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28 novembre 2024
Opinions
PAR Momar Dieng
MACKY SALL, ÉCHEC ET IMPASSE
Le chef de l’Etat, actionnaire majoritaire de la tragédie sénégalaise qui s’offre en spectacle au monde, en porte une énorme part de responsabilité en remettant en cause lui-même son impossible candidature à l’élection présidentielle de 2024
Innocenté par le tribunal criminel qui le jugeait (en son absence) des accusations de viols et menaces de mort proférées par une mythomane grassement entretenue par des forces occultes, Ousmane Sonko est sorti grandi de ce qui aura été jusqu’ici l’épreuve majeure de sa jeune carrière politique. Le verdict des juges en sa faveur – mis à part le subterfuge politicien utilisé en dernière instance pour sauver la face à certains – lave publiquement son honneur et celui de sa famille au terme d’une campagne de dénigrement sertie autour d’une violence inouïe qui attendra longtemps avant de trouver un équivalent dans l’histoire des adversités politiques sénégalaises.
La désormais sanglante journée du 1er juin 2023 a fait son entrée fracassante au panthéon des grandes dates de la violence politique au Sénégal. Le président Macky Sall s’en souviendra longtemps encore après avoir promis, au lendemain des événements meurtriers de mars 2021, que « cela ne se reproduira plus jamais. » L’histoire a bégayé ! Et c’est pour lui rappeler que la gouvernance d’un pays ne se fait jamais durablement contre ses populations, contre leurs aspirations, contre les principes fondamentaux de justice, d’équité, de bons sens. L’arrogance, la volonté de puissance, le mépris, l’intolérance, l’illusion de l’invincibilité, voilà des mauvaises conseillères qui ont de tout temps et en tout lieu corrompu les capacités de jugements des ‘’princes’’.
« Force restera à la loi », ânonnent à longueur de journée des bataillons de politiciens sans vergogne et dont l’utilité publique n’est pas toujours à la hauteur des prébendes qui les font vivre au crochet généreux du bien public. Ils parlent de « la loi » transformée en un grotesque instrument judiciaire de liquidation d’adversaires politiques. Ils parlent de « la loi » qui discrimine les citoyens selon qu’ils appartiennent à une chapelle X ou Y. Ils parlent de « la loi » qui ferme les yeux sur les appels publics à la violence et au meurtre suivant qu’ils sont proférés par certains et pas par d’autres.
Ce sont toutes ces entraves à un fonctionnement normal de la justice dans notre pays qui indignent et exaspèrent les Sénégalais dans leur chair, la persécution d’Etat contre Ousmane Sonko n’en étant que le reflet grandeur nature. C’est cela l’échec majeur du Macky Sall président de la République après la version Bêta qui nous avait vendu des nouilles pour accéder à la magistrature suprême. Il nous a eus, et dans l’ordre !
Le chef de l’Etat Macky Sall, actionnaire majoritaire de la tragédie sénégalaise qui s’offre en spectacle au monde, en porte une énorme part de responsabilité en remettant en cause lui-même son impossible candidature à l’élection présidentielle de février 2024. C’est cela la pierre angulaire de ce chaos ambiant qui nous menace tous. A la gravité de son serment constitutionnel et de ses engagements personnels, il a osé opposer en dernière instance des considérations du juge constitutionnel et des « circonstances politiques » contraignantes pour lui. Cette posture de reniement rampant apparait comme le soubassement des dérives autoritaires mises en œuvre par des organes sécuritaires qui ne semblent plus avoir de limites légales. Leurs pratiques ont radicalement changé le visage de la démocratie sénégalaise et la valeur du principe de liberté dans l’espace public. Nous ne sommes pas loin d’un régime d’exception inédit pour notre pays.
En être là en 2023, à devoir tenir des statistiques autour de toutes ces vies (jeunes) fauchées parce que certains ont décidé de privatiser la justice, à assister à la destruction de biens publics et privés et d’infrastructures nationales coûteuses. En être là en 2023, à devoir enchaîner des jours entiers d’improductivité économique pour un pays quasiment sous tutelle de Bretton Woods. En être là en 2023, à devoir subir des perturbations scolaires et universitaires dans un système souffrant déjà de graves lacunes. En être là en 2023, douze ans après les déflagrations ayant accompagné la fin de pouvoir d’Abdoulaye Wade, à batailler encore sur le nombre de mandat. En être là en 2023 n’est signifiant que d’une réalité : impasse et échec.
Les événements sanglants du 1er juin 2023 n’honorent pas le Sénégal, certes, mais il est encore temps de renouer avec notre culture démocratique, seul garant de notre survie collective. Cela passe par un retour à une sorte d’état de nature où tout roulerait comme sur des roulettes. Cela donnerait un Président raisonnable qui doit se convaincre définitivement que son magistère n’ira pas plus loin que février 2024 conformément à la Constitution qu’il a fait voter. Des opposants raisonnables dont les ambitions ne sauraient être contradictoires à l’intérêt général. Une justice raisonnable qui exerce ses pouvoirs en liberté et indépendance, à l’ombre du peuple souverain.
par Prof Mary Teuw NIANE
LIBÉREZ LES RÉSEAUX SOCIAUX
On ne peut pas arrêter la mer avec ses mains disait le président Lamine Guèye. Il est impossible d’arrêter la vague impétueuse du combat pour la liberté notamment la liberté d’expression.
On ne peut pas arrêter la mer avec ses mains disait le président Lamine Guèye.
Il est impossible d’arrêter la vague impétueuse du combat pour la liberté notamment la liberté d’expression.
Ces mains menues qui brisent les chaînes silencieuses de l’assujettissement à un pouvoir qui cherche coûte que coûte à se reproduire et à se pérenniser vont se démultiplier au fur et à mesure que la répression inadmissible continue à s’intensifier.
Ces multitudes de voix venues des toutes les contrées s’élèvent outrées pour s’opposer à l’autoritarisme qui tente vainement d’envelopper ce peuple libre grouillant d’une joie de vivre explosive dans un silence glacial d’un peuple soumis qu’il n’est pas.
Les solidarités intergénérationnelles se nouent, se tissent et se fortifient chaque jour que la faucheuse aveugle assassine une jeune pouce dont l’avenir prometteuse est brutalement interrompue.
Ils sont un, dix, vingt, bientôt trente, emportés à la fleur de l’âge, à l’âge où tous les rêves sont possibles, à l’âge où les parents construisent l’espoir de leur futur sur leur progéniture en pleine croissance.
Ils sont partis emportant avec eux l’espoir de leurs parents, semant la désolation d’un peuple qui perd ses enfants et amplifiant la lutte irrésistible de tous ceux qui veulent la paix et la sérénité d’une nation retrouvée.
Ceux qui nous gouvernent pensent, en coupant les réseaux sociaux, en ralentissant Internet, stopper le commerce, la communication et la palabre entre les Sénégalais.
Ils croient pouvoir ainsi endiguer la vague de colère que leurs faits et gestes inadmissibles produisent. Ils se trompent. Ils ne font qu’amplifier le désir de défiance à l’autorité illégitime, à l’institution injuste et à un pouvoir qui pose des actes de privation de liberté, de répression implacable et d’arrogance qui terrorise.
Nos compatriotes sont intelligents et ingénieux.
Beaucoup d’entre eux ont d’ores et déjà trouvé les applications pour contourner ces restrictions d’un autre temps.
Le Sénégal se classe désormais dans la liste peu enviable des régimes autoritaires dont la prétention est de contrôler la parole, les actes et la mobilité de leurs citoyens.
Il est heureux de savoir que tous ces régimes politiques ont échoué dans leur prétention à vouloir mettre sous contrôle la liberté d’expression, de penser et de parler de leur peuple.
Cette décision honteuse de suspendre les réseaux sociaux n’empêchera pas les Sénégalais d’exercer leur droit inaliénable à la liberté d’expression.
Elle ne fera que classer notre pays dans la liste des pays autoritaires et des États qui ont de graves manquements dans les principes de l’État de droit.
Bientôt notre pays sera la cible des communiqués des responsables de organisations africaines et internationales. De Médecin de la démocratie dans le monde, notre pays va devenir le malade des libertés sur lequel se pencheront les pays africains et organisations internationales.
Pour le droit à la liberté d’expression, levez ces mesures dérisoires de suspension des réseaux sociaux !
Sénégal, Abdoul Aly KANE
COMMENT SORTIR DE L’IMBROGLIO POLITICO-JUDICIAIRE DANS LEQUEL LE SENEGAL EST ENGLUE ?
Le Sénégal d’aujourd’hui ressemble à un western spaghetti de série B.
Le Sénégal d’aujourd’hui ressemble à un western spaghetti de série B.
Pour ceux qui s’en souviennent, Sergio Leone, talentueux metteur en scène italien, avait imaginé tourner une parodie de western américain, dans des décors européens ressemblants, la recette étant de mettre en avant un acteur vedette américain (en l’occurrence Clint Eastwood dans la trilogie des « dollars »), entouré d’acteurs italiens auxquels il était demandé de tirer à tout va, avec des pistolets à mille coups.
L’affaire Adji Sarr/Ousmane Sonko ressemble à s’y méprendre à un western spaghetti mettant en situation un acteur principal, Ousmane Sonko, et des acteurs de second plan mal doués pour leurs rôles et difficilement crédibles du fait de leurs moultes contradictions, avec un scénario de bas niveau à l’écriture confiée à des petites inexpertes.
Le peuple avait déjà dénoncé le déni de justice, et voilà que le verdict de ce jeudi a disqualifié les crimes de viol et de menaces de mort reprochés à Ousmane Sonko pour retenir en définitive que le délit de « corruption » de la jeunesse ».
Tout ça pour ça serait-on tenté de dire.
Malheureusement, ce navet cinématographique a complètement esquinté un Sénégal déjà fatigué et tenu en haleine depuis plus de deux années durant lesquelles les populations ont connu la maladie du COVID et ses dégâts, la baisse drastique de leur pouvoir d’achat, et une création nette d’emplois négative si l’on compare les arrivées de demandeurs sur le marché du travail aux destructions d’emplois dues aux fermetures d’entreprises, aux emplois créées dans le « xéyu ndawyi ».
Les chefs religieux au faîte de l’organisation spirituelle nationale sont dépassés et cloués au pilori sur les réseaux sociaux qui ont fini, eux aussi, de représenter des centres d’information justes et adaptés à la demande de rapidité dans la livraison de l’information exprimée par une jeunesse désabusée par le ronron des médiats mainstream. Les pare feux traditionnellement sollicités pour coordonner un dialogue national indispensable pour lever les incompréhensions et surtout entendre les désiderata, ont été usés jusqu’à la corde à l’instar de Famara Sagna.
De 2021 à 2023, la situation sociale s’est dégradée
Les adversaires politiques, devenus ennemis, conviennent tous qu’on est entré dans la phase finale de l’affrontement tant les espaces et canaux de dialogue et de communication habituels ont perdu de leur efficacité.
A la veille du verdict de l’affaire Ousmane Sonko/Adi Sarr, le Président Sall vient de lancer un nouveau dialogue national dont les calculs politiques sous-jacents n’ont échappé à aucun observateur averti du jeu politique et de ses enjeux actuels.
En réalité, ce dialogue des forces vives de la nation n’est rien d’autre qu’une opération de marginalisation d’un adversaire politique condamné d’avance à une inéligibilité à la prochaine élection présidentielle.
Comme une sorte de cautère sur une jambe de bois, le Prince informe au détour d’un semblant d’énervement sur la question du 3ème mandat qu’il n’exclue pas ce point des termes de références. D’ailleurs, a-t-il dit, sa non-participation à ce scrutin est négociable, le prix à payer par les demandeurs étant la courtoisie, le respect et la considération (njekk).
A l’observation, on remarque que le Président n’a donné la parole à aucun des ténors de l’APR durant cette séance de lancement, ni aux communicateurs traditionnels dont les louanges dithyrambiques auraient enlevé toute l’impartialité requise lorsque les idées s’affrontent.
S’agit-il d’une nouvelle ruse du Prince ? On serait tenté de le penser si l’on se réfère aux résultats stériles des exercices précédents.
Ce dialogue est-il sincère et inclusif ? Nous ne le pensons point. Dialoguer sans Ousmane Sonko et le Pastef est un leurre dans la situation actuelle.
Si tant est que l’idée avait traversé les esprits des initiateurs, il aurait fallu rendre Sonko libre de ses mouvements dans un premier temps, et déconstruire tous les scénarii (terrorisme djihadiste, forces spéciales et autres rébellions) qui ont mené au cachot un grand nombre de militants de cette organisation politique.
Il aurait été inconfortable pour Ousmane Sonko de participer à un dialogue national dans ces conditions. Dans le même ordre d’idée, le Président SALL n’avait sans nul doute aucune intention d’inviter Sonko à un dialogue, sauf à l’amener à se déconsidérer aux yeux de ses partisans.
Si le dialogue national est le moyen destiné à présenter une configuration du panorama des élections et à la faire valider par une assemblée de notables et de partis non alignés, avec la présence de candidats potentiels crédibles comme Khalifa Sall pouvant rendre digeste l’absence d’Ousmane Sonko, s’il consiste en réalité à choisir des candidats et à en éliminer d’autres, en particulier Ousmane Sonko, il est évident, au vu de l’actuelle dégradation du climat politique, que l’on file tout droit vers l’échec.
Les deux protagonistes principaux tirent sur la corde ; elle risque de se casser à très court terme.
Certains crient : « foutons le au gnouf », en réponse, d’autres assènent « brûlons tout, on reconstruira après ».
Il est clair pour nous que l’élimination de Sonko du jeu politique est porteuse de destructions en tous genres, si l’on se réfère aux évènements de Ziguinchor et de la Caravane de la Liberté interrompue.
Depuis l’annonce du verdict de ce procès, les foyers de contestation et de destruction de biens publics et privés se sont démultipliés. Le pays a-t-il la capacité de porter la lourde charge du « GATSA GATSA » VS « FORCE RESTE A LA LOI », et le tout « quoiqu’il puisse en coûter » ?
Je ne le crois pas.
Tout détruire n’est pas responsable alors que les dettes ayant servi à réaliser ces biens et infrastructures demeurent, et que leur remboursement conditionne la qualité de la signature du pays dans les marchés financiers incontournables pour le financement des investissements longs.
Concernant la prochaine présidentielle, le Président Sall doit répondre à deux défis majeurs sur la candidature qui représentent les deux faces d’une même médaille. Il s’agit de présenter sa propre candidature au risque de se dénier au regard des engagements pris sur la question et, dans le même temps, d’éliminer la candidature de Sonko.
Le report des élections à 2026 permettrait au Président de différer les urgences. Il doit être dans l’idée des initiateurs de cette formule, de préparer sereinement l’amnistie envisagée pourles candidats potentiels, à savoir Khalifa Sall et Karim Wade, et étudier les conditions de son extension à Ousmane Sonko en 2026.
D’ici là, une épée de Damoclès serait suspendue sur sa tête.
Bien entendu, il ne s’agit ici que de politique fiction mais tous les scenarii doivent être mis en perspective car il s’agit d’un moment crucial de la vie de notre nation.
Ce scénario ne serait bien entendu valable que pour autant que le Président Macky Sall reste le maître du jeu.
Pour l’instant, la violence destructrice s’installe et touche particulièrement les biens publics et privés. Le lancement du dialogue national n’a pas été un franc succès du fait de son impréparation et de son caractère exclusif. Il a fait l’impasse sur Ousmane Sonko et la jeunesse qu’il incarne qui tiennent le pays en haleine depuis quelque temps, l’impasse sur l’économie et sur les questions de gouvernance.
Sur l’économie, des vérités doivent être dites en commissions au-delà du consensus observé quant à une réussite étayée par des réalisations d’infrastructures visibles et de taux de croissance consensuellement salués sans interrogation sur les transferts de revenus sociaux qu’ils auront permis, encore moins sur les transformations structurelles réalisées sur les diverses filières d’activités.
Les dégagements des participants sur les perspectives ouvertes par l’exploitation du gaz et du pétrole ont vite fait de clore la question. Un dialogue national non centré sur l’emploi des jeunes, dans une configuration où 60 % de la population a moins de 25 ans, exclut la grande majorité de la population.
Attention, le Président SALL n’est pas le seul responsable du sous-emploi structurel dans notre pays. Celui-ci est induit par un modèle économique datant de la colonisation perpétué par ses dirigeants successifs en charge de nos destinées depuis 63 ans.
Seulement, c’est pendant son magistère que les attentes de la jeunesse sont les plus fortes, et le désespoir plus grand..
Changer de paradigme devient, dans ces conditions, une urgence nationale, et le consensus « transpartisan », une exigence.
Le mythe de l’homme providentiel ou d’un Deus ex Machina qui apporterait une solution miracle pour sortir notre pays du sous-développement économique a vécu.
Bâtir un consensus sur les grandes orientations économiques, c’est parler le même langage de défense des intérêts nationaux en tout temps, au-delà des alternances politiques.
Nettoyer le programme économique de son prédécesseur sous le prétexte que le sien est meilleur, soumet le pays à des discontinuités dans les plans de développement. La force des dirigeants n’est point dans le regard de ceux qui les appellent « homme fort » ou qui vantent leur leadership. Elle réside plutôt dans leur capacité à mobiliser les citoyens sur des orientations économiques qu’elles finissent par s’approprier.
Le Sénégal a perdu beaucoup de temps. Le bruit, la fureur et l’adversité nous ont empêchés depuis 2019 de nous entendre sereinement sur les enjeux fondamentaux. Les élections étant dans 8 mois à peine, les critères de choix des citoyens tourneront autour de la confiance ou la peur, du conservatisme ou l’aversion pour le changement, tout cela au détriment des programmes économiques proposés par les prétendants, les citoyens n’ayant eu au préalable aucune information en la matière ni de temps disponible pour apprécier les offres politiques.
Cette échéance sera d’autant plus à risques que l’invalidation de la candidature d’Ousmane Sonko a été judiciairement actée à la fin d’un procès pour viol qui a tourné court.
En toutes hypothèses, éliminer de la compétition électorale le leader d’une jeunesse désespérée est gros de danger pour la tenue d’élections apaisées et la paix civile.
Imposer ces consultations, c’est prendre le risque d’un désordre assuré et ancrer les forces de défense et de sécurité dans l’affrontement avec les jeunes manifestants, dont nous avons en temps réel les avant-goûts.
PAR Ousmane Ndoye
DES INSTITUTIONS OU QUAND L’APPRENTI-SORCIER MENA SON PAYS AU CHAOS
Il nous faut nous attendre à ce qu’il ne s’arrête pas jusqu’à la catastrophe : quand il forcera sa 3e candidature ? quand il perdra les élections et refusera de céder le pouvoir ?
La crise politique actuelle au Sénégal démontre, s’il en était encore besoin, la nécessité d’avoir des institutions crédibles. Malheureusement, les institutions du Sénégal ont été fortement affaiblies durant ces vingt dernières années. Au passage du président Abdoulaye Wade, elles l’étaient déjà. L’espoir était permis d’une refondation de ces institutions avec l’avènement du nouveau président Macky Sall qui avait eu la chance de bénéficier de la dynamique des Assises nationales et avait lui-même enclenché un processus visant la refondation avec les travaux de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI). Malheureusement pour le Sénégal, les calculs politiciens de maintien du pouvoir ont prévalu et les conclusions de la CNRI ont été mises dans les tiroirs pour être remplacées par un toilettage cosmétique porté par un référendum qui n’a pas réformé grand-chose. La décrédibilisation des institutions entamée sous l’ère de l’ancien président s’est ainsi poursuivie.
Le nouvel élu a commencé par l’institution présidentielle entachée par l’affaire du pétrole et du gaz sénégalais au cœur duquel se trouvait son frère qui bénéficiait de sa signature de contrat malgré les recommandations contraires de l’Inspection Générale d’Etat (IGE). Puis vint le tour de l’Assemblée nationale où les députés de la liste de la majorité furent choisis par le président de la République, pour une institution censée contrôler l’Exécutif. Puis la Justice, devenue bras armé pour la liquidation d’adversaires politiques dont un se retrouvait exilé et un autre condamné dans la ligne droite de la course à la Présidentielle de 2019. Utilisant l’immense étendue de son pouvoir financier et de nomination, le nouveau président avait détruit au passage toutes les forces politiques et sociales qui pouvaient constituer une menace pour son pouvoir absolu, et, la nature ayant horreur du vide, il ouvrait la voie à l’émergence de forces politiques et sociales d’un nouveau type.
Toutefois, encouragé par l’acceptation de l’injustice par une frange de la population et sa réélection, le président maintint son cap pour poursuivre son entreprise de liquidation des forces adverses, avec toujours les mêmes méthodes.
Pendant qu’une partie de l’opinion vantait son génie politique, nous avons toujours pensé que cet apprentissage de la sorcellerie mènerait un jour le pays au chaos. Malheureusement, l’histoire nous a donné raison. Aujourd’hui, notre pays est au creux de la vague, avec une crise politique profonde, doublée d’une crise économique et sociale, avec son lot de violences, de morts et de destructions, à quelques mois d’une élection présidentielle où les principaux candidats de l’opposition ont été rendus inéligibles et le président sortant maintenant le flou sur une 3e candidature que la Constitution du pays n’autorise pas.
En définitive, l’apprenti-sorcier a piégé la démocratie sénégalaise, mais aujourd’hui le piège se referme sui lui-même, et in-fine sur un peuple sénégalais meurtri et désemparé. Et comme avec tous les apprentis-sorciers, il nous faut nous attendre à ce qu’il ne s’arrête pas jusqu’à la catastrophe : quand il forcera sa 3e candidature ? quand il perdra les élections et refusera de céder le pouvoir ?
Les enseignements ?
Les institutions d’un pays sont trop sérieuses pour qu’on joue avec, qu’on en use et en abuse ;
Un citoyen doit rejeter toute injustice même quand cette injustice s’abat sur des personnes ou des organisations qu’il n’aime pas, car à terme cette injustice ne touche pas seulement ceux qui en sont victimes mais tout le monde peut en subir les conséquences ;
Le peuple sénégalais doit être plus exigeant avec ses dirigeants, et, concernant le Président de la République, dès le début de son 1er mandat, en particulier sur la question de la refondation de nos institutions. En effet, une fois que le Président est encouragé dans l’apprentissage de la sorcellerie, il ne connait plus les limites et c’est la voie vers les dérives qui mènent au chaos. Cette exigence du peuple devra s’appliquer à tous nos futurs Présidents, car, malheureusement pour les peuples, les apprentis-sorciers ne sont pas une espèce rare ;
Si le peuple perd le combat en cours, les prochains combats - quand le président sortant forcera sa 3e candidature ou quand il perdra les élections et refusera de céder le pouvoir - seront sans nul doute plus désastreux et sanglants, car les limousines des apprentis-sorciers ragaillardis n’ont malheureusement pas de freins.
par Mamadou Oumar Ndiaye
MONSIEUR LE PRESIDENT, PAS D’AUTRE ISSUE POUR VOUS QUE DE NEGOCIER «CI NJEKK REK» AVEC OUSMANE SONKO
Dans toute guerre, il faut savoir parfois opérer des replis tactiques. Actuellement, Macky Sall est cerné, acculé et ne tient plus que par les forces de défense et de sécurité elles-mêmes débordées
Tout ça pour ca, serait-on tenté de dire ! Deux ans d’enquêtes, d’instruction, de lynchage médiatique, au moins 15 morts (jusqu’au jour du procès), de nombreux blessés, des centaines d’arrestations, des saccages et des dégâts matériels occasionnant des dommages s’élevant à des milliards de nos francs, une économie au ralenti, un pays coupé en deux…
On peut dire que le Sénégal a payé un très lourd tribut aux mensonges d’une jeune fabulatrice manipulée par des gens de la majorité présidentielle et qui prétendait avoir été violée par la figure de proue de l’opposition. Deux ans après, à l’issue d’un procès auquel le principal accusé n’a pas pu ou voulu se présenter, voilà qu’on nous dit « naxeee mbaay !!! », ah, ah on vous a bien eus pauvres cons, il n’y avait absolument rien de ce pourquoi Ousmane Sonko était poursuivi depuis deux ans !
Pas de viols répétés et encore moins de menaces de mort à l’encontre de l’accusatrice ! Justice était enfin rendue au pauvre leader de Pastef persécuté depuis le début de cette affaire ? Vous n’y êtes pas car on n’allait quand même pas le laisser repartir comme ça les mains vides, ce serait trop facile voyons! On va donc lui donner un « yobeul » en guise de cadeau souvenir de la justice sénégalaise : deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse. Un délit pour lequel il n’a jamais été poursuivi, contre lequel il n’a jamais été mis en position de se défendre et que le procureur de la République, bien en peine de soutenir l’accusation de « viol », a sorti de sa manche pour demander au président de la chambre de bien vouloir condamner Ousmane Sonko de ce chef si les accusations de viol et de menaces retenues contre lui n’emportaient pas son adhésion. Et le brave juge, qui ne pouvait évidemment rien refuser au maître des poursuites, s’est exécuté. Si ce n’est toi, c’est donc ton frère, avait dit le loup de la fable au malheureux agneau avant de le dévorer Ici, l’on a dit à Ousmane Sonko que si ce n’est pas un viol et s’il n’y a pas eu de menaces de mort à l’encontre de la menteuse Adji Sarr, c’est donc qu’il a corrompu la jeunesse !
En vertu — ou en répression — de quoi, on l’a condamné à une peine de deux ans de prison ferme. Voilà donc la singulière façon dont la justice est rendue au nom du peuple sénégalais c’est-à-dire à notre nom à tous. On ne sait pas encore si le brillantissime magistrat qui a rendu le jugement d’avant-hier est allé ensuite se laver les mains avant de s’écrier, comme Ponce Pilate, le procurateur romain qui avait condamné à mort Jésus Christ : « je suis innocent du sang de ce juste ! » Il y aurait en tout cas eu de quoi tellement ce jugement est scandaleux et ne fait que traduire la volonté du président de la République de voir liquider son principal adversaire, celui qui est le plus idéalement placé pour l’empêcher de réaliser la passe de trois c’est-à-dire d’obtenir ce troisième mandat — oups, pardon ce second quinquennat ! — auquel, selon beaucoup de gens, il penserait le matin en se rasant…
Le droit est mort et la justice injuste !
Partout dans le monde, et singulièrement en Afrique, où la justice ne rend pas des décisions justes — ou en tout cas perçues par telles par les populations auxquelles elles s’appliquent —, c’est le début de l’anarchie, les gens cherchent à se faire justice eux-mêmes, les forts écrasent les faibles et la raison du plus fort (celle-là même que cherche à faire prévaloir le régime qui nous gouverne) tend à devenir la meilleure. Comme celle du loup de la fable ! Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner de voir les peuples prendre les choses en main vu qu’ils ne se reconnaissent plus dans leur justice.
De ce point de vue, le spectacle auquel on a assisté jeudi à savoir celui d’étudiants brûlant la Faculté de Droit d’une Université en s’écriant : « Le droit est mort ! », « Le droit est mort ! » est un symbole extrêmement fort sur lequel il convient de méditer sérieusement. En tout cas, les morts (plus de onze officiellement en deux jours), les blessés, les dégâts matériels extrêmement importants — il y en a eu pour des milliards de nos francs —, la paralysie de l’économie, l’arrêt de tout trafic automobile, la fermeture des écoles…auxquels on a assistés immédiatement après le verdict de ce procès, tout cela prouve que d’importants pans de notre pays ne se sont pas retrouvés dans ce jugement à l’opposé de celui de Salomon ! Un jugement d’une justice tropicale dans une République arachidière…
En tout cas, les émeutes de ce jeudi noir et d’hier vendredi ont fini de montrer toute la vanité des rodomontades du président de la République déclarant sur un ton martial et à manière d’un matamore, à Diamniadio, devant les participants à ses concertations sur le pétrole et le gaz, que « ce qui s’était passé ici en mars 2021 ne se reproduira plus jamais! » Hélas, malgré les équipements répressifs de dernière génération offerts aux forces de défense et de sécurité et, dit-on, les conseils d’experts israéliens, cela s’est reproduit en plus grave avant-hier et hier. Car même s’il y a eu moins de morts qu’il y a deux ans (pour le moment du moins), les destructions, elles, sont bien plus importantes. Et tout cela parce que, jamais deux sans trois, on a voulu conduire à l’abattoir un opposant susceptible de s’opposer à l’envie de rempiler d’un président de la République après Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall avant le scrutin de 2019.
Dans plusieurs quartiers de Dakar et beaucoup de localités du pays, ces deux jours, les manifestants étaient maîtres de la rue désertée par les policiers et les gendarmes. Et, l’Armée a même dû être appelée à la rescousse. Tout cela au lendemain du dialogue en forme de « deal » lancé en grande pompe mercredi par le président de la République. Un dialogue boycotté par la frange la plus significative de l’opposition qui voulait tenir au même moment son « contre-dialogue » interdit par le préfet de Dakar et dispersé à coups de grenades lacrymogènes par les FDS qui n’ont pas hésité à investir en toute illégalité le siège d’un parti politique pour en déloger les responsables de l’opposition qui s’y trouvaient !
N’étant ni des devins, ni des mages, ne sachant pas manier les cauris encore moins lire dans le marc de café, nous ne nous hasarderons donc pas à prédire l’issue de cette énième éruption populaire qui a éclaté après le verdict du procès Adji Sarr/Ousmane Sonko. La seule chose dont on soit sûrs, en revanche, et qui est aussi certaine que le lever du soleil, c’est celle-ci : le président de la République ne pourra jamais écraser par la force ce soulèvement populaire qui débute. D’autres présidents plus puissants et mieux armés que lui s’y sont essayés ailleurs (Tunisie, Egypte, Libye…) et se sont cassé les dents. La seule solution de sagesse et l’unique voie de salut résident — si ce n’est trop tard, hélas — dans l’ouverture de négociations franches avec l’opposition et son chef, Ousmane Sonko. Le Président devra dire clairement qu’il ne briguera pas un troisième mandat, permettre à tous les candidats qui le désirent de se présenter à la présidentielle de 2024 et libérer les centaines de prisonniers politiques détenus dans ses geôles — dont notre confrère et ami Serigne Saliou Guèye embastillé sous le ridicule délit d’exercice illégal de la profession de journaliste.
Le seul avec qui le président de la République doit négocier c’est Sonko et non pas avec les charlots et autres Pieds-Nickelés qu’il a invités à son dialogue « Benno » et qui ne représentant absolument rien du tout et même pas leurs propres personnes!
Un « dialogue » qui lui aura coûté cher assurément parce que sa phrase « si les gens ne veulent pas que je fasse un autre mandat, ils doivent me le demander gentiment car nul ne peut me forcer » — nañu mako laaj ci njekk — a contribué à attiser la colère populaire. Dans toute guerre, il faut savoir parfois opérer des replis tactiques. Actuellement, le président Macky Sall est cerné, acculé et ne tient plus que par les forces de défense et de sécurité elles-mêmes débordées. Il a tout intérêt à reculer et à négocier car sinon hélas…
Par Me Ciré Clédor LY
CLARIFICATION
Me Ciré Clédor LY membre du collectif de la défense d’Ousmane SONKO est formel
L'état avait mis la résidence de Ousmane Sonko en état de siège dans l'attente qu'on lui livre une commande politique emportant privation systématique de ses Droits électoraux, à savoir une condamnation avilissante et infamante pour crime de viol.
Pour rappel, Ousmane Sonko n'a jamais reçu de convocation et n'a pu comparaitre ni être défendu.
La Chambre Criminelle n'a pu livrer la commande et a prononcé un verdict d'acquittement.
Cependant, elle a trouvé une pirouette tout aussi inacceptable, inconcevable et inexplicable, une peine de substition par défaut, pour condamner le leader de l'opposition Sénégalaise.
L'ordonnance de renvoi et de mise en accusation pour crime et délits connexes, fixe les limites de la compétence et de la saisine de juridiction de jugement et de ses juges. Dès lors, lorsque les juges sont convaincus de l'innocence d'un accusé parce que les faits reprochés ne sont pas constitués ou les éléments matériels constitutifs des éléments du crime ne sont pas réunis, il acquitte purement et simplement sans pour autant substituer au crime un autre crime ou un délit non visé dans l'acte d'accusation.
L'incitation de mineurs à la débauche ou la corruption de la jeunesse (deux infractions distinctes dans leurs éléments constitutifs l'une l'autre bien que voisines) sur une mineure de 21 ans, ne figurent ni dans l'acte d'accusation qui a saisi la juridiction de jugement, encore moins dans la convocation servie à la co-accusée, l'héroïque Ndèye Khady Ndiaye qui contient aussi les seules infractions retenues contre le leader de l'opposition démocratique à l'exclusion de toute autre.
Les faits retenus pour atteindre l'objectif de privation du Droit d'être candidat à une élection et de destitution de la fonction de Maire de Ziguinchor, n'ont jamais fait l'objet d'une instruction ou d'un débat, même hors la présence de l'accusé.
La contumace est une sanction obsolète qui a disparu de toutes les législations des États Démocratiques parce qu'inconciliable avec les impératifs des droits de la défense et du droit de toute personne de pouvoir contester sa culpabilité et la peine devant une juridiction d'appel y compris le contumax.
Une condamnation avait été annoncée par certains responsables politiques du régime en place dans des vidéos virales qui circulent encore sur la toile et qui anticipait le verdict impunément, confortant les accusations de complot d'Etat. En tout état de cause, avec la décision rendue, le leader charismatique est dégagé du contrôle judiciaire et recouvre sa pleine et totale liberté.
Son passeport doit lui être immédiatement rendu à l'instant et sans délai, les barrières érigées devant son domicile devront aussi être levées et les forces de répression renvoyées illico presto dans leurs casernes. Ce sont les conséquences immédiates du verdict rendu.
Par ailleurs, tous les comploteurs qui sont responsables du chaos installé dans le pays avec son cortège de morts et de désolation, doivent être poursuivis et punis. Pour la suite, nous aviserons dès que nous nous serons concertés avec notre client.
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé (2020)
MACKY SALL, LA POLITIQUE DE LA TERRE BRÛLÉE ET LE SÉNÉGAL
Sa tendance à vouloir réduire « l’opposition à sa plus simple expression » prépare l’avènement d’un leadership nihiliste qui capitalisera à son compte le mécontentement populaire. Le Sénégal gronde, les Sénégalais sont en colère
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 03/06/2023
La Constitution du Sénégal donne des pouvoirs exorbitants au Président de la République. C’est un monarque absolu que nous élisons (parfois) tous les cinq ou sept ans selon l’opportunisme politique ou l’humeur réformatrice de la loi fondamentale du patron de l’exécutif en place. Le chef de l’État nomme à tous les emplois civiles et militaires. Mis à part le droit de vie et de mort sur les citoyens, il y a peu de prérogatives qui lui échappent. Signe de cette puissance, au parlement, les députés de la majorité n’hésitent pas à dire qu’ils sont au service du président. Il commande et les juges exécutent sa volonté. Le pouvoir présidentiel est tel qu’il arrive que la société civile sollicite son arbitrage pour des questions qui n’entrent pas dans ses prérogatives. Qui ne se souvient pas de l’appel à Macky Sall de ce dignitaire qui voulait qu’il désigne le leader de sa famille religieuse ? Il n’y a pas de contre-pouvoir institutionnel à celui du président. Dans un monde de plus en plus complexe, le président fait remonter à lui les plus banales des questions nourrissant l’illusion qu’il est omniscient et omnipotent. À cette « gouvernance » d’un autre âge, il ajoute un autre signe d’archaïsme, la volonté d’instaurer un monolithisme politique de fait.
Un exercice du pouvoir archaïque
Il y a vingt mois, Macky Sall était réélu au 1er tour de la présidentielle avec 58 % des suffrages exprimés. Ses adversaires qui avaient fortement critiqué et dénoncé le processus électoral et le scrutin en lui-même avaient néanmoins pris acte des résultats proclamés par le Conseil Constitutionnel. Leur seul acte de défiance a été le refus de le féliciter. Macky Sall en avait peut-être pris ombrage, mais seuls les usages et « les bonnes manières » exigent que les perdants fassent un tel geste. La loi n’impose aucun impératif en la matière. C’est donc un président Sall dans la configuration de l’entame de son premier mandat qui inaugurait son deuxième et dernier mandat à la tête de l’État le 2 avril 2019. Une scène politique pacifiée, une opposition qui ne conteste pas sa légitimité en mobilisant la rue. Cette configuration n’est pas fréquente. En vingt ans de pouvoir, Abdou Diouf n’a pas eu cette chance. Abdoulaye Wade n’en a bénéficié qu’à l’entame de son premier mandat en 2000. C’est donc dire que le président avait plus que tous ses prédécesseurs l’occasion d’asseoir le caractère apaisé de la démocratie sénégalaise en se mettant au travail et en laissant le soin à l’opposition de s’organiser et se préparer à une éventuelle alternance.
Alors qu’il avait fait campagne en vantant les mérites de la Constitution et promis d’impulser des réformes dans les domaines économique et social pour mieux répartir les fruits de la croissance, Macky Sall posait comme premier acte de gouvernement de son quinquennat, une réforme constitutionnelle pour supprimer le poste de Premier ministre au nom du concept « fast track ». Quelques semaines plus tard, il lançait une concertation peu transparente sur ses objectifs et finalités qui a tenu en haleine un microcosme politique et médiatique déconnecté des réalités que vivent les classes populaires du pays.
Le gouvernement « d’ouverture et d’unité » : une manœuvre politicienne de courte vue
Le dimanche 1er novembre 2020, au terme d’un « dialogue politique » entamé en mai 2019, le président a procédé à la nomination d’une nouvelle équipe gouvernementale. Ce gouvernement dit « d’ouverture et d’unité » entérine l’arrivée dans la majorité présidentielle d’Idrissa Seck et de dissidents du Parti démocratique sénégalais (PDS) de l’ancien président Abdoulaye Wade. Selon les verbeux communicants du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, ce remaniement tient compte « du contexte de la pandémie de la COVID-19, et de ses impacts » et vise à « imprimer une dynamique constructive d’innovation, de transformation, de réalisations et de changements nécessaires à l’accélération de l’émergence du Sénégal » le tout en mode « fast track ». Vaste programme ! La conséquence immédiate de cette nouvelle magouille politique est que les élections locales sont renvoyées aux calendes grecques. Après un Acte trois de la décentralisation dont le seul résultat a été l’affaiblissement institutionnel et opérationnel des collectivités locales, le pouvoir parachève son œuvre en portant un rude coup à la légitimité de ceux qui les incarnent. L’autre résultat est selon le journaliste Mandiambal Diagne, qui revendique l’amitié et la proximité de Macky Sall, la désorganisation de « l’opposition politique ». De tous ses adversaires à l’élection présidentielle de février 2020, il n’y a plus que Ousmane Sonko comme l’opposant. Khalifa Ababacar Sall, l’ancien député-maire de Dakar est pour le moment privé de ses droits civiques selon la jurisprudence du Conseil constitutionnel. Les appareils politiques de gauche sont neutralisés dans la coalition présidentielle BBY et ne s’expriment que pourfendre ceux qui soutiennent les luttes sociales. Il n’y a pas de doute, ces manœuvres sont des réussites du point de vue de la tactique politique. Malheureusement, il s’agit d’un calcul de courte vue. Dans une démocratie libérale, les leaders de l’opposition ne sont que l’incarnation à un moment donné d’un courant d’opinion de défiance vis-à-vis de la politique menée. Ils ne font que capitaliser à leur compte le mécontentement populaire et les espoirs de changement aux prochaines échéances électorales.
Il y a chez Macky Sall une tactique de la terre brûlée préjudiciable à la démocratie sénégalaise, à l’État de droit et porteuse de risques pour la paix civile. Sa tendance à vouloir réduire « l’opposition à sa plus simple expression » prépare l’avènement d’un leadership nihiliste qui capitalisera à son compte le mécontentement populaire. Le Sénégal gronde, les Sénégalais sont en colère, les exemples d’aventures politiques existant dans la sous-région et dans le monde sont de nature à susciter des vocations. Le Président de la République serait bien avisé d’en tenir compte !
par Jean Pierre Corréa
DIALOGUE JUDICIAIRE
Les juges Sénégalais ont hier joué une sorte de "Return to Forever", en sortant de leurs "effets de Manchots", "un article de l'oie" vieux comme Hérode, mais surtout indigne et de l'Illiade et de l'Odyssée
Le président Léopold Sédar Senghor doit s'étirer d'aise dans sa tombe de Bel-Air... Jamais il n'aurait pu imaginer qu'enfin nos hommes politiques, véritablement pleins de ressources, au propre comme au figuré, allaient plonger le Sénégal dans l'Antiquité Grecque, et ramener notre système judiciaire aux bons vieux temps de l'Ordalie, et où le sort des prévenus, quelque soit leur renommée, ne dépendait que des caprices des Dieux, qui de rien en faisaient tout un fromage.
Les juges Sénégalais ont hier joué une sorte de "Return to Forever", en sortant de leurs "effets de Manchots", "un article de l'oie" vieux comme Hérode, mais surtout indigne et de l'Illiade et de l'Odyssée. On ne peut pas dire que nos juges sont incultes, c'est évident, et ils ont de la lecture, pour être allés dénicher l'épisode où Mélétos accuse Socrate de corrompre la jeunesse, autrement dit, il lui reprochait d'enseigner aux jeunes le rejet des dieux. « Socrate, disait l'acte d'accusation, est coupable en ce qu'il corrompt la jeunesse, qu'il n'honore pas les dieux de la cité et leur substitue des divinités nouvelles. »
Plus on approchait de la scène finale du péplum ennuyeux, "Ousmane rencontre Adji Raby", plus leur scénario prenait l'eau, et avant que leur bateau ivre et surchargé de vulgaires turpitudes, ne s'écrase sur les récifs du ridicule, l'Amiral du Vaisseau dégaina piteusement son improbable "Joker", sorti des tréfonds de la mauvaise foi, et bafouilla, honteux : "Corruption de la Jeunesse"... 17 millions de Sénégalais furent tous en même temps pris d'un inextinguible fou-rire, rire jaune et nerveux tout de même comme pour dire, tristes et navrés : "Tout ça...pour ça?"
Et puis, ne reculant devant aucune muflerie, la meilleure manière qu'ils ont trouvée pour masquer leur incurie et se départir de leur côté "pieds nickelés", c'est d'avoir la sottise de l'autruche qui enfouit sa tête dans le sable, et expose son croupion dodu au soleil en son zénith. Comment ? En mettant en branle le truc le plus ringard qui soit, et qu'on croyait réservé aux Chinois, aux dictatures tropicales, à savoir la mise sous le boisseau de la totalité des réseaux sociaux. On se croirait en Afrique tout d'un coup !
"La case de Birama brûle-telle à ce point-là?" Ou alors quels coups tordus le pouvoir prépare-t-il pour vouloir couper toutes sortes d'expressions citoyennes, entre dépit, colère et détermination à se battre contre un mépris jeté avec violence et désinvolture irresponsables à la face des Sénégalais ?
Durant deux années, les Sénégalais ont été les témoins hagards, puis stupéfaits d'une télénovela d'un goût douteux, dont les thèses qui criaient au complot étaient opposées à des convaincus qui avaient saisi là l'occasion de mettre hors course le leader des Patriotes, Ousmane Sonko qui a refusé de mettre sa tête sur le billot électoral d'une part et qui n'a laissé au président Macky Sall aucune autre issue que de devoir respecter sa promesse de ne pas être candidat en 2024. Ce "Mortal Kombat" fit glisser inexorablement notre exemplaire démocratie, vers une "démocrature" rampante et son cortège d'arrestations et une "pornocratie" exhibée sans complexe ni pudeur, dans un pays où la majorité des hommes ne jubilent et n'exultent que pour ce qui réjouit leurs ventre et leurs bas-ventre. Deux années et 40 morts plus loin, les Sénégalais s'étaient fait une conviction où viol et menaces de mort insultaient nos intelligences, lesquelles intelligences tout de même concevaient, en regard des valses hésitations de l'accusé, et des renoncements à vouloir en éclaircir les zones d'ombres, que décidément un cabinet de Kinésithérapie ne saurait porter sérieusement l'appelation érogène de "Sweet Beauty"... Faut tout de même pas nous prendre pour des buses ou pour des perdreaux nés la semaine dernière.
Deux années à hurler au viol et au complot, traversées par les appétits obscènes de certains caciques d'un pouvoir qu'on aurait pu ériger en "Benno-Bokk-Adji Sarr"... Mais ne nous égarons pas sur des chemins empruntés par des mufles toujours pourtant à la tête de sociétés nationales importantes.
Ils inventèrent donc l’infraction de corruption de la jeunesse, ainsi définie : « quiconque aura attenté aux mœurs en excitant, favorisant ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de jeunesse de l'un ou l'autre sexe au-dessous de l’âge de vingt et un ans, ou, même occasionnellement, des mineurs de seize ans », sera puni d’une peine de 2 à 5 ans et d’une amende de 300 000 à 4 000.000 FCfa.
Cette sentence est un foutage de gueule de haute volée ... Quelle honte... À ce tarif là, ils vont devoir emprisonner tout le Sénégal, au vu de tous ceux qui, sans vergogne ni honte, se font appeler "Daddy" par tant de jeunes nymphes avides de IPhones 14, pour se saoûler de ridicules selfies ... Corruption de jeunesse ... Guiness Book de la turpitude. C'est digne de Mickey, parce que nos énervés de la cinquantaine n'ont cure d’inscrire et de maintenir sciemment la jeunesse dans une situation de débauche et de perversité.
Les faits dont il s’agit, sont de nature à anéantir tous les efforts consentis par l’État, pour éduquer, former et encadrer la jeunesse sénégalaise, dans le sens des valeurs morales héritées de nos ancêtres, fondatrices de notre société et de notre nation, qui par ces temps de market-loving, sapent les fondements de notre société. Banalisation des infractions financières des caciques du pouvoir contre banalisation des appels à l'insurrection.
Ce Sénégal est notre Sénégal, au-dessus de chacun d'entre nous. Tant de morts pour un vaudeville politique, assaisonné par l'obstination d'un clan à vouloir s'arcbouter et s'accrocher aux ors qui symbolisent leur désuet et évanescent pouvoir, qu'ils ont, pour la plupart empli de la suffisance crasse et obscène qui en fait la kleptocratie la plus rustre de notre Histoire. Personne ne s'émeut de tous ces morts qui n'ont même pas droit à une identité posthume... On les additionne, on les dispose dans les colonnes d'un bilan macabre, et il serait temps que la personne la plus indiquée pour stopper cette tragédie, au lieu de plastronner dans les dédales viciés d'un dialogue national au chevet d'un pays en deuil, vienne poser sa parole responsable d'un homme qui ne saurait mener les Sénégalais qui l'ont choisi il y a 12 ans pour les guider, autre part que vers les contours d'un Sénégal apaisé, dont les filles et fils ont bien d'autres choses à faire que de servir de chair à canon et de balises aux troubles ambitions d'hommes qui semblent oublier qu'ils ne sauraient être providentiels.
Sinon, nous sommes mûrs pour tomber joyeusement dans les sombres liens de "la dictature de l'ignorance". De "Sweet Beauté" à "Shit Beauté"... Le ver est dans le fruit... Le poison infuse... Il a le goût mortel de la Cigüe.
par Gnambi Sonko
LE PEUPLE SOUVERAIN SAUVERA LE SÉNÉGAL
Contrairement au Capitaine Alfred Drefus et aux autres victimes de conjurations, les évidences du complot sont connues d’avance de tous, y compris du juge, qui malgré tout prononce une sentence qui n’a pour seul fondement que la commande de Macky
La pire chose qui puisse arriver à un peuple, à une corporation socioprofessionnelle (telle que la médecine, l’enseignement, l’agronomie, la magistrature, la gendarmerie, la police, etc.) est de renoncer aux exigences de sa profession, en termes de responsabilités et d’éthique, pour se soumettre aux broutilles d’une personne ou d’une organisation, quel que soit son rang ou son positionnement administratif ou institutionnel.
Au sein du peuple et dans chacune de ces corporations, on relève des responsabilités individuelles et collectives. Autrement dit, le peuple et chacune de ces corporations, c’est à la fois chacun et l’ensemble des individus qui les composent. Par conséquent, quand un individu du peuple ou d’une corporation renonce à ses responsabilités, non seulement il écorne sa propre image, mais plus grave, il abime celle collective de son corps d’appartenance.
Les exigences et responsabilités, ici évoquées, renvoient aux droits et devoirs conférés par la constitution et les lois nationales, ainsi que par les conventions et autres chartes internationales. C’est en référence à ces référentiels juridiques que la notion d’état de droit est définie. Il s’agit d’un cadre dans lequel, l’Etat composé à la fois de chacun et de l’ensemble des individus (personnes physiques ou morales) est soumis au droit, c’est-à-dire soumis à la constitution, à l’ensemble des lois nationales et aux conventions et autres chartes internationales.
Récemment, il est apparu dans les réseaux sociaux une information, démentie par la suite, selon laquelle, un juge ayant des responsabilités de contrôleur ou d’évaluateur de l’action de ses pairs, aurait déclaré devant ceux-ci que dans l’affaire Ousmane Sonko – Adji Sarr, le gendarme a pris ses responsabilités, le médecin a pris ses responsabilités, seul le magistrat n’a pas pris ses responsabilités. Si cette information a été démentie, sa portée professionnelle, sociale et sociétale est sans équivoque.
Aujourd’hui, une interrogation subsiste : chacun des autres Sénégalais, prendra-t-il ses responsabilités, pour préserver, devant l’histoire, la bonne réputation de son image personnelle et celle collective du peuple ? C’est la question qui nous interpelle individuellement et collectivement face à la situation actuelle de violation de tous les droits de notre pays et de toutes les chartes et autres conventions internationales.
Il est vrai que dans l’histoire de l’humanité (y compris au Sénégal), pour détruire moralement ou physiquement une personne, il y a eu des complots politiques, militaires, professionnels, etc. Mais, celui portant sur le président Ousmane Sonko a la particularité d’être éventré très tôt. En effet, si dans les affaires du capitaine Alfred Dreyfus, du philosophe grecque Socrate et autres, les accusations qu’on leur prêtait semblaient flagrantes, car mystérieusement bien couvertes au moment de leur exécution, dans le complot contre le président Ousmane Sonko, les évidences ont fini d’en démontrer la nature sordide dès le début et durant tout le temps (plus de deux ans) des poursuites. Non seulement, tout le monde sait qu’il y a complot contre le président Ousmane Sonko, mais les auteurs sont connus de tous. L’objectif est également connu de tous : le condamner pour quelque motif que ce soit afin de le rendre inéligible.
La condamnation du président Ousmane Sonko vient d’être prononcer par un juge. A-t-il pris ses responsabilités ? Non. Ainsi, après le Gendarme et me ùédecin qui ont pris leurs responsabilités en s’alignant aux exigences à tous points de vue de leur fonction, le juge s’est dérobé des siennes pour satisfaire une commande politique !
Désormais, il appartient au peule de prendre ses responsabilités.
Oublions le président Ousmane Sonko et Ndèye Khady Ndiaye et pensons individuellement à chacun de nos enfants, petits-enfants et autres individus de notre descendance. Projetons-nous dans cet avenir d’un Sénégal où notre enfants ou petit-enfant, accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, soumis à une procédure judiciaire lapidaire dans laquelle le droit et l’honneur sont piétinés, aucune preuve n‘est apportée, et malgré tout notre enfant ou petit-enfant fini par être condamné pour autre chose, cette autre chose qui elle-même, non seulement n’est découverte que dans le réquisitoire final du procureur en alternative au défaut de preuve sur l’accusation initiale, mais n’est établie pas aucune évidence.
Au terme de cette parodie de justice, seule trois choses sont à retenir :
Le président Ousmane Sonko est lavé de tout acte de viol et de menace de mort, objet du complot et de toute la procédure judiciaire qui s’en est suivie.
Le complot contre le président Ousmane Sonko est clairement établi, avec une implication de monsieur Macky Sall, de personnalités du gouvernement et autres comploteurs bien identifiées.
La tentative de rendre le président Ousmane Sonko inéligible est actée, par une condamnation juridiquement infondée, donc illégale.
Contrairement au Capitaine Alfred Drefus, à Socrate et aux autres victimes de conjurations, ici les évidences du complot sont connues d’avance de tous, y compris du juge, qui malgré tout prononce une sentence qui n’a pour seul fondement que la commande politique de Macky Sall et de ses scribes.
Au total, le processus de tentative de Macky Sall et de son régime, d’installer une tyrannie et de déstabiliser l’Etat de droit au Sénégal, a atteint son paroxysme. Mais, en même temps, il vient d’acter son arrêt de mort définitif ? Il appartient aux Sénégalais de le matérialiser de façon irréversible.
A l’image du gendarme, du médecin et contrairement au juge, le peuple prend ses responsabilités, à partir de cet instant : pour rappel, le peuple, c’est à la fois chacun et l’ensemble des sénégalais.
Le peuple souverain sauvera le Sénégal
Vive le peuple du Sénégal
Vive le Sénégal
Vive le panafricanisme
Gnambi Sonko est Commissaire scientifique Pastef-les patriotes.
Par Abdoulaye VILANE
PARLONS-NOUS !
Ce 1er juin 2023 a été une journée bien noire pour mon pays et pour tous les Sénégalais. Je dirais même plus, dans le monde entier, tous les amis de notre pays sont certainement malheureux de voir de terribles images leur parvenir.
Ce 1er juin 2023 a été une journée bien noire pour mon pays et pour tous les Sénégalais. Je dirais même plus, dans le monde entier, tous les amis de notre pays sont certainement malheureux de voir de terribles images leur parvenir. Je peux vous assurer que je suis profondément meurtri par ce qui s’est passé ce 1er juin 2023. Cependant ce n’est pas parce qu’étreint par ces drames, cette violence inouïe, ces morts que je ne m’interroge sur le pourquoi et ne réfléchit sur que faire pour que la sérénité reprenne le dessus sur la haine, la violence, les horreurs, le manque de lucidité, et l’aveuglement obtus de nous tous.
Notre pays ne s’est pas construit sans violence ni sans conflit violent. La démocratie s’est installée à force de contestations, de bagarres de rue. Même dans le parti qui est le mien, le PS, rien ne s’est fait toujours sans de profondes dissensions et parfois de violences. Voilà pourquoi je voudrais parler à mes concitoyens en tant que membre du PS, élu de ma région, et surtout député donc législateur pour dire d’abord que le dialogue a été le chemin le plus difficile mais aussi le plus enthousiasmant pour que le Sénégal soit le pays démocratique que le monde nous reconnait.
Ces mots que je vous adresse, c’est pour appeler à la sérénité et la prise de conscience que l’on ne construira pas ce pays pour le développement dans la haine et la destruction. Je ne critiquerai pas la justice parce que c’est à elle de juger. Elle dit le droit. J’en prends acte. En tant que législateur, respectueux de la séparation des pouvoirs, je me soumets à son verdict.
Que des citoyens n’acceptent pas une décision de justice, je comprends, mais est-ce une raison pour vivre ce que nous avons vécu ce 1er juin 2023 ? Je ne crois pas à cette façon de faire même si des citoyens sont profondément déçus par un verdict prononcé là où cela se doit. Tous les jours, la justice prend des décisions qui ne satisfont aucune partie, comme c’est le cas dans ce procès qui nous vaut de si graves troubles.
Je crois toutefois, malgré cette souffrance qui m’étreint à la vue de tous ces drames, pouvoir dire que chaque citoyen a l’obligation de polir la pierre qui peuple nos rues, nos campagnes, nos villes et villages pour participer à la construction nationale avec humanité et bâtir des palais pour la vertu sans laquelle rien de solide ne s’élèvera sur ce sol sur lequel nous fondons tous nos espoirs.
Chers compatriotes, reprenons nos esprits. Parlons-nous !
Le Dialogue National qui vient d’être lancé est une formidable opportunité si la sincérité est de rigueur chez tous les acteurs. Notre responsabilité historique nous y oblige. Trouvons les moyens de conforter ce qui a fait de notre Sénégal un pays exemplaire. La Téranga que tout le monde nous reconnait devrait d’abord signifier, en nous, paix et solidarité, engagement national pour le bien-être de tous, fraternité, justice et liberté.
Que notre Seigneur protège le Sénégal !