourgeoisie d'affaires sénégalaise, Anta Babacar Ngom mène campagne activement sur le terrain. Saluant la foule depuis le toit ouvrant de son SUV, elle arpente les rues du quartier de Grand Yoff au son des klaxons, tout sourire, levant le poing pour galvaniser les sympathisants, à en croire un reportage de l'AFP.
Depuis la fenêtre de leur maison, les habitants se penchent pour apercevoir la candidate et son cortège. Son programme repose notamment sur la création d'emplois, la protection de l'environnement, la gratuité des soins et une réforme de l'éducation avec un enseignement dans les langues locales.
Mener une campagne en moins de deux semaines "est extrêmement difficile, on l'avoue", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Ça requiert une certaine ingéniosité. Il faut être 'innovative'", a souligné cette femme d'affaires de la nouvelle génération, employant un anglicisme qui colle à l'image qu'elle souhaite incarner. À partir de mercredi, elle entamera une tournée dans toutes les capitales régionales du pays.
Comme pour tous les candidats, le défi est de taille dans ce flux tendu. L'imprimerie MPS à Dakar travaille d'arrache-pied pour fournir le matériel de campagne à temps, avec plus de 30 000 affiches et 20 000 T-shirts à produire pour le lendemain. "On va devoir faire des heures supplémentaires et embaucher des freelances pour tenir les délais", a indiqué la directrice générale de l'entreprise à l'AFP.
Dans cette campagne éclair, Anta Babacar Ngom et les 18 autres candidats doivent donc redoubler d'efforts pour se faire connaître des Sénégalais en un temps record. Entre stratégie à adapter et production de supports sous pression, la course contre la montre est lancée pour cette élection présidentielle au calendrier bouleversé.
par Ange Constantin Mancabou
MENACES, RISQUES ET ÉVENTUELLES IMPLICATIONS D’UNE NOUVELLE MONNAIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Sénégal ne devrait pas se révéler être une petite particule monétaire ballotée au gré des crises financières et autres menaces économiques et géopolitiques. Une économie forte est un bon matelas pour une monnaie crédible
La monnaie est évoquée ici en français facile et en termes pratiques.
« Les promesses électorales sont déraisonnablement faites pour raisonnablement ne pas être respectées », cette expression de Pierre Georges, chroniqueur du quotidien français Le Monde me parait d’une acuité toujours renouvelée au fil du temps. L’ouverture de la campagne électorale pour la présidentielle du 24 mars 2024 nous offre l’occasion de relever les pépites et perles de programmes des candidats aux suffrages des Sénégalais. Les propositions d’actions se cognent et se bousculent dans les programmes. Il est opportun d’éviter qu’elles ressemblent à de fausses pierres précieuses, ou des fake news perturbants pour mieux enrober le produit.
Si certaines des promesses déclinées depuis l’ouverture de la campagne électorale semblent réalistes et sont au plus accompagnées d’une estimation sommaire aux chiffres arrondis pour la beauté de l’affichage, d’autres semblent faites, juste pour leur capacité à faire le buzz et/ou à faire rêver l’électeur (d’un changement de sa condition). Les urgences du Sénégal sont brulantes, avec une population majoritairement jeune (plus de 75%), exigeant des réponses immédiates à ses préoccupations. Il est donc opportun d’éviter que le Sénégal ne se retrouve au lendemain du 24 mars 2024, avec à sa tête un président-stagiaire accompagné d’un gouvernement de ministres-stagiaires.
Deureumou Sénégal, le scénario de monnaie-fiction !
Les promesses de changement ne produisent pas toujours de bons fruits, surtout si les réformes envisagées n’ont pas été étudiées, préparées et menées à bien. C’est la raison pour laquelle certaines promesses (ou propositions) ne résistent pas à l’analyse factuelle, scientifique et réelle. Il en est ainsi de l’annonce de la coalition Diomaye Président de créer une nouvelle monnaie (en sortant du FCFA). J’ai beaucoup de respect pour le parcours de mon collègue Diomaye. Cependant, il est opportun d’apprécier l’offre programmatique qu’il a faite suivant une grille de lecture mettant en avant les arguments, dans le cadre d’un débat d’idées afin de relever certaines considérations.
Pour les besoins de cette analyse, nous proposons d’appeler cette nouvelle monnaie annoncée : « Deureumou Sénégal », en attendant le baptême de cette monnaie future par ses initiateurs. « Deureume » est la pièce de monnaie jaune de 5 FCFA, symbolique de l’unité de compte de notre monnaie. Le poids d’une monnaie repose sur l’envergure et la consistance de l’économie qui la porte. Quelle est notamment l’envergure des réserves d’or (et de devises) auxquelles cette monnaie est adossée ?
Ce qui se conçoit bien, se monnaie clairement et les mots pour le dire arrivent aisément
Lorsqu’une économie est résiliente, diversifiée et exporte plus qu’elle n’importe, elle a plus de chance que sa monnaie ne soit pas chahutée au gré des circonstances et des crises diverses. Quelle situation a-t-on au Sénégal ? Un pays qui importe plus qu’il n’exporte. « La balance commerciale du Sénégal est déficitaire », cette phrase apprise dans les leçons à l’école primaire par beaucoup de générations d’écoliers au Sénégal dans les années 1970-1980 est encore d’une accablante actualité de nos jours.
En français facile, cela veut dire tout simplement qu’aujourd’hui, si le Sénégal avait sa propre monnaie, (après avoir exporté son arachide, ses produits halieutiques et autres bien exportés, il n’aurait pas récolté assez de devises (dollar et euro) pour acheter les denrées de consommation et biens d’investissement utilisés dans notre économie. En d’autres termes, sans les filets de sécurité monétaires de la BCEAO, on n’allait connaitre des pénuries de produits importés (ou restrictions) sur le marché (riz, sucre…), faute de devises. Si nous ne connaissons pas cette situation, c’est à la faveur du panier de devises (centralisation et mise en commun de toutes les devises de la zone UMOA) gérées par la BCEAO qui permet aux pays déficitaires de l’Union de s’approvisionner presque sans limitation en fonction des besoins des uns et des autres membres de l’UMOA. En clair, nous importons certainement en puisant sur les excédents de la Côte d’Ivoire (qui a une balance commerciale excédentaire du fait de la diversité de son économie qui exporte du café, du cacao et autres produits agroforestiers et matières premières).
L’Etat forme à des métiers pour servir la République et le peuple à travers l’Administration, c’est la raison pour laquelle des écoles de formations spécifiques existent dans divers domaines de compétences, le Centre de Formation Judiciaire (CFJ) pour les magistrats et greffiers, l’ENA (pour diplomates, inspecteurs et contrôleurs Impôts, Trésor, Douanes, Travail…), l’Ecole Nationale des Officiers d’Active (ENOA) et autres écoles de formation de la Gendarmerie de la Police (pour les Forces de Défenses et de Sécurité), les Facultés de Médicine et Pharmacie pour ces professions médicales... On peut poursuivre les exemples de cette nature pour bien d’autres professions au service des populations.
Toutefois, en matière monétaire, l’Etat du Sénégal a pris l’option historique de déléguer sa souveraineté monétaire à la BCEAO. Il est donc inutile de préciser que dans ce contexte, l’Etat n’a pas d’école de formation de praticiens de la monnaie. Nos meilleurs spécialistes en la matière sont (ou ont été en service) à la Banque Centrale. Lorsque l’Etat a besoin de l’expertise de ces spécialistes, il demande à la BCEAO de les mettre à sa disposition notamment à travers leur détachement dans l’Administration. C’est ainsi que nous avons de grands noms de hauts fonctionnaires issus des ces rangs qui ont occupé de hautes fonctions gouvernementales.
Je pense qu’il n’est pas imaginable d’envisager une réforme fiscale dans ce pays sans l’implication des praticiens de la fiscalité en service dans l’Administration fiscale. Il en est de même pour les réformes majeures pour tous les grands corps de l’Etat que nous avons cité plus haut. Comment peut-on alors envisager d’annoncer une telle perspective monétaire, sans les nombreuses études et concertations préalables qu’exigent les grandes réformes de cette envergure. Un de nos enseignant à l’ENA disait souvent, « quand vous serez dans vos bureaux et que vous devrez prendre une décision, pensez toujours à ses conséquences sur le paysan dans son village ».
Quelle politique d’intégration propose la Coalition Diomaye Président ?
Ne prenez pas mal que je me permette respectueusement quelques interrogations à la coalition Diomaye Président.
Est-ce que ces experts sénégalais ont été consultés (ne serait-ce que pour avis sur les préalables et les impacts d’une telle annonce et /ou décision) ?
Cette décision (annonce) a-t-elle été faite sur la base d’études techniques, scientifique ?
Quel est la feuille de route pour l’entrée en vigueur de cette nouvelle monnaie ?
Est-ce que l’impact de cette décision sur la monnaie a été bien apprécié ?
Est-ce que ses impacts sur la vie quotidienne du sénégalais ont été étudiés ?
Quelles (ou seraient) les mesures de mitigation de ces impacts ?
Est-ce que ce saut (dans le vide et l’inconnu monétaire) en vaut la chandelle ?
A-t-on remarqué que les dirigeants des Etats de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ont annoncé leur retrait de la CEDEAO, mais pas de l’UMOA et de l’UEMOA (sujet très délicat) ?
Quelle est la politique d’intégration globale que compte mettre en œuvre la Coalition Diomaye Président ?
Quitter l’UEMOA une des organisations régionales les plus en vue sur le continent africain à l’heure où l’on parle de ZLECAF au sein de l’Union Africaine répond à quelle logique économique, politique, d’intégration (au moment où des pays mieux nantis que nous cherchent à intégrer la zone euro) ?
Est-ce une annonce pour l’affichage ?
Dans les pays ayant une monnaie fluctuante, une déclaration peut avoir des impacts importants sur le cours de la monnaie et entrainer des phénomènes d’anticipation par les acteurs économiques. C’est la raison pour laquelle, il ne faudrait surtout pas s’étonner qu’il y ait une fuite massive de capitaux si le candidat de la coalition Diomaye Président se retrouve en ballotage favorable entre le 24 mars 2024 et l’annonce de résultats définitifs, juste à cause de telles perspectives. La dévaluation monétaire fait fondre le pouvoir d’achat. Nous avons encore en tête les affres de la dévaluation du FCFA en 1994. Partir de ce FCFA dévalué pour une plongée en apnée dans le Deureumou Sénégal ne semble pas rassurant, en l’état actuel de la situation. Le Mali avait fait l’expérience de l’abandon du FCFA avant de réintégrer l’Union. Nul doute qu’il ne serait pas revenu si cette sortie était réussie.
Nul n’est prophète chez soi, dit-on, il ne saurait en être autrement du FCFA. Il faut se rendre aux frontières de l’Union notamment avec le Nigéria, pour se rendre compte que notre FCFA tant décriée par certains est en fait une valeur refuge de ressortissants de ce grand pays ouest africain.
Des pertes d’emplois dès l’entrée en vigueur du « Deureumou Sénégal »
Sans besoin d’être un spécialiste en la manière, une analyse rationnelle permet de voir certains impacts d’une entrée en vigueur du « Deureumou Sénégal ». Notre pays, deuxième économie d’envergure de l’UMOA a l’insigne honneur d’abriter le siège de la BCEAO. Ce siège serait immédiatement déplacé vers un autre pays membres et tous les travailleurs sénégalais de cette institution se retrouveraient au chômage (en attendant une éventuelle intégration à une probable nouvelle « Banque Centrale du Sénégal » pour laquelle il faut dégager des moyens pour lui trouver des locaux, recruter du personnel, en faire de même pour les instances qui accompagnent une banque centrale telle que celle chargée de la définition de la politique monétaire (Comité de Politique monétaire), la Commission bancaire pour le contrôle et la supervision des banques…
Des emplois perdus en perspective aussi bien pour les Sénégalais employés à la Banque Centrale qu’à la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), la Commission de l’UEMOA et toutes les autres institutions et instances sous régionales traitant de ces questions. Le Sénégal quitterait certainement l’UMOA et l’UEMOA dont la présidence de la Commission est assurée par un Sénégalais (le président Abdoulaye Diop, ancien ministre délégué au Budget).
Ces bâtiments abritant le siège et les annexes de la BCEAO sont des propriétés de la banque centrale et le resteront puisque nous sommes un pays de droit et que la constitution garantie le droit de propriété en son article 15, sans évoquer les conventions et traités accordant privilèges et immunités à cette institution sous régionale.
Est-il raisonnable de perdre le siège de la BCEAO au moment où prennent forme les textes fondateurs de la future Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et que les discussions portent sur le pays devant abriter le futur siège de cette institution ? Les pays de l’UEMOA constituent déjà un seul bloc bien intégré à arrimer au reste de la CEDEAO, le moment venu. Cette nouvelle Union monétaire devrait à terme intégrer notamment les économies du Nigéria et du Ghana. Ce vaste ensemble d’environ 300 millions de consommateurs ouvre des perspectives économiques réconfortantes.
L’enjeu pour le Sénégal devrait être d’user de sa diplomatie économique et financière pour abriter le siège de cette future banque centrale (au lieu de créer une nouvelle monnaie et de fermer les portes de la BCEAO). Imaginez le nombre d’emplois potentiels au Sénégal (dans diverses spécialités) qui devraient être créés si tel est le cas. Le dynamisme économique lié à la consommation des agents souvent bien rémunérés de ce type d’institution (immobilier, billets d’avion…). Air Côte d’Ivoire et la capitale ivoirienne qui abrite le siège de la Banque Africaine de Développement apprécient à sa juste valeur le dynamisme économique additionnel d’une telle situation.
Actuellement, l’heure est à la création de grands ensembles économiques à travers le monde, le Sénégal ne devrait pas se révéler être une petite particule monétaire ballotée au gré des crises financières et autres menaces économiques et géopolitiques caractéristiques d’un monde globalisé.
En même temps que les portes de la Banque centrale se fermeront, la nouvelle Banque centrale future émettrice du Deumeurou Sénégal devrait trouver ou s’inventer d’autres outils de travail (logiciel et autres procédures dans un monde ou la cybersécurité est un enjeu de plus en plus important). Elle devrait trouver dans un pays développé une entreprise spécialisée dans la production de billets de banque Deureumou Sénégal sécurisés. Il faut dire que la création d’une unité d’impression au Sénégal, juste pour l’émission du Deureumou Sénégal serait très couteuses et non rentable. Je fais abstraction de la batterie de textes législatifs et règlementaires que nécessite une telle réforme, en substitution des textes en vigueur que des centaines d’experts de toutes les nationalités de l’Union ont mis des années à mettre en place.
Ce nouvel Institut d’émission imposerait les répercussions de ces changements à toute la place financière de Dakar. La presque totalité des établissements financiers et des banques qui pour une bonne partie avaient choisi Dakar du fait de son arrimage à la zone (et au marché de) l’UMOA devra alors revoir ses politiques et stratégies opérationnelles. Il faut envisager alors des relocalisations de banques et autres établissements de crédits. La stabilité et la prévisibilité de la politique monétaire et financière sont très importantes dans les décisions d’investissement. Le Sénégal peut-il supporter longtemps une hémorragie financière, d’investissement et d’emplois dans le secteur financier à cause d’une décision insuffisamment évaluée, ou appréciée juste à sa valeur ajoutée politique. Je fais abstraction des impacts d’une telle réforme sur bien d’autres secteurs économiques.
Nous sommes dans une Union monétaire de 8 économies ouest africaines disposant d’une monnaie convertible avec l’euro (1 euro = 655 FCFA). Si le Sénégal quitte cette union monétaire, abandonne le FCFA, réclame sa part de réserves pour bâtir sa nouvelle monnaie qu’on a dénommée Deureumou Sénégal, des choix stratégiques et structurants de régime de change (fixe, flotant, arrimage ou non à une (ou panier de) devise…) seront à faire, toutes choses qui vont contribuer à la détermination de sa valeur. Si nous quittons un ensemble dont le poids se traduit en ces termes : 1 euro = 655 FCFA, il est fort à parier que nous risquons de nous retrouver dans une équation sensiblement semblable à celle-ci : 1 euro = 6.550 Deureumou SN, avec une valeur divisée peut-être par 10. Imaginez alors ce que deviendrait le profil de notre dette extérieure largement libellée en euro et en dollar US. Elle serait alors certainement multipliée plus ou moins par 10 (juste pour donner un ordre de grandeur).
Pardi ! Où trouver des devises pour continuer à assurer le service de la dette, approvisionner le marché sénégalais en denrées de première nécessité... sans richesses additionnelles. Le pétrole et le gaz ? N’y pensez même pas, les recettes attendues doivent servir d’abord à rembourser la dette contractée pour développer ces projets. Un endettement représentant environ 70% du PIB avait déjà attisé des débats épiques notamment à l’Assemblée nationale, je me demande à quel type d’échanges on assisterait avec un taux d’endettement dépassant largement les 100% du PIB, juste à cause d’une décision monétaire pour des justifications liées à notre souveraineté. Notre souveraineté monétaire, nous l’avons juste déléguée à la BCEAO et le Sénégal l’exerce pleinement à travers ses représentants dans les instances de décision de l’Institut d’émission. Ne dit-on pas que l’Union fait la force ? Quittons ce cauchemar de monnaie-fiction pour retrouver notre réalité économique. La monnaie ne produit pas automatiquement le développement économique espéré, mais par contre, une économie forte, diversifiée et résiliente est un bon matelas à ressort pour une monnaie crédible.
Lorsqu’on estime qu’on habite une maison qui a besoin de rénovation, on n’est pas obligée de la raser d’abord pour ensuite aller chercher le financement nécessaire pour bâtir une nouvelle maison. Ce serait dommage de s’appliquer la politique de la terre brulée au moment où les urgences sont nombreuses.
Sous réserves de la disponibilité d’une série d’études (notamment d’impact) et d’analyses scientifiques sur les bénéfices de la création d’une nouvelle monnaie pour le Sénégal, devant faire l’objet d’échanges avec les spécialistes attitrés, il n’est pas souhaitable d’ouvrir la boite de pandore monétaire. Le Deureumou Sénégal ne devrait pas être le cimetière du pouvoir d’achat des Sénégalais qui porteraient alors le deuil de leur bien-être.
La presse rapporte que cette réforme d’envergure envisagée par la coalition Diomaye Président est déclinée dans un programme dénommé « Le projet d’un Sénégal juste et prospère ». Toutefois, ce projet de réforme monétaire se révèle injuste (parce que privant le pays d’atouts économiques, financiers et historiques acquis dans l’Union monétaire) et risquerait de compromettre le rêve d’un Sénégal prospère (sauf si la prospérité visée est celle de PROS, père véritable du projet).
Ange Constantin Mancabou est Inspecteur des Impôts et des Domaines.
IDRISSA SECK : QUATRE POUR DEUX MILLE VINGT...QUATRE
En tant qu’ancien Premier ministre et ancien maire de Thiès, il a démontré sa capacité à diriger et à gouverner avec intégrité et détermination. Son leadership exemplaire et sa gestion efficace des affaires publiques font de lui un candidat qualifié
Il ne manquera pas de se mettre en quatre pour notre pays !
Sur la scène politique sénégalaise, par ses prises de parole attendues comme par ses cures de silence assourdissantes, une figure se démarque. Engagement, vision et dévouement au service du pays : c’est Idrissa Seck. Il a déjà atteint la plus haute marche avant le pouvoir présidentiel : celle de Premier ministre, et ce depuis belle lurette, position à laquelle il avait frappé les Sénégalais par sa maestria et son pouvoir de mobilisation des forces vives de la nation. A la tête du parti Rewmi, Idrissa Seck a aussi fini d’incarner l’espoir d’un Sénégal prospère, inclusif et dynamique, dans une attitude constamment sereine, responsable et qui nourrit les espérances nationales. Dans cette tribune, j’ai souhaité partager avec mes compatriotes que vous êtes, les qualités et les idées qui font de lui le candidat incontournable, en cette candidature 4 pour 2024, après ses trois tentatives de 2007, 2012 et 2019, qui l’ont progressivement hissé à la place de chef de l’opposition. Oui, voici pourquoi les Sénégalais que nous sommes, – et je pense que vous serez nombreux à me le concéder et à y adhérer positivement, – devraient lui accorder leur confiance et leur vote majoritaire lors de cette élection du 24 mars prochain, de cet an de grâce 2024 :
Vision solide et confirmée pour un Sénégal prospère
Idrissa Seck est un homme d’État doté d’une vision claire pour l’avenir du Sénégal. Sa vision repose sur la création d’une économie robuste et diversifiée, la promotion de l’éducation et de la santé, ainsi que le renforcement des institutions démocratiques. Il s’engage à lutter contre la pauvreté, à créer des opportunités d’emploi pour les jeunes et à promouvoir l’entrepreneuriat pour stimuler la croissance économique.
Expérience et compétence
Fort d’une carrière politique remarquable, Idrissa Seck apporte une expérience précieuse à la table. En tant qu’ancien Premier ministre et ancien maire de Thiès, il a démontré sa capacité à diriger et à gouverner avec intégrité et détermination. Son leadership exemplaire et sa gestion efficace des affaires publiques font de lui un candidat qualifié pour relever les défis auxquels le Sénégal est confronté.
Promotion de la jeunesse et de l’éducation
Idrissa Seck accorde une importance particulière à la jeunesse et à l’éducation. Il s’engage à investir dans l’éducation de qualité pour tous, à améliorer l’accès à l’enseignement supérieur et à offrir des opportunités de formation et d’emploi aux jeunes. Il croit fermement que l’éducation est la clé du développement durable et de l’autonomisation des individus.
Justice sociale et inclusivité
Idrissa Seck est un fervent défenseur de la justice sociale et de l’inclusivité. Il s’engage à promouvoir les droits de l’homme, à lutter contre les inégalités et à garantir l’accès équitable aux services de base pour tous les citoyens sénégalais. Il croit en une société où chacun a la possibilité de réaliser son plein potentiel, indépendamment de son origine sociale, ethnique ou économique.
Pour conclure, sans terminer
Idrissa Seck incarne le renouveau et l’espoir pour le Sénégal. Avec sa vision audacieuse, son expérience éprouvée et son engagement envers le bien-être de ses concitoyens, il représente le candidat idéal pour conduire le pays vers un avenir meilleur. En lui accordant leur confiance et leur vote, les Sénégalais peuvent s’attendre à un leadership fort, une gouvernance transparente et une croissance inclusive pour tous. Je l’affirme et nous avons tous hâte d’être au 24 mars, inch’Allah, pour en faire la réalité concrète d’Idrissa Seck Président de la République du Sénégal, lorsque nous nous réveillerons le lundi 25 mars 2024.
« Candidature quatre : pour gagner en deux mille vingt-quatre « . C’est écrit : avec Idrissa Seck et sa Coalition Idy 2024, donnons-nous collectivement la chance de réenchanter le récit national sénégalais. Tous aux urnes, dans moins de deux semaines, pour matérialiser cet alignement prometteur des astres ! Quatre pour deux mille vingt…quatre. Je le réaffirme ici : Idrissa Seck ne manquera pas de se mettre en quatre pour notre pays !
Haymoute Sow est Full Stack Web Developper en France et "fervent" sympathisant du parti Rewmi.
LE PDS CRIE À LA FORFAITURE
Le parti libéral évoque des audios compromettants, preuve selon lui, de "tractations visant à évincer son candidat Karim Wade" de la course présidentielle. Il jure que son engagement pour le respect des règles démocratiques demeurera inébranlable
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du PDS, daté du 13 mars 2024, disqualifiant le Cour constitutionnel du processus électoral en cours.
"Dès le début de cette crise institutionnelle, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) s'est dressé en rempart pour la défense des valeurs fondamentales de notre démocratie. La scandaleuse décision du Conseil constitutionnel du 20 janvier 2024, qui a exclu notre candidat, Karim Wade, de la prochaine élection présidentielle nous a contraints à proposer la création d'une commission d'enquête parlementaire. Notre engagement pour le respect des règles démocratiques au Sénégal demeurera inébranlable.
Actuellement, des audios qui circulent sur les réseaux sociaux confirment nos craintes et mettent en lumière des échanges entre l'ex-premier ministre Amadou Ba et des membres du Conseil constitutionnel, en l'occurrence son président Mamadou Badio Camara et le juge Cheikh Tidiane Coulibaly dans le but d'éliminer notre candidat Karim Wade. Ces enregistrements prouvent l'existence de tractations financières visant à acheter des membres du Conseil constitutionnel, dont son président, pour évincer Karim Wade.
Pourquoi les acteurs de la société civile, habituellement vigilants sur les questions de corruption, de bonne gouvernance et de malversations, les médias et les institutions judiciaires du pays se sont abstenus de chercher à vérifier la teneur de ces enregistrements et à mettre en évidence des preuves irréfutables de tentatives de violations de notre système démocratique ?
Puisque la commission parlementaire est bloquée par le dépôt de plaintes judiciaires qui avaient pour seul but d'entraver ses recherches, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) prend la responsabilité de saisir la justice afin de faire toute la lumière sur ces faits, qui nous donnent raison sur le degré de la corruption qui frappe le Conseil constitutionnel. Nous n'accepterons pas que le Sénégal se dirige vers des échéances électorales marquées par des suspicions et des doutes, sous la gouvernance d'un organe dont l'intégrité des membres est sérieusement mise en question.
Le combat, que nous menons depuis l'origine, est celui de la démocratie, du respect des droits et de la volonté des citoyens sénégalais. Nous devons agir face à cette grave forfaiture qui porte atteinte au fondement même de notre démocratie.
Le Conseil constitutionnel est définitivement discrédité pour la prochaine élection présidentielle. Le président de la République est tenu d'en tirer, sans délai, les conséquences : nous exigeons la dissolution immédiate du Conseil constitutionnel.
Nous appelons l'ensemble des forces vives de la nation, les acteurs politiques, la société civile, et tous les citoyens épris de justice et de transparence, à se rassembler avec tous les militants du PDS dans cette exigence de vérité et de justice.
Nous continuerons sans relâche notre combat pour que la justice soit faite, pour que notre candidat Karim Wade puisse participer à l’élection présidentielle, pour que chaque Sénégalais puisse choisir librement ses dirigeants sans la moindre manipulation.
Nous demandons à toutes les fédérations du parti, à tous les responsables, aux militants et alliés de rester mobilisés et à l'écoute du programme d'actions du parti qui sera mis en œuvre dans les prochains jours."
par Ndiaga Gueye
UNE CARTE ÉLECTORALE EN QUESTION
Au moins 826 bureaux de vote fictifs, 1856 non localisables et 1998 abris provisoires. Ces chiffres alarmants pourraient impacter jusqu'à 2 359 587 électeurs, soit près d'un tiers de l'électorat
«En tant que découpeur de carte électorale, je peux avoir plus d’impact sur une élection que la campagne électorale… plus d’impact qu’un candidat. Quand, en tant que découpeur de carte électorale, j’ai plus d’impact sur une élection que les électeurs… le système est détraqué. » David Winston, consultant politique américain.
Le redécoupage de la carte électorale, selon les objectifs et la méthodologie utilisée, peut affecter d’une manière significative la participation et l’égalité, et in fine le résultat final d’une élection. Autrement dit, le redécoupage électoral peut être réalisé pour favoriser l’expression d’un résultat en façonnant le nombre de lieu de vote (LV) ou centre de vote et de bureaux de vote (BV) de chaque commune ainsi que leur périmètre et localisation dans une élection à une circonscription unique telle que l’élection présidentielle. Un redécoupage électoral réalisé selon des objectifs politiques partisans est qualifié de « Gerrymandering » ou « Charcutage électoral ».
Il est donc crucial, en perspective de la présidentielle de 2024, de s’assurer que le redécoupage de la carte électorale a été effectué de manière transparente en respectant des principes d’équité mais surtout du cadre légal.
Dans cette perspective, l’objectif de cette étude est d’une part identifier les éventuelles biais et distorsions de la carte électorale de l’élection présidentielle du 24 mars 2024, et d’autre part, évaluer ses effets sur le résultat final. Enfin, elle vise à attirer l’attention de l’opinion publique sur cet enjeu crucial pour que les citoyens s’en emparent et se mobilisent pour contrôler la cohérence et l’objectivité de la carte électorale afin que les résultats du scrutin, soient le reflet de la volonté de la majorité des Sénégalais.
La carte électorale a ainsi été réalisée uniquement en fonction des projections des résultats de l’élection présidentielle de 2019 par la coalition politique au pouvoir pour la gagner au 1er tour. A cet effet, elle fut modélisée à partir des résultats issus des élections législatives de 2017. L’objectif de réélire son candidat pour un 2eme mandat présidentiel constituait ainsi le fondement majeur de son action dans le redécoupage de la carte électorale.
En définitive, le résultat de l’action du Ministre chargé des élections dans le processus de redécoupage a été la production d’une carte électorale d’au moins 701 bureaux de vote fictifs, 1837 non localisables et 2102 abris provisoires impactant au moins 2 262 462 électeurs. En outre, 3550 bureaux de vote de moins de 300 électeurs dont 364 de moins de 100, ont été créés. Cette carte électorale a eu un impact significatif sur les résultats de l’élection présidentielle de 2019.
Il est donc à conclure que la carte électorale pour l’élection présidentielle de 2024 n’a pas été publiée. Une violation de la loi électorale mais aussi un manque de transparence qui suscitent légitimement des interrogations sur un document dont le contenu a un impact capital sur l’issue de l’élection présidentielle du 24 mars 2024.
Il est à rappeler que l’article L.66 du code électoral qui encadre le redécoupage de la carte électorale donne une liberté totale au Ministre chargé des Élections de la réaliser selon ses propres critères et choix. En outre, il n’existe pas dans le Code Electoral de contraintes qui pourraient restreindre et limiter l’action du Ministre chargé des élections, si toutefois, il serait tenté par un « Gerrymandering ». Il est tenu tout au plus de recueillir l’avis consultatif des comités électoraux via les préfets, sous-préfets et les informer de ses décisions. Des avis qui ne le lie pas, ainsi, le Ministre chargé des Élections décide en toute discrétion de la carte électorale à réaliser.
En considérant tout ce qui précède, il est à s’interroger sur une éventuelle « gerrymandering » ou « charcutage électoral » de la carte électorale de l’élection présidentielle de 2024 par le Ministre chargé des élections afin de faire gagner le candidat de sa coalition politique au 1er tour.
Cette étude aborde, ainsi, la question de recherche suivante: « La carte électorale, initialement prévue pour l’élection présidentielle du 25 février 2024, désormais pour le 24 mars 2024, a-t-elle fait l’objet d’un «charcutage électoral» qui pourrait affecter l’intégrité du scrutin ? »
Méthodologie
Afin d’investir cette problématique, pour pouvoir répondre à notre question de recherche, la méthodologie mise en œuvre en examinant la carte électorale de la présidentielle de 2019, est adoptée. Toutefois, l’analyse des données collectées est effectuée en fonction des résultats des élections législatives du 31 juillet 2022 en vue de pouvoir sonder ses effets sur l’issue probable de l’élection présidentielle du 24 mars 2024.
Résultats
Inclusion des acteurs du redécoupage électoral
La réalisation de la carte électorale est encadrée par l’article L.66 du Code Electoral qui dispose: «Dans chaque commune, le nombre et la localisation des BV sont proposés au Ministre chargé des Élections par les préfets et les sous- préfets, compte tenu des circonstances locales et du nombre des électeurs, et après avoir recueilli l’avis consultatif du comité électoral.
Les demandes de suppression, de modification et de création de LV doivent être dûment motivées et recevoir le visa obligatoire de la C.E.N.A.
Le comité électoral est tenu informé du sort réservé aux propositions de modification de la carte électorale.»
Il ne ressort pas de l’analyse des données médiatiques collectées, des données probantes sur la consultation ou non des comités électoraux par le Ministre chargé des élections. Il n’en apparait pas non plus, de données qui permettent de confirmer ou d’infirmer que les modifications de la carte électorale ont été approuvées par la CENA.
Il appert donc de ce qui précède, que le processus de redécoupage qui a produit la carte électorale nationale et étrangère qui ont été transmis aux candidats en vue de l’élection présidentielle, initialement prévue le 25 février 2024, sont le résultat de la mise en œuvre du pouvoir discrétionnaire du Ministre chargé des Élections conféré par l’article L.66 du code électoral.
Analyse des données empiriques
La carte électorale nationale et étrangère de l’élection présidentielle de 2024, ont été collectés auprès de membres de coalitions politiques ayant des candidats et d’acteurs de la société civile impliqué dans le processus électoral. Aussi, même si les cartes électorales ne sont pas disponibles par une publication officielle du Gouvernement du Sénégal, il est à estimer qu’elles sont des copies des versions officielles.
Dans la forme, les documents sont difficilement exploitables car non seulement ce sont des fichiers en format «Pdf» de 783 pour la carte nationale et 69 pages pour celle étrangère, mais en outre, les cartes électorales communales des 46 départements sont présentées de manière désordonnés. Ainsi, de la page 1 à 14 sont présentées celles du département de Bakel dans la région de Tambacounda, tandis que celles du département de Tambacounda de la même région, se trouvent de la page 680 à 695.
Malgré que les cartes électorales, ne soient pas sous format «Excel» pour faciliter leur exploitation, le traitement nécessaire a été fait pour extraire les données et ainsi procéder à leur analyse. Nous avons dans un premier temps généré les statistiques sur le nombre d’électeurs, par communes, par départements et par régions, et dans un second temps, nous avons fait un examen approfondi afin d’identifier les biais et distorsions pour pouvoir évaluer leurs conséquences sur les résultats de la présidentielle 2024.
Par rapport aux élections législatives du 31 juillet 2022, il y a une augmentation du nombre d’électeurs de 335 428. Sur le territoire national, il y en a eu 306 095 et à l’étranger 29 333.
Le nombre total de bureau de vote (BV) de la carte électorale est de 16 440. Dans le territoire national, il y a 15 633 bureaux de vote et 807 à l’étranger.
Sur le territoire national, 8 régions sur 14 constituent 80% de l’électorat avec 5 930 293 électeurs: Dakar 26.01% (1,829,823 électeurs), Thiès 14.26% (1,003,310 électeurs), Diourbel 9.04% (635,793 électeurs), Saint Louis 8.01% (563,642 électeurs), Kaolack 6.60% (464,438 électeurs), Louga 6.55% (460,639 électeurs), Fatick 4.95% (348,525 électeurs), Matam 4.49% (315,863 électeurs) et Ziguinchor 4.38% (308,260 électeurs).
Tandis que 24 départements avec 5 646 312 électeurs décident du scrutin parmi lesquels les 11 suivants: Dakar, Thiès, Pikine, Mbacké, Mbour, Rufisque, Tivaouane, Kaolak, Keur Massar, Podor, Guédiawaye qui ont plus de 200 000 électeurs. DAKAR se distingue nettement avec plus de 700 000 électeurs.
A l’étranger, les pays qui ont le plus d’électeurs sont3 pays Européens, France 22,68% (76 502 électeurs), Italie 15,30% (51 617 électeurs), Espagne 11,75% (39 616). Ils sont suivis de 3pays africains: Mauritanie 7,88% (26 590), Cote D'Ivoire 5,98 (20 177 électeurs) et Gabon 4,74% (15 996 électeurs).
Biais et distorsions
L’article L.66 du code électoral préconise qu’on peut affecter jusqu’à 600 électeurs par BV et qu’on peut affecter au dernier BV d’un LV, 650 électeurs pour éviter de créer un nouveau LV. Le nombre total de 16 440 BV ont été créés pour un électorat de 7 371 894. En vertu de la disposition précitée, on peut à estimer 3 910 le nombre de BV supplémentaires créés. Ce chiffre pourrait, cependant, être tempéré par les réalités géographiques.
Néanmoins, le résultat de l’analyse de la carte électorale indique des pratiques qui visent à ne pas atteindre le maximum de 600 d’électeurs, encore moins 650 par BV. Par exemple, dans la commune de Touba Mosquée (département Mbacké), au LV «UNIVERSITE TOUBA DAROU KHOUDOSS», 95 BV de 250 électeurs ont été créés contrairement aux préconisations de l’article L.66 du code électoral. Ainsi, plutôt que 49 BV au maximum, ce sont 95 qui sont créés.
Ainsi, avec de telles pratiques, 314 BV avec moins de 100 électeurs et 2736 de moins de 300 ont été créés sur le territoire national et tandis qu’à l’étranger, ce sont 5 BV de moins de 10 électeurs, 72 de moins de 100 électeurs, et 128 de moins de 300 électeurs.
Sur un nombre total de 7 371 894 électeurs, 7 033 854 sont sur le territoire national, donc l’issue du scrutin du 24 mars 2024 est déterminé par le vote national. Aussi, notre recherche de biais et distorsions pouvant impacter significativement les résultats de la présidentielle se focalise sur la carte électorale nationale.
Il ressort de l’examen de la carte électorale nationale que la nouvelle donnée électorale intitulée «Implantation» qui avait été introduite par le Ministre chargé des élections lors de l’élection présidentielle de 2019, y est toujours présente.
Pour rappel notre étude sur la carte électorale de l’élection présidentielle de 2019 a démontré que cette rubrique est utilisée pour créer des BV que le Ministre chargé des élections avait qualifiés de BV délocalisés. En réalité, ce sont des BV qui apparaissent dans 2 lieux de vote différentsdans la carte électorale: Une première fois dans la rubrique «Lieu de vote» et une deuxième fois dans la rubrique «Implantation». Pour y parvenir, ils sont délocalisés d’un lieu de vote vers un autre, sans les supprimer du bureau de vote de départ.
Il est à noter que non seulement la création de cette donnée électorale «Implantation» n’est pas prévue par l’article L.53 du code électoral, mais en outre, les informations qui y figurent sont invisibles aussi bien aux électeurs qu’aux candidats.
En effet, elles ne sont pas mentionnées ni dans les cartes d’électeurs, ni dans aucun des documents relatifs aux opérations électorales. Ce dernier constat est confirmé par la lettre de saisine du Préfet du département de Dakar, daté du 22 janvier 2024, ayant pour objet la désignation des représentants des candidats dans les bureaux de vote. Il n'y est pas fait référence à la rubrique «Implantation» dans le canevas qui leur est donné comme modèle par le Préfet pour désigner leurs représentants. En conséquence, les candidats à la présidentielle du 24 mars 2024 n’auront pas de représentants dans aucun des BV qui se trouve dans la rubrique «Implantation» de la carte électorale.
Il appert donc que ce sont des BV qualifies de délocalisés, qui peuvent aussi être étiquetés de fictifs, dupliqués ou parallèles. Mais quelle que soit la désignation, ils renvoient à la même réalité: Des bureaux de vote créés illégalement et introuvables par les électeurs et les candidats. Des lors, il est possible de fabriquer des procès-verbaux de résultats fictifs qui pourrait fausser les résultats de la présidentielle 2024. Il est donc fondamental de les déceler et identifier des réponses immédiates à implémenter.
Dans cette perspective, nous avons effectué une étude approfondie de la carte électorale. Et nous présentons nos résultats en commençant par quelques exemples tirés du département de Dakar.
Commune de Biscuiterie:
Les bureaux de vote (BV) № 20 à 24 sont aussi bien dans le lieu de vote (LV) « ECOLE BISCUITERIE »que dans « ECOLE NIANG » de la rubrique «Implantation». Pour rappel, a l’élection présidentielle de 2019 ces mêmes BV étaient délocalisés au LV « ECOLE OUAGOUNIAYES 1 ».
Commune de Cambérene
LV «ECOLE CAMBERENE 3»
En 2019, les BV № 13 à 16, soit 4 étaient délocalisés au LV « CEM CAMBERENE ». En 2024, les BV № 14 à 17, soit 4, ont été délocalisés au LV «CEM CAMBERENE 2».
LV «ECOLE SEYDINA ISSA LAYE»
En 2019, 18 des 26 BV délocalisés aux LV «SEYDINA I. LAYE A» et «SEYDINA I. LAYE B». En 2024, la même délocalisation est effectuée. Tandis que, les BV № 25, 26 et 27 sont délocalisés au LV «CEM SEYDINA ISSA LAYE».
Tous ces 18 BV auraient dû disparaitre du LV «ECOLE SEYDINA ISSA LAYE» et de nouveaux LV créés, à savoir «SEYDINA I. LAYE A» et «SEYDINA I. LAYE B».
Commune Fann Point E Amitié
LV «BUREAU DE COORDINATION TECHNIQUE» les 6 BV délocalisés au LV «ETSHOS IMED». Aux législatives de 2022, ils étaient délocalisés au LV «ITECOM CANAL 4».
Commune Grand Dakar
LV «ECOLE ISSA KANE (BASSAM GOUMBA)» 17 des 30 BV ont été délocalisés. Les 3 BV № 14, 15 et16 délocalisés au LV «ECOLE MAGUETTE C SARR (TAIBA G D)» tandis que les BV 17 à 30, soit 14, ont été délocalisés au LV «ECOLE PRIVEE LIMAMOULAYE».
Cette modification est effectuée depuis les législatives de 2022 car en 2019, les 3 BV № 14, 15 et 16 étaient délocalisés au LV «CEM ALIOUNE DIOP» et les BV 17 a 20 au LV «ECOLE MAGUETTE C.SARR» tandis que les BV 21 et 22 au LV «CENTRE SOCIOCULTUREL».
Commune Grand Yoff
LV «ECOLE MOR FALL (GRAND YOFF) » le BV № 13 délocalisé au LV «ECOLE KALIDOU SY ».
Les BV № 21 à 24 du «LV ECOLE KHAR YALLA » qui étaient délocalisés au LV «M.S. KER MAMADOU DRAME» en 2019, deviennent des abris provisoires en sus de 2 nouveaux BV créés (25 et 26).
En définitive, nous avons pu découvrir la création de 826 bureaux de vote fictifs dans les quels sont rattachés 469 291 électeurs.
Les régions qui comptent le plus de bureaux de vote fictifs sont Dakar 394 (240 535 électeurs), Thiès 111 (59 408 électeurs), Diourbel 43 (20 983 électeurs). Ce sont les 3 régions qui ont le plus d’électeurs au Sénégal, respectivement 26.01%, 14,26%, 9,04%. Elles déterminent donc l’issue de la présidentielle 2024.
Les régions qui comptent le moins de BV fictifs sont: Kolda 2, Ziguinchor 3, Sedhiou et Matam 4. La seule région qui n’a pas de BV fictifs est celle de Kédougou.
Les 8 communes qui ont le plus de bureaux de vote fictifs: Keur Massar Nord (38), MBour (36), Parcelles Assainies (34), Medina (33), Wakhinane Nimzat (33), Yeumbeul Nord (33), Diamaguene Sicap Mbao (32), Touba Mosquée (31).
L’examen de la carte électorale, nous a aussi permis de constater que le LV de certains BV sont identiques au nom de la commune et non le nom d’un édifice communal comme par exemple une école ou un collège d’enseignement moyen (CEM). Ainsi, la description du LV ne permet pas de localiser le BV contrairement aux dispositions de l’article L.66 du Code électoral. Ils sont ainsi des BV dont on ne sait où ils se trouvent dans la commune.
La commune de Saly Portudal (département de Mbour) dispose de 16 BV ayant comme LV «Saly Portudal». Dans le département de Tivaouane, la commune de Pire Goureye, 14 BV sont implantés dans le LV «Pire Goureye». La commune de Fanaye (département de Podor),11 BV ont comme lieu d’implantation le LV «Fanaye».
Au total, 1054 BV non localisables ont été identifiés dans la carte électorale nationale dans lesquels sont affectés 529 203 électeurs. Les régions qui en disposent le plus sont: Thiès (176), Saint Louis (125), Louga (116), Fatick 102. Et celles qui en ont le moins sont: Kedougou (23), Kaffrine (49), Ziguinchor (31), Matam (52). Il est à noter qu’il n’y a pas de BV non localisables dans la région de Dakar.
Dans la carte électorale étrangère aussi, le lieu d’implantation de chaque BV n’est pas précisément indiqué conformément aux dispositions de l’article L.66 du code électoral. Dans la carte électorale nationale, le nom de la commune est utilisé comme lieu d’implantation, dans celle étrangère c’est le nom de la ville qui est indiquée comme LV pour rendre le BV non localisable.
En faisant un décompte sur la base de ce constat, nous avons découverts que sur 807 BV, il n’y que 5 qui sont localisables : 1 BV à Tunis (Tunisie) et 4 BV à Banjul (Gambie). Ainsi, il y a 802 BV non localisables, par conséquent, à l’étranger sur les 338 040 électeurs, il n’y en a que 2032 dont le droit de vote est garanti car ils peuvent retrouver facilement leurs BV.
Quant au vote des 336 008 électeurs de l’étranger dont les BV ne sont pas localisables, soit, l’information sur le LV qui abrite le BV dans lequel le nom de l’électeur figure sur les listes électorales leur est donné officieusement, soit, c’est faire le tour de tous les LV de la ville pour le trouver. Cette dernière éventualité est impossible.
Donc, l’exclusion du scrutin d’un électeur rattache à un BV non localisable est assuré. Ainsi, on peut trier, choisir qui peut voter ou non, selon que son opinion politique est favorable ou défavorable. A cet effet, il suffit juste créer son propre fichier électoral (base de données) sur ses électeurs potentiels.
La carte électorale ne contient pas que des BV fictifs et non localisables, il a été aussi constaté la création de 1998 abris provisoires dans lesquels doivent voter 1 025 085 électeurs. Les régions ou il y a le plus d’abris provisoires sont: Diourbel (691), Kaffrine (212), Tambacounda (210), Thiès (197) et Louga (169).
Ce travail de recherche sur les biais et distorsions de la carte électorale de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 a permis de découvrir 826 BV fictifs, 1054 non localisables et 1998 abris provisoires mais aussi un nombre excessif de BV évalué à 3910. Aussi, la tendance qui se dégage de ces résultats indiquent qu’il y aurait certainement beaucoup plus de BV fictifs et non localisables à découvrir. Ne disposant pas de connaissances géographiques précises sur toutes les communes, cette recherche est inachevée.
Ainsi donc, ce travail n’est pas exhaustif. En effet, pour pouvoir identifier tous les BV fictifs et non localisables, il faut une bonne connaissance de la géographie et des infrastructures de chaque commune. Un tel travail demande des ressources humains et financières dont nous ne disposons pas.
En définitive, il est à constater que d’une part, il en a résulté de ce «Charcutage électoral» de la carte électorale un nombre de bureaux de vote excessifs de 3910. En conséquence, un tel nombre 16 440 BV pourrait empêcher les candidats d’observer le déroulement du scrutin le 24 mars 2024, donc un frein à leur capacité à garantir l’intégrité du scrutin.
En outre, l’existence dans la carte électorale de BV fictifs, non localisables et d’abris provisoires auront pour conséquence la désorientation et la confusion des électeurs impactés qui pourraient ainsi être privés de vote mais surtout amène la possibilité de créer des procès-verbaux de résultats fictifs.
Ces résultats de l’étude de la carte électorale nous permettent de tirer des conclusions qui seront les fondements de note évaluation de ses impacts éventuels sur les résultats de la présidentielle du 24 mars 2024.
Impacts éventuels sur les résultats et réponses préconisées
Un nombre excessif de BV ont été créés ce qui pourrait altérer les capacités des candidats à faire un travail de « police électorale » pour s’assurer que les adversaires ne trichent pas. La difficulté de mobiliser des représentants dans les 16 440 BV concerne surtout les candidats de l’opposition, en considérant leurs moyens en ressources humaines et financières limitées. La réponse serait une mutualisation des ressources. A défaut, ils ne pourront pas contester les résultats des BV dans lesquels ils ne sont pas présents.
Une carte électorale truffée de bureaux de vote fictifs, non localisables et d’abris provisoires peut permettre, d’une part de priver de vote à des centaines de milliers d’électeurs, et d’autre part, de fabriquer des procès-verbaux fictifs.
Les 469 291 électeurs affectés par la délocalisation de leurs bureaux de vote doivent avoir leurs cartes d’électeurs réédites pour pouvoir voter. Il est à considérer qu’ils ne voteront pas car rien n’indique que ce travail a été fait, en outre, il n’y a aucune campagne de communication des autorités afin de les informer d’une telle situation et les inciter à aller récupérer leur nouvelle carte d’électeurs. A 10 dix jours du scrutin, il est à considérer qu’ils ne pourraient pas participer au scrutin du 24 mars 2024, à moins que les autorités ne prennent la décision de les autoriser à voter dans le dernier LV dans lequel ils ont voté.
Une telle mesure avait été prise à la présidentielle de 2019 quand des milliers d’électeurs ne parvenaient pas à trouver leurs bureaux de vote. Toutefois, une telle solution ouvre la voie à des fraudes électorales par des votes multiples pour tout électeur qui a en sa possession plus d’une carte d’électeur. Donc, c’est une solution risquée qui pourrait éventuellement saper l’intégrité du scrutin.
Les électeurs dont les BV sont délocalisés ne sont les seuls à être sous la menace d’être exclus de la présidentielle 2024. Il y a aussi 865 211 électeurs, répartis dans 1856 BV dont 1054 sur le territoire national et 802 à l’étranger, qui sont affectés par les BV non localisables et qui risquent de ne pas voter car n’arrivant pas à trouver leur BV.
La solution à ce risque est d’amener les autorités à publier immédiatement le fichier électoral avec le lieu d’implantation exact de chaque bureau de vote. Des lors, une intense campagne de communication peut être mise en œuvre pour inciter les électeurs à vérifier leur situation électorale. Ainsi, ces électeurs pourront avoir la possibilité de jouir de leur droit de vote.
Enfin, il y a la question des BV qui peuvent être des sources de procès-verbaux fictifs de résultats.
A la lumière de notre étude sur la carte électorale de la présidentielle de 2019, les bureaux de vote fictifs pourraient avoir un impact significatif sur l’issue de la présidentielle 2024.
Pour trouver une réponse à ce risque, il est d’abord question de savoir et comprendre, comment de tels procès-verbaux peuvent être acheminés dans les commissions départementales de recensement des votes et ainsi être décomptés dans les résultats provisoires qu’elles publient.
Des lors, se posent d’abord les questions cruciales relatives à l’encadrement légal du plan de ramassage des procès-verbaux et de la compilation des suffrages.
L’article L.87 du code électoral dispose:«Un plan de ramassage des plis destinés à la commission départementale de recensement des votes est établi par l’autorité administrative. Il est mis en œuvre, sous le contrôle des délégués de la Cour d’Appel. Il est porté à la connaissance des représentants des candidats ou liste de candidats et est transmis à la C.E.N.A, pour visa, au moins soixante-douze heures avant le jour du scrutin. En cas de modification, la C.E.N.A, est immédiatement saisie.»
Le premier était conforme aux dispositions de l’article L.87 du code électoral. Quant au second, il est libellé comme suit: «Si le président du bureau de vote est lui-même désigné par l’autorité administrative pour transmettre le procès-verbal original, il doit se conformer au plan de ramassage et ne pas prendre des initiatives qui risquent d’entraîner la perte du précieux document. Il doit, notamment, attendre sur place l’arrivée du véhicule mis à sa disposition par l’administration pour déposer directement l’enveloppe à la commission départementale de recensement des votes.»
Il ressort de ce qui précède que dans le 1er plan de ramassage, l’autorité administrative envoie une équipe pour collecter les procès-verbaux et dans le second, elle demande au président du BV d’amener en personne le procès-verbal à la commission départementale de recensement des votes.
En vertu, des dispositions de l’article L.87 du code électoral, le deuxième plan de ramassage est illégal. Et c’est ce plan de ramassage qui permet de faire parvenir à la commission départementale des votes des procès-verbaux fictifs. Aussi, il est fondamental qu’un tel plan de ramassage ne soit pas mis en œuvre à nouveau.
A cet effet, il faut que les autorités publient dès à présent le guide pratique d'organisation et de fonctionnement du bureau de vote de l'élection présidentielle du 24 mars 2024, afin que les parties prenantes au scrutin, les candidats en particulier, s’assurent que ce plan de ramassage n’est pas prévu.
Le travail de compilation des procès-verbaux, aussi bien a la commission départementale qu’a la commission nationale est encadre par l’article LO.143 du code électoral. Il en appert que ce sont 3 magistrats qui délibèrent sur les procès-verbaux de résultats. Toutefois, ils n’ont pas le pouvoir de les annuler. En cas de doutes, ils ne peuvent tout au plus que faire des observations sur les procès-verbaux de la commission départementale.
Ainsi donc, ces magistrats dans leur travail de compilation des résultats, ils ne peuvent faire que des opérations d’additions et non de soustractions. Autrement dit, tout procès-verbal fictif qui arrive dans la commission départementale de recensement des votes est ajouté au décompte.
Enfin, en cas de destruction, de substitution, de perte ou de vol des originaux des procès-verbaux, les exemplaires détenus par les deux tiers (2/3) des représentants de candidats ou de listes de candidats feront foi au même titre que celui du représentant de la C.E.N.A.
En considérant tout ce qui précède, tout procès-verbal fictif acheminé à la commission départementale de recensement des votes est validé.
Enfin, il est à noter que dans les procès-verbaux des commissions départementales de recensement des votes le nombre de procès-verbaux de BV traités n’est pas mentionnés. Donc, il est impossible de savoir si leur nombre dépasse celui qui est fixé par la carte électorale.
Il ressort de cette analyse que l’un des points de vigilance maximal du scrutin est l’acheminement des procès-verbaux à la commission départementale de recensement des votes.
La réponse à toutes menaces sur la sincérité du scrutin, est d’abord, de s’assurer dès à présent qu’un plan de ramassage parallèle n’est pas prévu, et ensuite, de communiquer sur l’existence de BV qui pourraient être éventuellement transformés en BV fictifs.
En définitive, il apparait que les procès-verbaux ne sont pas traitées au niveau départemental mais national. Cependant, la commission nationale de recensement des votes, ainsi que les représentants des candidats, vu le temps imparti pour délibérer et publier les résultats, ne peuvent pas assurer ce travail titanesque.
En effet, il y aura à l’élection présidentielle du 24 mars 2024, 16 440 procès-verbaux de résultats. Et vu le temps imparti pour publier les résultats provisoires et officiels, la Commission nationale de recensement des votes ainsi que le Conseil constitutionnel, n’ont ni le temps, ni les ressources humaines pour considérer et traiter les observations sur tous les procès-verbaux. Ils n’ont pas le temps de reprendre un à un, les 16 440 procès-verbaux pour délibérer sur les observations. Il ne faut donc pas tomber dans le piège du «faites vos observations pour pouvoir ensuite saisir le juge électoral» pour ne pas assurer un contrôle rigoureux depuis le ramassage des procès-verbaux vers la commission départementale de recensement des votes.
Des menaces sur l’intégrité du scrutin ont été identifiés dans cette étude de la carte électorale et des préconisations ont été formulées pour y répondre. A défaut de leur mise en œuvre, les résultats définitifs de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 pourraient ne pas refléter la volonté de la majorité des Sénégalais.
PDG d'un important groupe privé, elle a réussi, grâce à sa ténacité sur le terrain, là où d'autres ont échoué : l'obtention des parrainages nécessaires. Portrait d'une femme qui force le destin
Personne ne l’a vue venir. Tel un ovni (objet volant non identifié), Anta Babacar Ngor, 36 ans, est apparue dans le champ politique quand personne ou presque ne l’attendait.
Peu d’observateurs auraient d’ailleurs parié, ne serait-ce qu’un kopek, sur cette ‘’fille de’’, bombardée PDG de Sedima, une entreprise familiale prospère évoluant dans l’aviculture, la production d’aliment de volaille, etc.
Des signes avant-coureurs devaient pourtant les alerter. Car, Anta Babacar Ngom a franchi avec brio l’immense obstacle de l’obtention de parrains. Un exploit, au moment où des cadors de la vie politique sénégalaise ont été, soit tout bonnement recalés, soit appelés à compléter leur liste trop courte de parrains.
Et comme le dit l’adage, qui veut aller loin ménage sa monture. La présidente du mouvement Alternative pour une relève citoyenne (ARC) l’a visiblement bien assimilé en investissant, dès les premières heures, le terrain, à la quête de parrains à sa candidature. A la surprise générale, elle réussit à les obtenir du premier coup.
Au vu des péripéties qui ont jalonné cette étape, rien que la validation par le Conseil constitutionnel de sa liste de parrains constitue une prouesse. Mais que ce fut dur ! Il a fallu pour Anta Babacar Ngom respirer l’odeur des grenades lacrymogènes tout le long de ses tournées dans des localités du pays.
Cet apprentissage de la politique à la sénégalaise aux allures de bizutage montre que, pour elle, le jeu en vaut la chandelle. Et il semble qu’elle n’a encore rien vu. C’était juste le teaser, pourrait-on dire pour emprunter un jargon cinématographique.
Connaissant le paysage politique sénégalais et la période électorale, très souvent émaillés de tensions, le film proprement dit, la campagne électorale, se caractérise par son agitation.
Provocations tous azimuts, attaques de convois, bagarres généralisées, tout ce qui caractérise la violence politique y passe, mais, pour Anta Babacar Ngom, l’engagement en politique obéit à des principes.
‘’Mon engagement portera sur l’éducation et la formation professionnelle pour relever une nouvelle génération de leaders qui sera apte à relever les défis futurs’’, disait-elle, en août dernier, lors du lancement de son mouvement.
Elle avait ajouté vouloir ‘’faire renaître l’espoir chez les jeunes et les populations sénégalaises en général’’.
Après avoir franchi l’obstacle des parrainages, une première pour une femme dans l’histoire politique du Sénégal, voici donc Anta Babacar Ngom, définitivement qualifiée pour la présidentielle du 24 mars. Sans parti politique, sans carrière dans l’administration, elle devra lutter pied à pied pour se faire une place dans un univers dominé par les hommes. Dans un pays où, de surcroît, les relents patriarcaux ont la peau dure.
Femme leader
Cela ne semble pas ébranler outre mesure cette femme leader, PDG du holding familial, Sedima, employant près de 800 salariés et riche d’un chiffre d’affaires de 42 milliards de francs CFA.
Son père Babacar, lui a mis le pied à l’étrier en 2016, alors qu’elle n’avait que 30 ans, à son retour du Canada et de la France, où elle a été formée.
Créée en 1976, l’entreprise Sedima est active dans l’aviculture, l’aliment de volaille, mais également dans l’immobilier et la boulangerie.
Présent au Mali et au Congo-Brazzaville, le groupe gère depuis 2018 la franchise KFC au Sénégal.
Si cette expérience managériale dans le privé ne suffit pas, Anta Babacar Ngom, qui a fait partie de l’équipe de campagne de Macky Sall en 2012, pourra miser sur le jeunisme et la photogénie. Des atouts certes pas décisifs, mais non-négligeables à l’ère des élections 2.0. Feu Djibo Ka, Abdoulaye Bathily ont, en leur temps, joué sur l’un, l’autre ou les deux registres.
Le premier était d’ailleurs appelé par le doux sobriquet de ‘’Peul bu rafèt’’ (Le Peul élégant, en wolof). Quant au second, les militants de son parti, la LD/MPT, n’hésitaient pas à chauffer ses meetings, chantant en chœur : ‘’Il est beau, il est jeune’’.
Aujourd’hui, avec l’apport des médias sociaux, Anta Babacar Ngom peut rajouter à ces atouts, sa présence remarquée sur les réseaux sociaux.
D’ailleurs, sur une de ses vidéos publiées sur TikTok, on la voit vêtue d’un jeans et d’un polo, marchant, puis pressant, cheveux au vent, avant de sauter dans sa rutilante voiture, le tout en images au ralenti. Une communication à l’ère du numérique qui renvoie à la campagne à l’américaine.
A ceux qui lui collent l’étiquette du ‘’Macky-compatible’’, elle dit : ‘’C’est en unissant nos forces que nous pourrons défendre efficacement les principes de notre démocratie et garantir le respect des règles électorales’’.
De chef d’entreprise à président de la République, la marche est on ne peu plus haute.
Certains en Afrique et ailleurs, Marc Ravalomanana à Madagascar, Patrice Talon au Bénin, feu Silvio Berlusconi en Italie, ont réussi à la franchir. Pourquoi pas Anta Babacar Ngom, au Sénégal ?