Le célèbre journaliste Mame Less Camara est décédé en fin de semaine. L’estime de ses pairs, ainsi que sa renommée auprès de ses lecteurs s’enracineraient, dit-on, dans son sens élevé de la rigueur.
Parfait prétexte pour parler en toute objectivité de quelques cas remarquables de manque de rigueur.
I - un célèbre cas de diffamation :
À la base, il faut parler de la rigueur incomplète dont a fait preuve le chef de file de l’opposition en confondant les rapports IGE et IGF. On parlerait d’erreur, s’il n’aspirait pas à occuper la plus haute charge de l’État. À ce point-ci, une équipe devrait travailler à lui éviter ce genre d’erreur, en lui fournissant un discours ou des éléments de langage. Donc c’est un manque de rigueur, car il connaît la différence entre ces deux organes de l’État, il est inspecteur des impôts. Les conséquences économiques, sécuritaires et judiciaires de ce manque de rigueur sont déjà très élevées et continuent de l’être.
Autre exemple d’une absence navrante de rigueur : en janvier dernier, lors d’une entrevue avec la presse étrangère, le chef de file de l’opposition a répété plusieurs fois que la constitution du Sénégal interdisait de faire “deux mandats consécutifs”. Il aurait dû dire “PLUS DE deux mandats consécutifs”. Sa mémoire, je dirais un manque de rigueur, avait totalement effacé les mots les plus importants de toute l’entrevue. Était-ce dû à l’excitation d’avoir cette tribune internationale ?
II - En campagne électorale, un candidat peut promettre tout et son contraire.
C’est aux électeurs de juger et de lui accorder ou non leur vote. Par contre, une fois élu et aux affaires, tout ce qu’on dit, fait ou s’abstient de faire peut avoir de sérieuses conséquences (division, insécurité, injustice). D’où l’absolue nécessité d’être stricte et rigoureux dans ses déclarations et dans ses décisions. Ainsi, on peut dire en campagne électorale et se dédire par la suite, mais pendant son mandat, on ne peut pas dire et se dédire sans conséquences. Entre les deux, il y a une absolue nécessité de rigueur, à cause de toutes les conséquences négatives qui en découleraient, pour soi et pour le pays.
La justice est souvent symbolisée par une balance à bascule. La rigueur voudrait qu’on se soucie de son équilibre en toute chose et tout le temps. Ce souci de l’équilibre est trahi lorsque la balance penche toujours du côté où sont pesés les opposants. N’y aurait-il que des saints de l’autre côté du pouvoir et de ses alliés ?
La rigueur, c’est la parole consciencieuse, c’est le souci intransigeant du détail, mais c’est aussi cette inflexibilité dans l’application saine et cohérente de la justice.
Par Félix NZALE
PRESSE SOUS PRESSION
Il y a, actuellement au Sénégal, un diktat de l’émotionnel et de la pensée dogmatique qui entraîne une déresponsabilisation collective.
Tout se passe comme si nous assistons, impuissants, à un détournement essentiel de l’acte politique.
Le triomphe du journalisme dogmatique et émotionnel tend à nous faire perdre tout sens de la responsabilité citoyenne et démocratique, nous contraignant à n’entretenir que la peur et la pensée victimaire. Il y a, actuellement au Sénégal, un diktat de l’émotionnel et de la pensée dogmatique qui entraîne une déresponsabilisation collective. Aux yeux de la plupart, le journaliste est redevenu un enfant qui observe avec frayeur les méfaits de son immaturité. C’est-à-dire une personne couarde et vénale qui s’est mis en trahison de son service au nom de l’intérêt collectif.
Les questions et problématiques auxquelles nous devons nous intéresser sont nombreuses, essentielles et fondamentales. Par exemple, la déroute de notre système éducatif qui n’offre plus aux jeunes les moyens de relever les déficits de sens et des finalités. Or, la finalité et l’avenir d’une société se mesurent à la façon dont celle-ci forme ses enfants : À être qui ? À penser comment ? À agir pourquoi ? Bref, ce système n’offre aucun accès au développement d’une pensée critique, à questionner les fins, à devenir autonomes et libres, à s’engager dans la résistance citoyenne.
Il semble que tout ceci soit voulu au nom de la normalisation du crétinisme, une idéologie de la domination, hélas entretenue par certains médias «partenaires» du pouvoir. Toute personne, tout argument ou acte qui viendrait remettre en question cet ordre est irrémédiablement frappé du sceau de l’infamie. Donc à combattre.
Sous ce rapport, et en extrapolant un peu, certains journalistes ont reçu samedi dans la matinée le coup de fil téléphonique d’un responsable de premier plan de l’Alliance pour la République (Apr, au pouvoir) et de la coalition de Benno Bokk Yakaar leur demandant, en substance, pourquoi la presse ne dénonçait pas «les agissements» de l’actuel directeur de la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC), M. Mame Boye Diao. Au prétexte - entre autres - que ce dernier aurait papoté avec Ousmane Sonko, l’ennemi juré du régime du Président Macky Sall, à Ziguinchor. Oubliant que ce dernier a lui-même récemment «papoté» avec Barthélémy Dias. Faisant aussi volontairement abstraction du contexte : M. Diao s’était rendu à Ziguinchor pour la pose de la première pierre de la Maison des étudiants ressortissants de Kolda dont il est le maire, et pour assister, de même que le leader de Pastef, à un Gamou annuel. Il est ici important de rappeler que l’adversité politique ne rime pas avec animosité interpersonnelle. Et qu’en l’occurrence, ce qui est valable pour Sall et Dias l’est également pour Diao et Sonko. C’est dire et donner raison à mon confrère Pape Allé Niang lorsqu’il met en évidence le fait que certains d’entre nous sont souvent actionnés, voire «programmés» pour détruire des réputations ou salir des consciences. Bref…
La politique doit traiter de ce qu’il y a de plus sérieux et de plus précieux : le destin, la liberté des individus, des collectivités, la vie… Que se passe-t-il lorsque tout ceci est piétiné ? Où est notre devoir de veille sur les choix fondamentaux de notre société masqués derrière les luttes des politiques ? Renoncer, c’est laisser la voie libre aux dictateurs pour tout massacrer sur leur passage. Il est dommage que certains médias s’emploient à faire diversion, à disqualifier toute résistance et à décourager toute vigilance. C’est que, comme l’a souligné M. Niang, le Pouvoir a mis en place des «Rédactions parallèles» ou infiltrées pour contrôler et contenir des informations hostiles. S’il n’intimide pas les récalcitrants ou ne les jette en prison. C’est dire, par conséquent, qu’il y a une volonté manifeste d’ancrer dans la psyché collective un réflexe de fuite du journaliste là où doit prévaloir un réflexe d’exigence.
La presse sénégalaise est en déroute. Si elle sombre, c’est tout l’édifice social qui s’écroule. Et les premiers responsables qu’il faudra pointer du doigt seront les journalistes eux-mêmes. On est responsable de sa grandeur tout comme on est responsable de sa décadence. Heureusement qu’il y a des journalistes qui ne veulent pas «mourir» et qui, quoi qu’il leur en coûte, ne fermerons jamais les yeux face à l’inadmissible.
Ps : C’est le lieu de rendre encore un hommage appuyé à tous ces grands journalistes aujourd’hui disparus qui n’ont jamais courbé l’échine. Je pense à Mame Less Camara, Babacar Touré, Madior Fall, Sidy Lamine Niasse, Ibrahima Fall… A eux, je dis : «Merci pour tout, et à Dieu vos âmes».
Par Antoine Moïse
LETTRE OUVERTE A L’OCCUPANT DE LA MAISON DU PEUPLE AYANT VUE SUR LA BAIE DE GOREE,
Comment le dirigeant du pays de Lat Dior et d’Aline Sitoé peut-il avoir peur de ses adversaires, aussi valeureux soient-ils ?
Je voudrais d’abord vous féliciter pour votre look aminci. Avez-vous perdu du poids ? Je ne saurai le dire.
Les mauvaises langues racontent que, depuis la guerre en Ukraine, vous avez échangé les gâteaux au chocolat à base de blé contre du tiakry bien africain à base de millet. C’est gentil pour les paysans sénégalais.
Permettez moi de prendre un ton léger pour m’adresser à vous, car je suis un adepte de la méthode senghorienne (Léopold Sedar Senghor pour les amnésiques). Vous ne vous rappelez peut-être pas, mais sa méthode consistait à prendre la politique avec un grain de sel. Tenez, il raillait parfois son principal opposant, votre mentor Abdoulaye Wade, en disant à propos de son crâne lisse : “comment un crâne qui ne supporte pas les cheveux peut-il supporter un pays?” Un bout-entrain ce Senghor. D’ailleurs il souriait souvent, mais vous, on ne vous voit jamais sourire en public. Peut-être qu’en privé avec votre bande de coquins-copains, c’est le festival juste pour rire tous les jours.
Car comment expliquer vos déclarations récentes si drôles, alors que vos lèvres n’ont même pas tremblé d’ironie.
Vous êtes vraiment fort.
Vous avez déclaré sans rire à un magazine des blancs teints clairs que vos opinions sont liées à vos convictions du moment et cela peut changer en fonction des circonstances.
Les langues venimeuses ont dit que vous admirez secrètement Donald Trump qui pouvait se permettre d’avoir une conviction par jour et en fonction des gens qu’il rencontrait.
Je leur ai dit que non, l’occupant du bureau avec vue sur Gorée avait forcément conscience de la force de caractère et de la solidité des convictions qu’il fallait pour changer durablement l’Afrique, après les abominations qu’ont été l’esclavage et la colonisation. Je leur ai aussi dit que l’occupant savait que toutes ses déclarations hors campagne électorale étaient celles d’un chef d’état et que ça rentrait dans le cadre du contrat de confiance qu’il avait passé avec ses concitoyens. Est-ce que je me trompe ?
Comme vous n’aviez confiance en aucun magazine entre Dakar et Pretoria pour recueillir vos épanchements, vous avez aussi dit à la toubab européenne qui vous interviewait, que si le Sénégal n’était pas une démocratie authentique, le sort de (Sonko Ousmane) serait définitivement réglé. Aviez-vous dit cela pour calmer le climat social ?
Les langues râpeuses ont affirmé que vous disiez ça parce que vous aviez honte d’avoir déclaré vouloir réduire l’opposition à sa plus simple expression. Elles disent aussi que vous avez terriblement peur de vous mesurer aux opposants les plus valeureux, et que vous vous arrangez toujours pour les mettre hors circuit avant les élections. Je vous dis, ces gens-là… ils disent vraiment n’importe quoi. Comment le dirigeant du pays de Lat Dior et d’Aline Sitoé peut-il avoir peur de ses adversaires, aussi valeureux soient-ils ?
Vous savez ce que je pense ? Je vais le dire quand même, vous êtes un homme très courageux qui malgré la perte des grandes villes du pays aux législatives et la perte de quelques soutiens dans votre coalition, vous allez plonger pour un 3e mandat, et cela même si on vous dit que la population n’en veut pas. Quel grand homme vous êtes. Si votre grandeur le permet, pendant que j’y pense, que vouliez-vous dire par “réduire à simple expression“ ?
J’avoue avoir trouvé plusieurs significations à cette boutade, car ça ne pouvait qu’être une boutade, vous qui avez la responsabilité de sauvegarder et renforcer la démocratie, vous ne pouvez pas dire des choses si anti-démocratiques. Mais comme vous exprimiez vos convictions et qu’on ne sait plus si on peut s’y fier, je préfère m’en remettre à ce que vous voudriez bien nous donner comme justification. Si vous le voulez bien sûr, car personne ne donne des ordres au chef suprême des armées ?
Encore deux petits points avant de vous laisser admirer la vue sur la baie de Gorée.
Un, les langues fourchues racontent que vous avez envoyé tellement de jeunes en prison que c’est devenu le 47e département territorial.
Comme nous ne sommes pas ennemis, mais adversaires, je vais vous faire une confidence que vos conseillers en communication ont oublié de faire. La meilleure façon de se faire détester par sa population, c’est de remplir les prisons ou de faire disparaître des gens. Les livres d’histoire en font largement la démonstration, sous d’autres cieux. On gouverne les gens et quand vous aurez enfermé tout le monde, vous allez gouverner qui ?
Alors disons-le tout net, pour chaque jeune arrêté, vous vous mettez à dos sa famille, ses amis, camarades de classe et voisins. En fait tous les gens qui les aiment. Plus vous multipliez les arrestations, moins vous serez populaires, en somme.
Ne me remerciez pas.
Et de deux (pour finir), j’aimerais savoir si vous faisiez de la provocation ou si vous parliez par conviction, lorsqu’en tant qu’opposant à un 3e mandat de Abdoulaye Wade, vous appeliez vos sympathisants à aller le déloger du palais.
Ici c’est ma langue au goût amère du petit-cola qui dit que c’était par conviction. C’est pourquoi vous ne tolérez plus personne qui lancerait le même appel à l’insurrection. On sait maintenant que si les circonstances restaient les mêmes (élections présidentielles), vous garderiez vos convictions. Donc avouez que si Sonko lançait un appel à vous déloger… vous feriez quoi en fait ?
Je vous remercie très sincèrement de votre patience, mais avouez que cela vous a fait du bien de lire tout ce que les langues sulfureuses déversent sur vous, ces temps-ci. Oups j’aurai pas dû révéler les confidences des langues pourries … (au cas où vous chercheriez à les arrêter aussi). Mon copain dit en se tordant de rire : “ku ne pip mu sandi la casso” (qui dit mot est envoyé en prison).
C’était un immense plaisir et soyez assuré que je vous écrirai de temps en temps, d’ici les prochaines élections présidentielles. Que vous y soyez ou pas.
P.S. : quand les forces de sécurité malmènent Sonko et l’embarquent de force dans un véhicule blindé, s’il vous plaît dites au chouchou de votre épouse, qui a demandé à ne pas être escorté, de ne pas faire de déclaration à l’effet que Sonko est un menteur, manipulateur qui cherche des prétextes pour ne pas se présenter en cour. Ça fait mauvais genre et c’est ridicule. Juste une question de cohérence.
Avec toute mon admiration et en vous souhaitant de sourire un peu plus,
L’opinionneux !
Par Mamadou Diop Decroix
DIALOGUE POLITIQUE: ET POURTANT IL N’Y A PAS D’AUTRE ISSUE
La résilience de notre peuple est forte, très forte. Depuis les indépendances de 1960, seuls huit (8) pays sur les 55 que compte l’Afrique, n’ont pas connu de changements non constitutionnels à leur tête.
La résilience de notre peuple est forte, très forte. Depuis les indépendances de 1960, seuls huit (8) pays sur les 55 que compte l’Afrique, n’ont pas connu de changements non constitutionnels à leur tête. Le Sénégal est du lot et se trouve être le seul pays anciennement colonie française sur la liste. Ceci n’est pas le coup du hasard.
Cette stabilité plonge ses racines dans nos cultures, nos us et coutumes, nos traditions bref la civilisation de notre pays. Les spécialistes pourraient nous en révéler les fondements mais le fait est là et il est établi que les contradictions qui sont gérées ici dans une relative maîtrise sont, pour l’essentiel, celles-là qui ont bouleversé et déstabilisé des pays qui nous entourent. Nous aurions cependant tort de surestimer nos capacités à surfer indéfiniment sur les facteurs et les phénomènes de déstabilisation. La raison en est que les caractéristiques actuelles du pays ont radicalement évolué avec l’avènement du pétrole et du gaz. D’aucuns avaient vite conclu que ces découvertes ne seraient pas de grande importance au motif que les pays dominants avaient déjà décidé de migrer vers les énergies propres qui rendraient les énergies fossiles déclinantes et, à terme inutiles.
La guerre en Ukraine a montré que nous sommes encore loin de ce scénario. Par conséquent le Sénégal, qui était déjà à une position stratégique sur le continent africain, intéressant toutes les grandes puissances militaires de la planète, devient aujourd’hui plus que par le passé, une plaque tournante d’énormes intérêts de dimension mondiale. Ne pas regarder notre contexte sous cet éclairage pour ne voir que l’actualité du champ politique serait gravement préjudiciable à une bonne perception des défis qui nous sont lancés. S’y ajoute la guerre asymétrique presque partout dans la sous-région avec ses milliers de morts, ses centaines de milliers de blessés et de déplacés. Pour tout dire, nous apparaissons comme un îlot relativement paisible au milieu d’une mer déchaînée, charriant des drames innommables sur de vastes étendues de l’Afrique de l’Ouest. Pendant ce temps, chaque jour qui passe nous administre aussi la preuve que nous ne comptons que pour du beurre aux yeux de la fameuse communauté internationale. Combien de milliers de pauvres citoyens burkinabé ont été jusqu’ici trucidés sans qu’il y ait la moindre initiative sérieuse pour ramener la paix et la tranquillité dans ce pays frère ? Même les instances d’intégration africaines sont aux abonnés absents devant tant de souffrance, devant cette descente aux enfers. C’est l’Ukraine qui les préoccupe, la mer de Chine, le proche et le moyen Orient …
Lorsqu’ils s’intéressent à nous c’est tout juste pour les richesses de notre sol et de notre sous-sol. Ce serait une grande naïveté que de croire le contraire. C’est pourquoi l’importance qui est accordée dans nos pays à ce que pensent l’Élysée et les Français de notre politique intérieure m’étonne toujours.
La résilience de notre peuple est forte, très forte. Depuis les indépendances de 1960, seuls huit (8) pays sur les 55 que compte l’Afrique, n’ont pas connu de changements non constitutionnels à leur tête. Le Sénégal est du lot et se trouve être le seul pays anciennement colonie française sur la liste. Ceci n’est pas le coup du hasard.
Cette stabilité plonge ses racines dans nos cultures, nos us et coutumes, nos traditions bref la civilisation de notre pays. Les spécialistes pourraient nous en révéler les fondements mais le fait est là et il est établi que les contradictions qui sont gérées ici dans une relative maîtrise sont, pour l’essentiel, celles-là qui ont bouleversé et déstabilisé des pays qui nous entourent. Nous aurions cependant tort de surestimer nos capacités à surfer indéfiniment sur les facteurs et les phénomènes de déstabilisation. La raison en est que les caractéristiques actuelles du pays ont radicalement évolué avec l’avènement du pétrole et du gaz. D’aucuns avaient vite conclu que ces découvertes ne seraient pas de grande importance au motif que les pays dominants avaient déjà décidé de migrer vers les énergies propres qui rendraient les énergies fossiles déclinantes et, à terme inutiles.
La guerre en Ukraine a montré que nous sommes encore loin de ce scénario. Par conséquent le Sénégal, qui était déjà à une position stratégique sur le continent africain, intéressant toutes les grandes puissances militaires de la planète, devient aujourd’hui plus que par le passé, une plaque tournante d’énormes intérêts de dimension mondiale. Ne pas regarder notre contexte sous cet éclairage pour ne voir que l’actualité du champ politique serait gravement préjudiciable à une bonne perception des défis qui nous sont lancés. S’y ajoute la guerre asymétrique presque partout dans la sous-région avec ses milliers de morts, ses centaines de milliers de blessés et de déplacés. Pour tout dire, nous apparaissons comme un îlot relativement paisible au milieu d’une mer déchaînée, charriant des drames innommables sur de vastes étendues de l’Afrique de l’Ouest. Pendant ce temps, chaque jour qui passe nous administre aussi la preuve que nous ne comptons que pour du beurre aux yeux de la fameuse communauté internationale. Combien de milliers de pauvres citoyens burkinabé ont été jusqu’ici trucidés sans qu’il y ait la moindre initiative sérieuse pour ramener la paix et la tranquillité dans ce pays frère ? Même les instances d’intégration africaines sont aux abonnés absents devant tant de souffrance, devant cette descente aux enfers. C’est l’Ukraine qui les préoccupe, la mer de Chine, le proche et le moyen Orient …
Lorsqu’ils s’intéressent à nous c’est tout juste pour les richesses de notre sol et de notre sous-sol. Ce serait une grande naïveté que de croire le contraire. C’est pourquoi l’importance qui est accordée dans nos pays à ce que pensent l’Élysée et les Français de notre politique intérieure m’étonne toujours.
J’ai évoqué la guerre en Ukraine qui est en train d’accélérer les changements de paradigmes dans le monde.
Le Professeur Samir Amin montre que « le monde d’aujourd’hui est caractérisé par l’implosion du capitalisme contemporain sans qu’il y ait coïncidence, jusqu’à présent, entre cet automne, cette implosion, et l’amorce d’un véritable et authentique printemps des peuples ». Selon lui, « l’écart dans le temps entre la mort douce mais violente du système capitaliste contemporain et la naissance retardée d’une alternative cohérente, positive, donne tout son caractère tragique à notre époque ». Et de rappeler la fameuse et saisissante formule de Gramsci : « Lorsqu’un système a épuisé son potentiel historique, et que la vague qu’il a représentée dans l’histoire s’éteint, mais que la nouvelle vague qui représente l’avenir est à peine en formation, entre la nuit qui n’est pas encore terminée et le jour qui n’est pas encore là, se profilent des fantômes et des monstres ».
Samir Amin poursuit : « Et notre époque est pleine de monstres pas seulement du côté des forces dominantes du système, mais également des fantômes, parfois sympathiques par leur naïveté mais des fantômes et des monstres qui se profilent également dans les réponses que les peuples donnent à ce défi. C’est-à-dire que le meilleur mais également le pire sont possibles, dépendant de la prise de conscience éventuelle des peuples ». Qu’elles doivent être, sur cette base, les réponses de notre peuple à ce défi ? Telle est, à mon sens, la question posée et à résoudre. Les contentieux d’aujourd’hui n’en sont qu’un aspect dans un rapport évidemment dialectique avec les autres.
Dans les concertations (c’est le terme que j’ai toujours préféré à celui de dialogue qui est galvaudé) on identifie généralement quelques points essentiels :
le troisième mandat
le caractère inclusif des candidatures
la transparence et la sincérité du processus électoral
les libertés publiques.
Naturellement, comme de nombreux sénégalais, j’accorde à très juste titre, une grande importance aux conditions de vie de la grande masse. Hélas, dans les concertations politiques cette dimension est très en deçà de sa véritable place. Même dans nos plates-formes et surtout dans leur prise en charge pratique sur le terrain de l’accompagnement des luttes de résistance des travailleurs et des populations en général, l’engagement militant souffre d’un gros déficit.
Passons donc en revue ces questions politiques dont aucune, selon mon hypothèse, ne mérite qu’on se fasse la guerre. Comme indiqué plus haut, les institutions de notre pays, en dépit des critiques justifiées que l’on peut formuler à leur encontre sont plus solides qu’on a pu le penser au regard de ce qu’elles sont dans certains autres pays tout autour. Il en est de même de nos traditions de stabilité. Comprendre cela permet de dépasser les réflexes irrationnels qui nous empêchent parfois d’avoir les bonnes réactions. En effet, on a pu observer dans beaucoup de cas que lorsqu’une des parties souhaite discuter avec l’autre, le réflexe immédiat de la partie sollicitée est un réflexe de rejet au motif que la partie qui demande serait en position de faiblesse et qu’il faut au contraire l’anéantir. Au Sénégal, par le passé, lorsque l’opposition exprimait le souhait de discuter, la réponse du pouvoir a souvent été qu’« en démocratie, le dialogue c’est à l’Assemblée nationale ». Et vogue la galère ! Quand par contre, c’est le pouvoir qui appelait à discuter, le réflexe de l’opposition était de s’imaginer que les carottes étaient cuites du côté du pouvoir et qu’il faut juste se baisser pour ramasser le fruit. Deux attitudes totalement contreproductives. Même entre des nations en conflit, l’Histoire nous apprend que c’est justement lorsqu’on est en position de force qu’on discute. Si l’opposition estime que le rapport de forces lui est favorable, alors elle doit discuter pour la satisfaction de ses revendications.
Sur la question de la 3ème candidature, la question est la suivante : Est-ce qu’une décision possible du Président de la République de se porter candidat en 2024 devrait nous conduire à nous faire la guerre au motif qu’il avait dit le contraire ? Ma position est : NON ! En effet notre peuple a déjà suffisamment administré la preuve de sa lucidité et son esprit de responsabilité pour mériter des acteurs politiques qu’ils lui fassent confiance et le respectent. En 2012, le peuple a écarté le Président Wade après que sa 3ème candidature a été validée par le Conseil constitutionnel. Quand les autres candidats passaient leur temps à protester contre la candidature de Wade, Macky Sall est allé faire campagne et a fini par être élu par le peuple souverain. Cette leçon doit être retenue. Certains disent : « Macky Sall va se porter candidat et truquer les élections. Entendons-nous bien ! Quelqu’un qui est capable de truquer des élections perdrait-il la capitale nationale de son pays et d’autres centres névralgiques du territoire aux élections locales de janvier 2022 ? Quand on est capable de truquer des élections devrait-on perdre presque sa majorité à l’Assemblée nationale ? Bien sûr que non ! nous devrions donc tous nous convaincre que le peuple Sénégalais ne versera pas dans la violence au profit de qui que ce soit mais il prendra ses responsabilités le moment venu. Cela dit, je considère comme démocratiquement justifié que des citoyens s’opposent à la troisième candidature du Président de la République tout comme il est légitime qu’ils le montrent par des manifestations pacifiques.
Le caractère inclusif de la prochaine élection présidentielle
Nous nous sommes toujours battus pour le retour dans le jeu électoral de ceux qui en avaient été exclus. Si cela intervient, on ne saurait l’attribuer à quelque manœuvre que ce soit de la part de Macky Sall mais plutôt y voir le couronnement victorieux d’une longue lutte de l’opposition. Pour dire vrai, nous avons raté le coche en 2019 lorsqu’on a éliminé 20 candidats de l’opposition sur des bases que nous considérions fallacieuses. Si les 4 candidats retenus à l’époque avaient refusé d’aller en compétition contre Macky Sall en l’absence des candidats exclus, cette question aurait été réglée séance tenante et définitivement. Malheureusement il n’en a pas été ainsi. Pour l’heure, aucun autre candidat potentiel n’est exclu de la prochaine compétition mais une opinion largement répandue soutient qu’on va vers l’élimination d’un candidat en passant par des procès. En tout cas les leaders actuellement éliminés l’ont été certes à la suite de décisions de justice, mais le fait est qu’ils ont été attraits devant les juridictions par l’Etat lui-même à travers des procédures bien déterminées qui, pour nous étaient inacceptables. Aujourd’hui, la particularité du contexte est qu’un candidat potentiel est également attrait à la barre par des personnes physiques. On note cependant que malgré tout, les parties concernées s’inscrivent dans une logique de suivre les procédures judiciaires devant les tribunaux ce dont il faut se féliciter tout en exigeant en toutes circonstances que les procès soient justes et équitables et que les jugements qui seront prononcés soient également justes et équitables.
Le processus électoral.
Il est une tradition depuis 30 (trente) ans qu’à l’approche de chaque élection pouvoir et opposition s’asseyent pour chercher à s’accorder sur les règles du jeu. Il faut donc démarrer ces concertations sans tarder.
Les libertés publiques
Il faut les respecter. L’expérience a toujours montré que les manifestations pacifiques restent pacifiques toutes les fois qu’on les encadre et ne débordent que si on les interdit. Il faut par conséquent résoudre structurellement ce dossier.
Les conditions de vie des populations
Les forces démocratiques doivent constamment se tenir aux côtés des couches laborieuses qui subissent de plein fouet les effets de la crise et de l’incurie du gouvernement tout en sachant que seul un pouvoir au service du peuple pourrait venir à bout et de façon définitive des déficits primaires que vivent les populations.
Si les concertations peuvent permettre de ressusciter les discussions de 2020 sur les questions de paix et de sécurité au vu de la grave situation qui prévaut dans la sous-région ce serait également à saluer. Il en est de même de la question soulevée à l’époque au sujet des incohérences territoriales, sources de conflit sociaux sérieux qui avait d’ailleurs connu de bonnes propositions de solutions.
par Mamadou GUISSÉ
MACKY SALL, UN CHAMPION GLOBAL DANS LE SECTEUR DE L’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT
Le monde et particulièrement en Afrique connaissent une crise réelle liée à l’accès à l’eau et à l’assainissement. C’est ainsi que des actions urgentes et efficaces doivent être développées à tous les niveaux afin de réduire le gap.
Le monde et particulièrement en Afrique connaissent une crise réelle liée à l’accès à l’eau et à l’assainissement. C’est ainsi que des actions urgentes et efficaces doivent être développées à tous les niveaux afin de réduire le gap de l’accès, d’assurer l’atteinte des Objectifs de Développement durable (ODD) notamment l’ODD6 des Nations unies et garantir le droit à l’eau et à l’assainissement pour tous.
Le Président Macky Sall a quant à lui très tôt appréhendé la valeur de l’eau pour le développement inclusif et durable des nation.
Pour preuve, déjà en 2002, le Président Macky Sall alors Ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique. Il fut alors le pionnier dans la mise en place de l’organisation panafricaine dénommée Conseil des Ministres de l’Eau de l’Afrique (AMCOW) qui encore aujourd’hui continue de fournir un leadership politique, une orientation et un plaidoyer dans la fourniture, l’utilisation et la gestion des ressources en eau pour un développement social et économique durable et le maintien des écosystèmes africains. AMCOW unifie et porte la voix de l’Afrique dans le dialogue global sur les questions de l’eau et l’assainissement.
Fast forward aujourd’hui où la question de l’accès à l’eau et à l’assainissement est devenue tellement cruciale qu’elle est devenue incontournable dans toutes les discussions liées au développement des pays émergents, de survie dans les pays industrialisés, ainsi que celles liées au changement climatique.
Devenu Président en 2012, Macky Sall a lancé en 2014 le Plan Sénégal Émergent (PSE), faisant du Sénégal l’une des rares nations en Afrique à disposer d’un plan pensé de développement sur un horizon défini (20 ans). Le PSE qui, aujourd’hui, est le référentiel en matière de politique dde développement économique, social et environnemental est décliné autour de trois axes stratégiques qui résument une vision pour un « Sénégal émergent » à l’horizon 2035 avec une société solidaire dans un état de droit. L’axe 2 du PSE intitulé Développement humain contient l’eau et l’assainissement en très bonne place.
En 2015, quand le Sénégal a élu pour siéger au Conseil de Sécurité des Nations, le Président Macky Sall a mis en valeur son mandat en introduisant une thématique nouvelle autour de « Eau – Paix - Sécurité » faisant ainsi de l’eau un sujet de dialogue, de coopération pour la prévention des conflits et la protections des populations vulnérables en zones de crise.
Le discours du Président Macky Sall à la cérémonie d’ouverture du 9ème Forum mondial de l’Eau a certainement campé le débat sur la situation alarmante que vit le monde « 2,1 milliards de personnes sont contraintes de consommer de l’eau polluée et 80 % des eaux sont rejetées dans la nature sans aucun traitement, mettant en péril la santé et la vie de 4,5 milliards d’individus ; … Tout laisse croire que si rien n’est fait, la situation ira de mal en pis, en raison de la pression démographique, de l’urbanisation rapide et d’activités industrielles polluantes »
Alors que tous pays n’ont pas le même niveau d’accès, il est lieu de préciser que le Sénégal bénéficie de très bon taux d’accès à l’eau et à l’assainissement tel qu’illustré par les chiffres suivants :
- Eau : taux d’accès de 98,8 % en milieu urbain et à 91 % dans le monde rural ;
- Assainissement : taux d’accès en milieu urbain de 67,4 % et 42,3 % en milieu rural ;
Ces résultats ont été obtenus à la faveur d’investissements structurants et soutenus depuis 2012.
Pendant que les équipes nationales sportives continuent de collectionner victoires et trophées, le Sénégal sous Macky Sall brille également sur le plan international dans d’autres domaines. En effet, en termes de niveau d’accès à l’eau et à l’assainissement, de maitrise et de gestion durable des ressources en eau et de coopération autour des bassins transfrontaliers, le pays est champion d’Afrique et dispose d ‘un classement respectable sur le plan mondial.
Le dernier trophée en date pour le Sénégal est le Prix du leadership pour la sécurité de l’eau, distinction reçue à New York le 23 mars 2023 lors en marge de la conférence mondiale des Nations Unies sur l’eau. Cette distinction consacre les efforts du Sénégal pour l’accès universel à l’eau et le rôle du Sénégal dans la mobilisation de la communauté internationale.
Elle arrive au sortir de l’organisation réussie par le Sénégal du 9ème Forum mondial de l’Eau à Dakar du 22 au 26 mars 2022 sous le thème « Sécurité de l’Eau pour la Paix et le Développement ». Le Forum mondial de l’Eau est la plus grande rencontre d’échanges sur les questions de l’eau. Il est organisé de façon itinérante chaque 3 ans par le Conseil mondial de l’Eau en collaboration avec un pays hôte. Elle sillonne le monde depuis plus de 25 ans et le Sénégal est le premier pays de l’Afrique subsaharienne à accueillir ce prestigieux événement. Le Forum Dakar 2022 a vu la présence physique de plus de 8000 participants et exposants étrangers avec 5 Chefs d’Etat et plus de 92 délégations de haut niveau et ministérielles provenant de tous les continents. Ce nombre est encore plus significatif compte tenu du fait que ce forum s’est tenu en période de pandémie à la COVID-19.
Au-delà de la qualité de l’organisation dudit Forum par les dynamiques équipes du Secrétariat exécutif mis en place par le Président Macky Sall, des discussions fructueuses et décloisonnées ont pris place tout au long de la période préparatoire entre décideurs, universitaires, société civile, parlementaires, élus locaux, jeunes, secteur privé pour trouver des solutions. Parmi les résultats les plus marquants du Forum, nous pouvons citer :
- Le lancement au nom du Président Macky Sall par Monsieur Serigne Mbaye Thiam, Ministre de l’Eau et de l’Assainissement du Panel international de Haut niveau pour l’Eau et l’Assainissement en Afrique qui a pour objectif de développer des voies concrètes pour mobiliser 30 milliards de Dollars par an jusqu‘en 2030 pour les programmes d’accès à l’eau en Afrique.
- La Déclaration de Dakar ou Blue Deal qui continent les engagements sur des stratégies pour garantir le Droit à l’eau à tous à l’horizon 2030
- Le Lancement du Pôle Eau de Dakar un think tank avec pour vision de bâtir un cadre de référence en Afrique pour catalyser la coopération, un dialogue inclusif, la gouvernance et le développement de solutions innovantes sur l’eau ;
- La signature de plusieurs conventions et l’expressions d’engagements de financement des projets du secteur par la Banque mondiale, l’Union européenne, la Banque africaine de Développement, les USA à travers l’USAID, etc.
Face à ces succès et progrès notés, il y’a nécessité de poursuivre la réforme hydraulique rurale, ainsi que renforcer la gestion des inondations et la maitrise des eaux pluvieuses en milieu urbain.
Par Nioxor TINE
LE CONGRES DES SILENCES COMPLICES
On a plutôt assisté à une disparition progressive de la capacité d’indignation, qui était la marque de fabrique de dirigeants comme Amath Dansokho.
Les congrès du PIT se suivent, sans se ressembler ! Au glorieux cinquième congrès tenu en 2010 au stade Lat-Dior de Thiès, dans une atmosphère d’effervescence citoyenne, en rapport avec les Assises nationales, allait succéder en 2016, un sixième congrès marqué par des luttes internes de positionnement pour le pouvoir.
Il faut, à la vérité reconnaitre, que le passage de témoin, lors de ce congrès, entre les honorables ainés et les jeunes cinquantenaires, nés peu avant l’indépendance formelle, suscitait beaucoup d’espoirs. Hélas, on s’est finalement rendu compte, depuis lors, comme avec le président Macky Sall, que rajeunissement ne rimait pas forcément avec innovations et progrès.
On a plutôt assisté à une disparition progressive de la capacité d’indignation, qui était la marque de fabrique de dirigeants comme Amath Dansokho. Ils ne se sont jamais laissés dominer par l’ivresse du pouvoir et ont su, quand il le fallait, donner de la voix, quitte à perdre leurs positions et avantages, d’abord face au régime socialiste dénoncé pour sa mal-gouvernance puis à celui libéral accusé de trahir les idéaux démocratiques avec sa constitution d’essence monarchique de janvier 2001. Nous devons, hélas constater, que les nouveaux acteurs politiciens, à de très rares exceptions, privilégient les calculs politiciens aux positions de principes. C’est ce qui explique ces reniements répétitifs du président Macky Sall de ses engagements comme la réduction de la durée de son septennat et ses manœuvres machiavéliques pour postuler à un troisième mandat inconstitutionnel depuis le référendum de 2001 confirmé par celui de 2016.
Cette fâcheuse habitude à trahir les engagements pris devant le peuple, qui se révèle maintenant être l’ADN de la coalition Benno Bokk Yakaar, s’est manifestée au septième congrès du P.I.T, qu’on peut qualifier de congrès de la langue de bois et des silences embarrassés voire complices, qui ont fini par devenir embarrassants pour tous les militants de la gauche véritable. De telle sorte que ce qu’il faut retenir de ce congrès, c’est moins la rhétorique brillante que le mutisme gêné.
Ainsi, les dynamiques néfastes de judiciarisation du jeu politique ayant pour objectif d’écarter des adversaires (considérés plutôt comme ennemis) politiques doublée d’une militarisation outrancière de la vie publique sont ignorées par un des partis sénégalais, qui a payé un lourd tribut dans la lutte pour les conquêtes démocratiques dans notre pays.
De fait, au moment où le congrès se déroulait, des centaines de militants d’opposition et de journalistes se trouvaient dans les geôles du régime, le plus souvent pour avoir fait valoir leur droit à la liberté d’expression ou pour des délits, non prouvés, à notre connaissance, liés à la sécurité publique.
Le drame, c’est que c’est le P.I.T nouvelle formule, avec d’autres partis se réclamant de la gauche, qui apportent une caution morale aux turpitudes apéristes, tout en accablant des partis d’opposition victimes d’ostracisme et de répression féroce.
Au total, alors que les Sénégalais attendaient, comme de coutume dans le passé, du septième congrès des perspectives claires et des réponses nettes, ils ont eu droit à une multitude de points d’interrogations qui renseignent sur le désir d’entretenir le flou, de refuser de rendre compte de sa gestion politique et aussi de faire le bilan d’un compagnonnage de plus en plus inquiétant au sein de Benno Bokk Yakaar.
Ces alliés de Macky Sall ont réussi la prouesse d’isoler le Parti des forces vives regroupées au sein de F24. Quels pincements au cœur, quand on se rappelle qu’en 2011, le Président du PIT était chargé, aux côtés d’Alioune Tine, de coordonner le M23, dans la lutte contre le troisième mandat illégal auquel aspirait Me Abdoulaye Wade !
Au plan interne, la cohésion et l’unité idéologique ont fait long feu, mettant à mal la fameuse maxime d’Amath Dansokho, symbole d’ouverture et de tolérance, qui voulait que le Parti soit un regroupement d’hommes libres en quête de plus liberté.
L’esprit de camaraderie et de fraternité militante ont cédé la place à l’agressivité, à la diabolisation et aux procès d’intention, voire à la stigmatisation et l’exclusion de tous ceux qui ont l’outrecuidance de ne pas se conformer aux stéréotypes imposés par la machine de propagande du pouvoir.
Ils sont taxés d’étrangers bi-appartenant et /ou – injure suprême au sein de la majorité présidentielle – de pastéfiens ! Cela frise le ridicule venant de thuriféraires zélés du parti APR, qui ont fini d’arrimer la gauche réformiste au char de l’autocrate en chef, dont les projets funestes risquent de mettre le pays à feu et à sang !
La beauté de la femme africaine est un poème qui s'écrit chaque jour, un poème aux couleurs vibrantes, aux notes joyeuses et aux rythmes dansants, un poème qui transcende les apparences pour dévoiler l'essence même de la vie
La beauté de la femme africaine est un sujet fascinant et complexe, qui mérite une exploration approfondie. Dès le premier regard, la beauté de la femme africaine frappe par son intensité, sa vitalité et son énergie. Elle est une célébration de la vie, une expression de la force et de la résilience de la culture africaine.
La beauté de la femme africaine est un poème qui s'écrit chaque jour, un poème aux couleurs vibrantes, aux notes joyeuses et aux rythmes dansants, un poème qui transcende les apparences pour dévoiler l'essence même de la vie.
En Afrique, la femme est un tableau vivant,
Un chef-d'oeuvre créé par le divin,
Un poème qui chante dans le vent,
Une fleur qui s'épanouit dans le jardin.
Sa beauté, mélange subtil de traits,
De formes, de couleurs et de mouvements,
Fascine et ensorcelle, telle une voix de lait,
Une douceur qui apaise les tourments.
Dans sa peau d'ébène ou de miel,
Brillent des yeux d'une profondeur rare,
Des regards qui illuminent le ciel,
Et dévoilent une âme forte et avare.
Ses courbes, ses rondeurs sont un appel,
A la sensualité, à l'amour, à la vie,
Elles sont le reflet de sa beauté charnelle,
De sa grâce et de son énergie.
Ses vêtements, aux couleurs chatoyantes,
Sont comme des pinceaux qui peignent sa féminité,
Ils soulignent ses formes, ses mouvements,
Et magnifient sa silhouette dans sa complexité.
Mais la beauté de la femme africaine,
C'est surtout son sourire plein de charme,
Sa force et sa résilience face à la peine,
Sa capacité à trouver la joie dans les larmes.
Elle est celle qui incarne la vie,
La mère, la sœur, l'amante, l'amie,
Portant sur ses épaules le poids de tous les jours,
Et s'efforçant d'alléger celui des autres, toujours.
Eloge de la femme africaine,
Symbole de la beauté universelle,
Chaque jour, elle nous emmène,
Vers un monde plus doux et plus réel.
Sur le plan physique, la beauté de la femme africaine est indéniablement unique. Elle est marquée par des traits forts, des formes généreuses et une peau d'ébène riche et veloutée. Mais il serait réducteur de s'arrêter à ces caractéristiques superficielles. La beauté de la femme africaine est avant tout une beauté intérieure, qui reflète sa force intérieure, son intelligence, son charme et sa joie de vivre.
En Afrique, la femme est le pilier de la société. Elle est mère, sœur, amante, amie, et elle porte sur ses épaules le poids de la vie. Elle travaille dur, souvent sans repos, pour faire vivre ceux qu'elle aime le plus. Elle est une gardienne des traditions, une transmettrice de la culture, et elle est respectée pour sa sagesse, sa force et sa générosité.
La beauté de la femme africaine est également marquée par son élégance naturelle. Elle sait comment se mettre en valeur, comment se tenir avec grâce et dignité, comment parler avec assurance et intelligence. Elle est capable de trouver de la beauté dans les moments les plus simples, et elle sait comment rendre la vie plus belle pour ceux qui l'entourent.
La beauté de la femme africaine est une beauté qui transcende les frontières et les cultures. Elle est universelle, intemporelle et intemporelle. Elle est une inspiration pour les artistes, les poètes, les musiciens et les écrivains du monde entier, qui ont cherché à capturer sa grâce et son charme depuis des siècles.
En fin de compte, la beauté de la femme africaine est une beauté qui doit être célébrée, honorée et respectée. Elle est une force vive et inspirante dans le monde, une incarnation de la vie, de l'amour et de la dignité humaine. Que nous soyons africains ou non, nous pouvons tous être inspirés par la beauté de la femme africaine et apprendre de sa force et de sa grâce.
La beauté africaine est un thème riche et fascinant, qui a inspiré de nombreux artistes et écrivains à travers les siècles. Parmi ces artistes se trouvent deux poètes d'exception, Léopold Sedar Senghor et David Diop, qui ont tous deux écrit sur la beauté de la femme africaine.
Dans son poème "Femme noire", Léopold Sedar Senghor décrit la beauté de la femme africaine à travers plusieurs images poétiques et métaphoriques. Il commence par décrire la femme nue, vêtue de sa couleur qui est la vie et de sa forme qui est la beauté. Cette femme est celle qui a nourri l'auteur, celle qui a bandé ses yeux avec la douceur de ses mains. Et puis, au cœur de l'été et de midi, elle se révèle à lui dans toute sa splendeur, comme la Terre promise qu'il a cherchée si longtemps.
La femme noire est également décrite comme un fruit mûr à la chair ferme, avec des extases sombres du vin noir, une bouche qui fait lyrique la bouche de l'auteur. Elle est la savane aux horizons purs, celle qui frémit aux caresses ferventes du vent d'est, celle qui a une voix grave de contralto qui est le chant spirituel de l'Aimée.
Enfin, la femme noire est comparée à l'huile qui ne se ride pas sous le souffle et qui repose aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali. Elle est la gazelle aux attaches célestes, avec des perles qui sont des étoiles sur la nuit de sa peau. Les reflets de l'or rongent sa peau qui se moire, et à l'ombre de sa chevelure, l'anxiété de l'auteur s'éclaire aux soleils prochains de ses yeux.
De son côté, David Diop dans son poème "Rama Kam" met en valeur la beauté de la femme africaine à travers des métaphores animales et végétales. La femme est comparée à un fauve, avec un regard qui attire et qui séduit. Sa bouche a une saveur de mangue, une référence à la douceur et à la saveur exotique des fruits tropicaux.
Le corps de la femme est décrit comme le piment noir qui fait chanter le désir. Son rythme chaleureux de hanche est si beau que la plus belle femme en est jalouse. Quand elle danse, le tam-tam Rama Kam, tendu comme un sexe de victoire, halète sous les doigts bondissant du griot. Et quand elle aime, c'est la tornade qui tremble dans la chair de nuit d'éclairs et laisse l'auteur plein de souffle de cette femme.
Ces deux poèmes offrent une description intense et poétique de la beauté de la femme africaine, une beauté qui est souvent oubliée ou ignorée dans le discours dominant de la beauté. Ils révèlent une image de la beauté qui est forte, puissante et sensuelle, qui attire et séduit, qui est à la fois sauvage et raffinée, animale et spirituelle.
La femme africaine est décrite comme étant belle, forte et dotée d'une aura spirituelle. Sa beauté est célébrée dans de nombreux poèmes et chansons, souvent en lien avec sa couleur de peau. Les poètes africains ont souvent utilisé la poésie pour exalter la beauté de la femme noire et lui rendre hommage.
Dans les poèmes de Léopold Sedar Senghor et David Diop, la femme africaine est représentée comme une déesse, un être divin, vénéré pour sa beauté et sa force. Senghor décrit la femme noire comme étant "vêtue de sa couleur qui est vie, de sa forme qui est beauté", alors que Diop décrit la femme Rama Kam comme étant dotée d'un regard de fauve et d'une bouche à la saveur de mangue. La femme africaine est également associée à la nature, comme une "savane qui frémit aux caresses ferventes du Vent d'Est" dans le poème de Senghor.
Mais la beauté de la femme africaine ne se limite pas à son apparence physique. Elle est également décrite comme étant forte, protectrice, douce et apportant calme et réconfort à ceux qui l'entourent. Dans le poème de Senghor, la femme est décrite comme étant la protectrice de la vie, portant sur ses épaules le poids de la vie et donnant tout pour faire vivre ceux qu'elle aime le plus. Dans le même temps, elle est décrite comme étant douce et apportant calme et réconfort, avec la douceur de ses mains bandant les yeux de l'auteur.
En outre, la femme africaine est associée à une aura spirituelle, souvent en lien avec ses racines et son histoire. Dans le poème de Senghor, la femme noire est décrite comme portant une lumière spirituelle, avec sa voix grave de contralto qui est le chant spirituel de l'Aimée. La poésie africaine est souvent un moyen de célébrer l'histoire et la culture africaines, et la femme africaine est souvent représentée comme étant un symbole de la force et de la résilience du peuple africain.
Elle est le pilier de sa famille, la gardienne de ses traditions,
Elle est l'âme de sa communauté, la force de son union,
Elle est mère nourricière, offrant son sein avec amour,
Elle est confidente, écoutant sans jugement ni détour.
Elle est sœur protectrice, toujours là pour réconforter,
Elle est amante passionnée, la flamme qui ne cesse de brûler,
Elle est amie fidèle, offrant son épaule pour pleurer,
Elle est une force de la nature, indomptable, insoumise, libérée.
Elle travaille sans relâche, de l'aube jusqu'à la nuit,
Elle n'a pas peur de se salir les mains, de tout donner sans bruit,
Elle est un modèle de persévérance, de courage et de dévotion,
Elle est la reine des combats, jamais vaincue, toujours en action.
Elle est la source de vie, l'âme de la communauté,
Elle transmet son héritage ancestral, son courage sans limite,
Elle porte sur ses épaules les espoirs de sa société.
Elle incarne la résilience dans un monde en perpétuelle lutte.
En somme, la beauté de la femme africaine est multiple et complexe, allant au-delà de son apparence physique pour englober sa force, sa douceur et sa spiritualité. Les poètes africains ont utilisé la poésie pour célébrer cette beauté et honorer la femme africaine, souvent considérée comme un symbole de la culture et de l'histoire africaines.
Par Jean Pierre Corréa
L'ANORMALITE SENEGALAISE DE LA NORMALITE.
Ensemble, essayons de sauver et de sauvegarder la notion de l'Etat qui doit être le prochain chantier de la République
« Les grands esprits discutent des idées, les esprits moyens des évènements, les petits esprits des gens ». Eleanor Roosevelt.
Le Sénégal et sa capitale Dakar accueillent depuis le 1er Mai la sixième édition du Forum Mondial de l'Economie Sociale et Solidaire (ESS), évènement a priori de portée universelle, et qui se déroule pour la première fois en Afrique. 4600 participants venant de 75 pays et des cinq continents, sont venus confronter à Dakar leurs espoirs, leurs doutes et leurs solutions, et aborder diverses problématiques de l’ESS, et tenter de réinventer un modèle de développement alternatif et complémentaire, plus inclusif et vertueux, qui propose un modèle social où les exclus du système formel, comme souvent les jeunes, les femmes et les personnes handicapées, doivent trouver leur place, sur l’agenda 2030 du développement durable.
Le Forum du GSEF 2023 de Dakar est l’occasion d’expliquer et d’illustrer avec des exemples concrets, à travers des plénières thématiques, des ateliers et des séances autogérées, des expériences d’économie sociale et solidaire à travers le monde, qui démontrent que la transition des économies "informelles" vers des économies formelles, territoriales, collectives et durables est une solution viable pour corriger les inégalités et atteindre les objectifs économiques, sociaux et environnementaux.
Dans un pays où l’on aurait dû normalement trouver cette proposition enthousiasmante, excitante et rassurante quant à l’avenir de nos jeunes et leur éviter d’aller offrir leurs désespoirs aux poissons de la Méditerranée, on a choisi, avec toute la désinvolture qui caractérise l’idée que l’on se fait souvent de nos priorités, de célébrer l’anecdotique, de mettre sous le tapis des problématiques urgentes de développement, tout en pulvérisant des années de travail abattu par des milliers de personnes à travers le monde, pour rendre notre monde juste plus supportable pour nos populations, notamment notre jeunesse, à laquelle le Maire de Dakar s’est adressé en ces termes exigeants, leur rappelant fort justement que l’Afrique qui se dessine sous leurs yeux se construira avec leurs mains !
Barthélémy Dias, dans son discours exhortait toutes les énergies tendues vers les « mieux-être » rédempteurs d’un Continent Africain à l’atmosphère gazeuse et incertaine, « qu’enfin, le moment est venu pour nous d’unir nos efforts, de faire vivre la solidarité entre nous, de mutualiser nos actions pour amplifier leur impact dans la vie de nos populations et d’adopter sans réserve les économies sociales pour un monde plus juste et plus équitable ». Concluant, doux rêveur que « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».
Il est possible d’imaginer qu’alors, les journalistes des 37 quotidiens dont les pages sont souvent désertées par les épineuses problématiques de développement, et ceux des chaines de télé dont les écrans ne nous proposent que de vivre à la surface des choses, ont commencé à s’ennuyer ferme et à mâchouiller leurs stylos, avant de se réveiller, excités comme des sacs de puces, lorsque le Président de la République, Monsieur MackySall, a encensé Barthélémy Dias, jusqu’ici, l’un de ses plus farouches opposants mais également le mentor politique de ce dernier, Khalifa Sall, candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle.
‘’Ya ngi doxal’’, lui-a-t-il dit en wolof. “Tu déroules’’, avant de paraphraser Me Abdoulaye Wade en lui disant, ironique et taquin : « Je dirai à ton papa, qui, lui, est avec moi, que son fils a bien travaillé ».
Et là, patatras !!!! L’Economie Sociale et Solidaire ? Rien à cirer !!!
Le Village des innovations ? Aller y faire un tour pour comprendre et expliquer aux Sénégalais quela viabilité et la durabilité de l’économie sociale et solidaire, passent par des alliances internationales, par une vitalité et un dynamisme des réseaux dédiés à l’ESS, et par une claire identification des espaces et des outils de coopération entre collectivités territoriales devant accompagner et développer l’ESS ?Ils ne sont pas souvent outillés pour se coltiner les problématiques du développement et d’en affronter la complexité de leur profondeur, préférant déposer leur prétention à la « Une » des journaux qui leur servent de surface…L’économie Sociale et Solidaire ?On verra ça plus tard. Silence !!! On vend nos « Unes » à des citoyens plus avides de nos « petites histoires » que des exigences qui nous feront côtoyer les rives escarpées de la « Grande Histoire ». Ci-gît le 6ème Forum Mondial de l’Economie Sociale et Solidaire, balancé dans les poubelles de notre gaudriole nationale.
Et Pourtant !!! Des réflexions emplies de bon sens, loin des « Zéros Sociaux » tympanisant, proviennent d’une interrogation délivrée, par des esprits ouverts à la poétique de la République, lorsque celle-ci se pique à…respecter nos intelligences, au lieu d’en faire un « bouillon d’inculture »…
Une grande partie de notre mal est illustrée par les interrogations et commentaires suscités par cette image totalement ordinaire dans toute République normale. Le fait qu'au Sénégal une poignée de mains entre le Maire de la capitale et le Président de la République soit considérée comme l'événement du siècle doit sérieusement nous interpeller.C'est la responsabilité des leaders politiques.Ils doivent former les militants à avoir un esprit républicain pour supporter ces gestes tout à fait normaux dans une République.
"Inculture" tu connais ? C'est ce qui nous a menés là...
Les commentaires négatifs illustrent la domination des clivages politiques affichés violemment au-dessus de ce que nous avons de plus précieux, qui est notre Patrie, incarnée par des institutions fortes et incolores. Ensemble, essayons de sauver et de sauvegarder la notion de l'Etat qui doit être le prochain chantier de la République.
Les difficultés du déroulement de la mission de Barthélémy Dias, à la tête de la Capitale du Sénégal, traversées en posant des actes, avec force et abnégation, aura su démontrer qu’il était stoïque et courageux et que le Président MackySall, ne faisant que constater qu'un maire qui a des idées et de l'ambition, pouvait être autonome, aura pu, en sus du geste républicain de sa participation à la célébration, le 4 avril dernier, de notre indépendance nationale, lui destiner le sentiment d’un réel respect normalement dû à tout adversaire politique.
Mais comme le disait jadis Eleanor Roosevelt : « Les grands esprits discutent des idées, les esprits moyens des évènements, les petits esprits des gens ». Quand nous aurons compris que « l’idée est au cœur du développement », nous pourrons alors goûter aux saveurs toniques de l’économie sociale et solidaire. Il faut juste faire baisser le niveau sonore de ce tétanisant brouhaha.
Par Fadel DIA
RETOUR AU PAYS POUR 9 ANCIENS TIRAILLEURS : LA FIN D’UN SCANDALE ?
Les images rappellent celles d’otages libérés par leurs ravisseurs et rendus à leurs pays, avec cette différence que les héros dont il s’agit ici, car il s’agit bien de héros et pas seulement à cause de leurs faits d’armes
Les images rappellent celles d’otages libérés par leurs ravisseurs et rendus à leurs pays, avec cette différence que les héros dont il s’agit ici, car il s’agit bien de héros et pas seulement à cause de leurs faits d’armes, ne sont ni des journalistes de guerre ni des espions de l’ombre, mais neuf vieux et dignes messieurs, nonagénaires pour la plupart, appuyés sur leurs cannes pour les plus vaillants d’entre eux, poussés sur des chaises roulantes pour les autres, et qui tous portent sur la poitrine une batterie de décorations à faire pâlir de jalousie le roi d’Angleterre !
Ces images auraient dû faire l’ouverture des journaux télévisés français, aux heures de grande écoute, pour qu’à défaut de susciter la compassion des Français sur une injustice vieille de plusieurs décennies, elles puissent au moins les sensibiliser à l’absurdité, par moments, de leur administration. Ces vieillards qui rentrent au pays ont en effet vécu pendant des décennies sous une implacable épée de Damoclès, sous la menace de voir leurs pensions militaires suspendues s’ils ne se soumettaient pas à l’obligation de quitter leurs familles et d’aller résider, la moitié de l’année, dans le pays qui leur versait ce qui était devenu pour eux une prime de survie ! Cela parait absurde et pourtant c’est la réalité et c’est comme si on leur disait : « Vous aurez vos sous, mais à condition que vous les dépensiez chez nous! »
LES PLUS GRANDS FLOUES DE L’HISTOIRE COLONIALE !
D’abord qui sont ces hommes? On les appelait « Tirailleurs Sénégalais », même si au fil des ans la plupart d’entre eux venaient principalement des autres territoires de ce qu’on appelait AOF ou AEF, et pendant près d’un siècle, de Saint-Louis à Fachoda, et plus tard hors d’Afrique, ils ont combattu pour la France, quelquefois contre les intérêts de leurs pays d’origine, contre ceux qui se battaient pour l’intégrité de leurs peuples, contre El hadj Omar Tall, contre Samori Touré, contre Béhanzin… Ils ont servi de chair à canon pendant la Première Guerre mondiale, et au cours de la seconde, ils ont donné à la France résistante sa première victoire à Koufra et ont fait partie des premiers soldats à débarquer sur les côtes françaises…
Ceux qui nous intéressent ici appartiennent à la dernière cohorte de tirailleurs, celle dont les membres ont servi de supplétifs à l’armée française quand elle écrasait la rébellion des Malgaches, quand elle affrontait le Viet Minh dans la jungle indochinoise ou quand elle s’entêtait à garder l’Algérie française. Ils ont payé cher leur engagement et parce qu’on leur faisait faire souvent le sale boulot, ils ont laissé de très mauvais souvenirs en Algérie ou à Madagascar, alors qu’ils n’étaient que de simples exécutants au service d’une politique qui les dépassait.
La mésaventure qui vient de trouver son terme à Dakar est loin d’être la première déconvenue vécue par les Tirailleurs qui ont été en réalité les plus grands floués de l’histoire coloniale française. A quelques mois de la fin de la Deuxième Guerre mondiale à laquelle avaient participé plus de 150.000 d’entre eux, ils avaient été prestement exfiltrés des unités combattantes et « rapatriés » de force dans leurs pays d’origine pour que la France puisse « blanchir » le défilé de ses troupes victorieuses. Non seulement l’expression « rapatriement » était inappropriée pour eux qui ne se reconnaissaient comme « patrie » que la France, mais sa mise en œuvre avait été si bâclée qu’on n’avait pas pris le temps de leur verser toutes les indemnités auxquelles ils avaient droit : primes de combat, de captivité, de démobilisation ou de traversée…
Le résultat c’est, entre autres, la tragédie de Thiaroye qui, selon l’historienne française Armelle Mabon, constitue « un crime de masse » dont le nombre de victimes dépasse largement les 70 morts reconnus par la France.
« ASSEZ DE MEDAILLES, ON VEUT DES SOUS ! »
Les Tirailleurs connaitront de nouveaux déboires quand leurs pays d’origine accéderont à l’indépendance et cette fois encore on les frappera là où ça fait le plus mal : à la poche. Leurs pensions seront « cristallisées », expression curieuse pour dire qu’elles sont gelées, déconnectées du cout de la vie, contrairement à celles de leurs anciens camarades français. Après avoir enduré son sort pendant des décennies, le sergent-chef Amadou Diop, dernier ancien combattant sénégalais de la Première Guerre mondiale, avait ainsi décidé, en 2002, de déposer un recours devant le Conseil d’Etat français pour s’élever contre cette injustice. L’institution lui donnera raison …sans accepter toutefois que la mesure soit rétroactive et surtout quatre ans après sa mort et le sergentchef, qui avait manqué de patience, ne profitera donc pas de « l’arrêt Diop »!
Les neuf vieux tirailleurs qui viennent d’être autorisés à percevoir dans leur pays ce qui n’est ni une prime ni une gratification mais une pension pour services rendus auront-ils la chance de jouir pendant longtemps de la fin d’une tracasserie administrative qui, vue d’Afrique, nous parait mesquine et aberrante ?Ils avaient été jusque-là contraints de vivre en France la moitié de l’année, dans des foyers de célibataires, dans des pièces exiguës sans toilette intérieure, dans le froid ou dans la grisaille, dans la solitude et dans l’ennui !C’était, leur avait-on dit, le prix à payer pour préserver un revenu inférieur aux eux tiers du smic du pays hote, mais, que voulez-vous, on ne se nourrit pas de décorations !Ils avaient eu beau protester , cela n’a servi à rien et, pour lever cette mesure, il a fallu une conjugaison improbable d’actions, de hasards et d’opportunités politiques :le combat d’une française elle-même descendante de tirailleur, un film avec en vedette un autre possible parent de tirailleurs et qui est surtout le plus populaire des acteurs français et enfin une sorte de dérogation présidentielle !
On ne peut que se féliciter que pour fêter leur « retour », notre pays ait fait preuve de téranga et de bons sentiments, qu’ils aient été accueillis avec les honneurs et reçus au palais présidentiel, et même à l’ambassade de France. Mais en réalité c’est à Paris qu’on aurait dû leur dérouler le tapis de la gloire, parce qu’ils ne se sont jamais battus que pour la cause de la France, et « sans état d’âme », précise l’un d’entre eux. C’était l’occasion de souligner l’injustice, l’incongruité, l’absurdité d’une mesure appliquée à des hommes dont le sacrifice est attesté par autant de médailles, comme si le règlement de pensions dont le montant est insignifiant à l’échelle de la France, au profit de personnes dont le nombre se réduit d’année en année, selon la loi de la nature, pouvait mettre en péril le trésor français !
Oui, en toute logique, c’est bien à Paris qu’on aurait dû escorter de leurs mornes résidences à l’aéroport, comme on escorte des porteurs de trophées, ces tirailleurs qui faisaient si joyeusement leurs adieux à la France. C’est le président français, toujours prompt à accueillir les otages libérés, qui aurait dû les saluer à leur embarquement, leur témoigner la reconnaissance de son pays et présenter ses excuses pour toutes ces années pendant lesquelles ils ont été privés de ce qui, en Afrique, donne du goût à des hommes qui sont dans leur condition: « vivre entre ses parents le reste de son âge » ! Toutes ces années passées en confinement forcé sont des années perdues, et à leur âge ces années-là n’ont pas de prix…
Par Bassirou DIENG
MACKY, UN FIN TACTICIEN ET "MAUVAIS" PRESIDENT...
EXCLUSIF SENEPLUS - Si une bonne partie de l’opinion s’en émeut, les partisans au dialogue s’en réjouissent et nous parlent de gestes normaux dans une République qui marche.
Son poignet de mains avec Khalifa Sall, Barthélémy Dias et Habib Sy, tous de la coalition Yewwi Askaan Wi, continue de faire couler beaucoup d’encres et de salives.
Si une bonne partie de l’opinion s’en émeut, les partisans au dialogue s’en réjouissent et nous parlent de gestes normaux dans une République qui marche.
Malheureusement le Sénégal n’est plus depuis quelques années cette République que l’on aimerait voir. Ce, d’autant plus que tous les fondamentaux sont bafoués par le « tacticien » Président-politicien qui gère la République de manière Machiavélique et selon ses intérêts et les intérêts de son camp. Quand tu es avec lui, tu peux bouffer sans aucun risque d’être traqué les milliards du Covid-19. Tu peux t’attaquer à des magistrats comme l’avait fait le Ministre Moustapha Diop de Louga. Tu peux débiter des insanités les plus scabreuses sur les Wolofs comme l’avait fait en 2017 Penda Ba de Fouta sans être inquiété. Tu peux insulter et demander l’assassinat d’un opposant sans être inquiété. Tu peux, tu peux, tu peux... même foutre le bordel dans ce pays mais jamais tu ne seras inquiété. Mais, si toutefois tu oses t’opposer démocratiquement à lui et refuses toute compromission, le Président-politicien usera de tous les moyens même anti-démocratique pour te faire la « peau ».
Mme Aminata Touré Mimi ne dira pas le contraire. Macky Sall n’a hésité une minute pour arracher illégalement son mandat de député malgré les plus de 5000 km qu’elle avait fait quelques mois auparavant pour lui trouver une majorité confortable dans un contexte où Macky Sall lui-même est honni par la majorité du peuple. Khalifa Sall qui l’avait soutenu aussi n’a pas échappé à la traque de Macky malgré le fait qu’il l’est appuyé en recrutant quand il était Maire de Dakar plusieurs de ses partisans. Karim Wade n’en parlons pas. Malgré tout ce que son papa Abdoulaye Wade a fait pour lui en le sortant du néant pour en faire un homme public et milliardaire, Macky Sall a déterré la fameuse Crei pour le traquer, l’emprisonner, le gracier avant de le déporter au Qatar. Les exemples sont nombreux. Je ne parle même pas de Ousmane SONKO qu’il poursuit depuis lors par tous les moyens pour le mettre hors d’état de nuire quid à brûler le pays.
Voilà, en effet, quelques petits exemples sur les 1000 qui vous prouvent que le Président-politicien n’en a cure des lois et règlements de ce pays qu’il dirige depuis 11 ans maintenant. Il n’en a cure des promesses qu’il a tenu sur le respect de la Constitution qui stipule dans son article 27 que nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. Macky n’aime que sa propre personne et le pouvoir. Quand il est affaibli, Il va, par tous les moyens, manœuvrer pour se renforcer et tenir le bon bout. Quid même à s’appuyer dans les épaules de certains opposants pour rebondir. Il l’a fait avec le Pds. La suite on le sait. Tous les grands responsables du Pds sont aujourd’hui à ses côtés. Il manœuvre du côté de F24 pour vaille que vaille les diviser et baliser son chemin vers un troisième mandat juridiquement et moralement impossible quid même à « dealer » sur le dos du peuple. À l’opposition d’éviter alors de tomber dans le piège du « tacticien-Président-politicien ».