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27 novembre 2024
Opinions
par Abdoul Aziz Diop
LE PRÉSIDENT ET NOS SAVANTS
"Un.e dirigeant.e qui se refuse à suivre les bons sera obligé.e de se battre à mort contre les moins bons" pour sauver sa peau. Macky n’en a suivi aucun depuis qu’il est entré en politique. La suite : l’inconfort sur tous les dossiers de la nation
En « tournée économique » à Kédougou, Kaffrine, Kaolack et Fatick, le président Macky Sall se tapa une récré chez lui à Fatick en présentant son micro traité sur les langues nationales dont il fustige les « alphabets savants » tout en vantant le simplissime swahili 75 ans après la publication du texte mémorable du professeur Cheikh Anta Diop sur les conditions d’une véritable « renaissance africaine ».
Macky et nos langues
Que dit donc le président ?
Premièrement, « le français que tu parles, la moitié de la population ne le comprend pas ; cela veut dire que tu jettes ta parole. Même si c’est notre langue officielle d’écriture parce que nous n’avons pas écrit. Si l’alphabet avait été simplifié, le Sénégal aurait dépassé le stade actuel. Chacun apporta des savoirs compliqués. Si on vous écrit le pular, vous n’y comprenez rien parce que c’est très compliqué ; sérère, tu peux pas lire parce que c’est très compliqué. On pouvait prendre les lettes latines pour que cela soit rapide et qu’on en finisse. Tu lis comme tu l’entends… Et c’est fini, mais non ! Sur ce, j’ai demandé au ministre de l’Éducation qu’on nous facilite l’alphabet de nos langues nationales si on veut qu’on écrive nos langues nationales. »
Deuxièmement, « j’ai été au Kenya et en Tanzanie : ils écrivent leur swahili sans problème. Quand tu vas en Malaisie, « sidiada » est écrit comme on l’entend. Pourquoi sommes-nous incapables d’écrire facilement nos langues ; il nous faut montrer que nous, nous sommes des savants. Faire ce que personne ne peut savoir. C’est un problème. On aurait dû nous aider beaucoup en matière de développement si nous écrivions nos langues à l’école, dans les universités, etc. etc. Après 63 ans d’indépendance, t’as pas une langue propre à enseigner… »
Macky recadré 75 ans plus tôt
Faisons appel à Cheikh Anta Diop pour parler, après Macky, de « l'unité linguistique de l'Afrique Noire ». Le texte mémorable du « père spirituel » de l’écrivain Boubacar Boris Diop remonte à novembre 1948 ! Titre de l'article paru dans le numéro spécial 36-37 de la revue parisienne « Le Musée Vivant » (pp. 57-65) : « Quand pourra-t-on parler d'une renaissance africaine ? »
Cheikh se demandait en fait si l'Afrique pouvait se prévaloir d'une quelconque renaissance en se contentant d'« une partie de la tradition à l'abri de toute influence moderne » et d'une autre « altérée par une contamination européenne ». Le focus porta d'abord sur les écrivains africains de langue étrangère dont les écrits (respectables) ne pouvaient, à ses yeux, servir de base à une culture africaine. « Ce que le Nègre ne pourra jamais exprimer sans cesser de parler une langue étrangère, c'est le génie propre de sa langue », écrit Cheikh Anta. A partir de cet instant, « la nécessité d'une culture fondée sur les langues africaines » s'imposa à l'Afrique Noire.
Dès 1948, et plus tard en 1960 et en 1974, Cheikh Anta Diop fonde sa théorie de « l'unité linguistique de l'Afrique Noire » sur les similitudes frappantes entre toutes les langues parlées à l'intérieur d'un territoire donné. L'émergence, acceptée par tous, d'une langue parmi plusieurs autres devait mener l'Afrique noire vers l'adoption définitive d'une langue africaine de communication avec le reste du monde. Les grincements de dents ne s'arrêtèrent pas pour autant. En novembre 2003, l'essayiste Edouard Etsio, auteur de l'ouvrage « Parlons le lingala » (Éditions L’Harmattan, 2003) établit le caractère interethnique grâce auquel les Mhochi, les Téké, et les Kongo se retrouvèrent autour du lingala sans la moindre contrainte. Cheikh Anta venait, encore une fois, de triompher des sceptiques et autres contradicteurs.
Au Sénégal, l'inter ethnicité des langues parlées ne fait aucun doute. La recherche, elle, piétine.
Dans sa tribune remarquable Cheikh Anta Diop n'éluda pas « l'expression plastique » dont il disait qu'elle doit être de « la tendance la plus exigée par notre niveau culturel au moment de notre éveil et qu'elle se modifiera au fur et à mesure de notre évolution ». L'Afrique noire, « depuis l'art Dogon jusqu'à celui du Congo, en passant par les sculptures d'Ifé et les masques Mpongwes a connu toute la gamme plastique ».
Quand, en matière d'architecture, Cheikh Anta évoqua le « style Djenné » et « les lignes courbes de la case », c'était pour rappeler à chaque jeune Africain « le devoir de construire selon ces styles et selon tant d'autres pour vivifier des formes d'art qui nous appartiennent en propre ».
« La musique africaine doit exprimer la noblesse de la souffrance, avec toute la dignité humaine », avait-il écrit. Mais la renaissance ne sera au rendez-vous, aux yeux de Cheikh, que le jour où l'Afrique redeviendra elle-même en rejetant les « croyances malsaines qui ont atrophié son âme et l'empêchent d'atteindre sa véritable plénitude ».
À Fatick, les omissions du président Sall portent sur « l'inter ethnicité des langues », « l'expression plastique », « l’architecture », la « musique africaine », etc. Quid de la « traduction » considérée comme « la langue des langues » par le philosophe Souleymane Bachir Diagne ? Ce dernier dit de la traduction qu’elle « contribue à la tâche de réaliser l’humanité, et même mieux : elle s’y identifie ». Une récré, même présidentielle, ne suffit donc pas pour faire le tour de la question trop sérieuse pour se satisfaire d’une énième opération coup poing. Opération toujours inadaptée sur le « chemin du véritable développement ».
Avant les langues, le président mit en garde ceux - on ne sait pas lesquels - qui « voudraient mettre le pays sens dessus dessous ». C’est que - avertissait, il y a 50 ans maintenant, le savant soufi Cheikh Ahmed Tidiane Sy - « un.e dirigeant.e qui se refuse à suivre les bons sera, tôt ou tard, obligé.e de se battre à mort contre les moins bons pour sauver sa peau et celle des siens ».
Il n’y a donc pas que les savants tournés vers les langues qui agacent le président. Macky n’en a suivi aucun depuis qu’il est entré en politique ! On connaît la suite : l’inconfort sur tous les dossiers de la nation.
Abdoul Aziz Diop est candidat déclaré à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
SONKO PASSE LE NGUEMB À BASS
Au moment où Lac 2 et Siteu s’apprêtaient à s’affronter, Sonko, lui, préparait son lutteur pour le combat de février 2024. Pardon le «Mortal Kombat».
Au moment où Lac 2 et Siteu s’apprêtaient à s’affronter, Sonko, lui, préparait son lutteur pour le combat de février 2024. Pardon le «Mortal Kombat». Parmi les chevaux de son écurie, le leader de l’ex-Pastef a choisi de remettre son Nguemb à Bassiriou Diomaye, en prison lui aussi. Le candidat préféré à Guy Marius, Abass Fall, Birame Soulèye Diop et El Malick, devrait rejoindre l’arène déjà pleine de lutteurs. Mais attention à l’arbitrage de la Justice. Si Diomaye prend un coup d’ici là, il risque d’aller chez le Ardo constitutionnel.
Par Alioune FALL
POUR L’AMELIORATION DE NOTRE CADRE DE VIE
les services publics ont la responsabilité de faire comprendre à tout le monde que l’environnement est à la base de notre économie, de notre société, voire de notre existence-même.
Depuis un certain temps, des efforts ont été entrepris dans le but de mettre l’accent sur la fonction principale de la politique de l’environnement qui est d’une part, de réduire, voire d’éliminer les effets indésirables d’une entreprise ou d’une action globale sur l’environnement et d’autre part, de contribuer à la conservation des ressources naturelles. Cependant, le résultat de tous ces efforts repose sur la compréhension par le public de l’importance de l’environnement, afin que chaque citoyen s’approprie le combat engagé pour un environnement sain.
En effet, les services publics ont la responsabilité de faire comprendre à tout le monde que l’environnement est à la base de notre économie, de notre société, voire de notre existence-même. Nos forêts, nos fleuves et rivières, nos océans et nos sols nous fournissent la nourriture que nous mangeons, l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons et avec laquelle nous irriguons nos cultures. Nous comptons également sur eux pour de nombreux autres biens et services dont nous dépendons pour notre santé, notre bonheur et notre prospérité. Mais les déchets sauvages peuvent être un sérieux obstacle pour profiter de ce que la nature est en mesure de nous offrir.
Il faut reconnaître que disposer de détritus n’importe comment est tout simplement une forme d’élimination inappropriée des déchets. Bien que cela puisse se produire par erreur (comme dans le cas d’un objet non sécurisé qui s’envole de la plateforme d’un camion), les déchets continuent d’être en grande partie un acte délibéré. Quoi qu’il en soit, qu’ils se produisent intentionnellement ou non, les déchets sauvages ont des conséquences sur notre environnement. Pour vraiment s’attaquer au problème, il est nécessaire de savoir pourquoi les gens jettent des déchets. Des enquêtes récentes indiquent que la réponse se résume généralement à quatre raisons principales : • la paresse ou l’insouciance ; • le manque d’accès aux poubelles ; • l’application indulgente de la loi ; • la présence de détritus déjà entassés dans un endroit. Ainsi, les personnes qui jettent des déchets par paresse ou par négligence croient souvent que quelqu’un d’autre (un préposé à l’entretien) viendra ramasser les déchets et s’en débarrasser correctement. D’autres n’ont peut-être pas été éduqués sur l’impact des déchets sauvages et, par conséquent, ne se rendent pas compte qu’ils causent de sérieux dommages, tandis que d’autres encore peuvent continuer de croire que les déchets sauvages font partie intégrante de la culture. Ce dernier type de comportement est souvent le plus difficile à combattre. Mais aussi difficile que le combat puisse paraître, il en vaut la peine en raison de l’impact négatif sur notre bien-être dans la mesure où les déchets sauvages non seulement polluent, mais facilitent la propagation des maladies et peuvent également être très coûteux dans leur prise en charge.
Par ailleurs, les déchets jetés n’importe où sont en fin de compte un terrain fertile pour les bactéries et les maladies. La litière peut propager des maladies, des virus et des parasites par deux méthodes : le contact direct et celui indirect. Les germes peuvent être facilement transmis directement par le contact physique avec cette litière. Cela peut se produire en ramassant, en touchant ou en se blessant accidentellement sur des déchets mal éliminés. Les bactéries et les parasites peuvent également être transmis indirectement à l’homme par un vecteur affecté. Les vecteurs peuvent dans ce cas être des animaux ou des insectes qui entrent en contact avec des déchets contaminés et les transmettent ensuite aux humains. De plus, les déchets le long de la route doivent être ramassés et éliminés quotidiennement afin d’assurer la sécurité des voyageurs et des conducteurs. Cela coûte de l’argent au contribuable et détourne forcément des fonds destinés initialement à d’autres projets comme la réfection des routes.
Pour inverser la tendance, les actions menées jusqu’ici dans la gestion des ordures ont besoin d’être renforcées et diversifiées pour réduire davantage la quantité de déchets sauvages dans notre environnement. A cette fin, il est indispensable d’éduquer le public sur ce phénomène et comment il affecte notre environnement. Il serait par conséquent souhaitable de considérer les actions proposées cidessous :
- Mettre en place des séances de nettoyage organisées et continues : travailler à nettoyer notre communauté n’est pas seulement bénéfique pour l’environnement, mais rendra notre communauté attrayante.
- Nettoyer une zone jonchée de détritus : les gens ont tendance à jeter plus de déchets dans un endroit où des déchets sont déjà entassés ; le nettoyage des déchets dans un tel endroit peut donc avoir un impact positif.
- Faire placer derrière le conducteur d’un véhicule de transport en commun, un sac poubelle afin que tous les passagers puissent le voir et l’utiliser pour garder le bus propre contrairement à ce qui est observé actuellement.
- Introduire les toilettes portables et les placer dans les endroits les plus fréquentés comme les points de regroupement ou de correspondance des passagers tels que l’Ecole normale, Colobane, Vdn, Castors, Terminus du port, Place de l’indépendance, Palais de justice, Marché au poisson, Seras, Foirail, Marché Thiaroye, les points d’arrêt des cars rapides, etc.
- Faire adopter par les locaux ou des volontaires, une route ou une zone dans une communauté : les routes adoptées sont nettoyées plus régulièrement, tout comme les zones d’adoption au sein de la communauté.
- S’assurer que les objets dans les poubelles et les véhicules sont sécurisés : le couvercle de la poubelle s’ouvre-t-il régulièrement au vent ? Souvent en cours d’un déplacement, le chargement est-il sécurisé à l’arrière du camion ou de la charrette ? Sécuriser les poubelles et la cargaison peut aider à éviter les déchets involontaires.
- Ne rien sous-estimer : même se renseigner sur les moyens de prévenir ou de réduire les déchets peut avoir un impact important à long terme.
- Communiquer avec les districts scolaires et les entreprises locales pour les encourager à investir dans la santé de leur communauté en réduisant la probabilité de déchets sauvages.
Et enfin, imposer des lois et règlements plus stricts. Les lois et réglementations antidéchets sont un obstacle efficace à la collecte de déchets. Les particuliers et les entreprises sont plus susceptibles de respecter les lois sur les déchets lorsqu’il y a de graves conséquences juridiques ou financières. Si les actions proposées supra sont mises en œuvre avec un suivi soutenu, les populations pourraient avoir une autre perception de notre environnement. Chacun se sentira alors concerné et sera volontairement impliqué pour prendre une part active dans ce combat qui nous interpelle tous, car le changement de comportement est d’abord individuel avant d’être collectif.
Alioune FALL
108, Comico Mermoz
Par Madiambal DIAGNE
SAUVER L’AÉROPORT BLAISE DIAGNE DE DIASS
Cet aéroport se meurt et si l’on y prend garde, il finira par tomber en dépérissement comme Léopold Sédar Senghor de Dakar, il y a quelques années de cela. C’est-à-dire comme l’un des pires aéroports ou cauchemars pour un voyageur
Je m’étais résigné à cesser d’évoquer les misères et tribulations des passagers au niveau de l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd). J’ai baissé les bras, comprenant en fin de compte qu’il ne servait à rien de tirer la sonnette d’alarme, d’attirer l’attention, notamment de celle des hautes autorités de l’Etat, sur les méfaits d’une exploitation laxiste à bien des égards et qui finira fatalement par dégrader la qualité de ce bijou qui a occasionné de très gros investissements au Sénégal.
Les alertes ont toujours été prises avec une certaine désinvolture et les autorités et autres pontes, qui sont épargnés des tracasseries et désagréments du passager lambda, ne semblent rien faire pour améliorer la situation ; encore que les responsables de l’aéroport prennent l’habitude, depuis toujours, de botter en touche, trouvant, derrière chaque dénonciation, on ne sait quel complot, cabale ou lugubre agenda. Seulement, le fait de fustiger les mauvaises pratiques qui ont libre cours, a fini par rendre difficiles quelques-uns de mes passages dans cet aéroport ! Des agents, en guise de représailles, pouvaient me soumettre à un certain ostracisme ou verser même dans la provocation. J’ai eu quelques altercations, parfois fortes, avec des agents de police dans cet aéroport pour n’avoir pas accepté de me laisser marcher sur les pieds. Je décide à nouveau de parler de situations anachroniques que vivent les passagers de tous les vols commerciaux qui décollent ou atterrissent à l’Aibd. Lors d’un passage la semaine dernière dans cet aéroport, des personnes, excédées par les situations vécues, m’ont supplié de donner un écho à leurs exaspérations et leurs cris de détresse. Des agents préposés au service manutentionnaire m’ont également demandé de relayer leur colère. Pourrait-on nourrir un mince espoir que le nouveau ministre des Transports aériens, Me Antoine Mbengue, ne sera pas gagné par la même vénalité que certains de ses prédécesseurs qui en étaient arrivés à ne plus pouvoir exiger quoi que ce soit des différents prestataires de services et opérateurs de la plateforme aéroportuaire
Cet aéroport se meurt et si l’on y prend garde, il finira par tomber en dépérissement comme Léopold Sédar Senghor de Dakar, il y a quelques années de cela, c’est-à-dire comme l’un des pires aéroports ou cauchemars pour un voyageur.
L’Aibd ne devrait souffrir d’aucun complexe devant un quelconque aéroport du monde. Les infrastructures sont de qualité et les aménagements ont été faits à la dimension d’un trafic escompté. Il n’est donc pas étonnant que cet aéroport émerveille la plupart des visiteurs du Sénégal. Mais, comme dirait-on, dans ce pays, on sait construire ou réaliser des choses, mais leur maintenance laisse toujours à désirer. C’est encore la gestion de la clientèle qui est des plus mauvaises et la qualité du service est faible aussi bien à l’embarquement qu’au débarquement.
Le rush aux arrivées et l’attente plus longue que la durée du vol
C’est au premier franchissement de la frontière que le visiteur se fait déjà une impression sur un pays, comme la dernière impression qu’il garde sera au moment de partir, de quitter le pays. Bienvenue à l’Aibd ! Quand vous débarquez de l’avion à l’Aibd, vous trouverez le tunnel crasseux avec des détritus et de la poussière au sol et sur les vitres. Cette image vous change de l’aéroport d’Accra (Ghana) ou de Praia (Cap-Vert) ou de Banjul (Gambie), où la propreté est nette dans ces aéroports ! A l’Aibd, les voyageurs, habitués des lieux, se précipitent dans une course folle, pour arriver parmi les premiers au comptoir de la police des frontières. Notre vol venait de débarquer ce jeudi 16 novembre 2023 à seize heures. Une employée de l’aéroport, revêtue de la tenue bleue d’une société privée de services, assez bienveillante, nous prévient, voyant nos pas pressés : «Vous pouvez prendre votre temps, il y a beaucoup de monde à l’arrivée !» On est donc prévenus du calvaire qui nous attend. Le hall est bourdonnant et les files sont longues, car quatre vols internationaux sont arrivés presque en même temps. Des agents de police viennent faire passer devant nous des personnes, sans aucun titre ni droit, et de surcroît qui ont voyagé en classe économique. Elles passent ainsi, devant des personnes qui ont pourtant payé un billet bien plus onéreux mais ne bénéficient d’aucun privilège. Dans tous les aéroports du monde, il existe une différenciation de traitement entre les passagers en fonction de leurs types de billets ou de statuts de voyageurs. Cela induit un traitement privilégié, à l’embarquement comme au débarquement, mais à l’Aibd, on semble instaurer de fait un égalitarisme entre tous les passagers. Pourtant, des box portant l’enseigne bien visible «Officiels ou Classe affaires» sont prévus, sans pour autant qu’on y trouve systématiquement des agents pour recevoir les passagers. Comble, il nous a été donné de nous présenter devant ce box, muni d’une carte d’embarquement en «Business class» et nous voir éconduit parce que l’agent de police considérait que ce passage n’était prévu que pour les personnes détentrices d’un passeport officiel. Qui a bien pu passer les bonnes consignes ? Mais le plus regrettable est que c’est seulement au Sénégal où des agents viennent, le plus naturellement du monde, accueillir, à la coupée de l’avion, des personnes qui ne visitent pas le pays pour une mission diplomatique. C’est donc à l’Aibd que des policiers, des gendarmes ou des militaires en tenue, et parfois avec des galons ou des grades bien mis en relief, viennent récupérer un passager à la coupée de l’avion pour lui faire passer tous les contrôles et même récupérer ses bagages des tapis sans aucune autre forme de contrôle ou de vérification. Il fut un temps où une société privée officiait, en faisant facturer cette prestation. Heureusement que l’activité avait cessé après une dénonciation faite à travers ces colonnes !
Au niveau des formalités, les agents de police ne se gênent pas à vous demander de leur donner de quoi acheter un déjeuner ou un dîner. Si vous ignorez la demande, cet agent vous aura à l’œil et vous le fera payer à votre prochain passage. Un autre agent peut se permettre de retenir le numéro de téléphone qu’il vous demandera pour vous appeler par la suite, pour vous solliciter, pour telle ou telle autre raison, ou pour vous proposer même les bons services d’un marabout de son entourage. J’ai vécu personnellement tout cela. Après une longue attente pour passer la police et recevoir un cachet sur votre passeport, vous êtes encore obligé de vous mettre, à nouveau, en rang devant d’autres policiers, chargés de repasser en revue votre passeport pour vérifier si le cachet des arrivées a été bien apposé, alors qu’ils avaient bien observé, de leur siège, l’autre agent le faire. C’est encore du temps perdu inutilement car j’ai eu à recevoir une réponse négative à ma question de savoir si jamais il avait été trouvé qu’un cachet n’avait pas été posé. Et comme pour donner de l’importance à leur mission, le contrôle à ce niveau est encore si tatillon… On se permet de chercher à en rire mais franchement, c’est si pénible, éprouvant même, pour un voyageur qui vient de débarquer d’un vol de plusieurs heures. Il nous a été donné de constater, à l’arrivée d’un vol en provenance de Paris, qu’une passagère, nécessitant une assistance pour débarquer, a dû attendre plus d’une heure et demie dans l’avion, le temps de trouver un conducteur de l’ambulatoire !
C’est au tapis de livraison des bagages que se trouve la plus grosse cohue, pour ne pas dire pagaille. C’est justement à l’Aibd où à l’arrivée, aucune distinction de bagages prioritaires n’est faite. Dans tous les autres aéroports du monde, la priorité est faite aux bagages portant l’étiquette prioritaire ! Mais à Diass, le voyageur attend de longues heures pour espérer apercevoir son bagage parmi tous les autres jetés en vrac sur le tapis bondé. Le temps d’attente est trop long. Les porteurs, qui sont parfois aussi nombreux que les passagers, rétribués au pourboire par les passagers, (une autre spécificité ou archaïsme de l’Aibd), peuvent expliquer que la lenteur des opérations de manutention est due au manque d’effectifs. «Depuis la période du Covid-19, les effectifs des personnels manutentionnaires sont réduits de manière drastique et ils sont deux ou trois à décharger chaque vol.» Notre interlocuteur nous permet de mieux prendre la mesure : «Figurez-vous que chaque voyageur a généralement deux ou trois valises. Cela fait donc pour chaque vol, plus de cinq cents valises d’au moins vingt-trois kilos chacune, à décharger manuellement et à poser sur le tapis des bagages. Certains bagages sont très lourds et quand ces agents sont fatigués, ils se reposent et les passagers attendront forcément.» Un agent manutentionnaire confirme cette situation et ajoute : «Nous avons saisi les responsables, mais ils ne veulent pas recruter du personnel. Nos situations sont précaires et si vous êtes identifié comme un récalcitrant ou un protestataire, vous perdez immédiatement votre travail. C’est pour cette raison que nous hésitons à faire grève.» Un haut responsable administratif de l’Aibd admet cette situation et la regrette, estimant que cette activité est du ressort d’une société de handling gérée par des Turcs et que les récriminations ne semblent servir à rien. Après trois heures chrono, tous vos bagages sont entre vos mains. Une dame qui venait d’Abidjan fait remarquer à qui voudrait l’entendre, qu’elle venait de passer plus de temps à attendre ses bagages que dans le vol d’Abidjan à Dakar ! Une autre dame européenne vient de sauter avec une joie non contenue sur son sac et ne peut s’empêcher ce commentaire qui nous rend un peu penaud : «C’est pourtant un bagage prioritaire ! La priorité, ça marche bien !» Il faudra encore une longue file pour passer l’un des deux seuls scanners de la Douane. Vous n’êtes pas encore au bout de vos peines. A la sortie, vous êtes assailli par une foule de gens qui vous demandent de l’argent, vous proposent du change de monnaie, qui vendent on ne sait quel bibelot, des sachets d’eau ou des tasses de café. Des mendiants inondent le parking et chacun d’eux cherche à vous soutirer quelque chose, sans que les gendarmes préposés à la sécurité ne les dégagent. Au moindre moment d’inattention, quelqu’un va fourrer sa main dans vos affaires. Que dire de ces guimbardes qui font office de taxis de l’aéroport ? Assurément, tout est fait pour heurter le visiteur.
La situation est similaire pour les départs, avec la seule différence que ce sont les agents d’une société privée, chargés du contrôle de sécurité aéroportuaire, qui se montrent vraiment assez professionnels, pour ne pas dire corrects. Jamais l’un d’eux ne s’aventure à rançonner, d’une façon ou d’une autre, le passager. En tout cas, je n’ai pas encore connaissance d’un cas ! Peut-être que la surveillance est de rigueur ou que des chefs ont veillé à la qualité de leurs recrutements. La seule remarque négative à formuler à ce niveau restera que les passagers sont passés à la fouille par un seul scanner, alors que d’autres sont en place mais ne sont pas utilisés. Cela fait perdre beaucoup de temps au voyageur, encore que là non plus, il n’y a pas de différenciation entre les catégories de voyageurs, comme c’est encore le cas dans tous les autres aéroports du monde. Les agents de la police des «Départs» ont les mêmes travers que leurs collègues au niveau des «Arrivées». Sans doute que ce sont les mêmes équipes. C’est comme si chacun doit rentrer à son domicile, à la fin de ses horaires de travail, avec un bakchich. Cette tare, les policiers de l’Aibd la partagent avec leurs collègues de l’Aéroport Mohammed V de Casablanca. La pratique est si courante que les policiers marocains vous baragouinent des mots en wolof pour vous soutirer de l’argent !
Les infrastructures se dégradent à vue d’œil
En période de pluie, il nous a été donné d’observer que de l’eau de pluie suintait de nombreuses parois de la toiture de l’aéroport et des flaques d’eau étaient visibles partout dans les halls d’embarquement. Les agents ne semblent être point gênés. «Il a beaucoup plu ces jours-ci», comme si cela devait être une fatalité. Allez aux Business lounge ! Vous trouverez des cafards en divagation et des fauteuils et des moquettes qui demandent à être changés. Seules trois toilettes sont en service : une pour les hommes, une autre pour les femmes et une pour les personnes handicapées. Quand les vols partent dans des créneaux horaires proches, on s’imagine l’attente pour pouvoir utiliser les toilettes et encore que leur hygiène peut être repoussante.
Je sais bien que mon prochain passage à l’Aibd sera encore difficile mais tant pis, si cela peut servir à corriger les choses !
par Jacques Habib Sy
QUELQUES REPÈRES DANS LA PENSÉE POLITIQUE DE CHEIKH ANTA DIOP
EXCLUSIF SENEPLUS - L'acculturation des intellectuels nègres a été d'une violence telle que même lorsqu'ils sont dotés des meilleures dispositions à la réflexion et l’organisation, ils se sentent mal à l'aise sans une tutelle (3/5)
A trente ans, et alors qu'il préside aux destinées de l'A.E.-R.D.A. Cheikh Anta Diop conçoit dans le feu de l'action anticolonialiste et antiimpérialiste un projet politique capital.
En février 1952, il en présente les conclusions de façon ramassée et limpide dans l'organe mensuel de l'Association, "La Voix de l'Afrique Noire". L'article est intitulé "Vers une idéologie politique africaine".
Cheikh Anta Diop restitue ainsi qu'il suit la dimension historique de ces moments :
« C'est en février 1952, écrit-il dans "Les fondements économiques et culturels d'un Etat fédéral d'Afrique noire", alors que j'étais Secrétaire général des Étudiants du R.D.A. que nous avons posé le problème de l'indépendance politique du continent noir et celui de la création d'un futur État fédéral.
« Cet article qui n'était que le résumé de "Nations Nègres", en cours de publication, traitait des aspects politique, linguistique, historique, social, etc., de la question.
« Il est certain qu'à l'époque, les députés malgaches et le leader camerounais, Ruben Um Nyobe, mis à part, aucun homme politique africain noir francophone n'osait encore parler d'indépendance, de culture, oui de culture et de Nations africaines. Les déclarations qui ont cours aujourd'hui, à ce sujet, frisent l'imposture et sont, pour le moins, des contre-vérités flagrantes ».
Prise de conscience africaine
De nombreux témoins encore vivants de cette période reconnaissent qu'entre 1946 et 1954, Cheikh Anta Diop s'est dépensé sans compter dans le mouvement politique et syndical africain en Europe et au cours de rencontres internationales réunissant l'intelligentsia nègre mondiale ou pendant les réunions parisiennes de la salle de conférence surchauffée du Palais de la Mutualité. Et souvent, c'est sur les terrasses du Petit Cluny en plein cœur du Quartier Latin de Paris que venaient le retrouver des étudiants de plus en plus nombreux avides d'entendre son message politico-culturel sur la fédération et l'indépendance africaines, l'héritage égypto-nubien de l'Afrique, la réhabilitation des langues nationales, le danger nucléaire Sud-africain, et les fondements de l'unité africaine, thème repris par Nkrumah en 1963 lors de la création de l'Organisation de ]'Unité Africaine et en 1964 dans "L'Afrique doit s'unir".
Écrit d'un jet, "Vers une Idéologie Politique Africaine" représente une ligne programmatique, mais surtout une véritable doctrine politique doublée d'un manifeste du colonisé africain. Le texte pose de façon remarquable tous les problèmes politiques, économiques et culturels que Cheikh Anta va s'appliquer pendant plus de quarante ans à développer dans ses écrits ultérieurs. C'est à partir de la même charpente qu'il se mobilise concrètement sur le terrain politique panafricain (AE-RDA, FEANF, soutien aux fronts de libération nationale algérien (FNLA) et sénégalais (Bloc des Masses Sénégalaises ; Front National Sénégalais ; Rassemblement National Démocratique).
D'entrée de jeu, Cheikh Anta va à l'essentiel. Notre objectif central en tant qu'opprimés luttant pour le salut national, écrit-il, est d'œuvrer à la prise de conscience populaire parmi les classes qui ont intérêt au changement. Celles-ci englobent ouvriers et paysans, notables et artisans, fonctionnaires, chrétiens, musulmans et adeptes des "religions paléonigritiques". Les objectifs centraux de ce front de salut national se posent contre l'exploitation capitaliste, pour "la suppression totale du colonialisme", le bienfondé de la confiance en la force et la primauté du peuple, l'utilisation du progrès scientifique comme arme de transformation de l'environnement socio-culturel, la lutte collective dirigée par une avant-garde contrôlée par la vigilance populaire, la nécessité historique de lutter jusqu'à "l'indépendance nationale du continent noir" et, par conséquent, le bannissement du culte de la personnalité et de toute tentative "d'un retour à un passé féodal et d'une domination du Nègre par le Nègre".
Vaste programme qui recentre la tragédie africaine en plein cœur de la problématique du développement humain vu sous l'angle de la libération nationale et du progrès social !
Il faut, insiste Cheikh Anta, amener la conscience populaire à atteindre ces objectifs. Faire comprendre au peuple qu'« il est maître de son sort et qu'il peut l'améliorer par des moyens naturels dont il est convaincu de l'efficacité pour les avoir expérimentés équivaudra à lui faire faire un saut qualitatif, une découverte dont l'importance sur le plan africain est comparable à celle de la découverte de l'énergie atomique dans le domaine scientifique ».
Pour déclencher la prise de conscience souhaitée chez l'Africain, « il convient d'abord d'identifier et d'analyser les obstacles sociaux et psychologiques qui s'opposent ( ... ) à une prise de conscience ». Cheikh Anta résume ces obstacles à travers les facteurs suivants :
« 1. Flottement de la personnalité de l'Africain ;
« 2. Barrières ethniques, sociales, linguistiques et liées à l'éducation populaire parascolaire ;
« 3. Contraintes liées à l'action politique sur le terrain africain et l'absence d'une véritable idéologie politique africaine ».
Le premier obstacle à la prise de conscience, que ce soit chez l'élite intellectuelle ou parmi les masses travailleuses, est d'ordre psychologique. Comme le constatera Fanon une décennie après dans ses "Damnés de la Terre", "la revendication d'une culture nationale passée ne réhabilite pas seulement, ne fait pas que justifier une culture nationale future. Sur le plan de l'équilibre psycho-affectif elle provoque chez le colonisé une mutation d'une importance fondamentale (... ). Le colonialisme ne se satisfait pas d'enserrer le peuple dans ses mailles, de vider le cerveau du colonisé de toute forme et de tout contenu. Par une sorte de perversion de la logique, il s'oriente vers le passé du peuple opprimé, le distord, le défigure, l'anéantit" (voir « Les damnés de la Terre », ouvrage lucide de cet auteur).
Dans ces conditions il faut restaurer au peuple la conscience de sa dignité, de la force irrésistible qu'il représenterait en décidant de s'impliquer totalement dans la lutte de libération nationale et d'imprimer au mouvement démocratique la marque indélébile de ses aspirations les plus profondes à la justice sociale et à la construction d'une nation fondée hors des canons de l'oppression sociale et de l'exploitation de l'homme par l'homme. Face au panorama culturel émacié que présente le tableau continental, d'Alger au Cap, il faut lui substituer de nouvelles tensions prenant racine dans la maîtrise des réalités historiques et culturelles nationales. Dans cette formidable entreprise de transmutation de la culture autochtone en une culture nationale désaliénée, il est vital de comprendre que tel un fauve à l'affût de sa proie, l'impérialisme envisage depuis trois siècles de tuer la culture africaine pour mieux asservir le peuple qui en a la charge historique.
"La personnalité de l'Africain, écrit Cheikh Anta Diop, ne se rattache plus à un passé historique et culturel reconnu par une conscience nationale. Les puissances colonisatrices ont compris dès le début que la culture nationale est un rempart de sécurité, le plus solide que puisse se construire un peuple au cours de son histoire et que tant qu'on ne l'a pas atrophiée, ou désintégrée, on ne peut pas être sûr des réactions du peuple dominé, de l'achèvement de son assimilation et de son asservissement total. Aussi le colonialisme a-t-il introduit l'aliénation, sous toutes ses formes, depuis l'école jusqu'au chantier. Diop en conclut que :
« (...) Il en résulte un manque de confiance en soi et en ses propres possibilités, ce qui est fatal à une œuvre aussi positive qu'une lutte de libération nationale. Il nous a paru donc nécessaire de tenter un travail qui, en permettant à l'Africain de retrouver la continuité de son histoire et la consistance de sa culture, en même temps que les moyens d'adapter celle-ci aux exigences modernes, lui permette de reconquérir cette assurance et cette plénitude intérieure différentes de la suffisance et sans lesquelles l'effort humain est difficilement efficace ».
Dès cette époque, il ne fait aucun doute aux yeux de Cheikh Anta que les finalités positives d'une dénonciation sans compromission de "la plus monstrueuse falsification de l'humanité", falsification liée "aux nécessités de l’exploitation impérialiste" par le biais d'idéologues historiens et d'égyptologues sans scrupules, vont permettre à l'Africain "de retrouver une confiance en soi" et d'acquérir une fierté légitime incompatible avec l'idée d'un joug étranger sous quelque forme que ce soit".
En 1952, Cheikh Anta a déjà construit la charpente théorique et méthodologique de sa démonstration que l'Égypte pharaonique est d'essence africaine et que les Africains ont le devoir de s'inspirer de cette donnée fondamentale pour guider leurs choix de société, rédiger leur propre histoire et atteindre la plénitude intellectuelle en élaborant les "humanités africaines à base d'égyptien ancien". Mais il répète en insistant que la contemplation inquisitrice du passé ne devrait pas déboucher sur la capitulation politique, le snobisme, l'arrogance et le mimétisme intellectuels alors largement répandus sous des formes différentes certes mais convergentes parmi les grands pontes du parlementarisme colonial, les tenants d'une négritude de service courbant l'échine devant l'oppresseur étranger, et les jeunes activistes marxisants qui "ont oublié de soigner leur formation" politique et substituent à la connaissance objective des faits un langage cacophonique d'autant plus prompt au recours à l'injure. L'ambiguïté sur le plan des objectifs stratégiques à assigner à la lutte pour la révolution démocratique africaine est donc absente dès les premiers pas politiques de Cheikh Anta.
A la seconde série de barrières nées de l'exploitation capitaliste qui ne peut cesser qu'avec la lutte du peuple tout entier "pour la suppression totale de cette exploitation", il oppose la démonstration de l'unité linguistique africaine basée sur la parenté génétique et généalogique entre l'égyptien pharaonique et les langues africaines. Mais aussitôt posé cet axiome Cheikh Anta se meut sur le terrain de la lutte dans l'Afrique contemporaine : "En démontrant d'une façon indiscutable, écrit-il, la parenté des Sérères, des Valafs, des Saras (...), des Sarakolés, des Toucouleurs, des Peuls, des Laobés, je rends désormais ridicule tout préjugé ethnique entre les ressortissants conscients de ces différents groupements. Ce principe doit être étendu à toute l'Afrique par nos frères des autres régions". A cette action sur le terrain linguistique, il convient d'ajouter celle visant à décloisonner la société de ses barrières sociales et de sa stratification en castes afin que tous s'impliquent dans la résistance anti-impérialiste.
Impérium des langues nationales
Jetant un regard cru sur les exigences de l'agitation et la propagande politiques, il stigmatise "l'absence de moyens d'expression modernes à l'échelle du peuple" et suggère qu'il faudrait envisager sans délai "I' étude et le développement des langues africaines de façon à rendre celles-ci aptes à exprimer les sciences exactes ( ... ), la technique, la philosophie" et les concepts politiques les plus complexes visant à rendre au peuple le pouvoir, tout le pouvoir.
Dans cet ordre d'idées, la voie royale pour faire accéder le peuple à la nécessité de prendre en charge son propre destin, c'est l'éducation populaire parascolaire et l'utilisation des langues nationales à tous les échelons de la vie sociopolitique. La langue doit être le catalyseur d'une vie politique nationale autocentrée. Elle n'est pas seulement un attribut de la culture, elle est aussi fondamentalement le vecteur principal de la démocratie populaire. Sans langues nationales en tant que catalyseur de la vie constitutionnelle et politique nationales, il n'y a pas de démocratie. L'absence des langues nationales du champ scientifique et technologique équivaut à tuer l'esprit d'innovation scientifique et donc tout progrès social. La langue nationale est le capital le plus précieux qui puisse appartenir à un peuple.
En utilisant sa propre langue dans l'action politique, l'Africain conscient rompt par là même avec les siècles antérieurs de négation de son histoire et donc de sa langue par le colonisateur. La politique d'assimilation colonialiste va même plus loin en interdisant l'utilisation des langues autochtones dans les écoles qu'elle crée en vue de rationaliser son projet d'abrutissement culturel. Grâce à l'appui criminel des missionnaires chrétiens Blancs à la politique d'assimilation culturelle, le colonialisme en vient à détruire les autels traditionnels séculaires où les Africains communiaient naguère avec l'ancêtre des temps premiers, dans la transcendance de l'Esprit Absolu immanent au Noun et au Maat égypto-nubiens. Lorsque les autels sacrés, véhicules d'une pensée religieuse vitaliste authentiquement nationale, sont foulés au pied, on convainc l'Africain "évolué" de n'utiliser sa langue ni au foyer familial encore moins sur les lieux de travail. Il doit désormais prier, étudier, travailler, penser, spéculer et même roter en se servant des langues de l'envahisseur étranger. La boucle est ainsi bouclée.
Et l'impérialisme peut tranquillement, dans le cynisme le plus révoltant, couper l'Africain de son soubassement culturel égypto-nubien, lui faire croire que ses "ancêtres sont des Gaulois" et que ceux du Blanc sont des égyptiens anciens, les mêmes reconnus par Hérodote plusieurs siècles auparavant comme des créatures "à la peau noire et aux cheveux crépus" (voir les écrits d’Hérodote). L'impérialisme tente ainsi de faire prendre à l'Africain les vessies pour des lanternes. C'est contre cette politique d'asservissement, d'oppression et d'exploitation que s'élève Cheikh Anta et contre laquelle il oppose une parade mortelle : la réhabilitation des langues nationales, la création d'une littérature moderne écrite dans ces mêmes langues, l'irruption de celles-ci dans le champ politique non pour perpétuer l'infirmité issue du clientélisme partisan ou ethnocentriste, mais pour les faire accéder au statut d'instruments privilégiés de la libération culturelle, scientifique et politique.
Il y a une troisième série d’obstacles à la prise de conscience politique chez l'Africain. "L'incompatibilité en Afrique, écrit-il, de la fonction publique et de la position du militant de carrière, les nouvelles perspectives d'embourgeoisement, le caractère infâmant de la peine de prison, même pour raison politique, la fausse interprétation du fatalisme, l'absence d'une idéologie politique définissant clairement les problèmes, sont, entre autres et pour ne citer que ceux-là autant de facteurs qu'il faut évoquer ... ".
Ici est clairement perçue la nécessité de la spécialisation dans l'action révolutionnaire permanente et le fait que l'efficacité du militant africain dépend dans une large mesure de sa capacité d'autonomie financière face au pouvoir central. L'indépendance de jugement sur le terrain de la lutte idéologique est également mise en relief pour indiquer que l'idéologie politique est par essence, et avant d'être une explication du monde, une philosophie de l'action et de la rupture avec l'ordre ancien, une conception historico-culturelle qui se définit et n'a de sens que par rapport aux réalités concrètes du foyer "national" où elle se meut.
L'idéologie politique africaine qui se déploierait sur le terrain stratégique en vue d'édifier l'architecture culturelle, politique et économique d'une société de type nouveau délestée de l'oppression et de l'exploitation ne saurait faire l'économie d'une connaissance approfondie des réalités et de l'histoire nationales. Rien ne saurait l'en dispenser. A défaut de cette immersion absolue dans le milieu social et donc d'une connaissance intime des formes autochtones et externes de l'exploitation et de l'oppression, la triple révolution pour le triomphe de la nation, de la démocratie et du peuple au sens révolutionnaire de ces termes est impossible.
Évaluer la citadelle « marxiste »
Que le marxisme soit une approche féconde pour bâtir l'idéologie politique qui fait si cruellement défaut à l'Afrique, ne fait aucun doute aux yeux de Cheikh Anta. Mais comme toute idéologie, le "marxisme" et le communisme représentent un ensemble d'idées, de croyances, de pratiques et de doctrines propres aux contradictions de leur terrain d'enfantement, en l'occurrence, les luttes sociales de l'Europe du XIXe siècle puis de la Russie du début du siècle suivant. La critique "sans complaisance" des abus conceptuels et idéologiques du marxisme sur le terrain de l'histoire africaine et asiatique devient donc, aux yeux de Cheikh Anta, une nécessité historique, une sorte de passage obligé du stade de la révolution pensée en termes étrangers à celui de la révolution authentiquement nationale. Cette dernière seule peut garantir à la révolution africaine un succès durable et la pleine participation aux progrès et aux exigences de la révolution mondiale.
Cheikh Anta mesure parfaitement l'ampleur de ce projet titanesque puisqu'il prend acte des erreurs de jugement du Parti Bolchévique, en particulier sous Staline, devant les exigences de l'indépendance nationale en Inde, puis en Chine. Il pressent déjà comment, à partir d'une vision bureaucratique et, il faut bien le dire paternaliste et condescendante des rapports entre partis communistes "frères", le Parti Communiste Français a pu exiger des révolutionnaires algériens qu'ils se détournent de la lutte pour l'indépendance nationale immédiate sous le prétexte incroyable que celle-ci est jugée "prématurée". Cheikh Anta se rend compte que les particularités de l'histoire projettent sur la question de la lutte des classes en Afrique une dimension d'autant plus singularisée par l'absence de véritables patrons nationaux d'industrie, donc d'une bourgeoisie de type classique européen et son antithèse ouvrière typique du contexte de développement du niveau de production et des forces productives des deux siècles qui précèdent la première révolution bolchévique de l'histoire.
Et finalement, cet héritage hégélien de l'histoire des formations sociales que l'on retrouve chez Marx et Engels de façon à peine atténuée ! Bien que Cheikh Anta n'ait cru à aucun moment qu'un "rendez-vous avec Engels", selon la formule du Professeur Massamba Lame, constituait un déterminisme, une sorte d'à priori pour aborder l'étude des sociétés africaines, la "rencontre" des deux hommes sur le champ scientifique relève presque de la fatalité. A partir du moment où Marx, mais surtout Engels, reprennent des idées erronées et des contrevérités sur l'histoire africaine, notamment sur la question du matriarcat dans le développement de l'humanité, les modes de production successifs de la plus haute antiquité au Moyen Age, l'histoire des migrations intercontinentales, la nature des luttes sociales et politiques dans la Grèce antique et l'ancienne Égypte, Cheikh Anta a dû réexaminer ces questions avec la plus grande minutie mais selon un axe de raisonnement jusque-là ignoré par Marx et Engels.
L'absence de faits précis et de détails à caractère ethnographique et anthropologique sur les formations sociales africaines et asiatiques étudiées ou parfois seulement survolées par Marx et Engels au moment où ils observent ces sociétés est réelle. Mais l'argument n'est pas décisif. Le fait important qu'il convient de souligner ici c'est que les témoignages des anciens sur la nature du peuplement dans l'ancienne Égypte sont disponibles depuis longtemps. Mais ils ne revêtent aucun intérêt pour les historiens Européens de la période qui précède les grandes expéditions françaises et anglaises en Égypte. De plus, l'Afrique occidentale et équatoriale a été parcourue depuis belle lurette par des explorateurs qui ont consigné des observations plus ou moins dignes de foi par écrit.
Du vivant d'Engels, l'énorme entreprise de négation de l'histoire africaine atteint des sommets rarement égalés. Le mythe du nègre « sauvage » est déjà largement répandu cependant que les idéologues-historiens de l'impérialisme occidental s'évertuent rageusement à blanchir l'Égypte pharaonique nubienne. A ce moment-là, l'Afrique noire est déjà exsangue, dépeuplée par trois siècles d'esclavage, la traite nègrière étant encore pratiquée à une échelle considérable cependant que la diaspora noire de l'Europe, des Amériques et des Caraïbes n'arrive, qu'à d'insignifiantes exceptions près à faire entendre la voix d'érudits nègres (Amos, par exemple) disant leur humanité.
La récente publication des "Cahiers ethnologiques de Karl Marx" par Lawrence Krader donne raison à Cheikh· Anta Diop d'avoir eu le courage de s'être élevé sur le terrain scientifique et de la lutte politique contre la déformation de l'histoire africaine. On oublie trop souvent que les matériaux de recherche sur lesquels Marx et Engels fondent leur argumentation principale sur l'aspect prétendument généralisé du matriarcat dans les sociétés indo-européennes sont fondamentalement erronés. Les arguments fournis par Lewis Henry Morgan, et, à contrario, par Henry Sumner Maine et John Lubbock conduisent Marx et Engels à penser que le berceau de l'humanité se trouverait en Asie, que le culte du serpent en Afrique de l'Ouest serait indicatif d'une étape "supérieure" du culte des anciens dieux, etc. Engels en arrive même à écrire dans son "Origine de la famille, de la propriété et de l'État" que "c'est peut-être à l'abondance de la viande et du lait dans l'alimentation des Aryens et des Sémites et particulièrement à ses effets favorables sur le développement des enfants, qu'il faut attribuer le développement supérieur de ces deux races" ! On croirait rêver, et l'on est en droit de se demander si Cheikh Anta n'a pas eu raison d'écrire : "Posez le problème des patrimoines culturels, aussitôt les teintes politiques s'effacent, et à quelques exceptions près, l'unanimité des savants occidentaux se réalise spontanément contre l'Afrique".
Briser le dogmatisme idéologique
Amady Ali Dieng reconnaît avec justesse l'aspect pionnier de l'œuvre de Cheikh Anta :
« Il a eu le mérite, écrit-il, d'avoir contesté les thèses de Engels sur le problème de la famille très tôt et notamment dans sa thèse complémentaire élaborée durant les années 1958-1959. II a eu raison sur les marxistes européens et africains qui étaient encore enfermés dans le dogmatisme "stalinien". C.A. Diop a été, sur le problème de l'étude de la famille, en avance sur les marxistes européens et en particulier J. Suret-Canale, car celui-ci n'a pas mis en cause la thèse du passage universel du "matriarcat" au ''patriarcat" défendu par Engels sur la base des travaux de L. Morgan au moment où C.A. Diop le faisait dans « L'unité culturelle de l'Afrique noire ».
Soulignant le caractère méritoire de l'œuvre de Cheikh Anta en particulier dans sa remise en cause du "miracle grec", l'un des mythes les plus ténus de la panoplie impérialiste de l'Occident, Dieng rappelle aux marxistes africains le "grand intérêt à tirer profit des travaux de C.A. Diop". Et Dieng de conclure :
« Le silence à l'égard de ses thèses (celles de Cheikh Anta) ne serait ni honnête ni courageux. Son examen critique sur la base de recherches sérieuses est une tâche qui est venue à son heure, car dans le domaine de la philosophie de l'histoire africaine, il a été à l'antipode de Hegel, le grand théoricien de la bourgeoisie européenne conquérante ».
On mesure l'importance de ce témoignage repère lorsqu'on réalise que plus d'un quart de siècle sépare cette prise de position de la période où Cheikh Anta procède à la première révolution de type copernicien dans le domaine de l'histoire africaine et universelle et non de la philosophie de l'histoire comme il l'a lui-même précisé au cours du Symposium sur son œuvre organisé en 1983 à Dakar.
Si le marxiste sénégalais Amady Ali Dieng, dans son "Hegel, Marx, Engels et les problèmes de l'Afrique Noire", a reconnu les lacunes de Marx et Engels au sujet de l'histoire africaine, on ne peut pas en dire autant de la plupart des marxistes africains. Quand il leur arrive de reconnaître les erreurs des fondateurs du marxisme, c'est toujours avec un complexe d'infériorité et une révérence devant les travaux de Marx et Engels encore trop marquée par la gêne, la peur presque de mettre à nu, sans faux-fuyants les insuffisances théoriques des fondateurs du marxisme. Cette timidité idéologique et politique est d'autant plus grave qu'on en perçoit les conséquences sur le terrain des luttes de libération africaines. L'héritage stalinien parmi les marxistes africains, bien qu'il ne soit pas toujours reconnu comme tel, constitue l'un des malentendus politiques les plus tragiques au sein de l'intelligentsia radicale africaine.
On y confond trop souvent catéchisme et connaissance -au sens étymologique dérivé du latin cognoscere, c'est-à-dire observer, expérimenter, ressentir un objet-réalité dans toute son authenticité. Il faut, bien entendu, arriver à observer la situation sans œillères idéologiques et politiques, en toute autonomie, pour être capable de la transformer. Là se trouve l'une des plus grandes difficultés du patriotisme révolutionnaire africain. L'acculturation des intellectuels nègres a été d'une violence telle que même lorsqu'ils sont dotés des meilleures dispositions à la réflexion et l’organisation, ils se sentent mal à l'aise sans une tutelle et une approbation idéologiques externes à l'Afrique.
Ainsi, critiquer l'ethnocentrisme de Marx est considéré comme une trahison insupportable ou relève de l'effronterie réactionnaire. Cette attitude est d'autant plus affligeante qu'elle dénote chez leurs auteurs le manque d'audace intellectuelle et, en conséquence, l'incapacité de poser les problèmes à partir de matériaux primaires, ouvrant ainsi aux Africains, et selon les vœux maintes fois exprimés par Cheikh Anta, « l’accès aux débats scientifiques les plus élevés de notre temps, où se scelle l'avenir culturel » du monde négro-africain.
C'est à ce titre que l'on est en droit de parler d'une véritable rupture épistémologique introduite par Cheikh Anta dans la réflexion politique et la pratique idéologique. Car avant lui, l'Afrique noire d'expression officielle francophone, à de très rares exceptions, ne manifeste sa volonté politique, au moment de la publication de "Vers une idéologie politique africaine", qu'à travers des pamphlets dérisoires ou le cliché idéologique. On se spécialise presque dans le badin pseudo-idéologique et l'art de la pastiche oratoire bon marché. Ces révélateurs d'un gauchisme d'apparat sont encore visibles, quoique de façon atténuée, dans les rangs du mouvement étudiant africain et trahissent l'aliénation culturelle et une profonde méconnaissance des réalités de l’espace sociopolitique africain.
L'ESPRIT ABSOLU HÉGÉLIEN MONTE SUR SON CHEVAL MARRON BEIGE
Il y a en Macky l'absolutisme hobbesien consistant à conceptualiser l'ordre sociopolitique comme manière de supprimer le conflit. Sonko représente la plénitude absente de l'ordre social qui reconstruira toutes les dislocations du destructeur
Je pense que le président de la République est davantage marqué par son passage par le maoïsme, que par sa conversion au libéralisme. Il n'a rien d'un libéral. Les libéraux sont les artisans de l'Etat de droit, l'autre pilier de la démocratie plurielle, une rencontre contingente de deux traditions politiques selon sa conceptualisation par Macpherson, à travers laquelle les libéraux se sont un peu démocratisés, et les démocrates un peu libéralisés.
Libéralisme vient de liberté.
Les libéraux sont les premiers à théoriser la liberté négative des modernes. Macky qui s'illustre par la destruction des libertés individuelles, a une pensée politique qui ne cadre pas avec le libéralisme politique, encore moins philosophique. Sa conception du libéralisme ne va pas au-delà du libéralisme économique.
La situation politique actuelle au Sénégal se résume par son assertion : « je ne laisserai pas le chaos s'installer dans le pays aussi longtemps que je serai aux commandes ». On ne peut pas nier à un Chef d'Etat de se soucier de la préservation de l'ordre républicain. Mais ce que nous ne pouvons pas lui concéder, c'est de sortir des principes de l’État de droit, qui structurent l'ordre républicain, pour protéger la République.
Mais chez Macky, aussi bien que chez ses souteneurs subalternes, cela est non seulement possible, mais un devoir dont les Sénégalais lui seront redevables plus tard. Vive l'Esprit Absolu hégélien ! Il se met dans la situation du policier qui règle la circulation. En effet, les ordres de ce dernier sont au-dessus du code de la route quand il est en train de réguler la circulation. Ainsi donc, en face des dangers qui nous menacent - dont n'est pas étrangère l'opposition radicale qui refuse de se laisser réduire à sa plus simple expression -, Macky fait la même chose que le policier : rétablir l’ordre qui est au-dessus du formalisme républicain de l'État de droit.
L'Esprit Absolu hégélien réincarné, déjà sur sa monture marron beige en fin connaisseur du fondement de l'ordre social, ne peut qu'être au-dessus des lois et règlements de la République !
J'ai l'intime conviction que, pour sortir d’où nous sommes, il faut battre en brèche le totalitarisme en gestation et sortir de la logique « de la vérité d'État » qui conduit à une ambition de contrôle du fondement de la société. Il me semble qu'il faut aller vers la direction inverse, celle de l'approfondissement de l'imaginaire démocratique qui récuse même l'idée d'un fondement ultime de la société. Il y a en Macky l'absolutisme hobbesien consistant à conceptualiser l'ordre socio politique comme manière de supprimer le conflit. Le souverain de Hobbes - et en cela il est éminemment moderne - construit l'ordre de la communauté, pour éviter le Chaos de l’état de la nature à travers un acte de création radicale qui fait dériver l'objectivité socio politique d'un acte de pouvoir. Les alliés subalternes de Macky sont les héritiers de Platon - à travers Hegel -.Ils sont eux fins connaisseurs de ce que la société est « essentiellement », ils maîtrisent les Lois de l'Histoire - une téléologie sécularisée ou la Raison substitue à Dieu - qui leur permet de montrer que le pouvoir découle d'une objectivité pré-existante antérieure à toute décision politique. C'est la présence au sommet de l'appareil d'État de ces deux conceptions antithétiques de la communauté, mais qui sont toutes deux antipolitiques, car ne permettant pas de penser le pluralisme politique, qui sont la cause des dérives actuelles d'un pouvoir en fin de règne. En fait ils ont une conception pré-moderne de l'unité de la communauté socio politique, une unité d'ordre organique, caractéristique des sociétés holistes.
Macky Sall et ses supporters subalternes ne comprennent pas qu'au moment où, après la dissolution du paradigme jacobin, la démocratie est devenue « fait d'époque », après la dissolution des repères de certitude consécutive à la désintrication du pouvoir, du savoir, et de la justice - dans sa conceptualisation lefortienne -, l'unité de la communauté ne peut se réaliser qu'à travers de la division. Par conséquent il n'y a pas d'ordre social capable d'englober tout le magma des différences à partir desquels il surgit. En d'autres termes le désordre demeurera toujours comme horizon dans toute société. C'est précisément à cause de cela qu'il y a politique, autrement nous rebasculons dans les sociétés d'orde parfait de l’ère pré-moderne. Ce qui est impossible en l'absence du garant transcendantal. Toute tentative de vouloir instaurer un ordre parfait débouchera sur la dictature comme l'antichambre du peuple un du totalitarisme. Il n'y a pas d'alternative à une gestion civilisée - à travers la culture de l'ethos de l’adversité - de la lutte des différentes volontés collectives pour instituer les différents modèles de société qui permettent de restreindre les incertitudes et les tensions résultant de cette lutte dans des limites compatibles à l'exigence de conservation de l’association politique. Le modèle de société harmonieuse est à oublier car en démocratie, il ne peut qu'exister une pluralité de propositions - qu'elles soient d'ordre économique, morale ou sociale - en rivalité pour imposer leur conception du juste, du vrai et du bien. L'universel devient selon Lefort un « lieu vide » à occuper par des particuliers temporairement à travers la lutte hégémonique pour l'incarner. Donc en démocratie le bien commun devient un horizon.
Quand Macky Sall menace ceux qui veulent semer le désordre dans ce pays, il ne fait qu'occulter que l'ordre social vigent, comme tout ordre social, est un ordre contingent et précaire qui a déjà perdu l'élasticité qui en avait fait un ordre social hégémonique ces douze dernières années. Il n'y a pas d'hégémonie qui n'est appelée en dernière instance à s'effriter. Ceci est gage de démocratie. Ne pas le comprendre, ou ne pas l'accepter c'est exposer la République à des soubresauts inutiles, à moins que tel soit le dessein pour maintenir le pouvoir. Les Sénégalais sont suffisamment mûrs politiquement pour tomber dans les pièges mackyavéliques d'un régime en fin de règne. Vous serez battus dans les urnes par Sonko ou par la personne qu'il désignera car en définitive il demeure le maître du jeu dans cette situation charnière de l'avenir du pays. Il représente la plénitude absente de l'ordre social qui reconstruira toutes les dislocations du destructeur.
par Fadel Dia
GAZAOUI LIVES MATTER
EXCLUSIF SENEPLUS - On comprend que les Européens, qui sont à l’origine du plus grand massacre de juifs de l’Histoire, répriment leur désapprobation par peur de se voir rappeler leur passé, mais les autres ?
C’est sans doute une première dans l’histoire moderne qu’une armée, puissante et sophistiquée armée d’avions, d’hélicoptères[D1] , de drones, de chars et de mitrailleuses, prenne d’assaut…un hôpital civil, défonce ses murs, fracasse ses portes, envahisse les salles d’urgence et saccage leur matériel , tire dans les couloirs, fouille et déshabille le personnel à la recherche de suspects , et pour tout dire, transforme en champ de bataille une institution dont la vocation est de soigner et de soulager les douleurs ! Je me rappelle qu’autrefois on mettait à proximité des hôpitaux un panneau sur lequel étaient inscrits deux mots « Hôpital : Silence ! », mais c’est apparemment une recommandation dont se moque l’armée israélienne, et de toute façon cela fait des semaines que les deux mille malades, blessés ou réfugiés de l’hôpital Al Shifa, ainsi que son personnel, ont perdu le sommeil, troublé par ailleurs par la mort, par manque d’oxygène d’une quarantaine de nourrissons !
Les images des atrocités commises par le Hamas sont diffusées sur tous les médias, religieusement projetées devant les élus européens, mais qui peut dire ce qui s’est passé à Gaza depuis plus d’un mois ? Les reporters de guerre se font embedded dans les chars israéliens, ne diffusent que les images filtrées (non censurées ?) par l’armée israélienne, mais combien parmi eux ont pris le risque , l’honneteté,de s’intéresser et de montrer au monde la détresse des deux millions et demi de Gazaouis, qui n’ont ni eau ni électricité, ni réserve alimentaire ni médicaments, qui sont coupés du monde extérieur faute de connexion, qui enterrent leurs morts dans des fosses communes ?Il y bien longtemps que personne à Gaza n’a pris un bain ,il y a des habitants qui ne mangent plus que du crû ,qui boivent de l’eau à moitié saumâtre, qui brulent du carton pour faire du feu…et ces témoignages viennent des institutions humanitaires qui sont encore en place. Qui ,parmi ces audacieux reporters, a porté témoignage du sort des femmes et des hommes abandonnés à eux-mêmes et qui errent comme des âmes en peine du nord vers le sud de la bande, en file indienne en rasant les murs et en trainant des enfants et des chariots? Qui s’est penché sur les mères qui portent dans leurs bras leurs enfants mourants ou tués par les bombes, ou suite à l’interruption des soins faute d’électricité, et sur les centaines de malades et de blessés qui agonisent sur des lits crasseux? Qui raconte le désespoir des Palestiniens de Cisjordanie, qui ne sont pourtant pas en guerre, quand les colons israéliens s’amusent à aller casser du Bédouin, comme on va jouer à la marelle, brulent leurs maisons et arrachent des oliviers vieux de plusieurs siècles .Quand un terroriste (mais pour les autorités israéliennes tout arabe est terroriste, au moins en puissance),ou présumé tel est dans le collimateur de l’armée israélienne, celle-ci n’hésite pas, pour l’éliminer, à lancer une bombe sur un camp de réfugiés, sans se soucier du nombre de victimes collatérales que cette opération peut provoquer. Le gouvernement israélien a déclaré que tous ces gens-là n’étaient que « des animaux, qu’ils seraient traités comme tels » et que leurs vies ne valent pas celles des Israéliens ! Personne ou presque, parmi ceux dont les voix comptent dans le monde, ne crie pourtant au scandale (seul Human Rights Watch a trouvé ces mots « répugnants »), et aucun pays (à l’exception, curieusement, du Chili et de la Colombie et aussi de l’Afrique du Sud) n’a pris des sanctions contre un gouvernement qui foule aux pieds les lois internationales !
Qui eût pensé, il y a trois quarts de siècle, dans l’euphorie qui a entouré la création de l’état d’Israël, que parmi les descendants des rescapés des camps d’extermination allemands, du ghetto de Varsovie ou de la Rafle du Vel d’hiver, on verrait surgir des tortionnaires, que leur gouvernement aurait recours- (ce sont des institutions internationales ,des observateurs indépendants et même des Israéliens favorables à la paix qui l’affirment)-à l’apartheid, à des crimes de guerre, à l’expropriation de terres ,et qu’il ferait l’objet, à lui seul, de plus de la moitié des condamnations votées par l’Assemblée générale de l’ONU ,celle-là même qui avait permis à Israël d’exister?
On en est là : un état de 9 millions d’habitants défie le monde, insulte ou menace les plus faibles, fait du chantage ou morigène les puissants. On comprend que les Européens, qui sont à l’origine du plus grand massacre de juifs de l’Histoire, répriment leur désapprobation par peur de se voir rappeler leur passé, mais les autres ? Pas seulement les Arabes, mais le monde entier : le problème des Palestiniens n’est ni ethnique ni confessionnel, il ressort du droit, de la justice et de l’humanité.
Aujourd’hui aucun pays démocratique dans le monde ne devrait garder des relations diplomatiques normales avec l’État d’Israël.
Assane gueye
LE JOUR D’APRES, ISRAËL EST-IL LE SEUL FAUTIF ?
La rareté de la paix est arrivée. La sécurité est un produit de luxe. La guerre Russie-Ukraine s’est enlisée. Un volcan éteint s’est réveillé. Hamas et Israël sont sur toutes les lèvres. David contre Goliath, conflit asymétrique et cynisme systématique.
La rareté de la paix est arrivée. La sécurité est un produit de luxe. La guerre Russie-Ukraine s’est enlisée. Un volcan éteint s’est réveillé. Hamas et Israël sont sur toutes les lèvres. David contre Goliath, conflit asymétrique et cynisme systématique. Le 7 octobre dernier, avec une technicité inouïe, la branche militaire du Hamas, Ezzedine el Kassam, pulvérise le dôme de fer, le système de défense de l’Etat hébreu. Les officiers israéliens n’en reviennent toujours pas. 1400 tués et des centaines d’otages lors du déluge d’Al Aqsa. Les pauvres victimes s’étaient rendues à une fête pour chanter la paix. Qu’elles reposent en paix. Son plan, le Hamas l’a muri pendant une année. C’est réussi mais à quel prix ? Après 5 semaines de bombardements israéliens aveugles, la moitié de la population de Gaza a été déplacée sans compter les milliers de morts et le champ de ruines. En plus de vouloir se venger, Israël chercherait à expulser les Palestiniens et à occuper l’enclave de 360 km2 comme l’a si bien remarqué le Brésilien Lula. Israël peut tout se permettre. Le reste du monde lui facilite énormément la tâche. En commençant par les Palestiniens eux-mêmes qui vivent de leur propre fait une partition de fait. Depuis 2006 au moins, après avoir remporté des Législatives, le mouvement de la résistance islamique gouverne depuis ses bureaux souterrains dans des tunnels et galeries creusés sur 400 km. Inspiré par les frères musulmans d’Egypte, avec des sorts de généraux de corps d’armée qui se nomment Yayha Sinwar ou Mohamed Deif et leurs 40.000 hommes, le Hamas est très adulé dans l’antique cité de Gaza pour son courage et ses œuvres de bienfaisance. Malgré quelques cruautés, cette organisation est bien moins corrompue que le Fatah installé en Cisjordanie. Un de ses symboles, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abass, 88 ans, est traité chez lui et ailleurs comme un vieux meuble qui ne sert à rien. En lieu et place d’une union sacrée, ce sont des zizanies fratricides qui sont en cours dans les territoires occupés.
Les accords d’Abraham, une realpolitik cynique
Les divisions et l’inconséquence sont aussi les traits de caractère de la Ligue arabe et de l’Oci. Réunis le 11 novembre à Riyad, les Etats-membres se sont contentés de communiqués laconiques, sans queue ni tête. En réalité, de nombreux pays arabes particulièrement ont trahi depuis belle lurette la cause palestinienne. Passés en 2020 sous l’égide de Trump et de son gendre Jared Kushner, les accords dits d’Abraham ne sont rien moins qu’une montagne de realpolitik cynique. Les processus de normalisation sont davantage un parapluie et une protection contre la menace de l’Iran chiite qui aurait mis au point des capacités nucléaires destructrices certes pas encore du niveau de celles de l’Etat hébreu qui figure parmi les 9 puissances nucléaires officiellement reconnues. Avec ses 200 ogives, les Juifs sont à même d’anéantir tout le Moyen-Orient et au-delà. Mieux vaut donc les avoir avec soi, ont sans doute conclu les pays arabes qui ont franchi le Rubicon de la mesquinerie.
Un bon Palestinien est un Palestinien mort !
Enfin, la Palestine n’est pas l’Ukraine. Comme beaucoup d’Occidentaux, les Israéliens fanatisés du Likoud font semblant d’oublier ce qu’ils ont vécu avec Hitler qui a exterminé 6 millions de Juifs. Il est inconcevable que ces derniers considèrent à présent qu’un bon Palestinien est un Palestinien mort. Fermant les yeux d’un côté, le même Occident complice ne voit que la sécurité d’Israël élevée au rang de raison d’Etat. C’est pourquoi l’Amérique, pour ne pas la citer, a déversé depuis la fin de la deuxième guerre quelque 260 milliards de dollars d’aides en tous genres sur Israël. Gendarmes immoraux, les Etats-Unis ont fait capoter pas moins de 140 résolutions onusiennes. L’Onu et toutes les institutions multilatérales ne fonctionnent plus. Le monde est en rupture d’équilibre et en panne de grands dirigeants et de voix fortes. Il ne faut pas s’étonner que les épées de fer découpent la paix si rare en mille morceaux.
Par Moussa KAMARA
MON ETAT DES LIEUX
Président tout le monde veut l’être sans remplir toutes les conditions requises…Le respect a foutu le camp et tous les repaires sont dissipés, ce qui n’empêche pas le Président d’aller en tournée et de promettre monts et merveilles à 2 mois de son départ
En bon socialiste, j’ai supporté Macky Sall deux mandats durant malgré quelques péripéties très déplorables pendant son magistère. Parce qu’il fut le candidat le mieux placé pour vaincre le patron des Libéraux qui voulait que son fils lui succédât. Et le report des voix lors du second tour fut très prépondérant pour ce candidat forcé de quitter le PDS, ce parti qui lui avait tout donné sauf la Présidence. Et que l’APR qu’il a été obligé de créer lui a servi sur un plateau d’argent.
Avec l’aide d’une faune hétéroclite de politiciens et d’opportunistes en tout genre qu’il se devait de récompenser ou bien d’oublier. Comme tous les présidents nouvellement installés au pouvoir, ipso facto il pense déjà à un nouveau mandat au lieu de s’atteler aux priorités du pays.
Pour asseoir et renforcer son régime, il a mené maintes batailles politiques avec l’aide du pouvoir juridique grâce à des hommes qu’il s’est choisis. Si comme l’avait suggéré François Mitterrand on peut diriger la France avec une soixantaine d’hommes bien placés, mener le Sénégal avec quelques hommes, parce que beaucoup moins peuplé, ne serait pas la mer à boire !
Parmi les premiers coups portés à la démocratie, les affaires Khalifa Sall, Karim et Sonko. Avec ce dernier qui est d’une actualité brulante, nous attendons le verdict de la Cédéao aujourd’hui vendredi 17. Empêcher un candidat de participer à une élection présidentielle parle parrainage ou par un verdict de magistrats couchés, ne fait guère briller notre démocratie. Aujourd’hui, dans ce pays, le temps des présidents à vie est révolu. Deux mandats au maximum et bye bye Monsieur le Président !
Tous les candidats à l’élection présidentielle doivent y souscrire pour éviter les mauvaises surprises. Nous tous savons que la démocratie n’est pas le meilleur des régimes mais le premier de ces régimes. Nous sommes un peuple qui ne comprend pas la plupart des lois qui le dirigent. Nous vivons la laïcité sans vraiment la comprendre pour la défendre.
Notre société vit, traverse et endure tous les vices que la religion interdit quand nous nous clamons fièrement 95% de musulmans. Notre peuple fornique impunément et ment délibérément.
A la télé, à la radio, dans le Net et dans les grands-places, les gens parlent de tout et de rien comme des experts qu’ils sont d’être. Aujourd’hui, avec ce nombre inédit de candidats à la Présidence, la classe politique a fini de nous montrer son vrai visage. Depuis l’avènement des Libéraux au pouvoir, ces hommes et femmes ne doutent plus de rien.
Président de la République tout le monde veut l’être sans remplir toutes les conditions requises…Le respect a foutu le camp et tous les repaires sont dissipés, ce qui n’empêche pas le Président d’aller en tournée et de promettre monts et merveilles à deux mois de son départ !
Et malgré le TER, les ponts et autoroutes, l’entreprise où je gagne ma vie, va mal, très mal…
par Ousmane Sonko
AU VAILLANT ET DIGNE PEUPLE SÉNÉGALAIS
Ce qui se joue cette semaine et particulièrement demain, ce n'est pas l'avenir d'Ousmane Sonko, c'est notre avenir, notre volonté en tant que Panafricains, en tant que Sénégalais de se réapproprier notre pays
Du fond de ma cellule, je continue à réclamer ma libération, car cette arrestation n'est, en fait, qu'une prise d'otage politique, pour empêcher ma candidature à la présidentielle de février 2024 et pour freiner l’élan d’adhésion et de prise de conscience des Sénégalais, dont les symboliques sont les foules immenses que nous drainons partout et qui sont insupportables pour ce régime en chute libre.
Cette prise d'otage est électoraliste pour imposer au peuple sénégalais un candidat de la continuité.
Au vaillant et digne peuple sénégalais !
Du fond de ma cellule, je réclame la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques afin qu’ils retrouvent leur famille, car leur souffrance a assez duré.
Aujourd'hui, la jeunesse sénégalaise désespérée se tourne vers les méandres des océans et du désert, et l’État sénégalais, complice, ne pose aucune action pour empêcher ces drames devenus le lot quotidien des familles. Visiblement, Macky Sall et son régime ne comptent rien faire pour stopper l’hémorragie puisque dans leurs pensées machiavéliques ceci peut aider à vider le Sénégal d’une jeunesse qui peut faire basculer le vote dans les urnes.
Mes chers compatriotes, ce qui se joue cette semaine et particulièrement demain, ce n'est pas l'avenir d'Ousmane Sonko, c'est notre avenir, notre volonté en tant que Panafricains, en tant que Sénégalais de se réapproprier notre pays. C'est notre destinée en tant que nation qui se joue, mais surtout notre souveraineté.
C'est pour cela que j'appelle tous les Sénégalais, épris de justice, à s’organiser sur toute l'étendue du territoire national pour exercer leur droit constitutionnel à la résistance et refuser le dictat d'une minorité.
Je lance un appel à cette jeunesse sénégalaise, sacrifiée par Macky Sall et son régime, aux familles décimées par l’immigration irrégulière et la répression sans nom de la part de ce régime, à nos mamans éprouvées par la détention arbitraire de leurs enfants, à nos pères obligés de reprendre une activité, parfois pénible, pour subvenir aux besoins de leurs progénitures parce que privés de tout soutien. J’en appelle à tous les Sénégalais, à notre fibre patriotique et aux valeurs fondamentales de refus, à se préparer et se tenir debout ce 17 novembre pour préserver notre démocratie.
Il ne s’agit pas de se lever pour ma personne, elle importe peu ; nous devons nous lever pour une justice équitable, libre et indépendante, pour le droit de vivre dans un pays sans craindre d’être arrêté et emprisonné sans justification. Le droit de vivre sans être contraint à l’exil, à l’emprisonnement ou à la mort.
Pour ma part, je continuerai à résister par tous les moyens dont je dispose.
Mes chers compatriotes, levons-nous et tenons-nous debout, parce que le Sénégal en vaut la peine.