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29 novembre 2024
Opinions
par Madieye Mbodj
SONKO, LA DÉSOBÉISSANCE CIVIQUE ET L’ANTISYSTÈME
La posture de Pastef est une posture de résistance démocratique et pacifique, une posture de légitime défense ; elle exprime la résistance d’une victime qui fait face aux agressions acharnées, aux dénis de justice répétés
Désobéissance civile, expression plus courante, ou désobéissance civique, selon la terminologie employée par Sonko ? Cela n’est point un débat ici, car dans le cas d’espèce, toutes les deux acceptions renvoient aux rapports du citoyen avec la loi ou les institutions, en termes de devoirs comme de droits, ainsi qu’aux rapports sociaux et politiques avec la communauté des concitoyens.
De l’antiquité à nos jours, la désobéissance civique a été et reste l’expression d’une défiance, un moyen de résistance pacifique assumée, destinée à agir efficacement sur les consciences collectives, au nom de principes supérieurs de justice face à la tyrannie, à l’injustice et à l’arbitraire. Dans l’antiquité grecque, Antigone avait choisi de désobéir aux abus de pouvoir du Roi de Thèbes, Créon, qui lui avait interdit de donner une sépulture décente à son frère Polynice, mort en rébellion contre la cité : n’écoutant que son cœur ainsi que « les lois non écrites et éternelles des Dieux », elle était allée courageusement enterrer son frère sous les yeux des soldats du Roi ! Plus proche de nous, rappelons la « Marche du sel » de 386 km, organisée en 1930 par Mahatma Gandhi dans le cadre de la lutte contre le colon britannique, pour l’indépendance de l’Inde. Citons encore un exemple, parmi d’autres : désobéissant aux règles de la ségrégation raciale dans les bus, Rosa Parks, une noire américaine, refusa, le 1er décembre 1955, de céder sa place à des blancs, ce qui lui valut aussitôt une mise en prison ! Dès le lendemain, le pasteur Martin Luther King, mobilise la communauté afro-américaine qui déclenche alors un boycott général des bus ; ce mouvement, malgré les difficultés, connait un énorme succès, amenant la Cour Suprême à déclarer contraire à la Constitution, la ségrégation raciale dans les bus !
S’agissant de nous-mêmes, dans le texte liminaire de sa conférence de presse en date du 10 mai dernier, le BP de Pastef- Les Patriotes donne raison à son leader, Ousmane Sonko, « quant à la pertinence de son option pour la désobéissance civique face à une justice transformée en entreprise de banditisme judiciaire ». Loin de tout procès en sorcellerie et comme le prouvent amplement les faits, la posture de Pastef et du président Sonko est une posture de résistance démocratique et pacifique, une posture de légitime défense ; elle exprime la résistance d’une victime qui fait face aux agressions acharnées, aux dénis de justice répétés ou autres violations intempestives et récurrentes des libertés élémentaires d’organisation, d’expression, de circulation, ainsi que de ses droits à un procès juste et équitable, tout le contraire d’un « Etat de droit » authentique !
La bataille sur le terrain judiciaire est partie intégrante du combat politique frontal qui nous oppose au régime de Macky Sall. Prenant soin de mettre la politique, au sens noble du terme, au poste de commande, et marchant sur nos deux jambes, chaque fois qu’une opportunité se présentera dans le dispositif du ‘’pouvoir judiciaire’’, il nous appartiendra de la saisir et de la mettre au service de l’objectif principal, c’est à dire créer toutes les conditions favorables à la défaite politique du camp de la servitude volontaire, de la prédation et de l’autocratie. Nourrir une défiance justifiée à l’égard d’institutions judiciaires décrédibilisées et au service d’un individu ou de son clan, n’a jamais voulu dire se priver de saisir la Cour d’Appel ni de se pourvoir en cassation, suivant les avantages éventuels ou les délais qu’offre la procédure en cours, sans entretenir une once d’illusion sur des institutions judiciaires domestiquées par le Prince. La guerre d’usure, le souci constant d’avoir le bon droit de son côté, constituent autant de leviers à mettre à profit pour favoriser l’éducation politique des masses à partir de leur propre expérience de lutte. Orientation ne saurait être plus claire et conduite plus cohérente, sauf pour ceux qui pèchent par ignorance ou naïveté, à moins alors d’être des champions de la confusion volontaire. Monsieur Sonko a mille raisons, fondées sur la réalité des faits, de ne pas faire confiance à la justice sénégalaise et, par conséquent, de refuser de se jeter, pieds et poings liés, dans la gueule du loup.
Dans la même lancée, le débat sur système et l’anti-système mérite aussi quelques éclairages. Le système en question ici est un ensemble organisé de relations et d’interrelations, reposant Sur
*une infrastructure économique contrôlée par les classes dominantes,
*une superstructure étatique avec un appareil politique et institutionnel en tant qu’expression d’un pouvoir au service d’intérêts déterminés, s’exerçant à travers des démembrements fonctionnels en termes d’Exécutif, de Législatif et de Judiciaire, avec son administration et son commandement, ses lois, règlements et institutions, ses organes répressifs, militaires et sécuritaires, son socle social, culturel et idéologique, bâti autour de ses valeurs ou contre-valeurs, ses mécanismes de reproduction et de perpétuation…
L’être humain en tant qu’être social n’est point un extra-terrestre planant au- dessus du réel, il est forcément, peu ou prou, un produit et en même temps, un rouage du système. Dès lors, le seul débat qui vaille, c’est de savoir : i) s’il en prend conscience, ii) s’il décide ou non, en toute responsabilité, de choisir son camp, celui de la perpétuation du système en place ou celui du combat résolu contre ce dernier, c’est-à-dire en ce qui nous concerne, le combat pour la défaite et l’élimination du système néocolonial de servitude volontaire, de prédation et d’autocratie. Sous cet éclairage, comme nous le soulignions dans une contribution publiée par le journal Le Quotidien, « aucune révolution, ni même aucun changement significatif dans aucun pays au monde, n’a jamais eu lieu, dans l’histoire contemporaine des luttes des peuples, sans que des pans entiers du ‘’système’’ en place n’aient basculé, peu ou prou, à un moment déterminé [de l’exacerbation des antagonismes de classe], dans le camp de ‘’l’antisystème’’, l’essentiel étant de rester stratégiquement fermes sur ses orientations, et en même temps lucides, ouverts et vigilants dans la conduite politique, autour d’objectifs pertinents, clairement définis à chaque étape et aptes à faire avancer réellement la lutte des masses populaires » (Cf A propos de la fusion dans Pastef/ Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l‘Ethique et la Fraternité : de la Gauche qui se meurt à la Gauche qui vit - 9 septembre 2021). A chaque citoyen ou citoyenne, à chaque entité constituée, à chaque corps social de choisir son camp, en s’assumant comme élément homogène ou hétérogène au système, c’est-à-dire acceptant d’être intégré dans le dispositif de reproduction et de perpétuation du système néocolonial-capitaliste en place, ou au contraire travaillant à s’ériger en combattant-e résolu-e pour l’alternative souveraine de rupture. A vos marques, prêts, partez ! Et que le meilleur gagne, le meilleur pour le Sénégal et pour l’Afrique !
Madieye Mbodj est vice-président de Pastef-Les Patriotes chargé de la vie politique nationale.
par Ibrahima Thioye
CONSEILS À MACKY SALL
Est-ce que le pouvoir organise des études simples de feedback en provenance de l’électorat pour évaluer leur perception des diverses décisions prises en l’encontre d’Ousmane Sonko ?
La situation du pays est inquiétante. Tout le monde retient son souffle, car tout laisse croire que nous nous dirigeons vers des confrontations dont personne ne peut mesurer l’ampleur.
Il y a quelques semaines, j’avais publié un article sous le même format, adressé à Ousmane Sonko. Dans l’allocution faite à la veille du procès du 8 mai, ce dernier a déclaré « nous pouvons être très déterminés quand il s’agit de lutter, mais une fois la victoire acquise,il n’y aura pas d’humiliation car nous n’aurons pas ce temps, suivant ainsi l’attitude du Prophète Mouhamed (PSL) suite à son retour victorieux à la Mecque ». Nous devons saluer cette disposition d’esprit qui favorise l’apaisement.
Face à une telle attitude, voici ce que nous proposons à Macky Sall :
- renvoyer le procès du 16 mai (décision retenue au moment où je finalise cet article) ;
- libérer tous les prisonniers d’opinion ;
- mettre en place un dispositif de dialogue à plusieurs niveaux ;
- initier des actions de recueil de feedback pour mieux ajuster les prises de décision.
Conseil N°1 : renvoyer le procès du 16 (décision retenue au moment où je finalise cet article)
Le renvoi de ce procès procèdera d’une position de sagesse. On évoque l’éventualité d’une arrestation d’Ousmane Sonko à la veille de ce procès. Le cas échéant, personne ne peut indiquer la tournure que les événements vont prendre. Même si la loi l’autorise, surseoir à ce type de décision n’est pas synonyme de faiblesse, dès lors qu’elle nous prémunit de confrontations inutiles.
Conseil N° 2 : libérer tous les prisonniers d’opinion
La libération immédiate de tous les prisonniers d’opinion sera positivement appréciée par les divers acteurs du pays qu’ils soient politiciens ou démocrates. Ce serait une réponse positive à la disposition d’esprit de ceux qui estiment que les représailles, les humiliations et la vengeance ne feraient qu’entraîner une perte de temps. De plus, elle pourrait rassurer les acteurs quant à la sincérité de ces nouvelles démarches et inverser les attitudes de défiance vis-à-vis du dialogue.
Conseil N°3 : mettre en place un dispositif de dialogue à plusieurs niveaux
Premier niveau : APR vs Pastef
L’objectif qu’on pourrait associer à ce premier niveau de dialogue est de rétablir la confiance et d’établir un climat politique serein. On peut imaginer la tenue de ce premier niveau de dialogue sous la présidence d’éminentes personnalités comme Fatou Sow Sarr, Abdoulaye Bathily et/ou Abdoul Aziz Tall. Le résultat ou livrable attendu de ce premier niveau de dialogue est une charte de type « gentlement-agreement ».
Deuxième niveau : Benno vs YAW plus F24
L’objectif associé à ce deuxième niveau serait, d’une part, de renforcer l’État de Droit et la démocratie, et d’autre part, de sauvegarder la paix et la stabilité du pays d’ici la prochaine échéance électorale. On pourrait éventuellement confier la présidence de ce deuxième niveau de dialogue à l’une ou plusieurs des personnalités mentionnées précédemment auxquelles on pourrait ajouter le Professeur Babacar Kanté. Le résultat ou livrable attendu ici sera un document de synthèse des accords.
Les deux documents issus des deux niveaux de dialogue seront largement publiés et partagés avec les Chefs religieux ou coutumiers.
Conseil N°4 : initier des actions de recueil du feedback pour mieux ajuster les prises de décision
Tout comme il est important, en entreprise, d’organiser régulièrement une écoute des clients et des employés, en politique le recueil de feedback en provenance des segments de l’électorat doit également être complété par celui des militants et des sympathisants. Cette symétrie des attentions permet de mieux gérer l’écosystème et d’éclairer les prises de décision. Parmi les sujets sur lesquels on peut recueillir du feedback provenant des militants et sympathisants, on pourrait mentionner :
-l’idée de postuler pour un troisième mandat ;
-la décision d’interdire aux militants de s’exprimer sur le troisième mandat ;
-la question du procès Sweet Beauty ;
-le fonctionnement du parti ;
-le fonctionnement de la coalition BBY, etc.
De nombreux observateurs estiment que toutes les actions dirigées contre Ousmane Sonko n’ont fait que lui ouvrir la voie vers le Palais de la République. Est-ce que le pouvoir organise des études simples de feedback en provenance de l’électorat pour évaluer leur perception des diverses décisions prises en l’encontre d’Ousmane Sonko ? Certains observateurs estiment qu’entre le mois de mars et maintenant, il aurait fallu organiser de nombreux Nemeku tour et des tournées à l’extérieur du pays pour gagner autant en notoriété et en capital confiance. Si je réduis tout à mon microcosme, avec toutes ses limites, je constate que l’électorat féminin était très réticent aux actions ou discours du candidat Ousmane Sonko, mais suite aux exactions qu’il a subies, il est en train de gagner leur sympathie.
Conclusion
La mise en œuvre de ces conseils peut contribuer à apaiser le climat conflictuel actuel. Ousmane Sonko a fait un énorme pas de conciliation dans sa déclaration du 7 mai. Comme je l’avais mentionné dans le précédent article, « malgré les déchaînements de violence, les Sénégalais sont fondamentalement pacifiques et ils oublient vite. « Masla » et « Yeurmandé » sont très ancrés dans nos conduites quotidiennes. Il suffit de voir comment Aminata Touré a été accueillie par les leaders de YAW lors du meeting de Parcelles et ses nouveaux liens avec Guy Marius Sagna pour en être convaincu. Demain, rien n’exclut de voir assis côte à côte Macky Sall, Ousmane Sonko et leurs épouses respectives. »
Les argumentaires des extrémistes des deux camps ne font qu’accroître les risques de chaos généralisé. Il y a une hallucination positive chez les extrémistes du camp de l'opposition, qui pensent que le changement se fera facilement grâce à la mobilisation populaire. Il y a aussi une hallucination négative chez les extrémistes du camp au pouvoir, qui adoptent une position de déni face aux événements en cours. Ils estiment que tout va bien et minimisent les affrontements relayés sur les réseaux sociaux en les considérant comme de simples échauffourées qui se dissipent rapidement.
Ceux qui pensent que ces événements évoluent en intégrant à la fois des dynamiques rationnelles et des processus imprévisibles, sont beaucoup plus réservés quant à l'issue. Les érudits qui maîtrisent les textes saints, les intellectuels qui adoptent l’approche systémique, les hommes de gauche qui gardent en mémoire les insurrections et soubresauts du 19è siècle en France, savamment relatées par Karl Marx dans « les luttes de classe en France » et «le 18 brumaire de Louis Bonaparte » comprennent que l’histoire ne suit jamais un cours linéaire. Les Wolofs disent « Ay du yem ci Boppu borom ». Les systémiciens diraient qu’il y a quelque chose que le système tente de créer ou d’extirper, car il est toujours intelligent, créatif et génératif. Pourvu que cela s’opère au coût humain le plus faible possible. Macky peut largement y contribuer en ayant foi (confiance) en la sagesse de ce peuple et en la magnanimité de l’opposition.
par Bassirou Dieng
LE COMBAT CONTRE MACKY DOIT ÊTRE PLUS STRATÉGIQUE ET ORGANISÉ SINON, IL EST PERDU D’AVANCE
Que les divergences se taisent. Que les égos soient mises de côté si on veut faire tomber l’adversaire. Aucune équipe ou groupe ne peut gagner un combat en état divisé
Macky Sall est un fin stratège. Il est un adversaire qui avance lentement et pose ses pions sans broncher. Alors pour espérer prendre le dessus sur lui, il faut être aussi très stratégique et organisé. Il le faut parce que Macky Sall a tous les moyens de l’Etat à sa disposition : armée, police, gendarmerie, renseignements généraux, les finances publiques, etc. Ne me dites pas que l’opposition a la majorité du peuple avec elle. Oui, elle l’a avec elle mais cela ne suffit pas pour faire tomber un dictateur. Yahya Jammeh de Gambie en est une preuve patente. Il a fallu l’interférence du Sénégal et de la Cedeao pour faire plier Yahya Jammeh au lendemain du deuxième tour de l’élection présidentielle Gambienne. Les exemples sont nombreux.
En effet, il est donc temps que l’opposition trouve rapidement les équations pour davantage affaiblir Macky Sall et son régime. D’abord en sauvant Ousmane Sonko d’une élimination de la présidentielle de 2024. C’est ça le premier combat à gagner, sinon Macky Sall va dérouler et s’il force une troisième candidature, il va gagner à sa manière les élections de 2024 s’il plaît à Dieu. Que les divergences se taisent. Que les égos soient mises de côté si on veut faire tomber l’adversaire. Aucune équipe ou groupe ne peut gagner un combat en état divisé. C’est ça la vérité.
Aujourd’hui Macky Sall a, après avoir fait « éliminer » Sonko dans le dossier de Mame Mbaye Niang, fait isoler stratégiquement le leader de Pastef à Ziguinchor sans que beaucoup ne semble sans rendre compte. Ousmane Sonko ne peut continuer à rester éternellement par exemple à Ziguinchor, dans sa maison . Il y a beaucoup d’autres défis qui l’attendent pour imposer sa participation à la présidentielle de 2024.
Khalifa Sall également. Le leader de Taxawou Sénégal doit, lui aussi, être sauvé d’une deuxième mise à l’écart en 2024. Il n’est pas le seul d’ailleurs. Beaucoup d’autres leaders sont en sursis. Qui connaît Macky Sall sait qu’il peut nous imposer, si nous ne sommes pas organisés et stratégiques, 5 candidats qui lui seront favorables comme ce fut le cas à la présidentielle de 2019.
Nous avons donc tous intérêt à être plus organisés et stratégiques pour prendre le dessus sur Macky Sall sinon notre combat contre lui est perdu d’avance...
Bassirou Dieng estjournaliste et coordonnateur départemental de Mimi 2024 à Pikine.
par Hamidou Anne
LA RENTE DE L'INDIGNITÉ
Dans aucune démocratie sérieuse un homme public accusé de viol ne paraderait ainsi, bâtissant des coalitions, sollicitant des suffrages, s’érigeant en donneur de leçons et indiquant même où poser le curseur du patriotisme
Un homme a un rapport pathologiquement distant avec la vérité. Il désinforme tout le temps et dans diverses langues. Mais il reste un homme, et à ce titre doit bénéficier d’un procès équitable. Une démocratie s’honore de demeurer en toutes circonstances dans le carcan des règles qu’elle s’est prescrites, quelle que soit la situation et malgré la gravité des dangers qui la menacent. Le monde a les yeux rivés sur le Sénégal. Le scénario est trop beau pour des observateurs internationaux qui fantasment sur le récit de la persécution d’un opposant par une justice corrompue instrumentalisée par un tyran d’un lointain pays africain. Ce n’est nullement le cas au Sénégal. Mais que vaut la vérité matérialisée par un homme qui a clamé urbi et orbi sa hâte d’aller à un procès avant de se dérober ; que vaut cette vérité quand la manipulation et les faits alternatifs deviennent une norme ? Et quand la presse censée informer juste et vrai va, dans une grande partie de ses composantes, à l’encontre de tous les principes qui régissent le métier.
Après deux années de diverses polémiques, devrait débuter un procès important où la Justice aura à trancher dans un conflit privé dont les conséquences ont provoqué de nombreux morts d’innocents et rendu vulgaire le débat public. Le récit sordide a pollué toute possibilité d’élever la dispute politique au niveau où elle devrait se situer. Affaire de mœurs. Ramifications politiques. Quelles que soient l’adversité et les aversions, la vie privée des hommes politiques ne m’intéresse pas. Je trouve malsain de circonscrire l’espace public au déballage concernant les affaires privées des citoyens, fussent-ils des responsables publics. Le privé est privé, et devrait en toutes circonstances le rester, sauf en cas de potentielle commission d’actes contraires à la loi. Je ne trouve aucune grandeur à instrumentaliser une affaire privée pour nuire à un opposant. Il va sans dire que si, comme le pense une partie de l’opinion, cette affaire n’en est pas une, les juges auront le devoir de le dire.
Dans la même veine, je trouve inacceptable de lier tout à la politique, d’excuser tous les manquements à la loi et à la morale publique au motif qu’on serait un opposant et qu’on serait l’objet de prétendus complots. Comme si les hommes politiques étaient une catégorie à part, hors du champ d’application des lois de la République, et qu’il faudrait leur appliquer un droit particulier qui romprait ainsi avec le principe d’égalité des citoyens. Il y a un esprit chevaleresque que beaucoup d’hommes politiques de cette époque n’ont plus ; ce sont pour beaucoup des personnages médiocres sans aucun relief, dépourvus du sens de l’engagement, de l’exigence de rigueur et du culte du service à la cité. Comment appréhender le fait qu’un homme puisse s’affranchir de toutes les lois, de ce que Orwell appelait la «common decency» et oser encore faire face à ses concitoyens comme si de rien n’était.
Le Sénégal est un pays moralement effondré, sinon comment comprendre que des journalistes, hommes politiques, autorités sociales et coutumières puissent donner crédit à un homme qui s’encastre de manière quotidienne dans un cycle de mensonges, de contradictions et d’appels à la violence, au lieu de faire face à ses juges dans une affaire privée ? Après l’accusation de viol, l’appel au «Mortal Kombat», les invocations d’un complot, les mensonges, les tentatives insurrectionnelles ; tel un cycle d’abaissement moral.
Dans aucune démocratie sérieuse un homme public accusé de viol puis inculpé par un juge d’instruction ne paraderait ainsi, bâtissant des coalitions, sollicitant des suffrages, faisant face aux médias et à ses concitoyens, s’érigeant en donneur de leçons et indiquant même où poser le curseur du patriotisme. Au fond, le problème n’est pas lui, mais nous. C’est parce que nous donnons les preuves que la morale publique et l’exigence de dignité et de probité ne sont pas sacrées que des choses de ce genre sont possibles.
Dans aucune autre grande démocratie, une organisation politique accepterait que sa liste électorale soit dirigée par un homme inculpé pour viol. Aucun média n’accepterait de manière banale de tendre le micro tous les jours à un homme inculpé pour viol. Aucun universitaire ou personnage public ne devrait s’honorer de taper la pose de manière ostentatoire avec un homme inculpé pour viol.
La présomption d’innocence est sacrée, et nul ne devrait la remettre en question. A ce propos, les jugements hâtifs sont inacceptables. Et les responsables publics, ceux surtout qui ont à charge de gouverner, devraient s’affranchir de condamner des adversaires politiques avant leur procès. Mais, dans la majorité comme dans l’opposition, on a fécondé la même graine d’un antirépublicanisme qui, personnellement, me terrifie, car il est le lit de toutes les agressions à notre commune appartenance à un même destin. Mais la présomption d’innocence, je le rappelle, ne signifie en aucun cas une prime à l’irresponsabilité. Devant de si graves accusations, chacun a le droit, s’il n’a rien à se reprocher, de clamer son innocence, mais il n’a aucun droit d’imposer sa nature d’homme sans gêne dans l’espace public. Devant ces accusations, on se retire pour préparer sa défense et aller répondre à ses juges afin de clamer son innocence, surtout que la charge de la preuve incombe à l’accusatrice. Je suis sidéré par le comportement d’un homme qui ne recule devant rien pour assouvir son envie maladive du pouvoir, prêt à enjamber des cadavres pour être élu. «Un homme, ça s’empêche», disait Camus.
On peut avoir des divergences avec d’autres hommes politiques comme Khalifa Sall et Karim Wade par exemple, mais devant des procédures judiciaires, ils ont fait preuve de responsabilité, n’ont insulté ni juges, ni journalistes, ni haut-gradés de l’Armée et sont partis comparaître devant le Tribunal. Condamnés et ayant passé de longs mois en prison loin des leurs, ils enduré d’une belle endurance sans se lamenter. Ces deux hommes ont fait preuve d’une culture républicaine. Ils savent qu’il n’y a aucun honneur à insulter et calomnier ceux qui par le devoir de réserve qu’imposent leurs fonctions, ne peuvent réagir. Or, ce qui caractérise le mieux les médiocres, c’est de ne s’ériger aucune limite, de ne savoir garder ni secrets ni posture élevée et d’ignorer le sens et le prestige d’un Etat qu’ils aspirent pourtant à diriger.
En 2011, au sommet d’une popularité qui voyait les portes de l’Elysée s’ouvrir à lui, l’homme politique français, Dominique Strauss-Kahn, a été frappé par le scandale du Sofitel. Il renonça naturellement à se présenter, mit un terme à sa carrière politique, malgré l’extinction de l’affaire à la suite d’une médiation avec la partie civile. C’est cela un exemple de dignité et de responsabilité.
Contrairement à cette posture, nous avons chez nous un homme qui, au lieu d’aller faire face à son accusatrice, comme il l’a lui-même plusieurs fois réclamé, et mettre à l’aise et ses militants et ses amis, préfère accuser le chef de l’Etat, son épouse et son fils, le ministre de l’Intérieur, le Barreau, des avocats, des magistrats, des militaires et policiers, la France, ses anciens alliés, la presse… N’échappe encore à ses foudres complotistes que Aladji, le vendeur de café Touba d’une ruelle de la capitale. Aucune retenue à mettre une imagination fertile au service du mensonge grossier, en permanence.
Qu’un homme symbolise dans sa quête avide du pouvoir la duplicité, la veulerie et l’abaissement, est un fait. Mais qu’il emporte dans sa chute ce qui restait encore de tenue chez des politiciens, journalistes, universitaires, militants de la Société civile, chefs religieux est sans doute le plus terrifiant pour notre pays. Au Sénégal, des gens avec une certaine épaisseur médiatique et intellectuelle peuvent tout défendre, même le pire dans la régression morale, l’indigence politique et les atteintes à la République, pour faire acte de larbinisme, de calculs personnels ou au nom de postures politiciennes. Ces gens sont doués d’intelligence et savent donc que leur héros, passé d’un statut d’espoir de la Nation pour beaucoup, à vulgaire polémiste par vidéos interposées, calomnie tout le temps, mais ils acceptent de sacrifier leur honneur et leur amour-propre au nom d’une cause commune dont la revendication assumée est de faire en sorte que les institutions républicaines s’effondrent. Ces gens savent qu’une fille qui n’a aucun diplôme ne saurait avoir le moindre talent de thérapeute, mais ils répètent des éléments de langage conçus dans la chaleur des cabinets de conspiration afin de manipuler l’opinion dont une partie, faut-il le reconnaître, a cru aux inventions de cette puissante machine de propagation de fake news. La victimisation sur des douleurs atroces aux lombaires, la précarité financière (pour un député et ancien haut-fonctionnaire fiscal), le complot d’Etat, la convocation de la fibre régionale et ethnique, les tentatives séditieuses, l’appel au bouclier humain et au sacrifice suprême, le malaise au Tribunal, la «tentative d’assassinat», la disparition volontaire : rien n’a été laissé au hasard dans ce film de mauvais goût par ces scénaristes à l’imagination féconde mais au talent très douteux. La ficelle est trop grosse et les meilleures blagues sont les plus courtes.
C’est devant ces faits que l’histoire de notre pays va consigner que l’on mesure l’élasticité des convictions de certains. Ils sont nombreux à avoir perdu pour toujours mon respect s’ils l’ont déjà eu un jour. Ces pseudo-féministes, en vérité des personnes de peu de convictions, qui paradent et tapent le selfie avec un homme inculpé pour viol. Ces militants autoproclamés des droits de l’Homme qui n’ont reculé devant aucune limite pour invoquer la guerre civile en cas de procès dans cette affaire. L’égérie de «Ma carte ma caution» qui défend avec le zèle des transhumants professionnels son nouveau «champion». L’ex-future Présidente de l’Assemblée nationale, cheffe sans troupes, dont l’agitation propre aux opportunistes n’inspire qu’un profond mépris. L’aspirant intellectuel, sans talent, ragaillardi par l’ivresse du défunt M2D, qui s’est mué en larbin de luxe. L’ancien progressiste dont tout le monde constate les manœuvres sans tact de récupération d’un électorat qu’il juge bientôt orphelin, les chroniqueurs médias dont chaque propos suinte la haine sinon la vulgarité. Ils sont nombreux à n’avoir reculé devant aucune hypocrisie, et leurs propos et postures sont consignés dans le grand livre de la décadence morale et des atteintes à la République.
Comme le Titanic qui coule pendant que l’orchestre joue un requiem, ils continuent à envahir les plateaux de télé et les ondes, à écrire des tribunes et à publier des rapports indigents et mensongers afin de distiller les contrevérités les plus invraisemblables, comme si une malédiction les avait frappés.
En attendant, leur «champion» n’a fait preuve ni de noblesse ni de courage face à l’adversité. Fanfaronner par des «live» et points de presse quasi quotidiens en 26 longs mois et importuner la quiétude de ses concitoyens sont une chose, mais faire face à ses responsabilités en est une autre. Les plus belles victoires en politique sont celles qui se construisent dans l’acharnement à combattre dans l’endurance sans jamais se départir de l’exigence morale et des valeurs républicaines, afin de toujours garantir l’unité de la Nation et de défendre une vision transformatrice de la société.
C’est dans la hardiesse constante face à l’adversité que s’écrivent les lignes de l’honneur. Autrement, la bravade permanente qui emporte des vies, détruit des économies et bouleverse les équilibres d’une Nation n’est qu’une portion de plus de ceux-là qui vivent sur la rente de l’indignité.
Par Yoro BA
SE REINVENTER ET CONSTRUIRE ENSEMBLE UN FUTUR INNOVANT
«Si les sénégalais veulent le développement, chacun doit travailler à consolider la paix et le dialogue» dixit le défunt Khalife Général des Tidianes, Serigne Abdoul Aziz Sy, le digne de confiance
«Si les sénégalais veulent le développement, chacun doit travailler à consolider la paix et le dialogue» dixit le défunt Khalife Général des Tidianes, Serigne Abdoul Aziz SY, le digne de confiance.
POURQUOI DIALOGUER ?
Pour rappel, la religion est l’expression du culte de la société qui est la seule réalité à dépasser les individus et à pouvoir les rassembler. Il se trouve que nos guides spirituels toutes confessions confondues, sont d’avis que rien ne peut se faire sans la paix. Un pays ne peut se construire durablement s’il n’y a pas la paix et le dialogue. C’est à cela d'ailleurs qu’appelait le Président de la République dans son discours du 28 Mai 2016 lorsqu’il nous rappelait qu’ « au-delà de nos différences et de nos divergences, nous avons en commun le Sénégal, cette terre que nous ont léguée nos aïeux et que nous devons transmettre aux générations futures dans de meilleures conditions »,avant d’ajouter que « la compétition démocratique pour l’accès au pouvoir n’est pas incompatible avec la concertation entre les forces vives de la nation, sur les questions majeures de la vie de notre cher Sénégal. A cet égard, je m’inscris dans la tradition de notre peuple dont le génie a toujours permis de trouver les ressorts pour construire des convergences fortes autour de notre pacte social sur la base de la confiance mutuelle. »
La perspective des élections présidentielles de 2024 et les réminiscences des dernières élections législatives ajoutées à la situation judiciaire de plusieurs acteurs majeurs de la vie politique ayant installé la fébrilité dans l’espace politique, il urge pour l'ensemble des acteurs de travailler à la construction durable de la paix et de la cohésion sociale par la promotion de la culture du dialogue permanent, de la concorde, et de la solidarité nationale.
Pour éviter le syndrome qui a déconstruit plusieurs pays pétroliers, Il nous faut nécessairement anticiper sur les incertitudes du futur en jetant les bases d’une réflexion nationale responsable. Il faut déclencher un puissant sursaut national en transformant par la culture, l’éducation et la discipline, la jeunesse en vecteur de progrès, en créant l’enthousiasme et l’adhésion à un projet commun. C’est toute la problématique de la productivité du travail, de l’attitude vis-à-vis du travail, de la discipline collective pour la production et non pour une mentalité d’assisté éternel à la consommation dans tous les secteurs, qu’il faut revisiter pour faire éclore un modèle de citoyen sénégalais plus apte à comprendre et relever les défis de l'émergence du Sénégal.
L’histoire politique du Sénégal postindépendance montre en effet que grâce à la vivacité des dynamiques citoyennes sénégalaises sans cesse entretenue par les régimes successifs, les différents ressorts du jeu politique interne ont pu témoigner de la solidité de notre démocratie au moyen du dialogue.
COMMENT DIALOGUER ?
Afin de pérenniser cette réputation, le Président de la République Macky SALL a appelé à la mise en place d’un mécanisme de dialogue qui pourrait prendre la forme d'un espace protégé pour permettre de communiquer ouvertement, de résoudre les conflits, de poser les bases d’une coopération et de travailler ensemble sur des mesures de réforme politique et des problématiques d'intérêt national.
L’engagement à long terme est ainsi tout à fait pertinent, puisque les changements sociaux demandent généralement un certain temps qui se compte en décennies plutôt qu’en années, et qu’il s’agit d’un processus permanent et sans fin. Un dialogue durable permet en outre de veiller à la mise en œuvre concrète des politiques ou des mesures de réforme sur lesquelles les parties prenantes parviennent à se mettre d’accord. Elles doivent continuer à montrer leur engagement commun en donnant corps aux résultats du dialogue et peuvent même s’appuyer sur le dialogue pour superviser la phase de mise en œuvre, en assurant le suivi et l’évaluation du respect par toutes les composantes d’un code de conduite accepté par tous.
Le dialogue inclusif ne devra donc pas être considéré comme un événement isolé, mais plutôt comme une composante indispensable de la culture démocratique, un mécanisme essentiel à la promotion d’une démocratie sans violence, l’expression même de la démocratie en permettant à toutes les composantes de la société de faire entendre leur voix.
La concertation devra être large, participative, inclusive, démocratique et ouverte à tous les segments de notre société. Idéalement, la plateforme de dialogue viendra compléter l’action du gouvernement et devra apporter une valeur ajoutée aux différentes fonctions qu’assure l'Etat. Mais Il faut le dire, la difficulté d’une véritable concertation politique nationale conduisant à des choix communs dans l’intérêt du Sénégal, réside essentiellement dans la prolifération des partis politiques aux idéologies et aux programmes parfois peu apparents, l’absence de démocratie au sein de beaucoup d’entre eux, le manque de civisme qui renforce le système clientéliste et aggrave la corruption. La lutte contre la pauvreté et les inégalités se heurte également au mur des égoïsmes.
En s’assurant que le dialogue ne se déroule pas uniquement entre élites politiques et en encourageant un véritable dialogue inclusif, il est possible de créer cette légitimité démocratique indispensable. La mise en place de la plateforme de dialogue devrait donc se faire en gardant à l’esprit un principe clé qui est de bâtir la réflexion et l’action autour des cadres, réseaux et mécanismes déjà existants et en évitant ainsi de créer des structures parallèles induisant par ailleurs des charges récurrentes. Les concertations autour du processus électoral dans le cadre de la revue Technique du Code Electoral (CTRCE), la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur, la Concertation nationale sur la Santé et l'Action sociale, les Assises de l’éducation nationale, la Conférence sur le dialogue social, les consultations citoyennes pour les réformes institutionnelles, les concertations autour de l’Acte 3 de la décentralisation, le processus inclusif autour de la Réforme du foncier et le Forum sur l’administration sont autant de preuves formelles de la volonté sincère du Président Macky Sall à dialoguer et autant d'exemples qui peuvent constituer des sources d'inspiration. Il faudra réorganiser le dialogue social de manière harmonieuse en tenant compte des acquis et des limites du Haut Conseil du Dialogue Social (H.C.D.S) et du Conseil Economique, Social et Environnemental (C.E.S.E). Il s’agira d’un processus suivi mais souple, avec des rencontres à intervalles irréguliers et présentant des degrés fluctuants d’intensité, par exemple avec des pics lorsque des sujets litigieux surviennent et des creux en l’absence de sujets à discuter, ou inversement. Le dialogue suppose une modalité formalisée et institutionnalisée, dont Les principes de base de la concertation posent clairement que « les consensus forts sont réputés primordiaux par rapport aux positions et contributions des experts et porteurs d’enjeux ».
Le dialogue inclusif hors des institutions démocratiquement élues permet certes d’améliorer la dynamique entre les parties prenantes et d’avoir une influence positive sur l’élaboration de processus nationaux de réforme. Toutefois, il ne devra pas être considéré comme un processus de décision parallèle ou comme un mécanisme destiné à contourner les institutions démocratiquement élues.
DIALOGUER POUR QUELS RESULTATS ?
La plateforme de Dialogue et de Pilotage mise en place et ses TDR validés devra fonctionner de préférence comme un espace distinct du parlement et qui disposera de structures et de procédures propres, susceptibles de créer une meilleure dynamique entre les différentes parties et de permettre le dialogue plutôt que le débat. C'est ainsi que ce dialogue inclusif permettra de trouver des solutions pratiques et pacifiques aux problèmes, ainsi qu’à un niveau plus approfondi, de traiter des moteurs du conflit et de la réconciliation, de parvenir à un consensus ou à une cohésion plus large à l’échelle nationale, et de proposer une vision commune pour l’avenir. Autrement dit, il s’agira d'instaurer un dialogue institutionnalisé et durable entre les différents segments de la nation, qui n’est pas limité aux partis politiques et qui porte généralement sur des sujets d’intérêt commun.
Ainsi donc, le dialogue national permettra entre autres -la protection des valeurs positives de notre société. -Le renforcement de la légitimité des institutions en parvenant à un consensus sur leur bon fonctionnement.
-La consolidation de l’Etat de droit.
-L’approfondissement de la démocratie représentative et participative.
-Le renforcement de la protection des libertés publiques.
-La promotion de la bonne gouvernance, de la transparence et de l’éthique dans la gestion des affaires publiques ainsi que la culture de l’imputabilité.
-De construire un consensus parlementaire sur des mesures politiques ou des projets de loi à risque.
-De contribuer à la rédaction des politiques ou textes législatifs qui feront ensuite l’objet d’un débat et d’un vote au sein du parlement.
-De légiférer sur le statut de l'opposition et de son chef ainsi que le financement public des partis politiques afin de consacrer le projet de modernisation du système sénégalais des partis politiques.
-De revoir et d'améliorer la loi portant Code général des collectivités territoriales dans une perspective de territorialisation.
-D'assurer un contrôle stratégique du processus de valorisation des réserves pétrolières et gazières du Sénégal dans un contexte de menace terroriste.
CONCLUSION
Mon dernier mot est un appel aux hommes politiques, à tous les hommes politiques. Près de soixante ans après l’indépendance, l’amertume a gagné le cœur des sénégalais, entrainant désaffection, suspicion, voire mépris vis-à-vis de la politique, des politiques. Les diagnostics opérés sur notre pays ont tous abouti à une seule et même conclusion à savoir qu’il est impossible de changer en profondeur les conditions de vie des populations sans la participation de toutes les forces vives, saines et patriotiques de ce pays. L’œuvre de construction de notre pays sera donc une aventure vouée à l’échec tant que la lutte contre la pauvreté et les inégalités se heurtera au mur des égoïsmes Chaque segment de notre société peut et doit contribuer à ce sursaut salvateur en fonction de ses moyens, de ses idées, de sa disponibilité, de sa position. J’exhorte donc nos amis de l'opposition à accepter de travailler avec la majorité dans un esprit critique, sans suspicion mais avec l’humilité requise pour une refondation de la République sur des bases démocratiques et transparentes. J’invite mes camarades de Benno Bokk Yaakaar à s’inscrire dans un élan d’ouverture et d’inclusion, de générosité et de respect vis à vis de l’opposition, afin que toutes les forces patriotiques et démocratiques partageant les mêmes valeurs d’éthique se mobilisent pour construire ensemble un nouveau type de sénégalais qui œuvre dans le sens d'un Sénégal de type nouveau.
Par Abdou Khadre GAYE
LA PLACE ET L’AVENIR DES PENCS ET VILLAGES TRADITIONNELS LEBOU DANS LA VILLE DE DAKAR
La Direction du Patrimoine Culturel (DPC) et le Monument de la Renaissance Africaine en partenariat avec l’EMAD et le Collectif de Tankk (Ngor, Ouakam, Yoff) ont célébré ce vendredi 5 mai 2023 la Journée du patrimoine mondial africain
La Direction du Patrimoine Culturel (DPC) et le Monument de la Renaissance Africaine en partenariat avec l’Entente des Mouvements et Associations de Développement (EMAD) et le Collectif de Tankk (Ngor, Ouakam, Yoff) ont célébré ce vendredi 5 mai 2023 la Journée du patrimoine mondial africain au Monument de la Renaissance Africaine autour de deux thèmes : 1/ Le delta du Saloum : enjeux autour de la préservation d’un site du patrimoine mondial, par Mahecor Diouf, avec comme discutant François Diouane Ndiaye ; 2/ Pencs et villages traditionnels : place et avenir dans la ville de Dakar, par Abdou Khadre Gaye, discutant Oumar Diagne. La cérémonie s’est tenue sous la présence effective de M. Habib Léon Ndiaye, secrétaire général du ministère de la Culture, des directeurs et chefs de service, du deuxième adjoint au maire de Ouakam, de la représentante de l’Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT) et de dignitaires et notables lébou. Entre autres : jaraf Youssou Ndoye (accompagné d’une forte délégation d’autorités coutumières), saltigué Mamadou Mbengue, ndeye dji reew Alioune Beye, Yahia Ndoye (représentant du Peey Lébou du cap Vert), Djibril Samb… Je partage dans ce papier l’économie de ma communication qui aurait pu avoir pour titre : « Dakar se transforme, mais les pencs et villages lébou attendent toujours… »
En 1790, Ndakarou s’est libéré du Cayor et pendant 40 années a traité d’égal à égal avec les Français installés à Gorée. En 1857, le capitaine de vaisseau Protet planta le pavillon tricolore à Bayé, actuelle place de l’Indépendance, où il aménagea un fort. Les pencs se trouvaient à l’époque au niveau de la pointe de Dakar. Sur tout le reste du territoire, jusqu’à Ouakam, Ngor et Yoff s’étendaient les champs, la forêt et la mer ainsi décrits par le chevalier de Boufflers, gouverneur du Sénégal de 1785 à 1787, dans une correspondance : « Une fraîcheur délicieuse, des prés verts, des eaux limpides, des fleurs de mille couleurs, des arbres de mille formes, des oiseaux de mille espèces. Après les tristes sables du Sénégal, quel plaisir de retrouver une véritable campagne ! » Le père Loyer de renchérir : « Les bœufs et vaches y sont en grande quantité, et aussi les cabris, moutons, brebis et volailles de toutes espèces. Les bois sont pleins de cerfs, biches, chevreuils, lièvres, perdrix, poules, pintades, pigeons ramiers, tourterelles, ortolans. Les civettes y sont encore abondantes et les éléphants si familiers, qu’ils ne s’étonnent pas de se trouver parmi les hommes. » Pour finir la description du pays Lébou, voici comment le botaniste, Michel Adanson, ébahi par la richesse halieutique de la contrée, raconte une scène de pêche au village de Hann : « Les gens n’avaient qu’une senne de soixante brasses ; ils firent une pêche si abondante que le rivage fut couvert dans toute l’étendue de la senne par les poissons qu’on y amena. J’en comptais plus de dix mille dont les moindres étaient de la grosseur d’une belle carpe. »
Bref, dès que le fort édifié par les Français sur la Grande Terre fut suffisamment équipé en homme et en armement, Protet entama le processus d’occupation du sol. C’est ainsi qu’en 1858, pour cause d’alignements ayant entraîné le morcellement de leur village, les populations de Kaay furent déplacées plus loin, vers les fontaines situées sur le site de l’actuel Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. Dès lors, les pencs furent progressivement déguerpis du bord de la mer pour les dunes au-delà de l’actuelle rue Vincent, formant ainsi une ligne de démarcation entre les populations françaises et les autochtones. En 1900, une épidémie de fièvre jaune frappa la cité, de mai à octobre. Elle fut une aubaine pour les Français : ils purent, arguant les mesures sanitaires, refouler, toujours un peu plus loin, une bonne partie des populations autochtones de cette zone stratégique du Plateau. Ainsi, mille soixante et une habitations furent brûlées, dont deux cent quatre-vingts cases en paille, sept cent trente-huit baraques et quarante-trois maisons en briques.
En 1905 la convention dite Guy, négociée et ratifiée par le gouverneur Camille Guy et dont la publication souleva des vagues de contestations, fut l’occasion, pour les Français, de s’emparer de deux vastes terrains propriété commune de la collectivité léboue. Les terrains, en question, étaient situés à Beugnoul (cap Manuel), et Tound (centre-ville : entre les avenues George Pompidou et Faidherbe, Lamine Gueye et Roume). En 1914 une épidémie de peste (assez douteuse selon certaines sources) éclata au mois de mars. Et les populations autochtones, à nouveau, furent appelées à se déplacer, mais cette fois-ci tout à fait hors du Plateau, dans la brousse à chacal de Tilène, où les Français avaient fait construire un village de ségrégation. Des cases et des baraques furent encore brûlées et, après déguerpissement de six des douze pencs, une révolte éclata qui mit un terme au projet et sonna comme le coup d’envoi des hostilités en Europe jusqu’en 1918. Ce fut la Première Guerre mondiale. C’est avec la Deuxième Guerre mondiale que les villages de Tankk (Ngor, Ouakam, Yoff) furent touchés par les réquisitions pour la construction d’un aérodrome qui deviendra l’aéroport Léopold Sédar Senghor ainsi que des camps militaires. Le processus se poursuivra de façon moins violente, mais mûrement réfléchie jusqu’aux indépendances en 1960.
Avec la loi sur le domaine national de 1964, le nouvel États’appropriera ce qui restait des terres léboues. Aujourd’hui, les douze pencs, abandonnés à leur triste sort,s’effritent etse noient dansle grand marché qu’est devenue la capitale sénégalaise. Les villages de Tankk sont devenus le noyau pauvre d’une périphérie étouffante. Le cap Vert est devenu un cap béton, pour parler comme le ndeye dji reew Alioune Diagne Mbor. Un promontoire où le béton et le fer n’épargnent pas même le littoral, et profanent et rendent inaccessible beaucoup de sites sacrés lébous. Et, aujourd’hui, le village de Ngor qui a cédé tant d’hectares de son domaine à l’État se bat pour six mille mètres carrés de la place Mame Tafsir qui est la porte d’entrée du village. En vérité, les pencs et villages dakarois sont les seules parties du pays où les dernières générations n’ont plus la possibilité d’acquérir un terrain à cause de l’épuisement des réserves foncières et le coût très élevé des parcelles disponibles. Beaucoup de chefs de penc et de dignitaires résident hors de leur zone d’élection… Les pencs et villages traditionnels de Dakar se meurent, hélas. La mer autour de la presqu’île aussi se vide de ses ressources entraînant le désarroi des pêcheurs artisanaux, mais aussi des conflits, parfois sanglants, comme ceux de Kayar et Mboro, tout récemment. Et pourtant, le patrimoine colonial n’est pas plusimportant que le patrimoine traditionnel : les pencs et villages ont tellement de choses à nous apprendre : ils recèlent des secrets non encore révélés, une beauté rare capable de fasciner le monde. Il s’agit seulement de les réhabiliter, de les habiller de neuf en respectant leur authenticité. Alors ils nous rendront la pareille, car les génies qui les habitent sont généreux et leur population reconnaissante.
On parle à EMAD, depuis plusieurs années déjà, d’un circuit touristique allant du patrimoine traditionnel au patrimoine colonial, des pencs et villages lébou aux bâtiments français. Sans oublier le patrimoine naturel. On parle d’un treizième penc où d’un quatrième pied de Tankk qui serait un authentique village lébou dans la ville, un écomusée et un centre d’incubation où prendrait son départ et sa fin le circuit touristique de Dakar. On a beaucoup rêvé. On rêve toujours… Vivement que notre rêve devienne réalité.
Dakar se transforme, il est vrai. Avec des ponts, échangeurs et autoroutes. Avec des théâtres et musées. Avec un TER et un BRT. Avec l’aménagement heureux de la partie non encore occupée de la corniche Ouest… Dakar se transforme, mais les douze pencs et les villages lébou de tankk et autres attendent toujours leur prise en charge : Mbot, Thieudème, Santhiaba, Mbakeundeu, Thiaroye, Yeumbeul, et j’en passe. Beugnoul (le cap Manuel) attend aussi, Tioundeu (la pointe des Almadies) attend, Ndieuw (la demeure de Mame Ndiaré, génie protecteur du village de Yoff) attend, Tefessou biir (une des demeures de Mame Youmbour Yaatou, génie protecteur du village de Ouakam) attend aussi... Sans oublier le circuit Layenne de Khounteuma à Ndingala et Nguediaga. Je viens de citer là un patrimoine d’une valeur inestimable. À nous de le valoriser pour notre nourriture spirituelle. Mais il peut aussi contribuer à notre enrichissement économique.
ABDOU KHADRE GAYE
Écrivain, président de l’EMAD
Mai 2023
Par Amadou Lamine Sall
QU'EST-CE QUI NOUS ARRIVE, DONC ?
Faut-il avoir peur ou laisser passer les sanglants orages ? Qui du président ou de l’opposition doit donner raison à la stabilité sociale ? Comment compter sur des médiations heureuses quand toute prise de parole est tenue en joue ?
Faut-il avoir peur ou laisser passer les sanglants orages ? Qui de monsieur le président de la République ou de l’opposition doit donner raison à la stabilité sociale ? Comment compter sur des médiations heureuses quand toute prise de parole est tenue en joue, accusée de partialité, quand les Khalifes généraux sont écoutés d’une demi-oreille et jamais obéis ? Pourtant, la toute prochaine pêche aux présidentielles de 2024 ne présente qu’une seule mer et un même poisson : le peuple sénégalais. Lui seul décidera. Lui seul choisira le filet dans lequel il veut être pris. Pourquoi alors ne pas le laisser faire, le laisser seul décider le moment venu ? Cela nous éviterait ainsi des bains de sang qui commencent à peser. Le monde qui nous regarde n’est pas fier de nous. Il cherche à comprendre. « Mais que se passe-t-il donc chez vous ? » entend -t-on partout au-delà des frontières, parmi ceux qui aiment ce Sénégal dont le sourire est le soleil du cœur. Il est temps de se ressaisir et d’aller vers l’essentiel : la paix jusque dans la mésentente !
Bien sûr, il peut paraitre difficile de constater ce jeu de souris entre le pouvoir, l’opposition et les exigences de nos institutions judiciaires. Mais si ces institutions permettent ce jeu, il faut l’accepter. Il est arrivé dans notre pays que la politique elle-même soit dépassée par l’ambition de ceux-là mêmes qui en vivent et qui en meurent. Si la politique elle-même est dépassée, comment ne le serions-nous pas, nous la majorité qui en sommes si éloignés ? Nous ne nous mêlons de politique que quand nous sommes appelés à voter pour élire des femmes et des hommes qui nous échappent, une fois élus.
Le meilleur dialogue d’où sortiront obligatoirement des consignes applicables à tous, est celui des urnes ! La vraie démocratie, c’est l’urne quand elle n’est pas violée ! La vraie loi fondamentale, la vraie Constitution, celle qui régule, garantit et arbitre notre commune volonté de vivre ensemble, est celle qui ne s’interprète pas mais qui est ferme, close, sans porte ni fenêtre. Sa garantie serait telle, qu’elle n’aurait même pas besoin de juge pour dire ou ne pas dire le droit, car le droit est fragile et corruptible, diton. Il faudra arriver un jour pas lointain à cet idéal constitutionnel qui arrêtera le jeu meurtrier des politiciens qui embarquent avec eux juges et avocats. Il n’existe pas de plus noble charge que celle d’un juge. Un juge est d’abord l’expression du salut et source de paix. Il punit le mal, certes, mais sa mission est de protéger surtout les citoyens de tout danger et obstacle.
Le dialogue auquel appelle Monsieur le président de la République est louable, au regard de l’impasse meurtrière qui semble s’être installée chez nous. Respectons, cependant, la posture de celles et de ceux qui rejettent cet appel au dialogue comme de celles et ceux qui saluent une telle initiative. Cependant, un appel au dialogue n’est pas un appel à la guerre. Ce serait plutôt le contraire. Apprendre à se parler quand rien ne va plus est meilleur que ne pas se parler. Il faut donner sa chance à tous, pouvoir comme opposition. Ni l’un ni l’autre n’a le monopole de la vérité. S’il y avait un référendum pour aller ou non au dialogue, le oui l’emporterait, sûrement. Armons-nous d’un esprit de conquête !
Il faut donc aller au dialogue mais y aller avec toutes les garanties de réussite. Parmi d’autres propositions qui ne manqueront pas, nous souhaitons ici que ce dialogue initié par le Chef de l’État, puisse être présidé par une personnalité désignée d’accord partie et sortie de leur rang, par un collège des différents dignitaires, Khalifes généraux du Sénégal, l’archevêque de Dakar compris. Avec respect et déférence, je m’adresse ici à Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, l’homme soleil au sourire de sucre, pour qu’avec Serigne Babacar Sy Mansour et avec tous nos vénérés khalifes, soit proposé un nom en leur sein, pour présider ce dialogue qui doit réussir pour faire gagner le Sénégal. Il serait incongru qu’une personnalité politique de quelque camp qu’il soit, puisse présider un tel haut dialogue. L’espace spirituel -je ne dis pas religieux- porteur d’équilibre, de paix, de respect, d’équité, de justice, pourrait nous conduire au consensus. A défaut, confiez donc la présidence de ce dialogue à l’un de nos fils dont la puissance, la culture et le raffinement de l’esprit, ont conquis le monde : Souleymane Bachir Diagne, pour le citer. Je pense aussi à l’éminent et succulent philosophe Mame Moussé Diagne. Je pense au sage et haut ambassadeur Saloum Kandé. Je pense à Pathé Dièye Fall. Sinon, faites appel à l’imam principal de la grande mosquée de la Mecque ! Les esprits comme les cœurs de ceux qui viendront au dialogue doivent d’avance être apaisés, tranquilles, rassurés, éblouis et conquis. D’autres propositions restent ouvertes. Avec respect et humilité.
De tout notre cœur, nous souhaitons que très vite la date de ce dialogue national soit fixée et que tous y soient invités, partis politiques comme mouvements citoyens, société civile. Que tous viennent à la table du dialogue avec pas plus de quatre doléances prioritaires. Il s’agit d’aller droit au but et de lever autant que possible les obstacles majeurs qui plombent la paix dans notre si cher pays bien-aimé. Le pouvoir comme l’opposition doivent partager les responsabilités. Chacun doit céder du terrain pour se retrouver autour de l’essentiel : sortir notre pays des orages sanglants.
Personne d’autre ne le fera à notre place. Nous pouvons gagner ensemble et faire rentrer la nuit à la maison pour laisser poindre un jour lumineux et ensoleillé qui ressemble au véritable visage de notre pays.
Que chacun brise en lui le sombre miroir du rejet et de la haine. Qu’Allah couvre de son manteau de laine le président de la République et tous les leaders de l’opposition et qu’IL guide leur cœur et leur bras vers ce qui les élèvera à tout jamais dans l’histoire du Sénégal. Puisse Le Seigneur rendre douces, tranquilles et prometteuses les pensées de Macky Sall en les posant sur les héritages de ses prédécesseurs. L’heure est grave. Très grave. Tout un peuple a le cœur qui bat ! Penser préserver la démocratie et non l’appliquer, serait la pire des lèpres et faillites politiques. Cessons de faire de la politique « un exercice pour sac à malices ». C’est ensemble, pouvoir et opposition, que nous devons rebrousser chemin, car nous sommes un même pullover et tirer le fil c’est défaire tout le pullover ! En Afrique, ne faisons pas du Sénégal une piteuse banlieue. Nous sommes un pays insubmersible ! Nous sommes une grande et belle étoile ! Ne l’éteignons pas !
Celui qui appelle au dialogue est déjà installé dans la voie de la paix, peut-on lui céder. Il porte d’avance une responsabilité que ceux qu’il appelle à le rejoindre autour de la table n’ont pas affirmé encore. Mais que l’on ne lise point ni faiblesse, ni peur chez celui qui invite. Ceux qui répondent à l’appel doivent également y aller avec la paix pleine le cœur. Mais d’eux aussi, que l’on n’attende point ni faiblesse, ni peur, ni compromis coupable. Qu’il soit partagé et compris qu’un président de la République ne doit pas être humilié et abaissé à une charge de charretier. Une opposition ne doit pas être bravée, humiliée, réduite à une charge de barman. Tous ceux qui seront autour de cette table du dialogue portent le même nom, le même drapeau, le même parti, la même dignité : Sénégal !
Apprenons que le pouvoir comme l’opposition sont comme « les deux faces d’une pièce de monnaie. Ils ne peuvent pas se regarder en face, mais ils restent quand même ensemble » puisqu’ils habitent le même Sénégal et servent le même Sénégal. Ne serait-ce que pour cette raison, le dialogue doit être possible ! Si Macky Sall réussit son dialogue, « il sera heureux. » S’il ne le réussit pas, « il deviendra un philosophe ». Il n’existe pas d’un côté ceux qui veulent le dialogue et de l’autre ceux qui le rejettent. Il n’existe que ceux qui croient et ceux qui doutent. L’Homme politique est insoluble ! Il vient d’être classée comme la seule espèce humaine menacée dont on souhaite l’extinction, disent des scientifiques !
Question anecdotique : si dans une course, vous arrivez à dépasser le 2ème qui est devant vous, vous finissez à quel rang ? Certainement pas 1er ! Vous êtes classé 2ème tout simplement, car il vous restait encore à dépasser le 1er qui est toujours devant vous. Pour dire que le SÉNÉGAL sera et restera toujours et pour toujours le 1er . Tout Chef d’État est un éternel second. Tous, nous servons d’abord le Sénégal. Tous nous partirons. Le Sénégal restera. Le chant glorieux ou maudit du Chef qui l’aura servi ou trahi, restera aussi et pour longtemps. Avec le temps, tout se paie ! « Seuls vivent les morts dont on chante le nom », écrit Senghor ! Toujours se rappeler de la prière de Moïse au Dieu Unique : » Si je n’ai pas grâce à leurs yeux, efface moi de l’histoire de mon peuple. »
Qui disait que les hommes politiques sont tellement pauvres qu’ils n’ont que l’argent et ne cherchent que le pouvoir ? Ils seraient aussi tous des diabétiques avec une seule insuline : les prébendes ! Vrai ou faux, changeons la donne ! Quittons le ring. Quittons la lampe à pétrole pour l’électricité afin que l’esprit gagne sur l’ignorance et le gain ! Puisse l’appel de ce dialogue être comme un appel vers Jérusalem où plusieurs religions célèbrent le même Dieu. Le Sénégal est notre Dieu Unique. Réinjectons du rêve dans ce pays porté à la souveraineté par un poète. Ensemble, sauvons notre pays en réussissant la plus savoureuse des salades de fruits à la table du dialogue, c’est-à-dire du respect mutuel, du consensus, de l’écoute, de l’affermissement de notre démocratie et de notre vivre ensemble ! Que personne ne rebrousse chemin ! Que personne ne soit chef de meute ! Fermez vos fourreaux ! Sortez de l’entre-soi ! Refusez de rétrécir votre cœur. Soyez ferme sur l’avenir du Sénégal. Pensez au peuple sénégalais ! Nous ne connaissons rien et il n y a rien qui soit plus cher que lui !
PAR Yassine Fall
GLOIRE À LA RÉSISTANCE CONSTITUTIONNELLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Allons-nous laisser un homme embraser le Sénégal pour se maintenir au pouvoir ? Comment en sommes-nous arrivés à cette situation de violence d’État ?
Allons-nous laisser un homme embraser le Sénégal pour poursuivre ses chimères pour se maintenir au pouvoir ?
Comment en sommes-nous arrivés à cette situation de violence d’État pour un procès qui n’aurait même pas dû avoir lieu parce que déjà jugé par tout le peuple sénégalais ?
Pour un dossier de viol où le certificat médical montre sans l’ombre d’un doute qu’il n’y a eu, à aucun moment, « conjonction » sexuelle, à plus forte raison « viol » présumé ou menaces par armes à feu contre la plaignante durant des actes présumés de viols répétitifs, parfois même précédés d’appels téléphoniques.
Pour une accusation soutenue par un rapport de gendarmerie qui confirme factuellement que des témoins présents sur les lieux des incidents présumés affirment qu’il n’y a eu de viol à aucun moment, et que la plaignante, elle-même, de sa propre voix, affirme que c’est un complot qui est ourdi contre l’accusé et qu’elle n’a jamais été « violée » par ce dernier.
Pour un procès qui devrait être annulé pour conflit d’intérêt parce qu’une enquête aurait démontré que le procureur général a entaché le dossier en instruisant seulement à charge, en corsant les accusations contre l’accusé et en fabriquant des preuves pour l’accabler ?
Pour un procès où on use de tous les subterfuges pour empêcher les avocats de la défense d’avoir accès, pour se préparer, à ce dossier si « dense » contenant des photos, des vidéos et un document de presque de 300 pages ?
Pour un procès où la convocation de l’accusé a lieu par presse interposée, les avocats de l’accusé ne recevant aucune convocation pour se rendre au tribunal ?
Malgré tous ces faits et preuves irréfutables, on atterrit à la chambre criminelle, avec un simulacre de procès qui en suit un autre, contre le même opposant, dans un contexte de violences qui ont abouti presque à l’État d’urgence, des vies perdues et un lourd tribut de dégradation sociale et de pertes économiques, surtout par les plus démunis.
Qu’espèrent-ils, tous ceux et celles qui disent au président Ousmane Sonko d’avoir confiance en la justice aux ordres du président Macky Sall et d’aller « tranquillement » répondre de ses « actes » présumés devant les cours de justice ? Pourtant tous et toutes s’accordent à reconnaître que le Sénégal est tombé bien bas dans la spirale des nations démocratiques portées par un véritable État de droit soucieux de garantir l’indépendance de la justice.
S’il y a une personne qui a besoin de conseils et d’alertes, c’est le président Macky Sall parce qu’il est prêt à tout pour se tailler une éligibilité à une troisième candidature présidentielle, celle de 2024. Coutumier des forfaitures constitutionnelles, il est en réalité prêt à tout pour construire des procès fabriqués de toutes pièces afin d’annihiler l’éligibilité de son plus ardu opposant, le président Ousmane Sonko. Il est prêt à faire tirer sur son propre peuple, et il n’a pas hésité à le faire à plusieurs reprises en sacrifiant des vies humaines, y compris de jeunes adolescents désarmés pour atteindre ses objectifs.
Tout ce manège a été construit en se méprenant sur la température sociale de 2023 en vue de 2024, c’est-à-dire sans appréhender à sa juste valeur la capacité du peuple sénégalais à résister sous tous les rapports pour défendre y compris physiquement le président Ousmane Sonko, protéger l’avenir de notre démocratie et se porter en bouclier pour la pérennité du projet Pastef de transformation sociale pour la souveraineté économique et politique.
Vive le Sénégal,
Honneur au peuple sénégalais,
Gloire à la résistance constitutionnelle !
Par Babacar Korjo Ndiaye
NDAWRABINE : LES VAGUES ENCHANTEES DE NOTRE IDENTITE LEBOU
Ô ndawrabine, toi qui résonnes en nous comme une flamme intérieure, tu es bien plus qu'une danse. Tu es un hymne vibrant à notre identité lébou, un rappel constant de nos racines profondément ancrées dans cette terre fertile
Ô ndawrabine, danse divine et envoûtante, où la nostalgie et la fierté s'entrelacent dans un tourbillon d'émotions. Au son des chants puissants et des louanges, le diaraf est intronisé avec solennité, honorant ainsi sa famille et sa communauté. Des sacrifices de bœufs sont offerts en guise d'offrandes, témoignant de la foi et de l'abnégation envers les génies protecteurs de la mer.
Dans cette danse, les boubous chatoyants des danseurs lébous se mêlent harmonieusement, créant un kaléidoscope de couleurs éblouissantes. Leurs mouvements gracieux et fluides s'élèvent vers le ciel tels des fleurs qui s'épanouissent. Les pas des danseurs s'entrelacent, telles des lianes qui se rejoignent, et chaque geste dessine des arabesques divines, emportant les spectateurs dans un enchantement visuel.
Les tambours résonnent, vibrant dans l'air, accompagnant les voix mélodieuses des danseurs qui chantent avec passion et dévotion. Les sens s'éveillent : les senteurs des offrandes parfument l'atmosphère, le soleil réchauffe la peau, et l'énergie contagieuse de la danse remplit l'espace. Les détails sensoriels s'entremêlent, créant une symphonie enivrante qui captive les cœurs.
La danse du ndawrabine est un hommage à l'essence lébou, à son héritage culturel et à sa connexion profonde avec la mer. Chaque mouvement, chaque pas, est empreint de signification et de gratitude envers les forces protectrices qui veillent sur la communauté. C'est un rappel de l'importance de préserver et de célébrer nos racines, nos traditions et notre identité.
Ô ndawrabine, toi, danse millénaire et sacrée, tu es le flambeau vibrant de notre patrimoine lébou, un héritage précieux qui résonne au plus profond de notre être. Tu es le lien tangible avec nos ancêtres, une connexion spirituelle qui nourrit notre âme et nous rappelle qui nous sommes, d'où nous venons et où nous allons.
Au gré de tes rythmes ensorcelants et de tes mouvements enivrants, tu déploies un langage universel qui transcende les frontières et les époques. Tes pas, porteurs de l'histoire lébou, racontent les récits de nos aïeux, leurs luttes, leurs victoires, leurs joies et leurs peines. Dans chaque mouvement, dans chaque enchaînement chorégraphique, nous ressentons la présence et l'empreinte de ceux qui nous ont précédés.
Au cœur de cette danse merveilleuse, nous trouvons un sentiment d'appartenance profond, une connexion indéfectible avec notre communauté lébou. C'est une fierté qui ne peut être contenue, qui s'exprime dans l'éclat de nos sourires, dans la passion de nos voix qui s'élèvent en chants puissants et dans la grâce de nos corps qui se meuvent avec une précision millimétrée.
Ô ndawrabine, toi qui transcende le temps et l'espace, tu es bien plus qu'une simple danse. Tu es un rituel sacré, une célébration de notre identité, de notre culture et de notre lien profond avec la mer. Chaque mouvement, chaque geste, est un hommage aux génies protecteurs des eaux qui veillent sur nous, une reconnaissance envers les forces mystérieuses qui ont forgé notre destinée.
Dans l'envoûtement de tes rythmes, les sens s'éveillent. Les tambours résonnent, vibrant dans l'air comme le pouls de notre peuple. Les senteurs envoûtantes des offrandes parfument l'atmosphère, évoquant des souvenirs lointains et des traditions immémoriales. La chaleur du soleil caresse notre peau, nous rappelant la force vivifiante qui émane de nos terres lébou.
Et lorsque nous nous unissons dans la danse du ndawrabine, une magie opère. Les frontières s'effacent, les différences se dissolvent, et nous formons un tout harmonieux, une communauté unie dans la grâce et l'émotion partagée. Nous devenons les héritiers d'une tradition vivante, les gardiens d'un héritage qui doit être préservé et transmis aux générations futures.
Ô ndawrabine, toi qui résonnes en nous comme une flamme intérieure, tu es bien plus qu'une danse. Tu es un hymne vibrant à notre identité lébou, un rappel constant de nos racines profondément ancrées dans cette terre fertile. Que tes mouvements se perpétuent à travers le temps, que tes rythmes puissants continuent d'inspirer et d'illuminer nos cœurs, afin que la magie du ndawrabine perdure à jamais.
Par Amadou Tidiane WONE
IL EST TEMPS DE DIRE AU PRÉSIDENT MACKY SALL...
Face à la montée des périls, Il est temps que chacun d’entre nous se détermine, clairement, sur les éléments constitutifs de la crise politique majeure en cours de gestation dans notre pays.
Un être cher m’a appris :
Il y a quatre manières de perdre son temps :
Ne rien faire
Faire ce que l’on ne doit pas faire
Le mal faire
Le faire à contretemps
Alors de quoi est-il le temps ?
Face à la montée des périls, Il est temps que chacun d’entre nous se détermine, clairement, sur les éléments constitutifs de la crise politique majeure en cours de gestation dans notre pays. Oui ! Le temps n’est plus au contorsionnisme de la pensée ni à la complaisance mondaine. Il est temps de dire, haut et fort, que notre pays risque d’être victime de ses élites intellectuelles, intellocrates et bien des fois intellectraitres, qui jouent des rôles et tentent d’abuser de la bonne foi du peuple. Au profit de leurs conforts personnels fragiles et factices.
Il est surtout temps de dire clairement au Président de la République en exercice, Macky Sall, que c’est LUI et LUI SEUL qui s’était engagé à ne pas… s’engager (!) dans une troisième candidature. C’est le minimum de vérité de base à poser sur la place publique car, cette vérité est largement documentée en images, sons et écrits. En plus des déclarations publiques de plusieurs des membres éminents de sa famille politique.
Ce moment consacré et définitivement acté, il va falloir analyser, sans états d’âmes ni parti pris, les outrances verbales ou les actes déviants posés par chacun et TOUS les acteurs politiques ou de la société civile. Ce sera le second pas vers l’assainissement des mœurs publiques de notre pays, en traquant toutes les formes d’escroqueries, intellectuelle ou « religieuse » qui semblent avoir pris racine dans notre espace public. Il va falloir, dans le même temps, dénoncer la dilapidation des ressources de la nation, sans nuance ni restriction. Au sortir de cet exercice de vérité et de citoyenneté, un agenda républicain minimal pourrait se consacrer à la restauration des fondements éthiques d’une nouvelle gouvernance.
Sur ces nouvelles bases, aller vers des consultations électorales, franches et transparentes, afin que notre peuple choisisse, en toute sérénité, les responsables de son destin pour le prochain quinquennat !
Sur ce vaste chantier, NOUS sommes tous interpellés ! Que chacun mette une pierre à l’édifice.