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28 novembre 2024
Opinions
par Thierno Diouf
BYE BYE DÉMOCRATIE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - La gestion vertueuse de notre République n’est pas la préoccupation du président Macky Sall qui fragilise ainsi nos ressources et notre pays
Pour tout observateur honnête, ce qui se passe actuellement au Sénégal est plus qu’interpellant.
Voilà un pays où de nombreux scandales de mauvaise gestion, de détournements de fonds publics et de prévarication se sont succédé ces dernières années sans donner lieu à une seule condamnation ou à un seul procès (sauf pour les opposants !). Visiblement, la gestion vertueuse de notre République (au sens premier du terme) n’est pas la préoccupation du président Macky Sall qui fragilise ainsi nos ressources et notre pays.
Parallèlement, les forces de défense et de sécurité ainsi que les tribunaux sont largement impliqués dans des pratiques visant à restreindre les libertés (d’expression, d’information, de circulation, etc.) garanties par notre Constitution et nos lois, entrainant au passage la perte de plusieurs précieuses vies humaines. Il n’est pas du tout excessif de dire que nous nous installons de plus en plus dans une forme d’autocratie, parce que les gens sont emprisonnées pour des discours parfois moins virulents et subversifs que les discours que tenait le Macky Sall-opposant.
En soi, cette situation est extrêmement révoltante. Mais ce qui est le plus choquant et inacceptable, c’est que tout un appareil étatique décide d’aller dans le sens de ce que désire Macky Sall.
Quand des personnes sont tuées dans le cadre de manifestations, des suites judiciaires doivent avoir lieu suite à ces assassinats, si nous vivions dans une démocratie.
Quand des autorités sont épinglées par les rapports des corps de contrôle pour mauvaise gestion ou détournement des fonds publics, aucun coude, fût-il présidentiel, ne devrait pouvoir empêcher qu’il y ait des suites judiciaires à ces affaires, si nous vivions dans une démocratie.
Il s’agit de gestion des fonds publics et le président lui-même doit rendre compte, le cas échéant, de sa gestion des fonds publics dans une démocratie.
Alors pourquoi est-il possible de vivre ces situations dans notre pays ? Qu’est-ce qui fait que l’administration ne tient pas son rôle en agissant dans le cadre strict de la légalité et en refusant de suivre les politiciens quand ils sortent de ce cadre ? Qu’est ce qui fait que nos procureurs soient plus des exécutants des desiderata du prince que des représentants et défenseurs de la société ? Pourquoi compromettre tout un parcours de vie (études, carrière, ...) en servant sur une base illégale un homme au lieu de servir son pays ?
Certains ont peut-être une réponse mais ceux qui n’en ont pas, comme moi, sont dans l’incompréhension et dans l’inquiétude, dans la mesure où ces pratiques visiblement acceptées voire soutenues mettent en péril tout notre système démocratique. Il existe certainement des dispositions légales sanctionnant les magistrats, hauts fonctionnaires et fonctionnaires qui agissent hors de la légalité. Mais à quoi servent-elles si on ne peut pas les appliquer à ces hors-la-loi ?
A mon sens, et si cela n’est pas encore le cas, il faudrait que de telles fautes soient imprescriptibles car elles sapent les fondements de notre système politique et mettent en péril notre pays. La paix et la sérénité nécessaires aux activités économiques ne peuvent prospérer dans un climat d'injustice.
Il est plus qu’urgent d’améliorer nos lois de façon à, d’une part, renforcer l’indépendance des magistrats et la neutralité de l’administration et, d’autre part, de punir de façon extrêmement sévère (détention et confiscation de biens) les magistrats et hauts fonctionnaires auteurs d’abus ou de manquements graves dans l’exercice de leurs fonctions. La société civile et tous les partis politiques soucieux de consolider le socle de notre fragile démocratie doivent s’engager dans cette réforme.
La configuration actuelle de l’Assemblée nationale (coalition au pouvoir et opposition à quasi égalité de sièges) et la prochaine élection présidentielle sont une opportunité. La proposition de réforme pourrait être mise à l’agenda de l’Assemblée nationale et les partis politiques devront clairement se positionner par rapport à elle et la voter. Si le vote échoue, le peuple sénégalais saura situer les responsabilités de cet échec et votera en conséquence lors de l’élection présidentielle de 2024.
Si cela n’est pas fait, il ne nous resterait plus qu’à dire, dans très peu de temps : bye bye démocratie !
par Seybani Sougou
L’EXERCICE DU JOURNALISME EST LIBRE ET NULLEMENT CONDITIONNÉ À LA DÉTENTION D’UNE CARTE DE PRESSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Tenter de dénier à Serigne Saliou Gueye (un professionnel reconnu, un homme de conviction respecté par ses pairs) sa qualité de journaliste, alors qu’il exerce cette fonction depuis plus de 20 ans relève d’une pure folie
En France, l'exercice du journalisme est libre et n’est nullement conditionné à l’obtention d’une carte de presse. N’importe quel citoyen peut exercer librement le métier de journaliste (aucun diplôme n’est exigé). Par ailleurs, la détention de la carte de presse ne revêt aucun caractère obligatoire.
L’article L.7111-3 du Code du travail définit la qualité du journaliste.
« Est journaliste professionnel celui qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs publications quotidiennes ou périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources ».
Une jurisprudence de la Chambre Sociale de la Cour de Cassation en date du 1er avril 1992 précise clairement que la détention d'une carte de presse n'est ni nécessaire, ni obligatoire, ni déterminante pour se prévaloir de la qualité de journaliste.
Les termes de l’arrêt du 01 avril 1992 sont extrêmement clairs :
« Sont journalistes ceux qui apportent une collaboration intellectuelle et permanente à une publication périodique en vue de l’information des lecteurs, peu importe qu’une carte professionnelle leur ait été remise ».
Ce qui importe avant tout, c’est l’activité journalistique :
« Est journaliste celui qui exerce une collaboration intellectuelle et permanente à une publication périodique en vue d’informer les lecteurs ».
Un point, un trait. Au demeurant, pour obtenir la carte de presse, il faut réunir 2 conditions simples :
1). Il faut avoir exercé la profession de nature journalistique pour une ou plusieurs publications périodiques, entreprises de presse ou agences de presse, durant au moins 3 mois consécutifs précédant la demande,
2). Il faut tirer de cette activité de journaliste plus de 50 % de ses ressources.
Tenter de dénier à Serigne Saliou Gueye (un professionnel reconnu, un homme de conviction respecté par ses pairs) sa qualité de journaliste, alors qu’il exerce cette fonction depuis plus de 20 ans, dans un très grand quotidien de la place (Le Témoin), collabore comme Consultant avec le groupe D-Media, est Editorialiste de SenePlus et Directeur de Publication du quotidien ‘'Yoor Yoor’’ relève d’une pure folie.
Pour disqualifier totalement l’accusation loufoque « d’usurpation de la fonction de journaliste », une invention du procureur à laquelle lui-même ne croit même pas, le Directeur de publication du Témoin, Mamadou Oumar N’Diaye, le patron de D-Media (Bougane Gueye Dany) et tous les médias avec lesquels il a collaboré doivent produire une attestation signée :
« Je soussigné…certifie que le journaliste Serigne Saliou Gueye a exercé dans notre journal ou entreprise de presse, la fonction de Chef desk, Consultant, etc. de XX à mai 2023. En foi de quoi, le présent document lui est délivré pour servir et valoir ce que de droit ».
Ces attestations remises à son avocat, Maitre Moussa Sarr, seront versées au dossier et apporteront la preuve définitive que l’usurpation de la fonction de journaliste est une chimère, une pure fiction.
Par ailleurs, tous les journalistes dignes soucieux de défendre la liberté d’informer peuvent rédiger une pétition collective (nom, prénom et signature) qui peut prendre la forme suivante : « Nous journalistes sénégalais reconnaissons le journaliste Serigne Saliou Gueye, comme journaliste et membre à part et entière de notre corporation, et exigeons sa libération immédiate ainsi que l’abandon de toutes les charges retenues contre lui….».
En guise de solidarité et pour manifester un soutien total, à leur confrère Serigne Saliou Gueye, tous les journalistes titulaires de la carte nationale de presse doivent la restituer, sans délai(cette action doit être collective et non limitée à quelques journalistes).
Ce serait un puissant signal adressé à ce régime moribond et liberticide qui a franchi la ligne rouge (à partir du moment, où plus aucun journaliste n’est détenteur de la carte nationale de presse, le régime serait dans l’incapacité d’arrêter tous les journalistes du Sénégal et de leur coller le motif fallacieux « d’usurpation de la fonction de journaliste ».
Les dispositions de l’article 4 de la Loi n° 2017-27 du 13 juillet 2017 portant Code de la Presse qui définissent le statut du journaliste doivent être complètement revues. Il est pour le moins curieux et surprenant, lors des négociations entre le gouvernement et les professionnels des médias, que ceux qui représentaient les journalistes et agissaient en leur nom n’aient pas défendu de manière énergique leurs intérêts, laissant le soin à un régime politique de « définir qui est journaliste et qui ne l’est pas », sous prétexte, d’assainir la profession. Car dans le nouveau code de la presse, non seulement les peines prévues pour les délits de presse ont été maintenues, mais plus grave elles ont été aggravées : on est passé d’une peine maximale de 3 ans de prison à 5 ans de prison ferme dans le nouveau code de 2017.
Comment, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse au Sénégal, le SYNPICS, l’Association des professionnels de la presse en ligne (APPEL), et la Coordination des associations de presse (CAP) ont-ils pu laisser faire à ce point et affaiblir les journalistes ? Comment des journalistes peuvent-ils donner à un régime le pouvoir de les « ligoter » ?
Dans un ouvrage « le discours de la servitude volontaire », Etienne de la Boétie s’étonnait de voir que « des hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée, à la tyrannie d’un homme qui est, inhumain et cruel envers eux ». Au-delà de l’argent (corruption), il y a dans la presse sénégalaise, des esprits faibles, parfaitement aptes à la soumission.
La détention arbitraire du journaliste Serigne Saliou Gueye s’inscrit dans une série inédite d'atteintes extrêmement graves à la liberté de la presse au Sénégal et dans un contexte inédit de multiplication des intimidations, d’arrestations de journalistes et de violences policières à leur encontre (journalistes molestés, saisies de matériel, gardes à vue, etc.). Serigne Saliou Gueye est un esprit libre qui incarne un journalisme engagé et exigeant. Son professionnalisme, ses fortes convictions, sa volonté de contribuer à l’éveil des consciences et son noble combat contre l’injustice sont connus de tous.
La liberté de la presse est la pierre angulaire d’une société démocratique et il ne saurait en aucun cas y avoir de réelle démocratie, sans accès à une information transparente et fiable, diffusée par des journalistes libres et indépendants.
Nous appelons tous les journalistes, tous les démocrates, tous les sénégalais de l’intérieur et de la diaspora ainsi que l’ensemble des organisations de la société civile à la mobilisation pour exiger la libération immédiate et sans condition de Serigne Saliou Gueye, victime de pratiques d’une autre époque et d’une détention arbitraire, au moment où les délinquants en col blanc du régime, les prédateurs de deniers publics (et blanchisseurs d’argent sale du régime comme l’ex député faussaire Boughazelli et leurs complices nichés au cœur de l’Etat se pavanent en toute liberté.
Une remise à plat complète des dispositions de l’article 4 de la Loi n° 2017-27 du 13 juillet 2017 portant Code de la Presse (sur le statut du journaliste) est plus que nécessaire. En attendant, les professionnels des médias doivent exiger un moratoire (suspension de la délivrance des cartes de presse). Pour faire entendre leurs voix, une seule option : tous les journalistes détenteurs de la carte nationale de presse doivent la restituer, sans délai : les noms des journalistes traitres refusant de se conformer à cette action collective doivent être rendus publics.
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SONKO LANCE UN APPEL À LA RÉSISTANCE
DERNIÈRE MINUTE SENEPLUS - Il considère que Macky Sall cherche à intimider le peuple sénégalais, mais appelle à ne pas céder à la violence et à se lever pour défendre la liberté et l'avenir du pays
Lors d'une déclaration ce lundi 29 mai 2023, Ousmane Sonko a informé qu'après deux jours de voyage sur les routes, il avait pris la décision personnelle de suspendre la Caravane de la liberté et de se rendre à Dakar dans l'un de ses véhicules, en dehors de tout cortège. Il explique qu'il avait été informé des plans du gouvernement sénégalais, qui avait mobilisé des forces de défense et de sécurité sur la route allant de Vélingara à Kaolack, où des pièges auraient été prévus pour attaquer sa sécurité et celle de son entourage.
Sonko affirme avoir décidé de se replier temporairement sur Dakar pour protéger lui-même ses équipes, qui étaient visées pour être décimées. Lors de son voyage, il a été arrêté à un barrage de gendarmerie, où les papiers du véhicule ont été demandés et où ils ont été priés de sortir du véhicule. Il souligne qu'aucune arme autre que celle qu'il portait légalement sur lui n'a été trouvée lors de la fouille du véhicule.
Sonko mentionne également que ses trois compagnons de voyage sont actuellement détenus à Kaolack et sont interrogés par les gendarmes. Il dénonce le fait que les autorités aient affirmé avoir trouvé une arme et des lance-pierres dans le véhicule après leur départ, alors qu'ils n'ont rien vu de tel lors de la fouille. Il dénonce ces manipulations et affirme que le gouvernement de Macky Sall a l'habitude de monter de tels dossiers pour atteindre ses opposants.
Le leader politique appelle le peuple sénégalais à se mobiliser face à ces attaques contre la démocratie. Il mentionne les arrestations et les violences infligées à plusieurs personnalités politiques, militants et journalistes, appelant à un mouvement de résistance nationale conformément à la constitution. Il souligne que le gouvernement cherche à restreindre sa liberté et à intimider le peuple sénégalais, mais appelle à ne pas céder à la violence et à se lever pour défendre la liberté et l'avenir du pays.
Sonko invite également la communauté internationale à ne pas se laisser tromper par la propagande du président Macky Sall et à considérer l'opinion du peuple sénégalais comme le véritable indicateur de son travail. Il dénonce les échecs économiques, la pauvreté croissante et l'instrumentalisation de la justice, et appelle à agir pour préserver la démocratie et les libertés.
En conclusion, Ousmane Sonko dénonce les tentatives de nuire à sa sécurité et à la démocratie sénégalaise. Il appelle le peuple à se mobiliser et à résister face aux attaques du gouvernement, tout en invitant la communauté internationale à soutenir la lutte pour la liberté et la démocratie au Sénégal.
par des universitaires sénégalais membres de pastef
APPEL À LA RÉSISTANCE
Quels que puissent être le statut professionnel et la condition sociale à partir desquels nous observons cette heure sombre de l’histoire du pays, il est un fait objectif : la démocratie sénégalaise n’est plus !
Lorsque les principes sur lesquels repose l’idéal démocratique, à savoir la participation et la compétition électorales, sont piétinés, la démocratie devient un leurre. Pour éviter ce piège, les systèmes politiques démocratiques veillent au pluralisme et au respect des droits de l’opposition. Cette dernière permet la représentation du corps social dans son entièreté empêchant ainsi que des citoyens en divergence avec l’exécutif ne soient des exclus, d’une part. D’autre part, l’opposition politique est d’autant plus importante dans un système démocratique qu’elle joue un rôle de contre-pouvoir qui évite au régime, en l’occurrence présidentialiste, de sombrer dans l’arbitraire. Au-delà de cet important rôle de sentinelle,
l’opposition est tenue de proposer aux citoyens une offre politique alternative. Hélas, depuis que Macky Sall est devenu le Président de la République, les droits de participation et de
compétition électorales de l’opposition politique sénégalaise sont régulièrement confisqués.
De 2014, à nos jours, et ce en dépit d’une disposition constitutionnelle garantissant depuis 2016 au chef de l’opposition un des statuts les plus importants dans la hiérarchie des principaux acteurs du fonctionnement de notre république démocratique, le pouvoir est dans une logique de rétrécissement du pluralisme démocratique. Cette entreprise totalitaire a été
énoncée à haute voix par le Président Macky Sall à travers sa fameuse et non moins fumeuse sentence : « je réduirai l’opposition à sa plus simple expression ». Joignant l’acte à la parole, il a pris des mesures spectaculaires d’écrasement de l’opposition. Le parrainage et la loi électorale comportent des dispositions qui rendent aisée cette entreprise machiavélique parfois facilitée par la transhumance et surtout par des procès politiques qui sonnent comme la mise à mort préventive d’opposants.
Pour rappel, c’est en 2014 qu’un quadragénaire sénégalais du nom de Ousmane Sonko a créé, avec d’autres cadres soucieux d’un meilleur Sénégal, un parti, PASTEF-Les Patriotes. Le
projet politique qu’ils ont proposé à leurs compatriotes et dont les mots-clés sont, entre autres, la souveraineté, le patriotisme économique, l’éthique en politique, la méritocratie, la transparence dans les affaires publiques, la bonne gestion des ressources naturelles, fait l’objet d’une persécution qui a fini par prendre l’allure d’un terrorisme d’État puisqu’elle procède
d’une démarche méthodique et systématique qui engage toutes les institutions étatiques ainsi que tous les moyens de contrôle et de contrainte relevant de la puissance publique. Ousmane Sonko est banni des médias publics. Les actes d’intimidation et d’agressions des forces de l’ordre à son encontre ne se comptent plus.
Le 16 février 2023, le monde entier a pu voir une unité d’élite de la Police nationale briser avec une violence inouïe la vitre de son véhicule, le gazer, avant de l’en extraire pour le conduire manu militari au Palais de justice de Dakar où il était convoqué pour une affaire de diffamation. Une clinique privée où il a été soigné a, par la suite, fait l’objet d’une perquisition et le directeur de cette structure a été persécuté, traîné dans la boue, déféré au parquet et mis sous contrôle judiciaire.
Les abus de surveillance concernant Ousmane Sonko sont légion. À tel point qu’un véhicule suréquipé des services de renseignement avait été immobilisé par sa garde rapprochée, aux abords de sa maison, en mars 2021. Le déni de justice le concernant est effarant. Député, le Parquet l’a fait convoquer en février 2021, sans éprouver le besoin de lever au préalable son immunité parlementaire.
Pour avoir dénoncé le braconnage des finances publiques, il vient d’être condamné dans une abracadabrantesque affaire de diffamation à... 200 millions de francs CFA de dommages et
intérêts, assortis d’une contrainte au corps et à six mois de prison avec sursis. Actuellement, près de quatre cents (400) militants de PASTEF-Les patriotes dont une quinzaine de cadres de son parti croupissent dans les geôles de Macky Sall pour délits d’opinion, de réunion ou de circulation. Des journalistes et des activistes qui ont eu le courage de lancer des alertes ou de dénoncer les injustices répétées contre Sonko sont en prison. Des étudiants affiliés à PASTEF ont récemment déploré des pressions qu’ils auraient subies, en milieu académique, du fait de leur affiliation politique.
Les droits élémentaires d’aller et de venir de Sonko sont régulièrement bafoués, au vu et au su de tous. Il est empêché de sortir du territoire national depuis mars 2021 alors qu’il est le maire de la ville de Ziguinchor. Son domicile est régulièrement barricadé sans aucun mandat décerné en ce sens par la justice. Cette semaine même, la caravane de la liberté qu’il a initiée a été traquée par un impressionnant dispositif sécuritaire qui a tiré frénétiquement des grenades lacrymogènes sur ses militants. Un citoyen sénégalais, un de plus, un de trop, vient de perdre la vie dans cette répression aveugle.
Rappelons qu’entre mars 2021 et maintenant, c’est une vingtaine de Sénégalais qui ont succombé à cette persécution. Ce dimanche 28 mai 2023, Ousmane Sonko a été enlevé aux
environs de Kounghel puis déporté à Dakar à bord d’une fourgonnette de l’unité d’élite d de la Gendarmerie nationale, le GIGN. Sa demeure est à nouveau assiégée et l’accès interdit à
ses plus proches collaborateurs.
Ce traitement inique fait au leader de PASTEF a été devancé, il faut bien le dire, par une cynique campagne de diabolisation contre sa personne. Ousmane Sonko a été, tour à tour, présenté comme un « terroriste », un « djihadiste », un « fasciste », un « populiste », un « rebelle », un « manipulateur », un « violeur », etc. En réalité, cette campagne de diabolisation sans précédent de Sonko avait pour objectif de le déshumaniser et de lui faire arborer le visage du monstre pour en retour le persécuter sans susciter l’once d’une indignation de l’opinion publique nationale ou d’un soupçon de condamnation de la communauté internationale.
Aujourd’hui, un lourd rouleau compresseur juridico-politique menace sa participation à l’élection présidentielle de 2024. Face à cette situation, nous, citoyens, intellectuels et universitaires sénégalais, qui avons librement choisi PASTEF comme formation politique, Ousmane Sonko comme leader, et JOTNA comme programme alternatif de sortie d’un système présidentialiste, néocolonialiste et clientéliste de prédation et de corruption, invoquons notre droit constitutionnel de résistance à l’oppression et appelons nos compatriotes à faire de même ! Car au fond, quels que puissent être le statut professionnel et la condition sociale à partir desquels nous observons cette heure sombre de l’histoire du Sénégal, il est un fait objectif : la démocratie sénégalaise n’est plus ! Nous nous réveillons à présent en tyrannie ! Désormais, des millions de Sénégalais savent que leurs libertés et même leurs vies, sont entre les mains de basses coteries dans lesquelles on échafaude de jeter le Sénégal dans la terreur. Désormais, on sait que toutes les paroles des nantis qui font partie de ces coteries sont juste pour se rassurer, juste pour nier, juste pour faire croire, juste pour entretenir, éventuellement, les litanies moqueuses qui se gargarisent des mots douteux de tous les régimes devenus fous, furieux et sanguinaires : « Force restera à la loi ! », « Quoi qu’il nous en coûte... ».
Aujourd’hui, comme hier d’ailleurs, des élites à la solde sont les jouets de la manœuvre, menant, pour quelques privilèges, la part bureaucratique, policière et judiciaire de la sale besogne. C’est dire que même structurellement déficiente et politiquement otage de quelques dirigeants, des indépendances à nos jours, jamais la démocratie sénégalaise n’avait été la vulgaire et meurtrière farce qu’elle est devenue avec le régime de Macky Sall. Qui aurait pu d’ailleurs sérieusement imaginer, surtout après les Assises nationales, que cette phase tragique de l’histoire du Sénégal serait un possible dans la série de tous les choix urgents et pertinents qui s’offraient à cette terre-mère nôtre ?
C’est pourquoi, nous convions à la résistance tous nos compatriotes soucieux de la cause du peuple et qui voudraient faire triompher son aspiration à une gouvernance démocratique fondée sur la souveraineté populaire et l’indépendance réelle. Il n’y a pas en réalité d’issue hors de ce droit constitutionnel qu’est la résistance ! Bien avant le « ce n’est pas la police mais le silence qui tue » qu’on a vu fleurir, ces dernières années, dans d’autres situations de résistance, Cheikh Anta Diop nous enseignait ceci : « Tous les intellectuels, tous les patriotes doivent comprendre que le combat que nous menons en ce moment est le leur ; c’est le combat qu’il importe de mener avec ténacité pour que l’ère des menaces grotesques, de la crainte, de la peur sous ses formes variées, économique, physique, soit révolue.
C’est le combat pour la vraie liberté individuelle, pour la dignité. Si des Bokassa et des Idi Amin Dada ont pu exister en Afrique, c’est parce que des intellectuels et des cadres africains ont abdiqué leur responsabilité, ont préféré ronger des os, au lieu de s’occuper de l’essentiel, c’est-à-dire de la sauvegarde des droits imprescriptibles du citoyen, pensant que cela
présentait moins de risques. Les intellectuels, tous les citoyens lucides, doivent opposer une résistance morale à l’arbitraire» (1979).
Liste des universitaires patriotes signataires ;
Pr Daouda NGOM, FST/UCAD
Pr Massamba DIOUF, FMPO/UCAD
Pr Alassane DIEDHIOU, UASZ
Pr Cheikh THIAW, USSEIN
Pr Mouhamed Abdallah LY, IFAN/UCAD
Pr Benoit TINE, UASZ
Pr El Hadj Babacar LY, UGB
Pr Diouma KOBOR, UASZ
Pr Ibrahima NDOYE, UCAD
Pr Aliou NDIAYE, FST/UCAD
Pr Abdoulaye GASSAMA, UFR SET/UASZ
Dr Oumar DIA, FLSH/UCAD
Dr Bakary SARR, FLSHA/UCAD
Dr Fatou DIOUF, FSJP/UCAD
Dr Samba KA, USSEIN
Dr El Hadji Sega GUEYE, Université Sorbonne Paris Nord
Dr Sekouna DIATTA, FST/UCAD
Dr Albino NDECKY, UGB
Dr Cherif Saloum DIATTA, UFR-SATIC/UCAD
Dr Mamecor FAYE, FST/UCAD
Dr Adama NDIAYE, USSEIN
Dr Pape Abdoulaye DIAW, UADB
Dr Ousmane CISSE, UCAD
Dr Thierno LY, IFEE/UCAD
Dr Diéry NGOM, UFR-SATIC/UADB
Dr Jean Jude DOMINGO, FST/UCAD
Dr Birahim DOUF, UADB
Dr Aliou SENE, FASTEF/UCAD
Dr Diome FAYE, FLSH/UCAD
Dr Mounirou DIALLO, FLSH/UCAD
Dr Jean Sibadioumeg DIATTA, FLSH/UCAD
Dr Bocar Kane, Université de Strasbourg
Dr Aminata SARR, UGB
Dr Babacar DIOP, FASTEF/UCAD
Dr Salif BALDE, ESEA/UCAD
Dr Mouhamed SARR, ENSETP/UCAD
Dr Mouhamed Lat Soukabé DIOP, UCAD
Dr Mamadou THIOR, UCAD
Dr Boubacar SOLLY, UASZ
Dr Boubacar CAMARA, UASZ
Dr Lamine BADJI, UASZ
Dr Abdoulaye Djidiack SARR, ESIEX
Dr Ibrahima KA, EPT/UCAD
Dr Ibrahima MANDIANG, UADB
Dr Ibrahima SY, FLSH/UCAD
Dr Mountaga DIALLO, FLSH/UCAD
Dr Samba SIDIBE, EPT
Dr Joseph Sambasene DIATTA, UASZ
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DES RUES DE DAKAR S'ENFLAMMENT À NOUVEAU
DERNIÈRE MINUTE SENEPLUS - Escalade des tensions et la confrontation entre les partisans de Sonko et les forces de sécurité - Deux bus de Dakar Dem Dikk ont été incendiés à Liberté 6 - Des voitures et un bâtiment ministériel brûlés
Des dizaines de manifestants ont affronté la police ce lundi, après que des députés ont été empêchés de se rendre chez Ousmane Sonko à la cité Keur Gorgui.
La police a utilisé des gaz lacrymogènes contre des groupes de manifestants qui avaient dressé des barricades improvisées le long d'une des principales routes de Dakar. Dans un quartier, des voitures ont été incendiées et un bâtiment ministériel a été incendié.
Par ailleurs, deux bus de Dakar Dem Dikk ont été incendiés à Liberté 6. Ces actes de vandalisme surviennent après le retour forcé d'Ousmane Sonko à Dakar par les autorités, mettant ainsi fin à sa "Caravane de la Liberté". Depuis lors, le domicile du leader de Pastef est placé sous haute surveillance par les forces de sécurité.
L'ancien ministre des sports, Matar Ba, se souviendra longtemps de la journée du 29 mai. Des jeunes, pour l'instant non identifiés, ont incendié sa résidence située à Sacré-Cœur. Les véhicules garés devant la maison ont également été réduits en cendres.
Ces événements témoignent de l'agitation croissante dans le pays, alimentée par des tensions politiques et les affaires judiciaires impliquant Ousmane Sonko. Les mesures de sécurité renforcées autour de la résidence de Sonko reflètent les préoccupations concernant l'ordre public et la stabilité politique. Les incidents de violence, tels que l'incendie des bus de Dakar Dem Dikk, soulignent l'escalade des tensions et la confrontation entre les partisans de Sonko et les forces de sécurité.
L'ancien ministre des sports, Matar Ba, se souviendra longtemps de la journée du 29 mai. Des jeunes, pour l'instant non identifiés, ont incendié sa résidence située à Sacré-Cœur. Les véhicules garés devant la maison ont également été réduits en cendres.
PAR Jean-Baptiste Placca
L'OUA A SOIXANTE ANS, ET MAINTENANT ?
La solidarité apparaissait comme une des valeurs essentielles qui ont présidé à la création de l’OUA. Elle n’a cessé de décliner au fil des décennies. L’on peine à désigner des leaders pouvant, aujourd’hui, incarner la conscience morale de notre Afrique
En pleine commémoration du soixantième anniversaire de la création de l’OUA, une petite enquête, diffusée dans Afrique Économie, cette semaine, sur RFI, vous semble révélatrice des carences de l’union continentale. L’enquête porte sur la guerre entre armée et paramilitaires au Soudan. Avec des conséquences économiques dévastatrices, jusque dans le nord de la Centrafrique. En quoi cette enquête, menée par Clémentine Pawlotsky, illustre-t-elle les lacunes de l’Union africaine ?
Dans notre exercice, la semaine dernière, la solidarité apparaissait comme une des valeurs essentielles qui ont présidé à la création de l’OUA. Elle n’a cessé de décliner au fil des décennies, hélas ! L’enquête d’Afrique Économie illustre le dédain que peuvent avoir certains dirigeants africains pour les autres nations : tout le contraire de la solidarité et de l’union. Ils ne s’interrogent même pas sur les conséquences, dans les pays voisins, des désordres qu’ils créent chez eux. Les interlocuteurs de Clémentine Pawlotsky ont dressé la liste d’un certain nombre de produits de première nécessité, avec les prix, tels qu’ils étaient avant la crise, et tels qu’ils sont, depuis le début de cette guerre fratricide. Tous les prix ont, au minimum, doublé. L’État centrafricain n’ayant pas les moyens de subventionner ces produits vitaux, c’est donc à une mort économique certaine qu'Al-Buhran et « Hemedti » condamnent, fatalement, les populations de la préfecture de la Vakaga, en Centrafrique. Irresponsabilité !
Faut-il comprendre que ces dirigeants n’ont pas conscience des conséquences de leurs comportements ?
C’est, en tout cas, du mépris pour les autres. Ils mettent leur pays à feu et à sang, et tant pis pour les conséquences que cela peut avoir au-delà de leurs frontières. Ces généraux ne se soucient nullement des drames considérables qu’ils causent à des populations de pays qu’ils disent pourtant frères. Cette enquête est plus éloquente que tous les bilans que l’on pourrait dresser de ces six décennies d’existence de cette Organisation qui devait pousser les peuples à s’unir, pour se renforcer mutuellement. Or, jamais les acteurs politiques et militaires n’ont autant contribué à affaiblir leurs propres peuples, leurs voisins, donc, l’Afrique, avec une déconcertante propension à exporter tous azimuts la paupérisation et l’insécurité qu’ils engendrent chez eux.
DROIT À LA DÉSOBÉÏSSANCE CIVILE ET À LA RÉSISTANCE NON VIOLENTE
EXCLUSIF SENEPLUS - À travers le leader de Pastef, c’est la trajectoire historique que le Sénégal prendra pour les prochaines décennies qui se détermine. Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas
L’histoire retiendra que le procès pour viol intenté contre Ousmane Sonko a été un procès politique perpétré par l’État du Sénégal contre un adversaire politique. Démonstration a en été clairement faite au cours de l’audience spéciale devant la Chambre criminelle de Dakar ce 23 mai 2023.
Il est apparu clairement que la Justice a été instrumentalisée pour « liquider » le président de Pastef, à tout le moins à l’empêcher d’être candidat à la présidentielle de 2024.
C’est pourquoi on a fait de cette audience spéciale un déballage pornographique : l’objectif étant non pas de faire jaillir la vérité mais de porter atteinte à l’honorabilité d’Ousmane Sonko, de le salir aux yeux des Sénégalais !
Voici un procès au cours duquel aucune preuve matérielle attestant du viol n’a été versée au dossier, les vidéos et audios annoncés depuis longtemps par l’accusatrice n’ayant jamais été produits. Tous les témoins appelés à la barre, à une seule exception près, ont déchargé Ousmane Sonko.
Voici un procès dont le ministère public même, face à l’absence de preuves matérielles a dû exprimer son « doute ». Et d’escamoter subrepticement l’accusation de « viol » pour lui substituer celui de « corruption de la jeunesse », notion vague et inique comme on le sait depuis au moins Socrate.
« M. le président, si toutefois vous ne pouvez pas qualifier des faits de viol, je vous prie de bien vouloir qualifier des faits de corruption de la jeunesse (détournement de la victime âgée de 19 ans au moment des faits par l’accusé) ». Et le Procureur de requérir dix ans de réclusion pour « viols » et cinq ans pour corruption de la jeunesse !
Le tour serait ainsi joué : Sonko out, la voie dégagée, « l’opposition réduite à sa plus simple expression », la victoire de monsieur Macky Sall pour un troisième mandat serait assurée. Le président grand seigneur, pourrait même se payer le luxe de se désister finalement, la pérennité du « système » étant assurée pour longtemps encore.
Le Sénégal face à son destin
En préparation du jugement attendu ce 1er juin, Ousmane Sonko exerçant son droit à la désobéissance civile et à la résistance non violente, veut en appeler au peuple sénégalais : c’est tout le sens de la Caravane de la liberté qu’il a lancé depuis deux jours à partir de Ziguinchor pour rallier Dakar par la route.
Or voici qu’à l’étape de Kolda déjà, les « forces de défense et de sécurité » se mettent en travers de sa route, jetant de grenades et tirant sur la foule, faisant encore un mort.
Il s’agit pour le camp du président Macky Sall de perturber et d’arrêter par tous les moyens cette Caravane. Il s’agit aussi d’intimider les Sénégalais. Les ministres Me Sidiki Kaba et Abdou Karim Fofana ont justifié d’avance ce dessein lors de leur conférence de presse de ce jeudi, en invoquant des cocktails molotov imaginaires et en assimilant gratuitement la Caravane de la liberté à …des « troubles à l’ordre public ».
Pourtant une telle marche pacifique, de désobéissance civile, de mobilisation du peuple contre l’injustice et pour le respect des droits humains n’est pas inédite. Elle a été initiée par les apôtres de la lutte pour les droits de l’homme et pour les droits civiques par la non-violence que sont le Mahatma Gandhi et le Révérend Martin Luther King.
On pense ici à la Marche du Sel que le Mahatma Gandhi entama le 12 mars 1930 pour dénoncer le monopole que le colonisateur britannique exerçait sur le sel et protester ainsi contre l’occupation de son pays. Gandhi sera arrêté au bout de 300 kilomètres et emprisonné. Mais le processus qui conduira à l’indépendance de l’Inde en 1947 était dès lors lancé.
On pense aussi aux marches pour les droits civiques des Noris américains initiées par le Révérend Martin Luther King, notamment à celle sur Washington le 28 août 1963 et celle de Montgomery à Selma de février 1965.
C’est l’inspiration de ces marches qui anime encore la lutte contre le racisme systémique des Africains Américains, notamment le mouvement du Black Lives Mater.
Et maintenant ?
Le Sénégal est à la croisée des chemins.
Comme en 1963, quand Mamadou Dia a été finalement liquidé par Senghor et le Sénégal maintenu dans son ancrage de néocolonie française.
À travers Ousmane Sonko, c’est la trajectoire historique que le Sénégal prendra pour les prochaines décennies qui se détermine.
Il s’agit pour nous, faut-il le répéter, d’instaurer une démocratie réelle en lieu et place de cette démocratie illibérale et corrompue, de fonder une République véritablement indépendante et souveraine basée sur la séparation effective des pouvoirs et garantissant le respect des droits et libertés des individus.
Il s’agit de créer un État capable d’amorcer un véritable développement économique, social et culturel et d’améliorer enfin la vie des Sénégalais.
Il s’agit aussi de fonder un État capable de contribuer à un véritable rassemblement africain au niveau de tout le continent et de sa diaspora.
Les jeux sont faits.
Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas ou qu’il n’avait pas compris ce qui se jouait. À chacun d’entre nous de se déterminer.
PS : J’entends bien les états d’âme de mes amis « droits de l’hommistes », démocrates et féministes sincères sur les propos injurieux d’Ousmane Sonko à l’endroit de son accusatrice. Mais comme le dit un autre de mes amis « comment reprocher à un homme qui a la tête sur le billot de hurler ? »
J’ajouterai qu’il ne s’agit pas pour nous d’élire à la tête du Sénégal un Saint homme, quelqu’un « Bou Sell » comme certains zélotes parmi nous le revendiquent, il est vrai.
Il s’agit seulement d’élire un homme capable de mettre en œuvre pendant son mandat le programme de révolution démocratique, souverainiste et panafricaniste que nous voulons.
Comme on le sait, le président Donald Trump a fait face pendant toute sa campagne électorale à des accusations d’infidélités conjugales, de viols et autres délits sexuels. L’État américain ne s’est pas saisi de ses accusations pour empêcher sa candidature.
Les Américains ont par la suite estimé dans leur majorité que M. Trump était digne d’être président des États-Unis. Et il me semble qu’il a exercé sa fonction à la satisfaction des Américains qui l’ont élu.
Les exemples sont nombreux à travers le monde, d’hommes politiques, de John Fitzgerald Kennedy et Bill Clinton aux États-Unis à Anwar Ibrahim en Malaisie, à François Mitterrand en France, accusés de délits sexuels, qui ont été par la suite élus démocratiquement et qui ont rempli honorablement leurs fonctions.
PAR Ciré Clédor Ly
LA DÉCADENCE DE L'ÉTAT
Le procès du 23 Mai a fini de convaincre les plus réservés, sur l’implication et la participation consciente de certains acteurs de la société au complot d’État ourdi contre le leader de Pastef
Le procès du 23 Mai a fini de convaincre les plus réservés, sur l’implication et la participation consciente de certains acteurs de la société au complot d’État ourdi contre le leader de Pastef, pour éliminer durablement ce dernier, non seulement de toute fonction élective, mais également de toute fonction publique avec une mort civile civique et politique.
Il a aussi permis de se convaincre de la décadence de l’Etat qui ne se fixe aucune limite pour atteindre ses objectifs, avec des détentions abusives et arbitraires de tous ceux qui sont soupçonnés être contre le 3ème mandat, des atteintes aux droits de la presse libre et indépendante, les atteintes à la liberté de circulation, les atteintes à la liberté d’opinion et de critiques des institutions, les atteintes graves au droit de participer aux affaires publiques de son pays et de compétition aux élections, les atteintes à la vie privée et à l’intimité des personnes avec l’usage des réseaux sociaux dont les administrateurs peuvent être identifiés, les menaces et usage de violences avec l’utilisation d’une force disproportionnée contre la population civile sous le couvert de la protection de l’ordre public, le jugement d’une accusée sans l’assistance d’un Avocat (de l’ouverture du procès à la mise en délibéré) pour jugement être rendu au 1er juin 2023, sacrilège suprême ……
Le réquisitoire du Procureur de la République s’abaisse comme une demande d’abandon des charges contre le principal opposant du Régime politique en place, décidé de l’écarter de la compétition pour l’accession à la magistrature suprême.
Il y a lieu de rappeler des principes basiques du droit criminel :
1- L’acte d’accusation qui est l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction, fixe définitivement et irrévocablement les limites de la saisine de la juridiction de jugement, et l’accusé Monsieur Ousmane Sonko n’a jamais été entendu au cours de l’information sur des faits relatifs à la corruption de mineurs, de même que du point de vue de la procédure et de la technique juridique, le juge d’instruction n’avait pas provoqué une demande de supplétif et le parquet non plus n’avait pas pris un réquisitoire supplétif pour étendre les poursuites à la corruption de mineurs de moins de 21 ans.
2- Seuls le présumé viol et les menaces de mort ont fait l‘objet de mise en accusation.
Les juges ne peuvent donc suivre le Procureur de la République dans ses errements et devraient dans la logique de leur serment acquitter les accusés et bouter la politique hors du prétoire.
3- Les présumées menaces de mort ne peuvent être poursuivies distinctement du crime de viol qui l’absorbe en tant qu’élément constitutif de l’infraction.
4- Le cumul réel d’infractions est juridiquement impossible en l’espèce. Le juge d’Instruction et le Parquet ont péché par manque de sérénité et de discernement.
5- La disqualification du crime de viol en délit de corruption de mineurs relève d’un sport intellectuel auquel ne peut se livrer aucun juge surtout aux vues des éléments développés supra.
6- En Droit criminel, chaque infraction protège une valeur sociale et la disqualification comme la requalification ne se conçoivent que sur la même échelle de la valeur sociale protégée.
Les juges du 23 Mai se trouvent dans l’impossibilité juridique de disqualification.
7- Ma conviction est qu’il existe quelque part dans chaque Nation, des juges qui préservent leur âme de toutes les tentations et qui soient capables et prêts à assumer leur idéal de justice et de dire NON lorsque cela s’impose.
8- Le jugement qui sera rendu le 1er juin engagera un pays et pourrait influencer le comportement de plusieurs autres nations.
9- Les juges de Ndèye Khady Ndiaye, de Ousmane Sonko et de Adji Sarr sont déjà entrés dans l’histoire. Ce que l’histoire retiendra d’eux est différé au 1er juin 2023.
Ciré Clédor Ly est membre du pool des avocats d'ousmane Sonko.
PAR Gilles Yabi
TOUS LES MOYENS NE SONT PAS BONS POUR CONSERVER LE POUVOIR OU POUR LE CONQUÉRIR
Le Sénégal s’évertue à suivre l’exemple de la Guinée et de quelques autres pays africains avec des cycles récurrents de tensions, de manifestations, de répression, d’arrestations, de déploiement massif de forces de sécurité
Le 18 mars dernier, vous alertiez sur cette antenne sur la « tentation du chaos » au Sénégal. Se rapproche-t-on du chaos aujourd’hui, Gilles Yabi, alors qu’Ousmane Sonko a appelé à une mobilisation populaire pour l’accompagner à Dakar, à quelques jours du jour du verdict du procès qui s’est déroulé en son absence le 23 mai ?
Heureusement, le scénario du pire n’est jamais sûr. Mais le seul fait que le scénario du chaos fasse partie des scénarios possibles est déjà très inquiétant. Parmi les différents scénarios, celui du pire me semble même plus probable que celui qui verrait la tension politique et sociale chuter à quelques mois de l’élection présidentielle de février 2024.
Je ne commenterai pas le procès pour viols de l’homme politique Ousmane Sonko dont on attend le verdict le 1er juin, ni les prolongements par des déclarations d’une indélicatesse affligeante. Le coût économique et social pour le Sénégal, en plus des vies de jeunes perdues depuis mars 2021, est déjà considérable. Des amis de certains pays voisins du Sénégal, comme des Guinéens avec lesquels j’échangeais ces derniers jours, ne comprennent pas que le Sénégal s’évertue à suivre l’exemple de la Guinée et de quelques autres pays africains avec des cycles récurrents de tensions, de manifestations, de répression, d’arrestations, de déploiement massif de forces de sécurité.
Version remaniée et actualisée de sa thèse soutenue à l’université Paris VII, l’ ouvrage de Céline Labrune Badiane, s’est attachée à identifier les dynamiques politiques, économiques et sociales
Une histoire de l’institution scolaire en Casamance 1860-1960
On retrouve dans cet ouvrage tous les enjeux de la scolarisation dans les pays sous domination coloniale, avec la volonté de former des cadres supplétifs, susceptibles de répondre aux besoins de la puissance impériale. C’est ainsi qu’au Sénégal, la première charte de l’enseignement pilotée en 1903 par le lieutenant-gouverneur, Camille Guy, était « essentiellement pratique et professionnel », avec un contenu tenant compte essentiellement des potentialités du milieu.
Faisant « office de colonie d’avant-garde dans le processus de scolarisation », le Sénégal a bénéficié d’un ensemble d’infrastructures post primaires, à travers notamment l’implantation de l’Ecole Normale d’Instituteurs et d’autres structures professionnelles. Les quatre communes qu’étaient Gorée, Rufisque , StLouis, Dakar, ont grandement profité de l’ offre scolaire coloniale du fait de leur statut particulier. L’auteure établit ainsi, qu’à partir de 1895, dans le cadre de la communauté de l’Afrique occidentale française (Aof) , s’était fait sentir en plus d’un maillage administratif, un besoin de formation d’agents locaux subalternes.
Pour ce qui est de la Casamance, objet d’étude de cet ouvrage, seuls les centres administratifs ont été dotés d’écoles dont les premières ont été ouvertes à Sédhiou, Carabane et Ziguinchor. Ces implantations ont correspondu à des « localités où la France disposait de garnisons, d’une administration et de maisons de commerce ». Dans cette mission d’éducation, il est à relever le rôle primordial dévolu à l’Eglise, avec des missionnaires beaucoup plus soucieux de propager la religion catholique. Toutefois ce rôle important dans la construction et le développement de l’œuvre scolaire en Casamance, sera quelque peu freiné par le combat anticlérical remporté en 1903 en métropole par les Républicains. Vu que le processus de scolarisation était principalement assuré par les congrégations religieuses, il s’en est suivi un contrôle exclusif par l’administration coloniale de l’instruction publique, du fait de l’inadéquation entre les objectifs, les méthodes des écoles congréganistes et la politique coloniale en matière d’enseignement.
On y retrouve aussi des disparités de genre dans le processus de scolarisation. Alors qu’il était « d’une fille pour 3 garçons scolarisés avant la laïcisation de l’enseignement » l’écart s’était considérablement creusé. Il y avait une mauvaise fréquentation des écoles du fait des tâches domestiques, économiques, liées à la culture des terres. Les absences étaient pour beaucoup en rapport avec le calendrier agricole de même qu’aux structures éducatives parallèles comme l’école coranique.
Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que les effectifs féminins ont commencé à décoller.
L’école avait aussi un impact économique avec la formation de futurs consommateurs et producteurs. Il ressort comme l’a noté le Pr Ibrahima Thioub, qu’au-delà du rôle de la langue française comme véhicule de la culture coloniale, l’école agit « nécessairement sur l’identité, l’être , le corps et le destin de ceux qui l’ont fréquentée ». Aussi « avec la scolarisation ont émergé de nouvelles formes de sociabilités, de nouvelles habitudes de consommation, de nouvelles pratiques culturelles (théâtre, dancing », de nouvelles modes vestimentaires propres aux « jeunes » scolarisés ». Céline Labrune Badiane souligne par ailleurs plusieurs liens entre l’école et le conflit casamançais avec notamment à partir des années 1970, l’impasse dans laquelle s’engageait l’école en n’offrant plus les débouchés espérés. Il est aussi question des luttes de pouvoirs autour de l’école dont le refus est vécu comme la manifestation d’une défiance vis-à-vis du système colonial ou alors son attractivité comme moyen d’ascension sociale. Et ont défilé des noms qui continuent d’avoir une certaine résonnance dans la région, notamment Arfang Sonko, qui a contribué au développement de l’école dans le Boulouf, contrairement à Benjamin Diatta, chef de la province d’Oussouye, qui n’avait créé aucune école au cours de son règne. Parler de l’école en Casamance, c’est aussi forcément faire un clin d’œil à des exemples de réussite qui ont eu un impact sur la scolarisation en Casamance. Emile Badiane, sorti en 1935, major de sa promotion de l’Ecole Normale William Ponty. Assane Seck, universitaire et homme d’Etat, ancien Pontain. Paul Ignace Coly..
Version remaniée et actualisée de sa thèse soutenue à l’université Paris VII, l’ ouvrage de Céline Labrune Badiane, maîtresse de conférence en histoire contemporaine à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, s’est attachée à identifier avec brio les dynamiques politiques, économiques et sociales qui permettent d’appréhender les logiques qui ont prévalu dans les politiques de scolarisation dans les pays sous domination coloniale.