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22 avril 2025
International
par Thierno Alassane Sall
UNE INJURE À L'HISTOIRE DU SÉNÉGAL
Cette révision doit être considérée comme nulle et de nul effet. Le mandat de Macky Sall expire le 2 avril. Au-delà, ce ne serait que par un coup d'État flagrant et par une dictature plus décomplexée que Macky Sall pourrait s'imposer
Le président de la République s'est arrogé des pouvoirs qu'il n'a pas, piétinant la Constitution du Sénégal. Le Parlement vient de violer l'article 103 de la Constitution, qui rend impossible la prolongation du mandat limité à cinq ans par l'article 27. Ces manœuvres criminelles sont une injure à l'histoire du Sénégal.
Cette révision doit être considérée comme nulle et de nul effet. Le mandat de Macky Sall expire le 2 avril. Au-delà, ce ne serait que par un coup d'État flagrant et par une dictature plus décomplexée que Macky Sall pourrait s'imposer.
La CEDEAO et la France, qui dénonçaient hier la conduite du capitaine Ibrahim Traoré au Burkina Faso et du colonel Assimi Goïta au Mali, s'accommodent du putsch de Macky Sall. Ce même Macky Sall qui, en 2016, a envoyé nos troupes en Gambie pour soit disant contrer la confiscation des élections par Yaya Jammeh. Aux démocrates, républicains et patriotes de tous bords : nous ne devons pas faire moins que Macky Sall contre Yaya Jammeh !
DERRIERE LE REPORT DE LA PRESIDENTIELLE, LA GUERRE DES CLANS AU SOMMET DE L'ÉTAT
Macky Sall chercherait à écarter son dauphin désigné Amadou Ba, fragilisé ces derniers mois par d'influents conseillers et ministres proches du palais, dont Mame Mbaye Niang, Mahmoud Saleh ou encore Abdoul Aziz Mbaye
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 06/02/2024
La décision surprise du président sénégalais Macky Sall de reporter la présidentielle prévue le 25 février marque l'épilogue d'une lutte de pouvoir qui agite les hautes sphères du pouvoir depuis des mois. Selon des informations publiées par le site d'information Africa Intelligence, ce report répond avant tout à une logique de règlement de comptes entre le chef de l'État et son Premier ministre Amadou Ba, pourtant désigné comme dauphin en septembre dernier.
"Cette décision constitue une victoire pour une poignée de proches du président", explique Africa Intelligence. Parmi eux, Mame Mbaye Niang, ministre du Tourisme et proche de la première dame Marième Faye Sall, ou encore Mahmoud Saleh et Abdoul Aziz Mbaye, deux influents conseillers à la présidence, qui ont œuvré ces derniers mois à fragiliser Amadou Ba. "Sceptiques quant à ses chances de gagner le scrutin", ces fidèles de Macky Sall espèrent tirer profit du report pour convaincre ce dernier de changer de dauphin.
Ils ne seraient pas seuls dans cette entreprise. L'homme d'affaires Thierno Ba et Abdoulaye Daouda Diallo, président du CESE, qui ambitionnaient aussi de succéder à Macky Sall, auraient participé à cette "opération d'affaiblissement" d'Amadou Ba, selon les informations d'Africa Intelligence. Le média cite également des ministres comme Thérèse Faye Diouf.
Ces fidèles auraient joué un rôle clé dans l'adoption le 31 janvier par l'Assemblée nationale, sur proposition de l'opposition, d'une résolution créant une commission d'enquête sur la validation des candidatures. Cette résolution a été citée comme l'un des motifs du report par Macky Sall.
Selon les informations obtenues par Africa Intelligence, quelques cadres du parti au pouvoir, l'APR, dont l'ancienne ministre de la microfinance Zahra Iyane Thiam ou encore Aliou Sall, le frère du président, ont exprimé leur opposition au report de la présidentielle. En vain. Macky Sall se serait finalement résolu à opter pour ce choix risqué, au grand dam de son Premier ministre Amadou Ba qui n'a cessé de s'y opposer.
Conséquence de ce désaccord, les relations entre les deux hommes, déjà ambivalentes, se seraient brusquement détériorées au cours des dernières semaines, d'après Africa Intelligence. Si Amadou Ba a été convoqué par Macky Sall pour une entrevue au palais présidentiel le 2 février, il aurait brillé par son absence lors du conseil des ministres dix jours plus tôt. Le 28 janvier, il n'est également pas venu saluer le chef de l'État sur le tarmac de l'aéroport comme le veut le protocole, alors que Macky Sall s'apprêtait à s'envoler pour Rome.
Africa Intelligence indique que plusieurs membres de l'entourage d'Amadou Ba lui auraient conseillé de démissionner de lui-même avant que Macky Sall ne le démette de ses fonctions. Certains de ses conseillers l'inviteraient également à prendre discrètement attache avec le camp d'Ousmane Sonko, opposé au report de l'élection.
par Camille Bounama Sylla
L'APPEL D'UN PATRIOTE À LA RAISON
Monsieur le président, en annulant les élections, vous avez pris une décision qui est perçue par de nombreux citoyens comme un manque de respect envers notre démocratie et les principes fondamentaux qui la sous-tendent
Je vous écris aujourd'hui en tant que citoyen sénégalais profondément troublé par les récents événements politiques qui ont secoué notre pays. En tant que patriote, je reste attaché à mon identité sénégalaise malgré les difficultés que nous traversons.
Le Sénégal a longtemps été considéré comme un modèle de démocratie en Afrique, un pays où les valeurs de liberté, de justice et de transparence étaient respectées. Cependant, l'annulation des élections a provoqué une fracture dans notre système démocratique et a semé le doute quant à la stabilité politique de notre nation. Pour exprimer ma profonde déception et ma préoccupation quant à l'annulation des élections présidentielles. Cette décision remet en question votre leadership et pourrait avoir des conséquences négatives sur votre réputation à l'échelle internationale.
En tant que président de notre pays, vous avez la responsabilité de représenter les intérêts et les aspirations de notre peuple. En annulant les élections, vous avez pris une décision qui est perçue par de nombreux citoyens comme un manque de respect envers notre démocratie et les principes fondamentaux qui la sous-tendent.
Cette annulation peut également avoir un impact significatif sur votre position sur la scène internationale. En tant que Président, vous avez été reconnu pour votre engagement en faveur de la paix et du développement, et votre rôle en tant que président de la cedeao a renforcé votre visibilité et votre influence à l'échelle mondiale. Cependant, cette décision pourrait compromettre cette reconnaissance et entraîner une perte de considération de la part de la communauté internationale.
Je vous exhorte à réfléchir attentivement à l'impact de vos actions sur notre pays et sur votre propre héritage en tant que leader. Il est essentiel de prendre des décisions qui sont dans l'intérêt de notre nation et qui respectent les principes démocratiques.
Je vous encourage à envisager toutes les options disponibles pour rétablir la confiance du peuple et pour organiser de nouvelles élections de manière transparente et équitable. Cela permettrait de restaurer la crédibilité de notre gouvernement et de renforcer votre propre position en tant que leader respecté.
Je garde l'espoir que vous prendrez en considération ces préoccupations et agirez dans l'intérêt supérieur de notre pays.
Cordialement.
VIDEO
LE REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE EST UN COMPLOT OURDI CONTRE LE PREMIER MINISTRE
Après l'annonce du report, peut-il encore rester Premier ministre ? Au micro de Christophe Boisbouvier, Mamoudou Ibra Kane, soutien du chef du gouvernement, reconnaît que les relations entre les deux têtes de l'exécutif ne sont plus au beau fixe
Le leader de « Demain C’est maintenant » n’a pas tardé à se prononcer sur le report de la présidentielle. Dans un entretien sur RFI, le soutien d’Amadou Ba ne décolère pas face à l’acte posé par le chef de l’Etat. Selon lui, cela a été une manœuvre pour évincer Amadou Ba.
«Le président de la République est en train, en connaissance de cause, de violer la Constitution pour se maintenir au pouvoir», clame Mamoudou Ibra Kane Selon lui, c’est parce qu’il estime que le candidat qu’il a choisi est incapable de gagner l’élection.
«C’est un complot qui est ourdi contre le premier ministre Amadou Ba. On parle de sondage. Première chose, depuis quand des sondages peuvent être utilisés pour reporter une élection présidentielle. Deuxième chose, sondage pour sondage, le président Macky Sall en 2012 savait très bien qu’il ne pouvait pas remporter l’élection présidentielle face à Abdoulaye Wade et aux autres candidats, dès le premier tour. Il s’est contenté de 26% qui le qualifiaient au deuxième tour. Et sur la base des sondages qui existent et qui sont avérés, le candidat Amadou Ba est très bien placé pour tout, au moins l’emporter au second tour », déclare-t-il.
Pour le directeur d’Emédia, «Macky Sall est en train d’assouvir un désir secret». «On se rend compte qu’au fond le président Macky Sall avait renoncé sous la pression. Cela confirme que ce n’était pas une volonté mais tout simplement, il avait cédé à la pression. Mais aujourd’hui, il révèle sa vraie nature. Qui consiste à s’accrocher au pouvoir», ajoute-t-il.
Le président du mouvement « Demain C’est maintenant » est allié à Amadou Ba dont il soutient la candidature.
Texte Collectif
RESTAURER LA RÉPUBLIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le président s’est comporté en fossoyeur de la République. La véritable crise découlera de cette décision inédite remettant en cause le calendrier électoral et dont il est l’unique initiateur
Ce 3 février 2024, le président Macky Sall, en interrompant in extremis et illégalement le processus électoral, a plongé le pays dans une torpeur inédite et a embarqué celui-ci dans une aventure aux lendemains plus qu’incertains. Le plan de liquidation de la démocratie sénégalaise, que le régime en place déploie depuis une douzaine d’années, trouve son bouquet final dans cet acte d’annulation du processus électoral. Pour des accusations de corruption, à ce jour non étayées, de membres du Conseil constitutionnel, le président de la République, avec la complicité d’une majorité circonstancielle à l’Assemblée nationale, a fini de corrompre durablement notre tradition démocratique en interrompant ainsi brutalement le processus électoral en cours. Pourtant rien dans l’échafaudage institutionnel ne lui en donne la prérogative en l’état actuel des choses. Rien dans la trajectoire singulière du Sénégal ne pouvait lui servir de viatique pour poser un tel acte qui risque d’être le marqueur d’un avant et d’un après, pour l’histoire du Sénégal indépendant. Le président Macky Sall a fini de porter un redoutable coup au calendrier républicain qui faisait la singularité et la fierté du Sénégal et constituait le baromètre de la vitalité de notre système politique.
La décision par laquelle le président Macky Sall a abrogé le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral en vue de l’élection présidentielle du 25 février 2024 est, sans conteste, aux antipodes des principes élémentaires du Droit et de la Démocratie. Les arguments qui le sous-tendent sont à la fois faux et légers, et la décision elle-même viole littéralement plusieurs dispositions constitutionnelles. D’un ton qui s’est voulu solennel, le président Macky Sall a décliné les raisons qui l’ont poussé à prendre la décision qui porte un terrible coup à notre République et à la démocratie sénégalaise. Il a d’abord prétexté une crise institutionnelle qui résulterait d’un conflit entre le Conseil constitutionnel et l’Assemblée nationale. Selon les députés du PDS qui ont sollicité la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire, l’établissement de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle aurait été faite sur fond de corruption de membres du Conseil constitutionnel. La mise en place d’une commission d’enquête parlementaire par l’Assemblée nationale suffit à ses yeux pour établir l’existence d’une crise. Il s’agit bien évidemment d’un argument fallacieux qui ne résiste à aucune analyse sérieuse. D’une part, le président Macky Sall a agi dans la précipitation pour accomplir sa forfaiture. Il est en effet étonnant qu’il se soit fondé sur de simples accusations dont les auteurs n’ont pas encore montré un début de preuve, pour arguer d’une crise institutionnelle. Il aurait été plus raisonnable d’attendre le rapport de la commission d’enquête parlementaire pour être plus crédible dans l’accusation de corruption. D’autre part, quand bien même il y aurait eu une crise institutionnelle, la Constitution prévoit des voies de résolution qui ne peuvent pas s’accommoder de l’attitude despotique du président Macky Sall. À rebours de son rôle de garant du fonctionnement régulier des institutions qu’il tire de l’article 42 de la Constitution, il s’est comporté en l’espèce en fossoyeur de la République. La véritable crise, c’est celle qui découlera de cette décision inédite remettant en cause le calendrier électoral et dont il est l’unique initiateur et l’ultime responsable.
Outre l’argument de la crise institutionnelle, le président Macky Sall a tenté de justifier sa décision par le fait qu’il existe une candidate à l’élection présidentielle qui ne serait pas exclusivement de nationalité sénégalaise, contrairement aux exigences de l’article 28 de la Constitution. Il a alors jugé opportun d’enfiler son manteau de « gardien de la Constitution » afin d’éviter que le scrutin ne soit biaisé. On tient là la preuve que notre « gardien de la Constitution » ignore tout du contenu de notre Charte fondamentale. Il n’y avait pas besoin de faire de ce cas de figure un prétexte dans la mesure où l’alinéa 1er de l’article 34 de la Constitution propose une solution. La candidate pourrait en effet être invitée à se retirer de la course ou, si le procureur ouvre une information judiciaire à son encontre dans le cadre des poursuites en cours, être déclarée définitivement empêchée. Dans ces deux hypothèses, le Conseil constitutionnel modifierait sa liste et la date du scrutin serait maintenue, comme le prévoit la Constitution.
En prenant la décision en question, le président Macky Sall s’est attribué des prérogatives qu’il ne tient ni de la Constitution, ni d’aucune loi de la République. L’artifice du parallélisme des formes sous-entendu est un prétexte ridicule pris par l’auteur de la forfaiture. En droit, il n’est pas toujours vrai que quand on a édicté un décret, on a systématiquement la latitude de prendre un autre décret pour abroger le premier. Pour prendre un exemple simple, un décret de nomination d’un membre du Conseil constitutionnel ne peut pas être abrogé ou retiré par le président de la République dans le but de mettre fin de manière anticipée au mandat du juge concerné. L’abrogation du décret portant convocation du corps électoral implique des conséquences juridiques d’une extrême gravité. À travers sa décision annulant le scrutin, Macky Sall a piétiné les articles 27 et 103 qui interdisent respectivement que le président de la République puisse faire plus de deux mandats ou que la durée du mandat du chef de l’Etat soit modifiée. L’improbabilité de pouvoir tenir l’échéance du 2 avril 2024 vide ces deux articles de toute leur substance. Le Conseil constitutionnel avait d’ailleurs rappelé dans sa décision n° 1/C/2016 du 12 février 2016 que le mandat du président de la République est intangible en des termes on ne peut plus clairs : « Considérant, en effet, que ni la sécurité juridique, ni la stabilité des institutions ne seraient garanties si, à l’occasion de changements de majorité, à la faveur du jeu politique ou au gré des circonstances notamment, la durée des mandats politiques en cours, régulièrement fixée au moment où ceux-ci ont été conférés pouvait, quel que soit au demeurant l’objectif recherché, être réduite ou prolongée » (cons. 32).
La décision de Macky Sall constitue, enfin, une défiance à la Constitution qui dispose en son article 92 que les décisions du Conseil constitutionnel s’imposent à toutes les autorités administratives et juridictionnelles. Il s’agit sans doute d’un refus d’appliquer la décision du Conseil arrêtant la liste des candidats à l’élection présidentielle.
En application de cette disposition de la Constitution, ni la loi, ni un décret ne peuvent modifier ou abroger la décision du Conseil constitutionnel établissant la liste définitive des candidats. Cette liste ne peut être modifiée que par une décision du Conseil constitutionnel et pour des motifs limitativement énumérés par les articles 29 à 34 de la Constitution. Cette défiance des pouvoirs politiques (Président de la République et Assemblée nationale) envers la juridiction constitutionnelle, arbitre suprême du jeu électoral, est la véritable source de crise institutionnelle.
C’est une évidence que depuis quelques années, ce régime nous a maintenus dans une crise quasi-permanente : disparitions de soldats dans des circonstances troubles, morts de manifestants, intimidations, arrestations, hordes de nervis, harcèlements judiciaires, malversations, corruption, reniements, impunité. Aujourd’hui pour les intérêts d’un homme et d’un clan, sous le fallacieux prétexte d’une crise institutionnelle, le Sénégal vient de gravement régresser dans son histoire démocratique. En effet, ce qui est en jeu les heures et les jours à venir, c’est la survie de l’idée de République ; c’est-à-dire notre volonté de vivre ensemble et d’inventer perpétuellement la société sénégalaise en tant qu’horizon et futur. Il est inadmissible de vouloir, pour le bénéfice d’un homme, d’un parti, d’un groupe de courtisans d’une autre époque, compromettre l’avenir d’une Nation qui a eu, un certain 19 mars, la ferme volonté d’entrer dans le nouveau millénaire pour s’inventer un présent et un futur de démocratie, de justice, de liberté, d’équité et simplement d’un vivre-ensemble harmonieux sénégalais. Il s’agit pour les Sénégalais de s’ériger contre cette forfaiture, d’exiger le respect du calendrier Républicain, de faire rétablir le droit par le Conseil constitutionnel, de faire à nouveau nation et de résolument restaurer leur République et leur idéal de vie commune.
Vous pouvez signer cette déclaration en indiquant votre nom et affiliation dans la fenêtre des commentaires.
1 - Babacar GUÈYE, Professeur titulaire, Agrégé en droit public, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
2 - Felwine SARR, Professeur titulaire, Agrégé en Sciences Économiques, Université Gaston Berger de Saint-Louis ;
3 - Maurice Soudiéck DIONE, Professeur assimilé, Agrégé en sciences politiques, Université Gaston Berger de Saint-Louis ;
78 – Mounirou DIALLO, Maître de conférences titulaire, Philosophie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
79 – Lamine DIÉDHIOU, Maître de conférences titulaire, Philosophie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
80 – Abdou Salam SALL, Professeur des universités de classe exceptionnelle, chimie inorganique, Ancien Recteur, Ancien Président ANEF, Ancien Secrétaire général du SAES, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
81 – El Hadji Malick CAMARA, Maître de conférences titulaire, Sociologie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
82 – Ndèye Fatou LECOR, Enseignant-chercheur, Droit privé, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
83 – Aliou DIAW, Maître de conférences, Lettres modernes, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
84 – Oumar DIOP, Enseignant-chercheur, Mathématiques appliquées, Université numérique Cheikh Hamidou Kane (ex UVS) ;
85 – Ndiogou SARR, Maître de conférences assimilé, Droit public, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
86 – Ameth NDIAYE, Maître de conférences titulaire, Droit public, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
87 – Babacar FAYE, Phd, Formateur en anglais, Groupe AFORP, Paris ;
88 – Boubacar KANTÉ, Maître de conférences titulaire, Sciences politiques, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
89 – Cheikh KALING, Maître de conférences titulaire, Histoire, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
90 – Laina Ngom DIENG, Maître de conférences, Psychologie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
91 – Papa Alioune FALL, Professeur assimilé, Électronique et Télécommunications, Université Gaston Berger de Saint-Louis ;
92 – Oumy NIASSE, Enseignante-chercheuse, Data Science, Université numérique Cheikh Hamidou Kane (ex UVS) ;
93 – Ibrahima D. DIONE, Maître de conférences titulaire, Sociologie, Université Assane Seck de Ziguinchor ;
94 – Abdoulaye NGOM, Maître de conférences titulaire, Sociologie, Université Assane Seck de Ziguinchor ;
95 – Amary NDOUR, Maître de conférences assimilé, Histoire du droit, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
96 – Aboubekr THIAM, Enseignant-chercheur, Communication multimédia, Université numérique Cheikh Hamidou Kane (ex UVS) ;
97 – Alioune Badara THIAM, Maître de conférences titulaire, Droit privé, Université Gaston Berger de Saint-Louis ;
98 – Papa SY, Maître de conférences titulaire, Droit privé, Université Gaston Berger de Saint-Louis ;
99 – Ibra SÈNE, Associate Professor of History & Global and International Studies, The College of Wooster (USA) ;
100 – El Hadji Malick Sy CAMARA, Maître de conférences titulaire, Sociologie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
101 – Alpha DIA, Enseignant-chercheur, Économie, Université numérique Cheikh Hamidou Kane (ex UVS) ;
102 – Bara AMAR, Maître de conférences assimilé, Droit public, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
103 – Ibrahima SILLA, Maître de conférences titulaire, Sciences politiques, Université Gaston Berger de Saint-Louis ;
104 – Papa Fara DIALLO, Maître de conférences, Sciences politiques, Université Cheikh Anta Diop de Dakar ;
Le ministre de la Communications, des Télécommunications et de l’Economie numérique a annoncé, lundi, le retrait de la licence de diffusion des programmes du groupe Walfadjri ‘’de manière définitive avec effet immédiat’’.
Dans la foulée des violences qui ont éclaté dimanche à Dakar après que des candidats à l’élection présidentielle ont appelé leurs partisans à un rassemblement pour lancer la campagne électorale qui devait débuter le même jour, en dépit de la suspension du processus électoral par le chef de l’Etat, le signal de la chaine de télévision privée Walf TV a été coupé par les autorités pour ‘’incitation à la violence’’.
Le ministre de la Communication Moussa Bocar Thiam a invoqué les dispositions de l’article 142 du Code de la presse selon lesquelles "l’autorité compétente procède à la révocation de la licence si son bénéficiaire ne paie les redevances après mise en demeure ; n’observe pas les prescriptions législatives, réglementaires et contractuelle relatives à la licence…’’.
Selon lui, le groupe Walfadjri ‘’est en état de récidive manifeste’’ pour avoir fait l’objet de mesure de suspension à trois reprises.
Il précise que ces ‘’violations répétées des prescriptions législatives, réglementaires et contractuelles relatives à la licence sont volontaires et visent à porter atteinte à la sécurité et à la stabilité du pays’’.
La mesure de retrait de la licence de Walfadjri a suscité une vague de condamnation des organisations de défense des droits de l’homme.
« La liberté de la presse est un pilier fondamental de toute démocratie, garantissant la pluralité et la diversité des médias. Nous appelons le gouvernement sénégalais à reconsidérer cette mesure de retrait de licence de Walf TV et à respecter les principes qui sous-tendent la liberté d’expression’’, ont déclaré Amnesty International Sénégal, ARTICLE 19 Sénégal et Afrique de l’ouest, La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO), Ligue Sénégalaise des Droits Humains (LSDH) et Africtivistes.
LES ÉLÉPHANTS N'ONT PLUS PEUR DE RIEN
Grâce à sa force mentale décuplée par son parcours du combattant, la Côte d'Ivoire, virtuellement éliminée à chaque tour mais qualifiée à chaque fois de façon miraculeuse, croient en son étoile pour cette CAN 2023
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/02/2024
Les éléphants de Côte d'Ivoire se sont virtuellement fait éliminer à chaque tour de la Coupe d'Afrique des Nations 2022 (CAN 2022) qui se déroule actuellement au Cameroun, mais parviennent à chaque fois à se qualifier de manière miraculeuse. C'est ce que révèle Seko Fofana, l'un des leaders de l'équipe ivoirienne, dans des déclarations à l'Agence France Presse (AFP). "On n'a peur de rien", assure déterminé le milieu de terrain de Lens, alors que les Ivoiriens affrontent la République démocratique du Congo mercredi soir à Abidjan pour une place en finale.
D'où vient ce mental de fer ? Selon Fofana, "ça part de la Guinée Équatoriale", en référence à la terrible défaite 4-0 subie lors du premier match de poule, où certains joueurs ont terminé en larmes. "On était au fond du trou", se souvient-il. Pourtant, les Éléphants ont su se relever de ce coup dur grâce à leur force mentale. "On a dû attendre des matches pour espérer une qualification, ce qui est arrivé, maintenant on n'a plus peur de rien", affirme le leader technique des Ivoiriens.
Un parcours miraculeux s'en est suivi. Avec seulement 3 points et une différence de but négative (-3) après leur déroute initiale, les éléphants se sont accrochés à leur rêve de qualification en suivant tous les matchs des autres groupes. Ils ont finalement été repêchés in extremis après les résultats inattendus du dernier match de poule qui les ont placé parmi les meilleurs troisièmes. "C'était très, très dur pour nous", se remémore Serge Aurier, un autre cadre de l'équipe, cité par l'AFP. "On était à l'hôtel, on rasait les murs limite pour aller manger, on a été repêchés, on a attendu la victoire du Maroc pour être là".
Ce parcours du combattant leur a donné des ailes. "Quand tu es ressuscité comme on l'a été, il n'y a plus rien qui te fait peur, on fonce, on y va", affirme Aurier. Cet état d'esprit leur a permis de renverser des situations compromises en 8e de finale face au Sénégal et en quart face au Mali, à dix contre onze. Même l'entraîneur malien Eric Chelle s'est incliné devant leur détermination : "Ils ont cette énergie, et aussi parce qu'il le faut dans le foot, ce petit brin de chance. Ils méritent cette demi-finale", a-t-il déclaré à l'AFP.
En somme, grâce à leur force mentale décuplée par leur parcours du combattant, les Éléphants de Côte d'Ivoire, virtuellement éliminés à chaque tour mais qualifiés à chaque fois de façon miraculeuse, croient en leur étoile et n'ont plus peur de rien dans leur quête du sacre final.
L’UA APPELLE À LA TENUE DANS LES MEILLEURS DÉLAIS DE LA PRÉSIDENTIELLE AU SÉNÉGAL
Moussa Faki Mahamat encourage vivement toutes les forces politiques et sociales au règlement de tout différend politique par la concertation, l’entente et le dialogue civilisés, dans le strict respect des principes qui gouvernent l’État de droit.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a invité les autorités sénégalaises à organiser, dans les meilleurs délais, l’élection présidentielle, après que le chef de l’Etat a annoncé samedi l’abrogation du décret convoquant le corps électoral, le 25 février.
‘’Le président de la Commission invite les autorités nationales compétentes à organiser dans les meilleurs délais les élections, dans la transparence, la paix et la concorde nationale’’, rapporte un communiqué publié sur le site de l’UA.
Le président, Macky Sall, réaffirmant sa décision de ne pas se présenter à la prochaine présidentielle, a annoncé samedi avoir abrogé le décret convoquant le corps électoral le 25 février prochain, en attendant les résultats de la commission d’enquête parlementaire visant à clarifier les conditions dans lesquelles certaines candidatures ont été déclarées irrecevables.
Cette annonce équivaut de facto à un report de cette élection.
Le président de la Commission de l’Union africaine a appris le report des élections présidentielles en République du Sénégal avec préoccupation tant la situation politique dans ce pays où le modèle démocratique a toujours été salué avec haute appréciation, ne saurait laisser aucun africain indifférent.
Moussa Faki Mahamat encourage vivement toutes les forces politiques et sociales au règlement de tout différend politique par la concertation, l’entente et le dialogue civilisés, dans le strict respect des principes qui gouvernent l’État de droit dont le pays a une tradition historique enracinée, indique le communiqué.
LA RUE SOUS TENSION
Devant l'Assemblée nationale transformée en véritable "citadelle" par la présence policière, des manifestants ont tenté de se rassembler mais ont été dispersés à l'aide de grenades lacrymogènes. "Macky Sall dictateur", ont scandé certains protestataires
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/02/2024
Les députés ont entamé lundi l'examen d'un texte visant à reporter la présidentielle du 25 février, une décision annoncée samedi par le président Macky Sall et qui suscite la colère de l'opposition et d'une partie de la population.
Devant l'Assemblée nationale transformée en véritable "citadelle" par la présence policière, des manifestants ont tenté de se rassembler mais ont été dispersés à l'aide de grenades lacrymogènes, selon des informations rapportées par l'AFP. "Macky Sall dictateur", ont scandé certains protestataires qui jouaient au "chat et à la souris" avec les forces de l'ordre.
"L'essentiel pour moi est de dire non à cet agenda politique, ce coup de force pour essayer de rester au pouvoir", a déclaré à l'AFP l'un des manifestants, Malick Diouf. Le Sénégal, d'habitude épargné par les turbulences politiques en Afrique de l'Ouest, est en proie à de fortes tensions depuis l'annonce surprise samedi du chef de l'Etat.
Cette décision controversée a suscité "un tollé" parmi les opposants et dans la société civile. Elle a donné lieu à des interpellations, dont celle de la candidate Anta Babacar Ngom et de l'ex-Première ministre Aminata Touré. Les députés ont entamé l'examen d'un rapport proposant de reporter le scrutin de 6 mois à un an. L'adoption requiert une majorité des trois cinquièmes.
Partenaires internationaux inquiets, la Cedeao, l'UA, les USA et l'UE ont appelé au dialogue. La crise fait craindre de nouveaux troubles comme en 2021 et 2023. L'opposition dénonce une "dérive autoritaire" et soupçonne le président de vouloir étendre son mandat, malgré son engagement à ne pas se représenter. La situation demeure incertaine dans ce pays réputé pour sa stabilité.
par Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye
MACKY SALL, ADADA
Monsieur le président de la République, avec vous, notre Nation a eu à subir deux déficits à sa tête : liés à la compétence et à la personnalité. : l’Histoire ne vous célèbrera pas comme un Homme d’État du Sénégal
Monsieur le président de la République du Sénégal, vous êtes un échec.
Cela me fait mal de devoir vous le dire. On m’a appris à ne souhaiter du mal à personne, surtout pas à quelqu’un se trouvant à la tête d’une Nation entière. Nation que vous avez aujourd’hui malmenée, déchiquetée et entraînée dans les abysses de vos turpitudes.
Je vous ai souhaité de réussir de tout mon cœur, même si je ne vous ai jamais fait confiance. En 2012, vous aviez hérité d’un Sénégal déjà en ruines : les caisses de l’État ressemblaient plus à un toŋ- toŋ et les tricheries constitutionnelles de Maître Abdoulaye Wade avaient placé notre Pays sur une mauvaise pente.
Au moins six Sénégalais ont sacrifié leurs vies pour arrêter les manœuvres de votre prédécesseur et vous confier la destinée de notre Nation. Aujourd’hui, vous laissez beaucoup plus de morts derrière vous : au moins 45 personnes tuées, de mars 2021 à ce jour. Non seulement vous n’avez pas eu honte d’imiter votre prédécesseur dans ses errements, mais à sa différence, vous n’avez pas la lucidité ou le cœur pour vous arrêter. Mettre un terme à nos souffrances. Arrêter de rabaisser notre République, de nous ridiculiser.
Jusqu’à trois ans après votre élection, je m’étais imposé de vous donner le bénéfice du doute. Conscient que diriger est un devoir lourd quand on s’y met correctement, j’avais jugé nécessaire de vous observer avant de formuler une quelconque appréciation de votre action à la tête de notre État.
Les années passées ou la pratique du pouvoir n’ont pas inversé la tendance. Elles ne vous ont pas assagi. Ni élevé à la hauteur de votre rang institutionnel. Jusqu’au bout, vous vous révélez incapable d’être le président du Sénégal. D’être notre concitoyen, notre Nawle.
Monsieur le président de la République du Sénégal, avec vous, notre Nation a eu à subir deux déficits à sa tête : liés à la compétence et à la personnalité.
J’ai toujours eu peur de vous écouter, car une gaffe nous tombe toujours dessus. Passons, votre « relation particulière » avec la France qui donnait, selon vous, « au régiment des Tirailleurs sénégalais des desserts pendant que d’autres Africains n’en avaient pas ». Passons, votre atalaku ou bàkku devant Jeune Afrique, en août 2014, quand vous disiez fièrement : « Vous seriez surpris par le nombre de dossiers auxquels je n’ai pas donné suite ». Passons, votre invitation aux Burkinabè, aux prises avec la dictature de Blaise Compaoré, à laisser ce dernier en place, car il « contribue grandement à la stabilité de la sous-région ».
Alors que des nervis servaient aux côtés des forces de l’ordre, vous avez lancé un appel à vos maires d’organiser des milices « d’autodéfense », le 1er juillet 2023 : « Bu leen nangu ay nit ñëwseen gox di ko yàq. Loolu yëfu ñàkk faayda la. » Le 17 novembre dernier, en plein conseil présidentiel à Fatick, vous nous avez montré vos carences sur la décentralisation (sur laquelle vous avez pourtant passée des années) et sur la codification des langues nationales en lettres latines (ignorant que des décrets sur le sujet existent depuis 1968, 1975). Dans les crises au niveau de la Cédéao, vous avez foncé tête baissée dans l’asphyxie de pays frères, sans aucun sens historique ou diplomatique.
Bien que graves, ces limites paraissent banales quand on évalue votre personnalité en tant que chef de l’État, garant d’une Nation.
Je suis loin d’être le seul Sénégalais à se demander ce qui vous lie à notre pays, Monsieur Sall. J’ai le sentiment que vous nous détestez, méprisez. Votre mine serrée n’engage que vous, mais votre disponibilité à plus vous adresser aux médias occidentaux qu’à vos compatriotes, les menaces à tout bout de champ en interne, les silences infinis quand la Nation a besoin d’entendre son chef, sont inexcusables.
En mars 2021, pendant que le pays était à feu et à sang, personne ne savait où vous vous trouviez. Aviez-vous fui comme des rumeurs l’ont laissé entendre ? Aux Historiens de nous éclairer un jour. Tout compte fait, vous êtes resté sans nouvelles cinq jours durant. Après l’insurrection de juin 2023, vous vous enfoncez à nouveau dans le mutisme, durant 1 mois 2 jours, pour ensuite lamentablement vous justifier : « Devant l’insoutenable, l’innommable, la prise de parole n’est pas toujours facile ».
Vous, le volontariste qui, en 2015, s’est rendu jusqu’à Paris pour pleurer les 12 morts de Charlie Hebdo, n’aviez pas eu un mot, même pas un vulgaire tweet, en novembre 2020, quand 480 de vos Jeunes mouraient en mer en tentant d’émigrer. Selon l’OIM, durant la seule année 2023, ils ont été plus de 10 000 Compatriotes à avoir atteint l’Espagne, avec 93 morts décomptées par le journaliste Ayoba Faye, entre octobre et début novembre. À la place, nous avons droit à la basse besogne de vos ministres tentant de mettre en doute des informations crédibles, ou de faire croire que les embarcations « proviennent du Sénégal, mais sont remplies d’étrangers ».
Mais, justement, qu’auriez-vous dit, vous, Macky Sall, à ces jeunes ?
Leur auriez-vous appris comment être milliardaires comme vos acolytes et vous dans la fonction publique, sans activités commerciales ou industrielles ? Interrogé sur vos 1,3 milliards de patrimoine déclaré en 2012 (sous-évalué selon plusieurs sources parlant de 8 milliards), on comprend vite que l’intégrité et le sens de l’effort dans vos discours sont vides : « En ce qui me concerne, j’ai bénéficié de privilèges liés à ma fonction de Premier ministre ou de président de l'Assemblée nationale, ce qui est tout à fait normal » (revue Foreign Affairs, 2013).
Et si vous étiez si doué à faire fructifier les richesses par le travail, vous ne vous seriez pas rendu jusqu’à Saint-Pétersbourg en juillet 2023 pour quémander du blé pour notre Nation. Le taux de chômage dans notre Pays ne serait pas passé à 19,5% fin 2023 (contre 10,2% en 2012). Le nombre de pauvres n’aurait pas augmenté de 200 048 personnes entre 2011 et 2018 et notre dette publique ne vaudrait pas 13 331,9 milliards en juin 2023 (contre 3 041 milliards en 2012).
Auriez-vous rassuré ces jeunes, Monsieur Sall, comme vous l’exige votre statut de protecteur de la Nation ? La misère socio-économique n’est pas le seul élément aux trousses de nos Compatriotes. Les Sénégalais vous fuient, Monsieur Sall. Sous votre présidence, en plus des morts, pas moins de 1 000 citoyens ont été jetés en prison. Maîtres coraniques, journalistes, caricaturistes, membres de la société civile, chercheurs, opposants politiques, jeunes mariés, femmes enceintes, mères avec bébés à allaiter, tout le monde aura vécu ou vu ce Sénégal de la terreur.
Ce Sénégal où l’État fait extrader ses propres citoyens depuis l’étranger, sous des motifs tendancieux, afin de les jeter en prison. Ce Sénégal où des citoyens sont cueillis depuis l’aéroport ou réveillés brutalement la nuit pour aller croupir en détention provisoire. Dans ce Sénégal où, sociologiquement la prison est une humiliation pour toute la famille de l’arrêté, le président de la Cour suprême, Monsieur Ciré Aly Ba, n’a même pas eu honte de vouloir nuancer le fait qu’il y ait 6 000 personnes en détention provisoire dans une population carcérale de 15 000 compatriotes.
Finalement, Monsieur Sall, je vous le concède : peut-être aviez-vous eu raison de vous taire. Car, après tout, que vaut votre parole ?
Après avoir dit et répété sous tous les toits que vos deux mandats s’arrêtaient constitutionnellement en 2024, vous n’avez renoncé au troisième mandat que sous la contrainte. Au point où vous n’avez pas laissé émerger un éventuel successeur dans votre parti. Même pour un simple manager, c’est là la preuve d’un manque de vision impardonnable. Au point où vous devez liquider Ousmane Sonko, votre principal opposant, promouvoir une bureaucratie déviante (avec une DGE qui tient tête aux décisions de justice), et pour combler le tout : reporter les élections présidentielles, une première dans notre Nation. À douze heures du début officiel de la campagne électorale. Pour gagner du temps, peureux d’aller aux urnes.
Et en vous dédisant une nouvelle fois. Ici, vos mots, en 2012 : « Le président de la République ne peut pas prolonger son mandat. C’est impossible. Et cette question avait été posée en 2006, je vous le rappelle, parce qu’il y avait des gens qui agitaient aussi la possibilité pour le chef de l’État de reporter un peu les élections et d’engager un dialogue politique avec l’opposition pour organiser les élections en 2009. Mais, nous avions dit que ce n’est pas possible. Il ne faut pas augmenter d’une journée son mandat. Sinon, le pays serait dans le chaos puisque les gens ne le reconnaîtraient plus. Il n’y aurait plus d’autorité dans le pays. À partir du moment où le président n’est plus reconnu, chacun fera ce qu’il veut. Et ça, c’est dangereux pour le pays. Donc ça, c’est une fiction. »
Mais qu’y a-t-il de choquant dans tout cela, Monsieur Sall ? N’est-ce pas qu’il faut de l’élégance, une haute estime de sa personne et de sa fonction, pour s’interdire l’arbitraire ? Ou, au pire des cas, avoir de bons compagnons de route qui vous tirent vers le haut ?
La façon dont vous avez traité Ousmane Sonko vous a rendu petit à jamais. Même Senghor, envers Mamadou Dia, n’a pas été aussi cruel que vous. Même Diouf, envers Wade, n’est pas allé aussi loin que vous. C’est agaçant, en effet, d’avoir un opposant, quelqu’un qui vous apporte de la contradiction pendant que vous dirigez. Mais c’est là où la grandeur d’esprit fait la différence : savoir partager l’espace politique avec l’autre, pour le bien-être de la Nation, sans chercher à l’écraser, l’humilier, l’anéantir.
Enfermer votre opposant avec toute sa famille dans sa maison, durant 57 jours, sans aucune décision de justice. L’engloutir sous des dossiers judiciaires, aussi graves et grossiers les uns que les autres : diffamation, viols répétés, menaces de mort, appel à l’insurrection, atteinte à la sûreté de l’État, complot contre l’autorité de l’État, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste… vol de téléphone portable. Priver sa ville de maire et mettre en embargo toute la Casamance pendant 1 mois 17 jours, sur fond de ciblages ethniques dans un Sénégal où même les nominations ont commencé à être lues sous ce prisme nauséabond digne de l’époque coloniale.
Je suis désolé de vous l’annoncer, Monsieur Sall : l’Histoire ne vous célèbrera pas comme un Homme d’État du Sénégal.
Et la mégalomanie avec laquelle votre femme et vous donnez vos noms à nos rues ou infrastructures publiques n’y changera rien. Votre action vous condamne à l’oubli. Et l’oubli est plus impitoyable que vous. Vous avez fait le choix de la médiocrité pour nous diriger : vous entourer de femmes et hommes disposés à vous soutenir dans le mensonge, en appelant ouvertement « à tuer ceux qu’il faudra tuer » ou à « brûler vif » votre opposant, « même s’il faut tuer 90% des Sénégalais ». Un député de votre mouvance résumera bien cet état d’esprit : « Pour conserver le pouvoir après 2024, nous du pouvoir, nous marcherons sur vos cadavres. »
À la prochaine génération, vous avez enseigné comment être adulte n’est pas un gage absolu de savoir, de dignité et de droiture, dans un Sénégal, une Afrique, où l’âge est pourtant vénéré. Que de silences de trop, mal placés. Que de deals, de compromissions, sous les lambris dorés d’un dialogue national interminable, insincère, toujours réactivé quand il faut nous faire avaler l’inadmissible. Que de trahisons, de transhumances, de rationalisations d’injustices flagrantes sur fond de « neutralité » ou d’une gérontocratie à deux balles : prompte à conspuer « l’impatience, l’impulsivité ou la violence des Jeunes », mais indifférente, bouche cousue, quand l’arbitraire se déhanche sous leurs yeux. Les manifestations systématiquement interdites. L’usage abusif de la force par nos forces de l’ordre devenu banal. Le principal parti d’opposition dissout dans notre pays. Les autres partis interdits de circuler ou d’accéder à leurs propres locaux.
J’ai davantage compris qu’il ne faut attendre personne pour se lever et se battre pour la Justice. J’ai malheureusement appris que pour de banals titres de « ministres », « députés », « directeurs », pour des joues plus ballonnées, des bijoux ou des voitures climatisées, certains sont encore capables de mentir, trahir et jeter en pâture notre pays.
Pour moi qui ai toujours été hanté par la question de savoir comment, dans les faits, nos sociétés se sont retrouvées assujetties, dans l’esclavage ou la colonisation, les mécanismes à l’œuvre au Sénégal ces derniers mois et années, m’ont édifié. Dans la douleur, dans l’amertume, mais jamais dans l’impuissance.
Monsieur Sall, votre dessein ne s’accomplira pas. Nous ne nous agenouillerons jamais devant vous. Le Sénégal regagnera sa souveraineté, pleine et entière. Et cela, aucun d’entre vous n’y pourra quelque chose.