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29 novembre 2024
Opinions
par Nioxor Tine
LE NOUVEL OPPOSANT EN CHEF, ENTRE DÉFIANCE ET OBSÉQUIOSITÉ
Toutes ces gesticulations de libéraux, membres de la vieille garde politicienne, y compris ce dialogue politique de dernière heure ne cherchent qu’à conforter les scénarios d’autocratie pétrolière pour s’accaparer de nos richesses nationales
Aux mois de février et mars, le peuple sénégalais avait eu droit au feuilleton judiciaire ayant trait à une prétendue diffamation d’un présumé criminel à col blanc, par ailleurs, éminent membre de la mafia politico-bureaucratique, qui préside aux destinées de notre infortunée Nation.
Cette triste affaire avait fini de dissiper nos dernières illusions sur le modèle démocratique sénégalais. Ses épisodes les plus (mélo)dramatiques, qui avaient d’ailleurs connu un retentissement mondial, avaient été ceux où les forces spéciales (BIP, GIGN) avaient, par deux fois, fracassé les vitres des véhicules du leader du Pastef.
Puis vint le mois d’avril marqué par des moments forts, dont la rituelle célébration annuelle, organisée par le pouvoir temporel, de notre vraie fausse indépendance, si justement qualifiée de dé-fête (défaite) par le FRAPP. Elle a connu un éclat particulier, en cette fin de second mandat, comme pour occulter l’atmosphère de fin de régime, avec ses sous-entendus répressifs et ses menaces à peine voilées (chars, drones lacrymogènes...).
Ensuite, nos compatriotes, adeptes, dans leur quasi-totalité, du christianisme et de l’Islam ont clôturé leurs périodes de jeûnes respectivement par la célébration pascale et la fête de l’Aïd-el-Fitr toutes deux fortement impactées par l’austérité économique.
C’est durant cette période empreinte de spiritualité et propice à la promotion de valeurs citoyennes et d’un esprit civique, marquée par la convivialité et la communion, que les deux filleuls du pape de Sopi, tels Laurel et Hardy, ont choisi de dérouler leur "soap opéra" politique insipide sur un air de "je t’aime, moi non plus".
À y regarder de près, les deux compères libéraux, qui s’ils n’ont pas gardé, en même temps, les vaches ont certainement dû boire abondamment de thé ensemble, ne comptent plus que sur les entourloupes et l’instrumentalisation des institutions pour garder le pouvoir au sein de la famille libérale. Et pour cause ! Leurs chances de se présenter à et/ou de remporter la prochaine élection présidentielle sont presque nulles.
Et ce n’est pas en utilisant les vieilles recettes de leur ancien parrain politique qu’ils y parviendront, car elles sont devenues ringardes, avec le temps, quand on pense au concept de parti de contribution et à la logique pendulaire oscillant entre entrisme gouvernemental et démission pré-électorale. Mais il faut reconnaître à Me Wade, que lui avait le génie de se métamorphoser, passant du statut d’homme d’État soucieux de la préservation de l’ordre public à un agitateur sans état d’âme, qui préconisait l’affrontement direct contre les forces de l’ordre..., qui n’est qu’une des nombreuses modalités du combat politique, qu’on doit se garder d’assimiler systématiquement au terrorisme.
Tout cela pour dire que le leader de Rewmi avec sa lettre de démission oscillant entre obséquiosité et servilité, contenant une offre de service comme chef accommodant d’une nouvelle "opposition de sa Majesté" n’a pas retenu toutes les leçons de son mentor et lui confère l’apparence d’un cheval de Troie dans le camp adverse.
En définitive, toutes ces gesticulations de libéraux, membres de la vieille garde politicienne, y compris ce dialogue politique de dernière heure ne cherchent qu’à conforter les scénarios d’autocratie pétrolière ou d’émirat gazier, pour s’accaparer de nos richesses nationales à leur profit et à celui de leurs maîtres impérialistes. Nous n’en voulons, pour preuve que ces tentatives maladroites de criminaliser les opposants politiques qu’on cherche, à l’aide d’une justice instrumentalisée, à caricaturer sous les traits des terroristes menaçant nos acquis républicains et démocratiques, dans un contexte de négationnisme de l’existence de détenus politiques et d’atteintes aux libertés. Le but du jeu est de justifier une prolongation du régime de Benno Bokk Yakaar par le biais du mal nécessaire que serait un "deuxième quinquennat" illégal et illégitime.
C’est précisément cette manière de faire la politique que la jeunesse rejette et qui explique le succès grandissant des nouvelles générations d’hommes politiques se battant pour un ordre social plus juste et la libération de l’Afrique.
L’ARMP n’existe plus. La naissance de ARCOP est officiellement actée. Le décret n°2023-832 fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de la nouvelle Autorité a été signé par le président de la République le 5 avril
Signature du décret n°2023-832 portant organisation et fonctionnement de l’ARCOP
L’ARMP n’existe plus. La naissance de ARCOP est officiellement actée. Le décret n°2023-832 fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de la nouvelle Autorité a été signé par le Président de la République le 5 avril. Il comprend quarante-deux (42) articles répartis en cinq (5) chapitres. Le chapitre premier est relatif aux dispositions générales ; le chapitre II traite des organes de l’ARCOP ; le chapitre III a trait au budget, à la comptabilité et au contrôle de l’ARCOP ; le chapitre IV précise le statut du personnel de l’ARCOP de l’ARCOP et le chapitre V porte sur les dispositions transitoires et finales.
Dans le Chapitre premier portant sur les dispositions générales, il est noté que l’ARCOP est une autorité administrative indépendante, rattachée à la Présidence de la République. Elle bénéficie d’une autonomie administrative et financière. Son siège est à Dakar. Mais des antennes régionales peuvent, en tant que de besoin, être créées, sur délibération du Conseil de Régulation.
La mission de l’Autorité de Régulation de la Commande Publique, à savoir assurer la régulation du système de passation et d’exécution des contrats de la commande publique, est fixée dans l’Article 2. Elle émet, selon le décret, des avis, propositions ou recommandations dans le cadre de la définition des politiques et de l’assistance à l’élaboration de la réglementation en matière de commande publique, notamment en veillant à la mise en œuvre d’une commande publique responsable et durable, de contribuer à l’information, et à la formation de l’ensemble des acteurs de la commande publique, au développement du cadre professionnel et à l’évaluation des performances des acteurs du système de passation, d’exécution et de contrôle de la commande publique, d’exécuter des enquêtes, de mettre en œuvre des procédures d’audits indépendants, de sanctionner les irrégularités constatées, de procéder au règlement non juridictionnel des litiges nés à l’occasion de la passation des marchés publics et des contrat de partenariat public-privé (PPP), de rendre des avis ou de proposer des solutions dans le cadre du règlement amiable des litiges nés à l’occasion de leur exécution.
Globalement, le décret n°2023-832 s’inscrit dans la cadre de la rationalisation des organes de la commande publique.
L’Etat du Sénégal a, en effet, déjà adopté la loi 2021-23 du 2 mars 2021 relative aux contrats de partenariat public-privé (PPP) et son décret d’application n°1443 du 27 octobre 2021, pour regrouper toutes les formes de PPP. Ce regroupement a induit une modification du Code des obligations de l’administration (COA) par la loi n°2022-07 du 2 mars 2021, pour, d’une part, mettre en exergue les dispositions relatives aux PPP, et d’autre part, procéder à la création de l’Autorité de Régulation de la Commande Publique (ARCOP).
Par la même occasion, cette loi a prévu deux (2) décrets d’application, à savoir celui portant Code des marchés publics et celui portant organisation et fonctionnement de l’ARCOP.
En application de cette loi, le Président de la République a d’abord signé, le 28 décembre 2022, le décret 2022-2295 portant Code des marchés publics. Ce texte a consacré des dispositions promotrices portant, entre autres, sur l’achat public durable, la prise en compte du budget-programme et le renforcement du secteur privé national.
Avec la signature du décret n°2023-832, l’ARCOP se voit désormais confié par l’Etat la régulation de toute la commande publique (marchés publics et PPP).
Ce texte apporte les innovations suivantes :
- l’unification du cadre juridique et institutionnel des partenariats public-privé ;
- l’élargissement du champ d’application à toutes les formes de partenariats public privé en consacrant des définitions qui les prennent en charge ;
- l’introduction de la notion d’accord-programme en vue de conclure un contrat établissant tout ou partie des règles relatives aux commandes à passer au cours d’une période donnée pour la mise en œuvre rapide de programmes d’investissements de contrats de partenariat public-privé portant sur des besoins sensiblement similaires ;
- la répartition des compétences entre les organes de gouvernance dans une logique de rationalisation et d’évitement des incompatibilités ;
- la dévolution à la Direction centrale des Marchés publics (DCMP), organe de contrôle a priori des délégations de service public, des mêmes fonctions qu’en matière de contrat de partenariat public privé ;
- la suppression du Conseil des infrastructures et la répartition de ses compétences, entre l’organe de contrôle a priori, l’organe de régulation et l’Unité nationale d’appui aux PPP ;
- la suppression du Comité national d’Appui aux partenariats public-privé et la création, en lieu et place d’une Unité nationale d’appui aux PPP assumant, entre autres, les missions de contrôle d’opportunité (évaluation préalable, juridique, financière, technique, environnementale, etc.) et d’assistance technique aux administrations ;
- la consécration de la notion d’offre d’initiative privée ;
- la révision des délais de certaines procédures ;
- la discrimination positive en faveur du secteur privé local pour les partenariats public-privé dont le montant n’atteint pas un certain seuil à fixer par décret.
Les changements majeurs
- Extension des compétences de l’ARCOP dans toutes les domaines de la commande publique ;
- Audits des marchés publics et des contrats PPP, y compris les marchés qui font l’objet de dérogation ;
- Création d’un Institut de la Commande publique pour accompagner la professionnalisation du système
-Le Comité de règlement des Différends (CRD) détient l’exclusivité de mener la conciliation en cas de contentieux dans les PPP
-Les missions de modernisation du système de la commande publique sont renforcées.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
MALICK NDIAYE, OU LA MORT D’UN CHEVALIER «SANS PEUR ET SANS REPROCHE»
Courageux, anticonformiste, preux, Malick n’hésitait pas à ramer à contre-courant de l’opinion, à prendre des positions iconoclastes, à provoquer, à encourir l’impopularité.
Entre 1990 et 1991, alors que ce journal était encore un bébé, une signature politique récurrente a longtemps intrigué les membres de la rédaction. A chaque fois qu’une « déclaration », selon le terme militant de l’époque, sortait ou qu’une initiative était lancée par l’opposition, parmi les organisations signataires il y avait toujours un « Cercle des lecteurs de Soukhouba » à l’époque grandement inconnu au bataillon. Nous avons donc voulu savoir quel groupuscule se cachait derrière ce nom étrange.
Notre collaborateur Ibou Fall se proposa de mener l’enquête. Au terme de ses investigations, il nous a remis un succulent papier — du genre de ceux dont lui seul a le secret — que nous avions titré à la une : « Les mystérieux lecteurs de Soukhouba enfin dénichés! » En fait, il s’agissait d’un groupuscule de militants de l’extrême gauche qui avaient créé un cercle de réflexions, marxistes évidemment, autour d’une revue théorique intitulée « Soukhouba ». Un terme qui voulait dire, si mes souvenirs sont exacts, la « lance » en langue mandingue ou socé. Surtout, Ibou avait enfin donné un visage à ce mystérieux groupe et ce visage n’était autre que celui d’un jeune professeur de sociologie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar nommé…Malick Ndiaye ! C’était la première apparition en pleine lumière de ce militant qui avait évolué jusque-là dans la clandestinité et que « Le Témoin » projetait sous les feux de la rampe.
En réalité, Malick Ndiaye n’était pas le directeur de publication de cette revue qui était plutôt dirigée par un certain Abdoulaye Nguette, un enseignant qui servait à Mbour. Puisqu’il ne vivait pas à Dakar, Ibou Fall avait donc été orienté vers notre Malick Ndiaye national dont le groupe fit partie des forces qui fusionnèrent avec And Jëf Mouvement révolutionnaire pour la démocratie nouvelle (AJ/MRDN) en 1991 pour donner naissance à And Jëf Parti africain pour la Démocratie et le Socialisme (AJ/PADS). Les « lecteurs de Soukhouba » faisaient partie à cette période-là de la nébuleuse de l’extrême gauche sénégalaise aux côtés d’autres groupuscules comme la LCT (Ligue communiste des travailleurs), l’OST (Organisation socialiste des travailleurs), toutes deux trotskystes, mais aussi Ferñent .
Certaines de ces organisations ont rejoint par la suite le MSD (Mouvement pourle socialisme et la démocratie) du président Mamadou Dia qui a donné naissance plus tard au MSU (Mouvement pour le Socialisme et l’Unité) tandis que d’autres se sont fondus dans AJ.
Pour en revenir à notre homme, le Pr Malick Ndiaye, depuis cette époque tumultueuse où des forces de gauche évoluant pour la plupart dans la clandestinité luttaient pour l’élargissement et l’approfondissement de la démocratie dans notre pays — une démocratie corsetée et bridée par la loi sur les trois puis quatre courants de pensée instaurée par le président Senghor avant le multipartisme intégral décrété par son successeur Abdou Diouf en 1981 —, depuis cette époque, donc, Pr Malick Ndiaye était à la pointe de tous les combats et sur tous les fronts dans notre pays. En première ligne qui plus est ! Qu’il s’agisse de luttes politiques, de revendications syndicales, de combats sociétaux, de batailles panafricaines — comme lorsque le régime français de Nicolas Sarkozy a fomenté le renversement de son ami Laurent Gbagbo alors président de la Côte d’Ivoire —Malick était toujours présent. On pourrait dire de lui qu’aucune lutte pour le salut du genre humain, aucun combat pour le progrès social et la dignité des peuples ne lui étaient étrangers. C’était un combattant qui s’est battu sa vie durant pour toutes les causes, y compris les plus improbables, les plus discutables souvent, mais la plupart du temps pour les bonnes causes. Union de la gauche sénégalaise, création de syndicats comme le Saes dont il était une des figures de proue, réintégration des travailleurs de l’Ipres affiliés à l’Unsas licenciés par le vieux Madia Diop, défense des libertés, contre la dévaluation de franc CFA, contre l’impérialisme français, contre les Accords de partenariat économiques, contre l’apartheid en Afrique du Sud, pour la Palestine, « touche pas à mon salaire », Mouvement du 23 juin…Malick Ndiaye n’a déserté aucun combat. Tous les prétextes étaient bons pour lui de descendre dans la rue, d’appeler à manifester, de battre le rappel des troupes. Pamphlétaire, pétitionnaire, engagé, c’était un intellectuel non pas — ou pas seulement ! — au sens gramscien du terme, mais plutôt à celui de ces hommes de courage qui s’étaient joints à Emile Zola dans son combat pour défendre le capitaine Dreyfus victime d’une cabale monstrueuse parce que Juif. Et qui avaient signé sa fameuse pétition après son retentissant « J’accuse ! » Comme Zola, il prenait sa plume à la moindre occasion pour dénoncer, accuser, défendre, témoigner.
Un « ceddo » et fier de l’être !
Courageux, anticonformiste, preux, Malick n’hésitait pas à ramer à contre-courant de l’opinion, à prendre des positions iconoclastes, à provoquer, à encourir l’impopularité. Il n’en avait cure car c’était un homme libre qui disait ce qu’il pensait quoi qu’il pouvait lui en coûter. Et il a souvent payé au prix fort cette liberté de pensée pour avoir craché dans la soupe et dit son fait au Prince. Surtout, dans un pays où le voile hypocrite de la religion sert à camoufler bien des turpitudes, bien des comportements immoraux, bien des choses pas du tout catholiques, pardon musulmanes, lui, s’était fait le chantre de l’éthique « ceddo ». Et se comportait aussi en « ceddo » même s’il avait une fibre religieuse prononcée. C’était aussi ça un des paradoxes qui faisaient le charme du Pr Malick Ndiaye. Lequel était un idéaliste comme on n’en fait plus et croyait à l’avènement d’un monde plus juste pour lequel il s’est battu sa vie durant. Il était comme le chevalier Bayard c’est-à-dire sans peur et sans reproche !
Sur le plan purement universitaire, l’homme qui vient de nous quitter nous lègue une abondante production intellectuelle dont je laisse le soin à d’autres compatriotes plus qualifiés que moi de la commenter. On retiendra également qu’il a travaillé dans les cabinets des présidents Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall. Il fut un collaborateur talentueux, certes, mais aussi incommode puisque n’hésitant pas à violer les convenances pour dire ce qu’il pensait à ces puissants.
S’agissant du « Témoin », il était devenu un ami de notre journal depuis que ce dernier avait sorti de l’ombre le « lecteur de Sokhouba » qu’il était et s’est toujours dressé à nos côtés à chaque fois que nous avons été agressés ou attaqués devant les tribunaux. En plus de 30 ans, son soutien ne nous a jamais fait défaut. La dernière fois qu’il a voulu nous le manifester, c’était il y a quelques mois, lorsque nous avions écrit que nous allions fermer boutique ou nous reconvertir dans une autre activité étant donné que la Commission nationale de la carte nationale de presse refusait de nous délivrer des cartes professionnelles. Nous blaguions, bien sûr, mais le Pr Malick Ndiaye avait pris cela au pied de la lettre et nous avait appelés pour nous faire part de sa décision d’organiser une marche pour « Le Témoin » !Nous avions eu du mal à le convaincre de renoncer mais tel était le Pr Malick Ndiaye, toujours prompt à combattre l’injustice, cet ami que nous pleurerons toujours!
par Mamadou Ndiaye
URGENCES, PRUDENCE
Une guerre sans nom, sans raison, sévit au Soudan. Dans la fantomatique capitale Khartoum, un indescriptible déluge de feu s’abat sur les populations cloitrées à domicile.
Une guerre sans nom, sans raison, sévit au Soudan. Dans la fantomatique capitale Khartoum, un indescriptible déluge de feu s’abat sur les populations cloitrées à domicile.
Les batailles de rues, par milice interposées, s’offrent comme seule activité quand tout est à l’arrêt. Deux officiers supérieurs, longtemps rivaux, mais complices pour « jouer le jeu » des civils, décident d’en découdre au prix d’un carnage abject, pour qu’un seul taureau règne autour de l’abreuvoir. Le pays brûle.
Stupéfait devant ces tueries « à huis clos », le monde entier assiste impuissant à l’escalade. Les deux généraux, Abdel Fattah al-Burhane et Mouhammed Hamdane Daglo, à la tête de réelles forces militaires, s’affrontent désormais. L’un dirige les blindés, l’autre pilote l’aviation.
Au « pays des Noirs », ainsi s’appelait le Soudan, devenu indépendant en 1956, jamais la paix n’a été au rendez-vous. Un chapelet de conflits en ont rythmé la vie, se démultipliant à l’infini pour faire accroire que cette instabilité permanente est de l’ordre de la normalité. Pays maudit des Dieux ? Pas vraiment.
Par son histoire et sa géographie, il symbolise le trait d’union entre peuples que tout différencie : ethnies, culture, culte, confession, origine, langue, stratification sociale, croyances et préjugés. Immense par sa superficie et riche en mine et en minerai puis axialement situé, le Soudan revêt une importance stratégique qui n’échappe pas aux superpuissances militaires.
Pour preuve, sa souveraineté, même incontestable, a toujours été exercée par condominium avec l’Egypte et l’Angleterre sur un même territoire. Ce paradoxe congénital s’est diffusé à une vaste échelle semant des divisions qui allaient s’accentuer pour devenir des « lignes Maginot » entre citoyens qui se regardaient avec méfiance.
Le découpage du Soudan aggravait la complexité de la situation dans un contexte de belligérance qui laissait libre cours aux influences extérieures. L’arabe et l’anglais menaient une sourde bataille en arrière-plan par élites interposées. Puis survient une longue et terrible dictature qui a pris fin grâce à l’union sacrée des forces démocratiques et des officiers militaires dit « clairvoyants ».
La suite est connue : les armes tonnent et hypothèquent toutes chances d’écourter le conflit pour amener les protagonistes à une table de négociation. Un moment pourtant l’espoir renaissait avec l’apport inestimable de Khalife de Médina Baye, Sérigne Mahi Niasse qui avait réussi la prouesse diplomatique de réunir les belligérants sous un même chapiteau pour s’engager devant lui à privilégier le dialogue politique en renonçant à l’usage des armes.
Mais les vanités orchestrées par des forces maléfiques n’avaient pas cessé de semer le trouble dans les esprits. Les frontières-gruyères du Soudan ne facilitaient guère le contrôle des armes en provenance de la Libye au lendemain de son implosion et de sa partition depuis la chute du colonel Kadhafi en 2011.
Là-bas aussi le maréchal Khalifa Haftar, venu de l’est, s’attaque à Tripoli où trône Fayez al-Sarraj à la tête d’un Gouvernement d’Union nztionale (GNA). Les similitudes situations sont frappantes. La dissémination des armes libyennes a entraîné une rapide diffusion sur de vastes zones, allant du Tchad à la Centrafrique jusqu’à la zone des Trois-frontières dans le Sahel.
L’instabilité tchadienne suite au décès d’Idriss Déby Itno a encouragé les milices armées à croire en leur étoile avec la conviction chevillée au corps « qu’aucun régime »ne résiste à leurs assauts. Le chaos actuel au Soudan n’échappe pas à ce prisme.
Même lointaine, la guerre en Ukraine nourrit et entretient des fantasmes à Khartoum, méconnaissable capitale où est née l’Organisation de l’unité africaine (OUA). L’Union africaine, qui s’est substituée, ne pèse d’aucun poids dans la tragédie en cours au Soudan. Par un incessant ballet aérien, les forces étrangères évacuent les ressortissants de leurs pays vers Djibouti. Les Africains, eux, ne bougent pas.
Plus grave, l’organisation faîtière se tait. Son lourd silence frise la lâcheté ou la faiblesse ou les deux à la fois. L’opinion internationale, lassée par tant d’animosités, se montre distante voire indifférente au calamiteux sort des populations soudanaises victimes expiatoires des hommes en armes. Sous le chaud et brûlant soleil, les enfants meurent de déshydratation quand les adultes trépassent pour cause d’épuisement.
Craint-on un embrasement en l’absence de toute autorité reconnue ? Quelles sont les urgences ? Des analystes redoutent un exode massif des populations vers le Lac Tchad qui n’est plus d’ailleurs que l’ombre de lui-même ? De 250 000 hectares, l’étendue s’est réduite aujourd’hui à 25 000 ha, presque le dixième.
La catastrophe écologique, combinée à une catastrophe humanitaire, risque d’aggraver fortement le déséquilibre en jetant sur les routes des millions de gens en quête de cieux cléments. Bon nombre de couloirs sont à l’examen sous les pauvres abris provisoires où se raréfient l’aide et les soins. Les associations caritatives n’interviennent qu’avec parcimonie. La générosité, elle-même, se rétrécit puisque les donateurs se rebiffent.
Excédés par les enlisements, ils remettent en cause l’efficacité de leur soutien d’autant que dans leur environnement immédiat, la pauvreté et l’indigence se télescopent sous des yeux médusés d’Occidentaux qui exigent désormais de leurs dirigeants une rectification de trajectoire pour s’occuper de leur « tiers-monde » à eux. La Corrèze avant le Zambèze sonne le glas de l’assistanat.
En écho à ces phénomènes qui impactent les économies, les banques centrales d’Europe et d’Amérique, comme si elles s’étaient entendues, claironnent partout que les rigueurs budgétaires sont de retour. Un, il faut mobiliser plus de ressources. Deux, s’impose une utilisation plus rationnelle de ces ressources. Il n’y a pas de raison qu’eux s’astreignent à plus de discipline quand d’autres « dépensent sans compter » et vivent au-dessus de leurs moyens. L’époque change.
Un renforcement des politiques monétaires prudentielles et de couverture n’est pas à exclure. L’hypothèse est sérieusement envisagée. Sorte de Bâle IV en quelque sorte… Au lendemain des crises bancaires, les établissements financiers avaient été contraints de s’engager en cas de défaillance des débiteurs à assumer l’obligation ou à assurer les annuités des prêts consentis.
Les nouveaux dirigeants des grandes puissances sont moins attachés à l’histoire, à la repentance, aux regrets ou aux sentiments. Occulter cette lecture d’un monde en mutation c’est compromettre le futur des jeunes générations africaines. Les inégalités entre pays sont une chose.
Mais les inégalités à l’intérieur d’un pays sont si criantes qu’aucune politique audacieuse n’est en vue pour compenser les disparités. Français, Anglais, Américain crient à tue-tête les écarts qui se creusent, synonymes, selon eux d’inégalités, donc d’injustice.
Les populismes s’expliquent par ce ras-le-bol qui ne s’explique pas ! Ils dénoncent les politiques d’exclusion et militent pour plus d’inclusion sans clairement dire par quel bout prendre ces défis des temps nouveaux.
par Pèdre NDIAYE
QUAND DIALOGUER POUR LE DÉVELOPPEMENT DU SÉNÉGAL ?
Des Présidents Abdou Diouf à Macky Sall, en passant par Me Abdoulaye Wade, les dialogues qui ont été organisés n’ont jamais porté sur des questions liées au développement économique du Pays !
Des Présidents Abdou Diouf à Macky Sall, en passant par Me Abdoulaye Wade, les dialogues qui ont été organisés n’ont jamais porté sur des questions liées au développement économique du Pays ! Il a toujours été question de concertations portant sur des questions politiques notamment sur le processus électoral.
À l’heure où l’on devrait réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour relever le défi du chômage endémique des jeunes, la cherté du coût de la vie, l’insécurité routière avec son lot de malheurs, la préservation de la sécurité des personnes et de leurs biens... les questions politiques prennent le dessus.
Monsieur le Président, les questions susvisées sont celles qui méritent d’être discutées, débattues dans ce dialogue national convoqué par le président Macky Sall lors de son traditionnel discours à la Nation prononcé avant la célébration de la fête nationale de l’indépendance. Monsieur le Président de la République, nous souhaiterions débattre et dialoguer sur des problématiques de développement. Un dialogue dont le seul motif repose sur les combines politiques n’est ni urgent, ni intéressant. Nous ne voulons pas d’un dialogue politique, où les acteurs politiques échangent pour leurs propres intérêts.
Exit Macky Sall, le prochain Président qui sortira des urnes au soir du 25 février 2024 poursuivra-t-il l’ambitieux Plan Sénégal Emergent (Pse) horizon 2035 tracé par le président Sall et son équipe ? Ou bien allons-nous encore débourser des sous pour d’autres programmes ?
Au demeurant, d’excellents programmes ont été déroulés dans la décentralisation à travers l’Acte 3 mais il faudra améliorer davantage le développement des collectivités territoriales par des politiques de développement issues des concertations. Il ne faut pas perdre de vue que le vrai développement passe d’abord par les collectivités territoriales. Dans ces concertations convoquées par le Président Macky SALL, il est impératif d’y impliquer les maires, les conseillers municipaux, les élus locaux et les spécialistes de la décentralisation pour trouver des solutions pérennes visant le développement des collectivités. Oui, nous sommes pour un dialogue. Mais un dialogue qui concerne essentiellement le développement du Sénégal au grand bénéfice des populations ; ce que nous ne saurons accepter, c’est un dialogue entre acteurs ou groupuscules de personnalités politiques aux desseins inavoués. On doit dialoguer pour la stabilité du pays. C’est ce combat que doit porter la société civile qui est trop orientée sur la question de la supposée troisième candidature du Président Macky Sall. Dialoguons pour le développement du pays !
Par Pr Mary Teuw NIANE
LA REVOLUTION DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, ETRE OU NE PAS ETRE
Nous avons un futur radieux à construire à condition que dans un ultime sursaut nous allions résolument à la conquête de la connaissance et acceptions courageusement les transformations indispensables à l’épanouissement d’une société de la connaissance
Il y a une année, il y a encore quelques mois personne n’aurait imaginé le saut qualitatif fait par les nouvelles intelligences artificielles mises à disposition du public ou sur le marché. Le choc fut tellement grand qu’un Elon Musk, avec quelques grandes stars du numérique, pris de peur, lança une initiative pour un moratoire avant de se raviser et d’annoncer à grand renfort d’investissements de plusieurs milliards de dollars le projet de création d’une intelligence artificielle de niveau supérieur. Les questions tant brandies, pour nous rassurer sur notre supériorité, de l’absence d’émotion et de sentiments des intelligences artificielles ne seront plus hors de portée des futures générations d’intelligences artificielles. Le quotient intellectuel (QI) qui jusqu’à présent était la mesure de l’intelligence humaine avait jusqu’à tout récemment son niveau supérieur accessible seulement aux êtres humains les plus doués, ceux d’intelligence supérieure.
Le mythe s’est effondré !
ChatGPT 4 a atteint ce niveau et mieux ChatGPT 5 pourrait avoir un QI supérieur au QI le plus élevé des êtres humains. En réalité tout ceci est simplement hallucinant car nous sommes juste au début de cette révolution de l’intelligence artificielle. ChatGPT 4 a réussi haut la main les examens du barreau et de la magistrature! En médecine l’intelligence artificielle va faire des merveilles, elle va diagnostiquer des maladies qu’aucun médecin ne peut diagnostiquer. L’école va devoir, malgré son conservatisme séculaire, se rendre à l’évidence qu’après la révolution du e-learning que la rupture que va très bientôt imprimer l’intelligence artificielle va secouer sérieusement ses fondements : l’enseignant perdra son rôle de premier intrant du système éducatif ! Bientôt les intelligences artificielles vont rivaliser de compétence, de patience, d’écoute, d’ingéniosité, de pédagogie, de créativité pour adapter le niveau de leur enseignement, de leur apprentissage et leur méthode d’enseignement au profil de chaque élève. L’intelligence artificielle va être l’accompagnant indispensable des apprenants de tous les niveaux, de tous les âges, de tous les continents, de toutes les communautés, de toutes les cultures, etc. De plus l’intelligence artificielle ne sera jamais en retard et ne fera pas grève. Être le meilleur enseignant, jalousement réservé aux êtres humains, leur échappera définitivement pour devenir l’affaire des intelligences artificielles que l’évolution de la robotique et de l’ergonomie pourra faire prendre une forme humaine plus acceptable à notre sentiment de supériorité mal placé.
Tous les domaines vont être positivement impactés. Il y aura les pays et les entreprises avant-gardistes, ceux qui ont compris que la connaissance est le fondement de la transformation du monde. Ces pays et ces entreprises vont intensifier leurs investissements pour s’approprier les avancées scientifiques et technologiques, en faire leur chasse gardée et surtout y asseoir leur domination du monde. Il y aura comme d’habitude les pays africains à qui l’idéologie passéiste combinée à une bonne dose d’éthique mal comprise et mal placée, palabreront sur les méfaits supposés de l’intelligence artificielle au lieu de s’en emparer. Ils prendront un retard définitif qui fera de leurs populations le bétail humain encombrant de l’époque annoncée de l’intelligence artificielle. La question est existentielle. To be or not to be, être ou ne pas être ! Il est urgent de mettre un terme chez nous à ce cirque des ignorants savants qui encombrent l’espace public, réformer notre système éducatif, notre système de santé, notre administration, notre gouvernance, notre agriculture, nos entreprises, nos services, etc. Il faut en réalité tout transformer dans notre manière de faire, notre manière d’être, notre manière de vivre pour pouvoir bâtir les intelligences artificielles dont nous avons besoin, avec lesquelles nous allons vivre. Et ainsi bâtir la nouvelle société 5.o qui réalisera la coopération harmonieuse entre les êtres humains et les intelligences artificielles. Si nous continuons à nous enfoncer dans nosthiakhaneries ubuesques, nos fanatismes politiciens et nos querelles préhistoriques, nous demeurerons au bord de la route de l’histoire. Notre seule consolation sera dans quelques décennies d’être ces pays africains qui seront les parcs naturels où les humains 5.0 viendront en touristes se souvenir de leur passé dépassé. Peut-être que cela apportera quelques devises pour la survie de ces populations attardées, appelées à disparaître car inadaptés aux monde nouveau de l’intelligence artificielle.
Nous avons un futur radieux à construire à condition que dans un ultime sursaut nous allions résolument à la conquête de la connaissance et acceptions courageusement les transformations indispensables à l’épanouissement d’une société de la connaissance. Je vous souhaite une excellente semaine sous la protection divine.
Par Mamadou Bamba Tall
QUE L’AFRIQUE SE DÉCONNECTE DE L’OCCIDENT, ET LA LUMIÈRE JAILLIRA !
L’Afrique, la démocratie, le développement, à travers ces concepts mis en relation s’est construit un réseau de discours ambigus et tellement accusateurs
Depuis que l’Afrique a glissé sous les bottes de l’Europe, le monde a beaucoup évolué et bien plus vite qu’il n’est supposé l’être si l’on se réfère à la cadence générale de l’Histoire. En effet, l’arrivée de l’internet a occasionné toute une révolution, et l’espèce humaine en a profité pour faire des pas de géants dans presque tous les domaines du Savoir. Il en résulte comme conséquences notoires des fossés qui se sont rétrécis entre les sociétés, mais aussi au sein des communautés et entre les individus, et ce grâce au développement des technologies qui de nos jours ont rendu l’accès à la connaissance et à l’information beaucoup plus simple pour presque tout le monde.
Aux premières heures de l’existence humaine, la connaissance servait de monnaie d’échange; elle était jalousement gardée comme l’or qui déterminait la masse monétaire mondiale. Ce qui veut dire qu’elle était conservée, et cachée de toutes sortes de manières. Pour preuve, combien de peuples et de civilisations ont disparu aujourd’hui emportant avec elles leurs précieux savoirs ; des connaissances qui nous font défaut malgré le fait que nous sommes les fils de la Modernité, les Héritiers de tout ce que l’humanité a pu produire jusqu’ici en termes de savoirs. Nous sommes censés être à tout point de vue plus fort, plus intelligents que les gens du passé. Et pourtant ce n’est pas tout à fait le cas. Les Pyramides d’Égypte, pour ne prendre que cet exemple, demeurent encore pour nous, et à ce jour, un grand mystère.
Certes, nos connaissances sont devenues plus pointues que jamais, mais a contrario, nous nous sommes aussi beaucoup appauvris à cause d’une constante tentative du monde à s’uniformiser dans tous les sens. En effet, il existe de moins en moins de diversité dans la pensée humaine, et dans les cultures sociétales. Ce qui demeure un problème fondamental.
Le monde actuel s’est enrichi de l’ensemble des apports civilisationnels du passé, mais en même temps il s’est aussi beaucoup appauvri. Le savoir universel que nous avons reçu des générations antérieures a toujours été drainé vers une sorte d’entonnoir au lieu d’être un fût troué, de toute part, où jaillissent de tous les trous des puits de lumière, des sources à arroser et à nourrir toute vie alentour en tenant compte des besoins et des spécificités.
En prédateur insatiable, l’Occident a appauvri l’Afrique par son égocentrisme. En effet, les Occidentaux accroupis sur leurs préjugés et leurs certitudes ont longtemps dominé et dirigé le monde. Pour eux, tout ce qui provenait jadis des peuples qu’ils considéraient comme inférieurs n’était pas bon, pas digne de considération encore moins d’attention. Ils sont rentrés de plain-pied en Afrique, guidés par cette façon de raisonner et de voir le monde, en piétinant et saccageant des savoirs millénaires…
Nous connaissons tous la suite de l’histoire…
L’Afrique d’aujourd’hui comparée à celle d’hier n’est plus que l’ombre d’elle-même. Et l’appauvrissement continue sous plusieurs formes. Avant, il n’était que vertical et unidirectionnel, maintenant il est latéral et multiforme. Cela veut simplement dire que ce ne sont plus les Occidentaux, seuls, qui effectuent le travail d’appauvrissement de l’Afrique, mais ils ont trouvé en l’Africain lui-même un allié de taille…
L’homme blanc a tellement joué dans la tête de l’homme noir qu’il en est arrivé à réaliser l’incroyable prouesse de lui faire croire que tout ce qu’il possède n’a pas de valeur. Amenant, ainsi de facto, les africains à négliger, et parfois même à abandonner, de leur propre chef, la plupart de leurs trésors culturels pour de la pacotille à l’Occidentale : convaincus de faire en contrepartie une bonne affaire en singeant l’Occident. Ce n’est pas donc étonnant de constater aujourd’hui qu’en Afrique, les films les plus consommés viennent de l’Occident. Les habits et le mode de vie à l’Européenne dominent le continent jusqu’à la gestion de nos habitats. L’Afrique ressemble de plus en plus à une Europe-bis. Son aspiration au développement est calquée sans nuance sur le modèle occidental.
Pour se sauver, et sauver le monde, l’Africain doit se déconnecter de l’Occident. Il doit arrêter de faire de ses anciens maîtres sa référence et son point de mire. C’est la seule façon de sauver le peu d’africanité et d’humanisme qui lui reste… L’Afrique doit se mettre en pause, se remettre en cause et reconsidérer toutes les mauvaises salades que l’Occident lui a filées et qui empoisonnent son existence, aliènent sa condition, et bouffent sa liberté de pensée et d’action.
En vérité, les Occidentaux ont vendu toutes sortes de sottises à l’Afrique, et à prix d’or. Cette assertion tranchée et catégorique de notre part, nous l’adossons à des faits de société qui prouvent à suffisance que les Africains sont, du point de vue identitaire, constamment à la remorque de l’Occident depuis qu’on a greffé dans leur cerveau l’idée qu’ils étaient indépendants avec la capacité de s’autogérer. Nous allons donc nous appuyer sur des faits probants pour étayer nos propos. Pour ce faire, la démocratie, l’éducation, et la perception de l’amour constitueront les points d’ancrage sur lesquels va s’articuler la suite de notre réflexion en vue de mettre à nu le mimétisme affligeant de l’Afrique vis-à-vis de l’Occident, et l’influence corrosive que ce dernier a sur le monde noir.
Commençons alors par la démocratie. Quel beau concept qui sonne liberté, égalité, et justice! Une belle musique pour les oreilles, mais un vrai désastre dans le ventre d’une Afrique constipée à force d’absorber les bévues de l’Occident. En effet, la démocratie a été transplantée en Afrique sans tenir compte des réalités du sol, et encore moins des besoins de la population comme si le peuple noir sortait du néant. Au demeurant, l’avènement de la démocratie en Afrique a fait table rase des organisations sociétales locales, non seulement représentatives mais aussi gages de stabilité à travers les âges. Ce sont nos chercheurs et penseurs qui devraient réfléchir à trouver des noms et des explications adéquates à certaines de nos réalités propres vis-à-vis de l’Occident; des noms imposants et conquérants capables de rivaliser avec cette forme de gouvernance qu’on nomme la «démocratie ».
Démocratie! Démocratie! Dites-moi, depuis qu’elle a été parachutée en grande pompe en Afrique, quel est le pays de la Faune noire qui respire à merveille et en harmonie avec son univers et ses réalités propres? Quel est ce pays d’Afrique qui pourrait clamer haut et fort que grâce à la démocratie, il est devenu plus sain, plus vivant, plus riche, plus humain?
Au contraire, sous l’ère de la démocratie, l’Afrique n’a jamais été aussi instable dans son histoire. Le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, tous ces pays et bien d’autres sont en proie à des violences dont la racine du Mal est liée à la démocratie. En revanche, le Sénégal semble faire figure d’exception. Est-ce que cela s’explique par l’équilibre démocratique? Loin de là. On retrouve dans la société sénégalaise des mécanismes qui contribuent à renforcer sa stabilité. Et plus, on voudra imposer aux communautés les exigences de la démocratie, plus le pays risque de glisser vers la confusion et le chaos.
L’Occident tympanise l’Afrique avec des leçons de démocratie oubliant ce qui se passe sur son propre sol. Une armée de journalistes et de chercheurs est sur internet, d’autres sont sur des plateaux de télévision pour parler, disent-ils, de la démocratie en Afrique. Ils parlent avec une certitude et une condescendance qui frisent le mépris. Ils crient au scandale quand un président de la République en Afrique reporte les élections ; ils s’époumonent, déchirent leur chemise pour dénoncer avec vigueur les Africains qui ne font pas leur affaire, mais gardent le silence sur les entorses à la démocratie quand cela se produit en Europe et dans ses environs immédiats.
La démocratie, c’est le pouvoir du peuple par le peuple! Mais de quel peuple parle-t-on? Chose certaine, le peuple en Occident n’est pas le peuple en Afrique. La nuit n’est pas le jour, et inversement. Entre l’Occident et l’Afrique, nous sommes en présence de deux mondes fondamentalement différents. Le principe d’égalité qu’on voudrait vendre aux Africains est une fumisterie qui ne dit pas son nom! Si le diable veut me faire croire que mon guide religieux, « fût-il le fils de dieu», est en tout égal à moi, il se fourvoie! En tout état de cause, les principes venus d’ailleurs qu’on cherche à nous vendre montrent souvent très vite leurs limites, l’Afrique étant un milieu entièrement à part. Le Temps de l’Afrique n’est pas le Temps l’Occident. En Afrique, généralement, les présidents arrivent au pouvoir avec un entourage affamé. Et lorsqu’ils sont repus, sereins et prêts à travailler, c’est à ce moment-là que l’Occident sonne la cloche et mobilise les troupes pour une alternance. Ils ont compris que c’est plus facile de négocier avec un homme affamé qu’un homme repu.
Finalement, les critiques avilissantes des institutions africaines, la mauvaise foi des analystes, l’hypocrisie et la malhonnêteté qui accompagnent le tintamarre des détracteurs de l’Afrique, tout ça obéit à une logique bien huilée : rabaisser pour mieux exploiter. D’ailleurs, il faudrait se demander pourquoi diable l’Occident veut vaille que vaille faire croire à l’Afrique que la démocratie est l’unique robe qu’il lui faut pour aller au Bal du développement. Cette insistance suspecte de l’Occident à vouloir dicter à l’Afrique ses choix politiques devrait soulever moult questions auprès des Africains qui dorment éveillés…
L’Afrique, la démocratie, le développement, à travers ces concepts mis en relation s’est construit un réseau de discours ambigus et tellement accusateurs que nous avons l’impression que pour les donneurs de leçons que la finalité pour l’Afrique devrait être, à leurs yeux, la démocratie plutôt que le développement. Au-delà de la perfidie sciemment orchestrée par les soldats de la pensée occidentale, il demeure évident que l’Occident n’a aucun intérêt à ce que l’Afrique se développe. Le pêcheur qui a un poisson dodu au bout de sa ligne a d’autres rêves et préoccupations que de laisser sa proie s’échapper par humanisme ou par on ne sait quel autre motif de bienveillance : il est temps que se réveillent pour de bon les Africains ! La farce autour des bienfaits de la démocratie en Afrique n’a que trop duré! Que les intellectuels suiveurs et répétiteurs arrêtent de nous parler de démocratie à l’africaine comme si on pouvait parler de piété à l’Occidentale. Tout ce qui sonne faux m’agace : ou bien on est en démocratie ou bien on ne l’est pas! L’Afrique doit choisir d’être elle-même ou de se greffer des cornes pour ressembler à cette vipère que nous connaissons tous.
En définitive, si la démocratie sied bien à l’Occident au vu de sa taille et de son histoire, force est de constater qu’en Afrique, c’est un corset qui étouffe. En clair, la démocratie n’est pas adaptée à l’Afrique, elle doit être déterrée comme une plante sauvage venue d’ailleurs qu’il faut extirper pour avoir un champ plus en adéquation avec les pouls du milieu et les besoins de la population. J’ose espérer que je serais entendu et que je serais compris sans que je sente la nécessité d’aller plus loin dans mon raisonnement. J’ouvre des pistes, c’est à l’Afrique de s’y engouffrer pour mieux respirer… (À suivre…)
Par Mamadou Bamba Tall
Ancien étudiant de l’Ugb, Sanar
Ancien boursier de la Fondation Ford (université Laval),
EXCLUSIF SENEPLUS - Celui qui n’est pas obligé de dialoguer propose quand même de dialoguer. Mais seulement avec quelques uns triés sur le volet. Parce qu’en politique, les deals sont un marché très utilisé
« Rien ne m’oblige à dialoguer... Si je le fais, c’est pour redonner à certains la possibilité de redevenir éligible. Si on ne dialogue pas, ils auront beau dire, mais ils ne seront pas candidats. Ce dialogue est dans leur intérêt... Beaucoup de sujet seront discutés, notamment le parrainage, l’éligibilité. Khalifa Sall attend l’amnistie, Karim Wade lui, demande une révision de son procès. Cela ne sera possible qu’à travers le dialogue ». Ainsi peut-on résumer la substantielle moelle politique du show télévisuel du président Macky Sall, le samedi 22 avril dernier sur la TFM.
Dialogue, division, diversion, tels sont les trois objectifs du locataire du palais. En ligne de mire : le troisième mandat.
« Rien ne l’oblige à dialoguer » sauf bien sûr, la poursuite de la chienlit et de la guéguerre urbaine que le pays connaît depuis mars 2021. Avec 14 morts comme pertes, sans profits. Puis ce début 2023, avec ses intifadas hebdomadaires et quelques « pertes mineures » en vies humaines (3-4 morts ?). Tout cela dans le cadre d’un itinéraire emprunté pour répondre à une convocation de la Justice ! Une Justice dont d’ailleurs on attend qu’elle nous éclaire sur les auteurs de ces morts. Parce que tout de même, la science criminelle est formelle : il ne peut pas y avoir de crimes sans criminelles, ni de morts violentes sans sans tueurs et armes du crime. Sauf, semble-t-il, sous nos cieux, où on peut mourir de mort violente dans la rue ; mourir par balles sans tueurs armés ; où des officiers peuvent disparaître sans laisser de traces, ou mourir dans les eaux. Tout cela par le Saint esprit. Pour ma part, je dénie à cet esprit tueur le caractère de sainteté.
« Rien » ne l’oblige effectivement à dialoguer, sauf à imposer la « paix armée » avec nos rues sous haute surveillance, avec une sorte d’État d’urgence ou de siège, qui ne dit pas son nom. Parce que non décrété officiellement. Comme pour nous en mettre plein la vue, on a exhibé le 4 avril, les muscles de la République. L’histoire de la République a (toujours) montré les limites de la peur comme moyen de gouvernance. Alors, même si (mon œil) on n’est pas obligé de dialoguer, on appelle quand même à dialoguer. Parce qu’en politique, les deals sont un marché très utilisé par les filous : vente-achat-benef...
Ainsi donc, celui qui n’est pas obligé de dialoguer propose quand même de dialoguer. Mais pas avec tous, seulement avec quelques uns, triés dans la mare faunique politique, selon leur poids, mais surtout selon leur fragilité : K et K. Khalifa (Sall) et Karim (Wade). Le marché est simple : vous voulez que j’efface vos ardoises politiques, revenir dans la course (le jeu plutôt), vous la fermez sur l’illégalité de mon troisième mandat, nous violons ensemble (on a toujours besoin de complices pour les coups tordus) la Constitution (« nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs »), j’utilise mes pouvoirs d’absolution, vos casiers judiciaires deviennent aussi vierges que celui de nouveaux-nés, nous entrons tous (non pas tous) dans l’arène et le peuple nous départagera. Une grande messe de réconciliation clôturera ce viol Républicain.
Mais on le sait, un festin sans immolation du fameux agneau. Mais cette fois-ci accompagné de quelques bovins n’est pas un festin. Et c’est qui l’agneau du sacrifice de la farce-diversion d’un dialogue sacrificiel. En voici des indices : « ... médiation (sous entendu entre lui et moi) je ne suis pas au courant, j’ai appelé à un dialogue, ça concerne tout le monde ». Parce que, voyez-vous, assène le président, « la politique ne donne pas une immunité absolue à qui que ce soit ». Pour bien préciser le signalement de l’agneau du sacrifice, voici d’autres indices : l’encerclement de son enclos et des pâturages autour à chaque fois qu’il dot aller répondre à une convocation ». Le rôle de la police et de la gendarmerie, c’est d’assurer la sécurité des personnes ...on n’a jamais interdit des manifestations. Toutefois, on ne peut pas admettre que des gens préparent leurs marches avec des bouteilles d’essence... »
Des détenus politiques ! Des journalistes dans les prisons ! « il n’y a pas de détenus politiques » encore moins de journaliste emprisonné pour ses écrits » Parceque voyez-vous, le président a une définition de ce qu’est un détenu politique : « on parle de détenu politique quand on émet son avis sur la marche du pays. Malheureusement cela nexiste pas au Sénégal. Nous n’avons que des gens qui cassent tout sur leur passage » ; Hé bin ! Les journalistes Pape Ndiaye de WalfTv et Pape Alé Niang avant lui, avaient cassé quoi ? Quel bus, quelle station d’essence, quel magasin Auchan ? Les membres de la direction du parti Pastef, comme l’organisateur des Nemekou Tour, le logisticien (qui loue bâches, chaises et autres pour les meetings et marches), le juriste El Malik Ndiaye et Bassirou Dioumaye Faye, secrétaire général du Pastef, cueilli à 22h, en direct des télés et réseaux sociaux devant ses bureaux, quel édifice a-t-il détruit ? Pourtant dans votre définition du détenu politique, c’est celui « qui émet son avis sur la marche du pays ».
Émettre son avis sur la justice et sur ceux qui la rendent sort-il de cette définition ? En réalité, à défaut de « dissoudre » légalement le Pastef comme le réclament certains de vos proches, on a préféré une autre méthode qui a l’avantage de la dissolution sans les inconvénients et répercussions dans l’opinion internationale ! Comment aurait-on pu justifier la dissolution d’un parti qui dispose d’un groupe parlementaire à l’Assemblée, contrôle la plupart des grandes villes du pays avec ses alliés et qui jusqu’à nouvel ordre, n’a commis aucun crime reconnu par la justice, mais qui veut exercer les droits que lui réclame la Constitution. On ne peut pas faire avaler une telle énormité à la communauté internationale. Mais on peut (presque) arriver au même résultat (désarmement de ce parti) en affaiblissant sa direction, en embastillant son avant-garde (les forces-vives) sous le couvert de casses et autres destruction de biens.
Dialogue, diversion et division. Comment détacher Khalifa Sall de la coalition qui empêche le pouvoir de dormir ? En le lavant tout blanc avec le lait (Soow) dans lequel l’autre vient de jeter du sable. Amnistie sous contrôle et sous condition. S’éloigner du pestiféré Sonko, disloquer Yewwi (et son groupe parlementaire). Et vous revenez dans le jeu. La même proposition-récompense pourrait être faite à l’ancien « ministre du ciel et de la terre » Karim Wade. On pourrait même effacer sa condamnation pécuniaire ou tout au moins la réduire à sa « plus simple expression ». Pour finir les deals, on pourrait même signer une clause secrète : au deuxième tour, les autres reportent leurs voix sur celui d’entre nous les filous, qui serait le mieux placé. Et hop ! Vogue le Gaal (pirogue) Sunu gaalien au pays des reniements et des magouilles comme valeurs de gouvernance.
Si le PDS n’aurait aucun scrupule ni état d’âme à parapher un tel deal, ce seraient autrement plus douloureux pour Khalifa Sall. On va bien vivre des psychodrames et autres théâtres de rues dans les prochaines semaines.
PS : Toutes les citations sont tirées du compte-rendu de Sud quotidien dans son édition du lundi 24 avril. J’ai choisi un match de la Premier League en lieu et place du show présidentiel à la télé de son ami, la « star planétaire » comme disent ses journalistes. Parce que j’avais eu ma dose avec la conférence de presse du nouveau « chef de l’opposition » quelques heures plus tôt. L’overdose....
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COMMENT FONCTIONNENT LES VACCINS A ARN ET A ADN ?
Alors que nous fêtons le 70e anniversaire de la découverte de la structure de l’ADN, les vaccins à acide nucléique (ADN et ARN) sont aujourd’hui d’une importance cruciale, notamment depuis la pandémie de Covid-19.
Alors que nous fêtons le 70e anniversaire de la découverte de la structure de l’ADN, les vaccins à acide nucléique (ADN et ARN) sont aujourd’hui d’une importance cruciale, notamment depuis la pandémie de Covid-19.
En quoi consistent ces vaccins, et comment fonctionnent-ils ?
Les vaccins à acides nucléiques, une nouvelle approche vaccinale
Pour comprendre en quoi les vaccins à acides nucléiques diffèrent des vaccins classiques, il faut revenir sur le principe de la vaccination préventive.
Cette approche consiste à injecter dans l’organisme de faibles doses d’un agent pathogène (virus ou bactérie) ou des fragments d’agent pathogène, pour exposer le système immunitaire et le préparer à contrer les attaques futures.
Tous les vaccins actuels reposent sur ce principe, qu’il s’agisse de vaccins atténués (contenant un agent pathogène vivant dont la virulence a été a amoindrie), de vaccins inactivés (à base d’agents pathogènes entiers tués), de vaccins « sous-unitaires » (basés sur l’emploi de fragments d’agents pathogènes purifiés) ou de vaccins issus du génie génétique (le fragment d’agent infectieux utilisé est produit par des cellules cultivées en laboratoire, et non plus à partir de microbes purifiés).
Dans le cas des vaccins à ADN et ARN, le principe est fondamentalement différent : il s’agit de faire produire les fragments d’agents infectieux capables de stimuler la réponse immunitaire directement par les cellules du patient.
Comment fonctionnent les vaccins à acides nucléiques ?
Si l’ADN, support de l’information génétique, est une molécule qui est aujourd’hui plutôt familière, l’ARN est moins connue. Chimiquement proche de l’ADN, mais moins stable, L’ARN joue divers rôles dans nos cellules, mais c’est en particulier un intermédiaire indispensable à la production de protéines.
Schématiquement : la fabrication d’une protéine débute dans le noyau de la cellule, où se trouve l’ADN. Dans un premier temps, la portion de la molécule d’ADN correspondant à la protéine à produire est copiée sous forme d’ARN. Cette molécule d’ARN quitte ensuite le noyau : elle passe dans le cytoplasme de la cellule, où elle sera utilisée comme un « guide de montage » de la protéine.
Dans le cas des vaccins à ADN ou à ARN, l’idée est d’injecter au patient des molécules d’ADN ou d’ARN correspondant à des protéines de l’agent pathogène contre lequel on souhaite l’immuniser. Ces protéines sont choisies en fonction de leur capacité à provoquer une réponse immunitaire, ou « immunogénicité ». Après injection de l’ADN (ou l’ARN) correspondant, les cellules de l’individu à vacciner fabriqueront elles-mêmes lesdites protéines.
Le vaccin de Pfizer et BioNtech emploie un ARN messager codant pour la protéine Spike du coronavirus SARS-CoV-2 (prefusion spike glycoprotein - P2 S), la « clé » qui lui sert à entrer dans les cellules qu’il infecte.
Les avantages des vaccins à base d’ADN ou d’ARN
Plus faciles à fabriquer, grâce à une méthode de production standardisée, peu coûteuse, extrêmement bien définis d’un point de vue moléculaire, les vaccins à ADN et ARN ont un potentiel de développement très important et pourraient protéger à la fois contre des maladies infectieuses (vaccins prophylactiques) ou lutter contre des pathologies cancéreuses (vaccins thérapeutiques).
Ils sont aussi mieux maîtrisés que les vaccins « traditionnels », car ils n’utilisent pas de virus entiers comme dans les vaccins issus de virus vivants atténués, inactivés ou recombinants, ni d’adjuvants, mais simplement une molécule d’acides nucléiques (ADN ou ARN).
Les vaccins contenant de l’ADN sous forme de double hélice (une hélice constituée de deux brins) peuvent être stables à température ambiante (cette molécule est si résistante qu’elle permet de dater des objets très anciens tels que des momies), et ne nécessitent donc pas de respecter une quelconque chaîne du froid.
Il n’en va pas de même pour les vaccins basés sur des ARN messagers : leur structure, constituée d’un seul brin, est sensible aux enzymes qui découpent l’ARN (appelées « RNAses »). C’est la raison pour laquelle ces vaccins sont conservés à -70°C, pour éviter toute dégradation enzymatique.
Le vaccin de Pfizer et BioNtech entrant dans cette catégorie, certains observateurs ont souligné le défi logistique que représentera sa distribution.
Comment arriver à bon port ?
Cette nouvelle méthode de vaccination sera beaucoup plus réactive pour produire des vaccins extrêmement rapidement, ce qui permettra de répondre à des menaces d’infections liés à des nouveaux agents infectieux, ou de proposer de nouvelles méthodes de traitement du cancer. Ces avantages expliquent l’essor des recherches sur ce nouveau type de vaccination ces trente dernières années, et permet d’envisager les vaccins ADN et ARN comme les « vaccins du futur ».
Des difficultés subsistent néanmoins pour assurer complètement l’efficacité des vaccins à acides nucléiques. L’un des obstacles principaux consiste à réussir à amener les molécules d’ADN ou d’ARN au bon endroit de la cellule : dans le noyau pour les premières, et dans le cytoplasme pour les secondes. Il faut pour cela franchir les membranes des cellules, dont l’un des rôles est précisément de servir de barrière aux envahisseurs, et éviter la dégradation par les enzymes cellulaires.
Pour y parvenir, plusieurs solutions sont possibles. On peut utiliser un virus modifié pour servir de « moyen de transport » à l’acide nucléique que l’on souhaite introduire dans les cellules. Une autre approche consiste à fabriquer de toutes pièces une enveloppe artificielle, une sorte de virus synthétique. C’est cette piste qu’ont choisie Pfizer et BioNtech, qui ont utilisé des particules nanolipidiques pour transporter l’ARN vaccinal.
Notre équipe a quant à elle mis au point des véhicules un peu particuliers, appelés Nanotaxi®. À base de polymères en forme d’étoile ou de lipides dérivés de sucres naturels, ils peuvent soit franchir directement la membrane en transportant avec eux les ADN ou ARN destinés à la vaccination, soit entrer dans la cellule par les voies employées naturellement par les substances « autorisées » à y pénétrer.
Ces deux modes d’entrée dans la cellule vont jouer un rôle décisif pour l’activation du système immunitaire. Ils vont en effet mettre en alerte le système de surveillance de la cellule, déclenchant la fabrication de molécules impliquées dans la réponse immunitaire. Celles-ci vont contribuer à l’augmentation de l’immunogénicité, et donc à l’efficacité du vaccin à ADN ou ARN.
Vers de nouveaux vaccins utilisés en santé humaine ?
Les vaccins à acides nucléiques ont déjà fait l’objet de nombreuses études précliniques et cliniques contre des cibles variées, dans le domaine des maladies infectieuses et de l’oncologie. Tous ces essais ont démontré la parfaite tolérance de ce type de vaccins.
Avant la survenue de la pandémie de Covid-19, quatre vaccins à ADN avaient déjà reçu les autorisations réglementaires nécessaires à leur exploitation chez l’animal. Ils sont utilisés par exemple pour protéger les saumons d’élevage contre la nécrose hématopoïétique infectieuse et contre une maladie du pancréas, les poulets contre la grippe aviaire, ou pour soigner les chiens atteints d’un mélanome buccal.
Mais ces résultats prometteurs obtenus chez l’animal n’avaient pas encore été reproduits chez l’être humain : l’immunogénicité de ces vaccins restait insuffisante pour conférer aux patients une protection contre les agents pathogènes ciblés. L’autorisation de mise sur le marché semblait encore lointaine.
Désormais, avec l’administration du vaccin Pfizer, les résultats à venir pourraient changer la donne, et accélérer les recherches sur les vaccins à acides nucléiques. L’avenir (proche) nous le dira.
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par Moussa Tine
LA SORTIE D'IDY DE LA MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE IMPLIQUE UNE RECONFIGURATION À L'HÉMICYCLE
Avec les députés de Yewwi, de Wallu, Cheikh Bara Doli Mbacké, Mamadou Lamine Diallo ainsi que les non-inscrits Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall, ainsi que Mariétou Dieng de Rewmi, l'opposition arrivera à une majorité simple de 83 députés
Idrissa Seck et ses ministres sortiront de la mouvance présidentielle. Qu'en sera-t-il de l'Assemblée nationale?
C'est là une belle et éclaircissante perspective politique.
En effet, fort de sa majorité parlementaire, Macky Sall impose à l'opposition un dialogue politique avec sa formule forte "kou guède sa yaya aayé".
Le défi moindre des oppositions est de rester sur la bataille pour le respect des principes démocratiques et des valeurs constitutionnelles, de la préservation de leur unité. Dans le même sillage, chaque potentiel candidat doit rester dans la compétition politique. Il y va de la vitalité de notre système démocratique.
Le pari pouvait être difficile, prédisant ainsi un avenir politique tumultueux pour notre pays. 2012 et les expériences récentes dans les pays de la sous-région ont montré que des pertes en vies humaines pourraient malheureusement en découler. Pour cause, le troisième mandat fait des morts dans tous les pays où le président en exercice l'a inconséquemment tenté.
Dès lors, la sortie d'Idrissa Seck de la majorité présidentielle offre une belle opportunité de trouver une solution parlementaire, donc pacifique, à tous ces facteurs sociopolitiques hautement crisogènes.
Avec les députés de Yewwi, de Wallu, avec aussi Cheikh Bara Doli Mbacké et Mamadou Lamine Diallo évidemment ainsi que les deux députés non-inscrits, Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall, ainsi que Mariétou Dieng de Rewmi, il ne fait pas de doute que l'opposition arrivera à une majorité simple de 83 députés sur 165.
Cela suffira pour voter une loi d'amnistie même si, à mon avis, la meilleure voie n'est pas celle-ci.
Tout de même, avec une telle majorité, il sera possible de supprimer le mot ‘’électeur’’ de l'article 57 du code électorale et modifier les articles 29 et 30.
En effet, lesdits articles sont des lois ordinaires et non des lois organiques ou constitutionnelles. Par conséquent, il est possible de les modifier à la majorité simple des membres de l'Assemblée nationale.
Au demeurant, le sort de Macky Sall et consorts sera définitivement scellé. Rewmi et, à sa tête, son président, ont par cette occasion la possibilité d'éclairer l'opinion, affermissant ainsi leur ancrage dans l'opposition.
Cette nouvelle majorité parlementaire - pas politique - donnera également l'avantage d'un contrôle du Bureau de l'Assemblée, et ce, sans toucher au mandat de son président (élu pour 5 ans). On pourra de surcroît s'assurer de l'effectivité d'un équilibre agissant entre les pouvoirs. L'enjeu et les défis sont de taille. Il faudra bien s'y tenir d'ici à la prochaine présidentielle.