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29 novembre 2024
Opinions
par Idrissa Diabira
INDÉPENDANCE, SOUVERAINETÉ(S) ET PME
A la faveur de la célébration de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, il nous est apparu à propos de consacrer une contribution aux notions d’indépendance et de souveraineté ainsi qu’au lien entre celles-ci et les PME
A la faveur de la célébration de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, il nous est apparu, suffisamment à propos, de consacrer une contribution à la réflexion, sur les notions fondamentales d’indépendance et de souveraineté ainsi qu’au lien entre celles-ci et les PME. Car il existe, parfois, une grave et dangereuse confusion entre indépendance et souveraineté, qui est renforcée par les crises, notamment celle à Covid-19 ou la guerre russo-ukrainienne, et entretenue par certains acteurs, groupes de pression ou partis politiques.
En Europe, le Royaume-Uni a fait les frais de cette confusion. Ses dirigeants ont proposé le Brexit au peuple ou la sortie de leur pays des instances supranationales telle que l’Union Européenne. Il s’agissait, selon eux, de mieux répondre à la menace que cette dernière ferait peser sur l’exercice de leur souveraineté nationale. Le Brexit a finalement été acté, et ses affres notamment économiques n’en finissent pas. Car comme le disait le Professeur d’économie Hélène Ray « la vraie souveraineté est la capacité à répondre aux besoins des citoyens, à contrôler les destinées. On peut avoir l'illusion de l'indépendance et édicter ses propres lois sans avoir aucune prise sur les événements : on perd alors sa souveraineté. »
Ailleurs aussi, d’autres acteurs entendent conduire le peuple vers des voies incertaines à partir de cette même confusion. Ils prétendent renforcer l’indépendance desdits pays en appelant à se couper des institutions supranationales et même des échanges internationaux. La zone monétaire ouest-africaine (UEMOA) connait cela, où ses détracteurs se nourrissant du rejet de la mal-nommée monnaie en font le parfait bouc-émissaire. Ainsi, ils appellent à jeter d’une part le bébé de notre monnaie commune, cause selon eux de tous les maux ; et d’autre part, l’eau du bain de nos institutions supranationales - la BCEAO en particulier - dont la crise a démontré de nouveau toute l’importance, notamment sur l’inflation. Les performances d’autres économies ouest-africaines dites plus indépendantes suffisent à clore le débat.
Répétons-le : « la vraie souveraineté est la capacité à répondre aux besoins des citoyens, à contrôler les destinées ». Il s’agit donc de la capacité d’entreprendre, d’être et de rester le capitaine de son destin. Les crises ayant bien montré les conséquences de ne pas l’être au niveau alimentaire ou sanitaire et pharmaceutique notamment. Répondre à cette promesse est justement l’ADN de la première puissance économique au monde, les Etats-Unis d’Amérique. Dans leur déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776, ils placent au rang de droits inaliénables de l’homme, la vie, la liberté et la recherche du bonheur. La traduction au niveau économique est le texte fondateur de leur politique en faveur des PME, voté le 30 juillet 1953 par le Congrès : le « Small Business Act ». Cette loi-cadre, modifiée régulièrement, affirme la nécessité d’orienter prioritairement l’action des pouvoirs publics vers la PME, conçue comme l’élément le plus dynamique de l’économie; la loi évoque même la sacralité de la PME. Dans la section 202 du Small Business Act, le Congrès déclare que « le Gouvernement doit aider, conseiller et protéger dans toute la mesure du possible les intérêts de la petite entreprise, afin de préserver l'esprit de libre concurrence, d'assurer qu'une proportion équitable des marchés publics soit passée avec de petites entreprises, et de maintenir en la renforçant l'économie de la Nation dans son ensemble ".
Cette loi et son institution associée la Small and Business Administration (SBA) ont été et demeurent un cadre puissant d’inspiration pour nombre de nations notamment émergentes ; ainsi NSIC en Inde, SME Corp en Malaisie, SMEA au Japon, KOSGEB en Turquie… Au Sénégal, le premier président Léopold Sédar Senghor, à la suite d’un voyage aux Etats-Unis d’Amérique décide en 1969 de doter le Sénégal d’une institution similaire à la SBA : la Société Nationale d’Etudes et de Promotion Industrielle (SONEPI). Le président Senghor opère alors un changement radical avec la politique de promotion du secteur privé national qui est un échec. Elle est essentiellement protectionniste et à base de stimulants monétaires, mais qui bénéficie surtout aux entreprises étrangères, alors que celles nationales restent quasi-inexistantes. En 2012, en appelant à mettre en place un Small Business Act Sénégalais, le président Macky Sall a su renouer avec cette forte ambition. Ainsi faut-il comprendre la mise à niveau ou la création des outils de souverainetés indispensables pour y parvenir :
la restructuration en 2012 de l’ADEPME, leader continental dans l’appui aux PME, elle est l’héritière de la SONEPI et a (re)construit son positionnement de tiers de confiance en développant sa capacité, certifiée ISO 9001/27001 par le bureau Véritas, à évaluer/suivre-réévaluer la performance des entreprises et ainsi à sécuriser les ressources publiques ou privés mise à disposition des PME,
la création de mécanisme financiers souverains comme celui de garantie (FONGIP), de prises de participations (FONSIS), d’appuis spécifiques aux jeunes et femmes (DER/FJ), de finance islamique (PROMISE), d’accès aux marchés publics (CDMP), ou à la formation professionnelle (3FPT), etc.
le renforcement du financement de l’économie avec le dispositif de refinancement bancaire PME/PMI de la BCEAO pour mobiliser les principaux financeurs de l’économie et des PME
Le Sénégal a réuni les conditions pour parachever son cadre de développement des PME, son Small Business Act Sénégalais, où celles-ci constituent 99,8% du secteur privé et sont « le socle de notre vie économique et le levier primordial de notre développement » comme le rappelle le président Macky Sall. Les PME peuvent jouer pleinement leur rôle pour la création massive d’emplois décents et le maintien d’une croissance forte et inclusive.
L’exploitation prochaine des hydrocarbures comme l’a souligné dans son adresse le chef de l’Etat mais surtout la mise en œuvre effective d’une part de la loi n°2019 -04 du 1 février 2019 relative au contenu local, par le Comité National de Suivi du Contenu Local (CNSCL) et ses partenaires, et d’autre part de la loi n°2020-02 du 7 janvier 2020 relative aux PME, notamment du statut de la PME et des incitations associées, constituent une opportunité historique d’aligner l’ensemble des acteurs dans une démarche, appelée des vœux du président de la République, de la réingénierie des processus en vigueur autour du paradigme de la satisfaction des besoins de la PME pour grandir et devenir un futur champion, à l’instar de nations modèles, dont nous n’avons à envier que le passage à l’échelle. Alors, sans démagogie ni populisme, nous aurons conquis nos souveraineté(s) et assuré, grâce aux PME, le bien-être (yokkuté en wolof) de nos populations. Et encore, très bonne fête de l'indépendance du Sénégal.
Idrissa Diabira est directeur général de l'ADEPME
Rappel Utile : Nous vous appelons à postuler pour "e-PME", notre projet d'adoption de technologies plus avancées pour les PME sur financement ETER (Banque Mondiale) et PAAICE (BAD), dans lequel nous ciblons 5000 PME d'ici juin 2025, qui recevront au total 20 milliards de FCFA de fonds mis en œuvre. A date, 2 milliards 900 millions ont été engagés pour les PME sénégalaises entre octobre 2022 et fin mars 2023.
gagner le débat, les bonnes feuilles, par abdoul aziz diop
L’ANTITERRORISME RATIONNEL
« La lutte contre une [faction] qui défie l’État [comme Pastef] doit se décliner tant au niveau sécuritaire que social et politique, en somme selon un triangle alliant sécurité, développement et gouvernance politique
Neutraliser un potentiel de violence par la coercition et le droit et réduire le substrat sur lequel il se développe.
Nous entendons par anti-terrorisme rationnel le contenu du discours que nous voulons pédagogique et qui tire sa rationalité des deux principales sources de l’islam, avec ou sans épithète, que sont le Coran et la Sunna. Parce qu’elle se veut universelle, cette rationalité opère auparavant une critique à laquelle n’échappent naturellement pas les individus et les groupes organisés qui, à travers le monde, situeraient le salut de l’humanité dans des alliances doctrinales et/ou des insurrections programmées pour le contrôle de vastes territoires comme le Nord-Mali, la Liptako-Gourma appelée « zone des trois frontières » (Mali-Niger-Burkina Faso) et peut-être même, si rien n’est fait, le finistère sénégalais dans le viseur du jihadisme africain. Ce dernier verrait même dans les émeutes de février-mars 2021 au Sénégal la preuve que le parapluie soufiste sénégalais n’est pas aussi étanche qu’on le voudrait au pays de la Téranga où la démocratie s’essouffle - « a régressé » selon l’historien Mamadou DIOUF - malgré deux alternances politiques relativement apaisées et la tenue, en 2022, d’élections locales et législatives dont les résultats ne font l’objet d’aucune contestation.
L’amalgame conflictogène
Sous la houlette des grands médias occidentaux, l’esprit occidental a cette tare qui fait qu’il ne désigne jamais ce qui lui est extérieur en lui reconnaissant ses qualités intrinsèques. Tout ce qui lui est étranger et qu’il nomme par nécessité est d’emblée négativement connoté. C’est exactement ce qui arrive quand il s’intéresse à l’islam en le connotant négativement par « l’islamisme ».
Ce préfabriqué occidental qu’est « l’islamisme » n’a aucune correspondance dans ce qui est vraiment l’islam, c’est-à-dire une religion monothéiste révélée dont le Prophète reçut le message intégral définitivement consigné dans ce qui est aujourd’hui le Coran. Le tort de l’islam serait alors de ne s’être pas fait appeler, par pure analogie, « islamisme » à ses débuts comme ce fut le cas pour les deux précédentes religions révélées que sont le judaïsme et le christianisme. Cette singularité aurait, dans l’esprit occidental, un coût que l’islam devrait payer en acceptant d’être ce qu’il n’est vraiment pas pour tout esprit rationnel qui se donne la peine de le connaître à travers les « versets du livre plein de sagesse » et les hadith authentiques qui renvoient aux actes et paroles du Prophète Mohammed.
Peintre, écrivain et lithographe français de notoriété mondiale, Étienne DINET (1861-1929) - El-Hadji Nasr-Ed-Dine après s’être converti à l’islam et s’être rendu aux lieux saints de l’islam - soutint que c’est « en exposant clairement la doctrine de l’islam, religion simple, naturelle et logique qui a fait de ses adeptes des hommes imbus de sincérité, de franchise et de tolérance [que l’on contribue] à l’établissement d’une entente cordiale entre les hommes de bonne volonté ». Convaincu de « la plus grande vénération pour Moïse et pour Jésus » des musulmans, DINET écrit, dans la préface de son livre « Pèlerinage à la Maison sacrée d’Allah », que « le jour où les Juifs et les chrétiens professeront la même vénération pour Mohammed, la paix au Proche-Orient sera définitivement assurée ».
Avec Étienne DINET, on est bien loin de l’esprit occidental au secours duquel renvoient ces paroles depuis de très nombreuses années déjà. Et si l’esprit français et celui de DINET ne faisaient plus qu’un ? L’apaisement serait alors de retour en France sans préjudice pour la République et ses valeurs empreintes d’humanité. Et l’Extrême droite se serait plus que le porte-étendard d’une paresse politique incapable d’entendre une histoire partout « sale et entremêlée ».
Politologue notoire germano-égyptien, économiste, réalisateur de documentaires et essayiste, spécialiste du monde arabe, du jihadisme et de sa propagande, Abdelasiem Hassan El Difraoui considère, lui, que le concept « islamisme » est une création des sciences sociales occidentales qui lui assignent la fonction d’englober différents courants de pensée apparus dans le monde musulman, conduisant à l’amalgame conflictogène qui ne résiste ni à un simple examen des « orientations doctrinales » desdits courants ni même au rationalisme antiterroriste de l’islam soufi et confrérique du Sénégal indépendant.
Du hanbalisme au jihadisme
À la suite du califat Rashidun (632-661) dit des « biens guidés » (Abou Bakr, Omar, Othman et Ali) et de la dynastie des Omeyyades (661-750), le règne des Abassides (750-1258) avait été marqué sous le calife Harun al-Rachid (786-809) par le haut degré de raffinement de la civilisation musulmane. Cette dernière connut son apogée avec le calife al-Mamun (813-833) qui libéra la parole, encourageant ainsi le débat d’idées. De ce calife, à la fois très cultivé et tolérant, jusqu’à Al-Wathiq (842-847) en passant par son prédécesseur Al-Mutasim (833-842), la doctrine d’État abasside rejette l’anthropomorphisme divin - conception de la divinité à l’image de l’homme - tout en se refusant à placer les textes saints dont le Coran à l’abri du rationalisme.
Né en 780 à Bagdad, et mort en 855 dans la même ville, le traditionaliste Ibn Hanbal considéra qu’un tel rationalisme n’a rien à voir avec l’islam originel du temps du Prophète caractérisé par l’exégèse coranique et la science du hadith. La théologie dogmatique de ce courant est celle du hanbalisme et du salafisme - as-salafiyyah dérivé de salaf, ancêtre - jusqu’au XXème siècle. Caractérisé par un fort degré de fidéisme, par opposition au rationalisme, il considère qu’un retour à la pureté originelle de l’islam ne peut être garanti que par la foi, professant que la révélation - pas la science - est l’unique source de la vérité. De l’avis de l’historien médiéval, anthropologue, juriste et chercheur associé à l’Institut de recherche et d’histoire des textes du Centre national de recherche scientifique (CNRS), Lahcen Daaïf, « Ibn Hanbal ne profère aucune décision juridique qui ne soit expressément fondée sur le Coran et la Tradition du Prophète (Sunna) ou sur l’atçar, c’est-à-dire les choix et les dires des Compagnons et parfois de certains Successeurs de la première génération (tâbi ûne) ».
Plus tard, le puritanisme de l’imam d’origine syrienne Ibn Taymiyya (1263-1328) est considéré comme une réorientation du traditionalisme hanbalite opposée aux innovations (bida’) dont deux d’entre elles (le culte des saints et la visite des tombeaux des morts) sont des traits marquants du soufisme au Sénégal.
Fondateur éponyme du wahhabisme saoudien, Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab (1703-1792) revendique, lui, et le littéralisme hanbalite et le puritanisme d’Ibn Taymiyya. Le passage d’un réformisme progressiste à un réformisme littéraliste proche du wahhabisme avait été observé chez des disciples de Taymiyya comme Rachid Rida (1865-1935) qui voyait dans le retour à la pureté une manière d’éviter un mysticisme trop éloigné du texte grâce à l’effort de réflexion (ijtihad), considéré comme une inclination du salafisme, sur les textes fondateurs de l’islam.
Soupçonnant un « filtre interprétatif », entre les textes et les musulmans, susceptible d’inhiber l’accès direct au texte et à sa « vérité fondamentale », le Saoudien d’origine albanaise Muhammad Nasir al-Din al-Albani (1914-1999) critique avec véhémence le wahhabisme. Al-Albani prône alors un « salafisme alternatif recentré sur les hadith » en situant l’ijtihad hors du hanbalisme et du wahhabisme. Muhammad Nasir al-Din al-Albani est alors considéré comme un danger pour le royaume saoudien pour s’être attaqué à l’autorité des ulama wahhabites et, du coup, à la légitimité religieuse des Saoud.
Al-Albani ne parvint alors pas, loin s’en faut, à rétrograder l’influence wahhabite sur le système politique, économique, social et judiciaire saoudien. Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab doit ce succès à lui-même puisque fort de son credo qu’est le retour à l’islam pur venu de Dieu et en dépit du rejet des innovations (bi’da), des vénérations, des admirations, des demandes d’intercession des saints, du recueillement dans les sanctuaires et les mausolées, etc., il n’est pas l’« hérétique » indexé dans son village natal où il est menacé de mort. À Dariya où il se réfugia, Ibn ‘Abd al-Wahhab rencontre en 1744 l’émir Muhammad Ibn Saoud à qui il conféra la légitimité religieuse en recevant de lui le soutien politique qui fit défaut au hanbalisme, provoquant ainsi sa dislocation.
Bien que Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab ait refusé de soutenir la prise, en 1773, de Riyad par le successeur, Al-Aziz, d’Ibn Saoud et sa conversion par la force, les populations sous la menace violente d’Al-Aziz considèrent que le wahhabisme est une réforme guerrière. Faux d’après bon nombre de spécialistes !
En optant pour les conversions pacifiques obtenues par le dialogue, la persuasion, le bannissement de l’anathème et de l’action violente sur fond de promotion de la légitime défense en cas d’agression avérée, Ibn ‘Abd al-Wahhab se conforma à l’esprit et à la lettre du verset 256 de la sourate 2 « La vache » (Al-Baqarah : البقرة) du Saint Coran :
« Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement. »(2:256)
Le message de paix dont l’islam est porteur est donc celui du mouvement religieux pacifique et réformateur appelé wahhabisme, qui a réussi à placer sous influence le Royaume d’Arabie Saoudite depuis sa proclamation par Ibn Saoud le 18 septembre 1932.
Le rayonnement du royaume saoudien s’accroît d’année en année à la faveur de l’attraction que les lieux saints de l’islam qu’il abrite exercent sur les musulmans du monde entier et de la manne pétrolière considérable qui booste les possibilités budgétaires et d’intervention de Riyad en matière de politique étrangère. Ce rayonnement est naturellement assorti de l’exportation, plutôt involontaire, du wahhabisme sous le prisme duquel - tâche commune à toutes les doctrines théologiques - sont analysés et interprétés les croyances et les dogmes religieux.
En tant que doctrine théologique pacifiste, le wahhabisme n’a jamais été un mouvement dirigé contre l’Occident. « Son approche littéraliste des textes et son emphase sur la pureté doctrinale » expliquent plutôt sa critique des musulmans qui s’en écarteraient dans la pratique. Mais la doctrine s’autonomise considérablement après 1979, date à laquelle l’invasion soviétique de l’Afghanistan pousse Riyad à encourager largement le jihād afghan jusqu’à la fin de la guerre en 1989. Cet épisode (1979-1989) est le moment choisi par un Saoudien riche et de bonne famille Oussama Ben Laden (1957-2011) pour s’imposer comme figure de l’islam combattant auprès des Afghans, plaçant sous son contrôle des milliers de moudjahidines, sans jamais se réfèrer au wahhabisme et sans la moindre allégeance aux al-Saoud.
En refusant la mise à sa disposition des combattants sous le contrôle de Ben Laden après l’invasion du Koweït en août 1990 - une réelle menace pour le royaume saoudien -, Riyad « humilie » le moudjahid médiatisé qui, depuis le Soudan, critique vertement l’Amérique. La conceptualisation du jihadisme par des activistes musulmans dont le fondateur de l’organisation terroriste Al-qaïda (« la base ») en 1987, Abdallah Azzam (1941-1989), Abu Muhamad Al-Maqdissi (né en 1959) et Ben Laden lui-même, tous farouchement opposés à l’installation sur la Terre sainte de ce qu’ils appellent les « infidèles américains » que l’islam doit vaincre, est alors considérée comme une réponse appropriée au revers.
L’« islam combattant » - le jihadisme en un mot - veut alors s’imposer comme une idéologie mondiale dont les principes, indissociables de l’interprétation de concepts clés, se présentent ainsi qu’il suit : «
1. L’islam est en guerre avec l’Occident et ses alliés dans les sociétés musulmanes ;
2. Le système reposant sur l’État-nation, les institutions publiques et la démocratie est contraire à l’islam ;
3. Le recours à la violence à l’encontre d’un musulman qui commet des péchés majeurs est légitime. »
Le premier principe est lié au concept d’« al-wala’ wal bara » (la loyauté et le désaveu). S’agissant du deuxième principe, il renvoie à l’idée que les idéologues se font du concept d’« al-Hakimiyyah » (la souveraineté). Le concept de « Takfir » (l’excommunication) est, lui, à l’origine du troisième et dernier principe.
Dans la pratique, les constitutions des pays musulmans sont rejetées au nom du premier concept. Parce qu’elle n’appartient qu’à Dieu selon le deuxième concept, la souveraineté des États concernés ne peut être reconnue. Quant au troisième et dernier concept, il permet de définir les conditions dans lesquelles un musulman peut être excommunié et les conséquences de l’excommunication.
Ainsi sont réunis, dans une large mesure, les ingrédients d’une idéologie politique « censée répondre aux défis auxquels sont confrontées les sociétés musulmanes contemporaines » comme, par exemple, celle de l’Algérie indépendante, reprise par des activistes locaux - en Afrique de l’ouest notamment - « pour articuler un discours d’instrumentalisation des doléances des populations locales » surtout en cas de dissensus dans un contexte politique défavorable aux régimes en place.
Le jihadisme en Afrique de l’Ouest
« Le 4 octobre [1988] au soir, écrit Akram B. ELLYAS dans les colonnes du Monde diplomatique (mars 1999), débutent [en Algérie] des émeutes historiques d’une incroyable violence. Elles s'amplifient le lendemain et plongent, durant plusieurs jours, Alger puis d’autres villes dans un chaos sans égal depuis l’indépendance. » Comme il fallait s’y attendre, la qualification des événements opposa les tenants, proches du régime algérien, de la criminalisation des émeutiers visant la dépolitisation et les défenseurs de la politisation dont le point de vue s'impose finalement à tous.
Un peu moins d’un an après, le projet de révision constitutionnelle, publié le 5 février 1989, « ne fait plus référence (…) au "socialisme", à la "Charte nationale" et au "parti unique", qui étaient jusque-là les piliers du régime algérien, et il reconnaît même les "Associations à caractère politique" (ACP) ». Prenant appui sur ce projet et sur l’encouragement que constituait pour eux la création, le 3 mars 1989, du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), les fondateurs du Front islamique du salut (FIS) considérèrent qu’« un peu de liberté et moins de contraintes » leur suffisaient « pour prétendre publiquement représenter les fidèles ». Le 10 mars 1989, le FIS, premier parti islamique en Algérie, est créé.
En prélude aux élections législatives de 1991, le FIS dévoile les grandes lignes de son programme. Aux yeux du collège dirigeant du parti, la « scolarité plus élevée des femmes » passe par la réforme de l’éducation à côté de celle des médias. Un second clin d’œil aux femmes, sur fond d’amélioration du logement, avait été la promesse d’une rémunération à celles d’entre elles qui élevaient des enfants. Le développement économique, la « libre entreprise » pour la « création d’emplois » parlaient évidemment à la « base de l'appui populaire du [FIS] se trouv[ant] parmi la jeunesse urbaine, pauvre, sans emploi et désillusionnée ».
Au plan politique, la promesse d’instaurer un « gouvernement responsable » dans un État islamique n’avait pas été suivie de la clarification par le FIS de sa « position sur les parties controversées (houdoud) de la charia où l'on définit les châtiments tels que l'amputation de la main d'un voleur ».
« L’identité religieuse et culturelle commune au peuple algérien » était plutôt propice aux « œuvres de charité locale » et au port du foulard par les femmes qui sont nombreuses à créditer le FIS de « l’honnêteté » et de « l’espoir » dont le Front de Libération Nationale (FLN) et les autres partis politiques avaient du mal à se prévaloir.
« Hostilité [du Front islamique du salut] à la démocratie et au multipartisme » ou pas, l’option politique déclinée du FIS avait été suffisante en décembre 1991 pour permettre au Front d’arriver largement en tête des élections législatives pluralistes, jamais organisées en Algérie, avec 188 sièges engrangés dès le premier tour de scrutin. Crédité par les observateurs de la majorité absolue de 216 sièges au second tour, le FIS ne goûta pas à la victoire qui se dessinait puisque l’armée stoppa le processus en annulant les élections, annihilant du coup la possibilité d’une solution politique au « mal-développement algérien » sous le regard médusé des vétérans algériens du jihad antisoviétique (1979-1989) en Afghanistan. Leur influence s’ajouta au désenchantement du FIS et de la société algérienne assez bien représentée au sein du Front. Pour plusieurs groupes armés, proches ou non du FIS, le rêve (brisé) « d’instaurer un gouvernement tel qu’il aurait été pratiqué à l’époque de Mahomet » ne pourrait plus se réaliser que par le recours à la guérilla qui précipita l’Algérie dans la guerre civile, opposant, de 1991 à 2002, lesdits groupes au gouvernement algérien.
La fin, en février 2002, des hostilités en Algérie ne s’expliquent pas que par la défaite des groupes armés face au gouvernement algérien. Ce dernier tire naturellement parti de l’appartenance de l’Algérie à un monde globalisé où circulent non seulement les biens et les personnes mais aussi - et on l’oublie souvent - les idéologies - parmi lesquelles figure le jihadisme -, qui ont la faculté de fédérer des vues pour les faire converger vers le même point. Antérieurs à la fin de la guerre civile algérienne, « les attentats du 11 septembre [2001] et la “guerre contre le terrorisme” ont contribué à diffuser l’idéologie jihadiste [qui inspira bien des vocations] dans le monde ». En Algérie même, la mutation des différents mouvements armés en Groupement salafiste - as-salafiyyah dérivé de salaf, ancêtre - pour la prédication et le combat (GSPC) va accélérer « l’affiliation à Al Qaïda et l’ouverture sahélienne ».
Annoncée fin 2006 par l’« émir » du GSPC, Ayman al Zawahiri, et « officialisée début 2007 », l’affiliation à Al Qaïda s’est faite sous la dénomination AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique). Les « succès des forces algériennes » et les terrains marocain et tunisien moins propices à l’influence du salafisme armé poussent AQMI à porter ses opérations au Sahel en s’appuyant sur le « sanctuaire logistique » développé au Nord-Mali par le GSPC. Là-bas, « la jeunesse de Kidal, désœuvrée, est sensible au modèle de réussite sociale et financière des salafistes. Ces deniers possèdent de surcroît des relais militants en Mauritanie et dans la diaspora maure en Afrique de l’Ouest. En Mauritanie, comme au Mali et au Niger, AQMI utilise fréquemment des relais crapuleux pour kidnapper ses proies. » Mais les tensions nées des rivalités pour le commandement ne manquent pas. Celles qui opposèrent les Algériens aux Maliens sont, à titre d’exemple, à l’origine de la création du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), attestant d’un ancrage local des mouvements jihadistes en Afrique de l’Ouest au détriment du jihad régional initié par le GSPC à la suite de l’abandon par le groupe salafiste du conflit national.
Concurrent d’Al-Qaïda sur le terrain du jihadisme, l’État islamique (EI) proclama, 15 ans après sa création en 1999, l’instauration d’un califat sur les territoires sous contrôle en Syrie, en Irak, en Libye et en Afghanistan. En 2015, l’État islamique dans le Grand Sahel (EIGS) s’établit quand l’ancien porte-parole du MUJAO, Adnan Abou Walid Sahraoui, fit allégeance à l’État islamique, entraînant le groupe Al-Mourabitoun (Les Almoravides), né de la fusion, en 2011, du MUJAO avec Les Signataires par le Sang, dans une scission au désavantage d’AQMI.
Dans le Liptako-Gourma, les activités violentes de l’EIGS se concentre sur le contrôle d’activités génératrices de revenus en prenant pour cible les communautés qui pratiquent l’exploitation aurifère artisanale dans la région et le long des routes commerciales vers les côtes de l’Afrique de l’Ouest.
Progressivement, les enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels locaux ont fait surgir des mouvements jihadistes qui disent vouloir répondre aux attentes des populations locales qui, dans bien des cas, manquent de tout ou presque. Plus tard, la « reformulation en termes jihadistes » des griefs (néocolonialisme, pillage des ressources naturelles, contrats léonins au détriment des entrepreneurs locaux, etc.) à l’encontre de la France en Afrique de l’Ouest confère aux « entrepreneurs jihadistes » locaux une autre portée et justifie « l’insurrection jihadiste » à l’encontre des États ouest-africains concernés et des intérêts français.
En observant tous ces faits, la construction à laquelle parvient SEDGWICK est particulièrement digne d’intérêt : « L’idéologie est une condition nécessaire à l’essor d’une insurrection jihadiste, mais elle n’est pas suffisante. Il n’existe pas d’insurrection spontanée, sans instigateur ni organisateur. Les instigateurs peaufinent le discours, déclarent que l’insurrection est le seul moyen d’atteindre des objectifs, fournissent les arguments qui apportent une justification morale de la violence et persuadent leurs adeptes de la réussite probable de l’insurrection, en dépit des risques. »
Oripeaux partisans du jihadisme au Sénégal
Quid d’une insurrection partisane avec, en toile de fond, une idéologie jihadiste ? Elle suit le même schéma, conférant à la construction de SEDGWICK toutes les qualités d’un prisme sous lequel peut parfaitement être analysée l’insurrection à laquelle appela le patron de Pastef Ousmane Sonko et qui provoqua les émeutes de février-mars 2021 jamais enregistrées au Sénégal depuis l’indépendance. Le mémorandum du gouvernement sénégalais consacré à ces émeutes en dit long sur les similitudes frappantes entre les modes opératoires jihadiste et partisan propre à Pastef : « En affirmant, sans ambages, “qu’on ne pouvait pas vouloir une chose et son contraire ; que le temps était venu de se battre au prix de sa vie”, [Ousmane Sonko] invitait les jeunes au soulèvement, à la révolte et à ne montrer “aucun signe de faiblesse”.
Cet appel à la violence, qu’il qualifie de révolution, trouvera un écho favorable auprès de ses inconditionnels, puisque la levée de son immunité parlementaire, le lendemain de sa déclaration, a déclenché un nouveau cycle de troubles. »
Non moins révélateur est le passage, rédigé de bonne foi, par les rédacteurs du contre-mémorandum du Mouvement de défense de la démocratie (M2D) : « Les Sénégalais n’aiment pas l’injustice. Pour cette fois, le peuple, excédé de voir des opposants liquidés les uns après les autres dans une logique de conservation du pouvoir présidentiel, a pris ses responsabilités, pour crier son ras-le-bol face à l’injustice flagrante et aux agressions répétées contre la démocratie. » Le discours radical d’Ousmane Sonko n’est ni plus ni moins que le moyen efficace d’instrumentalisation du rejet (avéré) de toutes les formes d’injustice par les Sénégalais et de leur adhésion sans équivoque à des processus démocratiques non entachés d’irrégularités.
C’est donc avec des oripeaux partisans que la faction jihadiste Pastef fait son nid aux dépens de la démocratie sénégalaise dont elle ne reconnaît aucun des rouages institutionnels. L’appel, fait en août 2021 par Ousmane Sonko à « l’occupation des centres d’inscription par les jeunes primo votants en difficulté », et contre lequel nous avons énergiquement répondu sur YouTube, était on ne peut plus révélateur. Les réponses aux sorties de Sonko qui suivront, quand c’est nécessaire, seront toutes inspirées par ce que nous appelons l’antiterrorisme rationnel permettant d’éviter de tomber dans le piège de la « lutte contre le terrorisme » dont on connaît les limites objectives dans l’espace et dans le temps. De quoi s’agit-il ?
De l’antiterrorisme rationnel
Lorsqu’on étudie l’islam, l’intérêt pour son livre saint qu’est le Coran s’impose que l’on soit musulman ou pas. Le « Livre des versets pleins de sagesse » est une double invitation à l’être humain tel qu’il est désigné par Dieu dans le Rappel :
- une invitation au culte
Al ibada
- une invitation à la réflexion
Al tafakkur
Réflexion sur Dieu, sur soi, sur la science, le monde, l’invisible, etc., qui n’exclut pas un travail de recherche de la vérité au sujet des versets coraniques.
Se voyant offrir deux cartes d’invitation, les musulmans ont massivement répondu à la première (Al ibada), négligeant la deuxième (Al tafakkur). Cheikh Ahmed Tidiane SY explique l’engouement pour la première invitation au détriment de la deuxième en insistant sur la relative aisance dans le culte et les difficultés auxquelles les musulmans sont confrontés lorsqu’ils investissent le champ de la réflexion, de l’observation, de la recherche et du débat contradictoire en même temps que des milliers de non musulmans très fortunés, des milliers de savants non musulmans, des milliers de philosophes non musulmans, etc., qui contestent et l’authenticité du Prophète des musulmans et l’authenticité des versets du Coran qui, de leur divulgation à nos jours, ont fini par se propager aux quatre coins de la Planète malgré l’hostilité (réelle ou supposée) qu’on leur manifesta en Occident notamment.
Mais l’erreur des jihadistes - combattants autoproclamés de l’islam - est de n’avoir pas cherché dans le Coran ou de n’avoir pas adéquatement interprété ce qui s’y trouve pour relever le défi intellectuel dont le primat sur tous les autres défis (politique, économique, social, culturel, technologique, etc.) déterminerait avant tout l’issue de ce qui n’aurait dû être, au pire des cas, qu’une deuxième guerre froide opposant le monde arabo-musulman à l’Ocident après la première qui opposa le monde, dit « libre », au bloc, dit « totalitaire », jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989 et la réunification de l’Allemagne. Si la guerre des idées avait eu lieu, l’affrontement entre les démocraties occidentales et les monocraties arabo-musulmanes auraient vite tourné à l’avantage de ces dernières grâce aux ressources du Livre qui n’élude aucun sujet.
« Nous n'avons rien omis d'écrire dans le Livre. » (6:38)
L’échec de l’ONU, aujourd’hui vielle de 77 ans, dans son effort ininterrompu de démilitarisation des esprits pour l’avènement d’une société mondiale post-clausewitzienne, sans terrorisme ordinaire et extraordinaire, s’expliquerait, selon la thèse originale de Cheikh Ahmed Tidiane SY, inspirée par le Coran et la Sunna, par la tournure favorable à la notion de « Condition » dans l’affrontement sans merci qui l’opposa à l’idée de « Conscience ». Pourtant, il suffit, de l’avis du conférencier, que l’individu tire de sa conscience les ressources qui s’y trouvent et dont il a besoin pour sortir de sa mauvaise condition en se réinventant et en réparant en même temps le monde déréglé auquel il ne pense pouvoir échapper autrement que par le « suicide égoïste » dont l’une des formes extrêmes, de type jihadiste, est « l’attentat-suicide ».
Que se passe-t-il maintenant quand la Conscience prend le dessus sur la mauvaise condition réelle ou supposée ? Deux choses à la fois : l’abandon du discours tintamarresque utilisée pour faire peur à l’autre et la renonciation à l’artifice violent en renouant avec l’intelligence et l’effort. Deux recommandations faites aux mondes, comme dans un conte, par Dieu à travers deux versets d’une divine beauté : le cri de l’âne du mauvais locuteur et la ruse du paresseux qui pense avoir réussi son coup comme l’araignée qui tisse sa mince et fragile toile dans une chambre sans y être invitée.
« Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c'est bien la voix des ânes. » (31:19)
« Ceux qui ont pris des protecteurs en dehors d'Allah ressemblent à l'araignée qui s'est donnée maison. Or la maison la plus fragile est celle de l'araignée. Si seulement ils savaient ! » (29:41)
La Conscience, opposée à la mauvaise condition, renvoie dos à dos le jihadiste qui en veut à tout le monde sans discernement et sa cible entraînée dans une « guerre contre le terrorisme » qu’on ne sait toujours pas gagner puisque « le terrorisme est un mode d’action et non un acteur » saisissable comme n’importe quel autre acteur sur le terrain de la confrontation.
Parce qu’elle égalise les conditions, la Conscience - avec un C majuscule - n’appartient à aucune aire géographique spécifique fondée ou mandatée à proclamer l’universalité de ce qu’elle estime être sa propre conscience. C’est sur cette prise de conscience, à vocation universelle, que l’antiterrorisme rationnel gage son succès en relevant le défi intellectuel et politque venant et des jihadistes et/ou de leurs cibles révoltées.
C’est enfin sous le prisme de tout ce qui vient d’être dit que nous analysons les faux raccourcis que sont, en politique, la ruse de l’araignée et le cri de l’âne. Le recours aux deux renvoient aujourd’hui à une foultitude d’actes terroristes ordinaires dont les plus usités par le patron de Pastef est le choix sans équivoque de l’ennemi à abattre, le discrédit jeté publiquement sur les institutions de la République, le mensonge médiatisé, le fake news dans les réseaux asociaux, les menaces proférées par les mêmes canaux, l’appel récurrent au soulèvement, etc. En laissant entendre que la seule élection présidentielle gagnée par le président Macky SALL est celle de février et mars 2012 à laquelle il ne participa pas pour n’avoir pas eu à cette date une existence politique, Ousmane Sonko ne reconnaît toujours pas sa défaite de février 2019 malgré sa troisième place derrière les candidats Macky Sall et Idrissa Seck. M. Sonko n’est donc pas prêt à reconnaître aucune autre défaite électorale.
Autant de mépris pour la « démocratie procédurale » et la démocratie tout court augure un déferlement de violence auquel Pastef se prépare en se donnant en sourdine les moyens du terrorisme extraordinaire dont les victimes présumées sont les « membres des forces [de défense] et de sécurité et leurs familles, les journalistes et d'autres employés des médias, les fonctionnaires, les étrangers, les femmes, les avocats, les intellectuels, les artistes, les militants dans le domaine des droits de la personne et les enseignants ». Il faut s’attendre, le moment venu, à ce que des militants en uniforme et armés de Pastef installent de faux postes de contrôle pouvant coûter la vie à de nombreux politiciens et gendarmes de nos forces de défense et de sécurité. Les inconditionnels de Pastef qui ont incendié le véhicule du journaliste Macoumba Beye et attaqué les locaux de la chaîne de télévision « politiquement correcte » TFM n’hésiteraient pas, le moment venu, « [d’ordonner] à tous les journalistes de la radio et de la télévision [considérés comme défavorables à leur faction] de cesser de travailler sous peine de mort ». Il faut également s’attendre à ce que « les militants [de PASTEF] tuent des étrangers afin d'isoler [le Sénégal] sur le plan international et de discréditer encore plus l'État en le présentant “comme une entité faible, incapable de protéger ses hôtes étrangers ou ses citoyens” ». Le moment venu, les « intellectuels, écrivains, artistes, syndicalistes, avocats, militants politiques et défenseurs des droits de la personne [que les jeunes amis de Sonko accusent de critiquer Pastef], de collaborer avec le gouvernement ou de représenter les dirigeants politiques [indésirables] seront également pris pour cible ». Il ne fait alors aucun doute que des avocats et des juges soupçonnés d’avoir travaillé pour la proclamation de résultats défavorables à Ousmane Sonko et/ou à Pastef seront inquiétés.
L’antiterrorisme rationnel suffira-t-il à endiguer le mal du fait d’une prise de conscience collective accélérée cette fois par une contribution exceptionnelle de l’audiovisuel public au débat d’idées ? En l’absence d’une initiative originale du débat contradictoire dans les médias, les faits montrent que non depuis les émeutes de février-mars 2021. Le badigeonnage de panneaux pour les rendre inexploitables au bord de nos routes et le bouchage de canalisations pour l’évacuation des eaux de pluie à Keur Massar sont des actes de sabotage dont les auteurs ne se montreraient pas hostiles à Pastef et à son géniteur narcissique, incompétent, arrogant et violent quand ils n’y militent pas. La violence légitime doit donc se préparer à toute éventualité en parfaite intelligence avec le Renseignement. Pour tout dire, « la lutte contre une [faction] qui défie l’État [comme Pastef] doit se décliner tant au niveau sécuritaire que social et politique, en somme selon un triangle alliant sécurité, développement et gouvernance politique. En d’autres termes, il s’agit à la fois de neutraliser un potentiel de violence par la coercition et le droit (…) que de réduire le substrat sur lequel il se développe ».
Bien sûr, la « Transparence » et l’« Ethique » claironnées par Pastef et son patron enchantent des enseignants du primaire, des premier et second cycles du secondaire et des universitaires. Nous invitons les mêmes à s’arrêter sur la « Fraternité » qui est un projet politique, illusoire sans la concorde, et non une déclamation creuse faite pour tromper l’opinion.
« Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu'on vous fasse miséricorde. »(49 :10)
Gagner le débat…(L’Harmattan, Février 2023)
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Par Benta A. Abuya
SEULE UNE FILLE SUR TROIS ATTEINT L'ECOLE SECONDAIRE AU SENEGAL
Le Sénégal a une jeune population, avec environ la moitié de ses 18 millions d'habitants âgés de moins de 19 ans. Cela indique une demande potentiellement élevée en matière d'éducation. Cependant, parmi les enfants âgés de 6 à 11 ans, 41% ne sont pas scol
Le Sénégal a une jeune population, avec environ la moitié de ses 18 millions d'habitants âgés de moins de 19 ans. Cela indique une demande potentiellement élevée en matière d'éducation. Cependant, parmi les enfants âgés de 6 à 11 ans, 41% ne sont pas scolarisés. Dans le groupe d'âge des 12 à 18 ans, 43 % ne sont pas scolarisés. Les statistiques montrent également que le nombre de filles inscrites diminue au fur et à mesure qu'elles avancent dans le système. Pour comprendre cette dynamique, le Centre africain de recherche sur la population et la santé a mené une étude de deux ans sur l'éducation et le bien-être des filles au Sénégal. Benta A Abuya, chercheur principal de l'étude, analyse les résultats.
Votre étude a révélé que seulement environ 34% des filles s'inscrivent dans une école secondaire même après avoir terminé leur cycle élémentaire au Sénégal. Comment cela se fait-il ?
Les raisons commencent dès l'école élémentaire. Au Sénégal, l'âge officiel d'entrée à l'école élémentaire est fixé à six ans. L'école élémentaire dure six ans, le moyen quatre ans et le secondaire trois ans. Nos résultats montrent qu'en dernière année d'école élémentaire, le taux d'abandon est de 26,7 % pour les filles et de 22,2 % pour les garçons. Nous avons constaté que les difficultés financières des ménages constituent l'un des obstacles à l'achèvement de la scolarité des filles et des garçons. Environ 39 % des Sénégalais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Malgré l'existence de programmes gouvernementaux – comme l'enseignement public gratuit jusqu'à l'âge de 16 ans et le Projet d'appui à l'éducation des filles, qui fournit des uniformes scolaires – le coût de la scolarité reste un obstacle pour de nombreuses familles. Elles doivent payer le matériel pédagogique et le transport scolaire. Nous avons également constaté une préférence pour l'éducation des garçons par rapport à celle des filles. Dans les ménages aux moyens financiers limités, les garçons sont plus souvent envoyés à l'école, au détriment des filles. En outre, les filles qui sont délinquantes, qui manquent d'intérêt pour l'école ou qui se livrent à des activités sexuelles dangereuses ont tendance à être jugées sévèrement par les communautés. Elles sont considérées comme une source de honte pour leur famille. Elles sont donc retirées de l'école et mariées précocement pour tenter de remédier à ce comportement. Des croyances et des pratiques culturelles profondément ancrées - telles que les mutilations génitales féminines, les mariages forcés d'enfants et les grossesses précoces - empêchent également certaines filles de progresser à l'école. Elles accusent donc un retard en matière d'éducation et de bienêtre. L'âge légal du mariage au Sénégal est de 16 ans pour les filles et de 18 ans pour les garçons. Mais ce sont les familles qui décident du moment où les filles se marient. Par exemple, dans la région de Kolda, dans le sud du pays, 68 % des filles se marient avant d'avoir 18 ans. C'est plus du double de la moyenne nationale de 31 %. Dans une étude exploratoire réalisée en 2019, nous avons constaté que sur 1 321 adolescentes, 78 % sont tombées enceintes entre 12 et 18 ans. Parmi ces grossesses, 25,6 % ont eu lieu avant que les filles n'atteignent l'âge de 15 ans. Et selon une étude exploratoire que nous avons réalisée en 2021, les grossesses précoces ont été principalement citées dans les régions de Zinguinchor et de Sédhiou, dans le sud-ouest du Sénégal, comme étant à l'origine de l'abandon de l'école par les filles. Certaines filles se marient tôt parce que leur famille pense qu'elles risquent moins de tomber enceintes dans le cadre d'une relation sexuelle transactionnelle. D'autres se marient tôt parce qu'elles considèrent que c'est la seule possibilité de faire leur vie après avoir abandonné l'école.
Pourquoi est-ce un problème que tant de filles n'aillent pas à l'école secondaire au Sénégal ?
Lorsque les filles ne vont pas à l'école secondaire, elles et leurs communautés ne bénéficient pas des avantages sociaux, économiques et sanitaires qui découlent de l'éducation. Lorsque le nombre de filles qui accèdent à l'école secondaire augmente, les communautés sont incitées à construire davantage d'établissements secondaires. Cela stimule à son tour l'augmentation des inscriptions à l'école primaire. Les filles ont également plus de chances de se trouver à proximité des écoles qu'elles doivent fréquenter, ce qui motive les parents à s'engager davantage à soutenir de leur scolarité. Lorsque les filles reçoivent une éducation secondaire, toute la société en bénéficie. Les compétences en matière de réflexion critique permettent aux filles de participer à des tâches civiques et de conduire des changements démocratiques au sein de leurs communautés. Les femmes instruites sont mieux placées pour relever certains défis sanitaires auxquels sont confrontés leurs enfants et leurs communautés, car elles sont souvent les principales dispensatrices de soins. Les mères instruites améliorent la vaccination et l'apport nutritif de leurs enfants, réduisent le risque de mortalité infantile et de retard de croissance, ont des taux de fécondité plus faibles et moins de grossesses non désirées. Enfin, le fait d'aller à l'école secondaire réduit le risque que les filles contractent des maladies sexuellement transmissibles, car elles sont en mesure d'accéder à des informations leur permettant de modifier leur comportement en matière de santé au moment où elles sont le plus vulnérables.
Vous avez cherché à savoir comment les parents pouvaient contribuer à augmenter le nombre de filles inscrites à l'école secondaire. Qu'avez-vous trouvé?
Les parents peuvent contribuer à augmenter le nombre de filles qui accèdent à l'école secondaire s'ils :
• donnent les mêmes chances aux filles et aux garçons d'aller à l'école
• s'abstiennent de marier les filles à un âge précoce
• cessent d'invoquer l'excuse selon laquelle les filles “finiront forcément à la cuisine”
• enregistrent tous leurs enfants, y compris les filles, à la naissance afin qu'ils disposent d'un bulletin de naissance.
Nous avons constaté que l'absence de suivi de la délivrance des actes de naissance pour les filles entrave leur éducation au-delà de l'école primaire, car elles ne peuvent pas se présenter aux examens de fin d'année.
Le gouvernement et les acteurs de l'éducation doivent encourager les parents à s'impliquer davantage dans les programmes visant à maintenir les filles à l'école. Par exemple, l'implication des parents est nécessaire pour mener la lutte contre les mariages précoces et les mutilations génitales féminines.
Le gouvernement doit également veiller à ce que le Cadre de coordination des interventions sur l'éducation des filles au Sénégal travaille avec les communautés. Les hommes et les garçons devraient être impliqués dans les programmes d'intervention. Cela pourrait modifier la dynamique du pouvoir en remettant en question les normes de genre et les croyances patriarcales selon lesquelles les hommes et les femmes ne sont pas égaux.
Dans les régions où les facteurs culturels et religieux entravent l'éducation des filles, les parents devraient être les premiers à s'attaquer à ces obstacles. Ils peuvent le faire en s'élevant contre les mariages précoces et en maintenant les filles à l'école.
Benta A. Abuya
Research Scientist, African Population and Health Research Center
Par Thierno Alassane SALL
LE DAC FANTOME D’ITATO, CIMETIERE DU PSE
Le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) est devenu le syndrome de la corruption généralisée et de la déliquescence de notre administration.
Le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) est devenu le syndrome de la corruption généralisée et de la déliquescence de notre administration. Le DAC fantôme d’Itato en est un exemple flagrant. Au départ, de bonnes idées, comme l’approvisionnement de la région de Kédougou en poisson, et des milliards de recettes qui auraient dû soulager, en partie, la pauvreté endémique dans la zone. Au résultat, les images ci-jointes, qui mieux que tout discours, dressent le bilan de la politique agricole du gouvernement et donnent une idée des raisons de la non atteinte de l’autosuffisance alimentaire. Les promesses faites aux communautés n’ont pas été tenues. Les activités d’élevage sont au point mort. L’électricité, quant à elle, attendra peut-être que les poules aient des dents. L’indigence est encore là.
Le plus grave n’est pas seulement les quelque 36 milliards de francs CFA, qui appellent un audit indépendant, mais l’absence de mise en œuvre des projets de développement, qui prive ainsi les populations des bénéfices attendus du programme. En outre, cet état de fait continue de saper la confiance des citoyens dans les institutions publiques et renforce l’image de la corruption endémique au Sénégal. Quoiqu’en diront les juges, le tribunal de l’histoire retiendra que le Prodac est responsable de crimes économiques contre un peuple affamé. Il est temps de définitivement tourner la page de la mal gouvernance érigée en norme, et mettre fin à la gabegie au sein de notre administration. Cela passe notamment par une réforme des corps de contrôle et la mise en place de mécanismes de suivi efficaces, et enfin, la poursuite des auteurs présumés de malversations.
Thierno Alassane SALL
Député à l’Assemblée Nationale du Sénégal Président République des Valeurs / Réewum Ngor
Par Abdoul MBAYE,
TROIS DECISIONS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU SENEGAL POUR RESOUDRE LA CRISE ET ELOIGNER LES RISQUES NATIONAUX ET GEOPOLITIQUES
J’ai personnellement toujours accordé peu de crédit à ces appels au dialogue venus de Macky Sall
A l’occasion de son message à la Nation prononcé le 3 avril 2023, à la veille de la fête de l’indépendance du Sénégal, Macky Sall a lancé un nouveau et quatrième appel à la concertation et au dialogue. J’ai personnellement toujours accordé peu de crédit à ces appels au dialogue venus de Macky Sall. Je n’y ai vu que ruse. Mon parti a cependant accepté de limiter sa participation au seul volet politique du troisième appel, parce que relevant d’une tradition au Sénégal après chaque élection majeure ; il était par ailleurs organisé avec la participation d’auditeurs indépendants pour juger du code et du processus électoral sénégalais, ce qui offrait un minimum de sincérité.
Je ne vois à ce quatrième appel au dialogue que l’élément positif suivant : le président de la République constate l’existence d’une situation de crise mettant en péril le « vivre ensemble » de la Nation. Il serait légitime de penser qu’il s’adressait en priorité au front politique déjà en ébullition, y visant un apaisement qui pourrait également enlever de la radicalité au front social qui se réveille comme conséquence de son échec économique. Pour atteindre cet apaisement devenu nécessaire, il n’est pourtant nul besoin de dialogue, et ce, pour au moins deux raisons : la première est que chaque facteur majeur de la crise sénégalaise est une création du président de la République ; la seconde est que chaque facteur majeur de la crise peut trouver sa solution par une décision venue de lui.
Le dialogue est donc inutile. La bonne foi du président de la République est la vraie solution. Elle peut se mesurer à l’aune de trois décisions qu’il doit prendre pour préserver le Sénégal de lendemains très incertains. Ces trois décisions concernent le troisième mandat, le parrainage, la loi et la justice au service de l’élimination des opposants politiques.
Le troisième mandat que le Président de la République considère comme possible et qui ne dépendrait plus que de sa seule décision politique
Macky Sall doit savoir qu’il ne trompe personne parmi ses concitoyens. Il les a appelés à un referendum dont il a expliqué plusieurs fois le sens avant le scrutin et après lui (des archives écrites et audiovisuelles sont disponibles et en attestent). La révision de la Constitution de 2001 a été votée comme il le souhaitait en 2016, accordant un caractère inaliénable au principe du mandat présidentiel renouvelable une seule fois, principe déjà présent dans la Constitution. Il a confirmé lors de la cérémonie d’ouverture du dernier dialogue organisé le 28 mai 2019, qu’il n’avait plus droit à un autre mandat suivant son second juste conquis (grâce au parrainage). Ce fut également le moment d’un terrible aveu sorti de la bouche du premier des Sénégalais : il promettait de cesser d’être dans sa roublardise habituelle (« njucc njacc » en ouolof), qui ne se justifiait plus. Quel esprit sain pourrait aujourd’hui accepter que Macky Sall se soit trompé dans la juste interprétation du texte qu’il a souhaité puis validé avant de le faire voter, au point de devoir se réfugier depuis peu, derrière celle livrée par des personnages sans relief, choisis parmi ses thuriféraires ?
Son attitude porte de très gros risques pour le Sénégal. Il serait le seul responsable de ce qui pourrait advenir (avec quelques complices qui devront également rendre des comptes), si une telle posture était maintenue. Il suffit cependant d’abandonner la voie du retour au « njucc njacc », de respecter sa parole et sa Constitution afin que ce facteur majeur de crise disparaisse. Ce serait d’ailleurs aussi respecter ses compatriotes. Cette décision « politique » (qualificatif retenu lors de son interview à l’Express) majeure, ferait le plus grand bien à notre pays qui reste le sien.
Le parrainage
Le parrainage citoyen inventé par Macky Sall en 2018, a eu pour objet la réduction du nombre de candidats aux élections à l’aide d’un critère non objectif. Le parrainage est défini par la réforme constitutionnelle l’instituant comme « signature d’un électeur ». Dès sa conception, nul ne pouvait ignorer qu’il était impossible à mettre en œuvre puisque le contrôle des signatures, voulues en très grand nombre, est lui-même impossible à organiser dans les délais requis par la loi. Mais il fut imposé par « njucc njacc ».
Le dispositif mis en place a fait l’objet d’un Arrêt (N° ECW/CCJ/JUD/10/21) rendu par la Cour de Justice de la CEDEAO. Ce dernier dit que le système de parrainage mis en place par le Sénégal « viole le droit de libre participation aux élections », ce qui est un recul démocratique d’une extrême gravité ! Cet Arrêt constate son caractère illégal (contraire à des lois que le Sénégal accepte au-dessus des siennes propres) et enjoint l’État de restaurer au Sénégal, la libre participation aux élections par « la suppression du système de parrainage électoral ».
En application de cet Arrêt, les réformes supprimant le « parrainage sénégalais » auraient dues être mises en œuvre depuis fin octobre 2021. Il suffit donc de regretter de bonne foi, le retard mis à respecter un Arrêt rendu par la CJ CEDEAO et de se mettre en conformité avec les engagements internationaux du Sénégal, en supprimant le dispositif de parrainage sénégalais.
La loi et la justice au service de l’élimination des opposants de la compétition électorale
C’est une autre roublardise (njucc njacc) qui est à l’origine de toute cette tension créée par les poursuites judiciaires engagées contre des opposants politiques sénégalais, fussent-elles justifiées ou non. Le citoyen en est venu à perdre toute confiance en sa Justice, jugée au service des desseins politiciens du Président de la République.
.A la faveur de la modification de la loi électorale pour prise en compte de la roublardise du parrainage, un simple mot a été subrepticement ajouté à l’article L57 du Code électoral.
Le mot « électeur » introduit après « Tout Sénégalais », a enlevé au juge sénégalais le soin de décider lui-même de priver ou non un citoyen de son droit d`être éligible. La perte automatique du droit d’être électeur (Art. L29 du Code électoral, pourtant déjà excessif et à réformer comme recommandé par des audits internationaux successifs du Code électoral sénégalais) a créé une autre automaticité : la perte du droit d’être éligible. Dès lors la condamnation pénale, la plus minime soit-elle, est devenue un moyen de faire perdre à un opposant, sans décision spécifique du Juge (art. 34 du Code pénal sénégalais), à la fois ses droits d’électeur et d’être éligible. Pourtant rien ne devrait empêcher un non électeur d’être éligible comme le prévoit l’article 34 du Code Pénal sénégalais qui laisse au juge le choix des peines.
Il suffit donc de revenir au texte ancien (antérieur à juillet 2018) par la suppression du simple mot « électeur » de l’article sus visé, afin que les opposants éliminés ou à éliminer puissent retrouver leur droit d’être éligibles. Ce facteur de grave crise tombera et il restera au Peuple souverain d’apprécier la gravité de leurs fautes par la sanction du vote. Et le Juge ne sera plus soupçonné d’énoncer des peines avec pour objectif principal de priver un justiciable de son droit d’être éligible. Notre Justice a ce grand besoin d’être réconciliée avec son Peuple.
Il y a bien entendu beaucoup d’autres choses à corriger, à réparer, à reconstruire. Mais les décisions permettant de neutraliser ces trois facteurs majeurs de crise feraient retomber la tension. Nous retrouverions un Sénégal apaisé, en mesure de maintenir son statut d’îlot de stabilité dans la sous-région, rassurant ainsi l’ensemble de nos concitoyens et la communauté internationale.
Ces décisions sont simples et faciles à justifier. Elles n’ont pas besoin de cérémonie d’ouverture de dialogue, de nomination de modérateurs, de réunions interminables, de paiements d’indemnités. Il ne leur manque que la bonne foi du principal responsable de l’horizon immédiat vers lequel le Sénégal navigue.
A lui de nous montrer qu’il souhaite la paix et la stabilité pour le Sénégal et la sous-région.
A nous d’apprécier sa bonne foi.
Abdoul MBAYE
Président de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT) ancien Premier ministre
Par Diagne Fodé Roland
LES BOUCHES PANAFRICANISTES DU NORD DOIVENT S’OUVRIR!
La balkanisation coloniale et néocoloniale a été à la fois, dialectiquement, division et union forcées des nationalités africaines dans des territoires dont les frontières ont été tracées sans et contre les peuples d’Afrique.
La prise de conscience de la dangerosité vénale irresponsable du règne finissant de Macky/APR/BBY vient d’être encore manifestée par la pétition contre la répression et le non-respect des droits des citoyens et l’instrumentalisation de la justice intitulée «revenir à la raison» signée par 104 plus 1 (Ngugi Wa Thiongo) écrivains, universitaires et citoyens d’Afrique. Mais une autre dimension de cette agonie du présidentialisme autocratique au Sénégal est l’étalage de plus en plus flagrant de l’ethnicisme casamanphobe.
En effet, des plumes ethnicisées d’éditorialistes aux arrestations, aux disparitions, aux morts des répressions, à la gâchette facile à Bignona, aux offensives militaires récurrentes, aux emprisonnements d’écrivains, de journalistes et à l’instrumentalisation judiciaire, le voile opaque de la «sénégalité» des noms Diatta, Sagna, Bassène, Bodian, Diémé, Badji, Sané, Gomis, Coly, Mancabou, Correa, Preira, Sonko, etc, voire de la criminalisation impunie des tenues et autres aspects culturels cèdent de plus en plus sous les coups de boutoirs d’une inacceptable casamanphobie ethnicisée.
Ainsi des «forces», excusez, «farces spéciales» aux «commandos», la pluri-décennale rébellion casamançaise est convoquée directement ou indirectement, y compris par voie de judiciarisation, pour tenter d’exclure de la présidentielle du 25 février 2024, celui qui est Casamançais par son père et nordiste par sa mère. On cherche manifestement à susciter dans l’inconscient collectif des Diagne, Diop, Ndiaye, Guèye, Dieng, Ndoye, Mbodj, Sall, Sy, Ly, Kane, Dia, Diouf, Faye, Bathily, etc, la peur paranoïaque d’une prise de pouvoir présidentiel des «rebelles» (sic!), de feu l’Abbé Diamacoune, des Nkrumah Sané, Salif Sadio (resic!).
Sonko serait ainsi Sénégalais, oui, mais entièrement à part en raison de l’histoire du mouvement indépendantiste casamançais incarnée par la naissance du MFDC en mars 1947, 6 mois après le congrès fondateur du RDA à Bamako d’octobre 1946 en l’absence des «Sénégalais» Senghor/Dia/Lamine, mais en présence de son véritable fondateur «Sénégalo-Casamançais» Victor Diatta. Le «silence» et l’évitement plus ou moins collectif sur le réveil de la question nationale casamançaise à partir de décembre 1982 et la politique de l’autruche sur le vain traitement quasi-exclusivement militaire doublé de la généralisation ONGisée de la corruption ont constitué le terreau de l’aventure politique en cours d’une ethnicisation implicite de plus en plus explicite dans la perspective de la présidentielle 2024 à laquelle l’actuel président ne peut participer en vertu de l’interdit constitutionnel selon lequel «nul ne peut faire plus de deux mandats présidentiels consécutifs».
Si, comme le rappelait feu l’Abbé Diamacoune, «l’intégration» de la Casamance dans le Sénégal indépendant à travers la relation particulière entre le BDS de Senghor/Dia, puis l’UPS et le PS était un échec pour le MFDC, la candidature d’un fils, même à moitié, de la Casamance à la présidentielle 2024 est une opportunité dans la marche par étape vers l’unité démocratique africaine. Cette opportunité, même si elle ne suffit pas en soi à régler tout le contentieux historique de la douloureuse opposition fratricide, ne peut être sacrifiée sur l’autel de la pérennisation d’un pouvoir néocolonial libéral de plus en plus horsla loi enivré par la découverte de la manne potentielle en milliards de franc colonial CFA du pétrole, gaz, zircon, fer, etc.
La balkanisation coloniale et néocoloniale a été à la fois, dialectiquement, division et union forcées des nationalités africaines dans des territoires dont les frontières ont été tracées sans et contre les peuples d’Afrique. Voilà pourquoi la solution démocratique et donc juste est l’union libre des peuples libres d’Afrique selon la juste formule panafricaine et internationaliste des communistes Tiémoko Garan Kouyaté et Lamine Arfan Senghor dans les années 30. Nous devons appliquer à la question casamançaise l’approche démocratique qu’assure le principe constitutionnel de la laïcité en complément des mécanismes régulateurs internes propres à la cohabitation entre les Tarikhas confrériques et entre l’Islam et la Chrétienté en général dans notre pays.
Alors que les Wolofs, Sérères, Pulars, Soninkés, etc du nord du Sénégal ouvrent la bouche pour dire stop à la fascisation du régime autocratique présidentialiste de Macky/APR/BBY.
Diagne Fodé Roland
par Ousmane Sonko
LA RÉSISTANCE EST UN DROIT
Le régime finissant de Macky Sall a lâché la DIC aux trousses de Bassirou Diomaye Faye. À ces quelques magistrats couchés qui ont fait leur choix politique et alimentaire, nous leur ferons face par tous les moyens légaux
Il y a trois semaines, j’avais reçu une délégation de l’Élysée de passage à Dakar, avec laquelle nous avons eu un très long et respectueux entretien sur la relation entre nos deux pays.
Ce matin nous avons eu une longue discussion avec monsieur Jean Luc Mélanchon et l’honorable député Arnaud Le Gall de la France Insoumise.
Nos échanges ont particulièrement tourné autour de la géopolitique mondiale, des relations entre l’Europe et l’Afrique, mais plus singulièrement entre la France et le Sénégal.
Nous saluons une très grande convergence de vues sur ces problèmes.
Nous avons aussi abordé avec beaucoup de lucidité la question des dérives autocratiques et des reculs démocratiques. J’étais alors à mille lieues de m’imaginer qu’au même moment, le régime finissant de Macky Sall avait lâché la Division des Investigations Criminelles aux trousses de Bassirou Diomaye Faye, Secrétaire général du parti, qui prenait part à la rencontre.
Au moment où j’écris ces lignes, huit policiers, las de faire le guet devant son domicile depuis ce matin, se sont transportés à son bureau pour procéder arbitrairement à son arrestation.
Une de plus ! Il lui serait reproché sa dernière publication Facebook sur le comportement de certains magistrats.
En soutien, je publie le même texte sur ma page et demande à tous les patriotes et tous les citoyens épris de justice et de liberté et conscients de la dérive autocratique qui menace le Sénégal d’en faire de même : des millions de publications du même texte sur vos pages.
Il s’agira du premier acte de la campagne de désobéissance civique, sans tomber dans le piège du pouvoir consistant à dévier ou créer un contre-feu pour contenir la vague d’inscriptions des Sénégalais sur les listes électorales et l’énorme succès de la vente des Bracelets opposés aux bracelets de la honte du pouvoir.
Je voudrais rendre hommage aux centaines de magistrats restés débout et dignes malgré les iniquités d’un système broyé par un pouvoir aux abois.
Je voudrais, par contre, dire à ces quelques magistrats couchés qui ont fait leur choix politique et alimentaire, qu’au nom de la justice et de la République, nous leur ferons face par tous les moyens légaux.
Il n’y a pire injustice que celle qui s’exerce par des hommes malhonnêtes à l’ombre de lois iniques ou détournées de leur objet.
La résistance est un droit !
Allez vous inscrire massivement pour en finir avec le monstre !
par Daouda Mine
HAMADY DIOUF POUR JUGER SONKO, JE N’Y CROIS PAS
EXCLUSIF SENEPLUS - Le premier président de la Cour d’appel de Dakar n’ignore pas les dispositions de la loi. Il sait que les avocats d’Ousmane Sonko vont, sur la base du code de procédure pénale, pouvoir le récuser de bon droit
Honnêtement, je ne pense pas que Hamady Diouf, l’actuel premier président de la Cour d’appel de Dakar, comme annoncé par la presse, puisse juger Ousmane Sonko en appel dans l’affaire l’opposant à Mame Mbaye Niang.
Mieux, il ne peut participer aux deux procès de Sonko (affaire Mame Mbaye Niang et Sweet Beauté) en qualité de juge, pour la bonne et simple raison qu’il a connu de ces affaires en tant que magistrat (procureur) dans le cadre des poursuites. C’est lui qui a envoyé un soit-transmis à la Dic dans l’affaire Mame Mbaye Niang et c’est encore lui qui a enrôlé l’affaire pour le jugement devant le tribunal correctionnel avant qu’il ne soit nommé président de la Cour d’appel de Dakar.
Dans l’affaire sweet beauté, c’est encore lui qui a fait le réquisitoire définitif demandant que Sonko soit renvoyé devant la chambre criminelle. Ces deux actes font, qu’à mon avis, il ne peut, en aucun cas, participer aux jugements de ces 2 affaires.
Et en magistrat averti, il n’ignore pas les dispositions du code de procédure pénale et sait que les excellents avocats d’Ousmane Sonko vont, sur la base de l’article 650 du code de procédure pénale, pouvoir le récuser de bon droit au cas où il voudrait présider ou participer à ces audiences.
Voici, les dispositions de l’article 650 du Code de procédure pénale :
« Tout juge, conseiller ou président de chambre peut être récusé pour les causes ci-après :
1. Si lui ou son conjoint sont parents ou alliés d'une des parties ou de son conjoint jusqu'au degré de cousin issu de germain inclusivement : La récusation peut être exercée contre lui, même au cas de divorce ou de décès de son conjoint, s'il a été allié d'une des parties jusqu'au deuxième degré inclusivement.
2. Si lui ou son conjoint, si les personnes dont il est tuteur subrogé-tuteur, curateur, ou conseil judiciaire, si les sociétés ou associations à l'administration ou à la surveillance desquelles il participe ont intérêt dans la contestation.
3. Si lui ou son conjoint est parent ou allié, jusqu'au degré indiqué ci-dessus, du tuteur, subrogé- tuteur, curateur ou conseil judiciaire d'une des parties ou d'une administration, directeur ou gérant d'une société, partie en cause ;
4. Si lui ou son conjoint se trouve dans une situation de dépendance vis-à-vis d'une des parties;
5. S'il a connu du procès comme magistrat, arbitre ou conseil, ou s'il a déposé comme témoin sur les faits du procès ;
6. S'il y a eu procès entre lui, son conjoint, leurs parents ou alliés en ligne directe, et l'une des parties, son conjoint ou ses parents ou alliés dans la même ligne ;
7. Si lui ou son conjoint, ont un procès devant un tribunal où l'une des parties est juge
8. Si lui ou son conjoint, leurs parents ou alliés en ligne directe ont un différend sur pareille question que celle débattue entre les parties ;
9. S'il y a eu contre lui ou son conjoint et une des parties toutes manifestations assez graves pour faire suspecter son impartialité ».
NB : Le 5e point répond parfaitement au cas Hamady Diouf et peut être un motif de récusation.
L’article 654 du code de procédure pénale note que «toute demande de récusation visant le premier président de la Cour d'Appel doit faire l'objet d'une requête adressée au Premier Président de la Cour suprême».
par Magaye GAYE
UNE DÉCISION INHUMAINE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE FOOTBALL
La Fédération française de football (FFF) vient d ’interdire l’observance de brèves interruptions des matchs à l’occasion de la rupture du jeûne musulman.
La Fédération française de football (FFF) vient d ’interdire l’observance de brèves interruptions des matchs à l’occasion de la rupture du jeûne musulman. L’Instance, par le biais de la Commission fédérale des arbitres (CFA), a adressé un mail aux arbitres en ce sens, rappelant" le principe de neutralité du football sur les lieux de pratique".
A l’inverse, l’Angleterre a autorisé les joueurs musulmans à rompre leur jeûne pendant les matchs lors de la période du ramadan. Cette mesure concerne les rencontres du soir des différents championnats professionnels outre-Manche. Les pauses se feront rapidement pendant les arrêts du jeu.
Notre avis
1. La France à travers sa fédération de football nage à contre-courant des droits humains les plus élémentaires ; permettre en quelques minutes à un être humain qui est resté quasiment toute une journée sans manger ni boire de s’alimenter est un droit fondamental.
2. Lorsque l’intégrité physique ou morale de la personne peut être atteinte par la faim’, la soif, la peur ou par tout autre risque, la dignité humaine ne commande plus à l’autorité de convoquer un quelconque subterfuge constitutionnel pour justifier une inaction.
3. La fédération française, au contraire de son homologue anglais a fait preuve d’ inintelligence et d’inélégance. Elle s’arcboute sur une mauvaise lecture des dispositions constitutionnelles françaises pour essayer de saborder des croyances fondamentales.
4. Le sport véhicule de nombreuses valeurs telles que l’esprit d’équipe, la solidarité, la tolérance, la loyauté dont la diffusion est primordiale pour faire vivre une société fraternelle.
5. Oui une interruption des matches pendant la rupture du ramadan aurait fait une grosse publicité pour l’islam et ses pratiques et apparemment la fédération française de football n’en voulait pas.
6. Gouverner c’est aussi savoir contourner avec sagesse les obstacles sans pourtant être en porte à faux avec les règles fondamentales. Qu’est-ce que cela aurait-il pu coûter à la fédération française d’autoriser une telle pause ? Au contraire elle aurait gagné en sympathie.
7. La laïcité ne signifie pas la négation des différences mais plutôt une gestion intelligente de la diversité . Et ça la France ne l’a toujours pas compris. C’est vraiment dommage pour elle.
8. La Fifa, elle, l’a bien intégré puisque à l’occasion des Jeux Olympiques 2012 de Londres, elle avait autorisé les joueuses de football voilées à participer à toutes ses compétitions.
9. Nous encourageons la société civile française ainsi que les organisations internationales des droits de l’homme à attaquer en justice cette décision inappropriée de la FFF en saisissant le Conseil d’État.
10. L’ ouverture franche et résolue des anglais aux autres civilisations universelles devrait constituer une belle leçon à méditer pour le reste de l’Europe. On s’enrichit avec l’apport fécond des autres.
PAR Idrissa Ndiongue
KHALIFA ABABACAR SALL, UNE AMBITION EN MOUVEMENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Alors que d’aucuns évoquent son inéligibilité, le socialiste demeure imperturbable, traduisant en actes son calendrier politique. Il promet, une fois élu président de « semer les graines d’un Sénégal de l’espoir, de la modernité »
Khalifa Ababacar Sall, candidat déclaré, à la présidentielle de 2024, est parti début février, à la rencontre de ses compatriotes, dans le cadre d’une tournée nationale dénommée « Mottali Yéené ». Alors que d’aucuns évoquent son inéligibilité, le socialiste demeure imperturbable, traduisant en actes son calendrier politique. Il promet, une fois élu, président de la République de « semer les graines d’un Sénégal de l’espoir, de la modernité, de la solidarité et de l’ouverture ».
« Khalifa Ababacar Sall, c’est la discrétion en action. L’humilité dans le comportement, la persévérance et le courage, à toute épreuve », confesse d’emblée, un ami d’enfance de l’ancien maire de la capitale sénégalaise. L’homme est méthodique et organisé. Décrit comme un « conservateur » discret, tolérant et sans histoires, Khalifa réitère sans cesse, son ancrage au socialisme, mais se dit ouvert, à toutes les obédiences politiques, éprises de justice, animées par le désir d’installer le Sénégal, sur les rampes du développement. « Je suis un militant socialiste ancré dans les valeurs humanistes : l'égalité des chances, la justice sociale, la répartition équitable des ressources, la solidarité et le culte de l'intérêt général. Je suis déterminé à concrétiser les nobles ambitions que je nourris, pour le peuple sénégalais. Et rien ne saurait ébranler la confiance que je porte en vous », écrit-il, sur sa page officielle Facebook.
L’homme s'est hissé en politique par étapes, sans faire de bruits, parvenant au poste de député, ministre, maire de Grand-Yoff, puis maire de la capitale sénégalaise, Dakar.
Khalifa Sall est de la trempe des individus nés sous une bonne étoile. Ces êtres venus au monde, pour servir leur communauté. « Les charges de la vie publique ont presque raccourci son adolescence. Il est de ces génies précoces, doués d’un sens poussé de l’intelligence sociale qui n’ont point de temps à perdre », témoigne un de ses amis d’enfance. « Un leader né, un conciliateur qui a toujours su aller au-delà des divergences, tout en restant jalousement ancré, à ses opinions et croyances », poursuit-il.
En 1983, Khalifa Sall est élu député à l’Assemble nationale sénégalaise. Il avait alors tout juste 26 ans, devenant au passage, le plus jeune élu de l’histoire de la représentation parlementaire. Il va échelonner les postes, gagnant au fil des ans, en expérience.
Un projet qui transcende les appartenances et chapelles
En 1993, il entre au gouvernement comme ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Relations avec les Assemblées. En 1998, il est nommé ministre plein et hérite du portefeuille du Commerce et de l'Artisanat. Il occupera ses fonctions ministérielles, jusqu’en 2000, année de la chute des socialistes. D’ailleurs, c’est Khalifa, jeune ministre, secrétaire à la vie politique du Parti Socialiste (PS) qui admet face caméras, en toute sérénité, la perte de pouvoir du régime du président Diouf au profit de Wade. Un exercice complexe qui conforte à souhait son ancrage républicain, sa posture démocrate et son sens précoce de responsabilité et d’esprit de dépassement, pour les privilèges qui vont souvent de pair, avec la gestion du pouvoir.
A quelques mois d’un scrutin présidentiel décisif, pour l’avenir du Sénégal, Khalifa Sall part à la rencontre des sénégalais, dans le cadre d’une tournée nationale dénommée « Mottali Yéené ». En politique averti, il appréhende, parfaitement l’incontournable nécessité d’aller trouver ses compatriotes là où ils se trouvent. Une tournée qui l’a déjà mené à Rufisque, Diamnadio, Sebi, Diourbel, Tambacounda, Kedougou et qui devrait le conduire dans l’ensemble des 46 départements du pays, souffle-t-on, dans son cabinet politique. « Tout au long de cette tournée, je vous entretiendrai de cette ambition qui transcende les appartenances et les coteries. Elle se veut une synthèse de nos différences et de nos contradictions. Je serai à votre écoute, l’esprit ouvert et le cœur en communion d’idées avec vous. Travaillons ensemble pour une nation ancrée dans les valeurs fondatrices, un État fort, une République respectueuse des normes et des citoyens épanouis », relève-t-il, sur la note d’annonce de la tournée. Le digne héritier socialiste réitère à qui veut l’entendre que le développement du Sénégal demeure sa principale motivation. Il est plus fort que les épreuves, les calculs et les compromissions politiques », souligne-t-il.