SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 novembre 2024
Opinions
LA PRIERE C’EST PARTOUT !
Ce 17 novembre, la Cour suprême va dire si Sonko doit être réintégré sur les listes électorales ou non. Et là, l’Agent judiciaire de l’Etat doit prier, sinon le «patient» spécial aura l’autorisation spéciale de retirer ses fiches.
Ce 17 novembre, la Cour suprême va dire si Sonko doit être réintégré sur les listes électorales ou non. Et là, l’Agent judiciaire de l’Etat doit prier, sinon le «patient» spécial aura l’autorisation spéciale de retirer ses fiches. Sinon, le leader de l’ex-Pastef sera aussi un ex-candidat déclaré. Il faudra être géant comme Tapha Tine pour rêver d’une admission au Conseil constitutionnel. Mais, puisque des manif’ sont annoncées, ce vendredi saint ne doit pas être un vendredi «sang».
LA COTE D’IVOIRE GALOPE
La Côte d’Ivoire domine l’économie de la sous-région. Elle rafle près de 45 % de son PIB. Elle devance de plusieurs longueurs ses suivants immédiats dont le Sénégal. Lequel peine d’ailleurs à suivre le rythme soutenu qu’impose Abidjan.
La Côte d’Ivoire domine l’économie de la sous-région. Elle rafle près de 45 % de son PIB. Elle devance de plusieurs longueurs ses suivants immédiats dont le Sénégal. Lequel peine d’ailleurs à suivre le rythme soutenu qu’impose Abidjan. Autant dire que l’économie ivoirienne demeure la plus robuste de l’espace ouest africain.
En revanche, rien n’explique tant le succès et les résultats de la Côte d’Ivoire que sa volonté de jouer les premiers rôles en maîtrisant parfaitement les paramètres de développement. Le pays a une superficie correcte et une population vigoureuse, entreprenante et surtout résiliente.
Les Ivoiriens, faut-il le rappeler, après avoir touché le fond et atteint la lie de l’humanité, remontent à la surface et effacent les stigmates d’une décennie de crise sanglante et meurtrière. C’est dans l’épreuve qu’ils se sont forgés un mental de dépassement en se découvrant les uns les autres.
Puis ils ont appris à se connaître en explorant des voies inédites de la sagesse, de la dignité, de l’empathie du respect de l’autre et de la solidarité. Au-dessus d’eux tous surnagent un patrimoine commun : la Côte d’Ivoire. L’attachement à ces valeurs les a soudés. Indiscutablement.
Echappant ainsi au chaos, ils ont juré de pacifier le pays profond en se mobilisant autour de vertus cardinales centrées ou focalisées sur le rayonnement stratégique de leur cher pays. Ceux qui se nourrissaient du chaos en ont eu pour leur frais. Ce chapitre clos entrouvre une fierté retrouvée qui soude les Ivoiriens entre eux. Le pays a fait le choix de la croissance.
Dans ses premiers cycles d’essor, l’exubérance née de l’expansion euphorisante du café et du cacao empêchait Abidjan, pour ne pas dire Yamoussokro, d’anticiper sur les « coups d’après ». Cette fois-ci les produits du cru subissent sur place un processus de transformation. Tirant des leçons du passé, le pays se fraye un chemin singulier en traçant son propre itinéraire.
Ils s’aperçoivent que la politique ne les mène plus en bateau tant ils ont été trompés au moyen de mensonges qui ont été destructeurs à bien des égards. Grâce à leur vigilance, ces tours d’adresse ne prospèrent plus. Ce que comprenant, la classe politique se la joue modeste désormais. En vérité elle manquait de grandeur.
Laurent Gbagbo et Blé Goudé, revenus de leur purgatoire à la CPI, affichent plus de réalisme que d’ordinaire en foulant la terre natale après bien des péripéties judiciaires. Guillaume Soro, habité par la nostalgie, assouplit son discours et s’accommoderait déjà d’un retour qui mettrait fin à un fâcheux exil ponctué d’errances.
Avec l’âge, la sagesse siffle plusieurs fois. Henri Konan Bédié et Charles Konan Banny ne sont plus de ce monde. Un seul être vous manque, tout se dépeuple… Esseulé, l’actuel président Alassane Ouattara, 78 ans, travaille à différents scénarios pour laisser pour la postérité une Côte d’Ivoire apaisée, conquérante et performante à la fois. Il est pour beaucoup dans ce joli succès ivoirien.
Sa vision, sa gouvernance, son tempérament et sa parfaite maîtrise des enjeux mondiaux le prédisposent à grappiller des gains de positions au bénéfice d’une Côte d’Ivoire en mutation profonde. Elle progresse dans une relative stabilité. En d’autres termes, le pays bouillonne d’idées, de projets, de chantiers et de réalisations.
L’agriculture rebondit. Le soja, la canne à sucre, l’huile de palme, le café, le cacao et la noix de cajou inondent les grandes surface avec des produits nettement mieux fabriqués, souvent d’une stupéfiante qualité. Ces produits répondent aux standards et apparaissent comme la promesse d’une Côte d’Ivoire en expansion.
On avait cru les Ivoiriens insensibles et indifférents au sort de leur nation au plus fort de la crise sociopolitique qui l’a secouée, une décennie durant. Or cet acquis, combiné à l’habileté de Ouattara, confère au pays une crédibilité certaine saluée par la communauté des investisseurs étrangers.
Conscients de leur leadership sous régional, les Ivoiriens élèvent le niveau du débat à l’échelle régionale où ils retrouvent le Ghana et le Nigeria. L’axe Accra-Abuja se fortifie. Pas besoin d’un dessin pour comprendre le dessein envisagé au sein de la Cedeao, regroupant seize pays membres. Certes le Nigéria et le Ghana s’affrontent sur plusieurs théâtres.
Leur forte rivalité écarte néanmoins toute pusillanimité. Mieux, ils se concertent sur les affaires d’importance stratégique. Plus à l’offensive, le Nigeria, 180 millions d’habitants, tient très peu en estime la France soupçonnée d’être toujours dans la manigance sans oser afficher ses intentions premières dans ce pré-carré qui ne l’est plus d’ailleurs que de nom.
Les banques nigérianes essaiment et son très présentes dans les pays francophones, jusque-là chasse-gardée des entreprises hexagonales. On l’a vu avec le changement de tour de table de deux filiales bancaires appartenant respectivement à la Société Générale et à BNP, fleurons de la finance française.
Sur ce registre, des développements inattendus sont à prévoir dans les trimestres à venir. Beaucoup de prévisionnistes tablent sur une dynamique de croissance dans cette zone où le pouvoir d’achat se consolide. Dans ce triangle, se construit une économie adossée à une interpénétration d’acteurs de premier plan.
Les produits de base se transforment sur place. Cela crée un marché avec des circuits qui se rationalisent au gré des évolutions et de la précision des demandes de plus en plus solvables. Nigérians, Ghanéens et Ivoiriens tissent des liens d’affaires. Une telle empathie reflète leur envie de plus de proximité. Désormais, le Ghana et le Nigeria constituent la nouvelle frontière de prospérité qui galvanise les opérateurs ivoiriens.
L’objectif est de prendre le contre-pied des économies extraverties en privilégiant la consommation de ce qui se produit localement. Tout n’est pas rose cependant : des industries naissantes et très peu performantes, des approximations ou des tâtonnements dans l’élaboration des manufactures, très peu d’études de marché, donc un déficit de connaissance des goûts, des préférences et des choix du consommateur final à Accra, Abuja ou Abidjan.
Néanmoins, l’esprit d’entraide s’installe. Il faut s’en réjouir. A plusieurs, ils produisent, transforment et consomment, créant ainsi une chaîne de valeur qui rend leur tissu industriel vigoureux et actif. En se frottant aux anglo-saxons, les Ivoiriens gagnent en efficacité et réajustent leur perception de la concurrence.
Ils apprennent de leurs erreurs. Par ce biais, ils construisent les victoires de demain dans le respect des différences. Résultat : il n’est pas rare d’entendre des Ivoiriens fortunés prendre des parts significatives dans des entreprises florissantes ou dans des start up prometteuses. La langue anglaise ou l’éloignement ne constituent plus un obstacle insurmontable. Au contraire.
Ils se donnent les moyens d’être compétitifs. Au moment où nos voisins s’obstinent à bâtir des économies fortes, les Sénégalais se recroquevillent sur eux-mêmes. Prendre conscience de cet écart c’est déjà une avancée. Mais le tableau est très peu reluisant malgré des infrastructures de pointe conçues dans une perspective de maillage du pays à des fins de croissance inclusive.
Après tout, richesse et prospérité riment avec effort. Gageons que le Sénégal n’est pas lâché, loin derrière !
POLITIQUES ET ELECTIONS
Tel un tube d’été en fureur, le Sénégal fait face à une vague de discours d’hommes politiques, de politologues et d’analystes politiques appelant à une bien meilleure ouverture démocratique et qui vont jusqu’à théoriser l’organisation en février 2024...
Bés Bi le Jour |
Bara DIAGNE |
Publication 14/11/2023
Tel un tube d’été en fureur, le Sénégal fait face à une vague de discours d’hommes politiques, de politologues et d’analystes politiques appelant à une bien meilleure ouverture démocratique et qui vont jusqu’à théoriser l’organisation en février 2024 d’une élection inclusive. Il s’agit pour ces personnes de permettre à tout individu qui le désire de pouvoir prendre part au scrutin, c’est à dire d’être candidat. Cette assertion est loin d’être réaliste et réalisable. Réaliste, cette volonté noble du reste pour un certain nombre de Sénégalais à vouloir présider aux destinées de notre nation, a conduit le pays à une inflation de candidats à la candidature. Cet état de fait m’amène à m’interroger sur le sérieux de certains d’entre eux. Le poste de Président de la République est-il devenu le seul emploi au Sénégal au point de voir près de deux cent cinquante (250) personnes et pas des moindres candidater ? Il en existe parmi ces candidatures des plus rigolo aux plus farfelues. Qu’est ce qui est arrivé à la fonction aussi importante et prestigieuse mais aussi chargée de responsabilités sacerdotales de Président de la République pour attirer autant des prétendants ?
Un peu de tenue et de retenue
Le Président de la République est un personnage suffisamment important, au point de susciter pour son accès un certain nombre de critères tels que défini par la Constitution et le Code électoral. Être de nationalité exclusivement sénégalaise, avoir plus de trente-cinq ans sont entre autres critères d’éligibilité. Il s’agit pour le législateur d’écarter à priori certains citoyens qui auraient pu prétendre légitimement être choisis par les autres Sénégalais pour les diriger. Pas réalisable. N’est-ce pas là une élimination ? Par conséquent, toute élection est à mettre en corrélation avec une sélection. On a l’habitude de dire que : «Ne pas choisir, c’est choisir.» ON A CHOISI DE NE PAS CHOISIR
A l’inverse, cela voudrait dire qu’en choisissant, on abandonne d’autres possibilités. Revenant à l’expression «Élection inclusive», le Petit Larousse nous apprend qu’une élection est un choix exprimé par l’intermédiaire d’un vote. A travers ce geste, l’électeur élimine implicitement d’autres candidats. Quant à l’adjectif «inclusive», le même Petit Larousse nous précise qu’il s’agit de contenir en soi quelque chose. C’est en effet le fait d’intégrer dans un système existant un certain nombre d’éléments et en l’occurrence des choses extérieures. Du point de vue sémantique, une élection est une voix démocratique par laquelle un peuple choisit ses dirigeants et, par conséquent, en laisse sur la touche d’autres. Une telle situation ne saurait être associée à une inclusion qui voudrait faire rentrer en son sein un certain nombre de choses. Une élection peut et doit être transparente et démocratique mais en aucune façon ne saurait être inclusive parce qu’ayant pour vocation d’en faire sortir d’autres tout au long de son processus.
C’est le lieu pour moi de dire que les élections au Sénégal en général et plus particulièrement celle du Président de la République doivent faire l’objet de plus de rigueur dans ses conditions de participation. Les critères fixés par la Constitution et le Code électoral peuvent paraître sélectifs aux yeux de certains citoyens mais ils n’ont pas empêché à des centaines de personnes de retirer les fiches de parrainage pour pouvoir être candidats à la candidature. Une telle situation ne me paraît pas sérieux. C’est ainsi que je propose de revoir la législation dans le sens d’exiger des futurs candidats un mandat électif de député, de conseiller municipal ou départemental en plus des parrainages citoyens. Il s’agira de donner aux futurs postulants à la fonction présidentielle une bien meilleure préparation. Le passage par ce mandat électif a l’avantage de préparer les candidats aux rouages des Assemblées à travers des décisions collégiales mais aussi de se familiariser au fonctionnement des administrations publiques. Une telle mesure aurait le mérite de rationaliser les candidatures et, par conséquent, l’organisation d’élections démocratiques basées sur un choix clair et éclairé.
Bara DIAGNE
Administrateur de Sociétés
Directeur Cabinet ABC
Par Adama DIOP
LES MEDIAS, NOTRE BOUSSOLE DANS L’OCEAN POLITIQUE POUR NAVIGUER VERS LA PRESIDENTIELLE 2024
Les médias du pays jouent un rôle essentiel en tant que notre boussole dans l'océan politique, nous guidant à travers les eaux tumultueuses de l'information et de la désinformation.
Bés Bi le Jour |
Adama DIOP |
Publication 14/11/2023
Les médias du pays jouent un rôle essentiel en tant que notre boussole dans l'océan politique, nous guidant à travers les eaux tumultueuses de l'information et de la désinformation. Tout comme un phare dans la nuit, ils éclairent notre chemin et nous aident à éviter les écueils de la désinformation. Les journalistes, tels des navigateurs expérimentés, bravent les tempêtes de la désinformation pour nous conduire en toute sécurité vers le port de la vérité et de la connaissance, où nous pouvons prendre des décisions éclairées pour l’avenir de notre nation. Dans cette période cruciale précédant l’élection présidentielle de 2024, il est impératif de reconnaître et d’apprécier le rôle vital de nos médias. Ils ne se contentent pas de rapporter les faits, mais ils les contextualisent, les analysent et les mettent en perspective. Ils nous offrent un accès privilégié à la diversité des opinions et des idées qui façonnent notre paysage politique.
Alors que l'échéance de l'élection présidentielle se profile à l'horizon, nos médias se tiennent comme nos guides, éclairant le chemin vers ce moment crucial pour notre nation. Ils portent sur leurs épaules la responsabilité de nous informer, de nous éduquer et de nous aider à faire des choix éclairés. Imaginez-vous sur un navire, en pleine mer agitée. Votre boussole, c'est l'information fiable et impartiale qui émane de nos médias. Ils nous apportent des nouvelles du front politique, ils nous décryptent les programmes des candidats, nous aident à comprendre les enjeux. C'est grâce à eux que nous sommes en mesure de prendre des décisions éclairées pour notre pays. Les médias ont une double mission : informer et éduquer. Ils doivent nous présenter les faits de manière objective, nous offrir des analyses équilibrées et donner une tribune équitable à toutes les voix politiques. Ils nous permettent ainsi de saisir les différentes alternatives qui se dessinent devant nous. De plus, ils ont le devoir de nous éduquer. Ils doivent rendre compréhensibles les programmes des candidats, décortiquer les discours politiques parfois obscurs, et nous permettre de démêler le vrai du faux. Un citoyen bien informé est un citoyen qui exerce son droit de vote en toute conscience.
Certes, les médias ne sont pas à l'abri des défis. Les pressions politiques et les intérêts commerciaux peuvent influencer leur couverture. C'est pourquoi il est primordial que nos médias fassent preuve d'indépendance, mettant en avant l'intérêt public par-dessus tout. Une presse libre et engagée est la pierre angulaire de notre démocratie. Afin de garantir une couverture médiatique équitable et précise, nos médias doivent être proactifs dans la vérification des faits, veillant à ce que les informations diffusées soient exactes et vérifiables. De plus, la diversité des opinions doit être encouragée, nous offrant ainsi un éventail complet de perspectives. Rappelons-nous que les médias ont un pouvoir transformateur. Leur rôle dans la formation de l'opinion publique est considérable. En nous exposant à une information de qualité et en nous éduquant sur les enjeux, les médias de notre pays contribuent à forger une société civique éclairée et participative. En cette année électorale, exigeons de nos médias qu’ils assument pleinement leur rôle de gardiens de la démocratie. Encourageons-les à être des sources d’information précise et objective, à éduquer et à éclairer, pour que chaque citoyen sénégalais puisse exercer son droit de vote en toute connaissance de cause.
En somme, les médias de notre pays sont nos phares dans cette aventure démocratique. Ils ont le pouvoir de nous guider à travers le tumulte politique et de nous aider à choisir un leadership éclairé. À l’approche de l'élection présidentielle 2024, rappelons à nos médias leur rôle crucial et encourageons les à agir en tant que gardiens responsables de notre démocratie.
Avec espoir et confiance en notre avenir démocratique,
P.S. N’oublions pas de suivre de près la couverture médiatique et d’encourager un journalisme responsable et éclairé ! N’oublions pas également que chaque citoyen a un rôle à jouer dans le façonnement de notre démocratie. En plus de demander des médias responsables, engageons-nous à rechercher des sources d’information diverses et fiables. Encourageons également le débat public constructif, où les idées peuvent être échangées de manière respectueuse. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que cette élection présidentielle 2024 soit un moment de véritable démocratie participative, où chaque voix compte et où chaque citoyen est informé et engagé. Restons vigilants, restons informés, et faisons de notre devoir électoral un acte éclairé et réfléchi.
Adama DIOP
Natif du village d’Agnam-Goly
Résidant au Canada
Par Kadialy GASSAMA
LE MOUVEMENT INTERNATIONAL DU TRAVAIL IGNORE LES FRONTIERES
Si l’on part de l’esclavage et des colonisations forcenées dans la mobilité internationale du travail qui transcende les frontières entre pays, nous pouvons considérer que ce qu’on qualifie d’émigration clandestine aujourd’hui, date de la nuit des temps
L’émigration dite clandestine est aussi vieille que le monde. Si l’on part de l’esclavage et des colonisations forcenées dans la mobilité internationale du travail qui transcende les frontières entre pays ou entre communautés, nous pouvons considérer que ce qu’on qualifie d’émigration clandestine aujourd’hui, date de la nuit des temps.
Depuis les périodes antiques jusqu’à nos jours, l’enrichissement des communautés et des nations, a été de tout temps, la préoccupation des élites quel qu’elles soient, en dépit des limites naturelles ou artificielles entre territoires. C’est dire que la planète constitue le territoire naturel d’évolution du mouvement international du travail ; l’humanité observe même aujourd’hui, l’exode d’immenses capitaux vers l’espace pour la quête de métaux rares vitaux pour la transition écologique. Nous avons connu dans l’histoire de l’économie mondiale et de la pensée économique, le mercantilisme qui consistait pour les puissances navales de l’époque à parcourir le monde pour la recherche de métaux précieux ; par la suite nous avons connu la physiocratie et le commerce triangulaire des esclaves pour le développement de l’agriculture surtout dans les Amériques et, plus tard, avec l’évolution des techniques, nous avons connu l’industrie et son corollaire de la recherche des débouchés.
La différence entre les temps anciens et la période contemporaine provient du fait que l’accumulation du capital est plus rapide pour le travail forcé non rémunéré par rapport au travail sous payé. Or, la valeur travail crée la richesse ; le profit constituant le travail non payé. C’est dire que la mobilité du travail obéit à la seule logique de la division internationale du travail pour l’accumulation des richesses suivant les dotations factorielles naturelles, techniques et technologiques des pays de ce monde . Le mouvement international du travail suit la mobilité du capital qui migre à travers le monde suivant la logique du profit. A la base de la création des richesses, le réflexe pour une allocation optimale des ressources et une meilleure rémunération du travail ignore les frontières et explique le mouvement international des facteurs, quelles que soient par ailleurs les barrières à l’entrée. L’offre et la demande de travail se déplacent et se déploient à travers le globe selon les opportunités ou avantages comparatifs. Pourquoi s’étonner alors aujourd’hui du transfert des travailleurs des pays les moins avancés vers les pays développés, d’autant que l’accumulation primitive du capital dans les pays du centre comme disait Samir Amine, s’est produite sur la base de l’existence pendant des siècles de sociétés esclavagistes, de l’exploitation et de l’assujettissement des colonies et du commerce inégal qui continue de nos jours entre nos Etats ?
Vieillissement des populations des pays développés
Si l’on prend la structure économique mondiale actuelle, il se trouve que les pays développés connaissent naturellement un vieillissement de leurs populations au point que l’arrivée de jeunes dans les marchés internes du travail est presque inexistante. Le cas du Japon qui a une population improductive vieillissante en majorité, est typique de ce phénomène, démontrant la nécessité pour ce pays d’importer massivement des travailleurs danstouslessecteurs, au risque de voir l’économie nipponne en crise du fait de la désarticulation entre l’offre de travail et de la demande de travail. C’est le cas aussi de l’Angleterre et des pays de l’union européenne qui organisent des arrivées massives d’immigrés pour faire fonctionner leurs économies. Le différentiel entre l’offre de travail et la demande de travail dans les pays développés se creuse d’avantage et constitue un véritable problème de société dans lesdits pays
De même, il se trouve que les pays moins avancés connaissent naturellement un croit démographique extraordinaire qui fait que l’arrivée en même temps de nombreux jeunes dans les marchés internes du travail dépasse les capacités d’absorption de leurs économies et pose de nombreux problèmes sociétaux, en dépit des bons taux d’accroissement des richesses. Le mouvement international des biens, des personnes et des capitaux repose sur les avantages comparatifs ou compétitifs entre les pays de ce monde, quel qu’en soit par ailleurs les législations des pays pour anéantir ou réduire les mouvements. Nous avons vu les difficultés d’application des législations protectionnistes sur l’immigration dans l’union européenne dont les dispositions sont en porte en faux avec les réalités économiques multilatérales. Si aujourd’hui, il y a de nombreuses barrières tarifaires et non tarifaires sur les mouvements du capital, des personnes et des biens dans une économie mondialisée, elles ne peuvent pas empêcher la liberté naturelle de circulation des flux qui obéissent à la logique pure du commerce international basée sur la meilleure rémunération des facteurs.
Si bien qu’à travail égal dans l’agriculture au Sénégal comparativement à l’Espagne, le différentiel de traitement peut être multiplié par vingt entre les deux pays s (3 dollars / jour et 60 dollars / jour pour le salaire minimum). ; Cette différence énorme dans les rémunérations du travail conjuguée avec l’offre importante de travail, explique les mouvements de personnes entre les pays du Sud et les pays du Nord, nonobstant la différence entre les couts de la vie. Aucun pays ou groupes de pays, si puissants soient-ils, ne pourront arrêter ce réflexe naturel de l’homo economicus à la recherche toujours du plus offrant pour maximiser son utilité. De nos jours, l’émigration dite clandestine prend évidemment de plus en plus de l’’ampleur au vu de l’accroissement des besoins avec la croissance démographique exponentielle dans les pays du Sud et le vieillissement sans renouvellement de générations des populations dans les pays du Nord. Cette forte tension entre l’offre et la demande internationale de travail qui justifie l’intensité des flux actuels, provoque des dommages collatéraux ou tragédies sur les frontières maritimes et terrestres à cause des barrières législatives négatives en contradiction avec les dynamiques économiques. Aussi, est-il urgent d’aller, pour résoudre cet imbroglio qui relève plus de xénophobies issues de politiques nationales populistes des partis d’extrême droite qu’autre autre chose, d’aller vers l’assouplissement des barrières juridiques négatives, afin de permettre aux flux économiques réels et mouvement de personnes de s’effectuer sans entraves, suivant la division internationale actuelle du travail , la seule variable qui vaille. L’OMC qui veille à la libre circulation des échanges mondiaux y compris le principe de la libre circulation des personnes, ainsi que l’OIT qui veille à la protection des travailleurs, doivent prendre à bras le corps cette problématique dite de l’émigration clandestine afin de l’adapter aux réalités économiques actuelles pour mieux l’organiser et de lutter contre les barrières administratives , législatives ou tarifaires qui sont les obstacles et la seule cause des tragédies collatérales.
L’émigration clandestine vers les pays du Nord, avec ses lots de tragédie humaine n’est que la face cachée émotionnelle d’une réalité tangible de mobilité des facteurs suivant les opportunités dans une économie mondialisée. Cette mobilité qui peut prendre diverses formes est la sève nourricière de l’existence humaine et aura cours forcé quels que soient les législations et contrôles aux frontières. .
Comme le poisson dans l’eau qui ignore les frontières maritimes, les travailleurs du monde ignoreront toujours les frontières et navigueront dans les mers, les airs ou prendront les routes terrestres pour l’eldorado quel que soit l’endroit sur la planète, comme ce fut le cas historiquement pour les populations européennes qui ont massivement immigré en Amérique, en Afrique du Sud, en Australie ou partout ailleurs dans le monde.
Par Eric CHARRY,
KORA : A LA RECHERCHE DES ORIGINES DU CELEBRE INSTRUMENT DE MUSIQUE A CORDES D’AFRIQUE DE L’OUEST
“Comment se fait-il que nous n’ayons jamais entendu parler de ce magnifique instrument jusqu’à présent ?” s'est demandé un étudiant de première année de musique après avoir regardé l’extraordinaire documentaire Ballaké Sissoko, Kora Tales.
“Comment se fait-il que nous n’ayons jamais entendu parler de ce magnifique instrument jusqu’à présent ?” C’est ce qu’a récemment posté un étudiant de première année sur le forum de discussion de mon cours de musique du monde. Il a exprimé ce que beaucoup de ses camarades ont probablement ressenti après avoir regardé l’extraordinaire documentaire Ballaké Sissoko, Kora Tales.
Le film, disponible gratuitement en ligne, suit Sissoko, un musicien de classe mondiale, depuis sa maison à Bamako, au Mali, jusqu’à un puits sacré et un baobab en Gambie, sur la côte atlantique. Dans ce film, le primé Sissoko revisite le pays de son enfance et retrace les origines de l’instrument qui est devenu son destin.
Sissoko est un djeli (appelé griot par les étrangers), un musicien et historien oral héréditaire attaché à la classe dirigeante. Comme les générations qui l’ont précédé, il joue de la kora, une sorte de harpe unique originaire de la savane d’Afrique de l’Ouest. Elle comporte 21 cordes et se joue avec quatre doigts. Elle peut créer des textures musicales denses et éblouissantes, ainsi que de minces placages chatoyants qui accompagnent la transmission d’une histoire orale profonde. C’est l’un des instruments de musique artisanaux les plus sophistiqués au monde, tant par ses capacités musicales que par la profondeur de sa tradition.
Ballaké Sissoko : Kora Tales est un film magnifiquement réalisé qui devrait être vu par tous ceux qui s’intéressent à la culture et à l’histoire africaines.
L’EXPANSION MONDIALE DE LA KORA
Si vous n’avez jamais entendu parler de la kora, ce n’est pas par manque de visibilité. Des dizaines et des dizaines d’albums de kora ont été publiés depuis le premier album solo du Gambien Jali Nyama Suso en 1972. La kora a remporté plus de Grammy Awards dans la catégorie “World/Global Music” que le sitar. Un album mettant en scène la kora avec le BBC Symphonic Orchestra est sorti en 2023. La portée de la kora au-delà de l’Afrique de l’Ouest est vaste. On peut l’entendre sur des enregistrements réalisés par des musiciens du monde entier
J’ai entendu la kora pour la première fois sur un album de 1973 du Gambien Alhaji Bai Konte. C’est une expérience formatrice précoce qui m’a mis sur la voie de l’ethnomusicologie. Dans les années 1980, le joueur de kora sénégalo-américain Djimo Kouyate m’a incité à étudier les variations régionales sur la manière de jouer la kora dans quatre pays voisins. Je me suis retrouvé à Bamako, à trois portes de Ballaké Sissoko, et j’ai étudié avec Sidiki Diabaté (père de Toumani), qui habitait deux portes plus loin. C’est ce qui a servi de base à mon premier livre en 2000, Mande Music.
L’HISTOIRE
Construite à partir d’une grande demi-calebasse, d’une peau de vache, d’un manche en bois épais et de cordes et boucles d’accord en cuir (aujourd’hui en nylon), la kora est vieille de plusieurs siècles. Les précurseurs remontent à bien plus loin
Elle est intimement liée à l’histoire du Mandé, patrie située le long du fleuve Niger, qui traverse le Mali et la Guinée d’aujourd’hui. Cette chefferie est montée en puissance dans les années 1200 lorsque le légendaire Soundjata Keïta a conquis un roi oppresseur, Soumaoro Kanté, avec l’aide d’alliés voisins. Kanté possédait le bala primitif (également appelé balafon), un xylophone magique, qui a été transmis au djeli (griot) de Soundjata. Il s’appelait Balla Fasséké Kouyaté et ses ancêtres gardaient cet instrument dans une case du nord-est de la Guinée.
En 2008, l’Unesco a déclaré l’instrument site du patrimoine culturel immatériel et aujourd’hui un musée est en cours de construction sur le site. À son apogée, l’empire mandé s’étendait sur une grande partie de l’Afrique occidentale et ses mines fournissaient la majeure partie de l’or circulant en Europe. Une visite à la Mecque du roi du Mandé Mansa Moussa dans les années 1300 a confirmé sa réputation de personne la plus riche dans l’histoire du monde. Les migrations vers l’ouest, dans la région de la Sénégambie, ont conduit au développement d’une langue et d’une culture apparentées, le mandingue.
Tout comme le bala (xylophone mandé) trouve ses origines au Mali dans les années 1200, la kora trouve les siennes dans la fédération Kaabu des Mandingues de Sénégambie dans les années 1700. Traditionnellement, les djelis ont le droit exclusif de jouer de ces deux instruments. De nombreux récits sur l’origine des instruments de musique en Afrique font référence à un djinn (génie) qui l’aurait fait apparaître pour la première fois. Il en va de même pour la kora.
LE SUJET DU FILM
L’une de mes répliques préférées du documentaire est celle de la tante de Sissoko, Kadiatou Diabaté, elle-même djeli : «Cette personne devant vous est née avec la kora. La septième génération de sa lignée. Il suffit de le toucher pour que le son d’une des cordes jaillisse».
En voiture, Sissoko quitte Bamako, sa capitale, pour un voyage de plus de 1 000 km vers l’ouest, jusqu’au berceau de la kora, sur le littoral gambien. Tout cela faisait partie de l’empire mandé à son apogée, jusqu’au nord du fleuve Niger, à Tombouctou. Sissoko s’arrête à Sibi, où Soundjata aurait réuni ses armées, conclu des pactes et créé la constitution de ce qui allait devenir le plus grand empire d’Afrique.
La cinématographie de la campagne, en grande partie réalisée à partir de drones aériens, est magnifique. En passant par le sud du Sénégal, ils traversent le fleuve Casamance en bateau pour rendre visite au maître de la kora, Malan Diébaté. C’est le pays de la kora et une demi-douzaine de joueurs de kora apparaissent, chantant les louanges de Sissoko et de sa lignée.
Ils sont accompagnés par les femmes de leur famille élargie s’inspirant de la source diasporique et modèle de signature rythmique de la clave urbaine cubaine.
Diébaté raconte les origines surnaturelles de la kora, et Sissoko part pour cet endroit précis, Sanementereng, en Gambie. D’une certaine manière, tous les instruments de musique sont magiques, étant donné l’impact qu’ils peuvent avoir sur nos vies. Des traditions orales très répandues attribuent les origines de la kora à cet endroit précis de la côte gambienne. Lorsque Sissoko arrive à cet endroit vers la fin du documentaire, près d’un puits sacré et d’un baobab qui marque l’endroit, c’est une expérience émouvante.
UN TRAVAIL INSPIRANT
Les scénaristes et réalisateurs du film, Lucy Durán et Laurent Benhamou, ont fait un travail inspirant en transmettant la beauté du paysage, la profondeur et l’humanité de la tradition, et la personnalité artistique de Sissoko.
Professeur de musique et ancien animateur radio, Durán a une expérience impressionnante dans cette partie du monde depuis plusieurs décennies, de la production des premiers albums de Toumani Diabaté et d’autres artistes maliens à Growing Into Music, une série de films documentaire pionnière qui met à nu le processus d’apprentissage de l’art musical des djelis par les enfants au Mali et en Guinée. Narré par la star du rap franco-malien Oxmo Puccino, le documentaire vous plonge dans l’une des grandes traditions classiques de l’Afrique à travers les yeux de l’un de ses grands artistes. Pour les yeux, les oreilles et la mémoire culturelle collective, ce film est un trésor.
Par Eric CHARRY,
Professor of Music, Wesleyan University (theconversation.com)
par Bosse Ndoye
NOMINATION DE MACKY PAR MACRON, LA RÉCOMPENSE D’UN SOUMIS ?
La France a besoin de rassurer et surtout de montrer aux dirigeants africains qui lui sont favorables que, contrairement aux souverainistes qu’elle combat et traite de tous les noms, ils peuvent compter sur elle pour être recasés à la fin de leur mandat
Dans sa sagesse infinie, après avoir énuméré certains des bienfaits qui seront la récompense - dans l’au-delà - de ceux qui lui étaient soumis sur terre, Le Tout Miséricordieux, dans la sourate éponyme (AR-Rahmane), pose une question rhétorique: « Y a t-il d’autre récompense pour le bien que le bien ? » Cette question, nous nous la sommes posée aussi à la suite de la nomination du président Macky Sall en tant qu’envoyé spécial de 4P (Pacte de Paris pour les Peuples et la Paix) par son homologue français, le 10 novembre 2023, en marge du Forum de Paris. Cette interrogation est d’autant plus légitime que le président sénégalais a beaucoup sinon trop fait de bien pour la France durant ses années au pouvoir, et ce, souvent au détriment de son peuple. Dès lors, sa nomination par Emmanuel Macron ne peut qu’être sujette à interprétation. Simple geste d’amitié anodin, diront certains là où d’autres ne voient qu’un juste retour d’ascenseur, qu’une récompense d’un soumis, qui a bassement défendu les intérêts de son pays. Je suis plus proche de ces derniers.
Après le passage de Senghor à l'Académie française, celui d’Abdou Diouf à la tête de la Francophonie, nous venons d’assister à la nomination par la France d’un troisième président sénégalais, parmi les quatre qui ont été au pouvoir jusqu’ici. Ces nominations, qui sont devenues une sorte de tradition, ne peuvent que susciter des interrogations. Par conséquent, une des premières questions pouvant venir à l’esprit de qui s’y intéresse de près peut être la suivante : quelle est la particularité du seul président sénégalais - en l’occurrence Abdoulaye Wade -, n’ayant eu aucune nomination venant de l’ancienne puissance coloniale à la fin de son mandat ? Quelques faits peuvent certainement constituer un début de réponse.
Le pape du Soppi, quoi qu'on puisse lui reprocher, ne rentrait pas toujours dans les rangs. Sous sa présidence, il a eu le « toupet » de demander et d'obtenir le départ de l’encombrant ambassadeur français, Jean-Christophe Ruffin ; d'obtenir le départ des troupes françaises du Sénégal – même si d’aucuns parlent d’un commun accord avec Sarkozy, il a osé le demander. Il est aussi parvenu à faire déboulonner Vincent Bolloré - un des barons de la Françafrique - de son piédestal du port de Dakar au profit des Qataris. Ces actes parmi d’autres ne sont pas imaginables pendant le règne des trois autres présidents, qui, ayant poussé "l’amitié franco-sénégalaise" jusqu'à aplatissement, n'ont presque jamais osé ou pensé ouvertement agir contre les intérêts de l'ancienne métropole.
L’actuel président sénégalais a affectivement fait beaucoup de bien pour la France. C’est sous son règne que l’accord de défense donnant aux militaires français l’autorisation de retourner au Sénégal a été signé avec Sarkozy, le même qui avait prétendu trouvé un accord commun avec le président Wade pour le départ de ces derniers du pays quelques années plus tôt. Ce que fait penser que si les intentions de rompre avec la Françafrique clamées par ce président français étaient sincères, il n’aurait pas signé cet accord, quelque alléchantes que fussent les propositions de Macky Sall, lequel ne s’était pas arrêté en si bon chemin. Car, quelques années plus tard, il a autorisé l’implantation de l’Escale aéronautique des Éléments français au Sénégal, à l’aéroport international Blaise Diagne (400 militaires et civils[1]. C’est aussi sous sa présidence que le Groupe Bolloré a signé son retour au port de Dakar, que l’exploitation du pétrole dans le pays a été scandaleusement accordée à Total, qui avait pourtant proposé l’une des offres les plus désavantageuses pour le peuple sénégalais. L’on se souvient encore de la signature du contrat, pour le moins onéreux pour l’économie du pays, pour la construction du TER, juste pour sauver une entreprise française aux portes de la faillite et de son soutien au maintien du franc CFA, dont la nocivité sur les économies de ceux qui l’ont comme monnaie n’est plus à démontrer. La liste est longue des services que le président Macky Sall a rendus à la France. Donc, pour parler comme Jean-Marie Adiaffi dans Carte d’identité, au lieu de couper les chaînes qui nous lie, il a bien augmenté leur poids.
Dès lors, placée dans le contexte mondial actuel, où les murs les plus solides de la Françafrique commencent à se fissurer un peu partout sur le continent, où d’autres puissances concurrentes lorgnent du côté des anciennes chasses gardées françaises, la nouvelle de sa nomination peut ne pas être surprenante. Parce que la France a besoin de se réaffirmer, de rassurer et surtout de montrer aux dirigeants africains qui lui sont favorables, voire soumis que – contrairement aux souverainistes qu’elle combat et traite de tous les noms - ils peuvent compter sur elle pour être recasés à la fin de leur mandat ; pour être secourus quand leur vie est menacée, comme ce fut le cas avec l’exfiltration de Compaoré ou pour trouver un avocat quand ils sont victimes de coup d’État ou quand ils arrivent au pouvoir par le même moyen, comme l’attestent ses vociférations à la suite du renversement de Bazoum au Niger et de l’intronisation de Déby fils.
Cette nomination du président Sall peut aussi être là ou l’une des contreparties du renoncement à une 3e candidature à laquelle il n’a évidemment pas droit selon la constitution sénégalaise. D’autant que, pendant ces périodes troubles dans la sous-région, où il y a une hostilité de plus en plus grandissante envers la politique de l’Hexagone, ce dont la France a le plus besoin, c’est la préservation de la paix et de la stabilité au Sénégal et en Côte d’Ivoire, qui, il ne faut pas l’oublier, ont été et demeurent encore la fondation solide de l’édifice françafricain. Par conséquent, elle fera tout pour que le candidat qui sera élu lors des élections présidentielles sénégalaises de 2024 soit le plus disposé à suivre de son prédécesseur, après évidemment la mise hors course d’Ousmane Sonko.
Le choix porté par Macron sur Macky Sall, pour controversé qu’il puisse être - car la décence, le respect et le bon sens eussent voulu qu’il fût annoncé à la fin de son mandat, puisqu’il est encore le président d’un pays dit souverain -, a au moins le mérite de montrer que la France se fout éperdument des droits de l’homme qu’elle prétend défendre urbi et orbi ; qu’elle est juste mue par ses intérêts, que ce qui compte ce sont des dirigeants qui lui sont soumis, peu lui chaut ce qu’ils font à leurs populations et dans leurs pays. Autrement, ce choix ne se serait pas porté sur le président sénégalais, lui qui a fait emprisonner iniquement beaucoup de ses opposants dans son pays, restreint certaines des libertés fondamentales tout en bafouant d’autres sans honte ni gêne.
En définitive, le président Macky Sall peut se réjouir, comme il l’a fait avec l’annonce de la nouvelle de sa nomination sur son compte Twitter, car il a trouvé un nouveau travail à quelques mois de la fin de son mandat. Pendant ce temps des milliers de jeunes sénégalais, dont il n’a pas l’air de beaucoup se soucier, meurent dans un océan de désespoir. Le grand perdant reste encore et toujours le peuple. D’autant que pour certains dirigeants, juste mus par leurs ambitions personnelles, la présidence n’est qu’un tremplin, une porte menant vers d’autres horizons sur le chemin de leur carrière professionnelle.
L’apathie du dauphin désigné ne cesse d’inquiéter la majorité, qui depuis les dernières législatives, est d’ailleurs devenue une minorité. Le pouvoir BBY-APR ne survivra pas à l’échéance fatidique à l’horizon, avant, pendant ou après le 25 février
A l’instar de pays ayant connu des révolutions victorieuses, on a comme l’impression que la grande escroquerie politique que constitue l’émergence "Benno" est en train de dévorer ses propres enfants. De fait, c’est la grande zizanie, après les rébellions de grands pontes APR, qui ont choisi de présenter leur candidature à la prochaine présidentielle séparément, de sévères reproches sont faits au Premier ministre Amadou Bâ par de hauts responsables apéristes, qui le trouvent peu rassurant voire amorphe.
Cela n’est pas du tout surprenant, quand on sait que le choix du candidat de Benno, en plus d’avoir été long et laborieux, avait déjà suscité des vagues de colère au sein de la galaxie présidentielle et des médiations avaient même été nécessaires pour sauver les meubles.
Aux désertions spectaculaires d’anciens dirigeants de premier plan de Benno, assimilées, un peu trop vite à des manœuvres politiques occultes par des analystes en herbe et même des hommes politiques sérieux, vient s’ajouter une autre menace, qu’un des cadres du parti au pouvoir, caractérise de « bataillons dormants » de responsables locaux frustrés. Toujours est-il que l’apathie du dauphin officiel ne cesse d’inquiéter la majorité de la majorité, qui depuis les dernières législatives du 31 juillet 2022, est d’ailleurs devenue une minorité !
Un autre sujet de préoccupation pour nos gouvernants en fin de règne est la difficulté à gérer cette situation inédite, où l’ancien mentor hyperpuissant fait de l’ombre à son héritier politique, sans se rendre compte qu’il est entretemps devenu un canard boiteux, c’est-à-dire qu’il a beaucoup perdu de son autorité. De fait, l’option du Grand Timonier, imposant une stratégie électorale basée sur une continuité désastreuse, ne semble pas être la meilleure, en ces moments de misère sociale illustrée de manière caricaturale, par les drames de l’émigration clandestine et les échos de disette partout dans le pays.
Tant et si bien que le malheureux candidat de Benno, un haut fonctionnaire, bien trop riche, traine un triple handicap :
- Déficit de légitimité, car en plus d’être un militant de la 25ième heure de la mouvance présidentielle, c’est un transhumant hors pair, ayant tour à tour adhéré au P « S », puis au PDS enfin à l’APR, bien après le 25 mars 2012…
- Manque de représentativité, car considéré comme choix de raison, (une sorte de bouée de sauvetage du Benno, après le naufrage du troisième mandat) et non de cœur, voire même rejeté par ses propres camarades, dans leur écrasante majorité,
- Symbole de continuité néocoloniale, au moment où une lame de fond souverainiste voire anti-impérialiste, balaie le continent avec une connotation, non pas anti-française, mais anti-françafricaine, qui a fini de faire imploser le pré-carré de l’ancienne métropole en ex-AOF.
A tel point, que le candidat de Benno semble devoir être le bouc émissaire de tous les maux qui gangrènent, depuis 1960, notre système politique, qui traîne de lourdes tares liées au refus de nos élites politiques de rompre d’avec une servitude néocoloniale volontaire.
Toutes ces péripéties pourraient relever, sinon de l’anecdote, tout au moins des affaires intérieures de Benno, si le président Macky Sall ne persistait pas dans son projet funeste de déglinguer notre système politique, en détruisant nos fondamentaux démocratiques.
D’abord, il persiste dans son projet déraisonnable de vouloir arbitrairement écarter le candidat de l’opposition le mieux placé pour la prochaine élection présidentielles et qui a, en plus, le mérite de s’inscrire dans la rupture avec la logique néocoloniale. Pour preuve, son administration électorale, qui s’était déjà tristement fait remarquer lors des consultations électorales de l’année dernière, par sa partialité scandaleuse, ayant conduit à l’élimination, sur des bases fallacieuses, de plusieurs listes de YAW, dont celle des titulaires aux législatives, refuse délibérément de remettre au candidat Ousmane Sonko, ses fiches de parrainage.
Et pourtant, une décision de justice en date du 12 octobre dernier avait ordonné sa réintégration dans les listes électorales, d’où son nom avait été abusivement radié, ce qui aurait dû permettre à la Direction Générale des Elections (D.G.E.) de mettre les fiches de parrainage à la disposition du mandataire du président Ousmane Sonko. Mais ce fut un nouveau refus ne reposant sur aucune disposition légale.
Pire, on a observé une nouvelle escalade de la part des autorités politiques, contraintes de se dévoiler et qui n’hésiteront même pas à remplacer la totalité des membres de la CENA, dont le seul tort aura été de demander à la DGE, d’appliquer la décision de justice.
Tout est devenu clair maintenant avec l’immixtion intempestive de l’Exécutif dans le processus électoral, avec des décisions que des organisations de la société civile qualifient d’illégales pour diverses raisons.
C’est ce qui justifie la mise sur pied du Front pour l’Inclusivité et la Transparence des Elections (F.I.T.E.), ayant pour but d’assurer et de garantir une élection présidentielle du 25 février 2024 transparente, sincère, régulière, démocratique et inclusive.
Hasard du calendrier, c’est au moment où les forces vives de notre pays s’indignaient de l’attitude cavalière, dont notre processus électoral est géré, que le Manitou de la Françafrique moribonde lui donne des garanties d’embauche après le hold-up électoral programmé mais voué à l’échec. Le peuple sénégalais saura s’en souvenir !
Toutes les données politiquement objectives, qui seraient étayées par des sondages occultes, indiquent clairement la chute inéluctable du camp de Benno, qui serait bien inspiré de se démarquer d’une continuité néfaste ou de déclarer forfait.
Le pouvoir du Benno-APR ne tient plus que grâce à une « junte civile », ayant l’onction de l’ancienne métropole et portée à bout de bras par certains secteurs des FDS, de la magistrature, de la haute administration, de l’administration territoriale, du clergé maraboutique conservateur qui souhaitent voir perdurer le système actuel de prédation.
Il ne survivra pas à l’échéance fatidique, qui se profile à l’horizon, avant, pendant ou après le 25 février prochain.
L’opposition, celle de l’autre position, n’entend pas se laisser faire. Elle lutte pour l’inclusivité avec bien sûr la remise de Sonko dans le jeu. Puisqu’il est écarté -provisoirement- par la radiation et le refus de fiche de parrainage.
L’opposition, celle de l’autre position, n’entend pas se laisser faire. Elle lutte pour l’inclusivité avec bien sûr la remise de Sonko dans le jeu. Puisqu’il est écarté -provisoirement- par la radiation et le refus de fiche de parrainage. Et pour cette même opposition on joue l’exclusion d’autres forces. C’est Yewwi moins certains. Ou Yewwi plus d’autres. Tous contre ceux qui avaient participé au dialogue ! Bref, il y en a qui en pro-FITE(nt). Mais surtout pas les néo-FITE(s) de l’opposition qui ont été recalés par Macky Sall pour la candidature de Benno.
PAR Madieye Mbodj
DE LA DEMOCRATIE ET DE L’ETAT DE DROIT
Désormais en fin ce cycle, ‘’l’exception démocratique sénégalaise’’ opère brutalement, sans foi ni loi : on s’en fout royalement de la démocratie, de l’État de droit, de la bonne gouvernance, du respect de la Constitution et des institutions
Disons-le d’emblée : la démocratie bourgeoise ne constitue pas notre modèle rêvé de gouvernance de la cité, même si elle représente un progrès historique par rapport aux systèmes esclavagiste et féodal. Toutefois, l’actualisation et l’application honnête de certains principes de base résumés dans le concept d’« Etat de droit », peuvent régir convenablement jusqu’à un certain point, un commun vouloir de vie commune, un vivre-ensemble vigilant dans le respect réciproque au sein d’une société aux contradictions multiples : la justice égale pour tous ou l’égalité de tous devant la loi, l’intangibilité de la hiérarchie des normes juridiques, la séparation et l’équilibre des pouvoirs, la primauté de l’intérêt général, l’inclusion, la participation et la citoyenneté active, le principe de responsabilité et l’obligation de rendre compte (accountability ou redevabilité) comme une des figures essentielles du contrôle citoyen et du respect dû au citoyen, constituent autant de valeurs et de vecteurs d’une gestion volontiers ‘’sobre et vertueuse’’- tout le contraire, dans les faits, de nos régimes d’autocrates et de prédateurs, dont la Révolution et la Charte de Thierno Souleymane Baal (1776) auraient sans aucun doute préconisé la destitution pure et simple.
Comme dit l’adage, au pays des aveugles, les borgnes sont rois. La démocratie de façade longtemps brandie par les régimes en place au Sénégal comme une exception de stabilité et de paix dans une Afrique de guerres et de coups d’Etat, a visiblement aujourd’hui épuisé ses ficelles. Désormais en fin ce cycle, ‘’l’exception démocratique sénégalaise’’ opère brutalement, sans fard, sans foi ni loi, telle une bête féroce affolée : on s’en fout royalement de la démocratie, de l’État de droit, de la bonne gouvernance et des droits humains, du respect de la Constitution et des institutions ! Et pourtant le président de la République, dans son serment de prise de fonction, ne jure-t-il pas solennellement et publiquement « devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes [ses] forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine » (Article 37 de la Constitution) ?
Une justice piétinée et humiliée
En l’espace de quelque cinq (5) semaines, entre le 29 septembre, démarrage du parrainage en direction de la présidentielle de février 2024, et le 2 novembre 2023, date du décret de recomposition intégrale de la CENA, le fameux slogan : « force restera à la loi », n’aura jamais été autant piétiné et malmené, pour un seul et unique objectif : éliminer à tout prix le candidat Ousmane Sonko de la course. Inutile de revenir ici sur le complot d’État de l’affaire Adji Sarr, passée de ‘’viol et menaces avec armes à feu’’ à ‘’corruption de la jeunesse’’ ; non plus sur le film tronqué du feuilleton ‘’Mbaye Prodac’’, ni sur la minable trouvaille de ‘’vol de téléphone portable’’ sortie du bonnet d’un Procureur après 55 jours de séquestration administrative arbitraire du citoyen Sonko, ni même sur l’anéantissement de sa condamnation par contumace, attesté par tous les honnêtes spécialistes de droit reconnus dignes de ce nom! Que de forfaitures et de turpitudes, avec re refus péremptoire et persistant de la DGE du ministère de l’Intérieur en charge de l’organisation des élections, de remettre au député Ayib Daffé, mandataire du candidat Ousmane Sonko, ses modèles de fiches de parrainage, passant outre la décision de justice, honnête et courageuse, du président du Tribunal d‘instance de Ziguinchor, rétablissant le citoyen Sonko dans ses droits, et malgré l’injonction que lui a signifiée la CENA, organisme autonome de supervision de l’ensemble du processus électoral, investie de pouvoirs d’injonction, de dessaisissement et de substitution. Autre triste illustration, le moment et les dispositions du décret rendu public dès le lendemain de la notification à la DGE de l’injonction de la CENA évoquée ci-dessus, et portant reconfiguration totale de la CENA. Décret comportant tant d’anomalies que d’éminents experts électoraux indépendants, divers acteurs de la société civile et membres de l’opposition politique, ont décidé de l’attaquer devant les juridictions compétentes.
Dans quel gouffre viennent donc de sombrer des pans entiers de l’administration, de la justice et des institutions de notre pays, le Sénégal ? Même la ministre de la Justice nouvellement nommée, répondant à des interpellations de députés examinant en commission le projet de loi de Finances de l’année 2024, aurait déclaré sans sourciller que le Sénégal n’appliquerait aucune décision de la Cour de Justice de la CEDEAO non copie certifiée conforme de ses propres décisions nationales ! La CEDEAO est pourtant une institution communautaire supranationale, dont le Sénégal a librement ratifié le Traité et les Protocoles. Cette position de la ministre ne serait cependant pas une première pour notre pays, car le gouvernement du Sénégal sous l’ère Macky Sall, s’est déjà illustré dans la non application de décisions émanant des instances de la CEDEAO, relatives par exemple aux déboires judiciaires des Karim Wade et Khalifa Sall ainsi qu’aux modalités du parrainage citoyen, entre autres. Toutes ces forfaitures et turpitudes ont amené le mandataire du candidat Ousmane Sonko, à dénoncer ce qu’il a taxé de « crimes contre la Constitution commis en bande organisée » !
Le régime hyper-présidentialiste Sall-APR-BBY a pris le soin de disposer ses hommes et femmes de confiance sur toute la chaine de prise de décisions de nos institutions judiciaires. Il reste vrai cependant qu’aucun crime n’est jamais parfait, vu qu’il se trouvera toujours quelque part un petit imprévu, une exception ou un minuscule grain de sable pour faire dérailler toute la machine ! Mais bon Dieu pourquoi tant de haine, ou plus exactement tant de ‘’haine-méchanceté’’ (pour reprendre le tout nouveau concept de notre compatriote Madi Wack Touré, conseiller en travail social), tant de persécutions et d’acharnement contre un parti politique légalement constitué, Pastef-Les Patriotes, et son leader, le président Ousmane Sonko ?
La réponse est certainement du côté de la hargne des tenants, intérieurs et extérieurs, du système néocolonial de domination, de spoliation et de prédation à ne pas lâcher leurs énormes privilèges indus et à faire férocement barrage à toute volonté conséquente de leur remise en cause par les masses opprimées. Au moment où, vers l’Europe, les furies des vagues et les sables du désert ensevelissent les corps des milliers de jeunes Africains, dont pour le moment au titre de l’année 2023, une majorité de Sénégalais, sans espoir de vie digne dans leurs propres pays, sur leur propre continent, et plus récemment vers l’Amérique du Nord à bord de vols aventureux, tous et toutes victimes des mirages des migrations dites irrégulières, la France de Monsieur Macron qui a opté pour ‘’la migration choisie’’, ciblant les cadres et les VIP de nos pays appauvris, offre sur un tapis rouge et en mode fast tract, un emploi de reconversion à Son Excellence Monsieur Macky Sall, vanté à grand renfort d’éloges et promu par Son « cher Emmanuel » au poste prochain d’Envoyé Spécial du Pacte de Paris pour la Planète et les Peuples (4P) !
Hé oui, dans certains milieux, on n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Toutefois, si pour les « 4 P » il s’agit de semer la paix et d’éradiquer la pauvreté, l’on peut valablement se demander si le promu a bien le profil de l’emploi ! Aux Sénégalais de juger ! Les empereurs de la Rome antique, pour tenir leurs concitoyens en laisse, s’évertuaient à leur garantir panem et circenses (du pain et des jeux de cirque). Que sont capables d’offrir aujourd’hui les gouvernants sénégalais à notre jeunesse, « espoir de la Nation » ? Certainement pas un emploi décent ni le pain, de plus en plus inaccessible, mais tout au plus des combats de lutte pour les divertir dans des arènes surexcitées ou alors pire, la perspective meurtrière de Barsa ou Barsaq à bord de pirogues de fortune voguant vers un illusoire Eldorado ?
Force restera au peuple
Devant le piétinement manifeste des décisions de justice, devant l’humiliation de la justice et des juges, l’Union des Magistrats du Sénégal/UMS, si elle a un sens et une crédibilité à défendre, ne devrait-elle pas dans ces circonstances élever plus que jamais une voix juste, forte et audible ? Le 17 novembre prochain constituera à n’en pas douter un double test crucial grandeur nature : d’un côté, test de cohérence, de sérieux et de crédibilité de la Cour Suprême du Sénégal saisie d’un pourvoi en cassation par l’agent judiciaire de l’Etat aux fins d’annulation de la décision du Tribunal d’instance de Ziguinchor rétablissant le candidat Ousmane Sonko dans ses droits, idem pour la Cour de Justice de la CEDEAO appelée à donner son verdict sur la dissolution du parti Pastef, la radiation d’Ousmane Sonko des listes électorales et la violation arbitraire de ses droits ; d’un autre côté, test de la détermination et de la capacité de tout un peuple, la jeunesse et les femmes en tête, à faire respecter la justice, la vérité et la volonté populaire.
A cet effet, il est impératif de voir le F24 et le tout récent FITE œuvrer main dans la main, au seul nom de l’intérêt de notre peuple et de notre pays, de tous les patriotes, démocrates et progressistes d’Afrique, pour la vérité, la justice, la paix et la prospérité partagée. S’il est vrai que la justice est rendue au nom du peuple, qui des juges ou du peuple devrait avoir le dernier mot ? Force restera au peuple, telle est notre intime conviction. Ou le respect des conditions d’une élection inclusive, transparente régulière et démocratique permet l’expression pacifique de la volonté populaire, ou la confiscation et le piétinement du suffrage universel libre, égal et direct, stimule la résistance populaire légitime pour le triomphe de la vérité des urnes et de la justice, de la volonté du peuple debout.
Madieye Mbodj est Professeur de Lettres à la retraite.