SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 novembre 2024
Opinions
par Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye
MALAANUM LËNDËM, UN LIVRE-TESTAMENT
Boubacar Boris Diop qui, à travers Murambi (Prix Neustadt 2021), a doté l’Humanité d’un lieu de recueillement pour le génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda, a rehaussé, à travers Malaanum lëndëm, la dignité de toutes les langues africaines
J’ai rarement relu un livre autant de fois. Pour faire sa critique, je l’ai longuement contemplé, feuilleté, annoté (au point de le salir). Au plus profond de moi, je sentais un cri, une soif, un besoin vital, de rendre justice à un texte magistral : arrêter le monde entier et glisser dans chaque oreille mon invitation, « il faut lire Malaanum lëndëm ».
Au sens propre comme au figuré, Malaanum lëndëm (1), le troisième roman en wolof de Boubacar Boris Diop, est une affaire de titans. À Ingwini, ville « plus douce que le miel » située au Nigéria, Keebaa Jakite, paysan sénégalais de son état, débarque. Son meilleur ami, le paysan nigérian Jonas Ephrem Akintoye, y a été assassiné il y a un an. Des tas de chair humaine, sa casquette xuun, ont été jetés sous le manguier devant sa maison à Awolowo Street. Sur ce qu’on ne saurait appeler cadavre, il manquait la tête du défunt. Durant deux jours, les mouches ont été les seules créatures à s’approcher de la chair entassée sous le manguier. Même le frère du défunt, Tony Akintoye, n’a pas osé enterrer les restes encore moins se rebeller contre l’auteur du crime, connu de tous.
Chief Moses Abimbola a assassiné Jonas Akintoye. Cette information sonne comme une évidence à Ingwini, où tout le monde savait ce jour inéluctable : même si la rue, avec ses oreilles déjà tendues, ne pouvait se douter que le cri d’Iwoye, qui a découvert à l’aube les tas de chair sous le manguier, allait être aussi déchirant. Milliardaire aux puits de pétrole inépuisables, descendant du dieu Tiyo-Amanze créateur de l’univers selon les croyances d’Ingwini, Abimbola craint un seul homme sur terre : le paysan Jonas Akintoye, son ami d’enfance avec qui il a « lakk ndaamaraas, ëppalante cucu, jëw magi dëkk bi, xool kan moo gën a waŋ ci jongomay Ingwini yi ».
Jonas est coupable d’une lèse-majesté. Ce paysan, rempli de caractère, ne courbe l’échine devant personne. Il prend les prétendus descendants de Tiyo-Amanze comme les bourreaux du peuple. Or, à Ingwini, comment tenir tête à Abimbola et aux siens, même lorsqu’on n’a pas de « tiitukaay » comme Jonas Akintoye ? Surtout quand on est un « baadoolo » de rien du tout, d’une mère vendeuse de dibi et d’un père sagaru nit, Salomon Akintoye, soulard patenté qui faisait caca dans les rues d’Ingwini.
Dans leur jeunesse, Chief Abimbola avait rappelé cela à Jonas. Qui l’avait battu jusqu’à l’étrangler avec son pied, sommant Abimbola d’insulter son prétendu ancêtre divin Tiyo-Amanze, son père Chief Isaac Abimbola et sa mère Mama Wumbi-Oye. Abimbola s’était exécuté et s’était levé en embrassant presque Jonas. Or, « buur du fàtte, du baale, te meram yombul a dékku. » Cette humiliation a hanté Abimbola toute sa vie. Dans ses voyages, à bord de ses deux jets privés, il ramenait toujours de nouveaux outils pour préparer sa revanche : traîner Jonas une corde au cou, le torturer minutieusement à la Pinochet ou à la Franco, enterrer son cadavre sous son bureau pour essuyer ses pieds dessus. Comme Mengistu Haïlé Mariam l’avait fait avec le cadavre de Haïlé Sélassié.
Mama Wumbi-Oye va pousser son fils à passer à l’action. La vieille dame tenait à voir de ses propres yeux la tombe que son fils allait lui offrir. Elle voulait que cette tombe soit construite sur les champs de Jonas Akintoye, dont Abimbola devait s’accaparer. Ces champs devaient être détruits, rasés, pour que s’élèvent les murs de la tombe climatisée de Mama Wumbi-Oye : dans lesquels devaient se trouver 99 écrans plats Samsung brodés d’or, 99 miroirs, une Bugatti Divo, une piscine où Amela Fayemi, actrice Nollywood préférée de l’extravagante dame, devait être la première à se baigner. Comme chez les Baoulé, les Égyptiens ou les Aztèques, un cortège de 99 servants devaient accompagner Mama Wumbi-Oye dans sa rencontre avec Tiyo-Amanze.
Cette tragi-comédie, effrayante et incroyablement drôle, n’a rien de linéaire, de fictif, quand on sait que c’est un Seega Ture âgé de 70 ans, à la vue détériorée, qui dicte ces évènements à une secrétaire, recrutée juste pour écrire ce livre : la malicieuse Asta Balde. Les paroles de Seega Ture, qui est en réalité Keebaa Jakite, sortent après un silence de 30 ans. Ce sont celles d’un homme de grande retenue, fin observateur, direct et parfois cassant. Un homme qui n’a pas encore fait le deuil de son meilleur ami, son doomu-ndey nigérian, ni celui de sa bien-aimée Fànta Sidibe et de sa fille préférée Maymuna Ture. Un homme qui sait que quelque part au Nigéria, à Calabar, la veuve de Jonas, la joviale Deborah Takinide, est internée à l’hôpital psychiatrique. Et que bientôt, bientôt avant qu’il ne soit trop tard, Jonas Junior, né après l’assassinat de son père, viendra à Tànjuraa, près de Kédougou : pour que lui, Seega Ture, accomplisse la toute dernière volonté du gaynde, Jonas Ephrem Akintoye.
Malaanum lëndëm est une poésie de l’amitié, du kóllëre : une poésie de la terre. Le destin, ce livre ouvert rempli de Kumpa, a fait en sorte que deux fils d’Afrique, aux caractères bien trempés, se rencontrent en 1997, à Oslo, au rendez-vous de la honte : au cours duquel le Norvégien Arald Mortesen de Save Africa, « leel ni Ablaay Wàdd ba noppi jiital koll guy watatu », déclarait la guerre à la famine. Jonas et Keebaa se vouent une admiration immédiate, forte, étendue à leurs familles. Hommes à la parole rare et précieuse, ils ne pouvaient plus s’appeler que par gaynde, mbër, jàmbaar. La sincérité érigeant chacun de leurs actes en symbole, ils ont fait de la terre, cette terre de l’Afrique libre, réconciliée à elle-même au-delà des frontières, le berceau de leur amitié :
Jonas da ni ma bès, gis nga, mbër ci man, bànneexu doom-aadama mënuta weesu sol i bot yu gudd, di daagu ca sama biir tool ba ca Ingwini, garab yi wër ma, may gis ni seen doom yi ñore, léeg-léeg am bu ci ne putt daanu ci suff, fàcc, xeeñ bann ! (p. 63)
À Tànjuraa et à Ingwini, partis de rien, renonçant aux études supérieures, à l’émigration ou aux honneurs de travailler dans un xottu biro, affrontant une forêt immense qu’on disait auberge du dieu Tiyo-Amanze, ils ont chacun fini par employer une centaine de jeunes dans leurs champs, à force de gor, ruuj, buub, ji, roose, gub, góob, déqi.
Dëgg la, léeg-léeg xol bi diis, mu xaw a réccu li mu tas yaakaaru ñaari way-juram yi. Gaa, ñu gore lañu woon, séentuwuñu woon ci Keebaa mu am alal, yor leen. Déedéet. Moom kay, na seen doom ji am baat ci réew mi rekk, bu teyee ñu tudde ko ay jàng, bu ëllëgee ñu tudde ko làmb ca Iba Maar Jóob, saa yu delsee Tànjuraa ñu toggal ko "ñamu-Tubaab"... (p. 64)
Mais le devoir de mémoire de Keebaa envers son meilleur ami, sa femme et sa fille préférée l’ont quelque part enfermé dans un dialogue avec la mort. Au point où celle-ci l’a isolé de tout Tànjuraa. Seega Ture, Keebaa Jakite, n’y adresse plus la parole à quelqu’un. Son propre fils, Saalif Ture, jumeau de la défunte Maymuna Ture, est comme un fantôme dans la maison. Saalif Ture est une inexistence, le vide imaginé. Il n’a plus de père, mais seulement un compagnon de route avec qui on ne sait pas ce qu’il a en commun, hormis leur deuil long et silencieux. Pas une fois, les deux hommes ne se sont assis ensemble. Plus d’une fois, l’auteur s’est senti obligé de nous rappeler son nom, sa présence. Keebaa ne semble pas penser à son fils. Et même Asta Balde, la secrétaire, dernière venue dans la vie du vieil homme, le connaît mieux que son propre fils.
La singularité d’Asta Balde explique en partie cet avantage. Outsider, elle se révèle épicentre du récit. Présente, grâce à ses correspondances avec son mari Sidiki Siise, vendeur à la sauvette de caq et de boyetu sigaret à Las Palmas de Gran Canaria, en Espagne. Présente, grâce à sa curiosité irrépressible qui va finir par imposer au distant Seega Ture une relation Maam - Sët. Présente, parce qu’Asta Balde nous fait parvenir la voix lointaine de Boubacar Boris Diop qui nous révèle, avec constance et parcimonie, les coulisses de la création. Malaanum lëndëm est une poésie de l’écriture, de la langue wolof. Tour à tour, l’écriture fait office d’amuseur, de guérisseur, de résurrecteur.
Seetal rekk, Sidiki : ñaari ati lëmm mu may fite may dawal baaraam ci kow Sëñ Mac Intosh. Ngelaw lu romb tuñ yi, ma móol ko, rëdd ay "a", ay "g", ak ay "ñ " walla ay "q" ak i "é" yu dul jéex, lee-lee ma maas ab baatal mbaa ma xëcc benn baatoodi, ñu mujj ràbbaske niy reeni béntéñe, soppi ngelaw li mbindeef muy dund, di noyyi, ku nekk mën cee teg say bët, mën koo raay ndànk, dem sax ba yaakaar ne miin nga Tànjuraa, fii ci Senegaal... (pp. 11 et 252)
Cette déclaration d’amour à la langue n’a rien de surprenant quand l’on croit comme moi que Malaanum lëndëm est le livre le plus personnel, le plus intime, de Boubacar Boris Diop. Je ne puis m’empêcher de penser que dans cette histoire de titans, il n’y a pas que Keebaa Jakite qui exécute ou rédige un testament. Un auteur majeur de la littérature mondiale, depuis sa terre d’Afrique et dans sa langue maternelle, nous confie, avec pudeur et humanisme, sa vision du monde, sa vision de l’écriture. Dans son monde, ngor ak fit sont les seules richesses qui vaillent. Dans son monde, Ngugi Wa Thiong’o, Chinua Achebe, Ousmane Sembène, Rudyard Kipling, Meer Nafisatu Fay aux 9 fils nés aveugles, Jibril Koyta, sont des lanternes. Dans son monde, cette belle compagnie n’arrive pas à le faire nuancer sa conviction la plus profonde :
Dundug doomu-aadama, booy xool bu baax, du dara lu dul ab Téereb-Kumpa. Gaa ñi dañiy soow rekk, ku la ne xam na ndax mala yi dañuy xalaat am déet, day kàcc. Ana kan moo xam lan la nit kuy sukkuraat di xalaat ? Raay bi téen ca Kulikoro, bakkanu saxaar gi daldi fatt !Dof yi rekk la seen xel doy te loolu sax a tax dof yi amuñu xel. (pp. 17, 64, 81 et 175)
C’est ce Kumpa que j’ai essayé d’atténuer, de dissiper, en entamant cette critique. Mais je le sens encore là, présent, lourd comme un remords, un échec : un goût d’inaccompli. J’ai si peu dit de cette œuvre que je crois que j’aurais dû me taire. Entre mes doigts, ma plume tremble, incapable de soutenir le rythme de mon cœur. Je dépose ma plume, avec mon cœur qui me rassure : l’éternité s’est déjà offerte à Malaanum lëndëm. Celui qui, à travers Murambi (Prix Neustadt 2021), a doté l’Humanité d’un lieu de recueillement pour le génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda, a rehaussé, à travers Malaanum lëndëm, la dignité de toutes les langues africaines. L’égale dignité de toutes les langues. En écrivant en wolof ce qui est, selon moi, sa plus belle œuvre.
Malaanum lëndëm, de Boubacar Boris Diop, éd. ÉJO, 262 pages, 6000 Fcfa / 20 euros
Disponibilité au Sénégal :
Whatsapp +221 77 651 68 48
Disponibilité en Europe :
Whatsapp +33 6 46 10 56 00
(1) Malaan signifie littéralement en wolof pagne, voile, linceul.
L’on a vécu les délires de Capitaine Moussa Dadis Camara entre 2008 et 2009. Des Jt de la Rtg comme des procès. Ce putschiste a vendu une utopique Guinée. Ndeketeyo, c’était un dictateur en puissance.
L’on a vécu les délires de Capitaine Moussa Dadis Camara entre 2008 et 2009. Des Jt de la Rtg comme des procès. Ce putschiste a vendu une utopique Guinée. Ndeketeyo, c’était un dictateur en puissance. Encore la leçon du comédien ivoirien Agalawal. Président peut devenir prisonnier. Prisonnier peut devenir Président. Si Dadis a tenté de s’évader après un an (seulement) de détention, les présidents doivent comprendre la douleur d’être envoyé en prison. Et surtout que les autres y sont pour moins grave qu’un massacre. Cette évasion était un autre «Dadis show». Prison neexul si kenn !
Par Cheikh Tidiane FALL
DIANTRE, QU’EST CE QUI NOUS ARRIVE !
Images bouleversantes et insoutenables que celles de ces plages mauritaniennes où des secouristes alignent des sacs mortuaires contenant les cadavres de migrants sénégalais dont les pirogues ont échoué en pleine mer après de longues journées d’errance
Images bouleversantes et insoutenables que celles de ces plages mauritaniennes où des secouristes alignent des sacs mortuaires contenant les cadavres de migrants sénégalais dont les pirogues ont échoué en pleine mer après de longues journées d’errance. Une tragédie de plus qui vient s’empiler dans le long chapelet de naufrages de ces dernières semaines avec ces milliers de personnes qui ne verront jamais l’Espagne, les plus chanceuses étant secourues par les marines espagnole, mauritanienne et sénégalaise, ayant ainsi la vie sauve.
Ces derniers jours, en dehors de l’ampleur de ce phénomène migratoire, on est sidéré de constater qu’il se féminise de plus en plus avec même des femmes enceintes ou portant leurs nourrissons. Sur les plages mauritaniennes au sable fin et immaculé, certains des corps en attente d’être évacués pour être enterrés étaient visiblement ceux d’enfants si l’on se fie à la taille des sacs mortuaires. Des innocents qui ne comprendront jamais ce qui leur est arrivé.
On devine le calvaire de toutes ces personnes en haute mer avant qu’elles ne rendent l’âme. Et cela ne manque pas de rappeler celui des occupants du radeau de la Méduse. En juillet 1816, au large de la Mauritanie, un navire français « La Méduse » s’échoue et le peu de canots de sauvetage disponibles ne permet pas de prendre en charge tous les occupants du navire. Environ 150 naufragés se retrouvèrent ainsi sur un radeau de fortune et vécurent une véritable descente aux enfers. Sans provisions, ils finissent par s’entretuer. Après 13 jours de dérive cauchemardesque, lorsque le radeau est enfin secouru, il ne reste plus que 15 survivants à bord.
La France entière fut bouleversée à l’époque par cette tragédie qui inspirera d’ailleurs au peintre Théodore Géricault son célèbre tableau « Le radeau de la Méduse ». Un naufrage, un seul, et c’est comme si la France était frappée au cœur et traumatisée. On n’a pas l’impression que le choc est de la même dimension chez nous alors que des drames similaires à ceux du radeau de « La Méduse » se multiplient et entrent même dans une certaine banalité.
En voyant ces milliers de personnes qui partent de Kafountine, Mbour, Gandiol, etc., pour affronter les incertitudes de l’océan Atlantique, les autres qui se perdent dans le désert et ceux qui ayant plus de moyens rêvent d’Amérique via l’Espagne puis le Maroc maintenant, le Salvador, le Nicaragua, Boubacar Sèye de l’ONG Horizons sans Frontières a bien raison de parler d’une « jeunesse qui déménage ». L’image est terrible et doit nous interpeller tous.
Entre le manque d’emplois, la pression sociale, le coût élevé de la vie, les difficultés du secteur de la pêche traditionnelle quasi sinistrée, la situation politique faite de grandes incertitudes, etc., il existe un cocktail détonnant avec la perte d’espoir et du rêve d’une vie meilleure. Cela ne saurait cependant justifier ce qui prend les allures d’un vrai suicide collectif avec des candidats à l’émigration sourds à tous les conseils. C’est d’ailleurs effarant de constater que, lors d’interviews de jeunes gens rapatriés après des tentatives ratées, beaucoup d’entre eux affirment avec beaucoup d’aplomb qu’à la première occasion ils repartiraient !
Il est vrai aussi que les fanfaronnades et les célébrations déplacées à travers les réseaux sociaux des rares personnes ayant réussi à passer à travers les mailles des filets n’arrangent pas les choses. Et pourtant, non seulement l’Europe est loin d’être l’eldorado rêvé mais encore ils risquent d’être rapatriés et vivre ainsi un véritable traumatisme psychologique de même que leurs familles.
Face à ce tableau sombre, il me semble que c’est un véritable défi qui est posé à tous les segments du pays compte tenu de la dimension économique, sociale et politique de ce phénomène. Avec au premier plan, une responsabilité des autorités sénégalaises qui ne donnent pas l’impression de traiter cette question de l’émigration irrégulière avec toute l’urgence nécessaire et comme une question prioritaire. C’est comme si elles éprouvaient une gêne à l’aborder frontalement, ce qui mettrait en même temps en exergue l’échec évident de la politique censée répondre au besoin pressant d’emploi des jeunes, aussi bien en zone urbaine que rurale. Et cela malgré les nombreuses agences et projets avec une pluie de milliards dont l’utilisation et l’impact réel nécessiteront un audit pointu pour éviter de continuer à remplir un tonneau des Danaïdes.
Le drame de ces desperados de la mer est si poignant qu’il nous fait passer de l’ambition du «Sénégal Emergent» à la réalité cruelle d’un «Senegal Emergency» avec le retentissant appel au secours d’une génération qui n’accorde plus aucun crédit à sa propre vie faite de tous les manques, de toutes les frustrations et de toutes les galères. L’option du tout répressif est loin d’être la bonne réponse car on n’arrête pas ces grandes vagues de migrants avec ses bras.
Cela sonne comme un cruel désaveu pour un pouvoir qui a manqué l’essentiel consistant à entretenir chez les jeunes Sénégalais une petite flamme d’espoir, même pas de rêve, en l’avenir de leur pays. Le cauchemar mortifère qui se joue sous nos yeux est aussi un sérieux coup de semonce à tous les aspirants à la haute fonction présidentielle. Les discours de campagne et les offres politiques doivent se mettre à la hauteur du péril.
Se taire face à ce drame et opter pour l’indifférence équivaut à ne pas assumer une responsabilité historique. Et s’il y a des assises nationales qui s’imposent, après un scrutin présidentiel sincère et représentatif, c’est bien celles qui doivent porter sur cette massification de l’émigration irrégulière. Personne n’est fier de l’image déplorable qu’offre notre pays au monde ces derniers mois avec cette atmosphère de sauve qui peut. Dans ce contexte, la quête effrénée de parrainages, les combats de lutte, les querelles de familles et de ménages entretenus dans les réseaux sociaux par de soi-disant influenceurs, etc. frisent l’indécence. L’essentiel est ailleurs. C’est l’avenir du pays qui se joue car quand la jeunesse perd espoir, rien de durable ne pourra être bâti.
par Papa Demba THIAM
JE PREFERE LE DIRE ET EN CREVER
Mes amis, il nous faut vraiment aller à nos fenêtres et nous voir passer dans la rue, pour essayer de comprendre ce qui nous arrive de mal depuis tant de siècles
Mes amis, il nous faut vraiment aller à nos fenêtres et nous voir passer dans la rue, pour essayer de comprendre ce qui nous arrive de mal depuis tant de siècles.
Parce que l’Afrique est en soi, un monde de paradoxes où on y dit croire en Dieu, tout en s’adonnant au fétichisme avec ces rebutants gris-gris, amulettes et autres charlatans!
C’est probablement cette persistante incohérence paradigmatique qui explique en partie, le retard du continent sur bien des plans.
C’est aussi ce qui explique les tensions persistantes dont nous sommes l’objet à tout instant : accélérer et freiner en même temps, produit du stress!
C’est impossible d’être intellectuellement et scientifiquement structuré, dans un univers de paradoxes irrationnels qui sont autant de forces d’inertie.
La contrainte pour moi, c’est que je ne peux pas traiter avec quelqu’un qui ne croit pas en l’idée d’un Dieu, tout justement parce que croire en Dieu signifie au minimum, avoir de la morale, de l’éthique et de l’intégrité.
Et puisque croire en l’idée d’un Dieu est explicitement et implicitement incompatible avec la croyance en d’autres forces, rien que de voir et de sentir des gris-gris et autres amulettes, me ferme la porte à toute possibilité d’association durable avec des personnes qui les portent et vivent avec l’esprit du fétichisme, du mythique et du mysticisme.
C’est aussi pourquoi je n’arrive pas à traiter avec la plupart du personnel politique, économique et financier africain, puisqu’elle croit en tellement d’irrationnel, alors que je crois fermement que les solutions à la pauvreté endémique de nos populations doivent faire appel à l’ingénierie et non aux incantations cabalistiques.
Je n’y peux rien, c’est plus fort que moi!
Surtout que j’ai appris à croire que nous ne pouvons pas faire dépendre notre sort d’autres que nous-mêmes. C’est le sens de la responsabilité individuelle et collective que nous enseignent les sociétés civilisées et de progrès.
Et c’est ainsi que j’ai fini par comprendre pourquoi je n’arrive pas à vraiment m’intégrer dans ma propre société d’origine et ce, depuis ma tendre enfance.
Et j’en suis d’autant plus désespéré que j’entends des leaders d’opinion dire en public, qu’il nous faut revenir à l’éducation de notre sens moral et civique, alors qu’eux-mêmes portent des gris-gris et ne pensent que fétichisme!
Il faut s’y résoudre!
Nous avons un sérieux problème épistémologique en Afrique qui explique une misère à laquelle, rien de rationnel ne nous prédispose. Les religions encore moins!
C’est pourquoi certains de nos enfants qui sont allés chercher le savoir ailleurs pour espérer revenir servir leur continent prennent la tangente, lorsqu’ils sont confrontés à l’ambiance de l’irrationnel qui rythme leurs vies.
Par Moussa Ndiacké
LA CONTROVERSE AUTOUR DE LA CENA, LE DOUBLE VISAGE DU FAUX JURIDIQUE !
La controverse est attisée par un expert électoral autoproclamé. La controverse, est-elle digne d’intérêt scientifique ? Bien évidemment que oui, du moins eu égard aux ressorts juridiques qui la sous-tendent
La controverse est attisée par un expert électoral autoproclamé.La controverse, est-elle digne d’intérêt scientifique ? Bien évidemment que oui, du moins eu égard aux ressorts juridiques qui la sous-tendent. A preuve, nous nous interrogerons, d’une part, sur le titre autoproclamé et, d’autre part, sur l’amateurisme projeté.
L’expert électoral, est-il un titre ?
Au risque d’être partout et nulle part ailleurs, la présomptueuse appellation « expert électoral » doit être appréciée à l’aune de notre architecture juridique. A la lecture du droit sénégalais, on se rend bien compte qu’il s’agit sans doute d’une coquetterie professionnelle et un prétexte pour s’immiscer dans les querelles électorales.
Le Code électoral, support pertinent du droit des élections, ne définit pas expressément le titre d’expert électoral. La seule disposition y afférente est le dernier alinéa de l’article 7 de la loi n° 2021-35 du 23 juillet 2021 portant Code électoral, modifiée en des termes qui se lisent ainsi qu’il suit : « Dans l’accomplissement de sa mission, la CENA peut, en cas de besoin, recourir aux services d’experts indépendants ». Cette disposition reprend, à l’identique, celle du dernier alinéa de l’article 4 de la loi n° 2005-07 portant création de la Commission électorale nationale autonome (CENA).
Pour autant, des questions de fond restent en suspens. Quel est le texte qui profile l’expertélectoral ? Quel est le socle de compétences de l’expert électoral ? Quelles sont les conditions à remplir pour prétendre au titre d’expert électoral ? Et comme tout métier noble, quelles sont les dispositionsstatutaires et les exigences déontologiques qui encadrent l’office de l’expert électoral ? Voilà les questions préjudicielles auxquels l’expert autoproclamé est astreint avant de prétendre au privilège sacré de débattre avec la magistrale doctrine en matière électorale.
En vérité, l’expertise est un domaine légalement reconnu mettant ensemble la connaissance et la compétence. Dès lors, le titre « expert électoral » est inconnu de la loi n° 2017-16 du 17 février 2017 portant Ordre national des Expert du Sénégal (ONES).
Plus clairement, l’ONES dont les sections consacrées sont la « Section fiscale », la « Section commerciale », la « Section Cargaison (aérien, maritime et terrestre », la « Section martine, Corps et Machines » la « Section Industrie », la « Section Incendie », la « Section Automobile », la « Section immobilière ». Les sections « expertise comptable » et « commissariat aux comptes » sont désormais régies par une autre loi, à savoir celle n° 2000-05 du 10 janvier 2000. A notre saine connaissance, l’ONES ne compte présentement aucune section dédiée à l’expertise électorale. Tout au plus, des réflexions sont en prospection aux fins d’exploitation des domaines aussi stratégiques que l’Informatique et Réseaux sociaux ou la Commande publique.
A bien vouloir noter qu’au Sénégal, « nul ne peut porter le titre d’Expert ou d’Evaluateur Agréé, ni en exercer la profession, s’il n’est inscrit au Tableau de l’Ordre » (pour consulter la liste des experts, suivre le lien : www.experts-ones.com/tableau-des-experts).
De manière plus complète, l’expert électoral est, aux yeux de la loi et des règlements en vigueur au Sénégal, une simple célébration de soi. En attendant la reconnaissance officielle, il y a lieu donc de se prévaloir du titre neutre de « Consultant électoral » et d’user en toute clandestinité du titre « expert électoral ».
L’électeur, a-t-il un intérêt à agir ?
Contester en justice contre le décret de nomination des nouveaux membres de la CENA ! Tel est le vœu pieu, pour ne pas dire, la témérité d’un expert électoral autoproclamé.
Pour un bon juriste, le prétoire ne doit pas être un lieu de plaisanterie, d’exutoire politique ou de quête de réputation. En particulier, le contentieux électoral est de l’ordre du sérieux qui appelle en amont un calcul d’efficacité de son action. La prévisibilité est l’une des identités remarquables de l’Etat de droit contemporain. Ainsi, la pratique du contentieux administratif n’est ni ne devrait être une question d’agitation médiatique.
Le saviez-vous notre « Cher Ndiaga… » ?
Le droit n’est plus une lecture dénotative des textes. Il est devenu un droit dynamique à la croisée de la lettre des lois, de la parole du juge et de l’intelligence de l’universitaire. C’est sous ce nouveau prisme qu’il faut replacer cette notion. La jurisprudence constitue un terrain d’illustration du vrai sens de l’intérêt à agir.
La doctrine enseigne que l’existence d’un intérêt à agir sur le chemin de l’excès de pouvoir est « déroutante ».
A l’évidence, l’intérêt dont il est question doit être né, actuel, personnel, direct et certain ; que l’intérêt doit éviter un préjudice, mais aussi il doit y avoir un lien suffisant entre ledit préjudice et l’objet des contrats attaqués.
Thiey l’« Expert électoral » ! De quoi souffrez-vous ? Cette question mérite qu’on se la pose car « le recours pour excès de pouvoir n’est ouvert qu’à ceux qui peuvent justifier que l’annulation qu’ils demandent présente pour eux un intérêt personnel, la notion d’intérêt s’entendant comme le droit de ne pas souffrir personnellement de l’illégalité d’un acte administratif » (Cour suprême du Sénégal, Chambre administrative, 13 juin 2019).
A ce stade du processus électoral, il est quasi impossible de prouver, d’une façon ou d’une autre, au juge de l’excès de pouvoir, en l’occurrence la chambre administrative de la Cour suprême, que le requérant anonyme, parce qu’il est simple électeur, qu’il supporte les effets négatifs du décret portant nomination des nouveaux membres de la CENA. En contentieux administratif, l’explication est connue des initiés : « Eviter que le fonctionnement de l’Administration soit perturbé par d’incessants recours et que les jurisprudences soient submergées de contestations ».
Dans un arrêt du 25 août 1993, le Conseil d’Etat sénégalais considère qu’ « en sa seule qualité de candidat aux élections présidentielles et législatives, le requérant ne justifie pas d’un intérêt direct et personnel, lui donnant qualité pour attaquer le décret n° 92-187 [PR du 2 mars 1993 mettant fin aux fonctions de Monsieur Kéba MBAYE, Président du Conseil constitutionnel démissionnaire] Que dès lors le recours formé par le candidat Iba Der THIAM, contre un acte administratif à caractère individuel qui ne fait pas grief, doit être déclaré irrecevable.
C’est également le sens dégagé par l’arrêt du 27 mai 2021 de la Cour suprême du Sénégal : « Considérant qu’en l’espèce, la seule qualité d’électeur du requérant ne sauraitsuffire à fonder son intérêt personnel à poursuivre l’annulation de la nominationdu secrétaire général, dès lors, qu’il n’est ni membre du bureau de la Chambrede commerce, ni candidat au poste mis en compétition et ne justifie d’aucungrief ; Qu’il s’ensuit que l’irrecevabilité est encourue ».
A bien y voir mieux, il ne vous reste qu’à prier et à accomplir des actions de grâce politique pour que la « Divine Jurisprudence » opère un revirement aléatoire consacrant l’intérêt « hypothétique » à agir.
Par Diom Wouro BA
RAISON D’ETAT VS ETAT DE DROIT : UN JEU DE DUPES ?
Assiste-t-on à un jeu de dupes entre l’Etat, d’une part, et Ousmane Sonko et ses partisans, d’autre part ?
Bés Bi le Jour |
Diom Wouro BA |
Publication 07/11/2023
Assiste-t-on à un jeu de dupes entre l’Etat, d’une part, et Ousmane Sonko et ses partisans, d’autre part ? En tout cas, tout porte à le croire.
Rappelons qu’avec l’éclatement de l’affaire Sweet Beauté, Ousmane Sonko avait adopté la stratégie d’attaquer pour se défendre. Dans cette perspective, il avait appelé ses partisans à la résistance contre ce qu’il considérait être un complot qui avait pour objectif de le liquider politiquement. Par des slogans expressifs – Mortal Kombat, G… G …, Thiôki fin, etc. – il parvint à galvaniser les foules et à créer un rapport de forces qui lui resta favorable pendant près de deux ans. Cependant, ces mots d’ordre ne furent pas sans conséquences. En mars 2021 et en juin 2023, Dakar connut de véritables scènes de guérillas urbaines émaillées de banditisme, avec leur cortège de morts, de blessés et de dégâts matériels incalculables. Cette période fut marquée par des épisodes à la fois choquants et effroyables : l’Université Cheikh Anta Diop saccagée avec une rare violence ; la fabrication de cocktails Molotov à grande échelle par ce qui ressemblait à des gangs ; des attentats contre des domiciles ; les agissements destructeurs de nervis armés de gourdins, de pistolets et de kalachnikovs, au vu et au su de tous ; le comble de l’horreur fut atteint avec l’attaque au cocktail Molotov d’un bus à Yarakh par des personnes encagoulées, ayant entraîné la mort de deux sœurs innocentes, brûlées vives. La liste n’est pas exhaustive.
Loin de moi de penser que tous ceux qui s’étaient rendus coupables des crimes commis étaient des militants ou sympathisants du Pastef. En revanche, ce serait de la pure démagogie que de soutenir que les mots d’ordre lancés par Sonko n’avaient rien à voir avec ces graves événements. D’autant plus qu’il avait persisté dans l’escalade verbale jusqu’à son interpellation et mise en résidence surveillée officieuse, avant d’être incarcéré. L’on n’a pas besoin d’être un devin pour comprendre que l’Etat s’était senti humilié et fragilisé par une situation qui l’avait pris de cours. Dès lors, il s’est assigné une tâche : mobiliser tous les moyens à sa disposition pour mettre Ousmane Sonko et le Pastef hors d’état … d’agir. Dans cette entreprise, tous les indicateurs montrent que le régime s’est placé dans une logique de Raison d’Etat. La dissolution du Pastef, la mise sous mandat dépôt de centaines de ses militants, les verdicts polémiques qui sanctionnent les recours qu’introduisent ses avocats, les circonstances discutables dans lesquelles les membres de la CENA ont été remplacés suite à un arbitrage favorable au leader du Pastef, le refus de la DGE d’appliquer la décision de justice rendue par le juge du TGI de Ziguinchor, etc., sont autant d’exemples qui laissent penser que l’Etat s’est installé dans une dynamique d’exception, sans l’assumer ouvertement.
Cette subtilité n’échappe guère aux conseils de Sonko et du Pastef qui, cependant, en professionnels avertis, ont pris le parti d’ignorer cette option de la puissance publique et d’exploiter tous les mécanismes que leur offre l’Etat de Droit. C’est là une stratégie qui a une certaine pertinence, notamment comme moyen de communication et de dénonciation. En revanche, elle peut coûter politiquement très cher au Pastef si celui-ci nourrit l’illusion de remporter la bataille juridique face un Etat déterminé à lui barrer la route à tout prix. Autrement dit, la participation de Sonko à la présidentielle de février 2024 relèverait du miracle. Pour cette raison, le courant incarné par le Pastef a tout intérêt à trouver des solutions alternatives, à un moment où le compte à rebours a commencé. Le plus inacceptable dans ce contexte, c’est la tendance du régime à élargir l’intimidation et la déstabilisation à une bonne frange de l’opposition. Comment expliquer autrement que par l’abus de pouvoir les blocages des campagnes de l’opposition en quête de parrainages par l’administration territoriale, au moment où on assiste à de véritables meetings politiques du Premier Ministre candidat de BBY sous couvert de tournée économique ?
La paix est un bien extrêmement précieux mais également très fragile avec lequel il faut se garder de jouer, sous peine d’engendrer le mal qui n’épargne rien ni personne. La leçon de l’histoire : cette expérience que nous vivons rappelle que le système démocratique, tel qu’inspiré par l’Occident, est basé essentiellement sur le rapport de forces. Ici comme ailleurs, à quelques nuances près, c’est la raison du plus fort qui prévaut, au grand dam de la majorité des citoyens qui ne demandent qu’à vivre dans la quiétude.
Par Moumar Guèye
QUI ARRETERA CES IGNORANTS VIOLENTS ET BARBARES QUI S’ATTAQUENT AUX MORTS ?
À quel titre alors, peut-on se permettre de pousser l’extrémisme et l’intolérance au point de défoncer la porte d’une morgue logée dans une mosquée, d’en tirer une dépouille mortelle, pour la lapider et la traîner dans la rue ?
En 2009 déjà, j’avais publié une contribution quand j’avais appris par la presse une aveugle expédition punitive qui avait conduit une meute de jeunes gens surexcités, ignorants, intolérants et violents, à s’attaquer à la morgue d’une mosquée de Dakar, pour s’opposer avec une barbarie inqualifiable, aux funérailles d’un défunt présumé homosexuel.
Malgré ma profonde consternation en ce temps-là, je ne pouvais pas imaginer que des sénégalais allaient un jour incinérer le cadavre d’un autre sénégalais quelque pourrait être la faute dont serait accusé ce sénégalais avant sa mort !
Encore une fois, nous sommes dans un pays où l’on est souvent prompt à tirer des conclusions hâtives ou malveillantes ou à faire de l’amalgame, dès qu’un citoyen libre se met à défendre une cause juste ou un principe de droit humain. C’est la raison pour laquelle, je tiens à préciser que suis foncièrement contre tout acte humain contre nature et tout comportement antireligieux ou immoral, qu’il soit un acte homosexuel, pédophile, zoophile, incestueux ou autre. Comme la majorité de mes compatriotes, je m’identifie à ceux qui, avec intelligence, mesure et sérénité, s’opposent aux comportements et actes contre nature. En effet, ma mère m’a souvent ressassé cette maxime : « As-tu observé la chèvre, mon fils ? Elle a toujours la queue en l’air et les fesses exposées, mais tu ne verras jamais un mouton monter une chèvre, même si celle-ci marche à la tête du troupeau ». Par ce paradigme, elle voulait me rappeler que même les bêtes répugnent à s’adonner à des comportements contre nature.
Ainsi, la présente contribution n’a pas pour but de juger un présumé coupable, d’absoudre un accusé ou de protéger des dépravés. Mon seul et unique objectif est de défendre l’ultime droit d’un humain, celui d’être inhumé dans le respect, la discrétion et la décence, comme cela devraitse faire pour tous les êtres humains morts.
Nous nous souvenons encore, il y a quelques années, de cet autre présumé homosexuel dont le corps a été rejeté d’un cimetière de l’intérieur du pays. Il a été successivement enterré à la sauvette dans un champ en jachère puis exhumé et enterré de nouveau dans un endroit tenu secret, par crainte d’une vindicte populaire. Un groupe d’extrémistes religieux d’une intransigeance inqualifiable s’était mobilisé devant les cimetières, pour refuser que le corps de cet « homme femme », homosexuel ou góor jigéen, selon eux, soit enterré, bien que le défunt se soit toujours réclamé de l’Islam. Je suis resté interloqué, moi qui croyais avec juste raison, que seul Allah (SWT) le Clément, le Miséricordieux avait le pouvoir et le privilège de juger les morts, quelle que soit par ailleurs, la gravité des péchés qu’ils aient pu commettre sur terre.
Comme tout bon musulman Saint-Louisien, j’ai étudié le Coran Al hamdu lillah ! J’en ai tiré l’enseignement que même si l’Islam condamne sans ambages l’homosexualité, je n’ai vu nulle part dans le Livre sacré, une disposition par laquelle cette religion de Paix et de Fraternité qu’est l’Islam, incite ses adeptes à s’opposer avec haine, violence et barbarie, à l’inhumation d’un mort, fut-il un homosexuel avéré !
Que ceux qui s’en prennent avec tant de brutalité aux homosexuels comprennent qu’ils peuvent eux-mêmes, un jour et contre leur gré, mettre au monde un enfant victime de cette déviance psychique, physique ou biologique. Qu’ils comprennent qu’il existe parmi nous, des homosexuels masqués et insoupçonnés dans toutes les couches de la société sénégalaise. La plupart d’entre eux, reçoivent à leur mort, les prières les plus ferventes et les hommages posthumes les plus chaleureux dans les plus respectables mosquées ou églises du pays! Ils bénéficient par la suite d’un enterrement de première classe dans les cimetières les plus sacrés du pays. En réalité, seuls les travestis et les efféminés sont facilement visibles et identifiables dans la rue. Ce sont eux, malheureusement, qui subissent la vindicte populaire et la haine des ignorants. D’autres comme eux, sont physiquement au-dessus de tout soupçon, parce qu’ils ont des gabarits de lutteurs ou des airs de dévots, tout en étant de vrais homosexuels au-dessus de tout soupçon !
À quel titre alors, peut-on se permettre de pousser l’extrémisme et l’intolérance au point de défoncer la porte d’une morgue logée dans une mosquée, d’en tirer une dépouille mortelle, pour la lapider et la traîner dans la rue ?
Au nom de quelle loi religieuse ou laïc cette foule déchainée de Kaolack a-t-elle incinéré le corps sans vie de Cheikh Fall au lieu de le laisser au jugement de son créateur ? Le droit à l’inhumation pour un mort n’est-il pas un droit humain fondamental imprescriptible et inamovible pour tous ? Allah (SWT) n’a-t-il pas dit qu’Il pouvait pardonner tous les péchés, à l’exception de celui qui consiste à lui trouver un alter ego ? Pourquoi alors des hommes fanatiques et ignorants des textes sacrés, des hommes peut-être hypocritement pécheurs, fautifs, fauteurs et transgresseurs, peuvent-il s’arroger le droit d’interdire l’inhumation d’un mort dans un cimetière musulman ? Allah (SWT) n’est-il pas le Juge ? N’est-il pas le Seul Juge ? N’est-il pas le Meilleur des juges ? À ces multiples titres, a-t-Il besoin de « justicier » ou de « vengeur » sur terre, surtout quand ces justiciers sont ignorants et barbares ! Ils oublient qu’Allah (SWT) est le plus Clément et le plus Miséricordieux !
Tout croyant sincère se doit de défendre avec vigueur ce principe fondamental et ce droit inaliénable, car après tout, un mort est la « propriété » exclusive d’Allah (SWT). C’est la raison pour laquelle, les vivants doivent en prendre soin et le restituer à son Propriétaire et avec tous les égards. En d’autres termes wolof : « dañu ka wara jébbal Boroomam ». Le respect au mort est une obligation divine dans toutes les religions révélées. Nul ne doit l’ignorer ou l’enfreindre impunément ! Cela est d’autant plus vrai que nous ne devons jamais oublier que nous sommes tous des morts en sursis ! En effet, la vie est un village d’où personne ne sortira vivant ! Notre tour viendra tôt ou tard, inéluctablement. Aucun mortel n’a été investi du droit ou du pouvoir de juger un mort en dehors de Dieu, l’Unique Créateur. Pour le respect de ce pouvoir exclusivement réservé à Dieu, les dignitaires religieux de notre pays ont le devoir urgent de parler haut et fort et d’arrêter sans tarder, cette bande d’ignorants surexcités, violents et irrespectueux des morts et des lieux de culte.
Honorables dignitaires religieux de toutes les confessions, s’il vous plait, au nom de Dieu qui vous a élus, arrêtez ces ignorants avant que le pays de la teraanga ne devienne un pays de haine, de violence et d’intolérance barbare!
Enfin, n’oublions pas que la Constitution de notre pays fait obligation aux détenteurs du pouvoir républicain, de protéger les citoyens, tous les citoyens, mêmes les citoyens morts et cela sans aucune sorte de discrimination !
IL FAUT SAUVER LE SOLDAT AYIB !
En attendant de voir les fiches de parrainage entre ses mains, Ayib Daffé doit avoir sûrement besoin de vitamines C. Du sempiternel va-et-vient entre son domicile, la Dge et maintenant la Cena, l’homme risque d’attraper la grippe.
En attendant de voir les fiches de parrainage entre ses mains, Ayib Daffé doit avoir sûrement besoin de vitamines C. Du sempiternel va-et-vient entre son domicile, la Dge et maintenant la Cena, l’homme risque d’attraper la grippe. Seulement, à voir son gabarit de lutteur, d’aucuns diront qu’il peut se passer d’un tel dopage. Mais rien n’est sûr ! Vaut mieux prévenir que guérir, dit-on. Surtout qu’en tant que mandataire du plus célèbre détenu au Sénégal, lui-même est devenu une curiosité. Une méga star dont les faits et gestes sont auscultés jusqu’au moindre détail.
Par Abdoulaye Thiam
POURQUOI AMADOU BA ?
Un débat se pose à nous. Des voix discordantes se sont prononcées contre Amadou Ba. Venant de l’opposition, c’est tout à fait normal car, désormais, Amadou Ba est l’homme à défaire lors des prochaines joutes électorales
Un débat se pose à nous. Des voix discordantes se sont prononcées contre Amadou BA. Venant de l’opposition, c’est tout à fait normal car, désormais, Amadou BA est l’homme à défaire lors des prochaines joutes électorales. Mais du côté de BBY, c’est très peu compréhensible ! devrait-il endosser en plus l’adversité de certains de ses camarades au sein de la mouvance ? Le seul argument qu’ils opposent est qu’il pense être meilleur que lui. Mais est-ce tout à fait le cas ?
S’il nous était donné d’apprécier les raisons qui ont présidé au choix du Premier Ministre Amadou BA comme candidat à la succession de l’actuel Président de la République, nous pouvons sans risque de nous tromper soutenir que l’homme de la banlieue dakaroise est d’abord, et avant tout, soucieux du respect des institutions de la République, c’est un républicain dans l’âme avec une parfaite maitrise de tous les arcanes de l’administration. C’est en cela, entre-autres, qu’il se démarque. En effet, il est un pur produit de l’administration sénégalaise : animé donc par la discrétion, le devoir de réserve, la posture d’homme d’Etat, la loyauté, la sincérité, l’honnêteté, la transparence dans la gestion des affaires publiques et le service aux populations. Il est connu pour sa compétence et sa personnalité. C’est quelqu’un de très intègre et imbu de plusieurs valeurs.
Bien que membre de la mouvance présidentielle depuis 2012, nul n’a jusqu’ici entendu Amadou BA se prononcer publiquement sur les affaires politiques qui ont secoué le Sénégal tout entier ces dernières années. C’est dire combien l’homme fait la part entre ses fonctions d’homme d’Etat et son appartenance à une famille politique. Amadou BA est ainsi un homme d’Etat constamment à la recherche du consensus dans ces processus de prise de décision. On le voit bien car, malgré un climat politique extrêmement polarisé, le candidat de BBY, en tant que Premier Ministre, a cherché à rassembler un large éventail d’opinions, de groupes et de partis politiques pour gouverner de manière collaborative.
Peu prolixe, il est avant tout un homme qui aime s’accompagner de personnalités compétentes. Alors Ministre de l’Economie et des Finances, il s’est entouré des meilleures compétences de l’administration sénégalaise pour lancer la première phase du PSE. Son leadership a été salué lors des réformes majeures du Code Général des Impôts. Un code consensuel qui a nécessité beaucoup de négociations avec le secteur privé et les centrales syndicales. Ces dernières réformes ont abouti à l’augmentation progressive du budget national du Sénégal tout en attirant l’Investissement Direct Etranger (IDE). Avec un leadership soutenu, l’ancien Directeur Général des Impôts et Domaines a participé à donner vie au PSE et à impulser la transformation structurelle de l’économie sénégalaise.
Au-delà de ses qualités d’administrateur rompu à la tâche, les observateurs de la scène politique sénégalaise s’accordent tous à lui reconnaitre une capacité d’écoute très peu commune. En effet, Amadou BA est attentif aux préoccupations et aux opinions de toutes les parties prenantes du pays, qu’elles soient politiques, sociales, économiques ou culturelles. Il accorde une grande importance à l’écoute active.
Nous pouvons tout aussi nous rendre compte que le choix porté sur Amadou BA consacre sa capacité d’inclusion. Dans toute sa démarche de gestion, l’homme tente autant que faire se peut d’inclure un large éventail de voix et de perspectives dans le processus de prise de décisions. Il consulte beaucoup afin d’amener le maximum d’acteurs (politiques, société civile, etc.) à s’accorder autour de l’essentiel pour une plus grande efficacité.
Le respect qu’il accorde aux opinions des autres n’est pas en reste. Malgré les critiques de l’opposition et de la société civile, le Premier Ministre Amadou Ba accorde une grande importance au respect de la liberté d’expression et de l’État de droit. Il s’évertue à créer un environnement propice au dialogue et à la diversité d’opinions. Il agit ainsi de manière transparente. Est-il d’ailleurs besoin de rappeler qu’il a lui-même soutenu particulièrement la promotion du code de transparence de l’administration sénégalaise ; lequel a balisé la voie aux investisseurs et rassurer les partenaires techniques et financiers quant à la transparence dans la dépense des derniers publics (loi n° 2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de Transparence dans la Gestion des Finances publiques). A tout cela, vient s’ajouter son riche portefeuille international.
Ses différentes expériences en tant que Ministre des Finances et Ministre des Affaires Etrangères lui ont permis de faire de la coopération et de la diplomatie internationale les piliers de l’essor économique du Sénégal. Il est respecté par les institutions financières internationales pour son pragmatisme, sa capacité à gérer les crises, son leadership inclusif, son souci permanent de la stabilité politique, sa vision à long terme. Ce parcours dans l’attelage gouvernemental fait de lui un homme de réseaux avec un carnet d’adresses bien fourni, un élément pour tout leader qui aspire à diriger un pays. Il a ses entrées au niveau de l’aéropage de la finance internationale, un positionnement avantageux, eu égard au fait qu’il peut capter des financements internationaux au profit du développement de notre économie.
Au-delà de ces caractéristiques, Amadou Bâ est « zoon politcon » au sens aristotélicien du terme. C’est-à-dire c’est un être profondément social dont les qualités humaines sont reconnues de tous ceux qui l’ont approché, en premier ces parents et sa famille élargie. Il ne rechigne jamais à être présent aux évènements heureux comme malheureux dans sa famille.
Pour toutes ces raisons, on voit donc ici que le Premier Ministre Amadou BA est bel et bien le candidat de la « Transformation Structurelle de l’Economie et de l’Industrialisation ».
La population sénégalaise fait face à des difficultés quotidiennes et cherche un candidat de l’unité nationale capable d’apporter des solutions durables à leurs problèmes comme il l’a laissé entendre lors d’un entretien « Quand on est chef du gouvernement, on est au service de l’État, de la République et des citoyens. Mon engagement et mon éthique personnelle m’imposent de conduire fermement les affaires de l’État, jusqu’au dernier jour, avec loyauté, quel que soit le contexte politique ou l’actualité du moment ». Le Sénégal a besoin d’un homme aux qualités d’humilité, d’écoute pour diriger, pour rassembler. Alors, à la vue de ce qui précède, qui mieux qu’Amadou BA ?
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
UN CADAVRE DÉTERRÉ, TRAÎNÉ PUIS BRÛLÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce pays est en proie depuis longtemps à une crise multiforme qui a fini de saper les fondements moraux, psychologiques et religieux de notre société, exploitée par des « entrepreneurs » politiques et religieux
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 06/11/2023
Une vidéo sans doute filmée par un participant de cette ignominieuse manifestation montre une foule considérable d’hommes jubilant autour du braisier dans lequel git le cadavre.
C’est que notre pays est en proie depuis longtemps à une crise multiforme qui a fini de saper les fondements moraux, psychologiques et religieux de notre société et qui est exploitée par des « entrepreneurs » politiques et religieux.
Le traitement monstrueux du cadavre de cet homme, l’autre jour à Kaolack, qui suscite horreur et sidération, ne serait-il pas en fait la phase paroxystique d’un délire sadique collectif qui semble maintenant devenu endémique dans ce pays-ci ?
Il indique en tout cas que nous perdons pied avec notre humanité : le respect de la dépouille de l’être humain ainsi que l’atteste l’institution du cimetière étant partagé par toutes les sociétés humaines.
Comment en est-on arrivé là ?
Nous en sommes arrivés là par la constitution de l’homosexuel en bouc émissaire, porteur, comme il se doit de tous les péchés d’Israël (d’Afrique) qui permet d’occulter la faillite de nos Etats, les carences de nos guides religieux, les scélératesses de nos politiciens de tous bords et nos lâchetés individuelles.
La manipulation de ce bouc émissaire occulte les véritables enjeux de la société, disrupte l’arène politique et facilite la promotion de toutes sortes d’offres démagogiques.
On peut dater l’avènement du phénomène : c’est dans les années 1990 sous le régime du président Abdou Diouf, au cours des années de braise, post-ajustement structurel et de montée du Sopi, quand un jeune ambitieux, introduit à Tivaouane a lancé un appel à dénoncer les « francs-maçons et les homosexuels ».
On sait comment il a prospéré depuis, de la gouvernance Wade, à la campagne électorale de 2012, au référendum de 2016 jusqu’aux dernières élections municipales et législatives.
Des leaders de partis politiques, du pouvoir comme de l’opposition en ont fait leur fonds de commerce.
Poser des balises !
L’homosexualité est un comportement social déviant qui peut choquer des gens dans leurs conceptions de la norme comportementale, dans leurs croyances religieuses et dans leur morale.
Il est donc normal que des individus et des groupes politiques et de la société civile le fustigent.
Il est tout aussi normal que des citoyens au nom de leurs religions ou de leurs idées politiques enjoignent à l’Etat de refuser d’appliquer les diktats de l’Occident sur la question pour faire la promotion dans ce pays de ce nouveau mode de vie labélisé « LGBT » par l’Occident, sous le couvert des « droits de l’homme »
Ce qui est anormal par contre, c’est qu’on dénie à l’homosexuel ses droits fondamentaux et son humanité. C’est le déni d’humanité qui a permis toutes les horreurs à travers le monde, de l’esclavage des Africains au pogroms des Juifs au génocide des « Indiens », au lynchage des Noirs aux Etats Unis, de la Shoah à l’instauration de régimes d’apartheid en Afrique du Sud et en Palestine.
L’homme dont le cadavre a été si abominablement profané avait un nom. Il avait une mère et un père. Des frères, des sœurs, des cousins et des amis d’enfance surement.
Comment ces gens vont-ils faire leur deuil ? Comment vont-ils vivre désormais avec nous ?
C’est que pour vivre ensemble, pour faire pays comme dirait l’autre, nous devons poser des balises morales visibles et qui s’imposent catégoriquement à chacun d’entre nous, à tout instant. Elles doivent d’abord indiquer à chacun la sacralité de la vie humaine.
C’est heureusement le sens du communiqué de l’autorité religieuse de Kaolack, le Khalife général de Léona Niassène : « en ma qualité de chef religieux je tiens à exprimer notre profonde indignation et notre condamnation catégorique de l’acte répréhensible qui a été commis à l’encontre d’un individu, dont nous n’avons aucune responsabilité sur sa vie privée. Cet acte ne peut en aucun cas être justifié ni toléré… »
Le Procureur de la République a pour sa part « demandé l’ouverture d’une enquête afin d’identifier les auteurs et d’engager contre eux les poursuites pénales prévues par la loi. »
Sommes-nous assurés désormais que ce qui s’est passé dans la nuit du 28 au 29 octobre 2023, à Kaolack ne se reproduira pas ? Cela dépendra des partis politiques et de la société civile dans leur ensemble.
Note de l'auteur : Le concept de "déviance" utilisé ici est pris dans son sens sociologique classique pour indiquer un comportement qui s'écarte de la norme sociale existante. Ce n'est donc pas un jugement de valeur.