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29 novembre 2024
Opinions
Par Assane Gueye
LE PDS EST-IL REDEVENU UN PARTI DE CONTRIBUTION ?
Le Parti démocratique sénégalais a contribué de façon décisive au rayonne- ment de notre pays sur le plan politique. Il va boucler un demi-siècle d’existence depuis sa formation en 1974. La gestion qu’il a faite du pouvoir en 12 ans a été mitigée.
Le Parti démocratique sénégalais a contribué de façon décisive au rayonne- ment de notre pays sur le plan politique. Il va boucler un demi-siècle d’existence depuis sa formation en 1974. La gestion qu’il a faite du pouvoir en 12 ans a été mitigée, voire décevante. Il l’a perdu d’ailleurs dans des conditions assez déshonorantes. Après la chute, on l’a cru un moment en état de mort cérébrale. Mais il bouge toujours malgré la vague déferlante de transhumants qui a tourné le dos sans scrupule. D’avoir été moins égocentrique aux dernières Législatives en se diluant dans une inter-coalition l’a remis en selle et sauvé d’un revers électoral comme c’était le cas pour les Locales qui avaient précédé. Dans sa marche mouvementée, le Pds a arraché de haute lutte des victoires pour la démocratie et le pluralisme des idées.
Longue marche et démarche insaisissable. En réalité, Me Wade a d’abord mis sur pied une formation politique de contribution un peu à l’image des premiers syndicats qui faisaient de la participation responsable. Son génie est d’avoir su bien manœuvrer face aux caciques intraitables du Parti socialiste de l’époque qui ne lui faisaient aucun cadeau. Wade a fait prévaloir une intelligence foudroyante dont il sera difficile de s’approcher. À titre d’exemple, lui et Senghor « dialoguaient au-dessus du peuple ». L’idée d’en faire un dauphin a germé dans la tête du premier président. Fidèle à lui-même, le pape du sopi s’en est autoglorifié. Diouf dont le seul défaut est la modestie était en embuscade et l’a coiffé sur le poteau.
La perte du pouvoir est une petite mort
La perte du pouvoir est la pire des punitions. C’est peut-être même une petite mort. Tout ce qui était caché est dévoilé. On est immédiatement poursuivi par la meute. La traque contre les carnages financiers tombe sans délai et se fait impitoyable. Il y a aussi l’infamie de la prison, voire la déportation qu’on se prend en pleine figure. C’est le sort qu’on a fait subir à Karim finalement broyé par la machination et le maelström de la demande sociale bien commode. De Dakar au Qatar, le billet simple est l’autre nom d’un exode qui dure depuis 7 ans. Une éternité et un temps fou pour se faire oublier par les plus jeunes qu’on a décidé doctement d’appeler primo-votants. Ils ne sont pas en mesure de reconnaître ceux qu’ils n’ont pas connus. Chaque génération est un nouveau peuple.
Le temps passe si vite. Comme tous ces gens qui changent en toute vitesse de veste et de conviction. À l’époque de la traversée du désert socialiste, Tanor a assimilé ceux qui s’en allaient vers les prairies bleues à des feuilles mortes qui ne font que tomber. Le Pds avait encouragé le prurit de la transhumance. C’est aujourd’hui l’arroseur arrosé. Ce parti a tout de même été résilient. Il a repris quelques couleurs avec 27 députés. Son positionnement n’en est que plus opaque. On dirait qu’il s’est servi de l’inter- coalition comme d’un marchepied.
Le dialogue de sourds les dessert tous
Depuis l’installation de la nouvelle assemblée, les libéraux font l’exact opposé de ce qu’ils avaient anticipé. Pas de motion de censure. Mais une participation active et assumée à la déchéance de Aminata Touré. L’une et l’autre en tant que parti se donnent en spectacle et se comportent comme de grands enfants. Mimi se banalise avec le sempiternel disque rayé d’une entente sur tapis vert appelée « deal ».
Un grand parti comme le Pds qui a blanchi sous le harnais pourrait, à son tour, être taxé de misogynie en se focalisant sur une dame qui prend sa part de persécution. Le dialogue de sourds les dessert tous. Le Sénégal est un pays de dialogue. C’est une rengaine entendue mille fois. Le dialogue auquel on a appelé sera reçu par des tympans propres s’il est synonyme de thérapie et non de zizanie. Pour le moment, il est une sorte de boîte noire. Moins chatouilleux, le Pds en sera un architecte.
L’appel semble aussi aguichant pour Khalifa. Il ne faut pas voir le mal partout en émettant des soupçons de collusion à l’encontre de tous ceux qui s’en approchent. Sonko et quelques autres tirent le rideau de fer. Toute tentative de dialogue sans le Pastef dans un tel contexte n’en sera pas un. Il serait hémiplégique. Au fond, la finalité d’un dialogue est de mettre fin à toute diatribe. Mais le chemin est encore long. On pèche d’ailleurs par naïveté en étant aussi simpliste. Seulement, chez les libéraux, tout ne peut pas être que ruse, cynisme, flou ou realpolitik. Le PDS a peu de chance de retrouver sa grandeur passée s’il continue à se poser en Parti Des Sournois.
Par Ngoura Cherif
LE RECUL DÉMOCRATIQUE
Dans notre Sénégal, la confiscation de l’espace politique par la branche exécutive des gouvernements est aggravée par la réduction des libertés d’expression et de la presse et l’embastillement systématique des opposants basé sur des motifs fallacieux.
Dans notre Sénégal, la confiscation de l’espace politique par la branche exécutive des gouvernements est aggravée par la réduction des libertés d’expression et de la presse et l’embastillement systématique des opposants basé sur des motifs fallacieux.
Cela provoque l’ire d’une jeunesse vivant l’exclusion depuis belle lurette, et ne voyant aucune perspective qui se dessine devant eux.
En lieu et place, ils assistent à l’arrogance étalée au quotidien par une classe politique qui jouit d’une rente indue, leur seul mérite étant d’avoir milité et mal milité d’ailleurs.
La violence exercée dans le landerneau politique, tant du point de vue des discours que des postures dépasse les bornes, au point de résulter à des extrêmes insoupçonnées, dont l’attentat à la vie d’une personnalité dont le seul tort est d’avoir incarné la probité et un sens élevé des valeurs, de façon constante et déterminée, en l’occurrence Mme Aminata Touré.
La petite stratégie politique du Pds, indigne d’un parti ayant un vécu de 50 ans, monnayant l’absolution de Wade fils pour le soutien à une hypothétique troisième candidature porte le nom d’un abject ’deal’ sur le dos des sénégalais qui sont loin d’être dupes.
La meute trouve du grain à moudre, et cherche un bouc émissaire, ce que la conscience citoyenne abhorre et rejette implacablement.
Après la multitude de tentatives de désinformation orchestrées à son encontre et son éjection pure et simple de l’assemblée nationale, illégale du reste, leur ultime dessein s’étale au grand jour, à savoir les menaces de mort.
La bassesse et le vil, propres aux gens ’venant de loin’, mangeant avec les deux mains...le pied avec, rivalisent d’hardiesse et conduisent à la soumission au maître qui souhaite entrer deux fois dans l’histoire.
Ils devront bien rendre des comptes, la demande sociale sera plus accrue qu’en 2012, la boîte à pandore ayant été ouverte par le ’maître des ceans’.
Pour que nul n’en ignore, la détermination de la présidente Aminata Toure est largement partagée par nombre de sénégalais imbus de valeurs (ce qui semble être une tare aujourd’hui) et épris de justice et d’équité voire d’éthique.
Leur seule boussole étant le bon rapport avec leur pays et le legs à laisser à leurs enfants et non la frénésie à s’auto-gaver (canard) avec les deniers publics...attention à la surcharge pondérale qui provoque la suffocation rapide ou à l’infarctus.
Ils se méprennent car le Sénégal se fera par d’autres, ce qu’une temporalité immédiate ou lointaine augure inéluctablement.
Par Amsatou Sow SIDIBÉ
LE SÉNÉGAL D’AUJOURD’HUI, QUELLE VOIE ?
Pendant mes 38 années d’enseignement à l’université, je me suis évertuée a faire de mes étudiants, des milliers chaque année, des citoyens responsables, engagés et utiles pour la société.
Pendant mes 38 années d’enseignement à l’université, je me suis évertuée a faire de mes étudiants, des milliers chaque année, des citoyens responsables, engagés et utiles pour la société.
La Nation
Ma première impression est que la nation dont la consolidation s’est faite avec beaucoup d’efforts, est aujourd’hui entrain de voler en éclats. La commune volonté de vivre ensemble dans la joie et la paix est à peine observable. Les intérêts particuliers priment sur l’intérêt général. La liberté de conscience et de culte qui a toujours été le charme du Sénégal est aujourd’hui remise en cause. Veiller à la consolidation de la nation est une mission individuelle et collective.
Trop de frustrations
Les populations se sentent abandonnées. Les frustrations sont profondes. Le Président de la République et les corps constitués sont redevables à cet égard. L’actualité médiatique est rythmée par des scandales financiers, sous le regard impuissant d’une jeunesse désœuvrée et désespérée, exposée aux vices de tout genre ou à l’émigration clandestine avec son lot de morts. Les familles sont impactées économiquement et socialement. Le panier de la ménagère se remplit difficilement. Les prix des denrées de première nécessité : le lait, l’huile, la viande, le poisson, etc. sont élevés à tel point que certains jours, les repas quotidiens sont difficiles à assurer. Les familles sont déstructurées avec la fréquence des divorces. Toutes les couches de la société sont touchées. L’incertitude face à l’avenir est une réalité. La précarité, l’insécurité alimentaire, la cherté du logement l’accès très compliqué aux soins de santé, la rareté de l’emploi, énervent les sénégalais.
Ni oui ni non
Bien entendu, tout ceci est exacerbé par une constitution sujette à manipulation et à mauvaise interprétation. En 2016, l’un des objectifs du référendum était de rappeler la règle de la limitation du mandat du Président de la République à deux. Le contexte de l’époque était la sortie de crise née de la question du troisième mandat. Il y avait eu mort d’Homme. Feu Mamadou Diop, un martyr, avait perdu la vie au lieu symbolique de la Place de l’Obélisque.
Il est de la responsabilité du Chef de l’Etat de ne ménager aucun effort pour garantir la paix et la stabilité du pays par le respect de ses engagements et par une bonne interprétation de la constitution dont il est le premier gardien.
Renouveau Démocratique
Nous devons nous engager à renforcer notre démocratie en encourageant une participation politique active et en protégeant les droits fondamentaux des citoyens, y compris le droit de manifester pacifiquement.
Engageons-nous à créer donc une démocratie dans laquelle les libertés dans l’éthique et les droits fondamentaux de nos concitoyens seront respectés.
La Jeunesse
Elle joue un rôle crucial dans la construction d’une société meilleure. Vous êtes les acteurs clés de la transformation de notre société, et nous avons besoin de votre énergie, de votre créativité et de votre engagement pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés.
Je vous encourage à prendre davantage conscience des enjeux et à rester vigilants face aux promesses illusoires.
L’Elite
Je lance un appel à l’élite intellectuelle qui a la responsabilité de contribuer activement à la construction d’un Sénégal meilleur, plus prospère et plus équitable. Son expertise, son expérience et sa sagesse sont des atouts précieux pour encadrer la jeunesse dans sa volonté de relever les défis.
Nous avons besoin de vous pour aider à élaborer des politiques publiques efficaces et équitables, et pour fournir des conseils avisés à nos dirigeants. Nous avons besoin de vous pour encourager l’entrepreneuriat, l’innovation et la création d’emplois dans notre Sénégal. Nous avons besoin de votre soutien pour renforcer les capacités de nos institutions, pour améliorer la qualité de notre éducation et pour investir dans la recherche et le développement.
Justice
Une justice forte et indépendante est l’un des piliers essentiels d’un État qui prône la démocratie, le respect des droits humains, le développement et la paix. Elle garantit que les citoyens sont traités équitablement devant la loi et que les droits fondamentaux et libertés sont protégés. Elle assure également la responsabilité des institutions, des entreprises et des individus. Le Conseil Constitutionnel ou mieux, la Cours Constitutionnelle doit jouer son rôle d’interprétation saine de la constitution.
Renouveau politique
J’ai du mal à concevoir et à accepter la façon de faire la politique au Sénégal. Elle est aujourd’hui dévoyée et éloignée de son vrai sens. La politique n’est plus l’art de gérer la cité mais plutôt de promouvoir des intérêts particuliers au détriment des préoccupations essentielles des populations.
Le peuple est sacrifié. Quelle violation grave des droits les plus élémentaires des personnes ! Il urge que nous nous ressaisissions pour redonner à la politique son sens humain et noble en remettant la personne humaine au centre des préoccupations.
L’espace politique est marqué par une bipolarisation qui est loin d’aller dans l’intérêt des populations. Le pouvoir et l’opposition se font dangereusement face, en oubliant les priorités des populations.
Voilà pourquoi nous proposons une Troisième Voie politique qui se concentre sur les préoccupations essentielles des populations et qui constitue une alternative favorable à la demande sociale et aux aspirations des citoyens. Cette voie est fondée sur le respect des droits fondamentaux de la personne humaine, ainsi que sur l’obligation de les garantir tant à l’échelle nationale qu’internationale. Cette politique se veut constructive et citoyenne, avec pour objectif de placer les droits fondamentaux de la personne humaine, la démocratie, le développement et la paix au cœur de toutes les décisions et politiques.
Il est donc nécessaire de travailler ensemble pour restaurer la confiance et l’espoir dans le pays, en s’appuyant sur le riche patrimoine culturel et l’engagement à restaurer les valeurs universelles de justice et de dignité humaine chères au peuple sénégalais.
Par Texte collectif pour la liberté de la presse
LETTRE OUVERTE POUR LA PROTECTION DES JOURNALISTES ET LA DEFENSE DE LA LIBERTE D’EXPRESSION ET DE LA LIBERTE DE LA PRESSE AU MALI ET AU BURKINA FASO
Les menaces sur la liberté d’expression et la liberté de la presse sont très inquiétantes au Burkina Faso.
Monsieur le Président de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union africaine, Monsieur le Président de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, Monsieur le Président de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’UEMOA,
Monsieur le Président de la Commission de l’Union africaine,
Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO,
Monsieur le Président de la Commission de l’UEMOA,
Monsieur le Président du Parlement panafricain,
Monsieur le Secrétaire général de l’ONU,
Monsieur le Président du Conseil des droits de l’homme de l’ONU,
Madame la Directrice générale de l’UNESCO,
Madame la Secrétaire générale de l’OIF,
Mesdames et Messieurs les Présidents des instances de régulation des médias des 15 pays de la CEDEAO,
Monsieur le Président du Réseau francophone des régulateurs des médias,
Monsieur le Président de la Plateforme des régulateurs de l’audiovisuel des pays membres de l’UEMOA et de la Guinée,
Mesdames et Messieurs les ministres de la Communication des 15 pays de la CEDEAO, Monsieur le Président de l’Union africaine de radiodiffusion (UAR),
Appels au meurtre de journalistes et de leaders d’opinion, menaces et intimidations sur la presse nationale, montages grotesques contre des journalistes, suspension des médias internationaux RFI et France 24, expulsion des correspondants des journaux français Libération et le Monde... Les menaces sur la liberté d’expression et la liberté de la presse sont très inquiétantes au Burkina Faso. Les mesures prises par les autorités de ce pays, surtout ces derniers mois, sont de nature à remettre en cause le droit fondamental des citoyens à être informés. La liberté commence là où finit l’ignorance.
Au Mali également, les pressions et les intimidations envers les journalistes et les leaders d’opinion se multiplient. De novembre à décembre 2022, la chaîne Joliba TV a été suspendue par la Haute autorité de la communication (HAC), après la diffusion d’un éditorial jugé critique envers les autorités. Le 20 février 2023, la Maison de la presse de Bamako a été mise à sac. Le 13 mars, le chroniqueur de radio Mohamed Youssouf Bathily, plus connu sous le pseudonyme de Ras Bath, a été inculpé et écroué pour avoir dénoncé “l’assassinat” de l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Le 15 mars, Rokia Doumbia, dite “Rose vie chère”, a été arrêtée à son tour pour avoir communiqué sur la hausse des prix et “l’échec” de la transition. Le 6 avril, le journaliste Aliou Touré a été enlevé par des hommes armés et cagoulés et n’a été retrouvé libre que quatre jours plus tard.
Là aussi, la presse internationale est loin d’être épargnée. En février 2022, un reporter de Jeune Afrique a été expulsé de Bamako. Et un mois plus tard, RFI et France 24 ont été coupés surtout le territoire malien. Au Burkina Faso comme au Mali, ces attaques sont de plus en plus relayées sur les réseaux sociaux par des “influenceurs” favorables aux régimes militaires de ces deux pays, qui jouent aux justiciers et n’hésitent pas à menacer de mort les journalistes et leaders d’opinion trop indépendants à leurs yeux. Aujourd’hui, le mensonge s’ajoute à la violence. “L’instauration d’un régime de terreur”, comme l’écrit le quotidien burkinabè L’Observateur Paalga, s’accompagne d’une vague de “fake news” qui inondent les réseaux sociaux de contre-vérité. Les premières victimes de ces “influenceurs” sont les populations malienne et burkinabè, qui sont privées de débat démocratique.
Au Burkina Faso, la situation des journalistes est devenue tellement critique que même l’institution chargée de la régulation s’en émeut. Dans un communiqué publié le 29 mars 2023, le Conseil supérieur de la communication (CSC) “constate avec regret la récurrence des menaces proférées à l’endroit d’organes de presse et d’acteurs des médias”. Le CSC demande aux autorités burkinabè de “prendre les mesures idoines pour assurer la sécurité des médias et des journalistes dans l’exercice de leur profession”. De son côté, Volker Türk, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, se dit “profondément troublé” par la situation des médias au Burkina Faso. “En cette période de transition, la protection des voix indépendantes est plus nécessaire que jamais”, ajoute-t-il.
Le 20 février, Alioune Tine, l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Mali, a déclaré être “extrêmement préoccupé parle rétrécissement de l’espace civique, de la liberté d’expression et d’association” au Mali.
Sur la base de tous ces éléments, nous, signataires de cette lettre ouverte,
Exhortons les autorités du Mali et du Burkina Faso à mettre fin à toutes les mesures qui portent atteinte à la liberté de la presse
Remarquons une absence de protection des forces de sécurité et un silence de la justice face aux campagnes d’intimidation et aux menaces de mort lancées contre les journalistes de ces deux pays. Tout en respectant l’indépendance de la justice, nous demandons aux procureurs et aux officiers de police judiciaire d’être plus réactifs sur ces actes répréhensibles par le droit pénal.
Demandons aux autorités de ces deux pays de garantir la protection et la sécurité de tous les professionnels des médias victimes de menaces, intimidations, harcèlement et attaques physiques
Demandons aux autorités de diligenter des enquêtes impartiales, efficaces et indépendantes pour faire la lumière sur les abus commis contre les journalistes, identifier les responsables et les poursuivre en justice.
Appelons les deux gouvernements à respecter les obligations internationales signées et ratifiées par les États concernant la liberté d’expression et la liberté de la presse, en particulier la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
Appelons les responsables nationaux et les instances panafricaines et internationales destinataires de cette lettre ouverte à soutenir cette démarche au plus haut niveau : l’accès à l’information est un droit fondamental des peuples. En cette journée mondiale de la liberté de la presse, il est essentiel de la défendre et de la protéger.
SIGNATAIRES
1. AfrikaJom Center
2. Association des Journalistes du Burkina Faso (AJB)
3. Association des Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL Sénégal)
4. Cellule Norbert Zongo pour le Journalisme d’Investigation (CENOZO)
5. Centre National de la Presse Norbert Zongo (CNP-NZ Burkina Faso)
6. Courrier confidentiel (Burkina Faso)
7. Fédération des Journalistes Africains (FAJ)
8. Fédération Internationale des Journalistes (FIJ)
9. Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH)
10. France 24 (France)
11. Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA)
12. Human Rights Watch (HRW)
13. International Press Institute (IPI)
14. Jeune Afrique (France)
15. Joliba TV News (Mali)
16. Le Pays (Burkina Faso)
17. Le Monde (France)
18. Lefaso.net (Burkina Faso)
19. Le Reporter (Burkina Faso)
20. L’Événement (Burkina Faso)
21. Libération (France)
22. L’Observateur Paalga (Burkina Faso)
23. Radio France Internationale (France)
24. Reporters Sans Frontières (RSF)
25. Société des Editeurs de la Presse Privée du Burkina Faso (SEP)
26. Omega Médias (Burkina Faso)
27. Union Internationale de la Presse Francophone (UPF)
28. Union des Journalistes d’Afrique de l’Ouest (UJAO)
29. 24heures.bf (Burkina Faso)
30. Wakat Sera (Burkina Faso)
Par DIAGNE Fodé Roland
LA BRUTE, LES TRUANDS, LE BON
L’arène politique ressemble à un film d’horreur mettant en scène la brute, les truands et le bon
Alors que le pays s’achemine vers la Présidentielle de février 2024, le bâton et la carotte s’en donnent à cœur joie sous la houlette d’un président, qui a fait voter, par référendum en 2016, une Constitution qui lui interdit une nouvelle candidature par la formule claire selon laquelle «nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs».
L’arène politique ressemble à un film d’horreur mettant en scène la brute, les truands et le bon. Le bâton de la «main de fer dans un gant de velours» de la brute embastille arbitrairement plusieurs centaines de jeunes manifestants, de responsables politiques, des journalistes, des médecins pour refus de violer le serment d’Hippocrate, engendre des morts à balles réelles, des disparitions d’agents de l’Armée, de la gendarmerie, interdit les droits constitutionnels de manifester, de circuler, enfreint le droit de s’inscrire sur les listes électorales, la liberté de la presse en coupant les signaux de télévisions, introduit subrepticement le cancer de l’ethnicisme, complote contre le bon patriote, couvre des épinglés au pouvoir par les corps de contrôle de la gestion de l’Etat comme l’Ofnac, l’Ige, l’Igf, la Cour des comptes, se soumet les institutions législative et judiciaire «indépendantes» selon la loi, etc. Et toutes ces forfaitures liberticides pour éliminer le chef de l’opposition, candidat à la future Présidentielle.
L’Etat, lui-même, se met hors la loi tout en bombardant, à la manière du voleur criant au voleur, l’opposition patriotique du label mensonger de «violence anti-démocratique». Le régime vomi affameur du Peuple ramène le pays au temps de la brutalité du Far-West où régnait la violence sans aucune limite de la «loi du plus fort». La flagrance de l’utilisation de l’appareil de l’Etat à des fins partisanes en dehors de la loi, des règles, de la morale et de l’éthique, devenue monnaie courante, met à nu une fin de règne tyrannique parfumée à l’odeur obsessionnelle de «gaz et de pétrole». Prendre un engagement public puis le renier publiquement sans scrupule, dire une chose et faire le contraire, telle est la devise que la pratique de l’actuel pouvoir libéral néocolonial consacre. La brute a érigé l’arbitraire d’Etat en mode de gouvernance violente, marque de la fascisation de la bourgeoisie bureaucratique néocoloniale libérale au service de l’oppression impérialiste.
Devant ce triste spectacle d’un pouvoir à la dérive qui a bénéficié de la résistance du Peuple contre la monarchisation de la première alternance politique, voilà les truands qui entrent en scène pour réprimer la résistance populaire et semer le trouble dans l’effort de rassemblement des forces vives de la Nation contre les menaces fascisantes de l’autocratie régnante.
Les impérialistes se livrent à des rencontres avec l’opposition, y compris patriotique, aussitôt suivis des entristes au pouvoir qui sont mandatés par l’autocratie pour faire semblant d’en sortir et se positionner comme candidat à l’échéance présidentielle qui s’approche. La manœuvre est grosse de la part de celui qui est connu comme «opposant le jour et contributeur la nuit». Personne n’est dupe, sauf l’illusionniste démasqué qui prend les citoyens pour des demeurés en espérant l’empêchement de la candidature du véritable chef de l’opposition, qui lui permettrait de bénéficier du vote de ces millions de citoyens qui résistent aux multiples complots en cours contre l’incarnation politique du moment du patriotisme sénégalais.
D’autres jettent l’os de Mor Lam à ronger sous l’appellation de «Gauche plurielle», à l’instar de la social-démocratie libérale impérialiste qui s’était donné ce nom dans la Métropole néocoloniale française. Devenue en réalité «Gauche plus rien» par son aplatissement dans les travaux pratiques de la collaboration de classe et de la «lutte des places au gouvernement» néocolonial, la «Gauche plurielle» se mure dans un silence assourdissant sur la violence de la dictature, ses atteintes hors la loi aux libertés individuelles et collectives, sur la troisième candidature anticonstitutionnelle et sur les scandales sans fin qui éclaboussent au quotidien la mal-gouvernance étatique libérale néocoloniale dont fourmillent les rapports des corps de contrôle de l’Etat.
Pire, la «Gauche plus rien», devenue borgne, voire aveugle et sourde, met en exergue la tactique attrape-nigaud de l’inversion malhonnête entre victimes (l’opposition patriotique) et bourreaux (l’Etat néocolonial). Ce sont les nouveaux daltoniens de la politique obnubilés par les postes ministériels, de Pca, Dg et autres sinécures consécutifs de la «politique du ventre».
La fuite en avant répressive de la dictature libérale néocoloniale cache mal la peur de perdre le pouvoir qu’annonce encore récemment le rush vers des inscriptions sur les listes électorales et les foules à chaque sortie publique de l’espoir personnifié du Peuple. Ce pouvoir de la seconde alternance libérale, flanqué de la social-démocratie libérale et des ex-gauches, a perdu tout le crédit qui fut le sien en 2012, tout comme la première alternance l’avait perdu un peu avant 2007.
Le courage relatif dont avait fait montre le Pit défenestré du pouvoir sous la première alternance bourgeoise, s’est dilué dans la Bérézina de la poltronne personnalisation diffamatoire, à la manière du voleur qui évite de revenir sur le lieu de son larcin, pour fuir les débats de fond programmatiques alternatifs au libéralisme néocolonial dans lequel ils sont englués jusqu’au cou. Pas un mot sur les Assises nationales qu’ils ont signées, et seul, signalons-le, malgré nos désaccords profonds, feu Ibrahima Sène a osé écrire publiquement contre la troisième candidature anticonstitutionnelle.
Comment ne pas saluer dans ces conditions le bon, c’est-à-dire le candidat patriote qui, parce qu’il réhabilite cet Adn de la Gauche qu’est le Moom Sa Reew (patriotisme), devient l’homme à abattre par tous les moyens, y compris les plus déloyaux, les plus sordides, les plus intolérables. «Feu sur notre passé révolutionnaire» est devenu le mot d’ordre de ralliement des renégats qui avaient participé à animer les luttes du Peuple pour les conquêtes démocratiques qui ont permis d’obtenir deux alternances successives. Seydou Cissokho, Tchoumbé Samb, Sadio Camara, Moctar Fofana, Djiby Diop, Iba Ndiaye Ndiadji, Tidiane Diatta, Babacar Sané, Ndongo Diagne, Moussa Diop Jileen, Hamédine Racine Guissé, Alioune Sène, Khasset Cissokho, Birane Gaye, Assane Samb, Cyriaque Diatta, Djiby Seck, Badiane Guèye, Amagore Ndoye, Cheikh Anta Diop, pour ne citer que quelques-uns d’une longue liste, doivent se retourner dans leurs tombes.
La faillite des deux alternances libérales bourgeoises était inscrite dans la nature néocoloniale et libérale de ses bénéficiaires. L’impatience de la jouissance vénale a conduit à la trahison de l’engagement patriotique révolutionnaire d’antan des dirigeants de l’ex-Gauche qui s’auto-dénomme aujourd’hui «Gauche plurielle» en singeant sa «grande sœur jumelle» française, toutes deux devenues «gauches plus rien» pour leurs classes laborieuses et leurs peuples respectifs.
En fait, la mentalité de «peau noire, masque blanc» (Franz Fanon) de la bourgeoisie bureaucratique néocoloniale libérale a tout simplement déteint sur cette «Gauche plurielle» qui rassemble les renégats du Marxisme-Léninisme-Maoïste, du panafricanisme qui cherche vainement à réhabiliter la social-démocratie devenue libérale par sa servilité aux plans d’ajustement structurel du Fmi, de la Banque mondiale et de l’Omc durant 20 ans sur ses 40 ans au pouvoir entre 1960 et 2000.
De la Présidentielle de 2019 à celle à venir de 2024, l’histoire est en train de recomposer la scène politique sénégalaise à travers la confrontation entre camps patriotique et néocolonial. L’autocratie libérale néocoloniale jette aux orties tout du «contrat national sénégalais» produit des luttes du Peuple, comme l’avait tenté d’ailleurs le «père du libéralisme» en 2011/12. On assiste à un remake aggravé de «la répétition comique de l’histoire» qui reprend ici un chemin criminellement dramatique.
C’est donc le large front antifasciste qu’est le F24, à élargir aux centrales syndicales contre la vie chère, qui a la lourde responsabilité historique de juguler le danger dictatorial que fait planer cette fin de règne du régime failli de la seconde alternance libérale néocoloniale.
Encore une fois, notre Peuple trouvera en lui la force de sauver le pays et le mettre sur les rails de la souveraineté nationale, étape vers la sortie prochaine de la tête de l’eau du mouvement ouvrier, paysan, éleveurs, pêcheurs et des travailleurs de l’informel.
DIAGNE Fodé Roland
Par Mamadou Ndiaye
BALISES DIPLOMATIQUES
Que se passe-t-il en ce moment dans la tête des « hôtes étrangers » vivant au Sénégal ? Bien malin celui qui le saurait. L’élection présidentielle de l’année prochaine suscite et entretient déjà des spéculations avec des prédictions en embuscade.
Que se passe-t-il en ce moment dans la tête des « hôtes étrangers » vivant au Sénégal ? Bien malin celui qui le saurait. L’élection présidentielle de l’année prochaine suscite et entretient déjà des spéculations avec des prédictions en embuscade.
Dans quel état sera le pays au lendemain d’un scrutin considéré comme le plus indécis, le plus inédit et le plus incertain ? D’aucuns annoncent qu’il sera même le plus disputé de l’histoire récente ! Voire. Quelles perspectives se dessinent alors d’ici à l’échéance ?
Ces « étrangers » ont du mal à décoder les bruits ambiants qui proviennent de diverses sources. En revanche ils les dissèquent, les traduisent et les interprètent suivant des grilles d’analyse pour, in fine, déterminer les comportements à adopter, les conduites à tenir ou les avis à émettre.
Les avis ? Voilà la piste à explorer pour savoir comment notre pays est perçu, apprécié ou considéré dans ce contexte de difficultés accrues, de doute ou d’incertitudes.
L’équation électorale déborde les urnes. Elle passionne. Mieux, elle sert de boussole à ceux qui peinent à s’orienter dans la bonne direction. Pour autant, elle n’occulte pas les atouts dont dispose le pays : sa longue tradition de vote, son ancrage démocratique, ses alternances politiques et les changements de régime qui n’ont pas altéré la République même s’ils l’ont écornée quelque peu.
Un tel « état de service » rassure plus qu’il n’inquiète. Toutefois, les époques (tout comme les épopées) changent. Les nouveaux acteurs, en tout cas les plus significatifs, surfent sur des vagues et des courants ou des tendances.
Pressés par le temps, ils slaloment entre hâte et précipitation, poussés il est vrai par des entourages au sein desquels l’enthousiasme rime avec le zèle. Souvent, il leur manque le recul, la distance en un mot la profondeur pour agréger des acquis et tracer une ligne d’action qui se fonde sur une doctrine politique. Les ténors de la politique esquivent l’économie qu’ils confinent à la lisière de leurs priorités programmatique.
Un vrai anachronisme chez nous quand partout ailleurs, les candidats sont élus sur la base du « sérieux » de leur projet de société. Ils ne se contentent pas de l’évoquer. Mais ils le quantifient, le chiffrent et dégagent des pistes de mobilisation des financements sans alourdir la dette (déjà préoccupante) et sans obérer les chances de réussite. Une fois le projet ficelé, il est soumis à des experts pour l’examiner et l’évaluer dans une démarche contradictoire mais qualitative.
Ce changement d’échelle perturbe le classique système d’observation des règles d’élections et de leurs enjeux réels.
Rien d’alarmant si ce n’est la nécessaire adaptation à l’actuelle configuration de la classe politique sénégalaise. Les chancelleries, chargées de représenter leur « pays et ses intérêts » s’activent pour collecter les informations, s’évertuent à comparer les périodes et cherchent par dessus tout à se rapprocher du terrain de jeu et de ses acteurs.
La France n’a pas hésité à franchir le Rubicon en dépêchant à Dakar un émissaire du Quai d’Orsay chargé, entre autres missions, de rencontrer l’opposant Ousmane Sonko au cœur d’une tempête judiciaire, sans doute pour le sonder davantage. Mais Paris n’agissait pas en solitaire.
Eminent membre de l’Union européenne, la France fait prévaloir sa proximité avec Dakar sans négliger le poids de l’histoire et la connaissance des hommes et des situations pour se mettre en pôle position. Naturellement la récente visite de Marine Le Pen au Sénégal a fait grincer les dents de part et d’autre. La réplique française a consisté à sonder le jeune leader du Pastef pour mieux l’appréhender.
Ce rapprochement n’incline pas l’Elysée à changer de politique. Au contraire, par un communiqué, le ministère des Affaires étrangères français a indiqué s’en tenir à des principes qui gouvernent son action diplomatique à savoir : « pas d’immixtion, pas d’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays ami ».
Personne n’est à ce point dupe. En cherchant à parler à tout le monde, le président français s’offre le beau rôle, celui consistant à atténuer les crispations, à dépassionner le virulent débat pour rendre possible le dialogue politique.
Sonko a cru pouvoir pousser les feux. Son discours de Korité depuis Ziguinchor dont il est le Maire semble accréditer l’idée accommodement, d’une reconversion en douceur aux exigences de la réal-politique. Naturellement cette atténuation dans le propos n’est pas synonyme de recentrage ou de ralliement. Il faut être naïf pour le croire. Par contre son geste traduit un signe. Lequel ? Exaspération ou sagesse ? Repli tactique ou concession stratégique ? Gage politique ou manœuvre politicienne ? Les prochaines semaines nous édifieront…
Après avoir enflammé et embrasé, est-ce une esquisse de maturation ? Le jeu politique a peu de vertus mais beaucoup de vices. Le moindre est qu’il calcine. Pour leur part, les Etats-Unis voient d’un œil amusé les récentes sorties d’Idrissa Seck et ses fréquentes références au modèle de gouvernance américain.
Bien évidemment l’Amérique est favorable à un scrutin apaisé sans restriction volontaire de candidatures. Elle prône l’ouverture et préconise un respect strict des règles de droit en « toutes circonstances ». Washington n’a pas de candidat « attitrés », semble dire le Département d’Etat dont le patron, Antony Blinken, sillonne l’Afrique de parts en parts pour prôner la bonne parole.
A l’actif du secrétaire d’Etat américain, plusieurs protagonistes dans divers conflits (souvent armés) reconvertis de fraîche date à la vérité des urnes donnent du crédit au modèle de représentation servi par les Etats-Unis. Ce joli succès politique et diplomatique à la fois permet un retour en force des Yankee sur le continent où ils retrouvent un vieil ennemi intime : la Chine.
Mieux à l’aise en Afrique que beaucoup d’autres pays occidentaux, l’empire du Milieu a une marge de manœuvre plus large et un argument financier de poids pour conforter sa position et accentuer et renforcer sa présence dont les avantages comparatifs sont plébiscités par les Africains eux-mêmes.
L’absence d’homogénéité des situations favorise le « cas par cas » auquel s’adonne la Chine qui, sans efforts, sans obstacles majeurs, engrange des dividendes commerciaux, économiques et géostratégiques.
Ainsi, Pékin jouit d’une réputation de bâtisseur sans trop souligner les conditions dans lesquelles s’octroie le financement des gigantesques chantiers construits un peu partout en Afrique. En un mot la transparence n’est pas au rendez-vous.
Aux opinions africaines de se saisir de cette préoccupation pour en amplifier l’écho et la résonance afin de rétablir les équilibres au grand bénéfice des populations souvent oubliées dans cers partenariats dits : « gagnant-gagnant ».
Par Habib Demba FALL
UN MONUMENT DANS LA MEMOIRE COLLECTIVE
Une vie et une œuvre telle une Less Masterclass !Maintenant que le tombeau se referme sur cette terre de Yoff, la vie remporte la seule victoire possible sur la mort : le monument des souvenirs bâti dans la mémoire collective.
Maintenant que le tombeau se referme sur cette terre de Yoff, la vie remporte la seule victoire possible sur la mort : le monument des souvenirs bâti dans la mémoire collective. Et là, d’un samedi de tristesse à un dimanche de recueillement, je vois que Less n’a pas fait son dernier bouclage. Il n’a ni fermé la dernière page du journal de sa vie encore mois l’antenne de sa légendaire et bienveillante rigueur. Intellectuelle. Les témoignages qui défilent depuis l’annonce de sa disparition sont les hommages de la profession et, au-delà, ceux de citoyens unis dans la douleur de la perte de ce Sénégalais fondamental.
Le baobab n’est pas tombé. Le monument ne s’est pas affaissé. L’un et l’autre restent des majestés dans le grand livre de notre compagnonnage avec cet intellectuel à l’aise dans la conceptualisation. Less sait nommer les choses et décrire les situations. Devant une telle œuvre, je m’interdis toujours de conjuguer au passé, m’accrochant toujours à la dialectique entre l’âme et la matière pour vaincre l’oubli. L’empreinte d’une vie reste debout face au défi du temps. C’est l’ultime pacte entre le temps si fugace d’une vie et le temps si élastique de la postérité. C’est enfin l’éloge du Bien.
Le Bien est ce que je retiens de lui. Pour cela, il restera toujours debout dans mon souvenir au-delà de la dernière image d’un géant de la presse couché sur le support en bois pour rejoindre sa dernière demeure à Yoff. Il a su devenir un trésor vivant par-delà les temps et les limites de la corporation.
UN SEIGNEUR EN VRAI, UN SERVITEUR DANS L’ÂME
Less a un parcours de seigneur tout en s’employant à devenir le serviteur de tous, de sa classe des pionniers hier meurtris par sa disparition à la pépinière des continuateurs reconnaissants à cette icône du journalisme. Grâce à cette philosophie de vie, Mame Less Camara a été Abdou Sow, son célèbre pseudonyme à Walf Quotidien, pour rester simplement Grand Less pour son urbanité, son professionnalisme, sa disponibilité, son humilité et sa générosité. Des intellectuels de grande envergure achetaient le journal pour cette chronique très percutante de l’animateur de « Face à face » sur Radio Sénégal. Rien que le nom de cette émission est un appel d’air dans un service public invité à s’adapter au multipartisme intégral et, surtout, aux nouvelles expressions de la participation citoyenne.
Entre nous, il y a au moins une génération de journalistes formés au CESTI. Et ensuite, à son actif, une réputation de probité intellectuelle et morale déjà établie, des faits d’armes de porte-voix des professionnels dans un SYNPICS à l’avant-garde, un militantisme du pluralisme médiatique à l’heure où le pays aborde le virage de la FM « polyphonique », entre autres. Tout, vraiment tout pour faire un modèle que le groupe de stagiaires du CESTI attendait, à l’heure du thé, sur le balcon du siège de Wal Fadjri Quotidien, à Sacré-Cœur. Hier, Seynabou Mbodj en a parlé dans son post. Il était le miroir de ce que nous voulions être plus tard. A l’époque, il écrivait sur du « beefsteak », ce doux papier d’imprimerie. Boubacar Boris Diop, son ami, a été une passerelle entre Less et moi. Voilà qui explique que, sans avoir été son étudiant ou son agent, j’ai pu bénéficier de son expérience.
AU-DELA DU JOURNALISME, UNE FINE CULTURE LITTERAIRE
A la fin de ma formation, je me suis retrouvé à Walf Quotidien et lui, avait rejoint Walf FM comme Directeur. Sans cloisons! Il me prêtait des livres dont nous devions parler dans les quinze jours. Et j’ai compris cela comme une incitation à la lecture. Au fil du temps, j’ai découvert la fine culture littéraire de l’homme qu’a confirmé le poète Amadou Lamine Sall dans son hommage. En 2011, nous nous sommes retrouvés dans l’émission « Impressions » de Sada Kane sur la 2S TV. Moi pour présenter mon recueil « Le Chapelet de rêves » et lui pour intervenir sur une autre œuvre. Face à deux lecteurs pour le moins critiques, le débat s’est animé sur l’univers jugé « glauque » de ce texte par endroits. Less s’est emparé du micro pour plaider l’authenticité en écriture, loin des clichés d’un certain romantisme tournant à vide. Il faut dire qu’il m’a bien tiré d’affaire et j’ai pu recentrer le débat sur le procédé de création. En privé, et gentiment, il m’a reproché de ne l’avoir pas informé de ma participation à cette émission afin qu’il se préparât mieux.
Auparavant, Directeur des Rédactions du Soleil, j’ai eu le bonheur de l’accueillir dans les colonnes de « Zénith Hebdo » pour sa chronique « Choses vues », grâce à la volonté du Directeur général, Mamadou Sèye et l’entregent du Rédacteur en chef de ce magazine du groupe, Sidy Diop. «Choses vues », le nom de cette chronique, a été un fort moment d’analyses. Assurément, la vie de ce formateur dans l’âme est une Masterclass sans fin. Que le Paradis soit sa demeure éternelle !
par Doudou Ka
OUSMANE SONKO ENTRE OUTRANCES, LEURRES ET CHAOS
Englué dans sa stratégie de la manipulation, embourbé dans son obsession insurrectionnelle et anarchiste, l’homme vient de franchir un cap dangereux en soupçonnant nos gendarmes et policiers de vouloir attenter à sa vie
Il est du devoir de tout républicain de rompre le silence lorsque la République est attaquée, insultée, menacée et bafouée. Dans sa stratégie de décrédibilisation de nos institutions, monsieur Ousmane Sonko vient de franchir la ligne rouge en piétinant, avec une légèreté et une gravité inédites, l’honneur, la dignité et le sacro-saint respect dû à ces milliers de femmes et d’hommes au service de la Nation. Parfois au péril de leur vie. En s’attaquant avec une rare virulence aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) sénégalaises, le Pastef et son chef viennent une fois de plus, de dévier du code de conduite républicain.
Alors qu’il faisait preuve, depuis sa récente condamnation par la justice pour diffamation, d’une surprenante discrétion acoustique et médiatique, revoilà monsieur Sonko encore face à ses démons.
Les accusations de « tentative d’assassinat sur sa personne » en mondovision, qu’il a portées contre les Forces de Défense et de Sécurité Sénégalaises, questionnent une fois de plus, sur les dérives d’un homme qui a fait de la prophétie du pire, de l’atteinte aux institutions et de l’acharnement contre la République, le levier stratégique de sa ligne politique.
Ainsi va monsieur Ousmane Sonko. Emporté par sa haine sans limite de l’État et du président de la République, englué dans sa stratégie de la manipulation, embourbé dans son obsession insurrectionnelle et anarchiste, l’homme vient de franchir un cap dangereux en soupçonnant nos gendarmes et policiers de vouloir attenter à sa vie. Rien de moins. Rien que ça.
Sauf à être ennemi du Sénégal, aucune ambition, fut-elle présidentielle, ne doit autoriser un leader politique à se laisser à de telles outrances qui ne doivent pas rester impunies et qui ne vont certainement pas rester sans conséquences judiciaires.
Sauf à être anti-républicain, aucune ambition politique ne saurait justifier qu’on ait pu livrer à la vindicte nationale et internationale, l’honneur de toute l’institution sécuritaire sénégalaise en portant contre elle, des accusations aussi extrêmement infamantes que celles de tentative d’assassinat.
Une fois encore, monsieur Ousmane Sonko est allé loin. Trop loin. L’insulte de trop. L’irresponsabilité de trop. La dérive de trop. L’infamie de trop. L’outrance de trop de la part d’un homme animé par une seule volonté, déstabiliser la République en portant gravement atteinte aux fondations de l’État de droit.
Ce jeu est d’une terrible dangerosité en ce sens qu’il participe à la rupture du pacte de confiance entre le peuple et ses forces de l’ordre. Cela est inacceptable venant d’un personnage qui veut incarner la République.
Sous ses airs de Sankara de carnaval, le cas Ousmane Sonko interroge sur sa légitimité à prétendre gouverner le Sénégal. Par ses récurrentes accusations graves, déshonorantes et insultantes contre les institutions, les forces de sécurité sénégalaises, ce manipulateur fanfaron, diffamateur condamné s’est auto disqualifiée pour être le Commandant Suprême des Armées.
À force de zigzaguer en permanence entre le moitié-vrai et le totalement faux pour manipuler les esprits et déstabiliser le pays, à force de vouloir se prendre pour cet omni opposant sans équivalent dans l’histoire, qui ne s’oppose pas comme tout le monde et qui s’oppose comme personne avant lui, il s’est enfermé dans son propre piège.
Son tout récent revirement sur la présence économique française au Sénégal, constitue le symbole de la versatilité d’un homme prompt à s’accommoder de tout l’inverse de ce qu’il a combattu hier.
Alors qu’il s’insurgeait à tort et avec véhémence il y a encore peu, contre l’implantation des magasins Auchan au Sénégal qu’il considérait comme une catastrophe économique nationale, le voilà déguisé en VRP de la chaîne de distribution française. Un brutal et inattendu rétropédalage qui vient scier un peu plus, ce qui lui restait de branches pour asseoir un semblant de crédibilité. À trop en faire, il s’est décrédibilisé, il’s’est disqualifié.
Entre promesses non tenues, caisses municipales vides, investissements nuls, taxes tous azimuts, agents municipaux en colère, manque de vision avec en prime, l’ improvisation qui a remplacé la gestion, le tout sur fond d’amateurisme, de manque criard d’ambition pour la ville de ziguinchor et pour les Ziguinchorois, le bilan catastrophique de 15 mois de municipalité de Sonko est sans appel. Et l’addition risque d’être encore plus salée pour les Ziguinchorois.
La mise en scène théâtrale de ses récentes promesses de modernisation de la ville relève du leurre politique. Cible du courroux grandissant de ses administrés, l’inventaire laborieux de ses projets aux pertinences douteuses et financements hasardeux et non maîtrisés est une manière de calmer l’exaspération de la population et gérer la déception des Ziguinchorois. Un leurre politique qui porte la signature politique d’un illusionniste anarchiste politique.
Ainsi va monsieur Ousmane Sonko. Sans moteur ni direction. Avec des ambitions et une vision qui épousent sa propre caricature. Celle d’un homme en rupture de ban républicain, sans autre horizon que lui-même et qui a fait de l’outrance, du chaos, de la diffamation, de la fureur et de l’insulte, sa stratégie de conquête de pouvoir.
Il y a les manipulateurs, les dissimulateurs, les calculateurs. Les princes de la victimisation aussi. Et à ce jeu, le président du Pastef M. Ousmane Sonko, tient le pompon. Tant il semble être le seul homme politique sénégalais à être tout cela à la fois.
Mais monsieur Ousmane Sonko doit se le tenir pour dit. Dans une démocratie, la seule voie permise est le respect des principes républicains. Car l’alternative, c’est le renversement de l’ordre constitutionnel. On appelle ça : haute trahison.
Doudou Ka est président de la Coalition DOGGU pour le Grand Sénégal.
Par Oumar NDIAYE
PROTEGER LE VERROU BURKINABE ET EVITER LE LINK ENTRE LE CONTINENTAL ET LE LITTORAL
Avec le système de conflits et l’arc de crise qu’il a créé dans toute la zone ouest-africaine et du Sahel, le terrorisme djihadiste a pris de nouvelles couleurs en donnant des douleurs aux populations locales et est devenu une pesanteur pour les autorités
Sur les feux de l’actualité, le Burkina Faso ne finit pas d’avoir plusieurs incendies à éteindre ces dernières semaines. Entre le supposé massacre de civils dans la région de Karma (au nord du pays) où le bilan fait état de plusieurs dizaines de civils tués et la mobilisation générale décrétée par les autorités de la transition, ce pays semble être dépassé face à la menace djihadiste. Avec le système de conflits et l’arc de crise qu’il a créé dans toute la zone ouest-africaine et du Sahel, le terrorisme djihadiste a pris de nouvelles couleurs en donnant des douleurs aux populations locales et est devenu une pesanteur pour les autorités étatiques des pays concernés. Au-delà d’être à l’origine des instabilités politiques dans beaucoup de pays comme le Mali et le Burkina Faso, ce djihadiste a aussi créé des inimités ethniques. Le Burkina Faso, qui vient de subir deux situations dramatiques et tragiques avec une facture humaine très salée, sur les populations civiles et ses Forces de défense et de sécurité, en est l’exemple patent et éloquent. Les dizaines de morts dans la région de Karma ont cédé la place à un autre lourd bilan dans la zone Gourma, près de la frontière avec le Niger. Un convoi de l’armée burkinabé serait tombé dans une embuscade. Tous ces évènements tragiques qui se ressemblent et se succèdent sur le fil d’actualités de ce pays montrent clairement qu’il est urgent de tout faire pour protéger « le verrou » burkinabé. Dans leur stratégie d’expansion et d’extension, les djihadistes ont d’abord une approche d’implantation et de projection au niveau continental en éviter les pays côtiers. Une fois que cela a réussi en épousant les contestations identitaires locales, les djihadistes veulent pousser leurs actions jusque dans le Golfe de Guinée. L’Océan Atlantique est devenu ainsi un enjeu de projection des groupes armés djihadistes qui veulent en faire leur nouvel espace de prédilection avec l’économie maritime comme objectif comme ils en font avec l’économie de guerre au Sahel.
Protéger « le verrou » burkinabé est ainsi un impératif pour tous les pays de l’Afrique de l’ouest. Une fois que ce verrou aura sauté, les pays côtiers comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo seraient les prochaines cibles. Les organisations régionales comme le Cedeao sont ainsi interpellées avant de devenir des médecins après la mort. Une mutualisation des forces et efforts est ainsi indispensable pour faire face à cette situation qui pose des défis tant sécuritaire, humanitaire qu’identitaire. Les pays concernés et ciblés doivent aussi faire l’effort de mettre à niveau leurs systèmes de sécurité avec des réformes pour qu’ils soient viables et durable.
La présence des forces armées conventionnelles étrangères dans le Sahel, par le biais d’opérations extérieures ou sous la bannière des Nations unies, devrait être ainsi une belle fenêtre d’opportunités pour les systèmes sécuritaires du Sahel de s’adapter aux nouvelles menaces asymétriques incarnées essentiellement par le terrorisme. Même si la solution du tout sécuritaire ne s’intéresse qu’aux effets de la menace, elle permet, surtout dans les premiers moments du conflit, une action coercitive rigoureuse susceptible de baisser le niveau de violence et de créer les conditions propices à la mise en œuvre d’autres outils d’ordre politique, économique, diplomatique, etc.
Il est aussi essentiel et vital pour faire face à la menace djihadiste d’avoir une approche globale qui s’inscrit dans un large spectre allant de la prévention à la stabilisation en passant par l’intervention directe. C’est connu que les causes profondes de cette tension sécuritaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel sont à chercher dans des facteurs comme la gouvernance, la précarité socioéconomique des populations et aussi leur manque d’inclusion sociale et territoriale. En attendant de trouver des solutions structurelles, il faut aider le Burkina Faso à tenir le coup, sinon le coût à payer sera énorme pour toute l’Afrique de l’Ouest…
PAR Ousseynou Nar Gueye
COMMENT DIABLE PEUT-ON ÊTRE LE VOISIN D'OUSMANE SONKO
Vivre dans la vicinité de Sonko est un championnat très sportif à plusieurs épreuves : aspiration d’émanations de gaz lacrymogènes, esquive de bris de glaces de voitures stationnées, extinction de débuts d’incendies de bâtiments...
Comment peut-on être Persan à Paris ?, se demandaient, avec Montesquieu, les Parisiens du XVIIIe siècle. Eh bien, j’ai le douteux, et désormais de plus en plus possiblement dangereux privilège d’être le voisin d’Ousmane Sonko, dans le quartier dakarois de la cité Keur Gorgui. Depuis cinq ans.
Lorsque j’ai emménagé, avec stylos, carnets, ordinateur portable, bagages et famille dans le quartier, je ne savais même pas laquelle du pâté de maisons était la demeure du leader de Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Bien que le jeune courtier qui m’avait trouvé le logement, depuis sa voiture, me l’ait désignée nuitamment, avec déjà un enthousiasme militant indicatif de ce que Sonko imprimait dans la jeunesse. Ousmane Sonko était alors un singleton qui avait réussi à se faire élire député un an plus tôt et qui, en février 2019, avait réussi la prouesse de sortir troisième de la présidentielle, avec 15 % des voix.
Pourquoi d’ailleurs n’y vit-il pas à l’année, en tant qu’édile de la ville ? Bon, ce serait là lui faire un mauvais procès, puisque de nombreux ministres et directeurs de sociétés publiques vivent dans la capitale sénégalaise, alors qu’ils sont maires de villes de l’hinterland. Mais il faut avouer que vivre dans la vicinité de Sonko est un championnat très sportif à plusieurs épreuves : aspiration d’émanations de gaz lacrymogènes, esquive de bris de glaces de voitures stationnées, extinction de débuts d’incendies de bâtiments et de feux de pneus sur la chaussée, immortalisation de débuts d’émeutes filmées aux smartphones…
À la suite des émeutes de mars 2021, l’alors tout-puissant directeur de cabinet du président de la République, Mahmoud Saleh, lui aussi encore plus voisin de Sonko, a dû se résoudre à déménager, après que sa maison a subi les assauts musclés de la foule de manifestants.