SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 novembre 2024
Opinions
Par Elhadj Bara Dème
LES DECHETS PLASTIQUES DE L'AFRIQUE DE L'OUEST POURRAIENT ALIMENTER L'ECONOMIE AU LIEU DE POLLUER LES OCEANS
L a pollution plastique est un problème environnemental urgent à l'échelle mondiale. Chaque année, environ huit millions de tonnes de plastique finissent dans les océans.
La pollution plastique est un problème environnemental urgent à l'échelle mondiale. Chaque année, environ huit millions de tonnes de plastique finissent dans les océans.
La plupart des 17 pays d'Afrique de l'Ouest ont des problèmes de gestion des déchets plastiques. Huit d'entre eux figurent parmi les 20 pays dont les pratiques de gestion des déchets plastiques sont les moins efficaces - contre cinq en 2015. Cette situation a aggravé la pollution marine et a eu des répercussions négatives sur les activités de la région.
Les provinces côtières représentent environ 56 % du PIB de l'Afrique de l'Ouest et un tiers de la population y vit. En 2018, les pays d'Afrique de l'Ouest ont lancé le Programme de gestion des zones côtières d'Afrique de l'Ouest pour protéger et restaurer les ressources écologiques, sociaux et économiques des zones côtières. Il est censé y parvenir en s'attaquant à l'érosion côtière, aux inondations et à la pollution. L'année dernière, il a reçu un financement supplémentaire de 246 millions de dollars de la part de la Banque mondiale. Cela porte le financement total du projet par la Banque mondiale à 492 millions de dollars. Pendant de nombreuses années, nous avons fait des recherches sur l'économie du développement, en particulier sur l'interface entre l'utilisation des ressources naturelles et le développement des pays. Nous avons également participé à des recherches sur la pollution plastique dans le cadre de l'initiative interdisciplinaire “Revolution Plastics” du Centre for Blue Governance de l'université de Portsmouth. Nos conclusions sur la pollution plastique pourraient aider les pays d'Afrique de l'Ouest à dépenser efficacement les fonds de la Banque mondiale. Nous recommandons que les pays commencent par quantifier le volume, le type et l'origine des plastiques rejetés dans les zones côtières. Ils doivent ensuite se concentrer sur la réduction des plastiques à la source, ainsi que sur la promotion de la réutilisation et du recyclage. Ils peuvent s'inspirer d'études de cas réussies au niveau mondial, qui peuvent être adaptées aux contextes locaux.
DES OCEANS SAINS ET UNE ECONOMIE CIRCULAIRE
Le Programme de gestion des zones côtières de l'Afrique de l'Ouest a lancé des études pour évaluer l'impact environnemental et économique de la pollution plastique dans la région. Ces études visent également à explorer les avantages du passage à une économie circulaire : un système économique qui réutilise ou régénère des matériaux ou des produits de manière durable. Le programme prévoit qu'une économie circulaire créera de nouvelles opportunités économiques grâce aux marchés de réutilisation des produits et des matériaux. Au lieu de jeter les produits, ils peuvent être réintégrés dans l'économie. Cela peut créer une demande de services et de technologies liés à la collecte et au traitement de ces produits. Le programme peut bénéficier de la recherche sur la gestion durable des plastiques dans d'autres régions pour atteindre ses objectifs.
PARTENARIAT DE RECHERCHE
Le Centre for Blue Governance dispose d'une expertise en matière d'économie bleue, de gestion des écosystèmes marins, de changement climatique et d'économie circulaire. Il a mené des recherches approfondies sur la pollution plastique à Portsmouth, une ville portuaire du Royaume-Uni, et au-delà. Nous avons constaté que la gestion durable des plastiques peut être réalisée de différentes manières. Ces stratégies pourraient être pertinentes pour des initiatives en Afrique de l'Ouest. Elles comprennent: • des partenariats inclusifs : en collaborant avec des entreprises, des militants et des citoyens dans le cadre de l'initiative Revolution Plastics, nous appliquons la recherche au développement de tissus écologiques et à la lutte contre la pollution microplastique. • des campagnes de sensibilisation par l'art : il est nécessaire de sensibiliser la communauté aux effets néfastes de la pollution plastique. Dans le cadre du projet Masibambisane en Afrique du Sud, nous avons exploré l'art de la rue, le théâtre et la chanson pour sensibiliser à la pollution plastique. Le projet a obtenu des résultats significatifs à KwaMhlanga, dans la province sudafricaine de Mpumalanga. Il a démontré que la sensibilisation par l'art pouvait inciter les gens à modifier leur comportement. Ces communautés comprennent désormais mieux l'urgence d'agir contre la pollution plastique.
En outre, la mise en place d'installations de tri à proximité des habitations a permis d'augmenter les taux de recyclage et d'encourager des habitudes durables. Le programme d'Afrique de l'Ouest peut intégrer ces leçons dans le livre qu'il est en train de rédiger. Il s'agit d'un moyen de partager des informations sur les meilleures pratiques et d'encourager l'action au sein des communautés. • des projets de réutilisation et de recyclage : grâce à nos projets inDIGO-EU et Microseap, nous avons réduit les déchets plastiques en encourageant le recyclage et la réutilisation. Par exemple, le projet INdIGO a permis de mettre au point des engins de pêche biodégradables qui réduisent l'impact environnemental de la pêche en mer au Royaume-Uni et en France. Sur la base de ce projet, le programme de gestion des zones côtières d'Afrique de l'Ouest peut développer une alternative durable aux engins utilisés pour la pêche à petite échelle dans la région.
DU DIAGNOSTIC A L'ACTION
Les résultats de notre recherche suggèrent que pour une utilisation optimale du fonds de la Banque mondiale, le Programme de gestion de la zone côtière de l'Afrique de l'Ouest pourrait envisager les plans d'action suivants : • Collecter des données sur la pollution plastique : commencer par une étude régionale pour quantifier le volume, la typologie et l'origine des plastiques rejetés dans les zones côtières. Cela pourrait impliquer l'utilisation de technologies telles que les drones, les capteurs et la télédétection pour cartographier les foyers de pollution. Des enquêtes de perception pourraient également aider à comprendre les comportements et les attitudes liés à la pollution plastique. L'objectif est d'établir des indicateurs précis et des modèles prédictifs permettant de mesurer l'efficacité des interventions futures.
• Planifier le passage à une économie circulaire : le plan devrait se concentrer sur la réduction à la source, la réutilisation, le recyclage et la récupération des matériaux. Un comité composé d'acteurs gouvernementaux, d'entreprises privées et de communautés locales pourrait superviser la mise en œuvre.
• Concevoir des programmes de sensibilisation et d'éducation de la communauté : ces campagnes devraient inculquer un sentiment de responsabilité environnementale et donner aux gens les moyens de participer activement à la réduction de la pollution plastique. L'implication des leaders d'opinion pourrait renforcer leur impact.
• Développer des moyens d'utiliser les déchets plastiques : les chaînes de valeur pour le tri, le recyclage et la valorisation nécessitent des infrastructures, comme des centres de tri modernes. Des technologies de recyclage avancées et des mécanismes de marché pour les matériaux recyclés sont également nécessaires. Des partenariats pourraient être établis avec des entreprises locales pour créer des produits à partir de plastiques recyclés, tels que des matériaux de construction ou des textiles. En investissant dans ces domaines ciblés, il est possible de créer un système durable qui offre des opportunités économiques et sociales aux communautés locales.
Elhadj Bara Dème
Research Associate, University of Portsmouth Pierre Failler
Professor in Economics and Director of the Centre for Blue Governance, UNESCO
Chair in Ocean Governance, University of Portsmouth
THECONVERSATION.COM
par Assane Gueye
SONKO A DE LA CHANCE
Il a été le premier à en avoir parlé publiquement à la radio en août dernier. Dialo Diop qui a blanchi sous le harnais a failli être lynché pour avoir brisé un tabou. Le plan alternatif qu’il avait osé insinuer n’était en rien un crime de lèse-majesté.
Il a été le premier à en avoir parlé publiquement à la radio en août dernier. Dialo Diop qui a blanchi sous le harnais a failli être lynché pour avoir brisé un tabou. Le plan alternatif qu’il avait osé insinuer n’était en rien un crime de lèse-majesté. L’histoire lui a donné raison. Sonko s’est presque auto-éliminé comme si, en fin de compte, il ne voulait pas du pouvoir. Il faut d’abord être juste en lui reconnaissant une ascension phénoménale qui fait qu’on parle de lui matin, midi et soir. Dans le champ politique sénégalais de ces dernières décennies, seul Wade avait une telle emprise sur le débat public. Il est sain, me semble-t-il, d’éviter de s’acharner sur un compatriote en difficulté qui plus est, dans les liens de la détention. Il faut plutôt souhaiter qu’il se tire d’affaire le plus tôt.
Le problème est qu’il n’a pas su gérer le succès. Parce que jamais au plus grand jamais, il n’aurait dû mettre les pieds dans ce qui ressemble plus à une auberge qu’un salon de massage. Ce n’était pas très classe. Quand on atteint un certain niveau de notoriété, on ne s’appartient plus. On se blinde. On ne se relâche pas. Le relâchement fut une faute. Tout est parti de là. Et les choses se sont emberlificotées. L’apaisement qui devait être élevé au rang de méthode et de style a été rabaissé. Le forceps et la démesure dont on ne sait jamais où ils finissent ont tout balayé. Il y laissera des plumes. La prison est inhumaine, mais elle favorise aussi la réflexion et la raison. On y écoute moins son cœur ou les êtres que les choses. Au fond, Ousmane est chanceux. Son empêchement lui évite d’étaler une quelconque incompétence face aux défis tectoniques du Sénégal en cas de présidence de la République. Les promesses qui seraient faites à la jeunesse sont intenables. Il ne peut pas changer un pays naufragé sur le plan comportemental. Ne parlons pas des lobbies, mafias et forces d’inertie face auxquels il ne pourra rien. De là où il se trouve, il peut s’estimer heureux de son inéligibilité car il ne sera pas compté à moyen terme parmi les présidents décevants.
Diomaye jeté en pâture
Malgré l’effort de réflexion, il a eu le choix de l’embarras pour imposer un lieutenant. En dehors de lui-même, on ne connaît pas dans son camp un profil présidentiable. Ce n’est pas du mépris pour les autres. Mais franchement, les noms avancés ne sont pas flamboyants. Bassirou Diomaye a beau être l’homme de confiance, le bras droit ou la main gauche et celui qui a réussi simultanément le concours de l’Enam et du Cfj, il n’en a pas moins été jeté en pâture. Visage poupin et sage comme une image malgré une bévue énorme sur Facebook, BDF, 43 ans, n’est pas encore aguerri pour l’univers de requins. Tout le mal à lui souhaiter est qu’il retrouve au plus vite lui également sa famille. C’est clair qu’en termes de recours ou d’alternative, c’est la rareté plutôt que l’abondance. L’activisme de Guy Marius pourrait s’avérer d’une totale inaction si par enchantement il se retrouvait dans l’immensité de l’Etat où il va s’égarer à coup sûr. S’il devait être question d’un énième plan, les électeurs potentiels seraient totalement déboussolés. C’est pourquoi il ne faut jamais se louper sur la deuxième option. On donne l’impression qu’on marche à tâtons. Et c’est l’éternel procès en immaturité et en inconséquence qui rejaillit et n’en finit pas de coller à la peau. En vérité, au sein de l’ex-Pastef, l’équation est assez simple. Le ver de Lamartine la résume bien. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
UN PRÉSIDENT NE DEVRAIT PAS… BRANDIR ÇA !
Retournées spectaculaires de la tournée économique. Le chef d’Etat est sans états d’âme. Fofana, il dit que ce Karim n’est pas de la «Génération du concret» parce qu’aérien dans ses explications.
Retournées spectaculaires de la tournée économique. Le chef d’Etat est sans états d’âme. Fofana, il dit que ce Karim n’est pas de la «Génération du concret» parce qu’aérien dans ses explications. À Atépa, il jette une grosse Pierre. Parce qu’architecte de «l’escroquerie». Et puis aux «candidats» au chaos, il promet un K.O. À son pire ennemi, il n’a «aucun regret» pour son sort. Moom daal kou niémé nieuweul… un Président ne devrait pas… brandir ça. Lii tamit…
par Jacques Habib Sy
QUELQUES REPÈRES DANS LA PENSÉE POLITIQUE DE CHEIKH ANTA DIOP
EXCLUSIF SENEPLUS - Cheikh Anta a été souvent accusé de recevoir le soutien des militants mourides. Rien n'est plus éloigné de la vérité, car ce facteur religieux a plus été un handicap qu'un atout dans son parcours politique (4/5)
Devant cette situation, quelles sont les perspectives de lutte qu’il faut explorer et appliquer ? Cheikh Anta procède à l'analyse de la société africaine, de la nature des contradictions internes à cette société et des contradictions nées de facteurs exogènes.
Contrairement au dogme marxiste de cette période repris à l'unisson à quelques variantes près par les Africains radicaux du début des années 1950 et postulant la création d'une avant-garde prolétarienne ouvrière comme condition nécessaire de la révolution nationale, démocratique et populaire, Cheikh Anta tire l’autorité de ses arguments de J'enquête sur le terrain et d'une connaissance intime du monde paysan dont il est issu. Il se rend parfaitement compte que la « théorie des cinq stades » rationalisée par Staline et récitée comme une table coranique par les militants communistes ne correspond à aucune réalité tangible de la formation sociale négro-africaine. Cette "théorie" appliquée aux villes où le paysan devient provisoirement un semi-prolétaire, et, donnée de taille, l'absence d'organisation collective et d'une claire conscience de classe anti-impérialiste rendent inopérantes les présupposés idéologiques et politiques de Staline.
Devant cette situation, "'on voit aisément qu'une telle organisation de la paysannerie pour lutter sur une base collective ne peut être suscitée qu'à partir des villes. La prise de conscience devra donc s'irradier des villes vers les campagnes et l'on devra aboutir à une organisation qui harmonisera les deux cycles de vie sur le plan de la lutte". Dans le contexte du niveau des discussions idéologiques au sein du mouvement étudiant expatrié de l'époque et dans le paysage politique international du moment, l'affirmation est téméraire et sort des sentiers battus. Bien que la rupture entre le R.D.A. et le P.C.F. est déjà consommée, un nombre considérable d'intellectuels africains continue de penser en termes d'avant-garde prolétarienne et de bolchévisation de la lutte anticoloniale, la paysannerie étant considérée comme une classe d'essence petite-bourgeoise donc inapte à diriger la lutte de libération nationale.
Dans les toutes premières lignes de "Vers une idéologie politique africaine", Cheikh Anta dissipe le malentendu : la chute du bastion colonial du Sahara au Cap, c'est-à-dire à l'échelle continentale, participe d'un "travail d'avant-garde" qui revient à toutes les classes opprimées y compris la fraction nationaliste de la pseudo bourgeoisie. "Dans cette lutte concrète" qui transcende les convictions religieuses des uns et des autres, "le peuple ne peut pas se passer d'avant-garde qui oriente son action". Au contraire, le peuple tout entier "peut et doit contrôler cette avant-garde d'une façon dépouillée de toute sentimentalité" et selon les mécanismes d'une "pression à l'échelle de l'évolution générale de l'humanité, le passage universel du communautarisme primitif à l'esclavagisme, au féodalisme, au capitalisme et au socialisme, le communisme étant considéré comme la phase ultime de la lutte des classes et le "moment" où l'État coercitif n'a plus de raison d'être. C'est au nom de ce schéma idéologique que les marxistes africains de cette période vont tenter à tout prix de retrouver dans l'analyse de leurs sociétés les stades féodal et esclavagiste. C'est en fonction de la même prémisse qu'ils estiment que l'Afrique devrait se passer de la phase capitaliste et de la classe bourgeoise inhérente à celle-ci. D'où le mot d'ordre, « feu sur la bourgeoisie bureaucratique et compradore, en avant pour la révolution socialiste sous la bannière de son avant-garde prolétarienne ».
La dichotomie ville/campagne utilisée par Cheikh Anta dans son analyse lui permet d'exposer clairement les tendances principales du mécanisme social négro-africain. Les villes, estime Cheikh Anta sont caractérisées par une densité de population qui favorise la prise de conscience syndicale et la contradiction immédiatement vécue avec le colonisateur Blanc vivant dans les grands centres urbains et principalement dans la capitale. Ici le niveau intellectuel et le brassage social à la faveur duquel ouvriers, fonctionnaires et employés du secteur privé partagent la mème situation de colonisés créent les conditions propices à la résistance anticoloniale.
En revanche, la vie en campagne est caractérisée par un affaissement démographique considérable, une activité annuelle dominée par la vente des récoltes d'où le paysan tire l’essentiel de ses maigres revenus, un régime d'exploitation des plus féroces, la misère et son corollaire l'exode rural temporaire populaire étant tel que "l'efficacité de la lutte" s'en trouvera décuplée, "garantie".
La notion d'avant-garde révolutionnaire est donc élargie à toutes les classes ou aux fractions de classe qui ont objectivement intérêt au changement. L'aile avancée de l'avant-garde sociale, en particulier sa mouture intellectuelle, ne saurait être une entité qui plastronnerait, serait détachée des luttes sociales ou serait investie par le prolétariat et avec lui de la mission de droit divin de guider la révolution vers la radicalisation, entendue au sens étroit de la bolchévisation. La question de l'avant-garde de la phase nationale, démocratique et populaire de la révolution ne relève donc pas exclusivement, comme le postule un certain mimétisme idéologique, de la nature de classe de la direction du mouvement social. L'avant-garde révolutionnaire est aussi fortement conditionnée par la structure de classe de la société et les conditions historiques d'évolution des modes et des rapports de production qui caractérisent le moule culturel, civilisationnel donc social, économique et idéologique de la résistance nationale.
Malgré une détermination politique qui le met à l'aise sur le terrain du marxisme, non comme un dogme, mais essentiellement comme un instrument organisationnel et de lutte à l'efficacité certaine, Cheikh Anta n'hésite pas à prendre ses distances vis-à-vis des analyses inconsistantes ou "joyeuses" du marxisme ossifié. Il lance cependant une mise en garde :
« Il faut éviter l'erreur qui consisterait à croire que la paysannerie étant la classe majoritaire d'aujourd'hui est la classe de l'avenir. Une telle conclusion serait erronée parce qu'elle ne tiendrait pas compte des nécessités d'industrialisation de tout pays qui aspire à garder son indépendance dans le monde moderne, elle oublierait le fait que nous luttons pour réaliser le bienêtre matériel inséparable du progrès technique. Elle serait en opposition avec un principe élémentaire du marxisme qui consiste à savoir compter avec les facteurs d'avenir même s'ils sont aujourd'hui les moindres. Cependant, précisons qu'il ne s'agit pas de dire par là qu'il faille attendre que l'Afrique soit industrialisée, qu'il y ait un prolétariat important pour que la libération soit possible ; nous savons bien qu'il ne peut y avoir un développement considérable de la concentration prolétarienne en Afrique, sous le régime impérialiste, car cela équivaudrait à un suicide de la part de ce dernier.
Il y aura tout au plus mécanisation intensive des moyens d'extraction des richesses du pays, avec construction de routes menant vers les ports pour l'évacuation rapide de ces produits, afin d'abaisser au minimum leur prix de revient. Dans une telle conjoncture, il faut donc arriver à mobiliser dans la lutte de libération nationale tous les éléments de la population, depuis la ville jusqu'à la campagne. Une telle idée serait illusoire s'il n'existait pas un dénominateur commun qui fait de tous les Africains quels que soient leur rang social et leur lieu d'habitation, une même classe d'exploités. C'est pour cette raison que Staline a écrit, à propos des peuples colonisés, qu'ils constituent une réserve du prolétariat, présumant ainsi que, puisque des deux côtés on est exploité par la même classe bourgeoise à l'intérieur du même régime impérialiste, tôt ou tard, on se retrouvera dans un combat commun contre les mêmes oppresseurs ».
On ne saurait trop mettre l'accent sur la portée historique de cette prise de position sans équivoque en faveur du principe de la lutte des classes et de la communauté d'intérêts entre classes opprimées de toutes les formations sociales sous le joug du capitalisme. Seulement, pour la première fois dans le contexte africain, le principe de la lutte des classes est subordonné au principe de la lutte de toutes les classes contre l'impérialisme. Pour Cheikh Anta, la véritable ère de luttes de classes est en train de poindre à l'horizon et ne va prendre effectivement place qu'à partir de l'existence d'une véritable bourgeoisie autochtone maîtresse des moyens dominants de production des richesses nationales.
Au moment où sont rédigées ces lignes, la FEANF vient à peine de naître en un bond idéologique d'où est encore absent l'exigence d'indépendance immédiate et de fédération africaine en dehors de la Communauté franco-africaine. L'année précédente vient d'avoir lieu la rupture entre le PCF et le RDA (1950-1951), cependant que le CPP de Kwame Nkrumah fait accéder le Ghana à l'autonomie.
Durant cette période, Cheikh Anta reste obsédé par la coordination de la lutte à l'échelle panafricaine. "Il importe, écrit-il dans "Vers une idéologie..." « que les Africains se rendent compte que les problèmes d'une région quelconque, si particuliers qu'ils puissent apparaître sont, quant au fond, des problèmes continentaux". Il cite l'exemple du fascisme sud-africain, l'occupation illégale de la Namibie et les tentatives de repeuplement colonial du Congo. "Une Afrique noire indépendante ne serait stable, économiquement et politiquement, que si elle va du Sahara au Cap. Les Tropiques sont pauvres et ne peuvent se passer des bassins de l'Équateur et du Cap". Pour éviter à l'Afrique les risques presque immédiats de recolonisation ou de néo colonisation, "il importe donc de poser comme principe l'idée d'une Fédération d'États Démocratiques Africains, allant du Sahara au Cap en passant par le Soudan dit anglo-égyptien".
Devant ce principe d'un gouvernement central démocratique africain qu'il va poser plus tard comme l'axiome de son programme d'action dans le cadre des partis politiques qu'il crée une fois rentré au Sénégal, Cheikh Anta Diop identifie les ennemis de l'Afrique, "produits et sous-produits de l'impérialisme". Ces ennemis sont "la Sainte-Alliance d'une Europe capitaliste agonisante ; la croissance du nazisme sur notre sol national ; le fauteuil électrique américain invitant moelleusement 140 millions de nègres à prendre un "somme-Willy-Mac Ghee" ; la féodalité arabe".
Déjà à cette époque, Cheikh Anta met un accent particulier sur le danger mortel que représente l'impérialisme américain. L'agressivité ouverte et de plus en plus barbare de celui-ci ne s'explique pas autrement que par l'épuisement prochain des ressources stratégiques dont les Etats-Unis ont besoin pour se développer et se maintenir au niveau du leadership mondial. "Il importe donc, écrit-il, que les jeunes Africains réalisent que l'indépendance n'est pas pour 30, 40, 50 ou 100 ans. L'épuisement des ressources américaines et la conjoncture moderne ne nous accordent plus un tel délai. Le sort de l’Afrique se joue au cours de notre génération même". L'Afrique peut sortir victorieuse de ce défi gigantesque si elle comprend que son salut dépend essentiellement d'elle-même, si elle réalise la prise de conscience dans la lutte en se débarrassant du défaitisme, même inconscient, en s'organisant dans la discipline et la lutte pour le triomphe du régime démocratique en Afrique et “dans les pays européens" coloniaux.
Tel est le message politique que Cheikh Anta soumet au jugement critique de ses camarades étudiants du R.D.A. en 1952. Le message est d'une actualité brûlante trente-six ans après !
Lier théorie et pratique
C'est à partir de cette charpente politique et idéologique que Cheikh Anta crée le Bloc des Masses Sénégalaises dès qu'il rentre au Sénégal en 1960.
Au moment de l'indépendance "octroyée" par De Gaulle aux anciennes colonies françaises en Afrique, les grands ensembles fédéraux que constituent l'Afrique occidentale française (AOF) et l'Afrique équatoriale française (AEF) sont "balkanisés", sud-américanisés dirait Diop. Les "Etats-Unis" de l'ère néocoloniale font leur apparition. Ce sont des États condamnés à l'échec par leur instabilité politique et militaire, économique surtout, et ils sont dénoncés comme tels par Cheikh Anta. Malgré une activité intellectuelle très intense en 1960 (avec la publication de "L'Unité culturelle de l'Afrique noire", "L'Afrique noire précoloniale" et "Les fondements économiques et culturels d'un État fédéral d'Afrique noire"), Cheikh Anta crée le Bloc des Masses Sénégalaises (BMS) et sillonne les campagnes sénégalaises en s'adressant aux masses paysannes dans le franc-parler politique le plus total. Il s'adresse à ses compatriotes des villes comme des campagnes en wolof, langue nationale heureusement parlée par une très grande majorité de Sénégalais. Les thèmes de sa campagne politique sont clairs et sortent de la bouche de ce grand tribun dans un langage presque poétique chargé des paraboles de la plus pure tradition linguistique et culturelle wolof.
Les programmes du BMS (créé en 1960) et du Front National Sénégalais (créé en 1963) ont été résumés en quatorze points par l'auteur des "Fondements ... ".
Restauration de la conscience de l'unité historique africaine, unification linguistique à l'échelle territoriale et continentale, utilisation des langues nationales comme langues de gouvernement, représentation efficace (souligné par C.A.D.) de l'élément féminin de la nation, promotion de l'unité fédérale africaine, opposition à la création d'États blancs en Afrique noire, mesure préventive contre l'apparition d'une bourgeoisie industrielle autochtone, création d'une puissante industrie d'État, création d'une puissante armée moderne, création des instituts techniques indispensables à un État moderne, réduction des trains de vie et nivellement des salaires, organisation de coopératives de production en vue de la modernisation et de la mécanisation de l'agriculture, création de fermes modèles d'État et collectivisation de la production, promotion d'une politique équilibrée de repeuplement de l'Afrique, mise en œuvre d'une politique avisée de plein emploi : telles sont les lignes force des programmes du BMS et du FNS.
Il est difficile dans le cadre de cette brève esquisse du parcours politique de Cheikh Anta de restituer de façon satisfaisante l'atmosphère sociale et politique qui prévaut au Sénégal entre 1960 et 1963. Cette période de l'histoire du Sénégal est d'autant plus complexe qu'elle prend place à l'intérieur d'un jeu politique dominé par l'impérialisme français, la classe "bureaucratique" qui contrôle l'État par assistants techniques français interposés, les forces religieuses islamisées et la grande masse de paysans, pêcheurs, pasteurs et éleveurs éparpillés à travers le pays et sollicités depuis le début du siècle par des stratégies politiques clientélistes et démagogiques. L'opposition de ces années reste émiettée entre des sensibilités politiques et idéologiques souvent confuses sinon marquées par le dogmatisme et l'agitation coutumière dans les grands centres urbains (Dakar la capitale, Thiès, Saint-Louis l'ancienne capitale, Kaolack, Ziguinchor, etc.).
A peu de choses près, ce sont les mêmes débats idéologiques opposant naguère "radicaux" et "modérés", marxistes et nationalistes (encore qu'il faille accepter ces catégorisations avec la plus grande prudence), qui divisent alors les rangs du mouvement patriotique et créent l'atomisation des forces de progrès. Mais ce que l'on peut retenir du parcours politique de Cheikh Anta Diop durant cette période, c'est qu'il a systématiquement rejeté toute attitude de capitulation ou de compromission devant le régime néocolonial de Senghor. Ce dernier est allé jusqu'à lui offrir, du temps du BMS, plusieurs postes ministériels et à la chambre des députés, offre évidemment fermement rejetée par Cheikh Anta. Tous les témoignages s'accordent à reconnaître la haute probité morale de Cheikh Anta. On ne peut pas en dire autant de nombre de ses camarades qui, chemin faisant, se sont laissé corrompre par l'appât du gain facile et de la gloriole folklorique. L'esprit de capitulation particulièrement prononcé parmi la petite-bourgeoisie intellectuelle, la supercherie intellectuelle, la démagogie et l'opportunisme le plus réactionnaire ont joué un ·grand rôle dans la décomposition de ces deux partis. Il y a eu d'autres facteurs liés à l'immaturité politique des militants non intellectuels de ces deux partis et l'omniprésence de la politique de clientélisme et de "clan politique'' savamment inoculée dans les réflexes partisans des adhérents.
C'est que la lutte anti-impérialiste dans les néo colonies africaines soulève des problèmes jusque-là insoupçonnés dans les traditions de résistance connues des stratèges politiques africains du moment. Il y a d'abord la question de l'autonomie financière des militants permanents de la base au sommet de la hiérarchie partisane. Il n'y a encore qu'une tradition très limitée sinon inexistante dans la plupart des cercles politiques de mener l'action d'agitation, de propagande et d'organisation en mettant en avant le principe de "compter sur ses propres forces". Lorsque Cheikh Anta adopte la formule, elle est invariablement mise en difficulté par la faiblesse du pouvoir d'achat des adhérents paysans ou autres et, surtout, par la soumission absolue devant le "ndigël" (mot d'ordre) maraboutique parmi les membres actifs des confréries religieuses Mourides et Tidianes, les fidèles du clergé catholique étant surtout attentifs aux prêches de la hiérarchie catholique.
L'importance du facteur religieux est très nette au temps du BMS. A cette époque, Senghor, et avant lui l'administration coloniale française, ont adopté une politique consistant à accroître le niveau de la production agricole par le biais des confréries religieuses et à satisfaire en retour les desiderata de ces dernières (facilités bancaires, financières, part grandissante dans la mobilisation politique et dans l'appareil du parti dominant ou unique de fait, etc.). En outre, les pouvoirs religieux islamiques garantissent ou monnayent la voix de leurs fidèles au cours de votes législatifs et présidentiels de toutes façons escamotés par la machine administrative et policière du gouvernement en place.
Serigne Cheikh Mbacké, surnommé "Gaïndé Fatma", le "Lion de Fatma", a fait ouvertement campagne dans les rangs du BMS aux côtés de Cheikh Anta auxquels le lie, par ailleurs, une proche parenté. Cette attitude a créé une brouille durable entre Cheikh Mbacké et son oncle le Khalife Général de la confrérie mouride, El Hadj Falilou Mbacké. Il demeure certain, que devant les gages politiques et financiers (construction de la mosquée de Touba, construction de forages, puits et routes en milieu mouride, etc.) consentis par Senghor, les guides de la communauté mouride ont assuré l'Union Progressiste Sénégalaise de l'hégémonie politique en prime de celle garantie de toutes façons par l'impérialisme français.
Cheikh Anta a été souvent accusé de recevoir le soutien des militants mourides. Rien n'est plus éloigné de la vérité, car ce facteur religieux a plus été un handicap qu'un atout dans le parcours politique de Cheikh Anta. Pendant de très longues années, il a évité d'aller à Touba, capitale spirituelle et politique du mouridisme. En dépit de ses origines mourides très prononcées, Cheikh Anta s'est toujours opposé à la collaboration avec les chefs religieux sur une base politique. Il a toujours fermement cru en la laïcité des institutions républicaines. Il a adopté cette attitude de principe, fort de la conviction que la séparation des pouvoirs religieux et temporel est une condition essentielle de la démocratie et un progrès universel sur lequel il ne fallait pas revenir sous peine de placer la nation dans le chaos et en situation de sujétion devant les bourgeoisies réactionnaires du monde arabe. A l'appui de cette position il affirme dans son texte de 1952 que si la religion était "une condition nécessaire et suffisante pour former un seul gouvernement, l'Arabie Saoudite, l'Irak, l'Iran, l'Égypte, la Turquie, etc., ne formeraient aujourd'hui qu'un seul État au lieu de se retrouver seulement au sein d'une Ligue symbolique. L'Europe aussi ne formerait qu'un seul État chrétien”. "Le lien religieux, poursuit-il, est un prétexte qu'il faut soigneusement écarter pour éviter toute mystification".
Mais Cheikh Anta reconnaît le rôle non négligeable que peut jouer l'Islam en Afrique noire. "L'Islam, soutient-il plus tard dans l'organe d'information du RND, est une force qui n'a pas fini de développer toutes ses virtualités, en Afrique surtout. Les forces religieuses reposent, pour l'essentiel, sur la paysannerie et les travailleurs des villes, ouvriers, artisans, commerçants, travailleurs intellectuels. En tant que producteurs, essentiellement à la campagne, les chefs religieux subissent au même titre que les autres couches de production, l'exploitation du système néocolonial. Ils sont, en conséquence, comme ces couches, intéressés à la lutte de libération nationale et peuvent jouer un rôle important dans l'étape actuelle de la lutte pour l'édification d'un État national, démocratique et populaire" (cf. Taxaw, n° 8, avril 1978). A l'époque, des patriotes aux capacités d'analyse limitées voient dans cette prise de position une profession de foi en faveur de la "féodalité maraboutique", oubliant par-là que le produit et le procès du travail directement contrôlés par les chefs religieux sont soumis aux lois de la division internationale inégale du travail favorables, en particulier dans le contexte du Sénégal, à l'impérialisme dominant français. C'est pourquoi Cheikh Anta a eu raison de maintenir qu'à l'étape actuelle de la lutte de libération nationale, les chefs religieux peuvent, s'ils le désirent, être partie prenante de la lutte commune du peuple tout entier contre l'ennemi commun, en l'occurrence, l'impérialisme français et ses alliés internes et externes.
Après la dissolution du BMS en 1963 par un décret présidentiel des plus arbitraires, Cheikh Anta crée ouvertement le FNS, dissous la même année par Senghor. Ces événements coïncident avec l'arrestation du vice-Président Mamadou Dia et son internement au camp de Kédougou, au Sénégal oriental. Dans le même temps, des élections législatives et présidentielles contestées par l'opposition, le Parti du Regroupement Africain, en particulier, occasionnent des troubles graves (on estime un nombre variant de 50 à 100 morts et de nombreux blessés). Des arrestations massives s'ensuivent et se concluent plus tard par des négociations entre l'UPS et le Parti du Regroupement Africain (PRA). Les chefs de file du PRA sont intégrés dans l’UPS. Et dans les rouages gouvernementaux.
Après cette période et l'arrestation arbitraire de militants restés fidèles à l'ancien vice-Président et dont certains ont rejoint entre temps les rangs du FNS, c'est l’arbitraire Je plus total. Le parti "unifié" monolithique marque la régression du jeu démocratique et le rejet par Senghor de toute création de partis politiques. Le Parti Africain de l'indépendance (PAI) qui fait profession de foi marxiste et essuie des revers tactiques catastrophiques à travers la tentative de création d'un "maquis" révolutionnaire est également frappé d'interdiction cependant que certains de ses leaders sont contraints à l'exil.
L'agitation syndicale et scolaire qui aboutit à la crise politique de 1968, sans doute l'une des plus graves qu'ait eu à essuyer le régime du Président Senghor, débouche sur la dissolution de l'Union Nationale des Travailleurs du Sénégal alors dirigée par Doudou Ngom qui trahira plus tard la classe ouvrière pour rejoindre le parti au pouvoir. L'Université de Dakar est saccagée par les Groupements Mobiles d'intervention qui investissent également la Bourse du Travail. Il y a des morts, plusieurs centaines de blessés et des emprisonnements massifs. En 1971, le caractère néocolonial prononcé de l'Université de Dakar suscite parmi les étudiants africains réunis au sein de l'Union des Étudiants de Dakar (UED) et parmi les étudiants sénégalais regroupés au sein de l'Union Démocratique des Étudiants Sénégalais (UDES) une atmosphère de fronde militante, sans doute exacerbée par les détachements du mouvement contrôlés par les partis politiques marxistes-léninistes pour la plupart. La tension aboutit au boycott des examens dits partiels à l'Université et l'arrestation de plusieurs dizaines d'étudiants (71). D'abord internés dans un camp militaire, les dirigeants du mouvement étudiant sont enrôlés de force dans l'armée. Al Ousseynou Cissé, un jeune étudiant de 23 ans est envoyé sans armes en même temps que plusieurs de ses camarades au front avancé Sud-casamançais où de fréquentes escarmouches opposent l'armée terroriste du Général Caetano en Guinée Bissao à l'armée sénégalaise. Le jeune Cissé est capturé, décapité et affreusement mutilé. L'Université s'embrase de nouveau. Dialo Blondin Diop et son jeune frère Mohammed sont accusés de vouloir jeter un cocktail molotov sur le cortège du Président Français Georges Pompidou venu apporter son soutien à son ami de Khagne Senghor. Les frères Diop sont emprisonnés à Kédougou où ils rejoignent Mamadou Dia et lbrahima Sarr. Leur frère aîné, Omar Blondin Diop, un brillant étudiant à l'École Normale Supérieure française, est intercepté au Mali, livré à la police sénégalaise, condamné à perpétuité en même temps que Dialo Diop et embastillé au cul-de-bassefosse de l'île de Gorée. Omar Blondin Diop est exécuté en prison par certains de ses géôliers qui le provoquent et lui assènent des coups mortels. L’assassinat d’Omar est maquillé en suicide, ce que les faits infirment par la suite. Il n'en faut pas plus pour embraser de nouveau Dakar et de nombreux centres urbains sénégalais. L'agitation scolaire et universitaire s'aggrave et se solde par la mort de plusieurs élèves. Le pays est au bord du chaos. Dans les campagnes, après les bastonnades et le saupoudrage au DDT dont ils ont été l'objet durant la campagne de 1968, les paysans observent une attitude de défiance ouverte à l'égard du régime. La crise agricole très grave que traverse le Sénégal est doublée d'une crise politique non moins grave.
Le ton mesuré de Cheikh Anta devant la nécessité de construire des barrages dans la sous-région, le rappel de ses prises de position dans les périodes antérieures.et surtout le style serein de ses réparties contre le néocolonialisme au Sénégal et les personnalités au pouvoir sont souvent utilisés malhonnêtement ou par immaturité par ses détracteurs comme les signes d'un culte de la personnalité et de la tendance à vouloir pactiser avec le parti au pouvoir.
Il faut remanier la Constitution. Senghor procède à une révision constitutionnelle hâtive et crée, à travers la loi des trois courants de pensée, une opposition sur mesure. Le Parti Démocratique Sénégalais est officiellement reconnu comme le représentant du courant libéral en 1974 à Mogadiscio lors d'une rencontre entre Senghor et le Secrétaire général de ce parti, cependant que le Parti Africain de l’Indépendance s'adjuge le titré usurpé à un parti déjà existant et se voit affecter le troisième courant de pensée marxiste-léniniste. Après avoir confisqué au profit de son parti l'étiquette « socialiste », Senghor boucle le verrou constitutionnel et déclare hors-la-loi toute tentative supplémentaire de créer un nouveau parti ou syndicat.
Durant toute cette période, Cheikh Anta Diop fait de la libération de Mamadou Dia un préalable à la formation d'un nouveau parti politique. Dès que Dia et ses amis sont libérés, Cheikh Anta les saisit du projet de création d'un nouveau parti politique. Devant les échecs successifs antérieurs de fronts politiques artificiels parce que laissant aux parties impliquées l'entière autonomie de leurs actions et de leur programme politique, Cheikh Anta et ses compagnons optent pour un parti de type monolithique dont les décisions engageraient toutes les parties qui en sont membres. A ses yeux, c'est à peu près la seule façon d'être sûr que, cédant une partie non négligeable de leur souveraineté et de leurs prérogatives, les partis et les personnalités politiques se verraient obligés d'œuvrer à la construction d'un véritable front de salut national ou, le cas échéant, d'être discrédités politiquement aux yeux des masses.
Devant les hésitations de Mamadou Dia qui crée entre temps une Internationale Africaine des Forces pour le Développement, sorte de firme de consultation à caractère régional, et devant le scepticisme ou les arrière-pensées politiques de partis encore confinés dans l'esprit de clandestinité prononcé ou le dogmatisme petit-bourgeois, Cheikh Anta Diop rend publique en février 1976 la création du Rassemblement National Démocratique (RND). Le Secrétariat Politique du RND est composé de sept membres prudemment choisis afin de refléter de façon satisfaisante les différentes composantes sociales et politiques du parti.
Anciens membres du BMS et du FNS se retrouvent dans les structures de direction et de base avec d'anciens membres dirigeants du Parti Africain de l'indépendance avant la scission intervenue dans ce parti en 1963, avec des sans-partis et de nombreux jeunes désabusés par l'activisme petit-bourgeois et sans conséquence des petits groupuscules marxisants très sectaires qui foisonnent alors dans les centres urbains.
Devant la pression politique ouverte du RND qui se refuse à la clandestinité ou à inscrire son action dans la mince marge de manœuvre à peine consentie par le pouvoir, Senghor est acculé et tente de déplacer la contradiction qui l'oppose à ce parti du niveau juridico-politique et constitutionnel au point de vue du dénigrement systématique et de la tentative de faire croire à l'opinion nationale et internationale que Cheikh Anta Diop est mû par des ambitions personnelles. C'est le temps des accusations contre une opposition prétendument "crypto-personnelle" qui jouit pourtant d'un immense capital de confiance auprès des masses sénégalaises.
La Grande Niaye, cette belle dame, victime d’un viol collectif, a pris une grossesse. L’échographie a révélé qu’elle a un problème de respiration parce que Dakar l’étouffe avec ses déchets qui font des décès sans qu’on ne le sache.
La Grande Niaye, cette belle dame, victime d’un viol collectif, a pris une grossesse. L’échographie a révélé qu’elle a un problème de respiration parce que Dakar l’étouffe avec ses déchets qui font des décès sans qu’on ne le sache. Elle est agressée par la pollution, les gourmands de la terre. Si elle accouche, ce sera une catastrophe écologique. Logique. Il faut donc sauver Technopole au nom des générations futures. Tiens, on oublie que notre temps est toujours au présent. Voilà pourquoi on est dépassé.
Par Moussa DIAW
LA PEUR DE PERDRE LE POUVOIR
Aujourd’hui, le Sénégal, qui a été une vitrine de la démocratie en Afrique, se trouve dans une situation délicate, exigeant un sursaut national pour sortir de cette impasse politico-judiciaire.
Dans la perspective de l’élection présidentielle du 25 février 2024, le paysage politique sénégalais est marqué par l’effervescence à la hauteur des enjeux de cette compétition électorale et des rapports de force qui émergent configurant le schéma de cet espace de confrontation politique. On s’attendait à des débats d’idées autour de programmes, proposés par les candidats à cette fonction suprême. Malheureusement, le spectacle récent au sein de la scène politique ne rassure pas sur la suite du processus électoral pour un climat apaisé, gage de l’organisation d’une élection libre, inclusive et transparente. La désintégration et les nouvelles nominations de l’institution chargée de de l’organisation et la supervision des élections alimentent les contradictions sur les intentions d’instrumentalisation de ces organes et de contrôler leur fonctionnement, au service d’un candidat désigné. A cela s’ajoutent un imbroglio juridique autour de la dissolution du principal parti d’opposition (PASTEF), et surtout de la radiation de son leader du fichier électoral et de son incarcération. De plus, la répression s’abat sur toutes les voix discordantes, proches de cette force politique, y compris dans le paysage médiatique. Ces faits sont loin de réduire la tension, ils sont au contraire symptomatiques de dérives autoritaires aggravant les atteintes aux principes et règles de l’Etat de droit et de la démocratie.
A quelques mois de cette échéance, le pays est confronté à de nombreuses incertitudes liées à la cherté de la vie, à l’émigration clandestine qui a brisé le rêve et la vie de beaucoup de jeunes sans espoir, à des options économiques peu pertinentes, et à un climat politique délétère. Face à cette situation, plutôt que de prendre des initiatives et d’instaurer un dialogue constructif de la part d’un président sortant, la majorité a fait preuve de manque d’imagination politique innovante, en misant sur le bilan alors que les Sénégalais ont besoin de changement d’hommes et de politique. Les dysfonctionnements en matière de gouvernance et l’indifférence affichée par les autorités sur le sort des migrants ont creusé le fossé entre les gouvernants et les citoyens dans leur majorité. La stratégie de dénigrement des opposants n’a pas produit les effets escomptés, et la fin de règne non préparée installe un climat de psychose qui se traduit par un isolement du président sortant et la référence à un discours belliqueux et vindicatif, évoquant en substance la non maîtrise des nerfs et l’impasse politique.
COMMENT SORTIR DE CETTE SITUATION DE CRISE ?
Au-delà des criques ouvertes formulées par le président à l’encontre de certains membres de son gouvernement peu enclins à soutenir et clarifier ses diverses réalisations, une introspection s’impose pour que la paix revienne dans les esprits et les cœurs, car c’est l’avenir du Sénégal qui est en jeu et dépasse les ambitions personnelles des uns et des autres. Dans cette voie, le chef de l’Etat pourrait privilégier la recherche de solution pacifique en proposant de rencontrer tous les leaders de l’opposition et surtout libérer les détenus politiques, afin de faciliter les échanges entre les différents acteurs dans un souci d’apaisement et de réconciliation nationale. Cela suppose que le président passe de la logique de guerre à une logique de paix, ce changement de registre en période de tension constitue une vertu pour un homme d’Etat capable de transcender les divergences pour se hisser audessus des contingences politiques ou partisanes au profit de l’intérêt supérieur de la nation
Il est vrai que le président traverse une situation difficile de fin de pouvoir, avec des implications relatives à sa gestion du pouvoir, et de la distanciation de ses partisans qui semblent être animés par le phénomène de la « transhumance », ressenti comme tel dans les pratiques politiques. Alors, la société civile, qui est un levier important de la démocratie et de l’Etat de droit, remplirait un rôle de facilitateur entre les différentes parties dans ce contexte particulier où son action est salvatrice dans une dynamique de paix sans sous – estimer les contraintes de l’environnement socio-politique. D’autres bonnes volontés pourraient s’y adjoindre à partir du moment où le calendrier électoral est serré, nul doute que le président sortant ne récusera aucune action allant dans le sens de la paix, au regard de la lecture de ses propos tenus dans l’hebdomadaire jeune Afrique. Des consultations préalables s’avèrent nécessaires, compte tenu de la complexité de la situation et des enjeux, mais tout reste possible pour soutenir un président qui en éprouve le besoin d’autant qu’il ne se gêne pas d’évoquer sa situation de gestion solitaire du pouvoir devant une crise politique inédite pour laquelle il aurait besoin de la mobilisation de toutes les ressources afin de quitter le pouvoir sans encombre. Aujourd’hui, le Sénégal, qui a été une vitrine de la démocratie en Afrique, se trouve dans une situation délicate, exigeant un sursaut national pour sortir de cette impasse politico-judiciaire.
par Amadou Sarr Diop
LE MBEUKMI OU L’ILLUSION D’UN AILLEURS SUBLIME
EXCLUSIF SENEPLUS - Même si les facteurs économiques peuvent être considérés comme prépondérants, ils ne sauraient expliquer à eux seuls la dynamique migratoire ambiante avec ses milliers de morts sur la route de l’aventure
Le flux migratoire en Afrique a connu une ampleur inédite pour deux raisons essentielles. D’une part, les pays du continent noir, en particulier ceux du Sud du Sahara, se trouvent être confrontés à des crises économiques structurelles et à de multiples problèmes sociaux et politiques qui favorisent, au niveau de la variable jeune, une tendance généralisée à la mobilité. D’autre part, nous assistons, sous l’effet de la mondialisation et des nouvelles technologies de l’information, à une compression du temps et de l’espace dans le système international, de nature à rendre plus faciles les mouvements de population. Ce flux migratoire est diversement interprété. La singularité des contextes, la pluralité des variables mises en évidence et la complexité des mécanismes qui sous-tendent les prises de décision de l’acte migratoire, au niveau individuel comme au niveau communautaire, expliquent les différences d’approche dans l’analyse des déterminants.
De toutes les postures, celle axée sur la pauvreté et l’absence d’activités génératrices de revenus ou encore sur l’échec des politiques de développement, est la plus privilégiée dans l’approche du phénomène migratoire. Une telle grille d’analyse peut être pertinente si elle se démarque de la rhétorique populiste politicienne qui donne une fausse lecture du phénomène pour des raisons de manipulation politique. Même si les facteurs économiques peuvent être considérés comme prépondérants, ils ne sauraient expliquer à eux seuls la dynamique migratoire ambiante avec ses milliers de morts sur la route de l’aventure. S’en tenir à ces variables économiques ou se focaliser sur le caractère aventurier des dynamiques migratoires relève d’une méconnaissance de la complexité des mécanismes qui sous-tendent la prise de décision de l’acte migratoire et de l’environnement socioculturel dans lequel la décision de migrer est prise. Il y a un ensemble de dynamiques culturelles complexes à l’œuvre dans cet univers de mobilité permanente au niveau des jeunes.
L’objet de notre propos est une invite à approcher le phénomène migratoire au Sénégal par une grille de lecture qui recadre les arguments de passion pour une prise en compte des déterminations multiples qui poussent les jeunes à risquer leur vie. La situation est très préoccupante pour exiger des réflexions sérieuses sur un phénomène devenu dramatique. Il faut éviter de se limitera à l’analyse du facteur économique et partir d’un faisceau convergent de déterminants multi variés afin de mieux saisir, au prisme de la causalité multifactorielle, le phénomène migratoire.
Le choix d’un tel modèle d’approche vise à montrer comment à partir des constructions identitaires naissent des formes de solidarité sur lesquelles se développent des types de réseaux villageois, confrériques, ethniques, familiaux, qui contribuent à favoriser et à faciliter l’émigration dont les retombées se traduisent par des formes de solidarité communautaires, en raison d’investissement associatifs qui ont leurs impacts réels dans les dynamiques sociales en cours dans les familles concernées. Notre hypothèse présume que les déterminants sociologiques sont aussi prépondérants que l’argument de la pauvreté supposée être la raison du départ de la plupart des jeunes sénégalais vers l’Europe et les USA.
Deux regards, apparemment contradictoires, se dessinent dans les paradigmes interprétatifs du phénomène : l’absence de perspectives, du fait de la crise du travail, et le goût aventurier de l’acte migratoire.
L’approche centrée sur le caractère “aventurier” de l’acte migratoire part de l’argument des motivations individuelles, pour ne pas dire le gout de l’aventure, comme facteur de migration, surtout pour la jeunesse qui pense l’aventure comme une sorte de passage obligé pour préparer la vie adulte. Une telle approche relègue au second plan les facteurs économiques ainsi que les déterminants collectifs sous-tendus par les logiques d’appartenance communautaire. Si le rêve de découvrir l’Eldorado est motivé par l’espoir de faire vite fortune pour un retour triomphal, le gout de l’aventure n’est qu’une dimension mineure dans l’acte migratoire. Derrière la motivation à vouloir sortir de l’immobilisme, de « la retraite forcée » sans avoir droit au travail, selon l’expression utilisée par certains jeunes sénégalais pour se plaindre de leur situation, les migrants qui ont opté pour « le mbëek mi » considèrent que l’aventure n’a de sens que si elle a pour finalité un retour prometteur. En dehors du fait que la migration clandestine se conjugue avec le risque, le « mbëek mi » est un défi a la vie inactive, réussir ou mourir, « barça ou barsakh ». Il correspond à la fois au recours à une logique suicidaire et à une prise de risque bien calculée pour sortir de la situation de dénuement à laquelle sont confrontés les jeunes dans un contexte de faillite économique et politique de l’Etat postcolonial. Pour les partisans du départ : « partout ailleurs, ce sera mieux qu’ici ». Il y a donc une idéalisation, une sublimation de l’Ailleurs (l’Eldorado) pour échapper au vécu pénible d’un Ici, considéré comme l’univers du manque.
Au demeurant, l’idéalisation de l’Eldorado dans l’imaginaire du candidat à la migration est générée par le mythe du migrant de retour. A leur retour, les migrants sont vus comme des modèles de réussite où ils jouissent d’une très grande considération. L’image de la réussite sociale qu’ils affichent fait qu’ils sont considérés comme ceux qui incarnent le mieux la réussite sociale. Le mythe de l’émigré est donc un facteur incitateur d’ordre socio psychologique qui a beaucoup contribué à développer le désir de partir, quitte même à y laisser sa vie. Socialisés dans l’éthique « ceddo » ou la réussite sociale est synonyme de courage, de persévérance, les jeunes wolof ou haal pulaar ou soninke ont toujours à l’esprit l’adage qui postule qu’« il vaut mieux mourir loin que vivre pauvre chez soi ». L’aventure n’est que seulement le goût de la découverte de l’autre, elle signifie ici la confiance en soi, l’obligation de réussite pour revendiquer parmi les siens le respect et l’estime. Dans une société pervertie par des anti-valeurs dont le socle est la réussite à tout prix, où l’apparaitre a prévalu au détriment de l’éthique existentielle, l’avoir devient par conséquent ce qui conditionne l’être, parce qu’il est source de respect et de considération dans une société en perte de repères.
Il y a, en définitive, des enjeux d’ordre sociologique du phénomène migratoire qui prennent sens avec le phénomène du vide social qui encadre l’univers de vie des jeunes sénégalais. En nous inspirant de la tripartition élaborée par Foucault, nous entendons par vide social un vécu qui touche la racine de l’existence humaine saisie dans ses trois dimensions : celles de la survie, du bien-être et du droit à la citoyenneté. La notion de vide social, que nous empruntons aux sociologues de l’école de Chicago, vise à procéder à une objectivation de la situation des jeunes, confrontés à une double préoccupation : celle de l’angoisse des lendemains incertains et la précarité vécue dans l’univers familial où la survie au quotidien devient le signe révélateur d’un vécu dévalorisant. Il s’agit en fait d’une situation de crise existentielle que le sociologique Bourdieu appelle « la misère de position » à laquelle la jeunesse est confrontée. Ce drame existentiel, qui relève à la fois de l’absence de travail et du futur des incertitudes, renseigne sur l’ampleur du phénomène migratoire.
En définitive, la responsabilité du phénomène migratoire est une responsabilité sociétale qui ne saurait se limiter aux échecs des politiques publiques. Il y a une part de responsabilité des familles et de la société qui exercent une véritable pression sur les jeunes. La faillite de la socialisation par l’école et les familles, la volonté d’échapper aux contraintes sociales, le mythe du modou-modou et la fonction de réinvention identitaire et de promotion sociale que joue l’acte migratoire pour certaines couches sociales confinées dans une position d’infériorité, du fait de la précarité, sont des facteurs qui déterminent l’émigration risquée chez les jeunes. On ne saurait aussi occulter la réalité d’un monde, sous l’effet magique des nouvelles technologies de l’information, qui produit l’image d’un miroir aux alouettes où l’Eldorado est sublimé. L’Amérique est si proche et si loin, pour faire faire rêver une jeunesse qui n’a plus d’espérance pour son devenir.
Ceux qui ont la responsabilité de gouverner ce pays devraient repenser la gouvernance politique et économique pour engager des réformes qui, au-delà de leurs effets sur la question de l’emploi, redonnent espoir à la jeunesse. Il faut que les jeunes soient rassurés, au-delà des difficultés du moment, que l’avenir est plus vrai que le présent.
Professeur Amadou Sarr Diop est sociologue, enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop.
par Jean Pierre Corréa
CHRONIQUE D'UNE CERTAINE IDÉE DE LA SÉMANTIQUE
Escroc ? Parler de la sorte à une partie de ses concitoyens est une faute morale pour un président. Il peut traiter n’importe qui d'escroc, mais qualifier d'escroc le moindre ministre passé du Ndiaga Ndiaye à la Bentley, c'est le mandat de dépôt
"J'ai la prétention de ne pas être aimé par tout le monde, parce que cela signifierait qu'on est aimé par n'importa qui"- Sacha Guitry
Préambule : Flash-back sur un moment bascule de notre rapport aux hommes politiques. Le Grand Jury de RFM en 2005... Invité Idrissa Seck au faîte de sa popularité. L'homme est agile et se fait brillant client face à un Mamadou Ibra Kane plus piégeux que jamais. Il narre son enfance à Thiès, raconte les arachides de sa maman à la porte de l'école, les toitures ouvertes aux trombes pluviales d'hivernages redoutés, nous vante sa combativité, à la limite de l'opiniâtreté, ne cache rien de l'ambition qui l'a toujours habité, genre "moi, président ou rien", affine le décor qui va accueillir les propos qu'il est venu y délivrer, ébauche le contentieux avec son ex-mentor Abdoulaye Wade, et attend la question dont la réponse est bâtie pour tisser ce lien avec ses compatriotes, qui adorent écouter cet homme qui a fait de la rhétorique un art politique.
Mamadou Ibra Kane se mue en Zidane de l'interview et lui demande un tantinet goguenard : "D'où tenez-vous votre fortune ?" Tendu comme Usain Bolt dans ses starting-blocks, il délivre une sidérante réponse : " Je tiens ma fortune des fonds politiques dans lesquels j'ai puisé. J'aurais pu en faire des papillotes, y mettre le feu, mais j'ai fait avec ce que le Coran me recommande de faire, en faire profiter les pauvres et les nécessiteux"... Un ange passe... Les émotifs crient à l'erreur de communication, mais en fait la démarche confine au génie politique.
S'il avait dit après son story-telling à La Zola, qu'il n'avait pas touché à un fifrelin des milliards que Wade lui avait confiés, l'ensemble des Sénégalais auraient crié "mais ki moy dof"... Mais là, enrobé dans l'extinction du soleil qui protège son larcin, son discours en fait un rusé, un Robin des Bois, un Yadikone 2.0, et instaure la norme du politicien milliardaire, dont la seule exigence qui lui est faite, est qu'il soit partageur. "Aka tabé"...Tout est donc question de sémantique...
Un président ne devrait pas dire ça
Un président de la République ne doit pas s'emporter aussi facilement encore moins utiliser de gros mots en public. Voilà un président dont on disait en 2012 qu'il était humble, poli et peu bavard. En 2023, douze après, il est devenu querelleur, très bavard et surtout à la limite de l'arrogance et de l'amertume, alors qu'à trois mois de "la quille", il devrait plutôt être plus détendu du cortex, faire la sourde oreille, fermer les yeux, esquiver, et au final en sortir plus grandi.
« Escrocs » ?. Dixit celui qui avait dit que Wade lui aurait offert huit milliards... Voilà comment le président Macky Sall a qualifié Pierre Atepa Goudiaby et ses camarades du « Collectif des cadres casamançais ». Des mots très forts qui ont suscité l’indignation chez nombre de nos concitoyens.
Un des problèmes de notre pays réside dans le fait que le président peut traiter n’importe qui d'escroc, mais lorsque vous vous aventurez à traiter d'escroc, le moindre ministre passé du Ndiaga Ndiaye à la Bentley, c'est le mandat de dépôt assuré. Les propos tenus par le chef de l'État à l'endroit du sémillant architecte, d'ancienne et d'universelle renommée, sont d'une violence verbale terrible, et c'est regrettable.
Parler de la sorte à une partie de "ses" concitoyens est une faute morale pour un président de la République. Osons espérer que les propos du chef de l’Etat relèvent plutôt d’une réaction émotionnelle, due à une nuit agitée ou contrariante. Escroc ? Il y a un sérieux problème de sémantique entre celui qui a annonce lui même en 2012 un patrimoine de sept millards pour n'avoir occupé que des fonctions publiques au gouvernement et Atepa qui a fait sa fortune en tant qu'entrepreneur privé par la sueur de son front, au gré de son talent, au Sénégal et ailleurs...Cherchez l'escroc ?
Ce pays marche sur la tête et offre à nos neurones pétrifiés le spectacle d'hommes au CV de "faux-lions", comme un célèbre Bougazelli, n'ayant jamais donné le moindre de leurs francs à leur pays, caricatures éhontées de notre personnel politique, bombardés députés, émargeant à plusieurs millions de francs, logés, véhiculés, gas-oilisés, et qui toute honte bue, fabriquent sans frémir des milliards de faux-billets, trafiquent des faux passeports diplomatiques, et continuent d'être des convives assidus aux ndogus républicains, pour amuser la galerie.
Si Atepa est un escroc, comme le dit Macky Sall, pourquoi ne pas l'emprisonner ? A-t-on emprisonné les moins que rien, sortis de nulle part, devenus milliardaires en 12 ans ? Atepa a travaillé pour avoir ce qu'il a et être ce qu'il est. Il faut que l'on apprenne à se respecter. Un véritable leader doit avoir de la tenue en public, et "savoir s'empêcher".
Ou alors Macky Sall donne le ton d'une campagne électorale qui, à défaut de proposer un vrai débat comme le méritent des Sénégalais aux espoirs chahutés par l'indigence d'une caste politicienne atone et aphone, va nous offrir un "barnum politique" digne des bagarres de borne-fontaines. Concorde nationale ? Plan Sénégal Énervant ? Ou escroquerie politique ? Homme politique ou homme d'État ? Nous avons définitivement un problème de sémantique.
Par Mamadou Ndiaye
INDOLENCES
Tirailleurs par-ci, émigrés par-là ! Qu’y a-t-il de commun entre les deux ? À première vue, rien. L’exercice de rapprochement des deux réalités historiques s’avère risqué, périlleux voire osé.
Tirailleurs par-ci, émigrés par-là ! Qu’y a-t-il de commun entre les deux ? À première vue, rien. L’exercice de rapprochement des deux réalités historiques s’avère risqué, périlleux voire osé. Il peut même choquer au regard des dimensions qu’elles recouvrent. Les premiers sont partis sauver une patrie qui n’était pas la leur.
Jeunes, sans repères géographiques, n’ayant que leur témérité en bandoulière, ils ont débarqué en Europe dans les tranchées et affronté l’ogre allemand au grand étonnement des « poilus » français qui ont loué leur bravoure, leur farouche résistance, leur résilience au froid, aux intempéries et aux assauts de l’ennemi.
À l’arrivée, mission victorieuse des Alliés et cuisante défaite infligée aux forces de l’Axe. Ils furent très vite oubliés et, non payés de retour, ils se sentent trahis pour se morfondre à attendre meilleur jour. Paris nie leurs sacrifices. Et s’emmêle les pinceaux par des manœuvres dilatoires pour différer la reconnaissance et les indemnités dues à ces braves tirailleurs sénégalais, tous disparus aujourd’hui.
La commisération posthume ne dilue pas l’impie. Ce chapitre n’est pas clos voilà qu’un autre drame occupe les esprits. Des bras valides quittent par vagues successives le continent avec l’espoir de gagner les « beaux rivages » de l’Europe. Peu importe comment, l’essentiel est d’arriver à bon port. Piteux moyens de fortune par lesquels ces forces vives, transformées en forcenés, bravent comme des forçats des mers et des océans au péril de leur vie, dans une indifférence quasi cynique.
Ici, insouciance et inconscience se télescopent dans un indescriptible fracas au mépris des règles de bon sens. Pourquoi cet appel du large a une si forte résonnance ? Qu’espèrent-ils obtenir pour prix de cette ostentatoire bravade ? En quoi le discours qui les incite à s’en aller est-il supérieur à celui censé les retenir ? Perdent-ils foi en leur pays ? Si oui, quelle offre les séduit à ce point ?
Ils le savent certainement : « partir c’est mourir un peu. » Chez eux, le départ est synonyme de salut face au chaos social qui les inhibe en les enfermant dans un ruineux enclos. Les drames au large contrastent cependant avec l’insouciance d’une jeunesse indolente, moribonde et qui n’assouvit ses pulsions que dans les décibels à longueur d’année.
De Dakar à Kinshasa, de Lomé à Accra, de Johannesburg à Nairobi, la conscience est assoupie par une indicible indolence ? Petit à petit, l’Afrique glisse vers l’inconnu. Hélas. Un cynisme envahit les cœurs par l’effet répétitif des tragédies. L’opinion s’épuise à se scandaliser des scènes chaotiques que la décence interdit de rapporter au détail près.
Voyons-nous ce qui pourrait advenir ? Les jeunes désertent le continent non pas par conviction mais par dépit en vitupérant contre l’ordre établi. Il ne sert à rien de manipuler leur colère par un saupoudrage indigeste. L’Afrique, un endroit sans espoir ? Honni soit qui mal y pense ! Ne riez pas chers chevaliers…
Un mal profond ronge le continent à mesure que s’appauvrissent les Africains endormis par un soporifique plaidoyer en faveur de lendemains qui chantent. Si telle est la perspective qui se dessine, que vaut le présent alors ? Pourquoi songer à demain quand tout périclite sous nos yeux ?
De partout viennent des Samaritains prêts à pronostiquer une Afrique exubérante tandis que la paupérisation rampante assombrit l’aurore boréale annoncée. La lueur viendrait des peuples et de leurs éclaireurs décidés à écourter le supplice du collier. Le tableau noir des migrations cache une tragédie qui secoue les consciences, ravive les douleurs et remue le couteau dans la plaie.
Les émigrés, comparables aux « boat people » des années 70 en Asie, justifient leur quête d’ailleurs par un ardent désir de se réaliser en sortant ou en éloignant les familles de la pauvreté et du dénuement. Utile précision : les Asiatiques fuyaient les pogroms avec l’envie de sauver les générations futures en leur assurant la meilleure éducation qui soit.
Les Africains qui émigrent voient dans l’aventure sous d’autres cieux la seule alternative à leur sort misérable. Ils pensent pouvoir s’accomplir et s’épanouir en échappant aux imposteurs et aux odeurs acres de démocraties tropicales qui ont jauni. Au-delà des raisons sociales et économiques, ce « pied de nez » aux pouvoirs a valeur d’avertissement avec un sens politique aigu.
Les régressions frisent des incompétences qui ne se conçoivent guère dans la durée. Les potentats perdent toute raison et n’entendent plus les cris des citoyens. Plutôt s’accrochent-ils aux rentes de situation et aux… privilèges. Des prédateurs. Les classes moyennes se taisent.
Elles disparaissent progressivement par des tentative abouties de dépossession et surtout à cause d’une chute vertigineuse des revenus, donc de pouvoir d’achat face à une conjoncture globalement inflationniste. Si elle ne se ressaisit, elle sera rayée de la cartes des dynamiques sociétales.
Le fait majeur : l’Opinion mène une bataille d’opinion contre les détenteurs de leviers de pouvoirs qui ne consentent guère à lâcher du lest que contraints et forcés sous la pression de la rue et des contrepouvoirs. Un plus grand nombre de jeunes Africains dépeignent la démocratie comme un piège voire une habileté à tromper les citoyens considérés comme des foules irréfléchies n’accomplissant que des actes pavloviens.
Il est de plus en plus admis que les pouvoirs ne répondent plus aux angoisses. Les turbulences découlent de ces impuissances constatées mais qui ne s’avouent pas. Pour qui joue le temps ? D’aucuns considèrent que la disproportion des forces est gigantesque. La saturation pousse à l’indifférence qui s’observe dans nos sociétés écrasées par les tabous et les rigidités.
Le sort des damnés de la mer n’émeut plus grand monde. Quel gouvernement ose ignorer ce bouleversant désordre, symptôme d’un déclin qui se faufile ?
Ailleurs qu’en Afrique, le continent est perçu comme un réservoir inépuisable de forces, Pourra-t-on, un jour, mesurer les effets réels de ces coûteuses expéditions ? Les récits glaçants des rescapés nous interpellent sur les avatars de ces périlleuses odyssées avec ces vents violents, ces profondeurs marines sans fonds et ces houles indescriptibles en pleine nuit et sans boussole !
Des politiques prétendent à plus de représentativité. On peut le leur concéder. A eux donc de se montrer plus constructifs dans l’amorce de solutions heureuses. D’aucuns ne perçoivent dans ces traumatismes que l’aspect émotionnel. Au-delà, la question nous renvoie à nos incompétences masquées par le brouillard d’initiatives plus pompeuses et brouillonnes que porteuses d’espérance.
Le monde regarde, amusé, l’Afrique qui se débat sans certitude de couler des moments de tranquillité. Pourra-t-elle revenir dans le jeu en se présentant sous une facette plus valorisante ?
Par Hamidou ANNE
FAUDA, UNE FICTION DEPASSEE PAR LA REALITE
Ayant, en ce moment, beaucoup de temps à remplir par des activités peu coûteuses en énergie, je visionne la série israélienne Fauda (le chaos en arabe).
Ayant, en ce moment, beaucoup de temps à remplir par des activités peu coûteuses en énergie, je visionne la série israélienne Fauda (le chaos en arabe). Sur deux des quatre saisons, on y suit une unité des forces spéciales israéliennes chargée de s’infiltrer dans les Territoires occupés pour traquer des militants des divers groupes armés palestiniens, notamment le Hamas. S’ils ont eu un jour une volonté d’objectivité, les auteurs de la série l’ont ratée compte tenu de la peinture des personnages tout au long des épisodes qui se déroulent entre la Cisjordanie, Gaza et des villes et colonies israéliennes. En effet, si les membres du Mista’arvim, tous parfaitement arabophones, sont des brutes capables des pires méthodes (tortures, meurtres de sang froid de civils, etc.) seuls les Palestiniens dans la série sont jugés en méchants, lâches sans foi ni loi et surtout en traîtres qui collaborent avec «l’ennemi» pour sauver leur vie. Souvent en vain.
L’art nous éclaire toujours dans notre volonté de mieux sonder les complexités de notre monde. Il nous offre ici des clefs de compréhension non pas sur les dynamiques confuses dans le conflit israélo-palestinien mais sur la manière dont le gouvernement israélien, à travers son armée, regarde les Palestiniens et fait peu cas de leur existence.
Au regard des images qui défilent sur nos écrans et des récits de diverses sources sur la situation à Gaza depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas, on peut constater que la réalité du massacre dépasse la fiction de la série Fauda. Il y a une haine que les Palestiniens inspirent et qui justifie pour certains responsables de haut rang israéliens la volonté d’une épuration, d’un effacement pur et simple. Il faut dire que certains propos relèvent d’une intention génocidaire. Le Président israélien, Isaac Herzog, refuse de considérer qu’il y a d’un côté des civils et de l’autre des combattants du Hamas à Gaza. Dans la bande, il fait de chaque âme -les enfants y compris – une cible.
Netanyahu, lui, dans un accent eschatologique, évoque une guerre du peuple de la lumière (les Israéliens) contre le peuple des ténèbres (les Palestiniens). Yoav Gallant, ministre de la Défense, a très tôt qualifié les Palestiniens d’«animaux». Ben Gvir, ministre de l’Intérieur, délivre des armes à des milliers de colons en Cisjordanie et appelle à effacer purement et simplement les Palestiniens sans distinction. Giora Eiland, Général israélien à la retraite, dans une tribune au journal Yediot Aharonot, appelle de ses vœux le déclenchement d’une épidémie dans le sud de Gaza qui, selon lui, aura le mérite «d’accélérer leur victoire». Dans un tweet du dimanche 19 novembre, le ministre des Finances de l’Etat hébreu le soutient : «Je suis d’accord avec chaque mot de Giora Eiland dans cette chronique.» Un ministre, Amichai Eliyahu, appelle au largage d’une bombe atomique à Gaza, tandis que Galit Distel, députée du Likoud et ancienne ministre, appelle à «effacer Gaza de la surface de la terre» et traite les Palestiniens de Cisjordanie de «nazis».
La mort est semée dans Gaza avec une brutalité et une absence de toute mesure, sans omettre les violations massives par Israël des lois de la guerre. Israël est une démocratie certes, et la démocratie ne peut s’affranchir des lois et règles qui régissent les Etats, même quand ils sont en conflit. Les bombardements d’écoles et d’ambulances et les invasions d’hôpitaux, les coupures d’électricité, d’eau et de gaz touchent en premier les populations civiles qui meurent soit dans les raids aériens, soit à petit feu devant l’impuissance des médecins dont beaucoup ont été aussi tués dans les attaques indiscriminées de l’Armée israélienne.
Le gouvernement d’extrême-droite qui dirige Israël fait peu cas de la vie des Palestiniens. Son intention de détruire toute possibilité de vie sur l’enclave et sa volonté de faire le maximum de victimes civiles dont les femmes et les enfants, sont visibles sur le terrain. Et ce en dépit des condamnations et critiques qui émanent de diverses voix de la scène internationale, qu’elles soient de l’Onu, de l’Unrwa, des Ong comme Médecins du monde, etc.
Dans Fauda comme dans la réalité, quelque chose est remarquable : l’étiquette terroriste accolée aux Palestiniens de Cisjordanie ou de Gaza, comme une malédiction qu’ils portent. Ceci, dans la série, met sur le dos de chaque Palestinien une cible qui légitime son enlèvement, son interrogation musclée, sa torture et parfois son meurtre en dehors de tout cadre légal. Comme si un droit spécial régissait les relations entre cette unité des forces spéciales et les Palestiniens, combattant ou civils, hommes ou femmes.
Un personnage complexe traverse les épisodes de la série comme une ombre étrange. C’est celle du capitaine Ayoub dont l’amour immodéré pour ses enfants est proportionnel à la violence physique et morale qu’il exerce sur les Palestiniens arrêtés, interrogés et torturés parfois jusqu’à ce que mort s’ensuive. Il travaille en étroite collaboration avec Abu Maher, détenu 17 ans durant dans les geôles israéliennes et devenu chef de la sécurité préventive palestinienne. Ayoub dit beaucoup du rapport que le gouvernement israélien actuel entretient avec les Palestiniens.
Pendant ce temps, la vie continue, plus tragique que la fiction. Matan Meir, un producteur de Fauda, est mort en combattant à Gaza, où les massacres se poursuivent malgré les appels au cessez-le-feu partout dans le monde. Les colons israéliens en Cisjordanie chassent, brutalisent et tuent des civils palestiniens. L’objectif clairement visé est d’annihiler toute possibilité d’un Etat palestinien par l’imposition de la terreur. Dans la série Fauda, comme dans la réalité, la vie des Palestiniens ne compte pas. Chaque jour à Gaza et en Cisjordanie, des intellectuels, des journalistes, des artistes, des poètes, des romanciers, des médecins meurent devant l’indifférence et la complicité de grandes puissances qui, pourtant, se disent soucieux de démocratie, de liberté et d’humanisme. Au lendemain du 7 octobre, les manifestations de soutien inconditionnel à un gouvernement israélien d’extrême-droite ont fusé des capitales d’Europe et d’Amérique. Il s’agissait d’un permis de tuer brandi à Netanyahu qui n’en demandait pas tant et pour qui les vies palestiniennes n’ont aucune valeur. Aujourd’hui, devant l’ampleur du massacre en cours, certaines consciences sont opprimées car elles mesurent leur responsabilité devant ces atrocités d’une barbarie innommable et tentent d’opérer un virage hélas tardif. Une chose relève pourtant de l’évidence : le premier pas vers la paix est d’accepter que le Peuple palestinien ne va ni se résigner à accepter l’Occupation ni s’évaporer.