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29 novembre 2024
Opinions
par Moussa Tine
LA SORTIE D'IDY DE LA MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE IMPLIQUE UNE RECONFIGURATION À L'HÉMICYCLE
Avec les députés de Yewwi, de Wallu, Cheikh Bara Doli Mbacké, Mamadou Lamine Diallo ainsi que les non-inscrits Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall, ainsi que Mariétou Dieng de Rewmi, l'opposition arrivera à une majorité simple de 83 députés
Idrissa Seck et ses ministres sortiront de la mouvance présidentielle. Qu'en sera-t-il de l'Assemblée nationale?
C'est là une belle et éclaircissante perspective politique.
En effet, fort de sa majorité parlementaire, Macky Sall impose à l'opposition un dialogue politique avec sa formule forte "kou guède sa yaya aayé".
Le défi moindre des oppositions est de rester sur la bataille pour le respect des principes démocratiques et des valeurs constitutionnelles, de la préservation de leur unité. Dans le même sillage, chaque potentiel candidat doit rester dans la compétition politique. Il y va de la vitalité de notre système démocratique.
Le pari pouvait être difficile, prédisant ainsi un avenir politique tumultueux pour notre pays. 2012 et les expériences récentes dans les pays de la sous-région ont montré que des pertes en vies humaines pourraient malheureusement en découler. Pour cause, le troisième mandat fait des morts dans tous les pays où le président en exercice l'a inconséquemment tenté.
Dès lors, la sortie d'Idrissa Seck de la majorité présidentielle offre une belle opportunité de trouver une solution parlementaire, donc pacifique, à tous ces facteurs sociopolitiques hautement crisogènes.
Avec les députés de Yewwi, de Wallu, avec aussi Cheikh Bara Doli Mbacké et Mamadou Lamine Diallo évidemment ainsi que les deux députés non-inscrits, Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall, ainsi que Mariétou Dieng de Rewmi, il ne fait pas de doute que l'opposition arrivera à une majorité simple de 83 députés sur 165.
Cela suffira pour voter une loi d'amnistie même si, à mon avis, la meilleure voie n'est pas celle-ci.
Tout de même, avec une telle majorité, il sera possible de supprimer le mot ‘’électeur’’ de l'article 57 du code électorale et modifier les articles 29 et 30.
En effet, lesdits articles sont des lois ordinaires et non des lois organiques ou constitutionnelles. Par conséquent, il est possible de les modifier à la majorité simple des membres de l'Assemblée nationale.
Au demeurant, le sort de Macky Sall et consorts sera définitivement scellé. Rewmi et, à sa tête, son président, ont par cette occasion la possibilité d'éclairer l'opinion, affermissant ainsi leur ancrage dans l'opposition.
Cette nouvelle majorité parlementaire - pas politique - donnera également l'avantage d'un contrôle du Bureau de l'Assemblée, et ce, sans toucher au mandat de son président (élu pour 5 ans). On pourra de surcroît s'assurer de l'effectivité d'un équilibre agissant entre les pouvoirs. L'enjeu et les défis sont de taille. Il faudra bien s'y tenir d'ici à la prochaine présidentielle.
Moussa Tine est président AD/Penco.
Par Me Khoureyssi BA
LE SUPPLICE DE BAYTIR FALL DU VILLAGE NGOR
El Hadj Fall, une des figures de proue du village de Ngor, a été le martyr inattendu des évènements vécus ce week-end de Korité dans la commune léboue
Baytir FALL dit El Hadj FALL, une des figures de proue du village de Ngor, a été le martyr inattendu des évènements vécus ce week-end de Korité dans la commune léboue. La cinquantaine bien sonnée, bigame, père de 10 enfants, cet ancien du Club Med, expert en plongée sous-marine, capitaine au long cours qui a bravé l’océan à maintes reprises depuis la plage des Mamelles pour convoyer des dizaines de candidats à l’émigration vers l’Espagne au temps où cette pratique relevait d’un business licite et honnête quoique risqué, n’oubliera jamais cette fin de Ramadan. Le fils de Ngor a été pris à partie vendredi par une escouade de gendarmes qui l’ont littéralement bousillé après l’avoir extirpé de son propre domicile pour un passage à tabac en règle, alors qu’il n’avait à aucun moment participé aux manifestations spontanées des jeunes ripostant aux assauts injustes des forces de l’ordre.
Comme s’il avait fait l’objet d’une dénonciation anonyme des ennemis de l’ombre, El Hadj FALL a passé le pire moment de sa vie. À la limite, au vu des brutalités dont il a été la victime impuissante, l’on serait tenté de croire qu’une personne ne lui voulant pas le plus grand bien a pu le "balancer" comme étant le cerveau de l’attaque de la résidence du sieur Farba NGOM ! Ou alors, étant juges et partie prenante du grave conflit foncier les opposant aux villageois, les gendarmes ont voulu eux-mêmes se faire justice en jetant leur dévolu sur une icône du village.
En tout état de cause, on l’a vu dans une vidéo devenue virale subissant les violents assauts de la part d’un groupe hystérique d’hommes en uniforme qu’on a du mal à imaginer comme étant des gendarmes tant les méthodes utilisées contre une seule personne désarmée, chétive et inoffensive tranchent avec la devise et le sens de l’honneur de ce corps prestigieux.
À l’issue d’une "pause" inoubliable sur le terrain du chantier naval voisin où les séances de passage à tabac ont pu être exercées à volonté et en toute discrétion sur les personnes interpellées, le groupe de ces infortunés sera enfin dirigé entre les brigades de gendarmerie de Thiong et de la Foire à partir de ...23 heures.
Finalement acheminé sous forte escorte à Phillippe Maguilene SENGHOR après le refus des enquêteurs de laisser son médecin et ami le Dr Babacar NIANG de SUMA l’hospitaliser, Baytir FALL y subira une longue séance de pansements et une perfusion, avant de réintégrer le violon de la brigade de gendarmerie de la Foire. L’y retrouvant après l’avoir laissé entre les mains des soignants, j’ai constaté que son état général ne s’était pas amélioré, laissant subodorer des difficultés respiratoires et peut-être des séquelles au niveau des poumons suite à une probable fracture des cotes causée par les coups de pieds reçus.
Sans désemparer, l’intervention du Colonel chef d’escadron de la Légion Ouest a été sollicitée. Il m’a promis que l’ordre serait donné de l’évacuer à l’HPD pour y subir la radiographie qui n’avait pas pu se faire au centre de santé Philippe M.SENGHOR dont l’appareil est laissé au repos à partir de 16 heures. Les dysfonctionnements liés à la fête ont retardé la radiographie qui n’a pu se faire que ce matin à l’ex-CTO Hôpital de Grand Yoff.
En ce moment Baytir FALL souffre le martyre, dans l’attente avec 7 co-détenus du déferrement prévu demain, le médecin n’ayant décelé aucune incompatibilité entre son état de santé et la continuation de sa garde à vue dans le violon de la brigade de gendarmerie de la Foire. Les détenus de la brigade de Thiong seront également présentés au parquet demain. À noter que des victimes des violents affrontements (villageois et gendarmes) sont en observation à l’hôpital militaire de Ouakam et à la clinique du Dr Babacar NIANG.
Vivement le retour à la paix qui passe par la justice, dans une affaire regrettable pour le traitement de laquelle tout le monde et chacun gagnerait à rester cantonné dans les limites de la raison et de la sagesse.
Par Madiambal DIAGNE
IDY-SONKO : L’UN TUERA L’AUTRE, AVEC PREMEDITATION
Idrissa Seck et Ousmane Sonko se retrouveront dans les rangs de l’opposition mais leurs relations restaient des plus exécrables.
Ousmane Sonko se voyait dans un combat mortel contre Macky Sall. Voilà qu’il se retrouve avec, dans les pattes, le troisième homme, Idrissa Seck, qu’il avait peut-être vite enterré et qui semble vouloir revenir de l’au-delà ! Pour occuper la place à laquelle il prétend, à savoir être le nouveau chef de l’opposition, Idrissa Seck a une première urgence, celle de disqualifier le leader de Pastef, de l’écarter. Il s’y emploie systématiquement. A chacune de ses sorties, il lui réserve les attaques les plus caustiques. Il le tourne en dérision, pointe son immaturité, son irresponsabilité et le dépeint à la limite sous les vulgaires traits «d’un idiot», pour reprendre son mot. Pour l’heure, Idrissa Seck continue de ménager le Président Macky Sall, sans doute parce que ce dernier ne s’est pas encore formellement porté candidat.
L’urgence sur le front est de travailler à porter l’estocade à Ousmane Sonko, pour espérer être le porte-drapeau le plus crédible de l’opposition. Sans doute qu’ils pourraient être nombreux, le cas échéant, à ravaler leur petite rancune pour voter Idy2024 afin de chercher à barrer la route à Macky Sall. Toutes les postures semblent possibles en politique au Sénégal, quand par exemple on voit Aminata Touré oublier le mépris qu’elle a toujours affiché à l’endroit de Barthélémy Dias, Ousmane Sonko et Guy Marius Sagna, jusqu’à en arriver à en faire des amis et des camarades de lutte, on ne devra pas être surpris de la voir un jour battre campagne pour «le tortueux» qui l’a remplacée à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
Idy-Sonko : une animosité pas que politique
Je révélais, à travers ces colonnes, avoir rencontré, à sa demande, Ousmane Sonko en 2013. Il n’était pas encore entré en politique mais cherchait à sauver la tête de Tahibou Ndiaye, ancien Directeur des Domaines, emprisonné pour des prévarications de ressources foncières. Ousmane Sonko était accompagné de Ismaïla Ba, son partenaire des cabinets Mercalex et Atlas (sans doute un jour l’occasion sera donnée d’évoquer les drôles de péripéties de cette affaire Tahibou Ndiaye). C’était à l’occasion de cette discussion que Ousmane Sonko me confia qu’il songeait entrer en politique et me demandait un avis. Je lui suggérais d’aller militer naturellement dans le Parti Rewmi de Idrissa Seck, qui venait, quelques mois plus tôt, de se séparer de Macky Sall. Ousmane Sonko révéla avoir essayé de se rapprocher de Idrissa Seck et l’avait rencontré déjà à deux reprises, mais avait fini par se convaincre qu’il ne pouvait rien faire avec cet homme qu’il percevait comme arrogant, trop imbu de sa personne. Je lui conseillais alors de lancer sa propre formation politique, étant entendu qu’il y avait, de mon point de vue, de la place à prendre et qu’une nouvelle offre politique incarnée par des jeunes pouvait prospérer. Le parti Pastef sera porté sur les fonts baptismaux, quelques semaines plus tard, en janvier 2014. Pour la petite histoire, quand j’en avais parlé à Amadou Bâ, alors nouveau ministre de l’Économie et des Finances, il en avait ri à gorge déployée, faisant remarquer que «Sonko a certes du bagout mais qu’il détruira lui-même tout ce qu’il aura construit».
Idrissa Seck et Ousmane Sonko se retrouveront dans les rangs de l’opposition mais leurs relations restaient des plus exécrables. D’ailleurs, Malick Gakou, leader du Grand Parti avait été amené à s’interposer entre les deux hommes, qui voulaient en venir aux mains au cours d’une réunion de Manko Wattù Sénégal, une coalition de l’opposition créée en 2017. Leur adversité sera exacerbée par les retrouvailles entre Idrissa Seck et Macky Sall en 2020. Aujourd’hui, de retour dans l’opposition, Idrissa Seck, qui était arrivé deuxième à l’élection présidentielle de 2019, tient coûte que coûte à retrouver la place de leader naturel de l’opposition qu’il avait laissée à Ousmane Sonko. Ce dernier s’empêtre dans ses déboires judiciaires et cela a donné des idées à Idrissa Seck, de lui rendre visite, à l’heure du laitier, déguisé et à moto, afin de lui proposer un pacte d’alliance. Idrissa Seck considère que Ousmane Sonko devra faire le deuil de sa participation à la prochaine élection présidentielle de 2024 et il l’appelle à se résoudre à s’aligner derrière lui, contre la promesse d’une réhabilitation. Ousmane Sonko ne saurait accepter d’avoir simplement à chauffer la place pour Idrissa Seck, encore moins envisager une autre idée que d’être le successeur de Macky Sall, «quitte à y laisser sa vie».
Idy avec Macky, comme Wade avec Diouf
Un observateur politique, avec une certaine répartie, disait de Ousmane Sonko «qu’il a certes l’impétuosité de Wade mais n’a ni sa culture, son intelligence sociale ou son sens du dialogue et de la démocratie». En effet, la scène politique au Sénégal a toujours été caractérisée par de chauds moments de confrontation, mais les acteurs de différents bords ont souvent trouvé les plages de discussion et de dialogue pour passer des caps qui auraient pu être périlleux. Le processus démocratique s’en est toujours renforcé et la paix civile confortée. C’est sans doute ce qui expliquait les allées et venues de Abdoulaye Wade entre le pouvoir et l’opposition. En 1991, Abdoulaye Wade, accompagné de Ousmane Ngom, Jean-Paul Dias et Aminata Tall, entra au gouvernement dirigé par Habib Thiam. Ils quitteront l’attelage à la veille des élections de 1993. Cette collaboration des principaux acteurs politiques, facilitée, à bien des égards, par l’éviction de Jean Collin, avait permis de cicatriser les plaies des élections de 1988 ainsi que l’adoption d’un nouveau code électoral, sous l’égide d’une Commission cellulaire dirigée par le Juge Kéba Mbaye. Abdoulaye Wade et ses poulains (Idrissa Seck, Ousmane Ngom, Aminata Tall, Massokhna Kane) reviendront au gouvernement en 1995. Cette nouvelle phase politique avait notamment permis de solder les contentieux politiques nés des affaires de l’assassinat de Me Babacar Sèye (1993) et les meurtres de 6 policiers sur le Boulevard Général De Gaulle (1994). Le Pds quitta le gouvernement en 1997, à la veille des élections législatives de 1998. Le retour de Abdoulaye Wade dans les rangs de l’opposition avait freiné l’ascension de leaders politiques comme Landing Savané, Djibo Leyti Kâ ou Moustapha Niasse, qui commençaient à occuper les espaces. Abdoulaye Wade avait réussi à théoriser l’idée du «vote utile» pour arriver à vaincre le régime de Abdou Diouf en 2000. D’ailleurs à son arrivée au pouvoir en cette année, Abdoulaye Wade, fidèle à son principe d’élargir la base politique de ses gouvernements, avait eu à inviter autour de sa table du Conseil des ministres des personnalités politiques qui lui avaient pourtant mené la vie dure, comme Abdourahim Agne, Aïda Mbodji, Djibo Ka entre autres. Macky Sall a, de ce point de vue, de qui tenir.
Idrissa Seck a collaboré à deux reprises avec le Président Macky Sall, en 2012 et en 2020. Il vient de le quitter, de sa propre initiative, mais tout porte à croire que s’il perdait la présidentielle de 2024, Idrissa Seck n’aura aucun scrupule à renouer avec un Macky Sall vainqueur. Qu’est-ce que le Sénégal gagnerait dans de telles opérations politiques ? Peut-on envisager le scénario d’une victoire du candidat de Rewmi en 2024, comme si la foudre arrivait à tomber deux fois au même endroit ? Il reste que nul ne saurait prédire la suite de la carrière politique de Ousmane Sonko s’il arrivait à échapper aux multiples procédures judiciaires ouvertes contre lui, mais force est de dire que Idrissa Seck lui porterait fatalement l’estocade en lui ravissant la vedette. Assurément, le pays serait épargné des appels à l’insurrection, à la violence et au recours à des groupes subversifs du genre «Force spéciale» ou «commando spécial». Au demeurant, pourrait-on exclure l’éventualité de l’émergence d’un nouveau leadership qui arriverait à servir de réceptacle aux différents élans de l’opposition ? Quelle serait la capacité à rebondir de Khalifa Ababacar Sall ou de Karim Wade ? Idrissa Seck les disqualifie ou les délégitime d’office, les ravalant à l’infâmant sort des «voleurs de deniers publics».
Au demeurant, la participation de Khalifa Ababacar Sall et de Karim Wade aux prochaines joutes électorales reste tributaire des résultats d’un nouveau dialogue national auquel le Président Macky Sall vient d’appeler, une fois de plus, en vue de rediscuter des questions de l’éligibilité de certains potentiels candidats ou encore du filtre ténu que représente le parrainage citoyen pour les candidatures à l’élection présidentielle. La fin de non-recevoir ou les préalables impossibles posés, avec précipitation, à cette proposition de dialogue, par des franges importantes de l’opposition, notamment la nouvelle coalition F24, montrent bien qu’au-delà de l’unité de façade, les différents acteurs cherchent à se neutraliser mutuellement. Le Président Macky Sall a révélé, lors de son entretien avec El Hadji Assane Guèye de la Rfm, diffusé le samedi 22 avril 2023, que Khalifa Sall s’impatiente de bénéficier d’une amnistie. Seulement, Ousmane Sonko n’a cure de la situation de son allié et a refusé la main tendue pour un dialogue. N’avions-nous pas analysé, dans une chronique en date du 14 Décembre 2020 que : «Alliance avec Sonko, Khalifa perdant à tous les coups» ?
Par Madiambal DIAGNE
par Oumou Wane
PRÉSIDENTIELLE 2024 : PAS SÉRIEUX, S’ABSTENIR
Le chef de l’opposition, Ousmane Sonko, s’il doit défendre sa candidature, devrait cesser d’appeler la rue à défier le pouvoir. La critique est facile et l’art de gouverner difficile
J’aime la Korité, ce moment de cohésion sociale après un mois de privation. C’est l’occasion de communier et de se féliciter mutuellement pour les efforts fournis. Il faut se faire belle et beau pour aller rendre visite à la famille et aux amis. C’est davantage qu’une simple fête !
En marge des festivités de la Korité, il est d’usage que les figures politiques s’expriment, souvent sur un ton d’apaisement et de réconciliation. Ainsi, lors de la prière de l’Aïd el-Fitr hier à Dakar, le président de la République Macky Sall a réitéré son ouverture au dialogue avec toutes les forces vives de la nation dans le respect de l’État de droit.
Dans une interview sur la radio privée RFM, il a évoqué beaucoup de sujets économiques, comme le coût de la vie, la souveraineté alimentaire, l’exploitation du gaz et du pétrole qui doit commencer dès cette année… Et pour ceux qui savent écouter, il a affirmé que sa décision de se présenter ou pas à un troisième mandat était pour bientôt. Ce qui signifie que c’est imminent et qu’il dévoilera ses intentions tout prochainement. C’est toujours bien quand il nous parle notre président. Je l’ai dit et le redis, il n’a pas toujours su entretenir le lien qui l’unit à son peuple, trop occupé peut-être ou trop réservé.
Le Sénégal élira son nouveau président en février 2024, et c’est quand même sérieux une déclaration de candidature. Prenons le cas de l’annonce à la candidature à l’élection présidentielle d’Idrissa Seck, le patron du parti Rewmi, toutes ces anecdotes sans queue ni tête, ces rigolades hors de propos, toute cette valse-hésitation avant de finalement tomber le masque !
Mais le grand sujet qui occupe le terrain de cette précampagne, c’est bien le procès qui oppose le leader Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang, le ministre du Tourisme. Depuis l’affaire Adji Sarr, le Sénégal vit sous tension et les troubles en mars 2021 avaient coûté la vie à quatorze personnes.
Oui c’est sérieux une candidature à la présidentielle disais-je ! Aussi le chef de l’opposition, Ousmane Sonko, s’il doit défendre sa candidature, devrait cesser d’appeler la rue à défier le pouvoir. Il faut calmer le jeu !
Dans cette ère des furies et des foules, la liberté de critiquer, requiert impérativement, de même que toute liberté, le sens de la responsabilité. La critique s’appuie souvent sur la seule opinion des opposants, ou de certains d’entre eux. Elle peut par conséquent induire le public en erreur comme tout ce qui est simplifié à l’extrême et donc éveiller des peurs et des haines. La critique est facile et l’art de gouverner difficile. Ceux qui sont aux commandes lors d’une crise par exemple, doivent prendre des décisions sans délai de réflexion, faire face à l’immédiat, notamment en matière de sécurité, sujet phare de la démocratie.
Dans ce domaine, le Sénégal est un modèle en Afrique de l’Ouest. Le président Sall a bâti des ponts entre le Sénégal et ses voisins. Il a ainsi fait passer notre région dans un cercle de paix et, bientôt, de coprospérité.
Voici pourquoi je prétends que la critique est plus facile que la pratique. L’utilisation de la violence pour atteindre un objectif politique, les appels quotidiens à l’insurrection ou les menaces de brûler le pays en cas de troisième candidature de Macky Sall sont des moyens qui relèvent de la terreur.
Selon les observateurs les plus sérieux, la question d’une éventuelle candidature du président Macky Sall à sa propre succession est davantage un problème politique qu’un problème de droit admettant que, légalement, la Constitution le lui permet.
Mais que l’on se rassure, qu’il s’agisse, d’un homme, d’une femme, d’un opposant, d’un sympathisant, d’un dauphin ou de Macky Sall lui-même, la décision du choix d’un président de la République, quoi qu’il arrive, n’appartiendra in fine qu’au seul peuple sénégalais.
PAR Ibrahima Thioye
CONSEILS À OUSMANE SONKO
EXCLUSIF SENEPLUS - La communication de Pastef, avec des mots d’ordre tels que « gatsa-gatsa » peut être mal perçue. L’indignation peut être exprimée sans violence verbale. Sonko ne devrait pas exclure une négociation avec Macky
Le Sénégal se trouve à la croisée des chemins. Les événements récents du mois de mars ont suscité des inquiétudes et des peurs, et rien ne nous indique que les nuages se soient parfaitement dissipés.
Notre constat majeur est que la vie politique sénégalaise est en train de se polariser autour des trois principales entités suivantes : le pouvoir en place incarné par Macky Sall, YAW avec Ousmane Sonko au cœur et le reste de l’opposition. Cet article propose à Ousmane Sonko quelques conseils qui pourraient contribuer à apaiser les tensions, à éviter les risques de chaos dans le pays et à élever davantage le niveau de maturité du parti Pastef. Ils sont énumérés ci-dessous :
- bien identifier le principal ennemi de Pastef : le retard économique du pays ;
- ajuster la communication de Pastef ;
- s’ouvrir au dialogue et à la négociation ;
- opter pour un traitement spécifique des dossiers issus des corps de contrôle (nœud gordien de la question du troisième mandat) ;
- renforcer la culture de feedback, pilier essentiel des démarches inclusives.
Pastef dispose d’un atout important auprès des jeunes électeurs. Toutefois, sa communication, qui galvanise cette population avec des mots d’ordre tels que « gatsa-gatsa », peut être mal perçue par d’autres segments de l’électorat. L’audience d’Ousmane Sonko dépasse de plus en plus les frontières du Sénégal, attirant une jeunesse africaine avide de patriotisme. Il est probable que le Pastef utilise des moyens de recueil du feedback via des sondages ou des études pour comprendre les perceptions de tous ces acteurs et moduler sa communication en conséquence. S’il ne le fait pas déjà, il serait utile et urgent d’initier ou de multiplier ces actions.
Conseil N° 1 : bien identifier le principal ennemi de Pastef : le retard économique du pays
Il s’agit d’afficher clairement à travers tous les supports de communication que le principal ennemi de Pastef est : le retard économique du pays et ses diverses conséquences sociales telles que la pauvreté, le chômage des jeunes, l’émigration, etc. En outre, il faut éviter de stigmatiser les individus. « On peut simplement considérer que les tenants du pouvoir actuel ou leurs prédécesseurs ont fait le maximum de ce dont ils étaient/sont capables dans les contextes qui étaient/sont les leurs. Aujourd’hui, ce contexte a changé ; la jeunesse est avide de progrès économique, de transparence, de démocratie, de justice sociale et voici ce que nous proposons. » Ceci constitue un argument-massue pour Pastef.
Conseil N° 2 : ajuster la communication
Il est important de continuer à privilégier les manifestations pacifiques organisées sous l’égide de YAW ou de la plateforme F24. L’indignation peut être exprimée avec fermeté, mais sans violence verbale (ce qui peut être difficile). Ousmane Sonko devrait envisager de gagner la confiance d’une partie de l’électorat féminin - sensible à la forme du discours - et de séduire les cadres et autres acteurs économiques ayant des exigences plus fortes en matière de programme.
L’urgence actuelle est d’occuper intelligemment l’espace médiatique en montrant de la fermeté pour éviter le rejet de sa candidature. Il est également important de rassurer toutes les composantes de l’électorat sur sa capacité à s’ériger en homme d’État capable d’apporter les ruptures nécessaires à la prochaine alternance. Chaque mois, le président du Pastef pourrait communiquer sur deux ou trois thèmes choisis parmi ceux énumérés ci-dessous :
- vision sur l’émergence du pays ; grandes orientations (vision panafricaniste mais réaliste) ;
- renforcement de la démocratie et de l’État de droit ;
- changements institutionnels pour entrer dans une ère nouvelle ;
- lutte contre le népotisme et la corruption (avec un regard critique sur nos systèmes de valeurs et nos réflexes partisans) ;
- lutte contre l’indiscipline (avec une posture d’auto-examen de nos tares) ;
- nouvelle politique économique et coopération multilatérale équitable ;
- refonte de notre fiscalité (sans laquelle on ne pourra financer les programmes sociaux) ;
- mise en place d’une nouvelle ville pour décongestionner Dakar ;
- souveraineté monétaire ;
- souveraineté sur nos ressources minières, pétrolières et gazières ;
- amélioration des infrastructures de transport ;
- transformation digitale des services ;
- industrialisation du pays ;
- grande distribution et les différents commerces ;
- ambitions pour le tourisme ;
- pêche au service du développement ;
- réinsertion des Sénégalais de l’extérieur dans le tissu productif ;
- santé, horizon 2030 ;
- éducation, horizon 2035 ;
- sécurité à l’intérieur de nos frontières.
L’idée ici est surtout de dresser des axes sur l’ambition qu’on pourrait se fixer et les modalités de réflexion menant aux plans et programmes. Le principe de s’appuyer sur les acquis (plans et ressources compétentes existants) doit être clairement annoncé.
Conseil N° 3 : s’ouvrir au dialogue et à la négociation
En politique, la cohérence est très importante. Cependant, celle-ci n’exclut pas une certaine souplesse sans laquelle il y a des risques de perception de rigidité. Ousmane Sonko ne devrait pas exclure une négociation avec Macky Sall. Nous pensons que les actions préalables réalistes pourraient être :
- l’arrêt des poursuites judiciaires ;
- la libération des prisonniers politiques ;
- la transparence du processus électoral devant mener à l’échéance de 2024 (avec comme requête la nomination d’un ministre de l’Intérieur neutre).
Cette ouverture au dialogue et à la négociation est également fonction du rapport de force. Dans le contexte actuel, les actions préalables citées plus haut sont assez réalistes pour démarrer le processus. Dans ces négociations, il serait judicieux d’écouter subtilement le camp d’en face et d’essayer d’entendre éventuellement ce qu’il veut dire sans le dire.
Conseil N° 4 : opter pour un traitement spécifique des dossiers issus des corps de contrôle (nœud gordien de la question du troisième mandat)
La question du troisième mandat cache d’autres préoccupations qu’un dirigeant a beaucoup de peine à avouer. Dans notre environnement africain, généralement, les chefs d’État refusent l’alternance par peur des poursuites judiciaires dont eux-mêmes ou des membres de leur entourage immédiat peuvent faire l’objet.
Népotisme, corruption, malversation et détournement sont des maux profonds de notre société qui tirent leur origine (ou leur exacerbation) dans la nature de nos systèmes de valeurs (ceddo et capitaliste). Le népotisme n’est que la face inversée de la réciprocité et du partage très ancrés dans la culture traditionnelle. Le népotisme et la corruption existent dans les pays développés, mais ils prennent des proportions plus importantes sous nos cieux, encouragés par un croisement entre la courte vue liée à la conscience clanique et la cupidité qui prévaut au cœur du système de valeurs du capitalisme. Pour les éradiquer, il faudrait une évolution des mentalités et cela nécessite des dispositifs de prévention, de pédagogie et de coercition.
Ce point est délicat, mais il est peut-être central pour enclencher un mouvement d’apaisement. L’idée est d’annoncer que ceux impliqués dans des dossiers issus des corps de contrôle ne feront pas l’objet de poursuites judiciaires.
L’idée n’est pas de ruser avec les lois. Dans la limite des possibilités offertes par celles-ci, on décrète une remise à zéro des compteurs. Les poursuites judiciaires démarrent avec le pouvoir de 2024. Le président n’aura même pas la possibilité d’intervenir sur les dossiers en provenance des corps de contrôle. Pour les anciens dossiers, le recouvrement à l’amiable, sans esprit d’humiliation, sera largement mis en avant.
Conseil N° 5 : renforcer la culture de feedback, pilier essentiel des démarches inclusives
L’idée ici est d’introduire la culture du feedback avec une symétrie des attentions. Il faut écouter l’électorat dans ses divers segments, mais aussi les militants et les sympathisants. Pastef pourra s’appuyer sur des études et des sondages rapides pour régulièrement peser l’impact de toutes les actions du parti sur son écosystème. Une segmentation assez fine permettrait de moduler la communication. Les questions qui pourraient faire l’objet de sondage auprès des différents segments de l’électorat sont :
- la notoriété du parti et de son président,
- ce que les populations retiennent du projet Pastef,
- l’image d’homme d’État d’Ousmane Sonko,
- la communication du Pastef,
- les mots d’ordre du style « gatsa-gatsa »,
- la confiance aux leaders de Pastef,
- le fonctionnement des structures,
- le leadership interne,
- le partage des informations, etc.
La mise en œuvre de ces conseils peut contribuer à apaiser l’interaction conflictuelle entre les deux protagonistes. Ousmane Sonko devrait renforcer la mobilisation pacifique pour créer un rapport de force favorable et en même temps offrir des portes de sortie au camp d’en face. On espère bien que cela va renforcer le processus d’apaisement, d’autant plus que malgré les déchaînements de violence, les Sénégalais sont fondamentalement pacifiques et ils oublient vite. « Masla » et « Yeurmandé » sont très ancrés dans nos conduites quotidiennes. Il suffit de voir comment Aminata Touré a été accueillie par les leaders de YAW lors du meeting de Parcelles et ses nouveaux liens avec Guy Marius Sagna pour en être convaincu. Demain, rien n’exclut de voir assis côte à côte Macky Sall, Ousmane Sonko et leurs épouses respectives. Si le principal ennemi de Pastef est le retard économique, mises à part les personnes impliquées dans des dossiers de meurtre, quelle serait l’utilité de mener des poursuites ou de tenter d’humilier qui que ce soit ? À Macky également d’avoir foi en le génie et en la sagesse de ce peuple sénégalais en général et en la magnanimité de l’opposition en particulier.
par Karim Wade
JE REGARDE MAINTENANT VERS L'AVENIR
Bien qu’ayant été l’homme politique le plus calomnié dans l’histoire du Sénégal, injustement emprisonné et contraint à l’exil, je n’ai aucun ressentiment à l’égard de qui ce soit
En ce jour de l’Aïd-El-Fitr, je tiens d’abord à rendre grâce à Dieu le Tout Puissant pour nous avoir permis de vivre pleinement ce temps de partage et de dévotion, et surtout de poursuivre nos chemins de vie en réaffirmant notre confiance absolue en Allah.
Cette année, le Ramadan, qui nous rappelle le mois où Allah Subhanahu Wa Ta’ Ala fit descendre le Saint Coran transmis par le Prophète Mohamed PSL, a coïncidé avec le Temps Pascal célébré par nos compatriotes chrétiens en mémoire de la résurrection du Christ.
Ces deux événements constituent une invitation à faire de nous, quelles que soient nos convictions politiques ou religieuses, les témoins et les acteurs de tout ce que les Sénégalais espèrent pour notre cher pays : une réconciliation après l’élection présidentielle de 2024 et un engagement déterminé pour faire de la terre de nos ancêtres un pays fraternel, moderne et développé qui rompt avec les inégalités et l’injustice.
Bien qu’ayant été l’homme politique le plus calomnié dans l’histoire du Sénégal, injustement emprisonné et contraint à l’exil loin de mon pays, des miens, des personnes qui me sont chères et de ma famille politique, je n’ai aucun ressentiment à l’égard de qui ce soit. Grâce à Allah et à l’éducation de mes parents, j’ai trouvé la force de pardonner à tous ceux qui m’ont fait du mal.
Je regarde maintenant vers l’avenir avec l’espoir que tous ceux qui ont pris part à cette vaste campagne de diabolisation et à ce complot politique contre moi, prennent conscience des conséquences particulièrement injustes de ce qu’ils ont entrepris.
Je sais que beaucoup d’entre vous sont épuisés par les divisions politiques et sociales, les insultes, les calomnies et les délations qui rythment notre vie politique. Elles font régresser le Sénégal au moment où un nouveau monde se construit dans lequel l’Afrique devra se battre pour ne pas être marginalisée. Pour l’intérêt supérieur du Sénégal, nous devons réapprendre à exprimer nos différences, comme nous le faisions, dans le respect et la tolérance.
Je mesure le poids des contraintes qu’imposent le contexte socio-politique et la crise économique, mais je prie pour que le Sénégal puisse trouver sa voie, celle de la sérénité, de la stabilité, de la paix et du respect de l’État de droit, comme il a toujours su le faire quand il a été confronté à des moments difficiles.
Je voudrais enfin adresser à toutes les Sénégalaises et à tous les Sénégalais, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays, mes vœux les plus sincères, tout en implorant Allah de leur accorder durablement la santé et la paix.
Que ce mois béni qui s’achève porte en vous et autour de vous ses fruits d’unité, de solidarité et d’harmonie. Qu’il soit surtout porteur de paix, de bonheur et de prospérité pour un Sénégal réconcilié avec lui-même, où la justice redeviendra impartiale et où personne ne sera abandonné au bord de la route.
Si nous sommes unis et déterminés, rien ne pourra nous empêcher de dépasser nos limites pour accomplir notre destin et conduire le Sénégal sur le chemin de l’avenir auquel il doit prétendre.
Dewenati à toutes et à tous, bal lène ma akh, bal na leen ! Vive le Sénégal ! Vive l’Afrique !
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
IDY - MACKY : BLUFF, MENSONGE ET TRAHISON ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Idrissa Seck se trompe en pensant que le temps s’est suspendu depuis qu’il a posé son baluchon chez Benno. Serait-il meurtri par cette promesse que l’autre ne veut pas (plus) tenir ?
Si Idy nous est apparu à l’aise lors de sa sortie, on a au fond, pourtant senti un homme blessé qui, ruminant les ivresses de puissance et des plaisirs d’antan, chercherait à fuir l’échec inexorable dans lequel s’inscrit sa carrière politique de ces dernières années.
Idy ne plait pas par une face glorieuse, ni par des succès qu’il aurait engrangés. Il attire par son éloquence, son érudition et ses tirades sur les hadiths et autres sourates qu’il aime réciter. On reste surtout fasciné par ses revers et échecs et sa capacité à rebondir, à se retrouver là où on ne l’attend pas. Il a joué souvent gros et a régulièrement perdu.
Idy incarne, comme beaucoup de nos hommes politiques, cette face lugubre de la politique : celle de l’échec. Alors il le noie en sublimant sa personne : n’est-il pas le précurseur de l’internet au Sénégal ? Ne mangeons-nous pas du riz parfumé grâce à lui ? Le fils Wade ne faisait-il pas la queue devant son bureau pour le voir ? Voilà sa grandeur restaurée !
Il est blessé, serait-il meurtri par cette promesse que l’autre ne veut pas (plus) tenir ? Il ne se laissera pas faire. Il ne sera pas dans la réaction, il agira : Alors tout y passe. Il cajole, met en garde, alterne le chaud et le froid, distribue les bons et les mauvais points.
Voilà Idy, chien de fable bénéficiant de toutes les marques de confort et de luxe, ayant au cou un collier qui fait dire oui à tout et vous empêche d’élever la voix, qui veut devenir loup, libre, prêt à vagabonder dans les prairies.
Il sait mieux que quiconque, en décidant d’être loup sans l’aval de son maître, l’APR lâchera la meute des chiens après lui. Tant pis ! Il fera face.
Idy aime surprendre. Il a fait dans un autre genre. Apparaitre là où on ne l’attendait pas. On l’imaginait martial, sérieux, annonçant sa candidature et se démarquant de son actuel boss pour justifier un claquement de porte imminent. Au lieu de cela, il a accentué le clair-obscur : il a tressé des lauriers au président Sall pour mieux dire dans la phrase qui suit, en empruntant la voix de quelqu‘un dont l’éthos n’est pas questionnable, que ce dernier ne pouvait être candidat à un troisième mandat. Du grand art ! Des coeurs ont dû tressauter, des jurons fuser du coté de Benno. Pernicieusement, pour laisser entendre que ce qu’il dit aurait pu avoir l’assentiment du président, il évoqua goulument le ndogou royal auquel ce dernier l’avait convié à son domicile, les prières faites en commun et son rôle de médiateur, avec l’onction du maitre des lieux, pour régler la crise avec Sonko. Macky lui aurait d’ailleurs accordé du « temps » pour aller voir Sonko et désamorcer la crise. Bref à ces ripailles, Idy explique qu’ils ne se seraient pas seulement bornés à partager le bol de fondé et les sourates, ration commune des Sénégalais, mais qu’il avait le beau rôle.
On pourrait penser que si le président lui avait fait part de son intention d’être candidat, on comprendrait alors mal que Idy lui coupa l‘herbe sous les pieds en annonçant sa propre candidature. Si par contre Macky avait gardé son intention secrète, alors en annonçant la sienne Idy joue un coup d’avance dans ce jeu de poker menteur. On verra dans les prochains jours si Idy sera démis de ses fonctions comme le réclament à cors et à cris les seconds couteaux de Benno pris au dépourvu et ne sachant quelle lecture faire des évènements. D’aucuns auront été renvoyés pour bien moins que cela.
Si Macky vire Idy, on comprendrait mal pourquoi le président de Rewmi se serait montré conciliant avec le président de la République dans sa sortie, à moins de vouloir endosser le rôle de victime, qu’il sait être une position de choix pour les électeurs sénégalais.
En attendant, il aura réussi le tour de force de prier chez les deux ennemis : Macky et Sonko et il aura exécuté au passage, comme il sait si bien le faire, Karim Wade et Khalifa Sall, en leur administrant le coup de grâce : “Ceux qui volent l’argent du peuple, doivent être condamnés”, dira-t-il d’un ton courroucé sans réplique.
Pour lui la présidentielle se joue à trois et Macky ne peut pas en faire partie !
En évoquant la puissance de celui qui ne peut pas participer et le manque de maturité de celui qui y prétend, Idy essaie de se repositionner comme la seule alternative possible. Il voudrait reprendre la place qu’il avait naguère eue en 2019, mais qu’il a vendangée en rejoignant Benno, offrant de facto la place d’opposant numéro un au patron du Pastef.
Idrissa Seck se trompe en pensant que le temps s’est suspendu depuis qu’il a posé son baluchon chez Benno. Le camp du pouvoir, englué dans des scandales de mauvaise gouvernance, a perdu beaucoup de terrain et l’a entrainé dans sa dégringolade vertigineuse. L ‘opposition a abattu un travail de sape énorme et a gagné des coeurs. Il ne récupèrera plus cette position de chef de l’opposition. Elle lui a échappé.
Idy se serait-il laissé piéger par le péché mignon des Sénégalais : “Beukk lou yomb” ? Le syndrome de l’élection de 2012 le guette une fois de plus : faire des ballades de taxusaan à Dakar contre le troisième mandat de Wade et espérer gagner le gros lot, lui a déjà valu l’échec de 2012.
Ressortir de sa boite à dix mois d’une élection présidentielle, proclamer sa candidature alors qu’on a passé le plus clair de son temps immergé dans le soow et espérer reprendre sa position d’opposant numéro 1 demeure un gros challenge !
Même si on reconnait à Idy cette faculté de faire preuve d’intelligence de situation pour s’immiscer dans le cours des évènements, cette fois il devra descendre les marches de l’empyrée et faire face à la réalité : les ponts entre lui et le peuple sont rompus depuis longtemps. Il n’entraine plus.
A moins, oui à moins qu’un schéma à la Medvedev/Poutine ne soit le deal de Mbouro akk soow et dans ce cas le président Sall lui ferait assurément la courte échelle.
En tout cas tout porterait à le croire. Certains initiés entonnaient déjà cette musique mezza voice quand il fut bombardé patron du Conseil Economique Social et Environnemental. L’eau a coulé sous les ponts, on ne voit pas aujourd’hui, quelle que soit la maestria du président Sall, comment il pourrait faire élire Idy président. On ne voit pas plus, comment il pourrait être dans l’ombre de Idy qui lui chaufferait la place pour 2029.
C’est sûrement ce qu’aurait compris à l’usage le président Sall. D’où cet imbroglio.
La session est ouverte, faites vos jeux, rien ne va plus !
Tidiane Sow est Coach en Communication politique.
Notes :
--Le chien et le loup, fables d’Esope
--Ndogou : Repas de rupture de jeûne
-- Taxusaan : fin d’après-midi
--Beukk lou yomb : Partisan du moindre effort
--Mbouro akk soow : Littéralement pain et lait. Mélange délicieux. Métaphore pour désigner l’alliance Idy -Macky
Par Pr Mary Teuw NIANE
LES AILES DE L’AMBITION
La politique dans notre pays mérite d’être complètement revue, le personnel politique sans métier réformé, les pratiques corruptrices bannies, les mentalités de duperie éradiquées, les attentes revues sérieusement à la hausse.
La politique dans notre pays mérite d’être complètement revue, le personnel politique sans métier réformé, les pratiques corruptrices bannies, les mentalités de duperie éradiquées, les attentes revues sérieusement à la hausse. En effet le terrain politique est compris par les acteurs politiques et une grande partie de l’opinion publique comme un espace de jeu de mensonges où les acteurs politiques cherchent à acheter des voix pour ensuite durant leur mandat s’en servir pour s’enrichir, conforter le bien-être de leur famille et enrichir leur entourage.
La question essentielle des objectifs du candidat, son programme, sa faisabilité, sa pertinence n’est pas à l’ordre du jour. De même les capacités et les compétences du candidat ne sont pas visitées pour s’assurer qu’il pourra tenir le pays, qu’il pourra faire évoluer positivement le pays. Les vieilles mentalités politiques sont tellement ancrées que des personnes qui vous veulent du bien, vous conseillent affectueusement de ne pas avoir de l’ambition. Car un programme ambitieux a peu de chance de se réaliser complètement en un mandat. Vous risquez de ne pas accrocher l’intérêt des populations et leur attrait pour les solutions immédiates à leurs problèmes insupportables. Il faut mettre de côté les transformations structurelles de l’économie, de l’agriculture, de l’élevage, de l’aquaculture, de la pêche, de la gestion des ressources extractives et naturelles, de l’école, de la justice, etc. pour avoir en bandoulière des projets sectoriels anesthésiants à effets immédiats et surtout susceptibles de donner des opportunités d’accaparement de ressources pour les politiciens qui vous accompagnent ou des stations qui vont les motiver.
En définitive, choisir un vocabulaire, une rhétorique pour envelopper une camelote politique sans aucune valeur ajoutée pour le pays et les populations mais suffisamment vantée par des laudateurs bien choisis notamment dans les médias pour impressionner les électeurs et ainsi recueillir leurs votes sur des promesses politiques sans conséquences pour leur futur.
La politique sénégalaise avec cette nuée d’hommes et de femmes politiques sans emplois et paradoxalement riches, les armées de gardes du corps, les voitures rutilantes, les mensonges, les tromperies et les reniements, les déplacements de foules, doit radicalement être changée et réinventée. Réduire la place de l’argent, mettre en avant les valeurs et enfin donner la place à la compétition des saines ambitions pour le pays telles devrait être le visage de la politique. Vivement que la politique sénégalaise ne brise pas l’envol des ambitions salvatrices pour notre pays.
Pr Mary Teuw NIANE
Ancien ministre
par Guy Marius Sagna
JE REFUSE D'ÊTRE CANDIDAT À UN PÈLERINAGE À ROME DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Je refuse de cautionner une assemblée nationale où on discute de sukëru koor et de billets pour Rome et dans le même temps Macky Sall et son groupe parlementaire croupion refusent qu'on parle des préoccupations des Sénégalais
J'ai refusé d'être candidat à un billet pour le pèlerinage à Rome de l'Assemblée nationale après avoir refusé il y a plusieurs jours de prendre 100.000 FCFA de sukëru koor.
Je refuse d'être dans une assemblée nationale du Sénégal où le président Macky Sall refuse la tenue de réunions plénières et dans le même temps donne du sukëru koor et des billets pour la Rome aux députés pour les amadouer, les divertir et mieux les salir demain.
Je refuse d'être dans une Assemblée où Macky Sall par vengeance envers le peuple qui a donné 80 députés à l'opposition a fermé les portes de l'assemblée nationale depuis décembre 2022 à toute réunion plénière.
Je refuse de cautionner une assemblée nationale où on discute de sukëru koor et de billets pour Rome et dans le même temps Macky Sall et son groupe parlementaire croupion refusent qu'on parle des préoccupations des Sénégalais.
Dans une Assemblée pareille Macky Sall et ses députés font la promotion du "paaco" et empêchent le "Pencoo" des problèmes des Sénégalais.
En tant que premier vice-président de la commission comptabilité et contrôle de l'Assemblée nationale qui ne s'est jamais réunie, qui n'a jamais reçu de pièces justificatives ni de rapport et qui n'a donc jamais fait de rapport sur la gestion de l'argent que le peuple sénégalais a donné à l'assemblée nationale, je ne peux pas encourager cette gestion ni sobre ni vertueuse, cette gestion qui met en avant le parti et non la patrie.
par B. Khalifa Ndiaye
LE DÉFI DU NIANTHIO
Sa mise au point musclée, qui a laissé des traces visibles sur le visage de celui qui avait osé s’en prendre même verbalement à lui, est la preuve qu’il a du caractère. Et qu’il sait se faire respecter (peut-être maladroitement sur ce coup-ci)
Une scène de vestiaires, comme il s’en passe souvent dans les vestiaires ou même sur les terrains d’entraînement voire de compétition, qui a pourtant fini par devenir un sujet traité de mille manières, décortiqué sous tous les angles, amplifié jusqu’aux confins de la Planète Foot ! Presque normal du fait de la personnalité des protagonistes qui ont joué les prolongations d’un goût douteux en privé (?) après leur prise de bec en mondovision. Mais puisque le vestiaire du Bayern n’est plus privé que de nom (vu les « fuites » qui auraient entraîné le limogeage de Nagelsmann, l’ancien entraîneur), l’affaire a éclaté au grand jour et a été étalée à la une de bien des journaux à travers le monde.
C’est que, pour que le « gendre idéal », calme et débonnaire voire timide, orfèvre du ballon rond avec ses pieds en fût réduit à user des poings, il a fallu qu’il fût outrageusement offensé. Ce qui ne l’excuse cependant que partiellement. Car, même s’il a été atteint dans sa dignité d’homme (noir) par les propos d’un coéquipier pas tout à fait blanc et quelque part originaire, lui aussi, en partie de la verte Casamance, il avait d’autres moyens de se faire justice. Certes, suite à sa blessure en championnat allemand en novembre qui l’avait privé de la Coupe du monde au Qatar, le transfuge de Liverpool tarde à retrouver totalement ses sensations. Mais, il n’y a rien de plus normal pour quelqu’un pas très habitué de l’infirmerie, qui n’évolue que très rarement sous ses nouvelles couleurs à son poste de prédilection et qui, en plus, a peut-être besoin de s’adapter à un nouveau championnat. Même si le football est un langage universel qu’il parle très bien d’ailleurs en temps normal.
Son défi, à notre « Nianthio » national, c’est de rebondir au plus vite et de prouver qu’il n’a pas été deux fois « Ballon d’Or » africain pour rien, qu’il ne peut pas être passé de héros à zéro juste pour avoir quitté l’Angleterre et débarqué en Allemagne. Sa mise au point musclée, qui a laissé des traces visibles sur le visage de celui qui avait osé s’en prendre même verbalement à lui, est la preuve qu’il a du caractère. Et qu’il sait se faire respecter (peut-être maladroitement sur ce coup-ci). Qu’il ait été l’agneau du sacrifice sur l’autel de la respectabilité du club bavarois – son antagoniste n’ayant nullement été sanctionné, là où lui l’a été plutôt sévèrement – ne doit point l’abattre. Mais, à l’inverse, le transcender et le pousser à retrouver le niveau qui en avait fait, la saison passée, le 2e meilleur joueur du monde derrière Benzema. Ou, au moins, à s’en approcher. Cela, pour l’intérêt du football dont il est l’un des plus brillants ambassadeurs ; pour son club aussi dont il doit contribuer à écrire les belles pages de son histoire ; et surtout pour son pays et ses compatriotes qui, « épaule contre épaule », lui ont manifesté leur soutien indéfectible et leur amour inconditionnel. Ses compatriotes qui comptent encore sur lui, pour conserver en janvier – février prochain en Côte d’Ivoire, le sceptre continental décroché de haute lutte il y a un peu plus d’un an au Cameroun.