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28 novembre 2024
Opinions
par Ngel Juuf
VACCIN CONTRE LE CANCER DU COL DE L’UTERUS, UNE BOITE DE PANDORE A RESPONSABILITÉ DECULPABILISÉE
Le chemin est alors tracé pour refuser d’exposer l’enfance vulnérable aux aléas d’un rapport bénéfice/risque vaccinal désastreux. Pourquoi devoir jouer à la loterie d’une roulette vaccinale à efficacité et à immunogénécité énigmatiques ?
La caisse de résonnance occidentale qu’est la politique vaccinale en Afrique, ne doit plus être de mise.
Si au regard de ses effets gravissimes, des pays à haute technologie médicale en sont arrivés à surseoir au vaccin contre le cancer du col de l’utérus ; le chemin est alors tracé pour refuser d’exposer l’enfance vulnérable aux aléas d’un rapport bénéfice/risque vaccinal désastreux.
Déjà qu’elle est réputée être une terre d’expérimentation vaccinale tous azimuts, l’Afrique est à nouveau ciblée par les vagues de la campagne sanitaire de lutte contre le papillomavirus (HPV) censé être à l’origine du cancer du col de l’utérus. Le discours de l’establishment médical scande à tout vent la nécessité d’inoculer l’enfance africaine à l’instar des filles de par le monde, ciblées par des vaccins.
Nous savons que les fabricants de vaccins brevetés sont avant tout des commerçants qui ne diront jamais du mal de leurs marchandises ! Pour ce faire, ils prennent la précaution de s’entourer de garantie pour laver leur produit de tout soupçon, quitte à commanditer des études auprès de chercheurs et autres professionnels à qui on donne le ton repris en chœur par des politiques, des journalistes et des sites internet. Heureusement, des chercheurs en virologie, en biologie, en infectiologie dans l’indépendance scientifique totale mise au service de la santé humaine ; procèdent à des études d’analyse et de contre expertise relatives aux propos de ces commerçants au sujet de l’efficacité de leurs marchandises injectables.
En 2020, avec toute la rigueur scientifique exigée en matière de publication, la Royal Society of Medicine, institution sanitaire de renom de Grande Bretagne, relatait une étude qui notifiait une surestimation de l’efficacité des vaccins anti-HPV qui ont brûlé toutes les étapes de leur mise sur le marché. L’on comprend alors le tâtonnement vaccinal face à plus d’une centaine de souches différentes du papillomavirus dont seule une douzaine serait susceptible de conduire à un cancer du col de l’utérus le cas échéant. Et, parmi ce spectre de souches pathogènes, les vaccins anti-HPV ne ciblent qu’un lot de deux voire sept souches cancérigènes.
Mieux, l’étude britannique spécifiait que rien ne permettait de conclure à une efficacité du vaccin contre les cellules anormales à risque, à plus forte raison lorsque ces cellules sont d’anormalité bénigne. Qui plus est, le virologue Peter Duesberg signalait en 2013 par un article de recherche, l’innocence des virus HPV quant aux causes physiologiques du cancer du col de l’utérus.1
Pour les vaccins anti-HPV, les plus connus sont le Gardasil et le Cervarix. Or, aux Usa, le site de pharmacovigilance VAERS (Vaccine Adverse Event Reporting System) a répertorié à propos du Gardasil, des effets indésirables graves, à savoir : anaphylaxie, syndrome de Guillain Barre, myélite transverse (inflammation de la moelle épinière), pancréatite, événements thromboembolique veineux (caillots sanguins), maladie du motoneurone auto-immune (maladie neurodégénérative avec faiblesse musculaire progressive), sclérose en plaques, mort subite, troubles du système sanguin et lymphatique comme l’anémie hémolytique auto-immune, purpura thrombocytopénique idiopathique, lymphadénopathie, embolie pulmonaire, arthralgie et myalgie (troubles musculosquelettiques), troubles du système nerveux (encéphalomyélite aiguë disséminée). Ces effets secondaires ont été confirmés par une étude de l’université de la Colombie-Britannique qui a bel et bien établi leur lien avec le Gardasil.2
Introduit en Suède en 2006, le Gardasil a été par la suite largement administré en 2007 pour les jeunes filles de 13 à 17 ans. Depuis 2010, nous y assistons à une explosion de cas de cancers du col de l’utérus chez les femmes de moins de 30 ans.3
Ce n’est point fortuit si au Japon, le gouvernement a dû suspendre au bout de deux mois de campagne, le vaccin contre le cancer du col de l’utérus suite aux effets secondaires insuffisamment explicités. Alors que le Danemark a officiellement indemnisé des jeunes filles handicapées à vie par le vaccin, voilà qu’aux USA, le laboratoire Merck fabricant du Gardasil encourt présentement des procès dont le retentissement en septembre 2024 sera à la hauteur du préjudice sanitaire causé.4
En matière de fraude scientifique, les fabricants des vaccins sont des récidivistes. Ceux préconisés contre Covid-19 en disent long. Leurs fabricants viennent de s’illustrer en reconnaissant toute honte bue, que les injections ARNm dont l’efficacité a été vantée tambours battant, n’empêchent pas de contracter la maladie ni de la transmettre à autrui. Il s’est agi de prendre les devants au regard des double voire triple vaccinés qui ont néanmoins contracté le Covid. L’anthropologue Jean-Dominique Michel a raison de constater que « vacciner des enfants avec le vaccin Covid qui n’empêche pas la transmission, pour protéger des personnes qui sont déjà vaccinées, restera dans les annales de la bêtise de la médecine ». Notons que dans son rapport du 3 février 2014, la commission au conseil et au parlement européen constatait que la santé est l’un des secteurs les plus corrompus. Aux USA, sur 10 ans, parmi les 19 entreprises les plus condamnées, il y a six compagnies pharmaceutiques qui y figurent dont Pfizer, Merck, GSK et Johnson & Johnson, nouvelle recrue du marché des vaccins !
La sécurité épidémiologique du continent est d’autant plus interpellée que des études ou constats ont montré à titre d’exemples, toute la faiblesse de la pharmacovigilance africaine. En juin 2007, le gouvernement du Nigeria attaque Pfizer et réclame 7 milliards $ pour des essais illégaux de médicaments anti-méningite qui ont tué ou handicapé des enfants. En 2017, les docteurs Soren Morgensen et Peter Aaby, experts mondiaux en matière de vaccins africains et fervents partisans de la vaccination, ont constaté qu’en Guinée Bissau, les filles vaccinées avec le DTC (diphtérie, tétanos, coqueluche) ont été 10 fois plus nombreuses à mourir que les enfants non vaccinés5. Le 25 août 2020, l’OMS annonce sa victoire sur la polio, mais, le 2 septembre 2020, elle reconnait qu’au contraire, il y a des flambées de polio en Angola, Cameroun, Congo, Nigeria, Tchad, Zambie ! Le vaccin oral liquide contre la polio a donné naissance à des souches plus virulentes alors que le virus sauvage commençait à disparaitre de lui-même comme l’avait constaté le CDC (Center for Disease Control) des USA depuis 2016 !
Selon un article de Jon Jureidini de l’Université d’Adélaïde et de Leemon B. McHenry de l’Université d’État de Californie, publié par le British Medical Journal (BMJ) ; le progrès scientifique est entravé par la propriété des données et des connaissances, car l’industrie supprime les résultats négatifs des essais, ne signale pas les événements indésirables et ne partage pas les données brutes avec la communauté des chercheurs universitaires. Des patients meurent à cause de l’impact négatif des intérêts commerciaux sur le programme de recherche, les universités et les organismes de réglementation.6
La caisse de résonnance occidentale qu’est la politique vaccinale en Afrique, ne doit plus être de mise et doit être sevrée de la gangrène qu’est cette même mentalité coloniale qui a contingenté des lots de vaccins Covid périmés sur le continent. Si au regard de ses effets gravissimes, des pays à haute technologie médicale en sont arrivés à surseoir au vaccin contre le cancer du col de l’utérus ; le chemin est alors tracé pour refuser d’exposer l’enfance vulnérable aux aléas d’un rapport bénéfice/risque vaccinal désastreux.
Pourquoi devoir jouer à la loterie d’une roulette vaccinale à efficacité et à immunogénécité énigmatiques ! Il va sans dire que si les ménages prennent connaissance du consentement éclairé mentionnant la panoplie d’effets secondaires du vaccin contre le cancer du col de l’utérus, ils vont freiner des quatre fers avant d’engouffrer leur enfant dans une telle soupe chimique injectable. Il est question d’une volonté politique pour se munir d’une initiative de souveraineté médicale en guise de paradigme pour changer la direction de l’histoire vaccinale africaine et ainsi ouvrir entre autres, une nouvelle et meilleure ère de santé publique.
BREF HISTORIQUE DU PÈLERINAGE MARIAL DE POPENGUINE : MARCHE ET ENCADREMENT
La gestion du pèlerinage procède d’un effort des clercs de créer et d’entretenir une orthopraxie chez les pèlerins. Le pèlerinage est une école de la foi, une école destinée à produire une religiosité normée, voire normative
Les lignes qui suivent procèdent de la volonté de restituer succinctement quelques conclusions de notre article publié en juin 2022 dans Sifoe. Revue d’histoire, d’arts et d’archéologie de Bouaké. Il est intitulé « Marches et pèlerinages dans l’histoire de l’Église catholique au Sénégal colonial (1888-fin des années 1950) : gestion, acteurs et sens ».
Ce titre peut paraitre choquant au regard de la période couverte par l’étude[1]. Car, la mémoire collective sénégalaise, catholique ou non, associe le début de la marche pèlerine à l’œuvre initiée par le colonel Pierre Faye et perpétuée par le Comité inter-décanal de coordination de la marche-pèlerinage (CICOMAP). L’article assez pointilleux de M. T. Sagna mis en ligne par Seneweb le 11 juin 2019 est très symptomatique de la perception sénégalaise de la question. « L’histoire commence en 1981, écrit-elle. C’est avec seulement 52 marcheurs que Pierre Faye initie la marche du pèlerinage […]. Pierre a été le premier à créer la marche de Popenguine […] ».
Sans révoquer en doute les mérites de Pierre Faye qui engage une marche à une époque où les moyens de déplacement motorisés facilitaient la mobilité des pèlerins, notre étude postule que cette pratique date du début du pèlerinage. Elle soutient aussi que le pèlerinage marial de Popenguine était une école de la foi[2]. Son encadrement par les clercs est un indicateur de sa vocation formatrice. Le but de cette brève contribution est de permettre d’entrevoir la profondeur des sacrifices des pionniers de la piété pèlerine et de la mobilité dévotionnelle au Sénégal[3].
Les indices et preuves qui fondent notre position sur l’antériorité de la marche à l’année 1981 sont nombreux. Voici quelques-uns :
– Primo, la situation géographique de Popenguine : Popenguine est situé en pays saafeen. Celui-ci, comme la plupart des territoires des Seereer du Nord-Ouest (le Ndut/Mont Roland, le Leexar/Lekhar, le Cangin/Thiès, etc.) était très difficile d’accès (cf. les travaux du Pr Ismaïla Ciss). Son relief constitue l’une des raisons qui expliquent toutes les difficultés de l’administration coloniale à contrôler cette zone et à soumettre ses populations. Au reste, le sanctuaire de Popenguine est érigé dans un endroit escarpé (Nota : pour la première édition, il n’y avait pas de sanctuaire. La mission était encore à Guéréo. Une chapelle en planches était construite pour la circonstance et deux baraques de huit mètres de côté abritaient les 200 pèlerins). Par voie terrestre, Popenguine n’était accessible qu’à pied ou à l’aide d’une bête de selle. D’ailleurs, les pèlerins du Sud et ceux du Nord étaient venus en 1888 par la mer avec une caravane de dix bateaux (cf. Archives nationales du Sénégal, sous-série 2Z2, Annales religieuses des pays sérères).
– Secundo, les récits des missionnaires de Thiès : les renseignements sur les pèlerins de Thiès deviennent de plus en plus abondants à partir de 1897. Nous citerons deux récits très édifiants. Le premier est tiré des Archives nationales, 1G192, et le second est extrait de Sainte-Anne. Bulletin paroissial de Thiès, n° 5.
Sous la direction du Père Sébire, « le 1er juin [1897] : pèlerinage à Notre Dame de la délivrance de Popenguine. Le soir, les pèlerins se mettent en route à pied. Il y a seize enfants du Ndout (Mont-Rolland), un orphelin, un du pénitencier [l’auteur fait allusion à un pensionnaire de la prison agricole de Thiès], vingt-deux de Thialy et Tiona accompagnés des Pères. Le soir nous arrivons à Sanghé où nous chantons les cantiques et récitons le chapelet. Le lendemain, assistance à la messe et départ vers six heures. Arrivée à Popenguine à II [2] heures par Kissène, Thiéwo, Thiéki. Là tous prennent part aux exercices avec une grande piété […]. Le mercredi matin, départ pour le retour par Kignambour, Sindia, Tioro Ndiounta, Mbiddiam, Birbira, Sanghé » (ANS, 1G192, "Historique de la mission de Thiès").
Le 1er avril 1907, « pèlerinage à Popenguine ; départ de Thiès à 3 h ; souper et coucher à Sanghé. À minuit départ de Sanghé pour Popenguine ; arrivée 5 h du matin ; les pèlerins de Thiès sont au nombre de 45, garçons et filles ».
– Tertio et ultimo, la marche des scouts en 1951 : Alors que la route Dakar-Mbour était en réfection, Mgr Marcel Lefebvre jugea imprudent de tenir le pèlerinage à Popenguine. Il décida de son organisation dans le Ndut (Mont Roland). Pour la réussite de cette édition délocalisée, la veille du pèlerinage, le 14 mai 1951, vingt-sept routiers de Dakar transportèrent à pied la Statue de la Vierge Marie, de Popenguine à Mont-Roland. Ils parcouraient ainsi 60 km (selon le journal Horizons africains, n° 45, juin 1952) sur un terrain escarpé.
Bref, ces quelques éléments renseignent sur l’ancrage historique de la marche qui va au-delà du discours souvent véhiculé. Et, même à l’époque où les moyens de transport motorisés étaient accessibles beaucoup ont perpétué cette pratique. Jusqu’à quand ? L’état actuel de la documentation ne permet pas de répondre à cette question.
Toutefois, il faut souligner l’esprit de sacrifice et de dévotion qui faisait de la marche une école de la foi. Les itinéraires choisis et les activités qui ponctuaient le cheminement ne sont pas fortuits. Le récit des prêtres révèle une volonté de modéliser le rapport du fidèle à la Vierge Marie. Par exemple, il ne s’agit pas ici d’un pèlerinage pénitentiel, mais les missionnaires qui connaissaient bien le secteur avaient préféré un chemin très difficile à l’aller ; celui du retour ne présentait que quelques dénivellements, car l’objectif est déjà atteint. Et, les exercices de dévotion qui ponctuaient la marche (cantiques, chapelet et messe) participaient à l’esprit même du pèlerinage : prier Dieu par l’intercession de Marie nonobstant les difficultés du moment. Pour les missionnaires, il s’agissait de promouvoir chez les missionnés une piété du recours (recours à Marie).
La gestion du pèlerinage procède aussi d’un effort des clercs de créer et d’entretenir une orthopraxie (conformité de la conduite du catholique au culte) chez les pèlerins. Dès la première édition, Mgr Picarda imprimait à l’événement le sceau de la majesté épiscopale par une procession avec les fidèles. Après cela, il procédait à la bénédiction solennelle de la statue de Notre-Dame-de-la-délivrance et les fidèles soumettaient leurs intentions à la nouvelle patronne des lieux (piété du recours). Les pratiques dévotionnelles se poursuivaient toute la nuit (cf. ANS, 2Z2, annales religieuses des pays sérère). Popenguine devenait un lieu de recueillement et de rencontre intérieure avec Dieu par l’entremise de Marie. Cette assemblée permettait aussi aux chrétiens de gommer momentanément leurs différences (surtout entre Européens, Métis et Africains) et de s’unir autour d’une prière commune.
À partir de 1895, on note une nouveauté majeure dans l’organisation du pèlerinage. Mgr Barthet décide de l’encadrement du faire pèlerin. Après la messe solennelle, les groupes de pèlerins, constitués selon leur provenance, se relayaient auprès de la Vierge Marie : « ceux de différentes localités se réunissaient à une heure déterminée, et tous allaient en se relevant, passer leur heure aux pieds de Notre Dame, pour chanter et prier » (ibidem). Le but était de gérer l’affluence croissante des pèlerins : l’effectif augmentait sensiblement (200 en 1888, 400 à 500 en 1898). Cela permettait à chaque fidèle de s’imprégner de l’esprit du pèlerinage tel que promu dans le giron de l’Église. Nous pensons que c’était un cadre normatif institué pour surveiller le comportement des pèlerins et combattre la tiédeur religieuse. Les rotations des différents groupes ont assuré une fréquentation régulière de la chapelle et Mgr Barthet soutient que cette journée est l’une des plus édifiantes de sa mission africaine.
Mgr Kunemann poursuit cette politique de gestion des foules et des pratiques dévotionnelles par l’encadrement. Le changement qu’il introduit en 1901 confirme la volonté de Mgr Barthet de maitriser l’affluence. En effet, il institue un format pluriel. Le pèlerinage se faisait séparément, chaque district avait le sien, « à part ». Cela est un indicateur de l’accroissement considérable de la démographie pèlerine. Il fallait alors renforcer l’encadrement et favoriser la surveillance dans le sanctuaire et ses alentours.
Cette méthode de création et de gestion de l’orthopraxie semble porter des fruits. En effet, pendant toute la période coloniale, les prêtres s’indignaient de ce qu’ils appelaient la paganisation du comportement des baptisés (alcoolisme, primauté des festivités sur les offices religieux, habillement impudique même à la messe, etc. A. D. Mendy 2021, p. 49-51). Toutefois, pour ce qui concerne le pèlerinage, aucun des documents consultés[4] ne mentionne des pratiques déviantes. Au contraire, tout porte à croire qu’une profonde restructuration du paysage religieux pouvait s’y jouer.
Bref, les clercs s’étaient beaucoup investis dans l’encadrement du pèlerinage. Cela indique leur volonté de transmettre une certaine religiosité normée.
Ce texte ne prétend pas faire l’examen complet de l’histoire de la marche pèlerine et du pèlerinage marial de Popenguine. Il s’agit d’une contribution très modeste qui pose la question d’une nécessaire relecture de la trajectoire historique de l’Église avec des problématiques novatrices et des paradigmes innovants. Sa vocation étant de produire une « histoire hors des murs », nous avons jugé utile d’être concis.
Nous retenons en dernière analyse que le pèlerinage de Popenguine est une école de la foi, une école destinée à produire une religiosité normée, voire normative. Il contribuait à combattre la tiédeur religieuse de certains catholiques. Pour se rapprocher de Dieu par l’intercession de Marie, les pèlerins, ceux de la mission de Thiès précisément, enduraient des peines éprouvantes. Il faut préciser que même des enfants sous coresponsabilité parentale-cléricale étaient associés à ce voyage dévotionnel à pied. Il s’agit d’une initiation au recours marial dans la persévérance, d’une formation à la piété du recours. Au reste, les clercs, dans l’encadrement de la marche et du pèlerinage cherchaient plus à transmettre et à gérer chez les pèlerins une dévotion mariale et une orthopraxie.
[1] Pourtant cette chronologie omet une bonne partie de l’histoire du pèlerinage au Sénégal. En 1862 les sœurs du Saint-cœur-de-Marie avaient initié un pèlerinage à Dakar. C’est, à l’état actuel de nos recherches, le premier pèlerinage catholique en Afrique de l’Ouest francophone. Le "sanctuaire" était baptisé Notre-Dame-du-Baobab, car la statue de la Vierge logeait dans le tronc d’un Baobab. Cette pratique s’est poursuivie au moins jusqu’en 1882, année de la disparition de la statue de la Vierge Marie. Nous n’avons pas de renseignements sur ce pèlerinage au-delà de cette année et rien ne permet de déduire un prolongement avec celui de Popenguine.
[2] Nous utilisons le passé parce que l’étude ne prend pas en compte la période de la post-colonie. Au demeurant, nous sommes convaincus que le pèlerinage a toujours cette vocation. Et que la piété mariale se renouvelle et se nourrit d’année en année. La difficulté majeure actuellement, qui interpelle les responsables ecclésiaux clercs et laïcs, est la gestion des effectifs et des préoccupations plurielles des pèlerins. Certains sont plus motivés par la prière, d’autres par les rencontres, d’autres encore par les programmes récréatifs, etc.
[3] Antérieurement, il existait d’autres formes de mobilités dévotionnelles plus itératives. Nous pensons particulièrement aux processions, aux déplacements pédestres dominicaux des prêtres ou des fidèles qui parcouraient plus de dix kilomètres pour dire ou assister à la messe.
[4] Les documents consultés sont très nombreux : Bulletin paroissial de Dakar, Bulletin paroissial de Thiès, Horizons Africains, Jeunesse d’Afrique (journal des étudiants catholiques de Dakar), Bulletin du Comité catholique du Cinéma, Archives nationales du Sénégal, Archives de certaines structures de l’Église, Enquêtes auprès de certaines ressources, etc.
par Idrissa Seck
SONKO MENT ÉHONTEMENT
Il aurait avantage à méditer sur ce verset du Coran : « Et la vérité est venue, le faux a disparu, car le faux est destiné à disparaître. » N'eût été l'épreuve douloureuse qu'il traverse, j'aurais été extrêmement dur envers lui
J'ai écouté avec beaucoup de tristesse mon jeune frère Ousmane Sonko mentir éhontément sur les circonstances et le contenu de notre entretien du 27.
Qu'il se souvienne simplement m'avoir dit ce « Fajr », qu'il n'avait pas encore commencé à jeûner parce qu'il était encore malade, d'où son retard d'ailleurs pour se préparer et descendre.
Maladie que personnellement je n'ai pas observée au cours de notre entretien où il s'est montré particulièrement en forme.
Mais malgré les douloureuses circonstances qu'il vit, ou peut-être même surtout à cause de ces circonstances-là, il aurait avantage à méditer sur ce verset du Coran :
« Et la vérité est venue, le faux a disparu, car le faux est destiné à disparaître. »
Cela l'aidera à arrêter la manipulation.
N'eût été l'épreuve douloureuse qu'il traverse en faisant face à la justice de son pays pour mensonge et diffamation d'une part, et possibilité de viol d'autre part sur une jeune fille de 20 ans, j'aurais été extrêmement dur contre lui.
Mais dans ces circonstances, conformément à l'enseignement prophétique,
je dois d'abord lui exprimer ma solidarité face aux épreuves qu'il traverse.
Lorsque ces épreuves seront révolues, d'une manière ou d'une autre, je pourrai lui apporter, preuve à l'appui, la réponse qui est très simple :
Il sait qu'il ment et que la malédiction d'Allah s'abat sur le menteur dans ces circonstances.
Merci.
Idrissa Seck est président du parti « Rewmi ».
par Abdoul Aziz Diop
IL Y A SIX ANS, ABDOULAYE SÈNE (PAAP SEEN AUJOURD’HUI) ET NEUF AUTRES ESPOIRS
Nous encourageons le collectif et chacun de ses membres à poursuivre l’aventure littéraire et politique pour soigner la vie. C’est ce qu’a fait Paap Seen dans « Les utopies désirables…». Et avant lui Hamidou Anne, Fary Ndao et Mbougar. Et les autres ?
Le zapping aidant, un bref et exceptionnel moment de télévision attira notre attention sur un événement culturel inédit : dix jeunes (quatre filles et six garçons) firent parler d’eux en publiant un court essai collectif sur l’impérieuse nécessité de faire de la politique pour changer tout ce qui devrait l’être.
Soucieux d’entraîner tout le monde, le collectif ne trouva pas mieux qu’une fracassante invite comme titre : « Politisez-vous ! » (United Editions, 2017). Le plaisir d’entendre ce nouveau cri de ralliement ne nous empêcha pas de formuler dans notre esprit les questions grâce auxquelles nous rédigeâmes l’analyse critique sous vos yeux. Autour de quelle acception du vocable « Politique » tourne l’ouvrage ? Le tour de la question a-t-il été fait ? Sur quel levier dix jeunes auteurs gagent-ils un bel avenir en politique ? Que disent-ils de leurs aînés engagés en politique bien avant eux ? Quelle rigueur s’imposent-ils dans leur sentence ? Lieux communs ou stricte évocation des faits ? Quid du discours politique ?
Poncifs et excuse
Celles et ceux qui ont l’habitude de porter un jugement sur une œuvre littéraire avant de l’avoir lue sont priés de ne pas appliquer leur méthode paresseuse au travail, « salutairement pluriel », du collectif constitué par Ndèye Aminata Dia, Fary Ndao, Fanta Diallo, Mohamed Mbougar Sarr, Hamidou Anne, Youssou Owens Ndiaye, Racine Assane Demba, Fatima Zahra Sall, Abdoulaye Sène et Tabara Korka Ndiaye.
Planchant sur le « généreux geste d’amour » (p.35) auquel il assimile la politique, Youssou Owens Ndiaye écrit dans l’introduction à sa contribution : « Nous ferons abstraction des nuances entre les différentes acceptions du mot politique. » (p.36).
Mohamed Mbougar Sarr prit le contrepied de son ami dans ce qu’il appelle « le degré zéro du pouvoir politique », qui, à ses yeux, consiste à « ne pas s’oublier comme citoyen, se rappeler que le destin politique se façonne au quotidien, avoir pleinement conscience que le pouvoir et la responsabilité politiques commencent en chacun (…) et s’exerce par tous (…) » (p.103). En distinguant « le politique » de « la politique » (« polity » de « politics ») et, plus loin encore, les deux premières acceptions de la dernière (« policy » pour désigner une « politique publique »), M. Sarr restaure la relation de pouvoir (du mandataire au mandant), essence même du politique. C’est à partir des propriétés mathématiques de la relation unidirectionnelle de pouvoir, du porteur de pouvoir au destinataire, que le philosophe politique Constantin Salavastru expliqua les changements observés dans les discours politiques. Pour Salavastru, les poncifs ou lieux communs qui alimentent les polémiques politiques sont une conséquence du caractère antisymétrique de la relation de pouvoir. Il n’est donc pas surprenant que l’acte méritoire des dix auteurs soit truffé de lieux communs (polémiques) comme celui-ci : « La rupture de confiance entre la classe politique et les citoyens résulte d’un système essoufflé, incapable d’enrayer la montée des inégalités sociales et de répondre aux préoccupations de sa jeunesse. Les citoyens se sont détournés de la classe politique qu’ils jugent corrompue et immorale. » (p.19). Notre crainte est que le poncif de tous les moments politiques (préélectoraux, électoraux et post-électoraux) ne détourne la recherche en sciences sociales de la rigueur de l’investigation scientifique quand les espoirs d’aujourd’hui deviennent enfin les gouvernants rabougris par une sentence tout aussi universelle que fausse. S’éloignant du couperet du collectif dans l’espace qui lui est réservé, la créatrice de la marque de vêtements Modesty, Ndeye AminataDia, écrit : « Il ne s’agit pas de romancer le passé ni de décrier le présent, car le passé n’est pas sans ombres et le présent sans lumières. » (p.28). L’humilité scientifique dans le propos – même retiré de son contexte – redonne du sens à l’œuvre dont Aminata nuança avec panache les certitudes.
C’est à l’honneur du collectif d’avoir su passer d’une paresseuse excuse à la quête rigoureuse de faits probants. C’est à Fary Ndao que revient le mérite d’avoir relevé le défi lorsque son ami Hamidou Anne écrit : « La médiocrité, le pseudo-réalisme et la présence encombrante des experts et des communicants transforment la politique en espace de déclinaison de chiffres, statistiques et figures, déconnectés du vécu des gens. » (p.19). Il suffit que les hommes et les femmes politiques deviennent les véritables proposés à la déclinaison pour que l’excuse de M. Anne s’évapore. C’est ce que Fary Ndao a compris lorsqu’il écrit : « (…) Lire, étudier l’histoire, connaître le rôle de l’Etat (exemple : le code de l’environnement), consulter des publications spécialisées (exemple : celles du GIEC), s’organiser en réseau avec d’autres associations, sont toutes des actions que mène un individu politisé pour ensuite diffuser son discours ([illustré]) au sein des masses. » (p.82). La rigueur de Fary nous inspire une autre pour nuancer le propos de Mbougar lorsqu’il invoque (p.100) Rousseau et l’Américain Henry David
Thoreau (1817-1862) dont l’œuvre majeure, Walden ou la vie dans les bois (1854), prône la simplicité volontaire à l’écart de la société. Le passage de l’individu de l’état de nature (vie sauvage) à l’état social (vie civile) est irréversible du fait du transfert de son indépendance au peuple. Soumis à l’état de nature aux lois inflexibles des choses, l’individu devient à l’état social un pur citoyen soumis – en même temps que tous les autres citoyens – aux lois inflexibles de la république. L’égale soumission de tous à la loi générale est tout ce dont l’individu dénaturé se console. Par loi générale, il faut comprendre celle dont tous les citoyens sont à la fois les législateurs et les sujets. Le retour à la nature n’est donc pas le propos de Rousseau dont l’œuvre inspira des révolutions au Nord comme au Sud. Bien sûr, Rousseau déduit de la confiscation progressive de la « res publica » (chose publique) par le gouvernement d’un Etat l’impossibilité d’un exercice direct de la démocratie. Mais aucun des auteurs ne remet fondamentalement en cause la démocratie représentative. C’est que la crise de la représentation n’est pas l’horizon indépassable qui chagrine le collectif. Et tant mieux.
Nous ne savons pas de quoi est responsable l’excuse de Hamidou Anne dans la contribution (musclée) de Tabara Korka Ndiaye. On peut simplement regretter qu’elle ait pu, sans donner de chiffres précis, écrire qu’« il ne s’agit (…) nullement de construire des écoles pour que les filles soient davantage scolarisées. Il faudrait plutôt (…) faciliter l’accès à l’eau potable afin de leur éviter ainsi la corvée d’aller en chercher, ce qui, à la longue (…) finira par aboutir au décrochage scolaire des filles comme le montrent leschiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD, RGPHAE 2013) (p. 49-50). A la suite de ce plaidoyer, Korka aurait mieux fait de donner elle-même les bons chiffres plutôt que de nous renvoyer à l’ANSD. Devrions-nous abuser de son intérêt pour l’eau potable en milieu rural pour la renvoyer à notre tour aux données du premier rapport d’étape du Plan d’urgence pour le développement communautaire (PUDC) ? Bien sûr que non ! Mais une chose est sûre : les « chiffres, statistiques et figures [dudit rapport ne sont pas] déconnectés du vécu des gens ». Les « chiffres, statistiques et figures [de la Couverture maladie universelle, de l’Action sociale depuis avril 2012, de la Bourse de sécurité familiale et de la Bonification retraite ne sont pas non plus] déconnectés du vécu des gens ». En donnant l’impression d’être déconnectés de la société politique qui les a vus naître et de son devenir, les jeunes ont considérablement retardé leur politisation et longtemps différé leur ascension politique avec ou sans l’assentiment de leurs aînés.
De la fonction (politique) du discours
« Des années durant, écrit Tabara Korka Ndiaye (p.51-52), les dames Awa Thiam, Fatou Sow, Fatou Sow Sarr, Aminata Diaw et tant d’autres ont grandement contribué à faire comprendre les mécanismes d’asservissement qui existent et ôtent des droits aux femmes et à proposer des solutions pour y faire face. » « Les femmes au premier chef, ajoute-t-elle, doivent s’approprier ces contributions et les transposer autant que possible dans le champ politique. » Se pose alors le problème de la transposition et de la forme qu’elle doit prendre. La philosophe Aminata Diaw (Paix à son âme) plancha sur la question de la transposition dans un texte remarquable (Femmes, éthique et politique, 1999) où on peut lire : « Parce que la femme a été au service du développement et non une des finalités du développement, le discours politique n’a pu, dans une visée programmatique, circonscrire un espace public qui en fasse un élément opératoire et agissant du processus de délibération. » S’y ajoute surtout que « (…) parce qu’il n’y a pas un discours de femme, en tant que la femme est objet et sujet de son propre discours, la femme ne peut être acteur politique et, du coup, la République se retrouve sans citoyennes ».
Voilà ce dont Fanta Diallo a bien conscience lorsqu’elle soutient que « de nombreuses disruptions impliquent que nous nous formions pour être dignes des prochains défis. Ceux-ci requièrent la capacité de construire un discours politique cohérent et basé sur de fortes convictions. » (p.74). Si, enfin, « le discours est ce par quoi et pour quoi les acteurs sociaux luttent » (Foucault 1971), le levier discursif est bien celui sur lequel devrait être gagée la compétition politique saine à laquelle les membres du « Collectif d’août » – c’est nous qui les appelons ainsi – appellent la classe politique
« Audace et Raison d’Espérer »
C’est au jeune membre – un peu moins de la trentaine – de la Convergence des jeunesses républicaines (COJER) de Pikine Ganaw Rail Sud, Pape Aïdara, que j’emprunte le slogan « Audace et Raion d’Espérer » avec lequel Pape clôture tous les messages politiques qu’il nous envoie depuis son téléphone portable et auquel nous répondons toujours pour ne jamais nous soustraire de la ferveur militante.
Audacieux, raisonnable et optimiste, Pape s’invite à notre critique de l’opuscule des dix parce que Fatima Zhara Sall percevrait en lui « le don de soi pour le bien commun » (p.87) qui confère à la politique ce qu’elle a de « noble et de salvateur ». Au contact de Pape Aïdara, Zhara enrichirait son fatwa militant sur « l’absence de jeunes dans les instances représentatives » (p.90-91) et « l’assaut de la forteresse des partis politiques » (p.92-93) d’une expérience qui, jumelée à la sienne, rajeunirait les tours de table des grandes instances politiques. Les auteurs comme Zhara qui participent à l’animation des partis pour lesquels ils militent le font dans l’optique d’un exercice du pouvoir comparable à celui dont Racine Assane Demba – « au secours de la justice » sociale (p.55-65) et Abdoulaye Sène – arrimé à la « pensée de Cheikh Anta Diop » (p. 105-115) – louent la forme et le fond. Leurs chapelles politiques auraient dû être mentionnées dans la présentation (p.7-8) de chacun d’eux. L’éloge de la politique va de pair avec la transparence dans l’action politique.
Youssou Owens Ndiaye et Racine Assane Demba ont respectivement dédié leurs textes à Mamadou Dia et Cheikh Anta Diop. Même si le choix était fortuit, il aurait l’avantage d’unifier une œuvre plurielle qui réhabilite le langage politique et la « puissance publique ». S’agissant du langage, Cheikh rappelait, dans la préface aux « fondements économiques et culturels d’un état fédéral d’Afrique noire » (Présence Africaine, 1974) que « la qualité essentielle du langage authentiquement révolutionnaire est la clarté démonstrative fondée sur l’objectivité des faits, leurs rapports dialectiques, et qui entraîne irrésistiblement la conviction du lecteur ». Préférant le lexème « service public » à celui de « puissance publique », Dia, pour sa part, répondit aux contempteurs qui l’accusaient de vouloir le pouvoir pour le pouvoir : « Je regrette de ne pouvoir leur dire que je renonce au pouvoir ; parce que simplement le Pouvoir, je le conçois comme un service public. » (Lettres d’un vieux militant, 1991).
Cheikh et Dia ne se plaindraient pas beaucoup du contenu de l’œuvre sur laquelle nous venons de jeter un coup de projecteur. Pour cette raison et pour l’inattendu, nous encourageons le collectif et chacun de ses membres à poursuivre l’aventure littéraire et politique pour soigner la vie. C’est ce qu’a fait Abdoulaye Sène (Paap Seen aujourd’hui) dans « Les utopies désirables…» (Seneplus & L’Harmattan Sénégal, 2023). Et avant lui Hamidou Anne, Fary Ndao et Mbougar, le Prix Goncourt 2021…
Que sont devenus les autres ?
Abdoul Aziz Diop est essayiste, auteur, entre autres, de « Gagner le débat.. » (L’Harmattan Sénégal, 2023).
LA DÉFERLANTE DE L'IA
Chat-GPT, Bard, Midjourney... Comment appréhender la technologie de l'intelligence artificielle ? Quelles en sont les implications ? Réponses dans l'Amérique et vous sur VOA avec René Lake, Koundougoumi et Beaugas Orain Djoyoum
Chat-GPT, Bard, Midjourney... Comment appréhender la technologie de l'intelligence artificielle ? Quelles en sont les implications ? Réponses dans l'Amérique et vous sur VOA avec René Lake, Koundougoumi et Beaugas Orain Djoyoum.
PAR As Malick Ndiaye
MAINTENANT, IL FAUT PARTIR
EXCLUSIF SENEPLUS - La confiance en son parti, en notre peuple, la confiance en notre futur devrait faire dire à un homme, fut-il le meilleur d’entre nous : j’ai fait ma part du travail que vous m’aviez confié, je tire ma révérence
Il y a aujourd’hui une vérité qui doit être énoncée de manière directe, simple et impérative, parce que la taire changera à jamais, et pour le pire, le visage de notre nation. Chaque Sénégalais a le droit de se positionner en fonction de ses affinités, de ses intérêts, de ses convictions, mais il est des engagements dont l’histoire est la seule mesure.
Notre pays est arrivé à un moment de son histoire où plus personne ne peut se servir d’excuses dans la lignée de celle de Nuremberg : « je ne savais pas, je ne pensais pas qu’il le ferait ». Cette vérité nous la devons à nous-même et à ceux qui viendront après nous.
Pour que notre pays reste celui que, malgré moult turpitudes, nous évoquons avec autant de fierté quand il s’agit de démocratie, ne faisons pas dire à cette vérité, ce qu’elle ne dit pas. Cette vérité n’est pas un appel à l’insurrection, elle n’est pas outrage au chef de l’État, elle n’est ni une menace à la sécurité, ni un trouble à l’ordre public. C’est la libre opinion d’un citoyen et l’expression d’une conscience libre.
Les Sénégalais méritent un respect et une confiance qui ne sont ni négociables ni soumis à conditions. Ce respect et cette confiance sont les deux principales raisons qui doivent faire admettre à un homme qui a fait son temps, que son action est terminée. Le respect de son peuple exige de lui que lorsqu’une loi fondamentale est promue, qu’il n’essaie pas de lui trouver un autre vêtement que celui de la raison et du respect de celle-ci. Quand une Constitution dit que le pouvoir est limité à deux mandats, le respect de son peuple consiste à ne jamais envisager d’en faire un troisième, encore moins un quatrième. La confiance en son peuple conduit un homme d’État à s’imaginer que ce moule qui l’a construit, peut façonner d’autres leaders à même de mener la barque à bon port.
Nous sommes à une période charnière qui permettra au Sénégal de verrouiller à tout jamais le principe de l’inaliénabilité de l’article 27 de notre Constitution.
Notre président en exercice peut grandement y contribuer et rester à jamais quelles que soient ses limites dans le cœur de tous les Africains épris de justice. Cette ambition est immense et cinq années de plus ne pourront jamais l’égaler. Comment peut-on être à l’aise avec l’idée qu’un président puisse rester dix-sept ans au pouvoir dans le Sénégal d’aujourd’hui ? La Constitution nous rappelle que cela est impossible : « nul ne peut » ne saurait avoir la même interprétation que « nul ne pourra ». Le présent est un temps pour l’éternité.
Refuser ce principe, c’est refuser l’évidence de la vérité. Il existe une que toute personne qui porte le nom de Diop dans ce pays saisira aisément. Considérons une famille qui décide que nul ne peut avoir plus de deux morceaux de pain au dîner. Imaginons si la personne qui a promu cette décision dise elle-même : « moi, je peux en avoir trois, parce que quand je disais cela, ma mère m’avait déjà donné un morceau ». En plus d’être une question de droit, de justice, de Constitution, de français, c’est une simple affaire d’arithmétique. Le bon sens le plus élémentaire, le sens de l’équité qui devrait caractériser chaque personne dans ce pays, devrait nous conduire à la même conclusion : finis tes deux morceaux de pain et consacre toi à d’autres occupations.
La confiance nous projette quelques années en avant. Si d’aventure le président obtenait un troisième mandat qu’une grande partie de nos concitoyens considèrent à juste titre indue car la Constitution l’interdit, la question à laquelle il devrait répondre et qui invalide son discours sur l’application de son programme est celle-ci : quelle confiance peut-il avoir en son gouvernement ? Sachant qu’il devrait alors partir en 2029, son gouvernement va-t-il se tourner les pouces pendant cinq ans, en se disant qu’il ne va pas se représenter ? Un gouvernement qui s’imagine que parce que le président va partir, il ne va plus effectuer son travail mérite-t-il son portefeuille ? Le politique travaille-t-il par conviction ou pour la carotte ?
La confiance en son parti, en notre peuple, la confiance en notre futur devrait faire dire à un homme, fut-il le meilleur d’entre nous : j’ai fait ma part du travail que vous m’aviez confié, je tire ma révérence.
Voilà les mots inscrits aujourd’hui sur le fauteuil du président. Il suffit de placer ce fauteuil dans le sens de l’histoire pour rester dans celle-ci.
As Malick Ndiaye est écrivain et universitaire.
par Bassirou Dieng
MIMI, LA PRÉSIDENTE QU’IL NOUS FAUT EN 2024
Son expérience et ses compétences sont partout reconnues. Mme Aminata Touré vient encore d’élever au plus haut niveau le drapeau du Sénégal. Je me demande ce que vont dire ceux qui l’accusaient en 2018 d’avoir fabriqué son CV
Son expérience et ses compétences sont partout reconnues. Mme Aminata Touré, Mimi, vient encore d’élever au plus haut niveau le drapeau du Sénégal. Si c’était en footbal, j’allais dire qu’elle a fait mieux que Messi et Cristiano Ronaldo réunis en matière de performance. Sa distinction par l’institution Champlain College en est une preuve parfaite. En reconnaissance de sa contribution à la lutte pour les droits humains et droits des femmes, notre Mimi nationale a reçu, ce 13 mai 2023, la distinction honoraire de Doctor Honoris Causa de Champlain College, institution universitaire vieille de 145 ans dans l’Etat de Vermont aux USA. Une des plus hautes distinctions mondiales. Je me demande ce que vont dire ceux qui l’accusaient en 2018 d’avoir fabriqué son CV. Mais nous tenons à rappeler que cette distinction vient augmenter d’autres sacres déjà inscrits sur son curriculum vitae (CV).
En juillet 2021, en effet, la présidente du Mouvement pour l’Intégrité, le Mérite et l’Indépendance (Mimi) 2024 a été choisie comme un des 24 experts sélectionnés à travers le monde pour donner des avis aux États membres des Nations Unies sur les grandes questions de gouvernance et d’administration publique pour la période 2021-2025. Cela sur proposition du Secrétaire Général des Nations Unies.
Le Comité des Experts Indépendants sur l’Administration Publique-CEPA se réunit périodiquement à New York pour une période de 4 ans.
Cerise sur le gâteau, en 2022, Mme Aminata Touré Mimi a été aussi choisie dans le comité des 16 experts qui conseillent le Conseil économique et social des Nations Unies sur les Administrations publiques.
Même sans revenir sur son passage au ministère de la Justice, à la Primature, au Conseil Économique, Social et Environnemental, à Asbef, à la Sotrac (actuel Dakar Dem Dik), aux Nations Unies où elle a fait 22ans, force est de reconnreconnaître que Mme Aminata Touré est, de par son parcours et son expérience administrative, internationale et étatique, la femme qu’il nous faut en 2024 pour restaurer la démocratie et l’Etat de droit mais également pour un pays économiquement industrialisé.
Bassirou Dieng est journaliste.
Par Seydou KALOGA
KAÏDARA : CONTE INITIATIQUE PEUL
L’auteur, qui est de l’ethnie peule, est un Grand Homme de culture, à la fois, Ecrivain, Historien, Ethnologue, Poète et Conteur ; il est né au Mali en 1900 et décédé à Abidjan (Côte-d’Ivoire) en Mai 1991.Il a donc pratiquement traversé le 20ème siècle.
L’auteur, qui est de l’ethnie peule, est un Grand Homme de culture, à la fois, Ecrivain, Historien, Ethnologue, Poète et Conteur ; il est né au Mali en 1900 et décédé à Abidjan (Côte-d’Ivoire) en Mai 1991.Il a donc pratiquement traversé le 20ème siècle.
Il a consacré sa vie à la diffusion de la Culture peule et des Traditions Africaines; il fut l’un des premiers Intellectuels Africains à recueillir auprès des Sages, tous ces trésors de la littérature orale traditionnelle, enfouis dans les contes, récits, fables, mythes et légendes, qu’il a su transcrire et expliquer avec talent et inspiration, au point d’être considéré comme celui qui a fait renaître la « Civilisation de l’oralité ouest-africaine »
Tour à tour, chercheur, dès 1942, à l’Institut Français d’Afrique Noire de Dakar, et Membre du Conseil Exécutif de l’UNESCO, où il lança, en 1962, son fameux cri d’alarme devenu célèbre : « En Afrique, quand un Vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ».
Voulant signifier, par là-même, l’extrême fragilité de la Culture Ancestrale Africaine ; si Hampathé BA a privilégié le genre littéraire du conte pour exprimer, en français, l’essentiel de sa pensée, à côté de ses écrits historiques, ou des essais religieux, tel que « Jésus vu par un Musulman », voire, de ses Mémoires publiés en France, à partir de sa mort en 1991, c’est parce qu’il a compris deux choses.
Tout d’abord, l’importance du conte dans la Sagesse Africaine, où le conte constitue un instrument pédagogique de haute portée, mis à la disposition des « Messagers du Savoir caché », toujours à la recherche d’un esprit fertile et d’un cœur humble, à doter de cette miraculeuse fortune que le Possesseur peut entièrement dépenser, sans arriver à l’entamer.
Ensuite, le choix du conte s’explique par le fait que Hampaté BA pense que la Vraie Sagesse doit s’exprimer par l’intermédiaire du langage allégorique, d’une façon générale, langage dont le conte constitue un cas particulier en Afrique Noire traditionnelle.
Il s’y ajoute que l’auteur de « KAÏDARA » est de la génération des Africains qui avaient pour projet de faire connaître l’Afrique Profonde et Eternelle, au Monde entier, et en particulier à l’Europe, dans cet esprit qui a toujours animé la pensée de Léopold Sédar SENGHOR, sur l’Universalisme.
Ainsi, il visait donc une double réussite :
1/ Exprimer, avec exactitude, l’essentiel de la Culture Africaine, c’est-à-dire, l’Esprit de sa Sagesse ;
2/ Réussir à faire dire toute cette spécificité culturelle, par l’utilisation de la langue française.
Il y est parvenu : parce qu’il est un « Grand Sage Africain », et un éminent « Usager de la langue française » : tout ce qu’il a écrit le montre et le démontre.
Ces contes l’attestent. Et, parmi ces contes, il avait, nous semble-t-il un faible pour « KAÏDARA », comme si la valeur symbolique de ce conte permettait de saisir l’essentiel de sa Philosophie.
De quoi parle « KAÏDARA » ?
Il s’agit d’un conte qui se déroule selon les phases significatives d’une initiation dont l’ensemble du texte nous révèle le Mystère de l’existence et/ou l’angoisse d’être tout simplement un Homme.
Ce conte peul, qui fut raconté à l’auteur dès sa plus petite enfance, est un enseignement par symboles et par paraboles. Il est à la fois futile, utile et instructeur comme l’écrit l’auteur.
Futile : il l’est lorsqu’il est raconté comme une histoire fantastique aux enfants.
Utile : il l’est lorsqu’on le déroule comme un passe-temps agréable devant les fileuses de coton pendant les longues nuits de l’hiver ; et, pour « les talons rugueux ou les nés vers » qui attestent ainsi le grand nombre d’années qui auraient dû être consignés sur les registres de l’état-civil, c’est une véritable révélation.
Instructeur : « KAÏDARA », l’est aussi, car c’est l’histoire de trois hommes qui sortent un beau jour de leur maison, se rencontrent à un carrefour et se laissent entraîner dans le plus invraisemblable des voyages souterrains, et ce, sur la seule suggestion d’une voix invisible. Ainsi, commence l’aventure de nos trois héros, entreprenant une quête dont le but est la réalisation pleine de l’individu parvenu à percer le « Mystère des choses et de la vie ».
Au cours de ce « voyage d’intériorisation », ils rencontrent des évènements ou des animaux dont chacun est un symbole à déchiffrer, ou un miroir qui renvoie à chacun de nos héros,sa propre image, à moins qu’il ne s’agisse d’un enseignement dispensé sur leur chemin et interprétable en vue de son application dans la vie de tous les jours.
Il y a, ainsi, onze étapes à franchir avant d’arriver au cœur du Pays de KAÏDARA, celui qui les attire et dont ils entendent et apprennent le nom, au fil des épreuves initiatiques.
Lorsque nos trois héros atteignent le cœur du Pays de KAÏDARA, c’est à cet instant que « KAÏDARA, le Dieu de l’Or et de la Connaissance » à la fois, lointain et proche, leur dévoile certains de ses secrets, et met à leur disposition, pour le retour, de l’or, c’est-à-dire, le métal le plus précieux, qui est un moyen de puissance aussi bien matérielle que spirituelle. Il faut souligner que le chemin du retour vers le monde habituel des hommes, est la phase la plus importante du voyage de nos trois héros : des épreuves particulières et déterminantes les y attendent, liées qu’elles sont à l’usage que chacun fera de son or.
Parmi les trois héros de ce conte, seul Hammadi franchira les épreuves avec succès, grâce aux conseils d’un « Petit Vieillard en haillons », qui n’est autre que KAÏDARA, lui-même, déguisé de la sorte, et auquel il aura accepté de donner son or, en échange de son enseignement.
Tandis que ses deux compagnons ne termineront pas leur voyage : ils se sont trompés de quête, car c’était l’or seulement qui les intéressait, ils vont donc périr pour n’avoir pas compris que l’or est le socle du savoir, et que si l’on confond le savoir et le socle, le socle tombe sur vous et vous anéantit.
Dans la culture traditionnelle africaine, l’Homme est considéré comme pouvant vivre selon trois états :
-un état grossier, tout extérieur, appelé « écorce » ;
-un état médian, déjà plus affiné, appelé « bois » ;
-un état essentiel, central, appelé « cœur ».
L’un de nos deux perdants sera jeté comme l’écorce, l’autre brûlé comme le bois.
Finalement, Hammadi, le victorieux, qui représente le cœur, bénéficiera de son propre voyage, mais également, de celui de ses deux compagnons, récupérant et l’écorce et le bois, reconstituant ainsi, en lui, « l’arbre de la connaissance ».
A ce propos, écoutons, le « Petit Vieillard en haillons », donc KAÏDARA, s’adressant au victorieux dans le conte initiatique rapporté par Amadou-Hampaté BA
Hammadi ! tes deux compagnons ont choisi des fins graves : la fortune et le pouvoir. Et toi tu as choisi « la vérité qui est le savoir ; dans le fond du savoir tu as trouvé pouvoir et fortune que convoitaient tes « amis qui en furent épuisés ».
Ainsi, Hammadi reste le seul à posséder l’étoffe de l’initié.
L’auteur, pour illustrer l’attitude de Hammadi, aimait évoquer la navette du tisserand, dont le métier composé de trente trois pièces, est lié au symbolisme de la « Parole créatrice », se déployant dans le temps et dans l’espace.
La vie s’appelle « lâcher » disait Hampaté BA, en écho à une parole de son propre Maître spirituel Thierno Bocar, reprenant le chant traditionnel peul attribué à la navette du tisserand. Peut-on mettre en perspective la Sagesse peule et toute la littérature universelle sur la notion de sagesse et d’initiation ?
Dit autrement, quelle est la portée universelle de ce conte, qui met en évidence la supériorité du savoir sur la fortune et le pouvoir ?
Il faut rappeler ici la quête du « Graal » dont parlait toute la littérature de la fin du Moyen-âge, en particulier sous la plume de Chrétien de Troyes et de Guillaume de Dole : c’est une quête de ce qu’il y a de plus universel et éternel ; c’est la manifestation du sacré et du divin.
On peut donc se demander ce qui rattache en définitive le conte de Hampaté BA à la Sagesse Universelle et à tous les ouvrages connus à ce sujet : de Platon à aujourd’hui, en passant par Dante Alighieri avec sa « divine comédie » et l’écrivain anglais John Milton avec son poème « le Paradis perdu » poème où il évoque deux épisodes de la Bible que sont : la chute de l’ange déchu, Satan et le péché originel commis par Adam et Eve ?
Réponse, c’est ceci : le thème de la quête, la notion de voyage, la notion d’épreuves à subir, la notion d’étapes à franchir, l’importance de la connaissance et du savoir, l’importance du langage et des symboles, l’importance de la rencontre, l’importance de l’intersubjectivité dans la quête de la connaissance, l’opposition entre apparence et réalité etc…
On retrouve tous ces ingrédients narratifs dans le récit initiatique peul KAÏDARA rapporté par Hampaté BA : à la vérité, c’est par là que ce grand conte africain rejoint la « Littérature Universelle ».
Pour conclure et achever ici nos réflexions, il faut dire que dans toutes les cultures et sous toutes les latitudes, l’Homme est à la recherche de lui-même, et des fondations ultimes de son existence, c’est-à-dire Dieu, et l’âme humaine, dans ce qu’elle a d’universel, d’intemporel et d’éternel.
La Sagesse est l’objet de la quête des ultimes raisons de vivre de l’être humain, qui passe par l’initiation, qui n’est rien d’autre que la quête du sens, par-delà les sens et c’est sur ce thème de l’initiation et de la sagesse que toutes les cultures se rencontrent et retrouvent leur unité.
C’est ce que nous montre la lecture des contes de Hampaté BA, dont, très précisément, KAÏDARA constitue le moment culminant vers la Sagesse et vers l’Universalité. On pourrait dire avec l’auteur que c’est en s’enracinant dans sa spécificité ethnique que l’on accède le plus humainement et le plus efficacement à l’Universalité et à l’Humanité.
Montaigne ne disait-il pas que chaque homme porte en lui-même la forme entière de l’humaine condition ? C’est à cette dimension de ce conte qu’il s’agit de rester plus particulièrement attentif.
Telle est la leçon ultime qu’a voulue nous transmettre, en conteur talentueux et inspiré, notre Sage Peul de l’Afrique Noire Francophone, qu’est Amadou Hampaté BA.
Seydou KALOGA
Avocat au Barreau de Paris
Par Youssou Diallo
LA SOLUTION POLITIQUE ET CONCERTEE, SEULE ISSUE À LA CRISE ACTUELLE
J’exposerai mon appréciation de la situation, en ces temps actuels, de tension, de passions, d’outrances, d’angoisse et de peur, de manière assez succincte pour ne pas aller dans les détails, qui relèvent de la responsabilité des protagonistes.
J’exposerai mon appréciation de la situation, en ces temps actuels, de tension, de passions, d’outrances, d’angoisse et de peur, de manière assez succincte pour ne pas aller dans les détails, qui relèvent de la responsabilité des protagonistes.
A mon humble avis, il nous faut , en raison de la gravité et de l’urgence du contexte , aller au delà du Droit formel qu’on ressasse et des pétitions de principes juridiques, pour trouver les solutions concrètes simples et pratiques qu’attendent nos populations.
Ces solutions, je le précise, seront in fine consacrée au plan juridique si nécessaire, devront aller dans le sens de l’analyse de ce qui fonde réellement le Droit et l’Etat, en appréciant les équilibres des forces sociales et politiques au plan interne et l’environnement géopolitique et géostratégique de notre pays ainsi que les menaces qu’ils font peser sur la stabilité , la paix sociale et civile, les perspectives économiques( exploitation du pétrole et du gaz ), politiques et institutionnelles du Sénégal.
En vérité, il faut sérieusement prendre en compte les risques tangibles d’affaissement de l’Etat de droit et de la Démocratie au Sénégal qui nous guettent, pour dire le moins !
Pour être plus simple et plus clair, il est nécessaire, impérativement et urgemment, de répondre à la question suivante: que faire pour trouver une issue acceptable pour tous, pouvoir comme opposition, conforme aux principes de l’Etat de droits et à la Démocratie et heureuse pour notre peuple ?
La réponse à cette question, à mon sens, coule de source, il faut une solution politique concertée et acceptable pour tous !
En dehors d’une solution politique équilibrée et acceptable pour tous, on risque d’aller vers deux directions possibles:
le durcissement légalement justifié du pouvoir par l’instauration d’un État d’exception (Etat d’urgence) suspendant provisoirement certaines libertés, tel que prévu par la Constitution du Sénégal.
2- le laisser- faire en l’absence de dialogue, qui peut déboucher sur des troubles, pouvant mener à un régime d’exception au Sénégal !
Je pense que pour les démocrates et patriotes que nous sommes tous, bien que ne partageant les mêmes positions politiques du moment, nous avons le devoir impérieux tous, de revenir à la lucidité et au réalisme politiques, d’oublier nos égos et nos rancœurs pour sauver la Démocratie et l’Etat de droits au Sénégal, qui semblent sérieusement menacés en ces temps d’incertitudes .
Le Président de la République a déjà posé un jalon dans ce sens, le Dialogue national, les réponses de l’opposition semblent contrastées (oui pour certains, non avec des variantes) mais, ce qui fonde notre optimisme, même les positions de rejet ne sont pas tous, pour l’essentiel, absolus .Nous croyons , qu’au niveau des politiques il ya encore des marges de progression dans le bon sens, à la condition que tous y mettent la bonne volonté, de la sincérité en adoptant des postures plus positives.
Du côté de la Société civile, le moment est venu pour elle, non pas prendre partie pour tel ou tel camp, mais de jouer son véritable rôle, celle de force d’équilibre, de force tampon, de force paix et de rapprochement des positions divergentes des camps.
Du côté des forces religieuses, acceptées et respectées par tous, de jouer efficacement et discrètement leur rôle, car, comme disait l’autre, l’heure est grave et le temps presse pour la Démocratie et l’Etat de droits au Sénégal.
Youssou Diallo
Président du Club Sénégal Émergent (Cse)
Par Vieux SAVANÉ
VOUS AVEZ DIT ANTISYSTÈME
Ces « antisystème » notoires ne rechignent pas à convoquer le « système » pour le respect de leur immunité parlementaire. Ils défient l’institution judiciaire qui serait aux ordres, mais font tout de même appel au verdict de leur procès
Lorsque vous affirmez que quelqu’un a commis un acte délictuel ou que vous même êtes accusé de violences sexuelles, cela s’appelle une affaire privée. Il convient alors d’apporter la preuve de ce qui est avancé ; démonter les fausses accusations ou alors risquer d’être confondu. En tout état de cause cela ne mérite aucunement que le pays brûle. Quid alors de l’instrumentalisation de la justice ?
Si l’on a affaire ici à une réalité repérable à travers les différents régimes qui ont rythmé la vie politique du Sénégal, il demeure toutefois un bémol, avec la notable résistance d’hommes et de femmes qui ont su faire face, au nom de principes et au détriment de leurs carrières. C’est dire que si tous les systèmes ont tendance à s’octroyer plus de pouvoir, il reste possible de les contenir, surtout dans leurs déclinaisons caricaturales. Il en va ainsi, lorsqu’on entend un prétendant à la magistrature suprême, avancer que s’il arrivait à ses fins, il mettrait en prison tous ses prédécesseurs, feignant d’oublier que la justice est une institution trop sérieuse pour qu’on la piétine, de manière aussi cavalière.
Que n'a-t-on d’ailleurs entendu des candidats dénoncer l'extrême concentration des pouvoirs entre les mains du président de la République, fustiger le fait qu'il y ait confusion entre le parti et l'Etat ! Bien que la nomenclature des dénonciations des errements du système soit récurrente, paradoxalement, aucune amélioration ne s’en est suivie. Les mêmes travers perdurent en dépit des changements survenus à la tête de l'Etat. Toujours les mêmes pouvoirs excessifs, les mêmes nominations clientélistes, les mêmes rapports des organes de contrôle mis sous le coude, les mêmes tentatives de musellement de l’opposition, ou de restriction des libertés gagnées après d’âpres batailles.
Si l'on était donc en droit de s’attendre à ce que les plus virulents des critiques du système s'appliquent leurs propres préconisations, il faudrait plutôt déchanter car nombre d'entre eux adoubent plutôt ce qu'ils critiquaient naguère.
Mieux, devenus députés de l'Assemblée nationale, ces « antisystème » notoires ne rechignent pas à convoquer le « système » pour exiger le respect de leur immunité parlementaire. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, voilà que, tout en refusant de répondre aux convocations de la justice, exprimant leur défiance virulente en direction d’une institution judiciaire qui serait aux ordres, ils font tout de même appel au verdict de leur procès, se pourvoient en cassation, s’engouffrant ainsi dans des voies de recours. Au-delà de cette incohérence manifeste, c’est plutôt la mise en branle d’un procédé machiavélique qui ne s’embarrasse nullement d’instrumentaliser le système, en exploitant toutes ses failles. En un mot, ils s’en servent lorsqu'il sert leur cause et s’en démarquent, le cas contraire.
Dans un tel contexte, on appréhende mieux les raisons pour lesquelles, en dépit de sa toxicité, l’hyper présidentialisme sénégalais continue de vivre sa belle vie, malgré les virulentes critiques des prétendants à la magistrature suprême. Comment d’ailleurs s’en étonner, au regard de la potentielle ivresse que cela pourrait leur procurer. Sauf que dans les démocraties dignes de ce nom, on s'échine pourtant à mettre en place des contre-pouvoirs, à faire en sorte que le président de la République puisse être ramené à l'ordre lorsqu’il est tenté d’outrepasser les pouvoirs que lui confère la constitution.
Or donc, l'antisystème, c’est se situer en marge du système, avec l’objectif de le détruire comme s’il était possible de s’en démarquer. Ce qui serait une vue de l’esprit que de vouloir penser une humanité possible en dehors d’un système, du fait notamment qu’ « ily a », en l’occurrence un territoire, une famille, une langue commune, des règles sociales, et que « j’y suis ». Tout ceci pour souligner que si l’on peut certes faire évoluer le système, on ne peut pour autant vivre en dehors.
C’est dire que l’on fait face en ce moment à une déroutante et inquiétante séquence de notre histoire politique. Tout est abrasif, prêt à s’embraser à la moindre étincelle. Comment comprendre en effet que par le refus de déférer au tribunal, on se retrouve avec un pays tenu en otage, des écoles, banques et autres commerces fermés ; des magasins saccagés et délestés de leurs produits, à l’image des émeutes de la faim, faisant ainsi éclater au grand jour les fragilités d’une partie de la population qui est au bord de la trappe à pauvreté. Le coût à payer est assurément énorme. Avec son cortège de morts et de blessés, de biens détruits, son énorme dispositif policier qui coûte cher aux contribuables. Aussi la décence devrait-elle inciter à s’interdire tout mouvement de liesse ressemblant à une danse du scalp. Ne serait-ce que parce qu’il faut, en tout circonstance, savoir se tenir.