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28 novembre 2024
Opinions
par Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye
MENSONGES À CIEL OUVERT
Le Sénégal doit reconnaître avec humilité qu’il n’a jamais été une démocratie, cette « vitrine » ou « exception africaine ». Notre façon de faire la politique est violente, bestiale, directement héritée de l’oppression coloniale
Il arrive un moment où un peuple doit faire son examen de conscience. Se dépouiller de toutes les apparences pour faire face à son visage.
Le Sénégal a atteint ce moment critique où, avec humilité, il doit reconnaître qu’il n’a jamais été une démocratie, cette « vitrine » ou « exception africaine ». Notre façon de faire la politique est violente, bestiale, directement héritée de l’oppression coloniale. L’État voit en ses citoyens des sujets, des proies. Toute opposition est une ennemie à abattre, une voix discordante « à réduire à sa plus simple expression ».
Léopold Sédar Senghor, que ses compatriotes français veulent nous ériger en modèle parce qu’il a perdu sa vie à les révérer, a infligé les pires traitements à ses opposants. Malgré ses airs de poète raffiné, il n’a pas hésité à priver Cheikh Anta Diop de sa vocation d’enseigner à l’université ni à emprisonner Mamadou Dia à Kédougou durant 12 ans (après une amnistie, puisque la condamnation était à vie). Dia, qui était pourtant l’alter ego de Senghor, a perdu la vue en prison. Aussi, les manifestations sous Senghor étaient couramment réprimées dans le sang : 40 morts officielles en 1963, après des élections où le candidat unique s’est fait élire à « 100% des voix » ; au moins 3 morts au mois de mai 1968 ; des cas réguliers de torture, notamment sur les élèves, les étudiants et les militants anti-impérialistes du Parti africain de l’indépendance et d’Ànd Jëf. Sans gêne, Senghor se défendait de la sorte durant ses 20 ans de règne : « Les manifestants ont attaqué la police. » Un prétexte, un mensonge, devenu le refrain de ses successeurs.
Abdou Diouf, plus brutal que Senghor, se fendra d’un « Force reste à la loi ». Les crimes non-élucidés sont légion durant ses 20 ans de règne également. Le directeur de la sécurité publique, le commissaire Sadibou Ndiaye, a été retrouvé mort en 1987 au sortir d’une réunion avec le secrétaire général de la présidence Jean Colin, en marge de la suspension de toute la police nationale (6 665 policiers au total) suivie de la radiation de 1 265 policiers. En mai 1993, c’est au tour de maître Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel, d’être assassiné (criblé de balles dans sa voiture) au lendemain des élections présidentielle et législatives. D’innombrables cas de tortures et d’exécutions extrajudiciaires dans le conflit en Casamance (né en décembre 1982) ont également été enregistrés, surtout à partir de 1990, année de naissance de la lutte armée par le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc). Enfin, l’opposant Wade sous Abdou Diouf était un locataire régulier de la prison. Il s’y était réveillé au lendemain des élections de 1988, marquées par des fraudes massives. Abdou Diouf avait alors décrété l’état d’urgence et s’était employé à traquer ses opposants durant trois années de crise.
Malheureusement, ce même Abdoulaye Wade a fait de la prison un passage obligé pour ses propres opposants, dont son ancien Premier ministre Idrissa Seck. Pis, celui qui a fêté ses 97 ans il y a quelques jours, a donné naissance à Macky Sall qui, selon moi, est le pire de tous nos présidents.
Laissons les faits parler d’eux-mêmes.
Contrairement à Senghor, Macky Sall n’a pas eu le malheur d’être élevé sous l’ère coloniale. D’une famille modeste (avec un père gardien et une mère vendeuse de cacahuètes, devant lui permettre de mieux comprendre la réalité du pays), il est né dans un Sénégal indépendant, où il a effectué presque toute sa scolarité. À l’image d’Abdou Diouf, il a eu le privilège d’occuper plusieurs hautes fonctions avant d’accéder à la magistrature suprême. Tour à tour, Macky Sall aura été : ministre de l’Énergie, ministre de l’Intérieur, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale. Normalement, il est difficile d’avoir une meilleure préparation.
Mais les atouts gâchés de Macky Sall ne s’arrêtent pas là. Le contexte de son élection à la tête du pays en 2012 en a fait un homme censé ouvrir une nouvelle ère pour notre Nation. Après les manœuvres constitutionnelles de maître Wade, hélas cautionnées par un Conseil constitutionnel qui ne s’est toujours pas remis de sa décision, le Sénégal a sanctionné Wade par les urnes. Après avoir enterré au moins 6 morts lors des manifestations contre son troisième mandat. C’est au prix de ces sacrifices ultimes que Macky Sall est devenu président de la République. C’est pour que le Sénégal ne soit la propriété d’aucune personne, d’aucune famille, d’aucune coalition, que nous l’avons élu. C’est pour que nos droits fondamentaux soient respectés que nous nous sommes battus.
À l’époque, Macky Sall a juré être conscient de tout cela : « Je serai le président de tous les Sénégalais (…) L’ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite exprime l’immensité des attentes de la population, j’en prends toute la mesure. » Puis, il s’est mis à faire tout le contraire. Dans une constance inouïe, n’ayant de nom que le mépris.
En mars 2016, Macky Sall a proposé aux Sénégalais un référendum à 15 points. Habituellement organisé autour d’un seul point, sous forme de question fermée (oui ou non), un référendum est en soi un exercice politique compliqué dans la vie nationale. L’organiser autour de 15 points, tout en étant conscient que le taux d’analphabétisme est de 54,6% et que 70% de la population ne parlent pas la langue officielle, relève d’un esprit trompeur. Dépeçant sa réforme constitutionnelle, Macky Sall se réfugie derrière le Conseil constitutionnel pour se dérober à son engagement, pris en février 2012 et maintes fois réitéré à travers le monde, de faire un mandat de 5 ans au lieu d’un mandat de 7 ans. En mars 2015, exactement un an avant son revirement, il s’adressait ainsi aux média nationaux et internationaux : « Avez-vous déjà vu un président réduire son mandat ? Moi, je vais le faire (…) Les gens doivent voir qu'en Afrique nous sommes capables de donner l'exemple pour montrer que le pouvoir n'est pas une fin en soi. »
En faisant campagne pour son référendum de 2016, Macky Sall a fait le tour du pays en martelant un nouvel engagement. Jamais, au grand jamais, la réforme constitutionnelle n’allait lui permettre d’envisager un troisième mandat. En 2017, voici les propos qu’il a tenus au Burkina Faso, pays qui venait de chasser le dictateur Blaise Compaoré du pouvoir : « Je suis à mon premier mandat qui finira en mars 2019. Nous avons, il y a un an, engagé une réforme majeure de la Constitution par voie référendaire pour justement arrêter le débat. » Il les réitérera en 2019, dans sa biographie publiée pour la campagne présidentielle : « Et me voici de nouveau devant vous en vue de solliciter votre confiance pour un second et dernier mandat. » Ce même homme, dont la parole est censée être la plus crédible de tout le pays, est en train de se dédire, comme l’avait fait Abdoulaye Wade. S’adressant au journal français L’Express en mars 2023, il affirme avoir reçu la garantie du Conseil constitutionnel que son premier mandat était « hors de portée » de la réforme constitutionnelle de 2016. Autrement dit, son premier mandat ne compte pas.
Seulement, le reniement de Macky Sall est encore plus tragique. Interpellé sur la question, dans un débat qui n’aurait jamais dû avoir lieu une nouvelle fois au Sénégal, Macky Sall a eu recours, le 31 décembre 2019, au « ni oui, ni non ». À moins d’un an de la prochaine présidentielle, il estime, à ce jour, n’avoir aucun compte à rendre à la Nation sur ce sujet. Il nous fait comprendre que sa volonté de simple élu prime sur la Constitution et que ses dernières envies priment également sur sa parole donnée : « Sur le plan juridique, le débat est tranché depuis longtemps. Maintenant, dois-je me porter candidat pour un troisième mandat ou non ? C’est un débat politique, je l’admets. Je n’ai pas encore apporté ma réponse. J’ai un agenda, un travail à faire. Le moment venu, je ferai savoir ma position, d’abord à mes partisans, ensuite à la population sénégalaise. » À un moment, il a menacé de sanctionner tout membre de son parti qui parlerait de troisième mandat. En octobre 2019, Sory Kaba, alors directeur général des Sénégalais de l’extérieur, a été le premier démis de ses fonctions pour avoir tenu ces propos sur RFM : « Notre Constitution oblige le président de la République à ne pouvoir faire que deux mandats. Ce qui est clair, il est dans le dernier mandat et la Constitution lui interdit d’en faire un troisième. » Par la suite, ses ministres, professeurs, camarades de parti, ont continué à parler du sujet, sans être inquiétés. La raison se trouve dans leurs propos ci-dessous.
Doutant de la pertinence de la limitation des mandats, Mahammed Boun Abdallah Dionne, ancien Premier ministre de Macky Sall, avancera : « Les pays où il n’y a pas de limitations sont beaucoup plus nombreux que les pays où au niveau de l’exécutif il y a une limitation. » Sans surprise, l’argument est faux. Néanmoins, il est conforté par le ministre d’État Mbaye Ndiaye : « Aucune loi n’interdit au président Macky Sall d’être candidat à la prochaine élection présidentielle. Le mandat de 5 ans est le premier par rapport à la limitation constitutionnelle des mandats. Par conséquent, rien ne s’oppose à ce que Macky Sall se présente, s’il le veut, à la présidentielle de 2024. » Racine Talla, directeur général de la télévision nationale, ira plus loin : « Si Macky cherche à renoncer au troisième mandat, nous allons lui tordre le bras. »
Ce 31 mai 2023, voulant se croire au faîte de son pouvoir, Macky Sall a lâché à la figure des Sénégalais ces mots : « Si vous ne voulez pas que je me présente à un troisième mandat, il faut me le demander, avec la manière. » Par « demander », il faut entendre « quémander ».
Ainsi parle et gouverne Macky Sall, enfermé dans une logique permanente de démonstration de force. À l’heure où s’inscrivent ces lignes, plus de 500 personnes (activistes, anonymes, médecins, militants, journalistes, politiques…) croupissent en prison. Comme Senghor avant lui, il sait humilier ses opposants en les dépossédant de ce qu’ils ont de plus intime : leurs vocations respectives. Ousmane Sonko est chassé des impôts et domaines. Capitaine Oumar Touré est radié de la gendarmerie. Serigne Saliou Gueye est enfermé et accusé d’usurper la fonction de journaliste ; lui qui a été journaliste durant plus de 20 ans.
À raison, les Sénégalais ne croient pas aujourd’hui à la justice de leur pays. Celle-ci a été utilisée pour broyer les opposants Khalifa Sall et Karim Wade (que je n’essaie d’absoudre), tandis qu’au même moment, Macky Sall se vantait en août 2014 devant Jeune Afrique : «Vous serez surpris par le nombre de dossiers auxquels je n'ai pas donné suite. » Après nous avoir fait perdre 7 ans pour soit disant traquer les milliards mal acquis par Karim Wade, après nous avoir fait perdre beaucoup d’argent avec de multiples commissions rogatoires, après avoir jeté à la poubelle l’arrêt de la Cour de justice de la Cédéao du 22 février 2013 et les constations du Comité des droits de l’Homme de l’ONU du 8 novembre 2018 jugeant la présomption d’innocence de Wade fils et son droit à un procès équitable violés, Macky Sall a libéré son détenu, dans des conditions opaques. Aucune explication ne nous a été fournie : tout ce que nous savons est que Karim Wade est en exil au Qatar depuis sa libération. Inéligibles, Karim Wade et Khalifa Sall n’ont pu prendre part à la dernière présidentielle de 2019. Sans l’onction de Macky Sall, ils sont condamnés à rester spectateurs à la présidentielle de février 2024.
Cette façon de vaincre sans les règles de l’art est devenue une inélégance systémique ces dernières années. Tout le monde savait que le nom d’Ousmane Sonko, principal opposant dans le pays, était sur le tableau de chasse de Macky Sall. Personne n’osait imaginer que pour l’abattre, une histoire mal inspirée de « viols répétés avec menaces de mort » allait être répandue dans le pays. Durant deux longues années, avec l’appui des médias d’État et des médias occidentaux, plumes empoisonnées de l’impérialisme, son nom a été souillé. Alors même que l’officier en charge de l’enquête a déclaré que son procès-verbal a été modifié, sur demande du procureur, et qu’il a fait l’objet de pressions de sa hiérarchie. Alors même que le pays a attendu tout ce temps la naissance de l’enfant qu’à plusieurs reprises la plaignante a dit porter. Alors même que l’immunité du député Ousmane Sonko a été levée dans une précipitation douteuse (en 15 jours contre deux mois attendus quand il s’est agi de lever l’immunité des députés El Hadji Mamadou Sall et Boubacar Biaye, membres du parti présidentiel, impliqués dans une affaire de trafic de passeports diplomatiques). Alors même que ses manifestations politiques étaient régulièrement interdites. Alors même que les forces de l’ordre ont maintes fois arrêté l’opposant, disparu avec lui dans la nature, avant de l’assigner en résidence surveillée tandis que ses avocats se faisaient gazer. Alors même qu’il avait déjà été accusé d’intégriste, de terroriste, de rebelle…
Tout cela s’est passé au Sénégal, où dans un équilibrisme coupable, l’on a voulu mettre Macky Sall, le détracteur, et Ousmane Sonko, le persécuté, dans le même panier. Pis, des esprits se prétendant « régaliens », « légalistes », silencieux devant les supplices infligés à l’opposant, se sont plu à lui reprocher de ne pas s’être présenté à une justice de laquelle il a eu toutes les raisons de douter. Sans défense, Ousmane Sonko a été acquitté des grotesques accusations de « viols répétés et menaces de mort », mais a quand même été condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ». Condamnation suffisante pour le rendre, lui aussi, inéligible à la prochaine présidentielle de 2024.
Plus que le temps, ce sont des vies et de la dignité humaines que le Sénégal a perdues ces dernières années. Trop de vies humaines. 29 depuis le début de cette seule affaire de « viols ». Chaque corps de citoyen gisant sur Internet ou ramassé dans la rue désacralise la vie et nous fait régresser de plusieurs millénaires. Chaque homme de tenue qui brutalise son compatriote, ou prend la fuite sous la pluie des cailloux, fissure notre contrat social. Chaque adulte, politique ou dignitaire religieux, qui prend la parole pour faire les louanges de Macky Sall ou lui conseiller d’envoyer « des coups » ou « l’artillerie nationale » à Ousmane Sonko trahit notre contrat intergénérationnel. Dans un pays, un continent, où on assimile l’âge au respect et à la dignité, il a été violent, triste, de constater que ceux censés « guider » la Nation sont les plus prêts à la faire exploser.
En attendant que nous enterrions nos morts, Macky Sall se met en scène dans un énième « dialogue national » organisé pour isoler Ousmane Sonko et sauver les apparences vis-à-vis de ses interlocuteurs internationaux. Notons que la moyenne d’âge des 6 premières personnes à s’exprimer est de 61 ans et que Macky Sall s’est contenté d’ouvrir les « échanges », se faisant représenter par Moustapha Niasse pour la suite. Le ministre de l’Intérieur, lui, devra être en train de chercher les motifs des décès lors des manifestations. Le 16 mai dernier, il a affirmé que Pape Amadou Keïta est mort d’une blessure à l’arme blanche, tout en insinuant que les manifestations « sont souvent le terrain de prédilection d’individus malveillants qui en profitent pour commettre des agressions… » Quelques heures plus tard, l’autopsie réalisée à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff constatait une mort causée par un « projectile ayant complètement traversé ». Comment être étonné de retrouver le faux dans les déclarations d’un ministre sénégalais ? En mars 2021, sur France 24, Malick Sall, ministre de la Justice, n’avait-il pas osé dire à la face du monde que « ce sont des lutteurs privés de leur passion qui ont manifesté dans les rues de Dakar » ?
Plus que les lutteurs, les « étrangers » sont régulièrement pointés du doigt par le gouvernement. « En tout état de cause (…), assure le ministre de l’Intérieur, il y a de l’influence étrangère. » Même son de cloche chez le directeur de la sécurité publique Ibrahima Diop et chez le ministre du Tourisme et des Loisirs Mame Mbaye Niang. Ce dernier s’enflammera : « Je ne parle pas de ces scènes de pillages ni de cette racaille et de certains serpents qui viennent de l’étranger pour déstabiliser notre pays. Eux, ils doivent être combattus par la nation tout entière et particulièrement la jeunesse de notre pays. » Ils sont les dignes héritiers de Senghor qui, en 1963, avait juré que les violences dans les manifestations étaient l’œuvre « des chômeurs, dont la plupart n’étaient pas des Sénégalais. »
Mais une équation impossible à résoudre attend Macky Sall et son ministre de l’Intérieur : comment organiser au Sénégal une élection présidentielle crédible à laquelle Ousmane Sonko ne participerait pas ? Cet opposant a le droit de soumettre sa candidature aux Sénégalais. C’est à nous, citoyens, électeurs, qu’il revient la prérogative de sanctionner sa candidature, positivement ou négativement, selon le niveau de confiance de chacun. Ce n’est ni le travail de Macky Sall ni celui de sa justice que de trier ou de présélectionner les candidats pour nous. Malgré toutes les déceptions que symbolise Macky Sall, nous l’avons enduré. Nous avons suffisamment été dignes pour le laisser finir ses mandats. À présent, qu’il fasse ses valises et nous laisse pour de bon. Nous avons un pays devenu fou : où la police se sert d’un enfant comme bouclier humain. Nous avons un pays en lambeaux : avec la promotion d’insulteurs publics et d’individus épinglés par l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption ; avec l’inflation à 11% et le coût du loyer à Dakar ayant augmenté de 200% en huit ans ; avec 4 départements vivant actuellement dans l’insécurité alimentaire ; avec un taux de chômage estimé à 22,9% au dernier trimestre de 2022 selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie ; avec 90% des travailleurs sans protection sociale. Nous avons un pays assisté : empoisonné à l’aide internationale et pendu aux bottes de la France, si bien que, le 9 janvier 2022, nous n’avons pas eu honte de nous mettre dans ses rangs pour asphyxier le Mali frère. Bref, nous avons un pays à construire.
Dans la construction de ce Sénégal, il n’est pas question d’accorder une confiance aveugle à qui que ce soit. Les aspirations de notre Nation sont notre unique lanterne ; ses échecs, nos seules blessures ; et sa détermination à mieux vivre, notre seule force. Si élu, Ousmane Sonko se transforme en une déception, devient Macky Sall, il trouvera sur son chemin notre Nation. Immortel, le Sénégal le restera jusqu’au Jour du Jugement dernier.
PAR A.M.S
LA PRÉSIDENTIELLE 2024, SEULE ESPÉRANCE DE CETTE JEUNESSE QUE NOUS AVONS CORROMPUE
ce système ou l’ascenseur social est en panne et maintenu au sous-sol, corrompt chaque jour notre jeunesse et ne nous différencie aucunément du colon oppresseur
Il est tellement triste de le reconnaitre, mais, il est encore bien plus dur de le dire ; pire encore de l’écrire quand on connait le poids du masslaa et du sou toura dans notre culture !
Oui notre jeunesse est de plus en plus corrompue et utilisée par ses ainés, ses parents, ses grands parents de tous bords politiques et surtout des classes économiques supérieures. Nous sommes tous coupables de cette même peine de 2 ans fermes d’emprisonnement pour les faits de corruption de la jeunesse. Nous nous le tenons pour dit dorénavant, la justice de ce pays n’a pas besoin de retenir ce délit comme chef d’accusation pour nous en condamner.
On serait même tenté de dire « alhamdoulilah » si dans la réalité, stopper cette corruption de la jeunesse qui insidieusement mais surement ne lui laisse aucune porte de sortie ni chance de salut, était le but de ce procès de la honte. Mais malheureusement, cette jeunesse est loin d’être le souci de ceux qui ont plaidé, ou requis la peine, ou donné le verdict, ou influencé le procès. Cette jeunesse, et bravo à nos enfants, elle a bien compris que le condamné pour corruption de la jeunesse n’est pas celui à qui elle doit sa situation de précarité et de désespoir. Et nous nous devons d’entendre l’expression sans équivoque de son désaccord avec ce verdict rendu par la justice sénégalaise et qui en ce 1er juin 2023 a fait dégrader la note AAA du Sénégal en matière de démocratie et de justice.
Ces jeunes ont en effet bien compris pourquoi ils n’y arrivent pas.
Ma bouteille à la mer lors des élections législatives semble s’être perdue et n’avoir jamais atteint le destinataire tellement la belle mer dakaroise a été polluée par nos misères morales, nos valeurs travesties, et toutes les autres formes de pollution physiques que nous ne cessons de lui jeter et ensuite tenter de la parer d’aménagements budgétivores en guise de ravalement de façade. Nous essayons ainsi de mieux cacher la misère de ces jeunes qui tous les jours en vagues matinales, ou au crépuscule, se rendent sur les plages pratiquer du sport ; suppliant ainsi notre cher mer d’apaiser leur désespoir ou à défaut de faire d’eux le prochain Sadio Mané.
Dans cette bouteille j’implorais une relecture de la situation sociale et économique de notre pays et sollicitais une meilleure prise en compte des demandes de notre jeunesse afin que nous n’arrivions pas à une révolte populaire. Je titrais que la cohabitation politique serait la seule alternative pour apaiser une jeunesse impatiente d’attendre février 2024. J’avais à ce moment-là, largement sous-estimer la remarquable faculté de prestidigitation qui a conduit à la majorité à une voix, assurant ainsi à la coalition présidentielle le perchoir. Mais montrant clairement à qui ne l’avait pas encore compris que tout ne tenait plus qu’à un fil.
C’est donc dans une incertitude totale que ce feuilleton de l’élection législative s’est terminé par la démission du parti de sa cheffe de file dans la campagne pour la majorité parlementaire. Episode qui au demeurant n’est toujours pas clos, mais ceci n’est pas notre sujet aujourd’hui.
Aujourd’hui nous traitons de corruption de la jeunesse, cette jeunesse victime du système et qui a perdu tout espoir de se voir gravir les marches sociales parce que retenue au niveau le plus bas. Elle se heurte à ce plafond de verre d’une épaisseur telle que toutes les pierres jetées ne peuvent briser, qu’aucune marche pacifique ne peut repousser et que seuls ceux d’en haut peuvent décondamner. Ceux d’en haut, dans un pays en voie de développement c’est le gouvernement et son chef essentiellement, mais c’est aussi tous ces acteurs du système qui sont complices par leur silence et par l’appât des contrats juteux qui leur permettent de faire partie du Sénégal d’en haut sans être « haut fonctionnaire » ou « politicien de carrière ».
Oui nous devons oser le dire et l’assumer, nos jeunes ont compris le système et en sont corrompus bien plus qu’on ne le croit. Ils savent que pour devenir riche dans ce pays, il faut dans la majorité des cas être coupable de détournement de deniers publics ou arroser fortement pour qu’on ne t’asphyxie pas avec un redressement fiscal. Ils ont compris que si leur papa ou maman ou oncle ou tante n'est pas haut placé alors ils doivent finir major de promotion pour prétendre à un emploi décent et même avec cette grande prouesse, ils vont finir sous les ordres de la fille ou du fils à papa jadis pas dut tout brillant à l’école. Tous les autres n’ayant pas été primés au concours général, viendront, pour les plus chanceux, gonfler les rangs de la classe moyenne en cours de paupérisation qui ne cesse de s’agrandir au Sénégal.
Cette classe des « moins pauvres » donc, ne peut se payer d’autre logement qu’un appart construit sur le toit de la maison familiale ou un modeste logement social de 3 pièces sur une demie parcelle de 150m2, au beau milieu de nulle part dans la banlieue dakaroise sans route ni éclairage. Elle va se découvrir victime d’un promoteur aux bras longs à qui jamais on imposera un minimum de viabilisation et qui les lâchera seuls face aux inondations et autres soucis d’assainissement en toute impunité au vu et au su de toutes les autorités responsables !
Si d’aventure cela peut rassurer la classe moyenne, le Sénégal d’en haut ; est maintenant lui aussi victime d’escroquerie immobilière et foncière par les plus haut positionnés et se retrouve aussi bâillonné car victime consciente et consentante du système, comme dirait l’autre, le voleur volé.
Ceux parmi ces jeunes qui légitimement aspirent à quitter leur petit appartement mal éclairé et bruyant pour vivre dans les quartiers huppés de la corniche ou dans un bel appart au plateau ou ailleurs, se voient avec pour seule alternative l’entrée en politique ou la pratique d’activités illégales capables de leur faire gagner de l’argent rapide tel le loto et autres nombreux bets qui corrompent de plus en plus de jeunes. Oui ce système ou l’ascenseur social est en panne et maintenu au sous-sol, corrompt chaque jour notre jeunesse et ne nous différencie aucunément du colon oppresseur. Bien au contraire nous confirmons encore une fois cette bien triste réalité qui est que le peuple sénégalais a tout simplement changé de bourreau mais n’a pas encore obtenu la pleine jouissance de ses ressources naturelles.
Ce pétrole et ce gaz qui redonnent l’espoir à notre jeunesse
Oui c’est bien de cela qu’il s’agit, de nos ressources naturelles exploitées depuis toujours par une minorité puissante au détriment de la grande majorité pauvre. Et ce n’est pas parce qu’elle est locale, qu’elle est plus légitime à se garder la plus grande part et jeter des miettes au peuple qui croule sous le poids des grosses factures énergétiques, du loyer exorbitant et du panier de la ménagère devenu hors de prix. Bien évidemment nul n’ignore que les ficelles sont tirées de l’occident en général et de la France en particulier, qui on l’a tous compris essaie de ne pas perdre sa place de partenaire privilégié du pays et non d’un individu. Là non plus n’est pas le sujet du jour.
Nous allons donc revenir sur cette jeunesse corrompue qui exige une justice dans le partage des revenus du pétrole et du gaz que tout sénégalais qui sait lire a pu estimer et en apprécier l’abondance à travers les nombreux articles de presse en ligne sur le sujet. Cette jeunesse voit aisément, les nominations partisanes, par alliance ou familiales qui se font autour de cette découverte souterraine sensée changer leurs vies. Ce pétrole et ce gaz, sont l’espoir de cette jeunesse, ils arrivent comme une perche envoyée par le bon Dieu pour les libérer de cette misère dont ils pensaient que seules les pirogues pour Lampedusa auraient pu les sortir. Cet espoir venu du ciel, ils ne le confieront qu’à quelqu’un qui a gagné leur confiance. Quelqu’un qui ne nommera pas un proche à la présidence de la société nationale de pétrole fut il le meilleur dans le domaine parce que c’est anti déontologique et
que ça renvoie un mauvais signal.
Ces richesses de notre sous-sol sensées nous sortir de la pauvreté, cette jeunesse, veut et va se battre pour que le partage ne soit pas selon la loi Pareto des 80/20 qui dans son hideuse interprétation capitaliste attribue à la minorité des 20%, environ 80% des richesses. Cette loi Pareto, la jeunesse ne compte la laisser triompher encore cette fois et est déterminée à faire ce qu’elle peut avec ses moyens. Ce sont malheureusement la protestation et les manifestations violentes, qu’elle oppose au silence de leurs parents et ainés préoccupés par la dépense quotidienne dans ce combat effectivement sans sursis.
Nous avons tous, sans exception, été condamnés à perpétuité dans cette prison du stress économique où la vie chère nous consume à petit feu. Déguisée en cancers divers ou autres maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension artérielle si ce n’est le malaise cardiaque, et tout ceci, dans une précarité de soins des plus effarantes. Ce n’est surement pas une excuse recevable mais cela peut aider à donner un début d’explication du pourquoi notre jeunesse se retrouve obligée de se battre violemment. Elle assiste impuissante au rassemblement de tous ces ingrédients qui petit à petit sont en train d’être mis ensemble dans la préparation de la future gestion opaque de notre pétrole et notre gaz.
Si dans cette phase de sélection des ingrédients, il paraissait évident la mise en place d’un mécanisme de gestion transparente et inclusive de ces ressources à venir, de la sélection des prestataires internationaux pour leur exploitation, et de la signature des contrats y afférents, alors qui que puissent être les candidats à l’élection présidentielle de 2024, jamais un Sénégalais n’aurait été prêt à leur sacrifier sa vie ni à mettre en danger celle de ses frères.
Malheureusement cette jeunesse corrompue par ce système le connait que trop bien et a même eu à fermer les yeux sur la souffrance d’une des leurs ; jeune masseuse entrainée dans les tribunaux pour une affaire dont elle ne comprendra malheureusement jamais les tenants et les aboutissants mais seulement obnubilée par les millions promis et brusquement devenus 600 mille francs, moins de mille euros.... On trouvera rarement une aussi éloquente illustration des effets induits de la pauvreté et du désespoir.
Si cette jeunesse n’était pas corrompue, elle n’aurait jamais gonflé les rangs des partisans d’un homme politique empêtré dans une affaire de mœurs fut il de loin le meilleur de tous les potentiels candidats. Elle aurait plutôt cherché à préserver une des leurs de cette corruption dont malheureusement une multitude de nos filles sont victimes. Elles sont nombreuses à succomber au piège de tous ces prédateurs publiquement connus et ayant déjà été condamnés sans que cela ne les tue de honte ni ne les empêche de reprendre le micro en public. Cette affaire sweet beauté, c’est juste un pami la pléthore d’instituts de massage ou de beauté de Dakar sur lesquels nos autorités ferment les yeux ou du moins ne les ouvrent que si l’accusé est un adversaire déclaré.
Il ya réellement un besoin urgent et impératif de changements structurels
Notre seul moyen d’éradiquer cette corruption de la jeunesse est de lui redonner foi au système, foi en ses institutions et en sa justice. Cette jeunesse se remettra dans les rangs au seul espoir de perspectives meilleures avec des programmes concrets qui donnent de la place au travail, à l’apprentissage et à la résilience pour gravir les échelons. Cette jeunesse veut avoir une école publique qui donne le choix de s’orienter vers un lycée professionnel dans toutes les régions du Sénégal, qui garantisse un diplôme de BEP puis BTS de valeur, qui garantisse un métier noble et porteur en phase avec le stade de développement économique de notre pays. Il s’agit de fournir un nombre critique de professionnels du BTP, de techniciens de laboratoires, de l’agro-industrie, d’infirmiers, etc. Certains réclament des universités qui forment plus de médecins, plus d’ingénieurs, plus de pharmaciens, plus de biologistes, plus d’astronautes, plus de data scientist.
Notre Sénégal regorge de jeunes qui ne demandent qu’à travailler et apprendre mais que malheureusement le système a poussé au gorgorlou après les avoir abandonnés dans des daaras où les parents trop pauvres pour les nourrir les ont déposés à l’âge de 3-4 ans après la naissance du 3ème petit frère. Ils en sont sortis adolescents lorsque devenus trop grand pour qu’on leur donnât encore des pièces dans les rues qui les accueillent de l’aube au crépuscule. Cette jeunesse corrompue entièrement par les faits qui sont à l’opposé des textes entérinés et annoncés en grande pompe mais qui n’ont pas aidé ces enfants talibés à retrouver leurs foyers. Cette jeunesse corrompue ompte tous ces ados et jeunes adultes déscolarisés et sans métiers, victimes de la mauvaise gestion de l’éducation nationale qui constituent aujourd’hui cette bombe humaine prête à exploser à chaque scandale politique.
Malheureusement tous les bords politiques tentent de l’instrumentaliser. Ils oublient cependant que ne peut pas faire sortir la jeunesse dans la rue qui veut mais qui peut. Celui-là qui aura gagné sa confiance et son respect...
Cette jeunesse a aussi très bien compris cet autre jeu de dupe auquel s’adonne une bonne partie de l’opposition bien camouflée et ne faisant que le strict minimum pour exister. Cette opposition très souvent transhumante ou entre deux chaises, opportuniste à souhait, attend patiemment du leader de Pastef qu’il fasse le combat contre le 3ème mandat, au risque de sa propre éligibilité. Et une fois le combat terminé, ils essaieront de profiter du boulevard ainsi formé par la défection de l’un et/ou l’autre entre les 2 ans fermes de prison et la non-candidature. Ces opposants tous membres actifs du système et pour qui devenir président est une plus la consécration de plus de 30 ans de carrière politique qu’une mission de service public, les jeunes les ont identifiés et en aucun cas ne vont en faire leur roi.
Ils oublient qu’en 2012 la jeunesse avait opté pour un homme de 51 ans face aux velléités de Wade de rempiler au terme de ses 2 mandats, et qu’en 2024, leur idole aura tout juste 50 ans. Et que celui qui veut se faire une place dans ce flou politico-constitutionnel devrait s’assurer qu’il n’a pas plus de la cinquantaine et/ou n’a jamais profité du système.
Ce système tout entier avec ses députés de tous bords a failli dans son rôle de parent en premier puis dans son rôle d’autorité en charge de l’éducation, de la sécurité, de l’économie, du développement, de l’agriculture, de l’élevage, de l’Energie, de la formation professionnelle, de l’emploi, de la femme et de la jeunesse. Tous ces manquements dans l’exercice des fonctions régaliennes dis-je, sont responsables de la corruption de notre jeunesse. Les vrais coupables n’ont eux pas reçu d’assignation à comparaitre ni n’ont été condamnés pour corruption de cette jeunesse là.
Cependant aucun chèque à blanc n’est signé à qui que ce soit
En effet si cette confiance que la jeunesse accorde à son leader venait à se perdre pour des raisons évidentes de non tenue des promesses, de manque de probité, de non-droiture, d’injustice et de mépris de son peuple, cette même rue reviendrait alors comme un boomerang à la charge contre l’allié qui aura déçu. Puissions-nous ne pas avoir à revivre cela.
C’est pourquoi, nous lançons un cri du cœur au projet, à l’espoir de cette jeunesse, au messie, à l’homme providentiel, quelque soit le nom qui lui est donné, qu’il reflète et matérialise ce qu’il suscite d’attentes et d’espérance pour nos jeunes. Notre pays est à un tournant où il n’y a plus de place pour la fourberie ni pour les promesses électorales non tenues. Notre pays a besoin à sa tête d’un patriote sincère choisi par son peuple sur la base de son langage direct et sans détours. Punissant les malversations des dirigeants en charge du bien public. Nos jeunes veulent accorder leur suffrage à celui qui ne va taire aucun scandale financier et qui n'aura de cesse de les traquer afin que les fonds soient rendus à la nation.
Bref nos jeunes ont choisi de mourir pour celui qui en premier aura une politique de rupture avec ce système dont ils ne veulent plus. Alors qui que vous soyez et quels que soient ceux qui vous entoureront ou vous accompagneront, tachez de ne pas les décevoir en mettant à nouveau les conditions d’une situation identique à celle contre laquelle ils sont sortis en masse à chaque fois et se battent en vain depuis de trop nombreuses années.
Positionnez cette jeunesse en priorité absolue et faites de ses doléances vos objectifs principaux. Apportez ainsi votre contribution significative à l’affranchissement de cette jeunesse africaine. Permettez-lui par vos promesses tenues de connaitre la dignité des fils des grandes nations libres et démocratiques en marche vers son développement équitable.
Devenez celui qui redonnera au Sénégal cette place de premier de la classe dans la diplomatie africaine qu’il vient de perdre après qu’un chœur à l’unissions ait exprimé à notre place ce Nostra maxima culpa qui ne nous honore pas du tout.
Construisez-nous avec toutes les forces vives, un Sénégal nouveau sans discriminations flagrantes, sans cloisonnement, où tout le monde mange à sa faim et peut se loger décemment, où l’on n’expose pas de façon éhontée ses biens mal acquis et où la jeunesse ne serait plus de corrompue.
Dieu protège nos enfants !
par Abdoul Aziz Gueye
SÉNÉGAL : RÉVOLTE CAMUSIENNE ET RÉVOLUTION SARTRIENNE
Depuis trop longtemps, les maux jetés dans le ventre du volcan, faut il s’étonner que ce dernier entre en irruption ? Le peuple veut faire sonner le gong de la Révolution. Il sort de sa “servitude volontaire”
L’évidence est toute faite, nul ne pourra y échapper. Le mot a longtemps été tus, enfoui dans l’inconscient collectif. Aujourd’hui le refoulement n’est plus possible, ils le savent, ils en sont conscients. Des bruits assourdissants, menaçants, presque inconnus à ce foyer jadis de la paix, font peu à peu taire tam-tam et rires. Les nuages ont troqué leur blancheur de perle d’antan contre un gris de spleen. Ils font naître aux yeux des rivières et dans les gorges des brumes Et les pluies ne sont plus, qu’ éclats de bombes et balles perdus, cocktails enflammant et odieuses injures. Au vent, se mêlent les cris d’une hordes de mécontents, de partisans, de loups affamés de vérité et de droits. Les temps ont changé …
Est-ce un mauvais décor théâtral ? Ou la révolte éclatera ?
Le peuple s’est redressé ; il a dit non aux carcans, à la chicote mais surtout, et avant tout au mensonge. Son intellect, sa force bafoués, il a choisi d’ôter sa muselière, ses sangles et ses cache-œil.
Il se révolte. Il est presque camusien, car il a également changé le cours de son esprit. Il est sorti dehors, dans les rues, comme un seul Homme. Sang et violence sur fond de soucis politiques, sont en réalité, les conséquences des maladies sociales et injustices gangrenant depuis beaucoup trop longtemps la nation. Ceux qui sont dehors, braves et méprisés, critiqués mais déterminés, ce sont les rejetons de la Teranga. Ils ont faim, ils ont soif, ils sont volés ou privée de leur dignité, de leurs droits, de la liberté qui sied a tout être humain. Ce n’est au nom de personnes que les faits sont ; cela est plutôt au nom de la Justice.
Depuis trop longtemps, les maux jetés dans le ventre du volcan, faut il s’étonner que ce dernier entre en irruption ? Considérés comme des animaux, ils se comportent comme tels, en macaques avides de destruction car étant la seule option, décidés à faire entendre les cris de leurs estomac , de leurs âmes, à faire résonner les echos du vide de leur main, privée de leur dû.
J’accuse. J’accuse de tous les maux, de tous les crânes éclatés, des feux allumés, des membres par les balles percées, non pas les dirigeants, les pillards, les corrompus, le roi ou les destructeurs … Non, ils sont tous innocents. Les coupables, les vrais, ceux sont les accumulateurs de papiers, les porteurs de robes blanches et noires, d’autoproclamant “guides” mais qui ne sont qu’adeptes du rien et de l’érotisme intellectuel. « Muets et cois », malhonnêtes et spectateurs volontaires. Ils ont failli, tous à leur rôle ; qui est celui de l’intellectuel. Les seuls partis devant être pris par celui ci sont celui de l’honnêteté, de l’appel à la réflexion et non de l’inertie. Ne savent-ils pas qu’une épée est suspendu au dessus de leur têtes ? Que leur conscience bientôt se transformera en fardeau ? Ne savent-ils pas que leur silence ne s’inscrit pas dans le néant, mais plutôt qu’il annonce leur position, qui est celle de la masturbation, de la prostitution intellectuelle ? Ils font une ablation de ce qui les détermine. Mais que sont-ils ont alors, sans conscience ? Animaux ! Rien de plus. Nous leur parlons de solidarité avec les oppressés, et ils nous parlent politiques et inconscience. Ce sont des aptères dont l’existence mérite d’être remise en cause, car alors quel sens ? Question existentielle … Et cette Justice, toujours la plus nue des complices, renforce la bêtise et la destruction .
Mais par une quelque grâce, nous pouvons nous passer d’eux. Ainsi, peuvent t’il continuer à être courtisanes, à exploiter les pauvres âmes, enfants et adultes, à se murer dans le silence de leur salon, de leur églises, dans le tohu-bohu de leur palais, construits au seul jeu d’apparence opéré dans leurs mosquées, aux vols dans les trésoreries.
Maintenant, faite attention au remuement des lèvres, c’est le même mot qui revient constamment, incessamment : révolution.
Le peuple veut faire sonner le gong de la Révolution. Il sort de sa “servitude volontaire”. Ce n’est plus qu’une impression. Elle fait trembler la terre de ses pas tonitruants. Elle n’a pas que la violence comme front ; elle est de partout, physique comme intellectuelle. Quoi qu’il en soit, elle est marquée du fer de la violence. L’inévitable, l’inarretable. C’est elle qui détermine l’évolution ou l’effondrement d’un État, d’une nation. C’est le point de non retour, certes déplorable mais inévitable.
A la querelle sartrienne et camusienne nous mettons fin ; la révolution doit être précédée de la révolte. Il n’y a pas sécularisation, mais plutôt union . Car c’est d’abord la “revendication par [les] Hommes de la justice dont on [les] prive» qui a fait descendre dans les rues, en colère, cette marée humaine. Et c’est en changeant radicalement nos esprits, en laissant pénétrer la lumière de la plus douloureuse des manières qui soit, en démontrant notre puissance de frappe qui est celle du peuple, mais surtout, en étant mû uniquement de b onne foi que le Graal nous appartiendra. Ensemble, parlant d’une même voix, d’un même Esprit, fils du brassage de nos volontés communes, marchant d’une même jambe vers l’unique direction qu’est le bien, d’un même coeur mû de bonne foi, nous seront enfin alors un peuple, ayant un but et une foi. Que nul ne redoute l’inévitable. Fuir la révolte et la révolution est similaire à la fuite face à la mort ou à la négation même de soi, de sa dignité d’homme. Absurde et vain. La révolte tout comme la révolution sont des humanismes. N’est-ce pas du chaos qu’est naît la lumière ? N’est-ce pas le but de la lutte que d’atteindre la paix ? Alors notre bien commun naîtra de ce que nous ferons les prochains jours. Choisissez la révolte, choisissez la révolution, peu importe, car tous ces chemins mènent à la libération. La lutte est d’abord intellectuelle et spirituelle. Dites non ; non pas d’une manière nihiliste, mais avant de dire Oui. Oui aux droits, oui à lalLiberté, oui à une nation sénégalaise prospère. Dénoncez, écrivez, accusez, pointez … La victoire sera notre. Et que nul n’oublie que, “ […] la révolte ne mourr[at] qu’avec le dernier homme”.
par Zacharia Sall
J’ACCUSE
c’est l’échec de nos dirigeants, la faillite de Macky Sall et de son gouvernement qui ont donné lieu à ces événements ayant entrainé plus d’une dizaine de morts et de blessés
Les violences qui secouent depuis quelques jours le Sénégal montrent encore une fois que trop d’injustice appelle à la violence, au sang non point condamnable, mais légitime. Il faut en effet dire qu’en temps de violation des droits et libertés des individus, seule la violence demeure l’adversaire de taille de l’injustice.
Et rien de nouveau dans mon propos, car nous savons tous que lorsque le peuple étouffe sous le regard de ses dirigeants inertes, auteurs de forfaitures, de combines et de magouilles pour paraphraser le grand Kéba Mbaye, s’assister lui-même avec le peu d’énergie et de pouvoir qui lui reste devient dès lors la seule issue, l’unique solution à ses maux.
Le peuple sénégalais l’aura très bien compris, ce même peuple qui a confié son âme et son destin à un homme qui fait de l’iniquité sa marque politique.
En réalité, ceux qui ont l’esprit et la mémoire dans le passé ; ceux qui se souviennent d’hier - et Macky Sall n’en fait hélas plus partie - savent que le combat des Sénégalais est plus que légitime en ce sens qu’elle s’inscrit dans le cadre de ce que le peuple sénégalais a toujours eu comme éthique tatouée au devers de son âme depuis Senghor jusqu’à celui qui nous sert de président tyran et violeur des droits de ses citoyens : ne jamais redevenir l’esclave d’un homme aussi puissant soit-il. Ne jamais regarder inerte un homme subir une injustice, peu importe, sa provenance. Car l’inertie et l’injustice conduisent dans ce cas au sang et aux ténèbres.
Rappelons qu’en 1962 Senghor a accusé à tort Mamadou Dia de coup d’État ; en 1968 la révolte universitaire a porté la voix du peuple sénégalais souverain ; en 1973 Blondin Diop a été arrêté puis assassiné par le gouvernement de Senghor à cause de ses positions et de sa liberté de pensée; et en 2011, l’opposition et la société civile sénégalaise se sont réunies demandant le départ du président Abdoulaye Wade au nom de la justice etc.
Et encore, c’est au nom de la justice que le peuple sénégalais se réunit dans la rue depuis quelques jours. Car ces événements ont en commun une évidence puante ne devant plus apparaître sous les tropiques du Sénégal, c’est-à-dire, l’injustices et la surdité des dirigeants sénégalais face aux demandes du peuple, la gabegie de nos hommes politiques, l’iniquité des élus du peuple et le marasme patriotique de ceux-là même qui ont pour rôle et responsabilité de verser dans la conscience de chaque citoyen un amour infini de la patrie.
Conséquemment, c’est l’échec de nos dirigeants, la faillite de Macky Sall et de son gouvernement qui ont donné lieu à ces événements ayant entrainé plus d’une dizaine de morts et de blessés. Et ce nombre ne cesse d’augmenter.
Mais puisqu’à chacun sa responsabilité, ces émeutes légitimes sont la manifestation d’un refus de voir la même histoire d’injustice se répéter chez nous. Le peuple sénégalais ne veut plus voir un autre Mamadou Dia ou un autre Blondin Diop à travers la personne de Ousmane Sonko. Par ricochet, les sénégalais se lèvent pour dire au président Macky Sall, à la justice sénégalaise instrumentalisée et à son gouvernement ceci : « Nous ne vous laisserons point être les héritiers des mauvaises pratiques politiques de Senghor, de Diouf et de Wade. »
Et puisqu’à l’heure de la vérité, il faut savoir accuser les combineurs, j’accuse alors Macky Sall d’être à l’origine de toute cette violence au Sénégal. Chaque souffle qui tombe et chaque goutte de sang qui appelle la mort trouvent réponse dans son ambition machiavélique et anti-démocratique.
J’accuse Macky Sall d’instrumentaliser la justice sénégalaise et de chercher à empêcher un homme (Ousmane Sonko) de se présenter aux prochaines élections présidentielles du Sénégal. Car il lui suffit d’écouter son peuple pour arrêter toute cette situation qui n’honore aucunement le Sénégal. Il en a le pouvoir, mais que décidera-t-il ?
par Abdou Sene
JUSTICE : ILS NE DOIVENT PAS ÊTRE NOMMÉS
Si l’Humanité est arrivée à générer des sociétés organisées, c’est parce que l’Homme aspire naturellement à la justice, en tant que principe philosophique et moral
Lorsque l’Homme arrête de pratiquer la justice, il perd son rang de maître du règne animal. Pire, il incarne le mal dans ce règne parce que les autres espèces animales ne sont pas mues par l’intention de nuire ou par des intérêts superflus et égoïstes mais par la volonté de vivre. Ils peuvent paraître injustes et violents parce que tout simplement poussés par la Nature. Par l’instinct de conservation.
Si l’Humanité est arrivée à générer des sociétés organisées, c’est parce que l’Homme aspire naturellement à la justice, en tant que principe philosophique et moral. Des groupes d’individus ont pu donc cohabiter et interagir grâce à un minimum consensuel de justice. Cette dernière étant un idéal à poursuivre sans relâche. La justice est donc le ciment de la coopération inter-humaine - au sens de Noha Harari dans Une brève histoire de l’Humanité - qui a propulsé l’Homme au sommet du règne animal.
Par ailleurs, l’être humain animal est déchiré entre deux aspirations souvent en conflit, pour ne pas dire antinomiques : la volonté de puissance à la Nietzsche et la volonté de justice à la Saint Thomas d’Aquin. Dans ce contexte mental, l’Homme expose souvent une de ses plus grandes faiblesses, à savoir l’égoïsme. Dominant, il accomplit sa volonté de puissance, dominé, il a envie de justice. Sauf pour les individus dont la vertu transcende la nature. A la formation des premières civilisations, l’Homme devait donc trouver un principe social lui évitant que ce déchirement naturel fasse partir sa société en lambeau. Ce principe était la justice.
Et c’est en abordant cette dialectique par la justice que l’Homme a montré tout son génie. Depuis la formation des premières sociétés humaines, il a fait de la justice un principe central dans l’administration de la cité. Par nécessité. En effet, l’histoire montre que toute société où règne l’injustice à ciel ouvert est vouée à la ruine. Le philosophe disait que la civilisation n’est qu’un vernis couvrant un océan de barbarie. Il suffit que ce vernis - dont la principale composante est la justice - craquelle pour que jaillisse l’horreur ou/et la chute du prince.
L’histoire des peuples est jonchée d’illustrations de cette assertion. J’invite à revisiter : les causes de la révolution française de 1789 alimentée par l’injustice que le tiers état subissait de la part du clergé et de la noblesse ; l’origine de la révolution des torodos de 1776, qui ont pris le dessus sur la dynastie Denianké pour réparer des injustices, grâce à Thierno Souleymane Baal et ses partisans ; l’histoire de la chute de l’empire du Djolof du fait de la révolte et de la victoire sur son empereur, en 1549, du jeune Amary Ngoné Sobel pour sauver l’honneur de son père, Lamane Déthié Fou Ndiogou Fall, et du Cayor, victimes des caprices impérieux ; les causes de la chute/fuite du tyran Daou Demba, 6ème Damel du Cayor ; et plus récemment, dans les vingt dernières années, la décomposition de certains pays à travers le monde à cause d’injustices sociales et/ou politiques. En remontant plus loin dans le temps, jusqu’à la Première Période intermédiaire de l’Egypte (entre le 22ème et le 21ème siècle avant notre ère), on peut trouver des récits de révolution sociale semant l’anarchie, notamment contre la justice. Aussi, le proverbe oriental qui stipule qu’un roi sans justice est une rivière sans eau prend-t-il tout son sens.
Les juges
La justice comme principe fondamental - mais très complexe - de la vie en société civilisée, requiert, pour son exercice, que la société forme des experts en la matière. C’est pour cela d’ailleurs, que la science juridique fait partie des premières disciplines enseignées dans les premières universités au monde. C’était une demande sociale, or le concept d’université a été créé dans le but de produire du savoir au service de la communauté. Cependant, il faut se rendre à l’évidence que, s’il existe x% de citoyens de peu de vertu dans une société, on peut s’attendre à ce que ce pourcentage soit le même pour ses étudiants de peu de vertu en sciences juridiques, comme dans toutes les autres disciplines. Néanmoins, le juge étant idéalement et philosophiquement le gardien de la vertu dans une société, un filtre très serré doit impérativement être appliqué lorsqu’il s’agit de choisir, parmi les diplômés des facultés de droit, l’élite qui doit être portée à la tête de la magistrature d’un pays.
Saint Thomas disait : nous ne sommes pas déclarés justes du fait que nous connaissons droitement quelque chose. Effectivement, il faut certes être pétri de compétences en sciences juridiques pour juger, mais aussi et surtout armé d’une vertu largement au-dessus de la moyenne pour mériter d’être hissé au rang de juge de la société. Des juges de peu de vertu et/ou de compétences ne doivent en aucun cas être nommés à la tête de la magistrature dans une société civilisée. Juger une société est une mission trop sérieuse et trop complexe pour être exercé par « Monsieur ou Madame n’importe qui ».
A cet égard, dans toutes les sociétés, il faut prôner l’aristocratie de la vertu et de la compétence afin d’exaucer le fameux vœu du mathématicien-philosophe-théologien du 17ème siècle Blaise Pascal qui disait : Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste.
Abdou Sene est Professeur de mathématiques appliquées à l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (ex UVS).
par Sonny Sarr
ALLUMEZ LES LAMPES QUI ÉCLAIRENT LES TÉNÈBRES AU CŒUR DU PAYS DE LA TÉRANGA
Décennie après décennie, qu’est ce qui a changé depuis le début des conflits dans les pays pauvres d’Afrique ? Que des décennies d’anarchies ! Comment retrouver la paix pour de bon ?
A mon pays dont la situation nécessite une prise en charge politico-socio-économique pluridisciplinaire et urgente, à toutes les filles et à tous les fils du pays de la Téranga.
L’histoire n’a pas de sens, certains leaders sont parfois créateurs de confusions et de chaos.
Le ciel s’assombrit à nouveau sur le territoire. De mémoire, c’est une situation inédite avec un silence insupportable sur la problématique la plus complexe et la plus conséquente, sur la redoutable tumeur déstabilisatrice qui secoue le pays de la Téranga. La lutte contre la redoutable tumeur ne peut pas être assurée par un seul ou quelques pilotes ou groupe de personnes.
L’insécurité est le "cygne noir" le plus redoutable contre le développement d’un pays quelconque, contre l’amélioration des conditions de vie des populations, mais pas seulement.
Dans mes pensées, je ne suis sûr de rien, je doute, mais je voudrais éviter également de parler parce que les faits sont difficiles à prouver puisqu’il n’y a pas de réponse pour expliquer mon désarroi. Wagane choisirait ainsi de garder le silence devant l’absurde et le mystère demeurera entier !
Mais comment garder le silence alors que le pays bascule dans une situation destructrice de vies et de biens. Les émeutes les plus violentes éclatent dans tout le pays, entrainant la mort de dizaines de jeunes, le pillage de supermarchés, le vandalisme des domiciles et le saccage des édifices publics et privés.
Des victimes meurent bruyamment. La sécurité des personnes et des biens est préoccupante. Des scènes de malheur, des tragédies, des pleurs. Le monde regarde le pays de la Téranga, les égos et les haines n’engendrent que des douleurs. A cause de la peur, du silence et des menaces, personne n’en parle tandis que d’autres ont pris à nouveau l’avion pour un voyage lointain.
Cette situation m’émeut profondément, ébranle mes pensées. Pas de mots pour évoquer ma douleur !
Agité et fragmenté, justice chahutée, l’État du pays se dégrade. Comment en sommes-nous arrivés là ? Qu’ont-ils fait pour avoir à nous faire vivre cet écueil ?
En cette douloureuse circonstance pour toute la communauté sénégalaise meurtrie, les appels internationaux à la retenue et au calme sont unanimes. Tous les acteurs sont invités à privilégier les voies du dialogue pour surmonter toutes leurs divergences. Cela permettrait d’éviter de provoquer des réactions de colères.
Le pays de la Téranga est connu comme étant l’endroit le plus paisible de la zone proche de tensions politiques et d’insécurité causées par des décennies de conflit, un pays caractérisé par une parfaite symbiose multiculturelle et multiethnique.
Par ailleurs, d'une manière générale, à ce jour, le monde est encore confronté à une crise mondiale complexe et interdépendante, où les inégalités de richesse s’aggravent, où le risque d’inflation est sans précédent avec des taux d’intérêt qui augmentent constamment en raison de la guerre russo-ukrainienne, où les prix de l’énergie et des denrées alimentaires ont cru de façon exponentielle.
Dans plusieurs régions et territoires du monde, des affrontements armés sont en cours, avec des centaines de millions de personnes déplacées. Aucune armée, aucune organisation multilatérale - internationale - régionale - nationale ou bien privée, ne contrôle ce qui arrive certains pays marqués par des attaques destructrices de vies et de biens. Il faut condamner fermement tout esprit d’autosacrifice non miséricordieux.
Dans mes conversations sur les tensions en Afrique, pour l’apaisement et la sécurité dans les pays, Pierre me disait, dans un restaurant, à Shanghai, que :
« L’intérêt supérieur de la patrie doit être au dessus de tout. Les conflits armés doivent s’arrêter. Les conflits contre l'injustice, la faim et la pauvreté doivent détoner. Le renforcement des capacités des vaillantes forces de défense et de sécurité est vital pour surmonter les menaces à la paix, à la stabilité et à la cohésion des peuples. Les kalachnikovs et les uniformes en treillis ne devraient pas diriger un pays ou un territoire. Le distingué rôle d’une armée républicaine, loyale et professionnelle, est de sécuriser, de stabiliser et de protéger la cité, pas de gérer la cité. L’armée n’est pas préparée à diriger la cité, elle doit se focaliser dans ses nobles et exaltantes missions régaliennes. Pour l’intérêt des nations en proie à des tensions politiques et sécuritaires, les autorités de transition devraient accélérer les processus de transfert de pouvoir et accompagner le retour des civils intègres au pouvoir. »
La problématique du renforcement de la démocratie républicaine et du rétablissement de l’état de droit a une importance capitale. Un pays sans état de droit et sans démocratie est un pays qui sera toujours confronté aux tempêtes, ses pilotes connaitront un cycle de gouvernance alambiqué et éphémère, sa population et son économie traverseront une crise sans précédent.
Le visage d’un pays sans état de droit et sans démocratie est pitoyable, et est comme une jungle dans laquelle règne la loi du plus fort. C’est un univers où les pilotes les plus populaires se versent singulièrement, par les cris d’orfraie, à la victimisation, à de graves accusations vis-à-vis à des tiers, à la chasse aux sorcières.
Néanmoins, certains leaders politiques à l’ère africaine ne sont pas bien préparés pour diriger la cité. Un leader bienveillant soucieux du bien-être des populations devrait suffisamment s’ourdir avant même d’avoir engagé la conquête du pouvoir. Il devrait d’abord quérir de connaissances approfondies des préoccupations de développement de son peuple et apprendre l’art de piloter la cité.
Mais, le président poète Léopold Sédar Senghor ne disait-il pas que : « l’émotion est nègre, la raison est hellène. »
Or, la raison devrait prévaloir. En termes de choix de pilote pour la cité, un rendez-vous citoyen capital, l’électeur doit faire la distinction entre la raison et l’émotion. Ce noble choix doit être détaché de l’émoi suscité par tout combat politique. Il doit se faire sans aucune distinction de position géographique ou d’ethnie, de religion ou de confrérie, de race ou de caste, de genre ou de couleur de peau, de classe sociale ou d’éducation.
Il doit, enfin, se reposer sur une proposition ou un projet de vision claire et d’un programme ambitieux pour l’amélioration du bien-être des populations.
Oui, les espoirs s’érodent. Les femmes et les jeunes sont fatigués. La force de la jeunesse devrait pousser le pays à avancer avec courage, à être en mouvement vers le chemin d’une meilleure place dans le monde.
Beaucoup de leaders africains vivent constamment des situations d’urgence des besoins notamment, dans le domaine de la réalisation des infrastructures qui induit des investissements importants, tandis que les conditions de vie de la population ne sont pas améliorées, il n’y a pas de véritables ruptures pour soutenir le bien-être et le progrès des peuples. Des sacrifices immenses, un éternel recommencement.
Décennie après décennie, qu’est ce qui a changé depuis le début des conflits dans les pays pauvres d’Afrique ? Que des décennies d’anarchies ! Comment retrouver la paix pour de bon ?
De nos jours, avec les tensions géopolitiques et le réchauffement climatique, les chemins du développement deviennent de plus en plus étroits. Pour la justice sociale, il est nécessaire de stimuler la paix et de trouver des solutions concrètes et durables pour améliorer la vie quotidienne des populations. Mais comment ?
Il faudrait promouvoir la paix en évitant tout acte qui pourrait écorner la démocratie légendaire de notre cher pays dont nous sommes tous fiers.
Ce n’est que dans la paix qu’un pays ou un terroir quelconque parviendra à vaincre la faim et la pauvreté et à escompter le développement durable, mais pas seulement.
Les lourdes mésintelligences ralentissent le processus de développement d’un pays quelconque et si rien n’est fait, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets. De toute façon, les pourvoyeurs de divergences et les voleurs de derniers publics, même si c’est cent cinquante euros (150€) par mois, ne laisseront pas de souvenirs riches mais plutôt des souvenirs durablement désobligeants avec beaucoup de regret.
Il faudrait éviter une sorte d’absence généralisée d’espoir d’une société plus juste, plus équilibrée, d’une société de justice et de paix. Il y va de la responsabilité de chacun d’éviter, au nom de la dignité humaine, des troubles dans le pays. Chacun doit appeler sa responsabilité de veiller à la bonne marche des affaires de la cité.
De même, les jeunes du pays, les véritables forces vives de la nation, devraient participer au dialogue, au dialogue de la paix pour contribuer à l'éclairage des ténèbres au cœur du pays de la Téranga.
par Mame Oumar MBAYE
RÉPONSE À MARY TEUW NIANE
Complot contre le Peuple !!! Encore des grands mots pour ne pas dire gros mots ! Quel complot ? Et quel Peuple ? Les 17 millions de sénégalais ? Arrêtez ! Ayons le courage de dénoncer Ousmane Sonko et arrêtons de tout mélanger !
Complot contre le Peuple !!! Encore des grands mots pour ne pas dire gros mots ! Quel complot ? Et quel Peuple ? Les 17 millions de sénégalais ? Arrêtez ! Ayons le courage de dénoncer Ousmane Sonko et arrêtons de tout mélanger ! Le pays est en danger et vous continuez à nous rabâcher les oreilles avec de la politique politicienne. Encore une fois, cette histoire n’a rien de politique, c’est vous les politiciens qui l’avaient traînée sur ce terrain par simple haine envers un homme. Macky Sall n’a rien à voir avec ce qui s’est passé au tribunal. Comment pouvez-vous continuer à essayer de mettre nos institutions à genoux dans le seul but de servir les desseins sombre d’un individu. Que voulez-vous faire de ce pays ? Sincèrement !!!
Arrêtez de vous cacher derrière des principes auxquels vous ne croyez même pas pour sauver un homme par la faute de qui tout est arrivé et continue d’arriver. En vertu de quoi la candidature de Macky Sall doit être une raison pour mettre notre pays à feu et à sang ? Le Sénégal est un pays stable démocratique et qui, grâce à son président, a commencé à toquer aux portes de l’émergence. Pourquoi aujourd’hui des gens tapis dans l’ombre tels Satan et sa progéniture sont-ils en train de tout mettre en œuvre pour le déstabiliser ? Encore une fois Arrêtez !!!
*LII DARA DIAROUKO WAYE ADOUNA DAFAYE DIEKH ET NOUS RENDRONS TOUS COMPTE À ALLAH LE TOUT PUISSANT.*
Par Babacar Ndaw FAYE
CHERS COMMISSAIRES, VOUS PERMETTEZ ?
C’est avec plusieurs heures de retard que nous avons pu regarder, ce matin, la vidéo du point de presse de la police nationale ; le ministre des télécommunications ayant décidé la veille, de nous priver d’un de nos principaux outils de travail : Internet
C’est avec plusieurs heures de retard que nous avons pu regarder, ce matin, la vidéo du point de presse de la police nationale ; le ministre des télécommunications ayant décidé la veille, de nous priver d’un de nos principaux outils de travail : Internet. Même si la notification et la justification de cette forfaiture sont intervenues après sa mise en œuvre, tel n’est pas l’objet de notre propos. Ici, il est question de cette sortie de la police qui nous laisse avec beaucoup plus de questionnements que de réponses. Mais saluons d’abord qu’elle ait enfin décidé à se prêter à cet exercice de prise de parole, ce n’est tellement pas fréquent sous nos tropiques qu’on se demande la motivation de celui d’hier. Mais on ne va pas faire la fine bouche : on en redemande, avec plus d’entrain. Car hier, en un tout petit quart d’heure, en français et en wolof, par deux responsables différents, avec quelques sombres projections, la police a rapidement expédié les sujets qu’elle voulait aborder. Comme un os à ronger envoyé le temps d’aller s’occuper d’autre chose. Comme un air de diversion. Circulez, plus rien à voir.
Sauf que ça ne marche pas comme cela, chers commissaires. Avec tout le respect qui vous est dû, nous attendions de vous davantage d’éléments pour éclairer notre lanterne sur une situation qui nous inquiète tous, que la répétition d’éléments de langages déjà balancés à profusion par des responsables politiques de la mouvance présidentielle. « Les manifestants sont infiltrés », « il y en a qui sont motivés par autre chose », « ce sont des scènes de pillages »… et tutti quanti. C’est enfoncer des portes béantes.
Chers commissaires, ce que nous attendions de votre sortie, au-delà des auto-glorifications, c’est une réponse aux accusations de tortures dans vos geôles et surtout, une tentative d’explication sur les citoyens utilisés en boucliers humains et violentés à coups de casques et de tête de fusil. C’est de nous dire par quelle logique un enfant a pu servir à vos hommes, de bouclier contre une pluie de pierres.
Chers commissaires, ce que nous attendions de votre précieuse sortie, c’était surtout une explication sur les troublants rapports de bons voisinage entre vos hommes et les supposés brigands dont vous avez justement projeté des extraits d’images lors de votre expéditif point de presse. Vous les soupçonnez d’être des malfaiteurs avec des armes de guerre et autres pistolets automatiques, certains avec une maîtrise qui vous interroge, d’autres avec une non maîtrise qui vous inquiète. Soit. Mais ce qui nous inquiète et nous interroge, nous autres pauvres civils, c’est la franche collaboration que l’on voit sur les extraits - des mêmes images - que vous n’avez pas diffusés, entre vos hommes et ces éléments non identifiés qui visent et tirent en direction des manifestants, les pourchassent avec vous, jusque dans leurs derniers retranchements.
Chers commissaires, ce que nous voulons savoir, au delà de l’identité de ces OTNI (objets tuant non identifiés), c’est pourquoi il est devenu si fréquent de voir vos troupes s’acoquiner avec des hommes armés de gourdins et de machettes, souvent à bord de pickups qui n’appartiennent pas aux forces de défense et de sécurité ?
Ce que nous voulons savoir et que nous attendions de votre sortie qui aurait dû durer beaucoup plus qu’un tout petit quart d’heure, c’est qui a tiré sur les 16 victimes officiellement recensées par vos soins ? Avec quelles munitions ? Si ce sont les vôtres, quelle est la procédure engagée ? Le cas contraire, que devrions-nous retenir ?
Chers commissaires, à Sacré-Cœur, lors du regrettable incendie contre le domicile de l’ancien ministre des Sports Matar Ba, des séquences de vidéos montrent un de ses proches, qui serait son fils selon des témoignages, accompagné d’autres civils armés, tirer maladroitement en direction de supposés assaillants, en étant à côté de forces de défense et de sécurité. Êtes-vous en sous-effectif au point de devoir vous accommoder de tels renforts ? Cautionnez-vous la présence de nervis dans votre tâche de maintien de l’ordre ? Êtes-vous, tout simplement, infiltrés comme le seraient les manifestants ?
Chers commissaires, malgré les infiltrations supposées dans un camp ou dans l’autre, le seul constat qui sied à ce jour est que toutes les victimes jusqu’ici dénombrées par vos soins, sont des civils. En passant, prompt rétablissement à votre brave collègue, Pierre Malou, qui, à vous croire, même en situation de légitime défense, aurait refusé d’utiliser son arme contre les manifestants. C’est ce que nous attendons de vous, chers Commissaires.
Par Madiambal DIAGNE
OUSMANE SONKO VEUT UNE GUERRE CIVILE ET ALIOUNE TINE L’A THEORISEE
Dans quel pays au monde un citoyen peut-il menacer devant les caméras de télévision, de tuer le chef de l’Etat démocratiquement élu ou d’envoyer 200 mille manifestants pour le déloger du Palais et rester dormir chez lui ?
Pour sauver sa tête, s’éviter de payer le prix de ses turpitudes dans le lupanar de Sweet Beauté, Ousmane Sonko avait adopté la stratégie du «après moi le déluge», selon laquelle personne ne devrait lui survivre. On peut dire que cette stratégie lui a réussi, mais seulement en partie, car s’il a été épargné d’une condamnation pour viol, il n’en a pas moins écopé d’une condamnation de deux ans d’emprisonnement ferme pour «corruption de la jeunesse». Ni la plaignante, Adji Sarr, ni la défense ne pourraient se satisfaire totalement de la décision. Seul le ministère public peut s’estimer heureux d’avoir pu sauver son dossier. Le représentant du Parquet a eu l’idée, à la fin de son réquisitoire de feu, lors du procès du 22 mai 2023, de tendre une perche au Tribunal en faisant des réquisitions demandant subsidiairement une condamnation pour corruption de personne âgée de moins de 21 ans. Le pouvoir de Macky Sall peut également se satisfaire d’une décision de condamnation car un acquittement aurait été un séisme tellurique et donnerait des ailes à Ousmane Sonko.
Dans l’absolu, la décision de Justice aurait pu être lue comme une bonne sentence, au vu des éléments de preuve présentés devant le prétoire, si et seulement si l’accusé principal avait comparu devant la barre pour se défendre des graves accusations. C’est une première dans les annales judiciaires que les juges se substituent à un accusé jugé par contumace, pour lui trouver des éléments d’excuse ou de disculpation, ou même des circonstances atténuantes. Le principe jurisprudentiel reste de condamner systématiquement le contumax, d’autant que la règle est de reprendre le procès une fois qu’il se sera constitué prisonnier ou se sera fait arrêter dans le cadre de l’exécution de la décision. C’est en quelque sorte l’application du principe que «nul ne plaide par procureur». En d’autres termes, c’est là que se trouve le côté bancal de la décision rendue par le juge Issa Ndiaye et ses assesseurs de la Chambre criminelle. On peut ainsi considérer que les bravades, menaces et défiances de Ousmane Sonko ont quelque part eu un effet dissuasif à l’endroit des juges. En effet, il lui a été permis et accordé ce qui n’a jamais été admis pour un justiciable devant aucun prétoire dans le monde. En outre, la Chambre criminelle, qui devra avoir à juger l’affaire à nouveau, s’est lié les mains. En cas de nouveau procès, donc en présence de l’accusé Sonko et de sa défense, si elle devait entrer en voie de condamnation, elle ne pourrait pas se dédire et/ou avoir la main plus lourde que lors du premier procès. Quelle serait la cohérence de trouver des excuses à un fugitif qui ne s’est pas défendu, et ne pas les lui reconnaître finalement quand la personne arriverait à les invoquer elle-même devant la barre, entre autres moyens de défense ?
Assurément, les juges, aidés par le Parquet, ont fait l’effort d’anticiper sur un éventuel nouveau procès en décidant d’une disqualification. Je reste cependant persuadé qu’en l’état des preuves présentées devant la barre et qui n’établissent indubitablement que des actes de conjonctions sexuelles, sans qu’on ne puisse en avoir le cœur net sur leur caractère forcé ou consenti, la sagesse d’un juge lui impose de ne pas entrer en voie de condamnation pour l’infraction de viol. Seulement, l’effort transcendantal qui a permis aux juges de disqualifier les faits, leur aurait aussi permis, dans un autre sens, de condamner pour viol.
Au demeurant, la condamnation pour «corruption de jeunesse» par des actes sexuels dans un lieu de débauche est infâmante et avilissante pour Ousmane Sonko qui aspire à devenir président de la République. Le déballage sordide devant le prétoire, de ses ébats sexuels, des récits torrides qui se retrouvent jusque dans les smartphones de ses concitoyens, feront de lui un drôle d’aspirant au poste de chef d’Etat. Nous écrivions : «Si en 2024, Ousmane Sonko a la chance de devenir Président du Sénégal, ce sera fatalement une auto-humiliation pour son Peuple qui aura la honte de voir les ébats sexuels ou les images de l’anatomie intime du premier des citoyens dans les smartphones de ses compatriotes. Il sera «un Président à poil» (chronique du 23 mai 2022).» Franchement, si l’homme manque autant de scrupules pour continuer de chercher à diriger son Peuple, on peut ne pas désespérer que dans un sursaut de dignité et de respect pour eux-mêmes, ses compatriotes s’éviteront l’humiliation de faire de lui le premier d’entre eux. C’est le plus grand revers de Ousmane Sonko, car il s’était juré que les violences et menaces empêcheraient la tenue d’un procès public. Il aura appris, et surtout ses avocats auront appris à leurs dépens que l’on ne peut pas, sans frais, défier la Justice. La présence ridicule de ses avocats lors du rendu du délibéré du 1er juin 2023, pour demander une réouverture des débats, alors qu’ils avaient décidé de boycotter l’audience de plaidoiries de la semaine précédente, constitue un cinglant aveu de leur fourvoiement. La supplique désespérée de Me Ciré Clédor Ly, qui demandait un renvoi pour «aller chercher (son) client et le faire comparaître de gré ou de force», était tout aussi pathétique. Le procureur Abdou Karim Diop a pu persifler en leur lançant : «Vous êtes des plaisantins.» Les avocats s’étaient résignés à plaider à travers les colonnes des journaux et les plateaux de télévision. On voit bien que Ousmane Sonko a toujours dirigé ses avocats et non le contraire ! Ainsi a-t-on pu mesurer la gueule de bois de Me Bamba Cissé après le prononcé du verdict.
Un autre enseignement du procès est qu’il aura permis au public de faire le constat des mensonges répétés de Ousmane Sonko, avec la fable d’un complot orchestré par Macky Sall pour écarter un adversaire politique. Pas une fois, en dépit de la longueur et de l’exhaustivité des débats devant la barre, la thèse d’un prétendu complot n’a été évoquée pour être étayée. Au contraire, ce qui a été discuté et mis en lumière, reste les écarts et faiblesses d’un homme qui s’appelle Ousmane Sonko. C’est dire que des mères et pères de famille, des magistrats, des officiers de police et de gendarmerie, des députés, des ministres, un président de la République et son épouse, des journalistes et des avocats ont été faussement accusés ! Sans scrupule…
Macky Sall dos au mur
Le pays n’en a pas pour autant fini avec cette affaire, encore moins d’avoir à déplorer ses conséquences tumultueuses. Le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a enfoncé des portes ouvertes en soulignant «qu’une décision de Justice est faite pour être appliquée». Douterait-il de l’application du verdict condamnant Ousmane Sonko ? On peut le croire car si l’Etat était dans ces dispositions, il aurait arrêté Sonko depuis très longtemps ; ce n’est pas l’occasion qui a manqué. Au contraire, il a été épargné, contrairement à ses lieutenants. En vérité, on n’a jamais vu un homme appeler autant à l’insurrection et au meurtre sans jamais être inquiété. De simples velléités insurrectionnelles et de menaces de mort, de surcroît assumées publiquement, contre des magistrats et des personnes détentrices de l’autorité de l’Etat, ont, toujours et dans tous les pays, été sanctionnées, réprimées, à plus forte raison quand de telles menaces ont été suivies d’effets dramatiques. Depuis mars 2021, Ousmane Sonko et son parti, Pastef, sont entrés dans une logique insurrectionnelle, de déstabilisation de l’Etat et des institutions républicaines. Leur projet de semer le chaos n’est plus à démontrer. Si on avait encore besoin de s’assurer que ce parti est anarchiste et anti-républicain, la preuve est désormais définitivement faite. C’est dans ce sens que nous n’avons eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme, jusqu’à une chronique du 15 février 2023 dans laquelle nous enjoignions les autorités de l’Etat «d’arrêter Ousmane Sonko avant qu’il ne soit trop tard». En effet, «les bonnes raisons ne manquent véritablement pas pour empêcher Ousmane Sonko de tout se permettre.(…) Ses multiples appels à l’insurrection, suivis d’effets violents et sanglants, avec leur bilan macabre de personnes tuées, ou les appels à empêcher la tenue des élections législatives de 2022 devraient le mener en prison ; tout comme les outrages aux magistrats, les bravades, le discrédit des institutions publiques, les insultes et injures, mensonges et attaques contre des personnes investies de l’autorité de l’Etat (Justice, police, Armée, gendarmerie). Le parti Pastef finance ses activités politiques en violation flagrante de toutes les règles légales et démocratiques.
Tous ces faits sont des motifs légitimes qui enverraient tout autre citoyen dans les liens de la détention ! Dans quel pays au monde un citoyen peut-il menacer devant les caméras de télévision, de tuer le chef de l’Etat démocratiquement élu ou d’envoyer 200 mille manifestants pour le déloger du Palais et rester à dormir chez lui ? Dans quel pays au monde un homme politique donnerait-il l’ordre à son chauffeur de foncer sur un barrage de police et rentrer tranquillement chez lui ? (…) Qu’on se le tienne pour dit, à chaque pas que l’Etat reculera, Ousmane Sonko et ses affidés avanceront de trois pas pour piétiner allégrement l’Etat de Droit. (…)».
Ces lignes sont plus que jamais pertinentes au vu des conséquences du verdict judiciaire condamnant Ousmane Sonko. Macky Sall et son gouvernement sont rattrapés par leur attentisme ou stratégie de pourrissement. Ils ne peuvent plus reculer d’un demi-pas. A force de différer la confrontation, ils finissent par être dos au mur. Si Ousmane Sonko reste impuni, il deviendra illégitime de continuer de s’en prendre à tout autre citoyen. La Justice a fait sa part du boulot, il appartiendra aux autres institutions de s’acquitter de la leur. Aucun faux-fuyant ou alibi ne saurait plus prospérer.
Les oeuvres du tandem Sonko-Tine
De toute façon, avec Ousmane Sonko, on doit savoir à quoi s’en tenir. Il n’a jamais caché son jeu ou n’a point cherché à avancer masqué. Il ne fait pas mystère de sa volonté de déloger Macky Sall du pouvoir par la violence et la force, et on peut bien croire que rien ne le détournera de cet objectif. Il le mettra en œuvre, à la limite de ses possibilités. Aussi se plaît-il à compter le maximum de morts et de dégâts. Il a clairement laissé entendre qu’il y aura de nombreux morts et dans un cynisme sidérant, il dit à ses sbires que «si vous mourez, vos mamans enfanteront à nouveau» ou que «pour (l)’arrêter, Macky Sall devra se salir les mains» (de sang). On ne peut pas être plus clair dans des intentions de semer le chaos et de mettre le pays sens dessus dessous. C’est dans cet esprit qu’on peut relever que la plupart des morts décomptés ne peuvent être des victimes des Forces de défense et de sécurité qui ont déjà payé un trop lourd tribut. Des manifestants sont armés et ont été aperçus en train d’ouvrir le feu. Combien de fois avons-nous alerté sur l’engagement de maquisards de tous acabits aux côtés de Ousmane Sonko ? Si on voulait éviter de ramasser des corps, on n’y aura malheureusement pas réussi. La stratégie de chercher à installer le chaos est en œuvre. Il cherche à déclencher une guerre civile et on doit entendre les évocations, allusions audibles et répétées de Alioune Tine depuis le 23 janvier 2023. Il avait aussi brandi le spectre de la Cour pénale internationale contre Macky Sall. Serait-il anodin que cette rhétorique soit amplifiée après que Ousmane Sonko a taillé bavette avec Salif Sadio quelques jours auparavant (5-6 janvier 2023)? Mieux, c’est après son déjeuner, autour d’un bol de «ceebu yap», bien médiatisé, avec Alioune Tine que Ousmane Sonko a osé, à partir du terrain de l’Acapes aux Parcelles Assainies de Dakar, entonner cette rhétorique de menace de guerre civile.
Au demeurant, une dizaine de morts de trop ont été dénombrés la semaine dernière et le décompte macabre ne semble pas terminé. Force est de dire que le bilan est déjà trop lourd et tout porte à croire qu’il le sera davantage, et pour cause ! Les autorités de l’Etat se sont laissé déborder et ne semblent pas avoir bien pris la mesure de la situation. En mars 2021, l’Etat pouvait avoir l’excuse d’avoir été pris par surprise, ou d’avoir plus ou moins sous-estimé le danger et les menaces et velléités de violences. Le temps laissé à Ousmane Sonko, suite à des atermoiements entre la plainte de Adji Sarr et sa comparution effective devant les enquêteurs, lui avait permis de se préparer et d’élaborer des stratégies et actions insurrectionnelles néfastes. Par la suite, le rapport de forces a pu être inversé et la vigilance a été de rigueur. Ainsi, plus d’une fois, Ousmane Sonko a été interpellé et conduit, sans coup férir, par les Forces de sécurité jusqu’à la destination de leur choix. Toutes les dispositions avaient fini par être prises pour que la quiétude soit revenue dans la ville les jours de comparution en Justice du leader du parti Pastef. L’erreur fatale aura été de lâcher du lest quand il a annoncé qu’il ne comparaîtra pas à son jugement. Avec une certaine désinvolture qui frise la naïveté, les autorités de l’Etat avaient en quelque sorte trouvé la chose commode, croyant qu’il n’y aurait plus de confrontation dès l’instant que la personne refuse de se présenter devant ses juges. Dans ce petit calcul, qu’on n’hésiterait pas trop à qualifier de lâche et qui a pu inciter à ne pas délivrer une ordonnance de prise de corps, on s’imaginait qu’une condamnation devenue une fatalité passerait comme lettre à la poste. C’était franchement avoir une courte vue car qui pouvait croire que Ousmane Sonko allait se laisser conduire comme un agneau à l’autel du sacrifice ? Ainsi, retiré en Casamance, il a pris le temps d’organiser ce qu’il a lui-même appelé le «Tchoki final» (Ndlr : ultime combat). Tout le ban et l’arrière-ban de ses affidés, jusqu’aux rebelles indépendantistes et autres forces obscures, ont été appelés en renforts. Des informations sur cette mobilisation ont été partagées à travers les réseaux sociaux avec des centaines de «combattants» qui avaient pris d’assaut, avec armes et bagages, les bateaux pour rallier Dakar, lieu clairement indiqué par leur chef de guerre comme le théâtre du combat final. Des mesures avaient-elles été prises pour empêcher ou endiguer cet afflux de jeunes vers Dakar, qui achetaient au vu et au su de tout le monde des armes blanches ? A-t-on contrôlé les passagers des bateaux qui ont fait la navette entre Ziguinchor et Dakar les derniers jours, pour s’assurer que des armes à feu n’avaient pas été transportées ? L’agenda du procès a été fixé par l’Etat, et donc les autorités avaient toute la latitude de se coordonner pour ne pas donner l’impression d’avoir été surprises par les effets induits. La coupe est plus que pleine et les dégâts matériels et humains s’amoncellent, même si on peut toujours se consoler qu’aucune cible névralgique ou stratégique de l’Etat n’ait pu être atteinte et que les troubles sporadiques sont principalement le fait de badauds et d’autres nervis payés et encouragés ou d’opportunistes pilleurs qui se servent allègrement. Est-ce une stratégie ou une tactique policière dite de «l’encerclement», qui consisterait en quelque sorte à chercher à épuiser les manifestants, à en arrêter le maximum ainsi que leurs meneurs, afin d’isoler davantage Ousmane Sonko avant d’aller le chercher ?
par Ndiaga SYLLA
DE "23 JUIN" À "JUIN 23" !
Les facteurs explicatifs de la crise que traverse le Sénégal.