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29 novembre 2024
International
LE MAROC AU SECOUR DES PALESTINIENS
Le Royaume du Maroc a déployé une aide humanitaire composée de 40 tonne de denrées alimentaires destinée à la population de Gaza et de la ville Sainte d’Al Qods (Palestine)
Dakar, 13 mars (APS) – Le Royaume du Maroc a déployé une aide humanitaire composée de 40 tonne de denrées alimentaires destinée à la population de Gaza et de la ville Sainte d’Al Qods (Palestine), a appris mercredi l’APS de source officielle.
Cette opération humanitaire par voie terrestre en faveur des populations palestiniennes est lancée par le Roi du Maroc, Mohammed VI, président du Comité Al Qods, a indiqué le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger.
Selon un communiqué relayé mardi par l’Agence marocaine de presse (MAP), cette action humanitaire ‘’intervient pour apaiser les souffrances des populations palestiniennes, et notamment leurs catégories les plus vulnérables’’, en cette période de ramadan.
Cette assistance du royaume chérifien par le biais de la Fondation Mohammed V est composée de plus de 40 tonnes de denrées alimentaires, y compris des denrées de première nécessité, souligne la même source.
Le texte renseigne que le Roi Mohammed VI, en plus de l’aide institutionnelle, a bien voulu prendre en charge, sur ses deniers personnels, une grande partie de l’aide acheminée, dont celle destinée en particulier aux nourrissons et aux enfants en bas âge.
Le ministère précise que depuis le depuis de la guerre, ‘’le Maroc est le premier pays à acheminer, par cet itinéraire terrestre inédit, son aide humanitaire et qui sera livrée directement aux populations bénéficiaires’’.
Le Roi Mohammed VI, président du Comité Al Qods, a ordonné l’Agence Bayt Mal Al Qods de pour fournir une aide alimentaire aux populations de cette ville Sainte.
‘’Ainsi, 2000 paniers alimentaires bénéficiant à 2000 familles maqdessies seront distribués et 1000 repas seront servis quotidiennement en faveur des Palestiniens de la Ville’’, rapporte le communiqué du ministère.
Cet appui prévoit de mettre à la disposition de l’hôpital de Jérusalem d’une salle de coordination des urgences.
‘’Cette opération humanitaire de grande envergure au profit des populations palestiniennes vient confirmer l’engagement efficient et la sollicitude continue du Roi Mohammed VI, (…) en faveur de la Cause Palestinienne’’, a expliqué le ministère.
Des milliers de palestiniens vivant dans la bande de Gaza en Palestine ont perdu la vie dans l’opération militaire terrestre lancé par Israël après une attaque meurtrière perpétrée par Hamas, mouvement nationaliste palestinien au pouvoir dans l’enclave palestinien.
AMADOU SE BAT SEUL
Le bateau Benno bokk yaakaar (BBY) est-il en train de prendre l’eau ? En tout cas, son capitaine ne fait rien pour éviter la catastrophe
Le bateau Benno bokk yaakaar (BBY) est-il en train de prendre l’eau ? En tout cas, son capitaine ne fait rien pour éviter la catastrophe. Au contraire, tout porte à croire qu’une défaite de sa coalition est son objectif. Et cette situation ne peut pas perdurer. «Je dois me rendre à Dakar, mais tout le dispositif reste ici à Tivaouane. Le cortège et toutes les gens, qui m’accompagnent pour cette campagne, m’attendront ici à Tivaouane, parce que je compte revenir, ce soir-même (hier), pour poursuivre ma campagne électorale», avait annoncé Amadou Ba hier, pour expliquer le report des étapes de Tivaouane, Kébémer et Louga. Amadou Ba a ensuite pris le chemin pour Dakar où il a été rappelé «d’urgence» par le président Macky Sall, d’après nos sources.
Le candidat de Benno bokk yaakaar a rencontré le président Macky Sall pour savoir «s’il va le soutenir ou pas». En effet, l’état-major de la coalition au pouvoir s’est fait remarquer en ce début de campagne. Les responsables de l’APR, en majorité des ministres, qui font partie des grosses pointures de BBY, ne s’impliquent pas aux côtés de leur candidat, Amadou Ba.
Mais ce n’est pas le seul problème. Le budget de campagne n’est toujours pas débloqué. En plus, le président Macky Sall, qui avait promis à son candidat son aide pour les supports de communication, n’a rien fait pour mettre à disposition du candidat Amadou Ba ceux-ci qui sont stockés dans 33 conteneurs à Diamniadio. Malgré ces impairs, Amadou Ba a lancé sa campagne par un rassemblement dans la banlieue dakaroise.
Le journal Le Quotidien a appris que Amadou Ba devait commencer sa campagne à Mbacké, mais cette situation l’a poussé à choisir de démarrer celle-ci à Guédiawaye.
THIERNO ALASSANE SALL, UN DÉFENSEUR DE LA RÉPUBLIQUE DES VALEURS
Technocrate émérite devenu homme politique, Thierno Alassane Sall se présente désormais comme l'incarnation des valeurs républicaines. Portrait d'un candidat à la présidentielle déterminé à défendre l'intérêt général
Sur la liste des dix-neuf candidats retenus pour l’élection présidentielle du 24 mars, Thierno Alassane Sall (TAS), en acronyme, forme avec Idrissa Seck, le duo de ceux qu’il convient d’appeler les “candidats de Thiès”. La particularité de son orientation politique peut résider dans son engagement sans faille pour la défense de la République et de ses valeurs.
Le fils d’imam, moulé dans les valeurs islamiques dès son jeune âge, en garde encore les empreintes, indélébiles.
Son défunt père Amadou Tidiane Sall a eu à diriger les prières à la grande mosquée de Grand-Thiès.
Le nom de son parti, République des valeurs, est une inspiration qui n’est certainement pas étrangère à cette ambiance de piété dans laquelle il a baigné, enfant.
Thierno (qui signifie aussi marabout, en langue Pulaar), comme l’appellent les intimes, a fait ses études primaires à l’école des HLM Route de Dakar, à Thiès. Il a fréquenté le lycée Malick Sy de la cité du rail, où il obtient son baccalauréat. Il est ensuite allé poursuivre ses études à l’étranger, plus précisément en Tunisie, où il s’inscrit à l’École nationale d’ingénieurs de Sfax.
Avec son diplôme d’ingénieur en télécommunications et en aviation civile, obtenu dans cet établissement tunisien, il est recruté une fois de retour au pays, à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA), basée à Dakar. Une carrière de 22 ans qui l’a conduit jusqu’aux Comores pour, aime-t-il rappeler, lui faire payer ses prises de positions qui n’agréaient pas toujours la hiérarchie.
Il a occupé les fonctions d’auditeur de l’aviation civile pour le compte de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) en Afrique, en Europe et en Asie.
TAS a aussi été chef du Département sécurité et qualité à la direction générale de l’ASECNA et directeur de la navigation aérienne de l’Agence nationale de l’aviation civile du Sénégal (ANACS).
À l’ASECNA, où il a passé le plus gros de sa carrière professionnelle, il a aussi occupé le poste de chef de l’Inspection technique. Ce, avant d’être nommé membre de l’équipe des 19 experts mondiaux choisis pour la mise en place de l’annexe 19 de l’OACI sur la sécurité aérienne, Safety Management Panel (SMP).
Engagement politique
Son engagement politique est présenté comme le fait du hasard. Avec l’avènement de Macky Sall en 2012, il se voit confier la direction de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), où il fait un passage éclair, d’avril 2012 à octobre 2012.
Thierno Alassane Sall est ensuite nommé, successivement, ministre des Infrastructures et des Transports aériens, avant d’avoir en charge le portefeuille de l’Énergie de 2015 à 20217.
Réputé travailleur, rigoureux et doté d’un franc-parler certain, son passage dans ce ministère a coïncidé avec d’importantes découvertes d’hydrocarbures offshore, mais également avec le redressement de la Senelec, la société publique d’électricité. Cette période a été aussi marquée par des investissements substantiels dans la production d’énergie électrique et solaire et l’électrification rurale.
En tant que responsable des cadres de l’Alliance pour la République (APR), une de ses missions étaient, en même temps, de faire rayonner Thiès, mais également d’asseoir le parti présidentiel dans sa ville natale où l’opposant Idrissa Seck régnait en maître absolu.
Il ne s’est pas fait prier pour multiplier les réalisations. Selon un de ses proches, “à Thiès, toutes les nouvelles routes sont l’œuvre de Thierno Alassane Sall : cité Malick Sy, Sofraco, Parcelles Assainies, Grand-Thiès, l’Esplanade de la grande mosquée de Grand-Thiès, route de Diakhao, Fandène et Moussanté.”
Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre, a dit à son propos dans son ouvrage “Servir” : “Monsieur Thierno Alassane Sall est un technocrate membre influent du parti présidentiel. J’ai eu le net sentiment qu’il faisait de la politique par conviction. Je me souviens un jour lui avoir dit : quand je te vois, je regrette de ne m’être engagé en politique, car j’ai conscience qu’on peut faire de la politique dans notre pays sans vendre son âme”.
Parallèlement à ses activités politiques, l’ancien ministre milite pour le bien-être des couches défavorisées.
Mais en mai 2017, il sort du gouvernement, à cause de “divergences irréconciliables” avec le président Sall autour de de l’affaire Petro-Tim et des contrats entre l’Etat du Sénégal et Total qu’il dénonçait. Cette séquence est retracée dans son livre “Le protocole de l’Élysée. Confidences d’un ancien ministre sénégalais du pétrole”, publié en septembre 2020, aux éditions Fauves. Un ouvrage très critique de la gestion des ressources naturelles du pays depuis 2000.
C’est sur ces désaccords avec le chef de l’État, portant sur les négociations des contrats d’exploration du pétrole et du gaz au Sénégal, qu’il quittera le gouvernement et le parti présidentiel. Il mettra sur pied sa propre formation politique : la République des Valeurs, avec laquelle il compte conquérir le cœur des élections sénégalais au soir du scrutin présidentiel du 24 mars prochain.
par Fary Ndao
NOTRE SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE PASSERA PAR LA MAÎTRISE DES ENGRAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Outre l'acquisition d’un statut de pays exportateur d’hydrocarbures, notre pays a l’opportunité de produire localement, grâce au gaz naturel, des engrais synthétiques azotés et, notamment, le plus riche d’entre eux, l’urée
La souveraineté alimentaire est apparue, ces derniers jours, comme une préoccupation majeure chez la plupart des candidats qui sont sur la ligne de départ de la présidentielle du 24 mars 2024. En effet, qu'il s’agisse des programmes d’Idrissa Seck, de Thierno Alassane Sall, Bassirou Diomaye Faye, Amadou Ba, d’Aliou Mamadou Dia ou de Pape Djibril Fall, le terme revient, avec son lot d’orientations et de propositions fortes. Je tenterai dans cet article d’approfondir la question cruciale des engrais, intrants indispensables, aux côtés de l’eau et des semences, pour réussir à atteindre cette souveraineté qui est un impératif dans un monde incertain et qui se réchauffe.
Pourquoi les engrais ont-ils un rôle si important ?
Si notre pays a réalisé des progrès importants au cours de la dernière décennie dans la production locale de riz blanc (décortiqué), passant de 305 000 tonnes produites en 2012 à 910 000 tonnes en 2022, nous continuons encore à en importer, en moyenne, 900 000 tonnes par an depuis bientôt une décennie (source : ANSD). Cette dépendance aux importations pour la céréale la plus consommée du pays est encore plus marquée pour le blé, dont les quantités consommées sont en hausse constante alors que sa production locale demeure proche de zéro. Un effort de planification a récemment été mené à ce sujet par le Bureau Opérationnel de Suivi du Plan Sénégal Emergent (BOS-PSE) pour définir une stratégie de substitution aux importations de blé.
Cette stratégie et notre volonté d’autosuffisance en riz nécessiteront l’utilisation d’engrais pour devenir réalité. Mais de quels engrais parle-t-on ? Les plantes ont principalement besoin de trois nutriments pour assurer leur croissance : l’azote (N), le phosphate (P) et le potassium (K). Ces éléments chimiques permettent d’enrichir le sol où la plante viendra les prélever pour se développer. Ils sont issus de la nature et d’autres êtres vivants, on parle alors d’engrais organiques ou ils peuvent être synthétisés, c’est-à-dire fabriqués par des processus industriels, on parle alors d’engrais synthétiques ou chimiques.
Le Sénégal exploite depuis des décennies du phosphate (P) minéral mais importe encore de l’urée, un engrais azoté (N) à raison de 75 000 tonnes par an et de la potasse, un engrais potassique (K). Cette dépendance vis-à-vis de l’étranger nous expose fatalement aux variations de prix de l’urée et de la potasse sur les marchés internationaux mais aussi aux soubresauts géopolitiques comme la guerre engagée en février 2022 entre la Russie et l’Ukraine. Celle-ci a particulièrement souligné le déficit de souveraineté de notre pays sur deux points : son approvisionnement régulier en engrais à des prix supportables pour les agriculteurs sénégalais et sa dépendance céréalière. En effet, la Russie est le principal exportateur d’urée au Sénégal (75% en 2020) et fournit également, avec l’Ukraine, la majorité du blé consommé au Sénégal. Malgré les démarches d’urgence engagées par le président de la République, Macky Sall, pour éviter l’arrêt des corridors d’exportation d’engrais et de céréales, il convient aujourd’hui de durablement remédier à cette double dépendance en diversifiant la production locale, initiée par les ICS, d’engrais synthétiques, qu’il s’agisse des engrais phosphatés ou des NPK.
Produire nous-mêmes nos engrais synthétiques
Fondée à la fin des années 1970, la société nationale des ICS a été en plein essor durant les années 1980 et 1990, ce qui lui a valu d’être considérée comme l’un des fleurons industriels du Sénégal. Après une période difficile durant la décennie 2000, l’entreprise a été cédée, en majorité, par l’Etat à la multinationale indonésienne, INDORAMA. Cette privatisation lui a permis de renouer avec ses activités phares : l’extraction de phosphate minéral, la transformation de ce phosphate en acide phosphorique avec des volumes atteignant 600 000 tonnes/an et la fabrication d’engrais NPK renfermant chacun des trois nutriments essentiels à la croissance des plantes. La relance réussie de l’outil industriel des ICS grâce à l’expertise et aux investissements importants d’INDORAMA, malgré les réserves légitimes que l’on peut avoir sur le plan environnemental, doit inspirer l’Etat à retrouver une ambition dans la production d’engrais synthétiques avec de nouveaux outils industriels. Cette ambition devra viser, en particulier, la production d’urée (N), engrais capital dans la production céréalière, et celle du DAP, un engrais riche en nutriments N et P.
Valoriser localement notre gaz naturel en urée…
Les récentes découvertes de gaz naturel au large du Sénégal, et notamment celle du gisement Yakaar-Teranga, placent le Sénégal à la croisée des chemins : outre l'acquisition d’un statut de pays exportateur d’hydrocarbures, notre pays a l’opportunité de produire localement, grâce au gaz naturel, des engrais synthétiques azotés et, notamment, le plus riche d’entre eux, l’urée. Petrosen, la société pétrolière et gazière nationale, développe depuis bientôt deux ans, un projet de construction d’une usine ayant une capacité de production de 1,2 millions de tonnes d’urée par an. Cette production rendra notre pays autosuffisant en plus de lui ouvrir des perspectives d’exportation vers nos voisins d’Afrique de l’Ouest, le Brésil et les Etats-Unis. Ce projet, dont l’investissement global atteindra 900 milliards de FCFA, devra poursuivre et accélérer son développement au cours du mandat présidentiel 2024-2029, pour être opérationnel en 2028 ou 2029. Il pourrait générer 175 milliards de FCFA d’excédents commerciaux par an, jusqu’à 4000 emplois en phase de construction, 400 en phase d’opérations et plusieurs milliers d’emplois indirects dans le transport, l’agriculture et la fabrication d’engrais NPK de mélange.
…Et en ammoniac pour transformer localement notre acide phosphorique
L’Etat du Sénégal pourrait également affirmer la volonté de transformer localement l’acide phosphorique produit par ICS-INDORAMA et qui est, à l’heure actuelle, quasi exclusivement exporté vers l’Inde pour y être transformé en d’autres types d’engrais. Cette ambition retrouvée pourrait se matérialiser par la mise en place d’un projet de production d’ammoniac (N) qui servira, en étant combiné à l’acide phosphorique (P), à produire du DAP. Celui-ci peut être utilisé directement sur les plantes pour leur apporter les deux nutriments N et P, ou alors être utilisé, en étant associé à l’urée (N) et la potasse (K), pour la production d’engrais NPK. Un tel projet de synthèse d’ammoniac pourrait nécessiter des investissements de l’ordre de 600 à 700 milliards de FCFA.
Réduire l’impact environnemental des engrais synthétiques
Ces projets industriels de production d’urée et d’ammoniac devront être accompagnés, idéalement, d’unités de captation et de séquestration du CO2. Cela permettrait au Sénégal de respecter ses engagements en termes de rejets de gaz à effet de serre, suite à son adhésion à l’accord de Paris lors de la COP 21 en 2015. Nous produirions ainsi une urée et de l’ammoniac « bleus », à faible contenu carbone, ce qui ferait de notre pays un pionnier sur le continent.
Chez les agriculteurs, l’utilisation des engrais obéit, jusqu’à un certain dosage limite, à une logique simple qui peut se résumer dans l’expression suivante : « plus je mets d’engrais dans mon champ, plus je pourrais avoir des rendements importants ». Cependant, pour l’urée notamment, l’utilisation excessive peut entraîner une sursaturation des nappes phréatiques en azote, causant la prolifération des algues et menaçant la faune aquatique des cours d’eau proches des exploitations agricoles. Afin de limiter ces effets néfastes sur l’environnement, deux solutions complémentaires pourraient être adoptées : l’utilisation d’inhibiteurs de libération de l’urée et la sensibilisation des agriculteurs à une utilisation raisonnée des engrais.
Le Sénégal dispose en effet, sur son territoire, d’importantes quantités de l’un des meilleurs inhibiteurs de libération d’urée : le neem. Cette graine jaune à la chair pulpeuse est issue d’un arbre largement disséminé dans les terres intérieures de notre pays. L’enrobage avec du neem des billes d’urée permet une libération plus lente de cette dernière et donc une meilleure absorption par la plante, ce qui réduit les quantités d’urée nécessaire. Dans la même veine, une cartographie des sols, pour connaître leur état naturel d’enrichissement en nutriment, couplé à des opérations de sensibilisation menées par des ingénieurs agronomes ayant établi un lien de confiance avec les Agriculteurs, aidera ces derniers à utiliser la quantité d’engrais optimale pour concilier bons rendements agricoles et préservation de leurs sols et de leur environnement.
Réussir la cohabitation entre engrais organiques et synthétiques
Les engrais synthétiques, en particulier l’urée, seront indispensables à l'atteinte de l’autosuffisance céréalière (riz, blé, maïs). Leur production locale et leur utilisation raisonnée devront donc être encouragées par l’Etat du Sénégal qui devra, dans le même temps, poursuivre la promotion des engrais organiques. Cela nécessitera d’augmenter la part de la subvention qui leur est allouée au sein de l’enveloppe globale de 20 milliards de FCFA par an qui a été régulièrement dédiée aux engrais ces dernières années. Ces engrais organiques que sont le fumier, le compost ou les engrais verts sont issus de déchets ménagers, animaux ou végétaux, et permettent une assimilation lente des nutriments par les plantes. Ils favorisent également le développement des micro-organismes (bactéries, champignons, vers etc.) qui aèrent le sol et dégradent la matière organique qui s’y dépose. Faisant l’objet de travaux de recherche importants par l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), ces engrais pourront être utilisés dans l’agriculture en zone urbaine, mais aussi dans l’horticulture et les périmètres agroécologiques afin de préserver la durabilité des sols.
Ainsi, la poursuite des efforts de production, notamment du riz local, la mise en œuvre de stratégies sectorielles comme celle sur le blé, le déploiement d’une réelle ambition industrielle et le renforcement de la délicate mais nécessaire cohabitation entre engrais synthétiques et organiques, nous permettront, je l’espère, d’atteindre un objectif de souveraineté alimentaire qui fait l’unanimité au sein de la classe politique sénégalaise.
LES ÂMES DUREMENT ÉPROUVÉES
Sortis à peine du traumatisme du Covid que de violentes manifestations éclatent. Puis contestations meurtrières et reports électoraux s'enchaînent. La succession de chocs laisse des traces: la santé mentale de tout un peuple vacille
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 12/03/2024
L'enchaînement des crises sanitaire et politique que le Sénégal a traversé ces dernières années a lourdement pesé sur le moral des Sénégalais, selon des experts de santé mentale qui appellent à un meilleur soutien psychologique de la population.
Avant même que le pays ne se remette de l'épidémie de Covid-19, le Sénégal a été secoué en mars 2021 par d'importantes émeutes et pillages déclenchés par la mise en cause judiciaire d'Ousmane Sonko, principal opposant au président Macky Sall. Par la suite, le pays a été le théâtre de multiples épisodes de contestation violente et ces dernières semaines d'une crise politique aiguë née de l'ajournement des élections présidentielles. Ces troubles se sont soldés par plusieurs dizaines de morts, des milliers de blessés et des centaines d'arrestations, selon des sources policières.
"A peine étions-nous sortis du traumatisme du Covid que nous sommes tombés dans ce chaos et cette grande confusion. Nous n'avions même pas eu le temps de nous remettre du premier choc que nous avons dû affronter un autre traumatisme", explique à l'AFP le psychologue Serigne Mor Mbaye. "Cela a immédiatement provoqué une multiplication des troubles du comportement, du sommeil, des états anxieux chez de nombreuses personnes... À long terme, ces crises successives ont un impact durable sur la santé mentale de la population", ajoute-t-il.
Maman Lucie, 57 ans, habitante de la capitale Dakar, en a fait l'amère expérience avec la détention entre mars 2023 et mars 2024 de son fils, un proche de l'opposant Ousmane Sonko. "Je ne dormais plus le soir, j'étais constamment inquiète. Je passais mes nuits connectée sur internet", témoigne-t-elle. "Tout cela aura inévitablement des conséquences négatives sur ma santé dans le futur, j'en suis convaincue".
Pour Dieynaba Ndiaye, enseignante chercheuse en psychologie sociale à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, "beaucoup de ces personnes arrêtées ont vécu un véritable traumatisme, n'ayant jamais eu aucun problème avec la justice jusqu'alors". Le Dr Abdoulaye Bousso, qui a dirigé la lutte contre le Covid-19 dans le pays, estime quant à lui que si la pandémie a généré un important impact psychosocial, les événements politiques ont eu des conséquences moindres. Selon les psychologues Serigne Mor Mbaye et Dieynaba Ndiaye, la succession ininterrompue de crises a suscité un "sentiment de désespoir" et de "perte de sens" particulièrement chez les jeunes de moins de 25 ans, qui représentent 60% de la population sénégalaise.
La crise économique engendrée par la pandémie de Covid-19, après plusieurs années de forte croissance, puis les répercussions de la guerre en Ukraine, expliquent en partie que des milliers de jeunes Sénégalais aient pris ces dernières années le risque de l'émigration clandestine pour rejoindre l'Europe ou l'Amérique, selon M. Mbaye. Des personnes issues même de la classe moyenne, pourtant nanties selon les standards locaux, ont ainsi choisi de tenter leur chance par la mer ou le Nicaragua, signe d'un "désespoir nouveau", souligne Mme Ndiaye.
Les experts appellent à mieux accompagner psychologiquement les centaines de personnes remises en liberté ou sur le point de l'être grâce à une récente loi d'amnistie. Ils pointent également le manque criant de psychologues dans le pays, la faculté de psychologie de Dakar n'ayant rouvert ses portes qu'en 2021 après avoir été fermée en 1968. Dieynaba Ndiaye plaide pour la formation urgente d'écoutants afin d'orienter les cas les plus lourds vers les rares spécialistes.
Selon ces professionnels de la santé mentale interrogés par l'AFP, le Sénégal doit aujourd'hui relever le défi de prendre soin du moral de sa population, durement mis à l'épreuve par de longues années de crises à répétition.
PASTEF CONTRAINT À L'INNOVATION STRATÉGIQUE
L'absence forcée de son champion derrière les barreaux plonge le parti dans l'impasse. Faute de pouvoir compter sur sa figure de proue, le parti dissous orchestre un ralliement à d'autres candidatures pour exister médiatiquement
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 12/03/2024
Alors que la campagne électorale pour la présidentielle n'a débuté que depuis le 9 mars, l'ancien parti Pastef, désormais dissous, se trouve dans une situation inédite et contraignante, selon un reportage de RFI. En effet, son candidat Bassirou Diomaye Faye est toujours en détention préventive et ne peut pas participer directement aux activités de campagne.
"C'est une campagne inédite qui a démarré samedi 9 mars. Inédite par sa durée - moins de deux semaines - mais aussi par sa configuration : l’un des favoris du scrutin, le candidat du parti dissous, le Pastef, Bassirou Diomaye Faye, est toujours en détention préventive et ne peut pas battre campagne, privé également de la possibilité d’enregistrer ses spots de campagne sur la chaîne de télévision publique. Le Pastef tente donc de construire une stratégie de campagne malgré les contraintes", rapporte la radio française.
Pour pallier ces difficultés, l'ancien Pastef peut compter sur le soutien de deux autres candidats à la présidentielle. Tout d'abord, Habib Sy, plusieurs fois ministre et ancien directeur de cabinet d’Abdoulaye Wade, parrainé grâce aux députés du Pastef. "Si Habib Sy dit maintenir sa candidature, depuis samedi, il assiste aux différents meetings et caravanes de soutien au candidat Bassirou Diomaye Faye et dit défendre le même projet", précise la source.
L'autre allié est Cheikh Tidiane Dieye, ex-directeur de campagne de l’opposant Ousmane Sonko en 2019 et leader du mouvement Avenir-Senegaal bi ñu bëgg. Lui aussi maintient sa candidature mais affirme battre campagne pour le programme du Pastef et "donner de la visibilité à Bassirou Diomaye Faye, alors que ce dernier est privé - pour l’heure - de la possibilité d’enregistrer des clips de campagne à la télévision publique", d'après RFI.
"C’est une stratégie pour rassembler, comme dans une grande coalition politique", explique le directeur de campagne de l’ex-Pastef, Mustapha Guirassy, cité par le reportage. Toutefois, cette stratégie fait également craindre "une certaine confusion pour les électeurs" de la part d'un membre du parti, toujours selon la source.
Par ailleurs, l'ancien Pastef se mobilise sur le plan juridique. "Il promet de saisir aujourd’hui la Commission électorale nationale, voire la Cour Suprême pour qu’elle annule la décision de priver Bassirou Diomaye Faye de temps d’antenne à la télévision publique et l’autorise à désigner un représentant pour s’exprimer en son nom, tant qu’il est derrière les barreaux", conclut le reportage de RFI.
IDRISSA SECK, LA QUÊTE ULTIME DE LA PRÉSIDENCE
Vétéran de la politique sénégalaise, Idrissa Seck persiste et signe en se présentant une fois de plus. Après avoir dirigé gouvernements et parti, l'expérimenté candidat estime son heure venue pour accéder à la magistrature suprême
Candidat à l’élection présidentielle, Idrissa Seck, leader de la coalition (Idy 2024), économiste de formation, espère que cette fois-ci, sera la bonne après les tentatives de 2007, 2012 et 2019. Ce qui serait un couronnement pour celui qui n’a jamais fait mystère de ses intentions de s’asseoir un jour sur le fauteuil présidentiel.
Son cursus scolaire démarre à l’école primaire de Randoulène Sud 2 de Thiès. Ce, après avoir appris le Coran chez son homonyme Idrissa Gaye. Il poursuit ses études au collège Saint-Gabriel de la cité du rail, puis au lycée Van Vollenhoven (actuel Lamine Guèye) de Dakar.
Le baccalauréat en poche en 1981, il est lauréat du concours général.
Ce qui lui permet d’être admis en classe préparatoire à l’Ecole des hautes études commerciales (HEC) de Paris (France). En 1983, Idrissa Seck fait des études en sciences politiques, en section économie et finance.
A 14 ans déjà, il prend goût à la politique. Par le biais de son cousin Alioune Badara Niang, ami d’Abdoulaye Wade, secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (PDS) et membre fondateur de ce parti, il fait la connaissance de l’opposant historique.
Grand orateur, il gravit très vite les échelons au sein de cette formation politique libérale. Membre du bureau politique du PDS en 1985, il en devient le numéro 2, en tant que secrétaire général adjoint et plus proche collaborateur de Wade qui en fait son directeur de campagne pour l’élection présidentielle de 1988.
L’année suivante en 1989, il rencontre le secrétaire d’Etat américain James Baker (1989-1992) à l’ambassade des Etats Unis au Sénégal, après l’échec de son candidat dans la course présidentielle. L’homme d’Etat américain lui conseille de s’inscrire dans son Université pour réussir à élire son candidat. Grâce au programme de bourses Parvin Fellowship de l’Université de Princeton (Etats Unis), il s’inscrit à la Woodrow Wilson school of public and international affairs.
Au sein du PDS, il a été successivement président de la commission stratégies et secrétaire national chargé des affaires économiques et financières et de la formation des cadres, responsable du parti à Thiès en 1996, suite au décès, l’année précédente, de Boubacar Sall.
Du 15 mars 1995 au 20 mars 1998, il occupe le portefeuille de ministre du Commerce, de l’Artisanat et de l’Industrialisation, suite à la décision de son parti d’entrer dans le gouvernement de majorité présidentielle élargie du président Abdou Diouf. D’autres membres du PDS, dont Wade, étaient dans ce compagnonnage avec Diouf qui prit fin à la veille des élections législatives de mai 1998.
Il est encore directeur de campagne du candidat Wade pour l’élection présidentielle de 2000.
Abdoulaye Wade élu le 19 mars 2000 le nomme ministre d’Etat, directeur de cabinet.
Idrissa Seck devient Premier ministre du 4 novembre 2002 au 21 avril 2004. En juillet de l’année suivante, le président Wade met en cause sa gestion des fameux ”chantiers de Thiès”. La cité du rail dont il a été le maire, avait bénéficié d’un programme spécial, pour abriter, le 4 avril 2004, les festivités marquant le 44-ème anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale. Elles furent annulées.
Inculpé pour atteinte à la sûreté de l’État, sans détails sur les faits ainsi qualifiés, il séjourne à Reubeuss, la prison centrale de Dakar, à partir du 23 juillet 2005 jusqu’en début 2006.
Le 7 février de cette année, il recouvre la liberté, ayant obtenu un non-lieu aussi bien sur l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’État, que sur le dossier des chantiers de Thiès.
Il se sépare alors du PDS, pour créer avec ses soutiens, le parti ”Rewmi”. Il a été trois fois candidat à une élection présidentielle, en 2007, 2012 puis en 2019 où il était classé deuxième.
En 2020, Idrissa Seck se rapproche de Macky Sall qui le nomme à la tête du Conseil économique, social et environnemental (CESE), une institution consultative.
Le 24 avril 2023, il renonce à ce poste, pour préparer sa candidature à l’élection présidentielle de 2024.
BOUN DIONNE, L'ANCIEN PILIER DU POUVOIR VEUT LA PRÉSIDENCE
Après 6 ans passés dans l'ombre du président comme directeur de cabinet et Premier ministre, Dionne jette le gant et se dresse face à son ancien allié. Sa riche expérience au service de l'Etat fait de lui un prétendant sérieux à la succession de Sall
Après avoir joué les premiers rôles aux côtés de Macky Sall dont il a été un ardent défenseur, véritable fusible en tant que Premier ministre, pendant près de six ans, Mahammad Boun Abdallah Dionne, 65 ans, a fini par prendre ses distances avec son patron et cherche aujourd’hui à prendre sa place en briguant les suffrages des Sénégalais le 24 mars.
L’ancien Premier ministre (2014-2019), Mahammad Boun Abdallah Dionne, né le 22 septembre 1959 à Gossas, dans la région de Fatick, est un économiste et informaticien de formation.
Il a fait ses études primaires au gré des affectations d’un père commissaire de police, entre Dakar, Pikine Icotaf, Tivaouane, Saint Louis et Diourbel.
Dionne réussit au concours d’entrée en sixième au collège sacré cœur de Dakar avant de fréquenter le lycée Van Vollenhoven (actuel Lamine Guèye) où il a commencé ses études secondaires de la 6e à la 4e.
Il a fait la classe de 3e au lycée Charles de Gaulle de Saint Louis, avant de faire la seconde C au lycée Faidherbe (actuel Oumar Foutiyou Tall) de la même ville.
De retour au lycée Van Vollenhoven, il y fera les classes de première et de terminale et décroche son baccalauréat en série C (mathématiques et physiques) en 1977.
Dionne obtiendra le diplôme de troisième cycle (DEA/master à finalité recherche) avec mention, en sciences économiques, économie internationale et globalisation, spécialité politiques économiques et sociales de l’Université de Grenoble en France (1978-1983).
Il est diplômé aussi de l’Institut d’informatique d’entreprise (IIE) de l’Ecole nationale supérieure d’informatique pour l’industrie et l’entreprise (ENSIIE) de Paris. Titulaire d’un diplôme de relations internationales approfondies du Centre d’études diplomatiques stratégiques (CEDS) de Paris (France) en 1983, il a aussi fait l’institut d’informatique d’entreprise du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) de Paris en 1983.
Carrière professionnelle
Economiste de formation, Mahammad Boun Abdallah Dionne a commencé sa carrière en 1983 comme ingénieur à la compagnie IBM France (division des opérations extérieures), en qualité d`ingénieur technico-commercial, avant de rejoindre en 1986, la Banque centrale des Etats de l`Afrique de l`Ouest (BCEAO) où il a occupé les fonctions de chef de service à la Direction centrale de l’organisation et de l’informatique de 1996 à 1997.
Il a également occupé de 1997 à 2003, les fonctions de directeur de l`Industrie au ministère chargé de l`Industrie, avant d’être nommé chef du bureau économique du Sénégal à Paris avec rang de ministre-conseiller de 2003 à 2005.
Il a été à deux reprises directeur de cabinet de Macky Sall, d’abord à la Primature de 2005 à 2007 ensuite à l’Assemblée nationale de 2007 à 2008, sous le régime d’Abdoulaye Wade.
L’ancien Premier ministre a également été fonctionnaire à l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) de 2009 à 2010. D’abord en qualité de représentant de cet organisme international en Algérie en 2009 et 2010. Ensuite à Vienne en Autriche, au siège de l’ONUDI où il a occupé successivement, de janvier 2011 à mars 2014, les fonctions de coordinateur senior de la coopération sud puis chef du programme pour l’Afrique et les pays les moins avancés (PMA).
Membre de l’Alliance pour la République (APR) du président Macky Sall, Dionne milite dans cette formation politique de la mouvance présidentielle, Benno Bokk Yaakar (BBY) où il joue un rôle de premier plan pendant une dizaine d’années.
Aux législatives de juillet 2017, c’est lui qui conduit la liste de la mouvance présidentielle qui sortira largement vainqueur avec 125 sur 165 députés à l’Assemblée nationale.
Deux ans plus tard en 2019, il est le directeur de campagne du candidat Macky Sall à la présidentielle. Le président sortant remportera le scrutin dès le premier tour avec 58,27% des suffrages.
Carrière politique
Mahammad Boun Abdallah Dionne a occupé de hautes fonctions gouvernementales dont celle de Premier ministre de juillet 2014 au 14 mai 2019.
Sous son magistère, le gouvernement a mis en œuvre le Plan Sénégal émergent (PSE), devenu le référentiel des politiques publiques du pays.
A partir de mai 2019, à la suite à la suppression de la fonction de Premier ministre au Sénégal, il continua d’assurer les activités de coordination du gouvernement en qualité de ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence du Sénégal, du 6 avril 2019 au 28 octobre 2020, date à laquelle il quitte le gouvernement.
Il se lance en 2021 dans la consultation internationale avant d’être nommé en avril 2023, président du Conseil d’administration de la Banque industrielle pour le commerce et l’industrie (BICIS), d’où il démissionne, le 25 septembre de la même année, après avoir pris la décision de se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
En retrait du terrain politique, il est revenu au-devant de la scène avec sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle, en fin septembre 2023, après le choix porté par Macky Sall sur Amadou Bâ, comme candidat de Benno Bokk Yaakar (BBY).
Mahammad Boun Abdallah Dionne est candidat de la coalition ‘’Dionne2024’’. Il s’est engagé à ne faire qu‘’un seul mandat de 5 ans’’ s’il était élu.
Mahammad Boune Abdallah Dionne est l’auteur de plusieurs publications et articles sur les stratégies de développement économique et social. Il a publié en 2023 ‘’Le lion, le papillon et l’abeille’’ un essai à travers lequel il réaffirme la souveraineté du continent et déconstruit les thèses impérialistes qui maintenaient l’Afrique dans l’asservissement et la dépendance aux puissances occidentales.
L’ancien Premier ministre est aussi ingénieur informaticien et auditeur libre.
Mahammad Boun Abdallah Dionne a été décoré du Grand-Croix de l’Ordre national du mérite et Officier dans l’Ordre national du Lion du Sénégal, Grand Officier dans l’Ordre de la Couronne de chêne du Grand-Duché de Luxembourg et Commandeur de l’organisation internationale de la Protection civile (OIPC-ICDO Genève). Il parle de couramment le français et l’anglais.
par Annie Jouga
AU SECOURS, ON ASSASSINE DAKAR !
EXCLUSIF SENEPLUS - Le processus des « demolition men » s’accélère. L’attrait d’une ville se mesure à ce qu’elle a à offrir d’authentique, d’historique. Nous avons tant de choses à créer et cela dans le respect de tout ce qui nous a précédés
Dans ce dimanche paisible du Dakar-plateau, des coups de burin résonnent au loin !
Déjà, les échafaudages montés sur la façade de cette élégante bâtisse, m’interpellent depuis ce début de semaine ne faisant en fait que confirmer ce que je craignais au sujet de « l’hôtel Vichy », rue Félix Faure, immeuble des années 40, d’une architecture post moderne, dont le gabarit, bien inséré dans les façades de Dakar de cette période et laissé à l’abandon depuis une vingtaine d’années. Et de me dire, tantôt confiante lors des bons jours : « l’aurait-on oublié ? », et les jours de déprime : « quand vont-ils s’y attaquer ? »
Pour avoir vu depuis plus d’une dizaine d’années disparaître du paysage urbain dakarois plusieurs bâtiments dont l’architecture est indéniablement remarquable, au risque de voir son identité piétinée, je reste perplexe.
Qu’est donc l’identité d’une ville ? Et en l’occurrence l’identité de la ville de Dakar ? La question reste entière.
J’ai participé il y a quelques mois à une table-ronde dont le thème évocateur était ainsi libellé : « Métamorphose de Dakar, récits d’une ville de contrastes ».
Un interlocuteur, jeune architecte (français en l’occurrence), nous a fait un long commentaire sur l’absence d’identité de la ville de Dakar avec force argumentaire. Notre cher Sénégal est aujourd’hui envahi par ce genre de « bien-pensants » très connectés, proches des gens de pouvoir et de décision. Et pour cause, aujourd’hui en Europe et partout dans le monde, il s’agit de prioriser la réhabilitation de manière vertueuse plutôt que la construction neuve ! Entre autres engagements pris lors du Forum du bâtiment et du climat, tenu à Paris ce mois de mars 2024 et la déclaration de Chaillot a été signé par 70 pays dont … le Sénégal.
Alors, oui nos pays sont un excellent terrain de chasse, lorsque la commande s’amenuise de l’autre côté de l’océan ; ici il semble si facile de convaincre l’autorité, souvent sourde, ou bien inculte, ou bien avide, ou tout simplement n’ayant pas « le pays au cœur », dont les nombreuses signatures de déclarations n’engagent que très peu ! Il est donc facile pour elle de dire qu’après tout « ce ne sont pas des architectures de chez nous, ce n’est pas notre identité… ».
Et c’est pour cela que nous assistons meurtris, impassibles, à la démolition de bâtiments remarquables, d’une solidité indéniable, mais aussi dont l’histoire inscrite dans la pierre participe de l’identité de la ville.
Avec le projet de « modernisation des biens de l’État de Dakar-Plateau », mis en place dans l’urgence il y a deux ans par le ministère des Collectivités territoriales, le processus des « demolition men » s’accélère.
Comme dans une fin de règne ! Un peu à l’image de cette frénésie de 2012 lorsque la privatisation effrénée de la corniche Est, enfin pour ce qu’il en restait, où l’on a vu comme par magie les statuts fonciers danser au rythme d’un « sabar » endiablé, agrémentés de petits pagnes colorés et brodés au mode non aedificandi, domaine public maritime, pour finir en mode titre foncier ?
Aujourd’hui, la liste est longue, celle des biens de l’État à « valoriser » et déjà ces mêmes architectes, sûrement avec la complicité de nos architectes, travaillent dans leurs bureaux d’études hors Sénégal, à donner « une identité à Dakar », pensent-ils ! Et bientôt, comme il se susurre, allons-nous voir poindre des grands immeubles à la place du ministère des Affaires étrangères construit en 1905 et qui a été entre autres le premier Palais de Justice (dans les années 50).
Il en sera de même, pour la prochaine démolition de la Gouvernance et la Préfecture, sur la place de l’Indépendance, mais aussi des bâtiments militaires vestiges du Camp Lat Dior, situés sur l’avenue Peytavin et emportant je suppose les caïlcédrats centenaires bordant cette magnifique avenue. Appelée au début de la construction de Dakar, boulevard de la Nationale, elle ouvrait la ville sur la mer à l’est et à l’ouest.
On va donc continuer de démolir des bâtiments qui, s’ils étaient réhabilités « de manière vertueuse » comme dit dans la déclaration de Chaillot, devraient minimiser l’utilisation de ressources non-renouvelables et maximiser l’efficacité énergétique. Il s’agit aujourd’hui de « décarboner » la construction et notamment développer l’utilisation de matériaux s’appuyant sur les ressources du territoire.
On va donc continuer de démolir « au marteau et au burin » quand, dans le même temps, les mêmes gens parlent de constructions « intelligentes, de constructions de « dernière génération » (ne me demandez pas ce dont il s’agit !) et sans crainte des risques encourus sur l’environnement et notamment du fait des émissions de gaz à effet de serre, entre autres.
Aujourd’hui, se fermant les yeux, élevant des grands murs de bâtiments le long de la mer, du port à l’aéroport, Dakar est devenue comme paranoïaque et surtout asphyxiée : malade, elle a tourné le dos à la mer.
Absence de vision, absence de goût, même si l’adage dit que tous les goûts sont dans la nature, je ne sais trop ; une chose est sûre c’est que l’attrait d’une ville se mesure à ce qu’elle a à offrir d’authentique, d’historique ; il nous faut donc raconter notre propre histoire, celle qui est inscrite dans les bâtiments et faire en sorte que les siècles se succédant, se « bousculent » mais avec une grande tolérance …
Mais oui, Dakar doit être « modernisée » c’est-à-dire « redevenir » une ville où il fait bon vivre, bon marcher, parce que tout est à sa place.
Mais aussi, il nous faut avoir le courage de ne faire rentrer dans le centre-ville que les véhicules indispensables et donc créer des parkings non pas au centre-ville inaccessible dans le sens du matin pour y rentrer et dramatiquement vide dans le sens de la sortie. Il faut réduire le flux de personnes entrant dans Dakar et là, l’équation BRT questionne.
C’est aujourd’hui plus une question de santé publique.
Oui, il faut « moderniser » les grands immeubles des années 40, 50 et 60, propriétés privées comme publiques, sans leur faire perdre leurs âmes. Et également ces architectures des années 70 et 80 conçues autour du parallélisme asymétrique. Ces architectures sont l’identité de Dakar, du Sénégal.
Moderniser veut dire faire des recherches sur les matériaux du 21e siècle et c’est à cela que sert l’école spécialisée pour qu’enfin les matériaux permettent de construire des architectures qui nous ressemblent, pour qu’enfin nos écritures architecturales soient culturellement conçues.
Nous avons tant de choses à créer et cela dans le respect de tout ce qui nous a précédés, avec humilité.
Aussi, il est impératif que dans notre pays les écoles foisonnent pour que nos jeunes générations se bousculent pour réinventer le futur…
Moderniser Dakar s’entend de façon globale et s’inscrit à l’échelle du territoire et non pas ponctuellement même s’il est important que chaque quartier trouve (ou retrouve) son identité.
Pour Dakar, d’aucuns diront que c’est trop tard !
Pour ma part, j’y crois toujours et encore, même si je sais que cela sera difficile mais pas impossible.
Et cela est l’affaire de tous !
Annie Jouga est architecte.
LA TURQUIE, L'IRAN ET LE MAROC AVANCENT LEURS PIONS AU SAHEL
Dans le sillage du retrait de la France, la Turquie, l’Iran et le Maroc multiplient les initiatives en direction des régimes militaires du Sahel qui cherchent à diversifier leurs partenaires.
Avions de chasse, hélicoptères de combat… Face aux caméras de la télévision burkinabè, le directeur de l’agence turque de l’industrie spatiale et aéronautique déploie un catalogue alléchant pour des régimes militaires aux prises avec les groupes jihadistes.
Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Karamoko Jean Marie Traoré, rappelle lui l’un des mantras des régimes sahéliens dont les armées souffrent de sous-équipement chronique: "Il s’agit pour nous de développer les capacités endogènes de manière à réduire notre dépendance".
Une dépendance aux forces étrangères, notamment de la France et d'autres pays occidentaux, qui ont été déployées pendant plus de dix ans dans la région, et rechignent à livrer du matériel offensif à des armées accusées de perpétrer des exactions contre les populations civiles.
Tandis que les troupes françaises pliaient bagage, les drones de combat livrés par la Turquie sont devenus des pièces maîtresses des dispositifs des armées du Mali et du Burkina Faso, engagées dans un conflit asymétrique. Leurs frappes seraient à l’origine de nombreuses victimes collatérales, d'après un rapport en janvier de l’ONG Human rights watch (HRW), ce que nient les autorités.
Début 2024, le Mali a réceptionné un nouveau lot de drones turcs Baykar prisés pour leurs performances, valant au PDG de l'entreprise qui les fabrique, Haluk Bayraktar, d'être décoré à Ouagadougou en avril 2022 sur instruction de l'homme fort du Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré.
"Le secteur de la défense est le moteur de la politique étrangère turque dans les pays africains", souligne Federico Donelli, politologue et auteur d’un livre sur l’influence turque en Afrique. Alors que Moscou s’impose comme le principal allié des régimes militaires sahéliens, Ankara fait montre d’une politique "opportuniste" qui "tente de se positionner comme une alternative aux Européens et à la Russie", explique-t-il.
L’ancien chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavuşoğlu, "avait été la première figure internationale de haut niveau à rencontrer la junte militaire au Mali après le coup d’Etat d’août 2020. Ankara a également adopté une position conciliante avec la junte au Niger, pays clé dans la région pour la Turquie car situé à la frontière sud de la Libye, où Ankara possède de très nombreux intérêts", selon le groupe de réflexion italien ISPI.
Ankara mûrit également un projet de corridor transsaharien reliant les pays du Golfe de Guinée à l’Algérie, autre bastion nord-africain des investissements turcs, souligne Federico Donelli.
Concurrence du Maroc, de l'Iran
Un projet concurrent a déjà été initié par le Maroc, qui s’est dit prêt en septembre à mettre "ses infrastructures routières, portuaires et ferroviaires" à la disposition du Mali, du Burkina, du Niger et du Tchad, pays enclavés, dont les trois premiers ont annoncé fin janvier leur retrait de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
"La Turquie a des capacités militaires. Avec le Maroc nous avons d’excellentes relations depuis l’indépendance, et il s’agit plutôt de développement économique", selon une source gouvernementale au Niger.
Maroc et Turquie, dont l’influence dans la région est ancienne, pourraient y subir la concurrence nouvelle de l'Iran, qui, depuis 2020 et les coups d’État au Mali, Burkina et Niger, multiplie les initiatives.
En octobre, Téhéran a signé plusieurs accords de coopération avec le Burkina Faso, notamment dans les domaines de l’énergie, de l’urbanisme, de l’enseignement supérieur, et de la construction. Téhéran, également producteur de drones de combat, a annoncé fin janvier la création de deux universités au Mali, en plus de la signature de divers accords de coopération.
La politique africaine de l’Iran est caractérisée par "un langage révolutionnaire, une logique tiers mondiste et anti-impérialiste", avec des "arguments diplomatiques évidents" pour des pays en rupture avec l’ex-puissance coloniale française, assure l’économiste Thierry Coville, spécialiste de l'Iran à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Mais, ajoute-t-il, "les Iraniens signent des dizaines d’accords et aucun ne marche. Ils n’ont pas les financements nécessaires pour soutenir des accords, ni pour concurrencer sérieusement la Turquie ou l’Arabie Saoudite".
L'Iran, qui a augmenté sa production d'uranium enrichi à 60% selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), pourrait-elle, à terme, convoiter les réserves d'uranium du Niger exploitées jusqu'à présent par la société française Orano ? "C'est notre ressource, on peut la vendre à qui ont veut", affirme une source gouvernementale nigérienne.