SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
29 novembre 2024
Opinions
Par El Hadj H. Kassé
L’HISTOIRE SE CASSE EN DEUX
Dans le livre de gloire de la Nation sénégalaise, figurent honorablement la trace et la marque d’Omar Blondin Diop, intellectuel révolutionnaire dont la mort tragique a été un déclic d’une prise de conscience politique de plusieurs jeunes militants
Dans le livre de gloire de la Nation sénégalaise, figurent honorablement la trace et la marque de Omar Blondin Diop, intellectuel révolutionnaire dont la mort tragique a été un déclic d’une prise de conscience politique de plusieurs jeunes militants de ma génération.
C’était le 11 mai 1973.
J’avais l’âge de l’enfant, en cycle élémentaire, qui ne connaissait pas encore un émoi en dehors de la famille, du cercle des amis et de l’école.
Les élèves du collège étaient massivement sortis et nous avaient entraînés dans une levée dont nous ne savions rien. Ce fut mon baptême de feu dans l’espace public. Quelques ainés nous confièrent qu’il s’agissait de protester contre le régime de Senghor, coupable de la mort tragique de l’étudiant normalien Omar Blondin Diop.
Mon frère aîné, et un défunt maître, Iba Guèye, complètent, bien plus tard, les raisons impératives de mon engagement.
Ma vie bascule désormais dans les organisations et les mouvements, dans les livres et les syllogismes du terrain sous le mode de ce que nous appelions, après Mao, la « liaison avec les masses », comme condition de production de la politique d’émancipation, et la ligne de masse.
Omar Blondin Diop est un maillon de cette Grande Histoire qui, dans notre pays, a connu trois séquences. Celle, inaugurale et de portée internationaliste, de Lamine Senghor, premier nom du communisme sénégalais (années 20 du siècle dernier), celle du PAI à partir de 1957 et celle, qui aura duré une petite décennie, intense et créatrice, des nouvelles gauches révolutionnaires (maoïste, trotskyste et confusément libertaire) à partir de la fin des années 70 du siècle dernier.
Les célébrations et les commémorations nous obligent, rituels utiles pour rassembler les filets mémoriels, ponctuer le temps et chercher des brèches dans la morosité des jours.
Saluons alors ce 11 mai, du salut amical et militant pour prier, encore une fois, que repose en paix éternelle Omar Blondin Diop, cinquante ans après.
La mort est le souvenir glorieux de la vie pour ceux qui ont inscrit leur nom dans la longue histoire des politiques d’émancipation. Mao disait qu’il y a des morts qui pèsent des montagnes.
Si nous ponctuons le 11 mai, c’est aussi pour « enquêter », du point de vue subjectif, la signification de la mort de Omar Blondin Diop. Car il y’a deux « Omar », syntagme plutôt massif dont l’enquête éclaire la division. Chacun des deux à ses noms, ses héritiers et sa tradition.
Le premier réfère à l’idéal héroïque qui intègre la mort comme une conclusion possible et contingente de la lutte révolutionnaire. Est exalté, dans l’action quotidienne qui défie les normes organisationnelles, le côté romantique et tragique de l’histoire. Le motif de la révolte à l’état pur anime la subjectivité militante.
Le second tire le bilan de la tragédie et adosse la subjectivité révolutionnaire au régime des organisations, de la stratégie et du dur labeur du temps.
Pour parer au retour de la tragédie, il faut s’organiser, se soumettre aux rigueurs de la discipline militante, cultiver l’intelligence des rapports de force et faire confiance aux masses populaires parce que ce sont elles qui font l’histoire.
Toutes ces deux postures partagent la passion de la politique d’émancipation. Des années 70 du siècle dernier à nos jours, dans les périodes fastes d’essor comme dans celles mélancoliques de repli, ceux qui en sont porteurs ont affronté l’histoire pour en changer le cours. Reste à savoir comment ! Ce qui est une autre histoire.
A suivre : De quoi la politique d’émancipation est-elle le nom?
Par Abdourahmane Sarr
ARBITRER DEUX FORCES PARTISANES: APR ET PASTEF
En politique ou dans les organisations, ceux qui ne sont pas d'accord et ont où aller sortent du groupe s'ils ne peuvent pas exprimer leur désaccord en interne et ne peuvent être loyaux à un certain consensus
A la veille des législatives de 2022 nous disions que le champ politique sénégalais partisan bipolarisé Yewwi-Benno était une bonne chose pour notre démocratie à la croisée des chemins en 2024. Une bonne chose car il permettait un arbitrage citoyen non partisan engagé puisque les deux camps nous disent que le pouvoir appartient au peuple.
De ce fait, il fallait construire une force citoyenne non partisane pour arbitrer la bipolarisation. Le F24 ayant incorporé des forces partisanes d’opposition aux intérêts divergents, notamment Yewwi, a fait la même erreur congénitale que Yewwi: Absence de projet commun et d’objectivité, mais volonté d’unité d’action. Sa manifestation a donc de facto démontré que le leader des forces partisanes d’opposition est bien Ousmane Sonko, l’absent le plus présent de leur manifestation de vendredi.
Nous rappelions les principes du “Exit, Voice, and Loyalty" comme disait l'autre "Partir, S'exprimer, et Loyauté ". En politique ou dans les organisations, ceux qui ne sont pas d'accord et ont où aller sortent du groupe s'ils ne peuvent pas exprimer leur désaccord en interne et ne peuvent être loyaux à un certain consensus. Nous l'avons observé dans Yewwi (Barthélémy Dias, Maire de Dakar) dans Benno (Idrissa Seck, Candidat Obligatoire).
S'ils n'ont pas où aller, dans notre champ politique partisan bipolarisé, ils restent loyaux et n'expriment pas leur désaccord ou l'expriment tendrement (Khalifa Sall). S'ils peuvent exprimer leur désaccord et ont où aller, ils peuvent rester pour bâtir un consensus démocratiquement acceptable auquel ils pourraient en retour être loyaux (Ousmane Sonko). Sans Macky Sall (APR) Benno n’est rien et sans Ousmane Sonko (PASTEF) Yewwi n’est rien. Ils sont les seuls à pouvoir quitter leur groupe sans y perdre des plumes. La classe politique sénégalaise au pouvoir et dans l'opposition est donc prise en otage par deux leaderships dans un "mortal combat" dont l’épilogue pourrait bien être cette semaine: il y aura procès avec prise de corps ou pas?
Le problème du Sénégal de 2024 ne devrait pas être une compétition électorale électoraliste et un rapport de forces violentes (État et Citoyens) mais de visions. A l’heure où nous parlons seul PASTEF a une vision différente du statu quo à arbitrer.
Une force citoyenne non partisane unifiée est toujours nécessaire, à défaut, la majorité silencieuse devra se résigner à la partisanerie électoraliste.
Librement
Abdourahmane Sarr
Président CEFDEL
Moom Sa Bopp Menel Sa Bopp
Par Ngor DIENG
AMADY ALY DIENG, UN INTELLECTUEL TRANSVERSAL !
« Le livre constitue une victoire des hommes sur le temps et sur l’espace. Le livre peut être transmis des anciennes aux nouvelles générations. C’est un combat de gagner sur le temps destructeur […]
« Le livre constitue une victoire des hommes sur le temps et sur l’espace. Le livre peut être transmis des anciennes aux nouvelles générations. C’est un combat de gagner sur le temps destructeur […] En définitive, le livre est un instrument efficace pour lutter contre la mort. Les écrivains continuaient à vivre parmi les vivants ».
Amady Aly Dieng, « Don de ma bibliothèque personnelle à l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar », CODESRIA, Bulletin n°1 & 2, 2007, p.42.
Amady Aly Dieng est décédé le 13 mai 2015 à Dakar à l’âge de 83 ans. Né le 22 février 1932 à Tivaoune, au Sénégal, il fut un ancien fonctionnaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Dans ses Mémoires d’un étudiant africain, il rappelle : « Je suis né le 22 février 1932 à Tivaoune, la septième gare du chemin de fer Dakar-Saint Louis (DSL) construit en 1885. » (Volume 1, De l’école régionale de Diourbel à l’université de Paris, p. 3). Docteur ès sciences économiques, il a enseigné à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il a été parmi les dirigeants de l’Association générale des Étudiants de Dakar (AGED), créée en 1950 et devenue en 1956 l’Union Générale des Etudiants d’Afrique occidentale (UGEAO). Il fut aussi Président de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) pendant deux ans (en 1961 et en 1962).
Amady Aly Dieng est auteur de plusieurs ouvrages sur des thématiques diverses (philosophie, sociologie, économie, histoire, etc.) Il avait une vaste culture scientifique et littéraire. Il était un ami des livres. Son rapport étroit avec le savoir n’est plus à démontrer. Dans le bulletin CODESRIA n°1 & 2, 2007, p. 41, il écrivait : « Dans ma vie militante estudiantine, j’ai appris à accorder beaucoup d’importance à la fréquentation et à la lecture des livres qui pouvaient nous aider à retrouver les véritables chemins susceptibles de mener nos pays à l’indépendance et à l’unité. Ces livres, à beaucoup d’égards, nous fournissaient les munitions qui nous permettaient de détruire le système colonial. Ils étaient les « armes miraculeuses », pour parler comme Césaire, dont ma génération avait besoin pour vaincre nos oppresseurs. »
Le doyen Amady Aly Dieng était un grand intellectuel. Il n’avait pas peur de la solitude et de la singularité. Car pour lui, un intellectuel doit être singulier. Il doit aimer la marginalité et l’individualité pour produire. Ce qui ne va pas de pair avec la culture sénégalaise : « …en Afrique, rappelle-t-il, la société est franchement anti-intellectuelle, car elle est hostile à l’expression de l’individualité. Les Africains sont soumis aux pesanteurs sociales comme les multiples cérémonies familiales, coutumières ou religieuses. (CODESRIA n°1 & 2, 2007, p. 42).
Amady Aly Dieng ne pavanait pas dans les couloirs des universités quoiqu’il ait installé son quartier général sur le campus universitaire de l’UCAD de Dakar, sa seconde demeure. Pour Amady Aly Dieng, l’importance du savoir met en relief la centralité du livre et de la lecture dans une société où la tradition de l’oralité domine encore. Il ne lisait pas en diagonale. Il abordait les livres avec rigueur et entrait dans les textes avec profondeur. Pour lui, « La lecture littérale des textes écrits qui est très pratiquée dans les sociétés africaines est stérile. Elle est prisonnière des textes, trop fidèle à la lettre des textes. Cette excessive fidélité au texte est une source d’infécondité. » (CODESRIA n°1 & 2, 2007, p.43).
En 2007, il a fait don de 1500 livres de sa bibliothèque personnelle à la Bibliothèque Universitaire de Dakar. C’est exceptionnel et symbolique comme geste vis-à-vis de la postérité. À ce propos, il disait : « J’ai choisi de faire don de ma bibliothèque personnelle aux jeunes générations parce que je veux contribuer à ma manière à l’ancrage ici d’une tradition universitaire qui veut que les professeurs dans tous les pays développés lèguent leurs ouvrages à leur mort à des bibliothèques ou à des institutions de recherches. » (CODESRIA n°1 & 2, 2007, p. 41). À l’ère d’une civilisation marquée par l’écran, le livre demeure toujours encore un moyen non négligeable pour la formation de l’esprit et la transformation sociale.
Avant de mourir, le doyen Amady Aly Dieng se désolait de la situation de désintéressement de notre peuple vis-à-vis du savoir, du livre et de la lecture au détriment des activités festives : « Les livres sont aujourd’hui lacérés, déchirés, passés à la lame de rasoir ou volés. Les criminels culturels se multiplient sans qu’on puisse les aligner devant des poteaux d’exécution. » (CODESRIA n°1 & 2, 2007, p.43). Il termine son texte en rappelant « Qu’en Côte d’Ivoire, les fonctionnaires et employés ne bénéficient pas d’avance Tabaski mais d’avance scolarité. C’est une chose qui doit nous faire réfléchir. Car au Sénégal on privilégie les activités festives. On privilégie le tube digestif au détriment des activités de l’esprit. » (CODESRIA n°1 & 2, 2007, p.43). Le 13 mai 2016, lors du premier anniversaire de son décès, la salle de conférence de la maison d’édition L’Harmattan-Sénégal fut baptisée du nom d’Amady Aly Dieng ; une manière d’immortaliser et de rendre hommage à la mémoire de cet éternel étudiant africain.
LES POPULATIONS DE NGOR ONT DROIT A UN COLLEGE ET A UN LYCEE DE PROXIMITE
A Ngor, un conflit foncier dont aurait bien pu se passer le pays dans le contexte de tension politique actuel, oppose la gendarmerie nationale et l’Etat du Sénégal à la population.
A Ngor, un conflit foncier dont aurait bien pu se passer le pays dans le contexte de tension politique actuel, oppose la gendarmerie nationale et l’Etat du Sénégal à la population. Le conflit porte sur l’affectation d’un terrain de quelque 6300 mètres carrés, propriété de l’Etat du Sénégal suite à une expropriation de personnes privées opérée dans les années 1990 pour, selon des documents officiels dont nous avons pris connaissance, permettre une extension des habitations de Ngor. Les autorités municipales et la population veulent ériger un lycée sur le terrain alors que la gendarmerie nationale veut y construire une brigade pour répondre aux besoins de sécurité de la commune.
Il faut le rappeler, Ngor est une commune qui compte environ douze mille habitants, essentiellement concentrés dans le village traditionnel lébou. L’activité économique principale de Ngor reste la pêche. Les revenus issus de cette activité ne cessent de baisser à cause de la raréfaction du poisson dans les côtes sénégalaises du fait de la surpêche pratiquée par les bateaux étrangers qui bénéficient de licences de pêche octroyées par l’Etat.
La population s’appauvrit donc, dans une commune qui est l’une des rares du Sénégal, peut-être la seule, à ne disposer d’aucun établissement d’enseignement secondaire publique, lycée ou collège. Après la fin de leurs études élémentaires, les enfants de la commune doivent aller étudier à Ouakam, à Yoff voire plus loin dans les lycées Ngalandou Diouf et Thierno Seydou Nourrou Tall. Le coût du transport des enfants vient éprouver encore plus les personnes appauvries par la raréfaction des ressources halieutiques. La déscolarisation des enfants issues des familles les plus démunies hantent le sommeil des autorités municipales et du mouvement associatif du village. La construction d’un lycée et d’un collège devient un impératif pour la commune.
Le terrain convoité par la gendarmerie constitue la seule réserve foncière suffisamment grande pour accueillir un lycée et un collège. L’Etat tient à y ériger une brigade de gendarmerie et proposerait deux terrains non jumelés de 2000 mètres carrés chacun dans le site de l’ancien aéroport de Yoff pour construire le lycée. En plus d’être éloignés du village traditionnel, ces deux terrains non jumelés ne sont pas adaptés pour construire un lycée. Le bon sens voudrait donc que la brigade de gendarmerie soit érigée sur le site de l’ancien aéroport et que le terrain objet du présent conflit soit réservé au lycée.
Pour combattre efficacement la criminalité, il faut s’attaquer à ses causes que sont la pauvreté, le chômage et le sous-emploi des jeunes, non pas seulement à ses effets. L’éducation et la formation constituent les moyens les plus efficaces pour lutter contre les causes profondes de la criminalité. Dans les pays où l’éducation et la formation sont privilégiées et accessibles à tous, la criminalité est très faible et les autorités ferment des prisons et affectent leurs locaux aux infrastructures sociales. Mais le bon sens est la chose la moins bien partagée dans le Sénégal d’aujourd’hui.
En outre, les autorités ne semblent concevoir le dialogue qu’avec les partis politiques. Avec les citoyens et les communautés, la répression semble être l’option privilégiée. « Force doit rester à la loi », répète-t-on à tout vent. Mais dans un Etat démocratique, la loi doit être appliquée de façon intelligente, pour le bien de la population. Une amorce de dialogue a eu lieu, avec cette audience accordée par le Président Macky Sall aux autorités municipales et coutumières à l’issue de laquelle il a décidé de couper la poire en deux en affectant une moitié du terrain à la gendarmerie et d’autre moitié à la commune.
Cette solution a le défaut de ne pas régler le problème que constitue un besoin urgent d’un lycée et d’un collège de proximité pour les enfants du village. La bonne solution reste à notre avis et pour la jeunesse Ngoroise la construction d’un lycée sur ce site et l’érection de la brigade de gendarmerie sur les terrains situés dans l’ancien aéroport Léopold Sédar Senghor. Le haut commandement de la gendarmerie nationale devrait agréer cette solution qui préserve les intérêts des populations de Ngor et favorise une bonne cohabitation entre la population et la future brigade.
Nous dénonçons enfin l’usage excessif de la force par la gendarmerie nationale dans la gestion de cette protestation. Au moins deux personnes sont décédées lors de ces manifestations : une fillette de 15 ans du nom d’Adja Diallo et un vigile qui aurait été pris pour cible par des manifestants, selon un communiqué du parquet de Dakar. Plusieurs personnes ont été également blessées lors des affrontements et une dizaine de personnes interpellées ont été placées sous mandat de dépôt selon un avocat. Une enquête doit être ouverte pour faire la lumière sur ces actes de violence et traduire leurs auteurs en justice dans le cadre d’un procès équitable. L’impunité pour les actes de violence commis lors des manifestations doit cesser. L’impunité nourrit la violence et favorise la défiance des citoyens à l’égard des forces de sécurité. Elle érode la confiance en la justice. Elle met en danger la stabilité du pays.
Seydi Gassama
Directeur Exécutif Amnesty International Sénégal
VIDEO
LA SOCIÉTÉ CIVILE ET L'OPPOSITION MANIFESTENT
DIRECT - LE F24 À LA PLACE DE LA NATION - Importante mobilisation populaire contre une troisième candidature de Macky Sall
Suivez en diect l'importante mobilisation populaire contre une troisième candidature de Macky Sall. La manifestation a lieu à la place de la Nation et elle est organisée par le F24.
VIDEO
CONTRE UNE TROISIÈME CANDIDATURE DE MACKY SALL
EN DIRECT - Place de la Nation, grand rassemblement du F24 et de l'Opposition
Suivre en direct de la Place de la Nation, le grand rassemblement du F24 et de l'Opposition.
Par Vieux SAVANÉ
LE SÉNÉGAL MÉRITE QU’ON L’AIME
Des forces obscurantistes sont à nos portes, prêtes à se déployer à la faveur d’un chaos organisé. Macky Sall doit s’inscrire dans le sillage des chefs d’État africains qui ont scrupuleusement respecté leur constitution
A défaut d’être l’expression d’une arrogance innommable, la mise en avant de ses propres convictions ne saurait servir de preuves, encore moins de vérité absolue, parce qu’en démocratie, c’est devant le tribunal que se déroulent les plaidoiries et non dans la rue. Que l’on soit président de la République, leader politique, chef religieux, citoyen lambda ou gourou, tout justiciable a l’impérieuse obligation de se rendre au tribunal en cas de convocation. Le pays de Senghor, de Mamadou Dia, pour ne citer que les pères fondateurs, a besoin d’autre chose que ce l’on voit poindre aujourd’hui et qui ressemble fort à un combat de gladiateurs. Aussi, lorsqu’on entend certains contemporains affirmer que jamais dans l’histoire politique du Sénégal, il n’y a eu de gens aussi persécutés qu’eux, on se dit qu’il y a quelque chose qui n’a pas fonctionné dans le système éducatif.
A ceux-là, il faudrait rétorquer que dans l’histoire politique du Sénégal indépendant, aucune personne n’aura été aussi brimée que Mamadou Dia. Accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat contre Léopold Sédar Senghor, il sera mis aux arrêts le 18 décembre 1962. Président du Conseil de Gouvernement de la République du Sénégal, Vice-Président de l’éphémère Fédération du Mali, signataire de l’acte d’indépendance, lui Mamadou Dia, détenait pourtant tous les pouvoirs, rendant ainsi totalement absurde une telle perspective. Avec ses compagnons d’infortune ; Valdiodio Ndiaye, Ibrahima Sarr, Ibrahima Sarr et Alioune Tall ; ils seront pourtant transférés à 700 kms de Dakar, à Kédougou, ville éloignée et assommée par une forte canicule. Là-bas, placé sous haute surveillance policière, les journaux et livres que recevait Mamadou Dia, étaient soumis à la censure préalable du ministère de l’Intérieur. Condamné à perpétuité, il n’avait pas le droit d’écouter les radios étrangères, hormis les informations de la seule chaîne nationale qui lui parvenaient indistinctement depuis un transistor branché au poste de garde. A n’en pas douter, son séjour carcéral, psychologiquement éprouvant, visait à l’abattre et à le démoraliser. Ses geôliers poussaient le supplice jusqu’à anticiper le trou qu’ils lui promettaient comme dernière demeure, entre le mur de sa chambre et le mur extérieur. Il était maintenu dans un isolement total, rompu tous les six mois, par des autorisations de visites délivrées à des membres de sa famille venus s’enquérir de sa situation, suite à un long et éprouvant trajet. Il sera élargi de prison, après 12 longues et interminables années. Et en 2000, quand il lui avait été proposé la possibilité de rouvrir le procès de 1962, grand seigneur, récusant l’idée d’une réhabilitation « pour solde de tous comptes », Mamadou Dia répondit : « Il m’a été rapporté que Léopold est malade et je n’ai aucune haine ». Aussi, poursuivra-t-il, sans une once de ressentiment son combat pour la liberté et la démocratie. Un tel retour en arrière était nécessaire pour rappeler que les mots ont un sens et qu’il était important, pour ne pas donner l’impression que la grande histoire commence avec soi, de se laisser visiter par l’humilité et la courtoisie, en rendant hommage à tous ces martyrs connus ou anonymes, parmi lesquels Omar Blondin Diop, dont on célèbre depuis hier, le 5Oe anniversaire de son décès dans les geôles de Gorée, qui ont contribué aux conquêtes démocratiques dans des conditions autrement plus difficiles.
Hypertrophie du pouvoir présidentiel
Il urge d’approfondir notre démocratie en faisant du chef de l’Etat un serviteur de la nation et non un « super héros » ayant pouvoir sur tout. Feu Ousmane Tanor Dieng, puissant ministre d’Etat, ministre des Services et Affaires présidentiels, sous la présidence d’Abdou Diouf, avait ainsi attiré l’attention sur la dangerosité des institutions sénégalaises du fait de l’hypertrophie du pouvoir présidentiel. Avec le recul que procure la perte du pouvoir, riche de son expérience, il s’était astreint à une autocritique qui lui avait permis de fustiger les « pouvoirs quasi illimités » détenus par le chef de l’Etat. Ce faisant, il relevait au passage que « les institutions sénégalaises qui étaient dangereuses » avec eux, « le seront encore plus avec des mains inexpertes ». Cette mise en garde est d’autant plus sérieuse que le combat démocratique, qui est loin d’être gagné, appelle à un sursaut responsable et patriotique. Au regard surtout, de l’inquiétude que suscite un Sénégal encerclé par des pays en proie aux assauts de bandes armées se réclamant d’une idéologie religieuse qui met à bas tout ce qui fait notre vivre-en-commun. Refus des confréries, de l’école « occidentale », remise en cause de l’égalité hommes/femmes, comme en témoignent des exemples venus du Mali, du Niger, du Burkina-Faso, du géant Nigéria. Il est d’autant plus à considérer que ces forces obscurantistes sont à nos portes, prêtes à s’appuyer sur des réseaux dormants et à se déployer à la faveur d’un chaos organisé. Il s’y ajoute que toute déstabilisation du Sénégal occasionnera ipso-facto des dégâts collatéraux chez les voisins directs que sont la Gambie et la Guinée-Bissau.
Il est donc souhaitable que le chef de l’Etat prenne la mesure des dangers qui nous guettent, en décidant de s’inscrire dans le sillage des chefs d’Etat africains qui ont scrupuleusement respecté leurs constitutions. Reconnu pour avoir participé à grandement changer le visage du Sénégal, en termes d’infrastructures, félicité pour le travail accompli à la tête de l’Union africaine, le chef de l’Etat a toute l’opportunité de montrer qu’une autre vie après la présidence est possible.
A défaut, il court le risque de se retrouver en face de citoyens-électeurs qui ont montré qu’ils savaient dire stop à certaines velléités « pouvoiristes », à l’image des deux alternances démocratiques qu’ils ont magistralement pilotées, s’appropriant « le modèle du boa » comme une alternative à la violence qu’on leur oppose. Selon en effet le Pr Ibrahima Thioub, tel ce serpent qui « capture sa proie, l’avale et dort tranquille, le temps de la digérer avant d’expulser les restes », les citoyens-électeurs ont appris à rester « sereins et lucides face aux agressions du pouvoir, dans l’attente du jour de la sanction par les urnes ».
Tourner la page
Il revient donc plus au chef de l’Etat de ne pas user de subterfuges pour éliminer de potentiels adversaires, de respecter la parole donnée, de veiller à ce que la dignité de la fonction présidentielle ne soit souillée par le revirement auquel appellent furieusement des voix préoccupées pour l’essentiel par leurs privilèges et autres prébendes. L’élection présidentielle de février 2024 aura ainsi l’opportunité de permettre aux électeurs, non point de sanctionner, mais de choisir leur candidat (e). Premier président de la République né après les indépendances, ce sera tout à son honneur de pouvoir ainsi tourner la page, conformément à l’esprit et à la lettre de la constitution.
On retiendra surtout que lors de sa pêche aux voix, Macky Sall, président-candidat à l’élection présidentielle de 2019, s’affichait en ces termes : « Me voici de nouveau devant vous en vue de solliciter votre confiance pour un second et dernier mandat ». Les termes étaient soigneusement choisis car comme on le sait, en français, second fixe un point terminal qui clôt tout possible, obstrue tout horizon, contrairement à deuxième, qui ouvre la voie à d’autres 3e, 4e, etc.
Pour tout dire, le Sénégal mérite qu’on l’aime et qu’on le préserve, surtout de cette violence qui s’emballe sous nos yeux, sans filtre, portée par un aveuglement destructeur avec sa cohorte d’écoles vandalisées, de bus et commerces caillassés voire calcinés, faisant ainsi des plus démunis les principales victimes du chaos. Parce que ce pays est le nôtre, il nous revient de le construire autour d’une mystique de l’effort collectif et solidaire, d’une éthique de la responsabilité. Tout cela, en rupture avec la conception prédatrice et clientéliste du pouvoir qui a si malheureusement gangréné l’imaginaire de beaucoup de sociétés africaines.
Par Mamadou Souaré DIOP
DECLARATION DE L'ORDRE DES AVOCATS DE GUINEE
Le Barreau de Guinée rappelle que ‘’la Justice, boussole de la transition’’ ne doit pas être un vain mot. Les magistrats ont le devoir de lui donner un sens, dans l’intérêt exclusif des Guinéens.
Le Conseil de l’Ordre des Avocats de Guinée suit avec un grand intérêt les derniers développements de l’actualité judiciaire en ce qui concerne notamment le traitement des dossiers impliquant certains acteurs politiques et de la société civile.
En dépit d’allégations répétées de violations de la loi et d’ingérences du politique dans le judiciaire, portées à sa connaissance par les avocats en charge de la défense de ces acteurs ainsi que les dénonciations de la presse, le Conseil de l’Ordre des Avocats a toujours choisi, nonobstant les critiques qui lui sont faites, de se tenir à équidistance des deux groupes d’avocats (partie civile et défense) intervenant dans ces procédures.
Mais force est de reconnaître qu’au-delà de la position processuelle que peut occuper un avocat dans une affaire, les avocats sont unis par un certain nombre de principes qui transcendent leurs positions dans un procès donné et qu’ils ont le devoir impérieux de défendre en toutes circonstances.
Au nombre de ces principes, figure le principe de l’indépendance de la justice qui, faut-il le rappeler, n’est pas un privilège pour le juge, mais une garantie de bonne justice. La défense de l’indépendance de la justice est une quête permanente et demeure vitale pour l’exercice voire la survie même de la profession d’avocat.
Sans une justice indépendante, la profession d’avocat est condamnée à une mort inéluctable.
C’est pourquoi, le Barreau de Guinée ne peut rester indifférent face aux menaces qui pèsent sur l’institution judiciaire.
Certains actes posés ces derniers temps par la justice guinéenne dans des dossiers concernant des acteurs politiques et de la société civile donnent l’impression que l’appareil judiciaire continue à être un instrument entre les mains des détenteurs du pouvoir politique.
Après les aveux publics faits par les magistrats au lendemain du 5 septembre 2021 relativement à leur assujettissement au pouvoir exécutif, les justiciables s’attendaient à une justice plus indépendante, plus vertueuse et plus protectrice des droits et libertés des citoyens.
Malheureusement, les mêmes pratiques continuent. La justice continue à être à la solde de l’Exécutif. Quelle que soit la pertinence des arguments des avocats, le sort des citoyens reste fortement dépendant des desideratas des autorités publiques qui deviennent la seule boussole des décisions judiciaires.
Cette situation contribue à dégrader fortement l’image de la justice et érode son capital de confiance.
Il faut relever sans équivoque que les magistrats contribuent eux- mêmes, à travers ces pratiques d’un autre âge, à faire de l’indépendance de la justice un principe vide de sens.
Faut-il rappeler, en paraphrasant, le célèbre juge Keba M’Baye, que l’on ne peut que donner au juge les moyens de son indépendance, l’indépendance quant à elle est une affaire du juge lui-même.
Le Barreau de Guinée, dans son rôle de vigie de l’Etat de droit et du respect des droits et libertés fondamentaux, en appelle au sens de responsabilité des magistrats en leur rappelant que leur fonction est un sacerdoce et exige de leur part un dépassement de soi et un courage à toute épreuve.
La magistrature ne peut rimer avec la couardise. Les magistrats ne doivent en aucun cas être des pleutres, sauf à changer de profession.
Le Barreau de Guinée est et demeure convaincu qu’une bonne des solutions aux problèmes de la Guinée relève de la justice qui doit impérativement jouer son rôle dans l’avènement d’une Guinée meilleure.
Le Barreau de Guinée rappelle que ‘’la Justice, boussole de la transition’’ ne doit pas être un vain mot. Les magistrats ont le devoir de lui donner un sens, dans l’intérêt exclusif des Guinéens.
Le Barreau de Guinée, en guise de protestation contre les dysfonctionnements relevés, déclare le lundi 15 mai 2023 journée sans audience.
Je vous remercie
LE BATONNIER
Mamadou Souaré DIOP
Par DETHIE FAYE
LE SENEGAL VIT UNE SITUATION POLITIQUE INEDITE.
Toutes les forces vives doivent prendre en compte le besoin de paix exprimé par le peuple et accepter que la concertation est une nécessité urgente.
A neuf mois de l’élection présidentiel c’est l’incertitude totale pour l’éligibilité de beaucoup de candidats: Karim Meissa Wade, Khalifa Babacar Sall, Ousmane Sonko (KKO) et Macky Sall:
- Les trois premiers pour des dispositions du code électoral qui valent à notre pays d'être critiqué depuis 1987 à cause de leur violation flagrante des normes internationales.
- Le quatrième, du fait de divergences sérieuses des constitutionnalistes sur la lettre de l’article 27 de la Constitution qui dispose que « Le Président de la République est élu pour un mandat de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs »
Le cadre de concertation sur le processus électoral de 2018 avait retenu dans les TDR sur proposition du pôle des Non alignés un thème intitulé « propositions de précision sur certaines dispositions légales et constitutionnelles ( le mandat présidentiel..) »;
Les longs débats autour de la question n’avaient pas permis de trouver un consensus.
Si le cas de l’éventuelle candidature de Macky Sall peut ne pas faire l’objet de concertation
du fait qu’il s’est prononcé à plusieurs reprises sur la question, il n’en est pas de même pour les autres: KKO.
Pour modifier les articles L29 et L30, il faut nécessairement une concertation pour convenir des limites de la déchéance électorale suivant les délits et crimes concernés, faute de quoi on donnerait carte blanche à l'autorité pour fixer les conditions.
La classe politique qui a pris part aux travaux de la commission politique du dialogue national et qui est engagée par les consensus obtenus doit rester cohérente et conséquente en participant au suivi de la mise en œuvre des dits consensus.
Il est compréhensible que chacun veuille bien gérer sa carrière politique, mais pas au point de refuser le dialogue parce que simplement le statu quo permet d'éliminer des concurrents gênants même si on partage la même coalition ou intercoalition.
Les adeptes de cette posture ne se soucient pas de la consolidation de la démocratie mais plutôt de moyens même inélégants pour combler un retard.
Ceux qui ont opté pour le non dialogue ont choisi l’élimination de KKO par L29 et L 30 et leur propre élimination par le parrainage.
Ceux qui refuseront l’examen des questions qui conditionnent une élection libre, démocratique, transparente et apaisée devront avoir l’élégance d’accepter d’aller allonger la liste des recalés sans avoir besoin de tympaniser les sénégalais par des points de presse.
Toutes les forces vives doivent prendre en compte le besoin de paix exprimé par le peuple et accepter que la concertation est une nécessité urgente.
DETHIE FAYE
Président CDR/Fonk sa kaddu
Coordonnateur du pôle des Non-alignés
Par Ousmane Diallo
AMNESTY INTERNATIONAL DENONCE L’USAGE EXCESSIF DE LA FORCE A NGOR
Réagissant à la mort d’une adolescente et aux affrontements entre les forces de l’ordre et des habitants du quartier Ngor à Dakar, Ousmane Diallo, chercheur au bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre déclare
Réagissant à la mort d’une adolescente et aux affrontements entre les forces de l’ordre et des habitants du quartier Ngor à Dakar, Ousmane Diallo, chercheur au bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre déclare :
“Amnesty International dénonce l’usage excessif de la force par la gendarmerie à Ngor, lors de la journée du 9 mai et durant les manifestations précédentes dans ce quartier. Amnesty International rappelle que, conformément au droit international, l’usage de la force lors du maintien de l’ordre doit être strictement nécessaire et proportionnel, et que l’utilisation des armes à feu est interdite sauf en cas de danger imminent de mort ou blessure grave. »
Depuis mi-avril, des habitants de Ngor manifestent à propos de l’utilisation d’un domaine foncier. Amnesty International a visionné plusieurs vidéos et images où l’on voit des gendarmes faire preuve d’usage excessif de la force contre des manifestants, tirant par balles dans leur direction, et tirant des grenades lacrymogènes dans des endroits clos. Dans certaines vidéos, les gendarmes peuvent être vus en train de frapper des personnes arrêtées et menottées, ou en train d’utiliser des individus comme boucliers humains pour progresser dans un quartier où la mobilité a été entravée par plusieurs barricades »
« Nous appelons les autorités à enquêter sur l'usage des armes létales par les forces de l’ordre à Ngor ce 9 mai et lors de précédents incidents. Les autorités doivent notamment poursuivre et juger les responsables de la mort de 14 personnes dont 12 personnes tuées par des tirs des forces de sécurité lors de manifestations de mars 2011 », a déclaré Ousmane Diallo.
Complément d’information
L’origine des manifestations découle d’un conflit foncier autour de l’utilisation d’un domaine de 6300 m2 dans la commune de Ngor. Alors que les habitants désirent y bâtir un lycée, les autorités ont le projet d’y ériger une caserne de gendarmerie.
Le 9 mai, le quartier de Ngor a été bouclé au matin par les gendarmes qui limitaient tout accès, et toute sortie pour les habitants. Au cours de cette journée, les gendarmes ont procédé à des tirs par balles sur des manifestants, selon des témoignages recueillis par Amnesty International et des vidéos visionnées. Selon des témoignages, une adolescente de 15 ans a été tuée par balle alors que les autorités ont annoncé qu’elle aurait été touchée à la tête par l’hélice d’une pirogue.