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29 novembre 2024
Opinions
Par Abdourahmane DIENG.
LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT MACKY SALL
Monsieur le président de la république je suis persuadé qu’un homme qui a atteint la plus haute stature d’une nation doit parfois se sentir seul. Oui, esseulé !
Monsieur le président de la république je suis persuadé qu’un homme qui a atteint la plus haute stature d’une nation doit parfois se sentir seul. Oui, esseulé ! Vous devez parfois, dans votre lit, vous réfugier dans votre solitude afin de passer au peigne fin tous les mouvements compulsifs et violents de notre chère nation en déliquescence.
« Tâtez le poul » de ce pays et vous verrez que le tissu social autrefois hautement sanctifié et qui était le soubassement de notre commun vouloir de vie commune est en train de se déchirer lamentablement.
Vous persistez dans le reniement de la parole depuis 2012 avec votre mandature dont vous avez promis moultes fois de réduire. De plus, votre déclaration à ne jamais signer un décret nommant votre petit frère à un quelconque poste de responsabilité n’a jamais été respectée. Aujourd’hui, la famille, les copains et les coquins sont aux commandes. Ils peuvent se permettre tout et n’importe quoi sans par ailleurs être inquiétés. Plusieurs fois, le peuple sénégalais a été témoin de votre charlatanisme et de votre duplicité.
Réfléchissez froidement à la situation Monsieur le Président de la République. Un peuple qui vous a élu à plus de 60% des suffrages valablement exprimés lors des élections présidentielles de 2012 et avec lequel vous peinez aujourd’hui à obtenir la majorité à l’Assemblée Nationale.
Ce peuple vous a définitivement tourné le dos.
Le délit d’offense au chef de l’état, cette loi d’une autre époque qui dénote d’une survivance de la notion de crime de lèse-majesté, agitée chaque fois qu’un honnête citoyen donne son point de vue sur la marche de la nation, est une véritable aberration.
Aujourd’hui, force est de constater que dans toutes les démocraties modernes, le chef de l’état reçoit parfois les critiques les plus acerbes en toute liberté. Car si vous êtes président, vous l’êtes pour toutes les franges de la population sans distinction aucune et votre responsabilité réside dans le sens de l’écoute active accordée à votre peuple à tout prix.
Toutes les civilisations dites modernes ont dépassé de très loin ces pratiques moyenâgeuses qui dénotent de l’autoritarisme. Monsieur le Président, nous autres citoyens de la diaspora sénégalaise suivons avec de la peine ce qui se passe au Sénégal. Il y’a une psychose évidente au Sénégal. Personne n’a l’audace de dire ce qu’il pense. Les libertés individuelles acquises d’âpres luttes sont aujourd’hui ostensiblement réduites à peau de chagrin.
Que s’est-il passé entre 2012 et aujourd’hui pour que vos collaborateurs s’attaquent à des icônes très respectés de notre lutte démocratique comme Monsieur Alioune Tine. Décidément, vous êtes amnésique !
Tout porte à croire que vous avez un agenda caché que vous déroulez tranquillement sans broncher. Vous pouvez être très intelligent mais sachez que vous ne l’êtes pas plus que 17 millions de sénégalais. Aujourd’hui, la question du dialogue est agité à tout va.
Quel crédit donnerais-je à un semblant de dialogue ou le parti le plus sociologiquement représentatif se voit traquer de toute part ? Des journalistes sont injustement emprisonnés et vous persistez dans le déni qu’il n’y a pas de prisonniers politiques. Plus de 300 personnes croupissent dans les geôles juste pour la simple raison d’avoir exprimé leurs opinions. Ce qui se passe dans ce pays est indigne d’une démocratie fut-elle mineure comme la nôtre.
Toutes ces agressions physiques et verbales à l’encontre de votre principal challenger constituent des balafres hideuses sur le visage de notre démocratie hautement chantée partout en Afrique.
Dans la conscience collective, les sénégalais n’ont cure de ce dialogue. Les priorités sont ailleurs Monsieur le Président de la République.
Faites face aux sénégalais et dites leur la vérité. Celle-là qu’ils veulent entendre. Dites aux sénégalais que vous ne vous présenterez pas à un « second quinquennat » comme le crie de manière éhontée et grossière vos partisans. Le Sénégal s’achemine vers des lendemains très sombres et vous êtes le seul en position d’assurer la paix et la stabilité dans cette situation. Décrispez l’espace politique et commencez par libérer les otages politiques dont vous niez l’existence.
Sentez-vous le vent de changement qui souffle partout en Afrique ?
Aujourd’hui il est manifeste que la jeunesse africaine qui jusque là était orpheline de figure emblématique comme Patrice Lumumba ou Thomas Sankara, s’identifie au discours et parcours d’Ousmane Sonko. Aujourd’hui, avec l’avènement de ce qui communément appelé « réseaux sociaux », l’information circule à une vitesse grand « V », ce qui fait que cette même jeunesse sait ce qui se passe partout dans le monde avec une instantanéité effarante. Par ailleurs elle a les mêmes aspirations et exigences citoyennes que celle européenne ou américaine.
Monsieur le Président, vous et ceux-là qui croient que l’on doit continuer à faire de la politique comme on en faisait durant la période post coloniale êtes en retard sur votre époque. Votre régime finissant a trop fait de mal à ce peuple. Le vol et la gabegie impunis ont fini par être érigés en mode de gouvernance.
Vos collaborateurs continuent à répéter qu’on doit faire confiance au Conseil Constitutionnel. À quel Conseil Constitutionnel faire confiance ?
Celui-là qui a validé la candidature d’Abdoulaye Wade en 2011 et qui nous a valu un lourd bilan de plusieurs morts et blessés graves ? Je suis désolé mais les sénégalais ont perdu toute confiance en celui-ci.
Il suffit d’observer les émissions télévisées et de voir à quel point les vôtres traitent avec une condescendance ahurissante votre principal opposant et ses partisans.
Monsieur le Président, vous êtes face à votre destin. Satisfaire les caprices du prince ne doit nullement servir de prétexte pour mettre le Sénégal à feu et à sang.
Revenez à la raison pendant qu’il est encore tant, le Sénégal dépasse votre personne et vous n’avez pas de droit de faire hériter à vos successeurs d’un pays en lambeaux.
Ressaisissez-vous pour éviter que le Sénégal ne sombre dans un mal qui sera difficile à enrayer.
Soyez lucide et froid ! Ne vous aventurez pas à faire un mauvais choix car comme disait Jean Paul Sartre dans l’Être et le néant : « Choix et conscience sont une seule et même chose ».
Démocratiquement vôtre,
Abdourahmane DIENG.
Citoyen sénégalais vivant en Europe.
Par Idrissa Diabira
« L’ECONOMIE RESTE L’ENJEU DE LA PRESIDENTIELLE AU SENEGAL »
«L’économie, il n’y a que cela qui compte. » C’est une phrase devenue culte prononcée en 1992 par James Carville, alors conseiller de Bill Clinton dans sa course à la Maison-Blanche, face au président sortant, Georges Bush père
En dépit des remous et des grandes manœuvres politiques, tout se jouera en priorité autour du pouvoir d’achat lors du scrutin présidentiel de févier 2024, pronostique Idrissa Diabira, coordonnateur du programme présidentiel « Yoonu Yokkuté » du candidat Macky Sall, en 2012.
«L’économie, il n’y a que cela qui compte. » C’est une phrase devenue culte prononcée en 1992 par James Carville, alors conseiller de Bill Clinton dans sa course à la Maison-Blanche, face au président sortant, Georges Bush père. Alors que les États-Unis connaissent une récession économique, le candidat républicain est perçu comme déconnecté des besoins des Américains ordinaires.
Clinton remportera le scrutin, et la phrase deviendra un slogan qu’analystes et chroniqueurs ressortiront à chaque débat électoral, pour faire de l’économie le point central de l’élection.
Avant Carville, le sociologue français Michel Crozier faisait déjà valoir que les gouvernements existent traditionnellement pour chercher et adapter des solutions aux problèmes économiques et sécuritaires. L’histoire montre que l’absence de solutions adéquates conduit aux changements de régimes.
Avant Carville, le sociologue français Michel Crozier faisait déjà valoir que les gouvernements existent traditionnellement pour chercher et adapter des solutions aux problèmes économiques et sécuritaires. L’histoire montre que l’absence de solutions adéquates conduit aux changements de régimes
Avant Carville, le sociologue français Michel Crozier faisait déjà valoir que les gouvernements existent traditionnellement pour chercher et adapter des solutions aux problèmes économiques et sécuritaires. L’histoire montre que l’absence de solutions adéquates conduit aux changements de régimes
Ainsi, la vague de démocratisation en Afrique subsaharienne, dans les années 1990, est rattachée à l’échec économique d’États qui ne sont pas parvenus à faire mentir la prophétie de René Dumont (1960) suivant laquelle « l’Afrique noire est mal partie ».
L’ÉCHEC DU MODÈLE COLONIAL
Les jeunes États n’ont pu se départir du modèle colonial hérité, perçu par Naudet (1995) comme social, unitaire et intégrateur. Celui-ci est fondé sur un système de valeurs à deux niveaux : une paysannerie traditionnelle valorisée et un modèle urbain moderne et occidentalisé, censé représenter l’avenir. Ce modèle est financé par le produit des exportations des matières premières, redistribué par la dépense publique (éducation, santé) et la circulation des biens, des personnes et des revenus. Il est issu de l’État colonial et de son économie dualiste : celle coloniale, avec ses entreprises commerciales et industrielles étrangères, et celle « autochtone », avec ses commerçants, transporteurs, artisans et agriculteurs africains. Dans les années 1980, trois principaux facteurs conduisent à l’échec de ce modèle au sein des jeunes États : la taille réduite de sa base économique et fiscale (dominée par l’exploitation des matières premières), le développement urbain exponentiel qui génère une diversité sociale et de nouveaux acteurs sociaux – l’essentiel du secteur informel – rétifs au modèle unitaire de l’État et à son détriment, et enfin l’émergence de la compétition. Cette dernière rend caduc l’ordre économique et social stable antérieur par la mise en concurrence tant des produits de l’économie de rentes que des groupes sociaux entre eux.
L’EXCEPTION DÉMOCRATIQUE SÉNÉGALAISE
Parmi les jeunes États qui ont émergé de la vague de démocratisation subsaharienne, le Sénégal apparaît comme une réelle exception. Comme de très rares autres pays africains, il a échappé à la norme des putschs. La vie politique y a conduit à deux alternances démocratiques, en 2000 et 2012. Les raisons de cette exception tiennent notamment au rapport du pays à la performance économique. Ainsi en est-il de 1981 avec la transmission de Léopold Sédar Senghor (au pouvoir depuis 1960) à Abdou Diouf (1981- 2000) sur fond de crise de la dette et de plan d’ajustement structurel. La politique d’industrialisation, visant à faire éclore un tissu productif compétitif, a échoué. En 2000, si l’ajustement commence à produire des effets, les effets de la dévaluation et du plan Sakho-Loum (du nom des ministres de l’Économie, Ousmane Sahko, et du Budget, Mamadou Loum) ont un coût social important, l’horizon n’est que la « lutte contre la pauvreté ». En 2012 enfin, sur fond certes d’un nouveau mandat controversé d’Abdoulaye Wade et d’un projet honni de ticket présidentiel, le Sénégal est surtout victime des effets de l’inflation, de la fourniture insuffisante d’électricité et de la vie chère.
UNE TRAJECTOIRE ÉCONOMIQUE INÉDITE
Alors candidat, Macky Sall ne s’y est pas trompé en priorisant, dans son programme économique « Yoonu Yokkuté » (le chemin du bien-être) de réduire les injustices sociales avec les bourses de sécurité familiale comme mesure phare – aujourd’hui 400 000 familles la perçoivent -, d’une part, et de doter le Sénégal d’un Small Business Act pour promouvoir l’entrepreneuriat et les PME, d’autre part. En 2024, la tradition sénégalaise à permettre l’expression souveraine des citoyens, audelà du nom des candidats, est l’enjeu absolu à préserver. Mais in fine, l’économie déterminera l’issue des élections : les politiques de souveraineté pour prendre en charge des effets de la pandémie de Covid19 ou de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la confiance dans le projet d’industrialisation et de développement de futurs champions pour rendre plus inclusive et créatrice d’emplois la nouvelle trajectoire de croissance du pays, inédite depuis cinquante ans. Et ainsi saisir l’opportunité de l’exploitation prochaine des ressources pétrolières et gazières.
Par Idrissa Diabira
Directeur général de l’agence sénégalaise ADEPME
Coordonnateur du programme présidentiel “YOONU yokkuté” DU candidat macky sall EN 2012 source : JEUNE AFRIQUE
LA RÉSITANCE, LA FORCE SOUVERAINE
EXCLUSIF SENEPLUS - Toute domination est à terme vouée à l’échec. Cette loi est au cœur d’un monde à rebâtir. Elle féconde en théorie et en praxis un nouveau leadership autour de l’intelligence collective, l’humilité et le courage intrépide
« C’est en subissant l’épreuve du feu que le fer gagne en éclat »
Le concept de résistance est essentiel pour analyser et comprendre la trame et les dynamiques complexes de l’histoire des sociétés humaines. Il est en effet au cœur des contradictions multiformes connues par l’humanité, marquées par la domination, l’exploitation et l’asservissement, et dialectiquement par les luttes opiniâtres et les résistances farouches contre l’ordre injuste. « La double marque du monde, dit Wallerstein,[2] est l’imagination de ceux qui le rançonnent, et la résistance entêtée des opprimés. L’exploitation d’une part, de l’autre le refus d’accepter cette exploitation (soi-disant inévitable ou légitime), telle est l’antinomie de base de l’ère moderne : les deux termes s’associent dans une dialectique qui est loin d’avoir atteint son sommet… ». La domination et la résistance vont donc ensemble
Le droit légitime et le devoir sacré de résistance
L’hégémonie est la recherche de l’exercice élargie de la domination d’un système, d’un pouvoir, d’un Etat sur son peuple, d’une nation sur d’autres. Elle secrète son contraire, la résistance légitime multiforme des opprimés, des peuples et nations dominés. Du point de vue de l’évolution historique, la résistance conditionne le rétablissement de la justice et de la paix, celui du progrès général de la civilisation humaine. Cette raison fonde universellement le droit imprescriptible à la résistance pour la liberté et la souveraineté. Contrairement à ce que l’on redoute, l’exercice du droit légitime et le devoir sacré de résistance, élève en dignité et unifie une communauté, un peuple, une nation, au lieu de les diviser et de les affaiblir. La preuve est la comparaison de l’état de développement et de progrès élevés atteint aujourd’hui par les peuples et nations qui ont résisté dans l’endurance, et ceux qui n’ont pas osé lutter du fait de la capitulation de leurs élites, ou qui, divisés face à l’ennemi, ont été défaits. De même sont élevés en héros les hommes et les femmes indomptables qui ont donné en sacrifice leur vie pour empêcher ou délivrer leur communauté ou leur pays de l’asservissement. Leurs visages restent gravés dans la mémoire de l’humanité et leurs faits de courage illuminent l’énergie et l’espoir de liberté des générations successives. En réalité, la résistance renforce l’unité, la grandeur des peuples et Nations et leur ouvre les conditions de la paix et de la prospérité. Elle confère en outre à leurs Etats, une position stratégique enviée dans le monde. Il est donc vrai pour les individus comme pour les peuples, « c’est en subissant l’épreuve du feu que le fer gagne en éclat ».
Domination, crise et résistance
Le concept de résistance est étroitement lié aux concepts de domination et de crise. La domination du fait de son caractère injuste et oppressif, engendre une crise sociale et une perte de légitimité politique des dirigeants alliés de l’ennemi. Elle fait naitre la résistance défensive et offensive du soi ou de l’entité collective pour préserver son intégrité et sa survie, face à l’adversité conquérante et à la force répressive. Elle est un mouvement organisé, pacifique ou conflictuel, s’opposant à la menace de dissolution. La résistance n’est donc pas simple révolte, furie de violences spontanées et sans lendemain, mais un processus muri, un travail d’avant- garde coordonné, nourri par l’humanisme de la liberté. Le concept induit le refus, la lutte et, au point culminant, l’affrontement salutaire.
La dimension culturelle de la résistance
La résistance dans un contexte de domination revêt une dimension culturelle, linguistique et spirituelle de grande portée. Elle puise historiquement sa force mentale et créative dans le génie culturel et l’imaginaire fécond du peuple. Ce foyer incandescent, intangible et ineffable concentre les réponses accumulées et leur efficacité symbolique, face aux multiples défis. La résistance se développe, s’appuyant sur les ressources et les patrimoines anciens revigorés. Elle intègre en même temps les acquis scientifiques les plus avancés de la culture et de l’expérience universelle de l’humanité.
La culture est donc le foyer où s’affirme ce qui est le plus sacré pour un peuple, sa dignité, sa langue et ses valeurs, le droit de vivre libre. Sous domination étrangère prolongée, la culture d’un peuple perd de sa vitalité, semble rigidifiée, mais en réalité, elle entre dans une sorte de clandestinité d’où elle réapparait revivifiée dès que la résistance pour la libération s’amorce au sein des élites et du peuple.[3] Les artistes et créateurs, architectes, ingénieurs, artisans d’art, décorateurs, aménagistes, poètes et conteurs, jouent alors le rôle d’avant- garde critique et inventif du futur. Par leurs œuvres de beauté, ils esquissent déjà les possibilités infinies de jouissances raffinées qui s’offriront à tous, à l’heure attendue de la délivrance. La résistance porte ainsi en elle, dans ses flancs l’avenir et le destin d’un peuple, d’une nation, comme la femme porte en gestation la vie à naitre. Elle libère les élites de la dépendance intellectuelle et de l’hégémonie conceptuelle des experts étrangers, entame la rénovation de la pensée sociale au sein du peuple et ouvre l’avènement de nouvelles modernités endogènes. C’est pour cette raison que la culture est toujours un enjeu stratégique de pouvoir et de contrôle idéologique dans les rapports de classe au sein des sociétés et dans les relations entre États et Nations en compétition.
Résistance et renouveau collectif
La résistance sous toutes ses formes est un processus de transition (éveil de conscience, mobilisation, organisation supérieure). Elle vise la reproduction, la survie du sujet collectif. L’entité qui résiste cherche la préservation de son intégrité et au-delà, de son projet historique de vie. La résistance développe une idéologie politique qui oriente et anime les dynamiques d’organisation et les stratégies de réadaptation salutaires pour une victoire certaine. Ces dynamiques tissent de nouvelles relations sociales de solidarité au sein du peuple et font émerger de nouvelles légitimités de gouvernance politique. La résistance est aussi réappropriation de la mémoire collective des traditions de lutte. Elle est le foyer d’éclosion d’innovations créatrices multiples, assurant la continuité historique de la communauté sous un nouvel élan. La résistance conduit à la libération, étape nécessaire au renouveau collectif.
Les masses font l’histoire
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la complexité et la profondeur des problèmes correspondent à l’ampleur de la participation de la masse historiquement active. « La société civile est le véritable foyer, la véritable scène de toute l’histoire » disaitMarx[4] au XIXe siècle, avec une vision anticipant de manière étonnante sur les changements qui caractérisent le monde actuel. Il voyait en effet l’évolution impérialiste du capitalisme sur toute la planète avec les deux caractéristiques suivantes - la complexité et la profondeur des problèmes qui vont se poser à l’humanité et - l’ampleur de la participation de la masse historiquement active, face à ces défis à relever. Ceci est parfaitement conforme à la loi établie par le matérialisme historique dans l’étude des civilisations, selon laquelle les individus s’inscrivent en héros dans l’histoire, mais que ce sont les masses qui la font. Dans le firmament, les héros et héroïnes sont les étoiles qui scintillent et les masses, l’immense ciel noir bleuté qui les abrite.
L’actuelle mondialisation libérale capitaliste a produit l’actualité de la démocratie participative et l’irruption massive de nouveaux acteurs sur la scène politique et les espaces décisionnels. Il s’agit de la jeunesse insurgée, des communautés brimées, des catégories sociales revendicatives, des femmes intrépides, des intellectuels, artistes, entrepreneurs créatifs, de la presse privée libre et des institutions citoyennes de veille. Cette nouvelle masse critique civile s’active sur le terrain et à travers les réseaux sociaux et les plateformes numériques educatives, culturelles et scientifiques. Elle cherche ainsi à peser de tout son poids sur la démocratisation réelle des sociétés et l’humanisation du monde. Elle sera sans doute une force décisive dans le basculement géostratégique et la reconfiguration annoncée des rapports de forces dans le monde. Le fait majeur en est la naissance des BRICS, la perte annoncée de l’hégémonie du dollar dans le commerce mondial, et par conséquent, l’affaiblissement de la domination impérialiste occidentale. Nous allons probablement assister à un renforcement de puissance des sociétés civiles en conjonction avec l’entrée active des grandes masses d’Afrique, d’Asie et d’Amérique sur la scène historique mondiale.
La dimension politique de la résistance
Selon Antonio Gramsci,[5]le problème culturel et philosophique se dénoue en dernière instance sur le terrain de l’hégémonie politique. « Quelle classe a l’hégémonie politique et par conséquent l’hégémonie culturelle ? Selon quelle conception des masses sont-elles amenées à penser et par conséquent à agir ? C’est, précise-t-il, « dans la sphère de l’hégémonie que culmine l’analyse des différents rapports de force ». La direction idéologique et la lutte politique concentrent le pôle contradictoire hégémonie-résistance. À défaut d’un règlement pacifique par voie démocratique et consensuelle, la lutte politique pour le contrôle de la direction historique de la société, trouve généralement son point culminant dans l’affrontement des protagonistes. L’issue final victorieux dépend essentiellement de la réponse de savoir si les dirigeants ont auparavant parlé inlassablement aux masses le langage de la vraie politique, s’ils ont cheminé avec elles sur les sentiers lumineux de la connaissance liée à la pratique.
La résistance, la force souveraine
La résistance, résume Elgas[6] est « la force souveraine, face aux violences et aux coups de l’histoire, une force de production locale, un potentiel de création continue des richesses et des possibilités des peuples ». La domination dit-il, « ne subvertit jamais totalement, la frontière qui sert d’ultime rempart pour protéger le bastion qui reste, ce traçage invisible et silencieux où s’annonce dès les origines, la résistance ». Ce principe dialectique du primat culturel et du caractère sacré de la lutte libératrice des masses est bien établi par Cheikh Anta Diop[7] éminent savant panafricain et admirablement restitué par Amilcar Cabral,[8] dirigeant historique de la lutte de libération nationale. Tous les deux ainsi que Samir Amin[9]dans ses travaux remarquables, nous rappellent l’enseignement fondateur de l’histoire du développement des sociétés humaines, que toute domination, toute hégémonie est à terme, vouée à l’échec. Cette loi fondamentale est au cœur de l’anthropologie et de l’économie politique d’un monde à rebâtir. Elle féconde en théorie et en praxis un nouveau leadership autour de l’intelligence collective, l’humilité et le courage intrépide.
1. Ce titre est inspiré du bel article de Elgas cité.
2. Immanuel Wallerstein (1980). Le système du monde du XVe siècle à nos jours. 1 Capitalisme et économie-monde 1450-1640. Paris : éd. Flammarion, p.325.
3.. Elgas (2017). L’incolonisable des peuples, Dakar : Journal le Quotidien. Mercredi 20 décembre 2017, No4455.
4. Cheikh Anta Diop (1958). Nations nègres et culture. Paris : éditions Présence Africaine
5. Amilcar Cabral (1975). 1. L’Arme de la théorie 2. La lutte armée Paris : éditions Maspero
6.. Samir Amin (2012). L'Implosion du capitalisme contemporain. Automne du capitalisme, printemps des 5peuples ?, Éditions Delga.
7.Frantz Fanon (1961). Les damnés de la terre. Paris : éditions Maspero. .
8.Jean Louis Calvet. (1979). Linguistique et colonialisme. Petit traité de glottophagie. 2e édition. Paris, Petite Bibliothèque Payot.
9.Karl Marx. (1947). La Sainte famille. Œuvres philosophiques. Paris : éd. Costes, p.145.
10.Gramsci. (1977). Gramsci dans le texte Paris : Les Éditions sociales.
Par Babacar Camara
POURQUOI AUTANT DE BALADES POLITIQUES AU SENEGAL ?
La justice fait de sa priorité des futilités de diffamation en politique alors que les rapports de l’OFNAC et de la Cour des comptes ne donnent aucune suite judiciaire…
"Un jour viendra, je donnerai ma réponse " dixit notre très cher, lors de son dernier entretien avec El Hadj Assane Gueye...
Et pourtant, le sieur disait qu'on pourrait l’attendre sur n’importe quel défi sauf celui de vouloir briguer un 3e mandat au Sénégal. He oui, c'est un discours que vous pouviez tenir au moment où votre priorité était ailleurs : les élections présidentielles de 2019.
Cette façon de se dédire, de jouer avec les mots n'a rien de formateur pour la jeunesse sénégalaise. Des centaines de personnes qui défendaient comme vous, l’idée que le mandat présidentiel de 2019, ce sera le second et le dernier pour vous, ne savent plus aujourd'hui à quoi s'en tenir. Monsieur le Président, peu importe la décision finale que vous allez prendre, la méthode actuelle n'est pas démocratique.
Votre silence sur la question du troisième mandat n'est qu'un calcul politique, comme d'habitude. Vous arrivez en ce moment à la fin de votre second mandat et on ne décèle aucune trace de grandeur d'un homme mûrement démocratique. Vous avez le don de vouloir penser maîtriser tous les différents scénarios politiques au Sénégal. Mais ce calcul politique risquerait de vous surprendre, car vous ignorez encore que le public n'est plus le même qu’il y a 10 ans.
Et quand on découvre de l'autre côté, que l'ancien président du CESE est en campagne électorale, il y a de quoi s'organiser...
Ce dernier, qui n'est plus en mesure de mobiliser, même un quartier, pense pouvoir bénéficier d'un vote sanction en 2024. Il faudrait tout un scénario pour le créer et bien évidemment, on sait d’avance les magouilles qui seraient de mise.
Par ailleurs, je n'ai jamais compris votre obsession de vouloir tenir un dialogue politique avec les membres de l’opposition et la société civile. Ce sera un dialogue qui ne pourrait être qu’au détriment du peuple, qui souhaite mettre fin à l’impunité au Sénégal. Monsieur le Président, il n'y a pas lieu de tenir un dialogue, mais plutôt de vous ressaisir. Toute situation de crise au Sénégal vient directement ou indirectement de vos décisions prises depuis votre accession au pouvoir.
Balades politiques, certainement, car vous avez réussi à détourner le peuple sénégalais des vrais fléaux qui gangrènent notre société. La justice fait de sa priorité des futilités de diffamation en politique alors que les rapports de l’OFNAC et de la Cour des comptes ne donnent aucune suite judiciaire…
Par Amadou Tidiane WONE
HASTA LA VICTORIA SIEMPRE !
Le jeudi 11 mai 2023, cela fera 50 ans qu'Omar Blondin DIOP aura succombé à des sévices subis dans l'univers carcéral de l'île de Gorée...
Le jeudi 11 mai 2023, cela fera 50 ans qu'Omar Blondin DIOP aura succombé à des sévices subis dans l'univers carcéral de l'île de Gorée...
Le temps du souvenir correspond aussi, et encore, au temps de l'exigence de Vérité sur les conditions de la mort d'une "étoile filante africaine": esprit brillant et libre, ayant franchi allègrement les cercles universitaires les plus fermés de France, Omar avait une intelligence fulgurante,éclairée par une foi en l'Afrique et un souci du devenir du monde noir.
Omar était promis à un bel avenir... A l'instar de nos jeunes nations venant juste de célébrer une dizaine d'années d'indépendance, il était le symbole d'une génération exigeante à l'assaut du confort néocolonial.
Le temps du souvenir doit donc, aussi, être le temps des retrouvailles de toute une génération qui aura souffert le martyr d'Omar Blondin DIOP. C’est le tempsd’ériger une communauté autour des valeurs et des idéaux qui lui ont coûté la vie!Le temps de la renaissance de nos rêves inassouvis.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Pour les gens de ma génération qui, aux portes de l’adolescence avaient été sensibles à sa démarche pour défendre une certaine idée du monde, c’est aussi le temps de témoigner de tous les sacrifices endurés,pour fonder une aspiration à un mieux être de l’homme noir dans un monde colorié en blanc.
A la maison familiale de Darabis, nous écoutions « Last poets » les ancêtres du Rap. Nous regardions avec une tendre affection la mèrecourageAdama et le père Ibrahima, à la tête d’une fratrie incorruptible et rebelle, canaliser les colères et mener le bateau Blondin à quai. Nous sommes témoins oculaires et fidèles de sacrifices familiaux incommensurables ! Il est temps de le dire…Pour ceux qui ne savent pas !
Nous étions en connivence avec les luttes du Black Panthersaux USA. Les frères de Soledad et Angela Davis étaient nos héros, pour leur courage de défier l’ordre ségrégationniste qui y était alors en vigueur.Nous étions le Vietnam en guerre contre l’Oncle Sam. De l’Amérique du Sud aux confins du Moyen Orientnous étions solidaires, sans frontières, de toutes les causes des peuples dominés et en lutte.
Nous étions les enfants de mai 68…
Nous aimions le Che Guevara et tous les révolutionnaires de tous les pays dont le sacrifice aura contribué, sensiblement, à démystifier le caractère définitif de l’ordre mondial issu de la guerre froide. Jusqu’à l’affaissement du mur de Berlin… Jusqu’à…nos jours ou ce qui en reste, pour continuer le combat.
Inlassablement ! Obstinément !
Une série d’activités seront organisées pour célébrer le moment douloureux du 11 Mai 1973. Mais ce souvenir doit nous ragaillardir et correspondre à la remobilisation des forces de progrès pour conjurer le mauvais sort qui s’acharne sur les élites africaines les plus clairvoyantes.
« Il n’y’a pas de destins forclos. Il n’y a que des responsabilités désertées »
Nous assistons plus à une succession de bruits qui importunent notre quiétude qu’à la présentation d’idées et de programmes politiques capables de transformer le pays
J’ai récemment croisé un candidat à la Présidentielle dans la rue, la mise sommaire, le pas pressé et le regard hagard. J’ai eu une double peine. D’abord pour ce candidat ; pourquoi un homme qui visiblement n’a réglé définitivement aucun des besoins quotidiens qu’impose la vie aux adultes se déclare candidat à la plus haute fonction au Sénégal. Ensuite ma peine allait à notre pays qui en est arrivé à un tel état d’anormalité pour qu’un parfait inconnu se déclare avec tout le sérieux du monde à la Présidentielle et explique comment il va gagner car ses idées sont majoritaires.
Déjà, si pour 17 millions d’habitants, le pays compte environ trois cents partis politiques dont l’essentiel n’a jamais participé à une quelconque élection, il y a un souci. Un ancien Premier ministre disait : «Toutes les mouches qui volent ne sont pas des idées.» Nous assistons plus à une succession de bruits qui importunent notre quiétude qu’à la présentation d’idées et de programmes politiques capables de transformer le pays. N’importe qui se sent investi d’une mission pour créer une organisation et diriger les autres, fussent-ils trois. Le projet collectif n’est acceptable que s’il est en tête de peloton, le culte du moi, la tentation d’être chef. La soif déraisonnée du pouvoir, l’ego, la volonté de captation de quelques subsides, l’amour des ondes, font un terrible mélange qui annihile toute possibilité de lucidité et de conviction sur le vrai sens du politique.
Quand j’observe la course aux candidatures dont certaines sont tout de même très risibles, je me demande si réellement leurs auteurs savent le ridicule qu’ils inspirent aux citoyens. Il est dramatique de penser se vêtir du manteau d’homme ou de femme d’Etat préparé aux plus hautes fonctions, alors qu’en réalité, auprès de nos concitoyens, vous ne donnez que l’image d’un guignol qui, dans une fête, serait invité à rentrer et s’enfoncer dans un long sommeil qui souvent remet les idées au clair et calme les ardeurs que la nuit sait encourager.
En 1962, lors d’une conférence de presse, le Général De Gaulle disait du devenir du paysage politique français une fois qu’il l’aura quitté : «Ce qui est à redouter, à mon sens, ce n’est pas le vide politique, c’est plutôt le trop-plein !» Nous sommes dans le trop-plein au Sénégal, où le foisonnement des candidatures à chaque veille d’élection amuse, inquiète et surtout légitime de mon point de vue l’instauration du parrainage citoyen en 2018. Dans l’héritage politique du Président Sall, il y aura le parrainage que je considère être l’une de ses meilleures lois, même si l’on peut encore le parfaire.
La politique est une affaire trop sérieuse pour qu’on la pratique avec désinvolture. Une Présidentielle est, selon l’expression consacrée dans un régime calqué sur la Cinquième République française, le rendez-vous entre un homme et un Peuple. Ce n’est pas un défilé de mode ni une kermesse, encore moins un concours de petites phrases pour amuser et faire le buzz.
Une gouvernance ne peut être désarticulée du savoir, de la maîtrise de la profondeur historique d’un pays et d’une densité intellectuelle. On peut être universitaire et faire preuve d’incompétence et d’inculture et être un ouvrier comme Lula au Brésil, et avoir une luminosité intellectuelle foudroyante. Doit être choisi président de la République parmi les citoyens les plus cultivés d’un pays. Aspirer à diriger un pays c’est fourbir ses armes des années durant avec hargne, avoir des crédits politiques et techniques reconnus, garantir une dimension intellectuelle forte et prouver un sens aigu de l’Etat. Solliciter les suffrages des Sénégalais n’est pas une vanne de fin de soirée, c’est une grande responsabilité, une gravité et un sens accru du devoir qu’incombe la fonction présidentielle dont chaque décision a un impact sur des gens. Il est courant d’observer dans notre pays que certaines carrières politiques commencent par une déclaration de candidature à l’élection présidentielle. C’est ainsi faire preuve de légèreté et conforter tout citoyen averti sur la nature de plaisantin de l’impétrant.
A moins d’un an du scrutin de février 2024, les candidatures pullulent et cela va se poursuivre. Des journalistes qui n’ont jamais dirigé une rédaction aspirent à diriger un pays. Des chômeurs font de la déclaration de candidature le moyen de remplir leur agenda désert. Des fonctionnaires se découvrent une vocation et des jeunes pousses pressées pensent que la grandiloquence est un raccourci pour mener au Palais de l’avenue Senghor.
Quel triste temps il fait !
NE NOUS DEPLUMEZ PAS !
Les contrefacteurs sévissant dans le secteur du livre ignorent sans doute que s’ils continuent de s’enrichir en reproduisant de manière frauduleuse les œuvres des créateurs
Reproduire des textes ou des images sans l’autorisation des ayants droits ni celle de la société en charge de la gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins, en l’occurrence la SODAV, au Sénégal, c’est commettre un acte illicite et porter préjudice aux auteurs, aux illustrateurs et aux éditeurs. C’est pourquoi le droit de reproduction par reprographie s’avère une compensation équitable due, d’une part, aux écrivains dont les œuvres inscrites au programme d’enseignement sont partiellement ou intégralement photocopiées voire grossièrement contrefaites et vendues à bon marché sur les parterres et, d’autre part, aux gérants de maisons de publication d’ouvrages littéraires et scientifiques qui investissent à perte dans l’édition.
Les contrefacteurs sévissant dans le secteur du livre ignorent sans doute que s’ils continuent de s’enrichir en reproduisant de manière frauduleuse les œuvres des créateurs, ils contribuent au tarissement lent, mais inéluctable de la créativité nationale et à la paupérisation de celles et de ceux qui produisent les textes et les images qui entretiennent les rêves de paix, de beauté et de mieux-être de leurs concitoyens. Moi, auteur de la pièce de théâtre Adja, militante du G.R.A.S et du roman La collégienne, deux ouvrages publiés, le premier en 1985, le second en 1990, par les Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal (NEAS), et inscrits au programme officiel d’enseignement du français, comment avouer aux miens qui m’imaginent plusieurs fois millionnaire la déception que je dissimule pudiquement les rares fois que je perçois une avance sur les droits relatifs à ces œuvres largement diffusées ? Pourtant je découvre, sur les parterres et dans les librairies de fortune des marchés de la Médina et de Guédiawaye, ces œuvres illicitement reproduites par d’impénitents faussaires
J’ASPIRE TOUJOURS DE POUVOIR VIVRE DE MA PLUME POURVU QUE LES CONTREFACTEURS DE TOUS BORDS, IMPUNÉMENT, NE ME DEPLUMENT !
Marouba FALL, écrivain
Par Fama Diagne SENE
LE CRI DE CŒUR DES ACTEURS DU LIVRE «UNE LEGISLATION QUI EXIGE APPLICATION»
les écrivains sénégalais perdent chaque année au moins un milliard sur leurs droits d’auteur du fait que les redevables tardent encore à honorer une partie importante de celui-ci au titre de la rémunération par reprographie consacré dans la loi
Il serait très important de saisir l’occasion de la tenue de l’Atelier sur le cadre juridique du droit de reproduction par reprographie, les 11 et 12 mai 2023 à Dakar, pour rappeler tout le dispositif mis en place pour l’effectivité du droit de reproduction par reprographie au Sénégal. Malgré l’entrée en vigueur de la loi 2008 -09 du 25 janvier 2008 portant sur le droit d’auteur et les droits voisins, les écrivains sénégalais perdent chaque année au moins un milliard sur leurs droits d’auteur du fait que les redevables tardent encore à honorer une partie importante de celui-ci au titre de la rémunération par reprographie consacré dans la loi en son Article 35 (…).
Malgré l’entrée en vigueur de la loi 2008 -09 du 25 janvier 2008 portant sur le droit d’auteur et les droits voisins, les écrivains sénégalais perdent chaque année au moins un milliard sur leurs droits d’auteur du fait que les redevables tardent encore à honorer une partie importante de celui-ci au titre de la rémunération par reprographie consacré dans la loi en son Article 35 (…).
La reproduction par reprographie est donc définie comme la reproduction partielle par tout procédé sous forme de copie sur papier ou support assimilé par une technique photographique ou d’effet équivalent, la photocopie, l’impression, la numérisation, le stockage dans des bases de données ou des systèmes d’information d’œuvres écrites ou d’arts graphiques et plastiques ou de leurs versions numériques publiées au Sénégal et de celles mises à disposition au Sénégal en vertu des accords de réciprocité conclus par la société de gestion collective agrémentée.
Ce droit n’a depuis lors, jamais été perçu par les auteurs sénégalais.
Outre les dispositions de la loi 12008- 09, le ministre de la culture a pris l’arrêté N° 027704 du 20 août 2021 pour inviter les acteurs sénégalais à respecter ce droit fondamental et légal que les redevables doivent aux écrivains. Cet arrêté fixe les modalités de perception de la rémunération pour reprographie. En effet, il a été constaté que les œuvres imprimées, graphiques et plastiques occupent une place importante dans les secteurs de l’éducation et de l’enseignement, tout comme au sein des entreprises, institutions et autres organismes publics et privés.
Malgré la pandémie de la Covid-19, la SODAV a pu franchir une étape importante dansl’atteinte de ses objectifs parmi lesquels celui de la mise en œuvre de ce nouveau droit du 20 août 2021, avec la signature par le ministre de la culture et de la communication de l’Arrêté n° 027704 qui fixe les modalités de perception de la rémunération pour reprographie.
A rappeler que cette loi s’inscrit dans le cadre de reconnaissance de l’effort de création des auteurs et éditeurs, journalistes. L’objectif aussi c’est d’accroître l’utilisation légale du texte de l’image dans le but d’éliminer les copies non autorisées en faisant assainir la distribution de livres. Il s’agit également de donner la primauté à la gestion collective pour une meilleure prise en compte des droits au Sénégal et dans la sous-région.
Les modalités de la perception
Il faudra noter que la reproduction d’extraits d’œuvres protégées est soumise à autorisation préalable du titulaire de droit et rémunération. Le montant de la rémunération pour reprographie est déterminé en fonction du nombre d’utilisateurs (étudiants, enseignants, chercheurs, employés, etc.). Cette perception est assurée par les agents de la SODAV. Elle devra être perçue annuellement pour le compte des ayants droit.
A ce propos, 65% iront aux auteurs et 35% aux éditeurs. Pour les ayants droits étrangers, la rémunération est répartie selon les modalités convenues à travers les accords de réciprocité.
Redevables et bénéficiaires du droit de reprographie
Les redevables
- Ecoles, collèges, lycées, universités….
- Administration à différents échelons
- Bibliothèques
- Entreprises
- Copie service
- Sphère privée
- les sites Internet spécialisés dans la vente ou la distribution des œuvres
Les bénéficiaires
-Auteurs à savoir les Écrivains (de fiction, de théâtre et poèmes), Auteurs de non-fiction, y compris les auteurs de matériel pédagogique,
-Auteurs de partitions musicales (compositeurs et auteurs-compositeurs),
-Journalistes, Traducteurs ;
-Artistes visuels : peintres, sculpteurs, graphistes et illustrateurs, Photographes…
- Editeurs de livres, revues périodiques, magazines et journaux…
Des pays pionniers comme l’Algérie, le Burkina Faso, Ghana, Malawi, Argentine, Colombie, Jamaïque, Philippines, Roumanie, France, Belgique et la Suisse l’applique au grand bonheur de leurs créateurs. Les montants collectés au niveau de ces pays laissent entrevoir à quel point cette rémunération pourrait si elle est mise en œuvre, enrichir les bénéficiaires désignés par la loi et en conséquence améliorer et accroître la qualité de la production littéraire et bibliographique nationale
Chers redevables, accueillez avec compréhension nos prochaines factures !
Fama Diagne SENE
Ecrivain Grand Prix du président de la République pour les Lettres, directrice de la bibliothèque centrale de l’université Alioune Diop de Bambey
Par Baba DIENG
DE L’ASPHYXIE A LA RESURRECTION DEMOCRATIQUE
Les vicissitudes sont consubstantielles à l’établissement d’une démocratie. Les acquis démocratiques ne sont jamais figés, ils s’éclipsent et se requinquent.
Les vicissitudes sont consubstantielles à l’établissement d’une démocratie. Les acquis démocratiques ne sont jamais figés, ils s’éclipsent et se requinquent. Notre construction démocratique est arrivée, sans aucun doute, au point névralgique et pathologique de son évolution. Les tribulations qui ont jalonné notre cheminement démocratique, quoique importantes et subversives, ont laissé à notre démocratie une once de survie et de subsistance à l’idéal dont nous avons laissé tant d’âmes.
Ces périodes sont charnières et déterminantes. Elles imposent un CHOIX à faire. Plusieurs pays où la démocratie germait ont succombé face aux tribulations démocratiques subversives et destructrices. Par léthargie, insouciance ou crainte insensée, la démocratie s’est fanée à jamais sous le soleil brûlant de l’autoritarisme.
La recherche de l’idéal ne doit pas être perdue de vue, elle doit guider toutes les révolutions engendrées par cette cause dans une perspective de rétrocession démocratique.
Les actes codicillaires contre notre contrat démocratique, posés depuis l’alternance de 2012 et qui torpillent la démocratie, ne sauraient faire l’objet d’aucune prétention à une quantification exhaustive. L’arrestation des journalistes au dessein de les intimider, les scandales financiers, la patrimonialisation de l’argent public, l’injustice sociale, l’impunité, les corps de contrôle qui ont démissionné en cédant leur prestance au Prince, le regain autoritaire, l’interdiction systématique de manifestations, les arrestations musclées, autoritaires et illégales d’opposants, le rétrécissement de l’espace des libertés publiques, les menaces qui planent au dessus de la liberté d’expression, la peur collective savamment inoculée dans les casuistiques des sénégalais, la « stratégie gouvernementale de la terreur », les fermetures récurrentes des télévisions jugées hostiles au gouvernement (ce qui est une très mauvaise image dans une démocratie), l’instrumentalisation de la justice, les velléités d’irrespect des règles constitutionnelles qui sont les soubassements et charpentes de notre société : toutes ces persécutions de la démocratie attestent son état de putréfaction. La série de dépossession de nos acquis démocratiques, glanés dans les géhennes de tumultueuses belligérances, est devenue une ritournelle, que nous devons arrêter. Il n’est plus un secret de polichinelle pour personne que la substance de notre démocratie est fortement affligée dans toutes ses aspérités. Des appuis empiriques et factuels nous permettent de corroborer, avec beaucoup d’amertume et de consternation, cette régression dont même l’imagination nous semblait saugrenue il y a une décennie.
L’heure n’est plus à la constatation de l’état en capilotade de notre démocratie, mais à la prise de conscience des défis et responsabilités collectifs qui pèsent sur chaque sénégalais à veiller en toute sollicitude à la démocratie. Cette dernière est une composante endogène de notre identité sénégalaise qu’il faut ensevelir avec les cordelettes du patriotisme et de l’engouement démocratique.
Il ne s’agit pas de nous laisser déposséder la capacité de configurer notre destin démocratique collectif. La démocratie fait partie de notre patrimoine politique et culturel, nous avons beaucoup œuvré, à travers les régimes successifs, à la remodeler, à l’anoblir, à la solidifier et à l’adapter par rapport à nos réalités. La recherche d’une démocratie adaptée aux aspirations ponctuelles de notre pays s’est inscrite dès lors sur nos ornières politiques. Elle a connu des vicissitudes, des tribulations et vacillements dans son évolution, mais elle a toujours su ensevelir sa substance de la corrosion démocratique. Jamais, dans l’histoire du Sénégal démocratique, notre démocratie est arrivée à un stade où ses principes fondamentaux et sacro-saints sont lorgnés, voire condamnés à la décrépitude morale, éthique et spirituelle.
Dans ses moments inextricables, la démocratie, au nom de l’idéal et de l’engagement de ceux qui aspirent à cet idéal, se ressuscite dans une ferveur de renouveau. C’est une « révolution démocratique » (pour reprendre l’expression de Francis FUKUYAMA) nationale. Cependant cette résurrection démocratique n’est ni fortuite ni fataliste. Elle résulte d’une agrégation de plusieurs forces vives et insubmersibles animées par une « fierté irréelle » (FUKUYAMA) en leurs institutions démocratiques, à l’histoire politique partagée et présagée. La démocratie sénégalaise peut et doit renaître, avec notamment des révolutions électorales et sociales, pour retrouver sa consistance d’antan.
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OUSMANE SONKO ÉCOPE DE SIX MOIS AVEC SURSIS ET PERD SON ÉLIGIBILITÉ
Ousmane Sonko a été condamné à une peine de six mois avec sursis ce lundi par la Cour d’appel de Dakar pour injures publiques et diffamation. Elle confirme par ailleurs le montant des dommages et intérêts en première instance.
Lors de son réquisitoire, le Procureur général Bakhoum a requis deux ans de prison dont un ferme contre Sonko.
De son côté Mame Mbaye Niang a réclamé 29 milliards à Ousmane Sonko à titre de dommages et intérêts
M. Sonko a été condamné en mars en première instance à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA. de dommages et intérêts. Son éligibilité pour la présidentielle de 2024 pourrait être remise en cause par une condamnation plus lourde en deuxième instance.
Dès l'annonce du verdict, l'ancienne Premier ministre Mimi Touré a réagi en déclarant : "Je m’insurge contre le verdict inique contre Ousmane Sonko dont l’objectif est de l’empêcher d’être candidat à l’élection présidentielle. Je lui exprime toute ma solidarité et appelle les démocrates à se mobiliser contre régression démocratique sans précédent dans notre pays."