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29 novembre 2024
Opinions
CE SÉNÉGAL QUE NOUS AIMONS
Lettre de Soutien et de solidarité à l’Imam Samb et à toute la jeunesse tijane malickite du Sénégal à l’occasion de leur rassemblement ce vendredi 28 avril 2023 à la grande mosquée de Dakar.
Lettre de Soutien et de solidarité à l’Imam Samb et à toute la jeunesse tijane malickite du Sénégal à l’occasion de leur rassemblement ce vendredi 28 avril 2023 à la grande mosquée de Dakar
Le Sénégal pourrait être défini comme l’histoire multiséculaire d’un Peuple ayant le même But et partageant assurément la même Foi au Dieu unique et Créateur. Cette devise que j’évoque dans les premières lignes de mon texte, et qui me permet de donner un supplément de sens à mon pays, je voudrais plus que jamais la magnifier. Et pour cause.
Personnellement, je mesure toujours le privilège qui est le mien, d’appartenir au Sénégal, pays de la Teranga, pays de la convivialité et de la cordialité sociale entre chrétiens et musulmans pour parler comme Abdoul Aziz Kébé. Ce pays, ouvert sur le reste du monde tout en étant enraciné dans ses valeurs culturelles propres, je prie et travaille de toute ma force pour qu’il continue d’être ce qu’il a toujours été : une terre de dialogue et de rencontre fraternelle en vue de la paix et du développement.
Assurément, c’est bien sur ces valeurs-de paix, de solidarité, de fraternité- que le Sénégal a bâti son destin et qui fait d’ailleurs sa renommée dans le monde. Comment alors ne pas mettre en exergue, ce Sénégal du respect de la différence religieuse et culturelle qui sont loin d’être source de division ? Bien au contraire, c’est notre unité dans la diversité qui a toujours constitué notre plus grande richesse.
Cette richesse, qui est d’abord le Peuple un et indivisible que nous formons au-delà de nos différences, est ce qui nous a toujours permis de consolider nos acquis démocratiques et notre progrès spirituel aussi et surtout.
Ce Sénégal d’hommes et de femmes conscients de leur appartenance à un Peuple singulier a toujours mis en avant les valeurs de solidarité et de fraternité sus-mentionnées. Dans ce Sénégal, d’hier et d’aujourd’hui, je le souhaite pour demain, nous avons toujours eu du respect pour les Anciens.
En écrivant donc cette lettre à l’Imam Samb et à toute la jeunesse malickite tijane de mon pays, j’ai l’intime conviction de défendre ce Sénégal que nous venons de décrire ci-haut. D’ailleurs, quand je pense à l’amitié qui a existé entre ‘Abdoul Aziz Sy Dabakh et le Cardinal Hyacinthe Thiandoum, je ne peux que me réjouir de perpétuer une tradition héritée de nos Anciens.
C’est la préservation de ce leg si précieux qui m’a poussé à vous adresser cette lettre de soutien et de solidarité, très chers compatriotes de la tarikha tijane et par extension, à tous les hommes de bonne volonté de mon pays. Par cette présente, et fidèle à ce Sénégal de toujours à nous légué par nos Anciens, je voudrais adresser mes chaleureuses et fraternelles pensées ainsi que mes prières ferventes pour et en faveur de l’Imam Samb. Evidemment, nos prières et souhaits de paix s’élargissent à toute la jeunesse malickite du Sénégal en particulier et à tous les sénégalais de manière générale.
Puisse notre cher Sénégal continuer de vivre dans la paix et la stabilité. De cette manière, nous vaincrons tous les discours de haine et de division.
Jumu’ah mubarak wal mukadass
PAR Ciré Clédor Ly
ALERTE SUR LA SITUATION DU JOURNALISTE BABACAR TOURÉ
Mon client est condamné à rester enfermé dans les locaux du commissariat central encore trois jours au moins, privé de toute visite de ses avocats et des siens, dans des conditions qui ne permettent aucun contrôle, par la seule volonté du Procureur
Le journaliste d'investigation Babacar Touré, gardé à vue sans raison juridique soutenable, semble t-il, sur instruction de dernière minute du trop puissant Parquet de la République, se trouve présentement dans les locaux du commissariat central de Dakar, alors qu'il a été déféré deux jours plutôt au tribunal où il aurait dû, dans les plus brefs délais c’est à dire le même jour , comparaitre devant le Procureur de la République qui devait soit le libérer immédiatement au vue du dossier, soit le placer sous mandat dépot pour être jugé au plus tard le 3eme jour ouvrable par un tribunal chargé d'établir le bien ou le mal fondé des accusations portées contre lui, soit comparaitre un juge d’instruction pour que ce dernier décide de l'opportunité ou non d'ordonner sa détention dans un lieux prévu par la loi.
Le journaliste a passé des journées entières entre les cellules de la cave du tribunal et celles des locaux de la police, dans des conditions dégradantes pour la personne humaine, ce qui interpelle toutes les organisations nationales et internationales chargées de contrôler les lieux de privation de liberté et de veiller sur les conditions de détention des personnes en attente d’être libérées ou jugées.
A tous les points de vues, le journaliste est juridiquement en détention arbitraire depuis son déferrement, parce qu'en dehors de la garde à vue et de la prolongation de celle ci strictement réglementées par la loi,le parquet ne justifie pas de son pouvoir de prolonger les supplices des citoyens présumés innocents, en les renvoyant entre les mains de policiers ou de gendarmes qui n’étaient plus habilités à les garder sous écrou.
Cette situation d’illégalité manifeste, engage la responsabilité aussi bien de l'ordonnateur que celle du gardien qui n'ignore pas l'absence de base légale de l’ordre reçu.
Pire encore, le commissariat central a interdit le droit de visite aux avocats de la défense, sur instruction du Procureur de la République, lequel s’arroge des pouvoirs que même un juge d'instruction ne possède pas.
En ma qualité d'avocat du journaliste d’investigation, j’attire l'attention sur l’illégalité du retour de parquet, qui n'est qu'une mesure violant plusieurs règles du droit international des Droits de l'homme et une détention arbitraire, parce qu'elle n'est pas ordonnée par un juge et n'est écrit nulle part dans la législation interne.
Cette mesure est une humiliation des avocats, en ce qu'elle constitue une grave entrave à l'exercice de la profession et une violation des Droits de la défense,de même qu'elle porte atteinte au fonctionnement régulier de l'institution judiciaire.
En ma qualité d'avocat, j’ai passé trois heures à essayer de voir mon client, afin de lui expliquer les trois seules possibilités qui s'offrent au ministère public à ce stade de la procédure et m'assurer de son état de santé. J’ai épuisé les voies légales pour le rencontrer, vainement.
J’informe par ailleurs l’opinion nationale et internationale, que j'avais adressé des correspondances au Procureur de la République pour avoir accès à des documents judiciaires qui confortent l'innocence du journaliste et le caractère fantaisiste des accusations portées contre lui. A cette heure-ci, aucune instruction n'aurait été encore donnée, alors que le temps presse pour la défense qui n'a aucun accés ni aucune information sur le dossier depuis que la police judiciaire a transmis ce dossier au procureur, ce quu est inadmissible dans un État de Droit.
La justice ne doit pas être un facteur destabilisateur d'une nation.Sa force réside dans la neutralité, la loyauté et la compétence des hommes qui l'incarne, ainsi que dans le respect de la dignité humaine et des lois.
Mon client est condamné à rester enfermé dans les locaux du commissariat central encore trois jours au moins, privé de toute visite de ses avocats et des siens, dans des conditions qui ne permettent aucun contrôle, par la seule volonté du Procureur de la République ce qui est encore inadmissible dans un État de Droit.
Les dérives et les abus gangrènent la justice sénégalaise qui doit être auditée , pour que la lois s'applique avec la même rigueur à ceux qui ont le pouvoir de les opposer et de les appliquer au citoyen ordinaire.
Maître Ciré Clédor Ly est avocat, membre du collectif de la défense du journaliste d'investigation Babacar Touré.
PAR Amadou Tidiane Wone
DU SENS DES CHIFFRES ET DES LETTRES
Apprenons à désarticuler, dans un but pédagogique, les discours lénifiants des « cadres » administratifs doctes et péremptoires, en touchant de plus près notre vécu au quotidien. la politique ne doit plus se juger dans les tribunaux
Les technocrates, surtout lorsqu'ils se politisent, ont l'art et la manière d’éblouir le public non averti par des phrases savantes et des mots clinquants qui résonnent comme des vérités bibliques…Pourtant, à y regarder de plus près, on réalise que leurs contes (comptes ?) de fées sont bien souvent plus proches du cauchemar pour les populations concernées, que de l'Eden promis par leurs mots répétés en boucle… Prenez le taux de croissance , la dette, l’autosuffisance alimentaire, l’émergence, etc. Lisez entre les lignes des statistiques élogieuses qui allongent le communiqué du Conseil des ministres…Que des chiffres et des lettres dans une froideur inerte. Il nous faut impérativement, pour faire œuvre utile, revisiter toutes ces litanies ésotériques qui reçoivent en écho comme des murmures de non-approbation du peuple qui trime.
Prenons la dette. On sait que la dette du Sénégal est passée de 200 000 frs en 2011 à 747 000 frs par citoyen sénégalais. Elle a donc été multipliée par 4 en moyenne. Soit 7 474 000 à rembourser à terme pour une famille de 10 personnes.
Si on nous expliquait comme cela, en charges familiales nouvelles, les investissements en termes d’infrastructures, on s’interrogerait davantage sur le rapport entre leur coût et leur opportunité. Mais l’on se préoccuperait aussi des coûts réels et véritables des différents projets en cours. On doit nous expliquer la composition de la dette de 740. 000 cfa par Sénégalais, de manière simple et accessible à un citoyen non averti. Afin que chaque contribuable réalise que la pression fiscale qui ponctionne ses pauvres revenus est une conséquence de la dette qui augmente. On pourrait, par exemple, la décomposer en schématisant : 100 000 frs pour le TER, 100 000 frs pour l'autoroute, 300 000 pour X ou Y et même provisionner 200 000 frs de la dette restante par personne entre détournements et corruption ! Pour tout dire, apprenons à désarticuler, dans un but pédagogique, les discours lénifiants des « cadres » administratifs doctes et péremptoires, en touchant de plus près notre vécu au quotidien !
Les cadres des partis de l’opposition parlementaire, mais aussi les nombreux prétendants à des positions de service public d’une part, et de l’autre tous les militants de la bonne gouvernance et de la transparence, doivent se livrer à un travail de fourmi pour déconstruire le discours politicien qui tend à nous faire oublier des questions essentielles :
- Notre endettement est-il pertinent et raisonnable ?
- Avons-nous fait les meilleurs choix de partenariat, financier et technique, pour chaque projet en cours depuis 10 ans ?
- Les priorités données au transport et à la mobilité urbaine, en termes d’infrastructures physiques, sont-elles conformes aux intérêts supérieurs du pays dans le monde actuel et pour les vingt prochaines années ?
- Sur une échelle de 1 à 10, où en sommes-nous en termes de progression vers l’autosuffisance en riz promise depuis plusieurs années ?
- Quelle est la part de notre dette investie dans l'avenir de nos enfants : Éducation, Santé, Agriculture….
Le débat politique doit porter sur ces sujets cruciaux. Il doit sortir des caniveaux et nous éclairer. On doit comprendre, si possible, comment des fonctionnaires peuvent s’enrichir et de quel droit ? On doit savoir pourquoi des entreprises étrangères ôtent le pain de la bouche de PME sénégalaises qui aspirent à grandir ?
Au demeurant, la politique ne doit plus se juger dans les tribunaux. Mais se jauger à la barre du suffrage universel sur la base de bilans tangibles et discutables !
Enfin…
Une pensée et une prière, ardentes et sincères, pour le Professeur Malick Ndiaye qui vient de nous quitter. Il était courageux ! Vissé dans des convictions intimes fortes, il a toujours essayé de les étayer par des arguments rigoureux basés sur des recherches poussées hors des sentiers battus. En cela il était déroutant ! Cela faisait son charme et son panache. Sa disparition nous invite, encore une fois de plus, au recul et à l’écoute bienveillante entre nous !
Qu’Allah lui ouvre Les Portes de Sa Miséricorde Infinie et nous inspire le Bien.
Fils de la Jamaïque, fils de l’Amérique, et fils de l’Afrique, il a beaucoup fait pour les peuples noirs, sous toutes les latitudes. Il aimait les gens. Dieu qu’il savait aimer !
C’est un déluge d’hommages qui est déversé sur la mémoire de Harry Belafonte, éloges, l’annonce de son décès, ce mardi 25 avril. Précurseur dans la musique comme dans le cinéma, la superstar afro-américaine a aussi été un très efficace militant des droits civiques, aux États-Unis, doublé d’un humaniste et d’un panafricaniste qui a représenté beaucoup pour l’Afrique et les Africains.
Harry Belafonte a émerveillé des générations d’Africains, depuis les années cinquante. À l’époque où il éclaboussait tout de sa classe et de son talent, la ségrégation raciale était encore une industrie florissante, aux États-Unis, et en Afrique, la domination coloniale prospérait toujours. Pour les peuples africains, Belafonte était, plus qu’une fierté, la preuve vivante qu’un jour, comme dit un célèbre negro spiritual, persuadé, du fond du cœur, qu’un jour nous vaincrons : « Deep in my heart, I do believe, We shall overcome someday. »
Avec Sidney Poitier, il était alors, au cinéma, un des rares Noirs à échapper aux rôles d’esclaves ou de domestiques. Et même lorsqu’il se retrouve en amour dans un film avec une femme blanche, « Le monde, la chair et le diable », à la fin, les producteurs suppriment toutes les scènes d’amour, sous prétexte que l’Amérique n’était pas prête à accepter cela.
Lorsque avec sa seconde épouse, blanche, il trouve, à New York, l’appartement qui leur convenait, on le leur refuse, au motif que le quartier ne pouvait supporter un couple mixte. Alors, il achète tout l’immeuble de vingt-trois étages, s’offre les deux derniers, tout en haut, et cède le reste à des gens plus tolérants. Cela donnera naissance à la première copropriété de New York. À propos du racisme, il aimait répéter ceci : « Pour nous, en tant qu’êtres humains, la vie humaine n’a pas de couleur. »
MAME LESS CAMARA, LA PRESSE PERD SA RAISON CRITIQUE
La presse sénégalaise te pleure, orpheline d'un de ses plus grands monuments. Ton héritage mérite qu'on lui rende hommage en attachant ton nom à un prix, une école ou un événement. Mame Less, tu nous manques déjà et nous te pleurerons
Je suis entré dans le monde merveilleux du journalisme par les propylées de la presse écrite, grâce au majestueux écrivain Boubacar Boris Diop, Directeur de publication du quotidien Le Matin et toi, le médiagénique, le célèbre chroniqueur et l'influent éditorialiste, il y a déjà 23 ans...
C’est donc le cœur lourd que je prends la plume pour te faire mes adieux, suite à ta disparition ce matin du 29 avril 2023 à l'Hôpital Principal de Dakar, après une longue maladie.
Tu viens de laisser un vide immense dans nos cœurs et dans le monde du journalisme sénégalais.
Tu as été un doyen de la presse, un mentor et une référence ultime pour moi et pour tant d’autres : Alassane Samba Diop, Mamoudou Ibra Kane, Souleymane Jules Diop, Souleymane Niang, Abdou Abel
Thiam, Yaya Sakho, Georges Nesta Diop, Charles Faye, Yakham Mbaye, Massamba Mbaye, Boubacar Seck, Ousseynou Nar Gueye,Thiéfolo Koné, Alioune Fall, Diaw Mbodj, Mademba Ramata Dia, Odia, Ibou Fall, entre autres.
Spécialiste de Nietzsche, de Hegel et Hugo, homme d’idées et doté de grandes qualités humaines, tu as été un véritable homme d’Etat dans les médias. Chroniqueur politique sous le pseudonyme d'Abdou Sow, journaliste à la RTS, éditorialiste, directeur de publication, directeur de radio, formateur et journaliste intégral, ton parcours professionnel est un témoignage de ta passion pour le journalisme.
Tu nous disais avec insistance : "Chaque jour j’en sais moins que la veille. C’est pourquoi je vérifie trois fois avant d’écrire". Une humilité de plus en plus rare dans cette profession en quête et perte de sens.
Je me souviens du jour où tu m'as accueilli au journal Le Matin en 2000, m'initiant à l'esprit critique, au doute professionnel et à la triple vérification de l’information : la fameuse triangulation.
Grand Less, tu as été un guide, un modèle et une source d'inspiration pour tous ceux qui ont eu la chance de croiser ton chemin. Tu as été un passant considérable sur terre.
Aujourd'hui, la presse sénégalaise te pleure, orpheline d'un de ses plus grands monuments. Ton héritage mérite qu'on lui rende hommage en attachant ton nom à un prix, une école ou un événement. Ton engagement pour le renforcement d'un journalisme noble restera gravé dans les mémoires.
Parmi tes qualités qui nous manqueront tant, il y a ton humeur égale, ton humour, ton écoute attentive, ton ironie mordante et ton humilité profonde et sincère.
Je garde précieusement en moi le souvenir de l'invitation que tu m'as faite pour intervenir sur la couverture médiatique en période de campagne électorale face à tes étudiants. Même si ce rendez-vous ne pourra être respecté, je continuerai à perpétuer les valeurs que tu m'as enseignées.
La plume féconde et la voix autorisée que tu incarnais se sont tues à jamais, mais ton esprit et ta sagesse continueront de résonner en nous.
Mame Less, tu nous manques déjà et nous te pleurerons.
Repose en paix, cher mentor. Tu resteras à jamais dans nos cœurs et nos pensées.
PAR Racine Assane Demba
ADIEU MAME LESS
EXCLUSIF SENEPLUS - C'était un verbe élégant, une générosité dans le partage du savoir, une intelligence supérieure. Il était une mémoire lumineuse traversée par un grand regret au soir de sa vie : celui de n'avoir pu rédiger ses mémoires
Les êtres qui nous sont proches, auxquels nous portons une admiration sans bornes, sont habituellement des parents et des amis d'abord. Ensuite seulement, en les pratiquant dans les cercles familiaux ou amicaux, nous leur découvrons suffisamment de qualités pour les placer sur un piédestal.
Avec Mame Less, ce fut l'inverse. Je l'ai aimé avant de le connaître. Le charme de l'intellectuel sur le gamin que j'étais a opéré bien avant la complicité au sein de la parentèle.
J'étais jeune, le monde était fou, l'agitation régnait, la télé se contentait le plus souvent de divertir. Et un jour, assis dans le salon familial, un œil négligemment posé sur l'écran, il y est apparu. Puits de sciences dans un océan d'incertitudes, voix de la raison dans le bruit ambiant d'une société dont les fractures étaient de plus en plus visibles.
Je buvais ses paroles. Je dévorais ses textes. Ses analyses dont je ne percevais pas encore toute la profondeur et les subtilités suffisaient à me donner l'agréable impression d’être moins condamné à la bêtise.
Plus tard, au moment de choisir le métier de journaliste, il fit partie de mes influences décisives. Personne ne m'avait encore dit que nous avions le même sang. Celui du patriarche des îles dont sont issus sa mère et mon père. Celui pour lequel il évoquait notre cousinage ; évocation que je laissais volontairement aller en sens unique. Car, en plus de la différence d'âge, le qualificatif cousin m'apparaissait réducteur pour désigner un homme que j'admirais tant. Je l'appelais "doyen", à la fois par respect et pour affectueusement le taquiner. Il s'en offusquait. Nous en riions ensemble.
Mame Less, c'était un verbe élégant, une générosité dans le partage du savoir, une intelligence supérieure dont l'humilité échouait à réduire le scintillement. La première fois que je lui ai parlé, il m'avait invité ou plutôt convoqué chez lui par l’intermédiaire d’un autre membre de la famille. Il m'avait grondé sans se départir de sa bienveillance, me reprochant de ne pas chercher à raffermir les liens familiaux. Je promis de passer le voir et de l'appeler souvent. Je m'y suis tenu, autant que j'ai pu, jusqu'à ce que la maladie l'empêche de répondre à mes appels et messages annonçant une visite.
Quand un coup de fil pour prendre des nouvelles durait finalement une heure ou plus, il s'en autoproclamait responsable. "Je parle trop boy comme tous les vieux", disait-il dans un rire affectueux sans se soucier de mes protestations. Moi qui ne me lassais jamais de son érudition, de son regard pénétrant mais plein d'humour sur les mutations de la société, de ses références culturelles, de ses souvenirs de la RTS, de BBC, des chroniques dans Walf et Le Matin sous pseudonyme, du Synpics, du Cesti etc.
Il était une mémoire vivante et lumineuse traversée par un grand regret au soir de sa vie : celui de n'avoir pu rédiger ses mémoires du fait d'une vue déclinante. Il avait accepté ma proposition de l'enregistrer et de retranscrire nos conversations mais la mort a eu le dernier mot. Comme pour sa promesse de m'accompagner à la découverte de mes racines insulaires qui lui tenait à cœur et que désormais je devrais concrétiser seul.
Je l'ai connu tard, il est parti tôt. Je l'ai aimé de loin, et de près comme tous ceux qui l'ont côtoyé. Car il était impossible de ne pas lui rendre l'amour et la bienveillance dont il enveloppait les autres.
Nous perdons un grand esprit témoin de son temps, un formateur de consciences éclairées qui restera une inspiration pour de nombreuses générations.
Mame Less Camara fut bon.
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BÉNIN : LA MARMITE DU PRÉSIDENT
Pris dans la dureté de la gouvernance de Patrice Talon, des Béninois devraient consentir à des sacrifices et chacun devrait patienter puisque la marmite mijotait patiemment. Des années après, on fait le point avec le journaliste Marcel Zoumenou
Élu pour la première fois en 2016, passant des affaires ou pouvoir alors qu’il n’était jusque-là que bailleur des aspirants au pouvoir, les Béninois ont été pris de court par le système Patrice Talon : des impôts par ci et par là, des changement parfois brusques et sans mesure d'accompagnement... Très clairement, les Béninois sont invités à se serrer la ceinture.
Pris dans la dureté, voire la violence de cette gouvernance, malgré des changements, des Béninois devraient subir violences et endosser la pression sociale. Mais. Chacun devrait patienter puisque la marmite mijotait patiemment. Des années après, on fait le point avec le journaliste Marcel Zoumenou dans la deuxième partue de cette entrevue.
Alors que les citoyens subissaient la brutalité de sa méthode de gestion et se plaignaient, le président avait laissé entendre au détour d’une audience, dans un propos imagé que la marmite est au feu. Lorsque le repas sera cuit, tout le monde sera servi. Le repas est au feu le meilleur est devant.
En d’autres termes, des mesures et des réformes qui font mal, qui appauvrissent les plus pauvres, seront d’un intérêt pour tous demain. Et donc de patience. Quelque huit ans, après où en sommes-nous ? Le repas, est-il prêt ou mijote-t-il encore au feu ? Est-ce que les Béninois à côté des infrastructures, le projet de relance du tourisme avec les différentes infastructures, les Béninois vivent mieux ? Nous avons posé la question au journaliste Marcel Zoumenou, observateur de la vie politique béninoise et directeur de publication du journal La Nouvelle Tribune, à Cotonou.
Pour notre invité, c’est sans aucun doute le changement est réel sur le plan des infrastructures sauf que l’humain est laissé en rade. La priorité étant donnée aux choses.
L’humain n’est pas au centre de l’action de Patrice Talon. Et pour répondre à la métaphore de la marmite qui est au feu Marcel estime que cette dernière ne contiendrait vraisemblablement pas de repas mais une tisane amer qu’on à faire boire de force aux Béninois. Dit autrement, les citoyens continuent de subir la dureté du régime.
par Idrissa Ndiongue
KHALIFA SALL, LA CONSTANCE DANS LA POSTURE RÉPUBLICAINE
La posture de Khalifa est propre aux grands hommes d’état : ils ne se laissent jamais emporter par l’emballement du moment, l’émotion partisane ou les jugements de valeur. Lucide à toute épreuve
« Les grands esprits discutent des idées, les esprits moyens des évènements, les petits esprits des gens », écrivait Eleanor Roosevelt. Khalifa Ababacar Sall prend toujours position au nom de la République.
Le 21 octobre 2019, trois semaines après sa libération, devant une foule massivement venue répondre à l’appel, Khalifa Ababcar Sall s’adresse aux sénégalaises et sénégalais. Les ambitions de l’ancien maire de Dakar sont restées intactes. La case prison « controversée » n’est pas venue à bout de sa détermination. Il réaffirme son ancrage dans l’opposition, « avec responsabilité mais sans compromission, avec fermeté mais sans excès ».
Khalifa A. Sall affiche sa volonté de reprendre son projet politique là où il l’avait laissé. « Une grande Nation comme la nôtre ne peut se construire qu’à travers de grandes dynamiques autour des femmes, des hommes et des valeurs. Nous devons être ces femmes et ces hommes et incarner ces valeurs pour tracer un chemin d’espoir pour les millions de Sénégalais qui s’impatientent et s’angoissent. » Ceux qui s’attendaient à une posture de va-t’en guerre ont vite fait de déchanter « nous ne devons avoir ni haine ni rancœur, même dans l’adversité. Nous ne devons pas céder aux excès de la politique, ni perdre notre temps à ressasser le passé », dira-t-il.
Il se projette dans le futur et décline son projet de société à travers trois viatiques : la résilience, l’attachement à son identité idéologique (le socialisme) et la centralité des conclusions des Assises nationales dans son programme politique.
Des positions qui transcendent les appartenances
L’installation du président de la XIVème Législature lors de la session d’ouverture de l’Assemblée nationale, tenue le 12 septembre 2022, a donné lieu, à une série d'incidents. Des invectives ont fusé, certains élus prêts à en venir aux mains. Il a fallu l’intervention de la Gendarmerie, formant un cercle autour de l'urne, pour permettre aux députés de la mouvance présidentielle de designer Dr Amadou Mame Diop, dans un scrutin boycotté par l'opposition. Le comportement des élus du peuple avait tristement ému une partie l’opinion publique. Les deux camps se renvoient la responsabilité. Quand l’opposition dénonce « une violation flagrante » du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, le pouvoir évoque « l’irresponsabilité » des parlementaires issus de l’opposition.
Dans ce méli-mélo, les politiques prennent position, en fonction, bien entendu, de leur appartenance. Selon qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir, chacun prêche sa propre chapelle, refusant d’endosser le tort.
Khalifa Ababacar Sall alors président de la conférence des leaders Yewi Askan-Wi, principale coalition de l’opposition, prend sa plume. Dans une posture républicaine, l’ancien maire de la capitale sénégalaise dénonce « le déploiement des forces de la Gendarmerie qui inspire à la fois de la répulsion et de la tristesse », relève-t-il. Le maire honoraire de la ville de Dakar dira « ce déploiement renvoie une hideuse image des institutions de la République. Il est déplorable que la mouvance présidentielle en arrive à user de la force dans un espace de débats contradictoires par essence et d’expression de la pluralité démocratique ».
Dans une démarche équitable, le leader de la plateforme Taxawu Sénégal rappelle à qui veut l’entendre « la compétition politique ni les valeurs républicaines ne sauraient admettre une telle démarche de panique. L’abus, dans une démocratie, est à la fois périlleux, pour notre aventure collective, et condamnable dans un pays jadis cité en exemple ».
M. Sall invitera alors les élus de tous bords confondus à privilégier, dans leur mission, la responsabilité sous-tendue par les principes démocratiques. « La confiance du peuple doit s’illustrer au sein de l’hémicycle, dans la prise de parole, le comportement, la conduite, le vote des lois et cela en conformité avec l’intérêt exclusif de la Nation et le respect strict des lois et règlements de l’Assemblée nationale ». Le socialiste se dira ému « des entorses au règlement et des conduites inconvenantes qui ont entaché ce moment qui se devait d'être solennel ». Il réaffirme au passage sa détermination à placer « l’éthique au cœur de toute action politique ».
Une démarche constante
Khalifa Ababacar Sall affiche le même élan de constance républicaine à la suite de la déchéance de l'élue du peuple, Aminata Touré de son mandat de député. Il dénonce une « balafre faite à la démocratie ». L’ancien député condamne « une énième violation de la loi qui sape les fondements de l'équilibre des pouvoirs ».
Dans une posture républicaine inébranlable, il rappelle que la démocratie c’est des règles et chaque pouvoir doit conformer son action à la Constitution et aux normes de droit afin de préserver le socle de la République. Au demeurant, il regrette vigoureusement une « forfaiture et apporte son soutien total à l’honorable député Aminata Touré ».
Pour rappel, en 2017, à peine ouverte, l’instruction visant Khalifa Sall était close. Il est alors immédiatement placé en détention provisoire et inculpé. Certaines voix avaient en son temps martelé leur étonnement, dans une procédure qui prenait des allures de « course contre la montre ». Les partisans de Khalifa Sall dénonçaient « une célérité » suspectant un projet d’écarter le maire de Dakar, des élections.
Interrogée, l’ancienne Première ministre Aminata Touré, alors envoyée spéciale du président Macky Sall, rejetait-elle, en bloc toute présomption d’instrumentalisation de la justice, dans ce dossier. « L’Afrique a suffisamment souffert du détournement des deniers publics et de la corruption », déclarait-elle, sans ambages, à Jeune Afrique. Cette posture de Khalifa est propre aux grands hommes d’état : ils ne se laissent jamais emporter par l’emballement du moment, l’émotion partisane ou les jugements de valeur. Lucide à toute épreuve.
BABACAR NDAW
NI OUI NI NON, DE WADE À MACKY
L’histoire est-elle encore entrain de se répéter? En Afrique les fins de mandat sont toujours problématiques. En 2011, vers la fin de son 2ème mandat, Maitre Abdoulaye Wade Président du Sénégal d’alors était englué dans un dilemme cornélien.
L’histoire est-elle encore entrain de se répéter ? En Afrique les fins de mandat sont toujours problématiques. En 2011, vers la fin de son 2ème mandat, Maitre Abdoulaye Wade Président de la République du Sénégal d’alors était englué dans un dilemme cornélien. Si sa volonté de briguer un 3ème mandat était clairement affirmée malgré qu’il ait déclaré s’en limiter à deux quelques années plus tôt, le flou persistait sur les intentions prêtées à lui de vouloir procéder à une dévolution monarchique du pouvoir.
Le refus de trancher cette question par une déclaration solennelle mettant fin aux rumeurs persistantes savamment entretenues par l’opposition de l’époque sur cette question, a balisé le chemin d’une deuxième alternance dès 2012. En effet, la conjonction de la perspective d’un 3ème mandat et d’une dévolution monarchique du pouvoir a amplifié la radicalisation, puis l’élargissement du front anti Wade qui a fini par avoir gain de cause.
Le Président Macky Sall semble prendre la même voie, mais en sens inverse. Car si sa volonté est très clairement exprimée de vouloir continuer à mener à bon port la barque Benno Bokk Yakaar (BBY), le doute persiste encore sur sa décision de postuler à un 3ème mandat.
Entretenir le suspense sur une question aussi cruciale peut être fatal… Me Wade l’a appris à ses dépens
Pour l’un comme pour l’autre, le fait d’entretenir abusivement le suspense sur une question aussi cruciale pour les populations peut être fatal. Une arme politique aussi vitale que "le doute" se manie avec beaucoup de précautions. Autant elle te permet d’avoir les cartes en mains, autant elle peut se révéler comme un piège. En tirant trop sur la ficelle, Maitre A. Wade l’a appris à ses dépens en 2012. En sera-t-il de même du Président Macky Sall ? Saura-t-il prendre la bonne décision à temps ? Rien n’est moins sûr ! Une chose est claire, une rumeur non élucidée finit toujours par se muer en certitude si rien n’est fait pour l’arrêter à temps.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, un retard dans la clarification sur cette question pourrait beaucoup nuire à la candidature du président Macky Sall ou à celle de son dauphin éventuel. L’avantage d’être candidat de la mouvance présidentielle ou d’être Maître du jeu, ne garantit point une avance insurmontable. Les résultats issus des dernières élections législatives l’ont amplement démontré. Dans une démocratie qui a connu deux alternances consécutives, il faut toujours se méfier des humeurs du peuple. Gare à l’excès de confiance !
Pour être efficace, le Dialogue doit se focaliser sur les questions majeures
Le Sénégal traverse une crise politique majeure qu’il conviendrait de prendre à sa juste mesure. C’est peut-être la prise de conscience de cette situation complexe qui a motivé l’appel du Président de la République au dialogue ! Tant bien même qu’un gage de bonne foi aurait voulu qu’un acte fort de décrispation précéda cet appel, il semble que ce dialogue soit nécessaire pour aller à des élections apaisées. Ce dialogue pour être efficace, tenant compte du temps et du contexte, doit se focaliser sur les questions politiques et électorales majeures :
- L’amnistie ou la réforme de quelques articles du code électoral garantissant la participation de karim wade, khalifa Sall et Bougane en allégeant les critères de parrainage.
- La fiabilité du fichier et la sécurisation du vote.
- Un compromis politique fort sur les voies et moyens d’assainissement de la vie publique et la bonne gouvernance qui permet :
1- la libération des prisonniers arrêtés lors des manifestations politiques.
2- la trêve et/ou le sursis sur les manifestations d’hostilité ou de défiance aux institutions républicaines.
3- la nécessité de passer par les organes dédiés pour toute plainte ou récrimination contre les journalistes ou les organes de presse incriminés.
Pour ce faire, chaque entité doit y mettre du sien, pouvoir, opposition, comme société civile pour un compromis politique dynamique dans l’intérêt supérieur de la nation. Le Sénégal a su toujours trouver les ressorts nécessaires à travers ses dignes fils et filles et ses institutions fortes pour un consensus sur des questions cruciales engageant son avenir démocratique. Espérons que cette fois ci les subjectivités et les rancœurs ne l’emporteront pas sur la raison et le bon sens.
Vive le Sénégal !
Assane gueye
ALLERGIE AU LACTOSE
Dans un mariage heureux, on ne demande pas le divorce. Les collaborations bancales par contre finissent par se fracasser. Le séjour de Rewmi auprès de Benno n’a été utile ni pour l’un ni pour l’autre.
Dans un mariage heureux, on ne demande pas le divorce. Les collaborations bancales par contre finissent par se fracasser. Le séjour de Rewmi auprès de Benno n’a été utile ni pour l’un ni pour l’autre. À l’heure du compte, c’est plutôt chèrement payé. Dans l’affaire, Idy est précisément le plus grand perdant. Les soubassements de son dépaysement décidé en 2020 nous échappent encore. Mais un aller-retour est souvent le signe qu’on s’est perdu dans ses calculs et ses élucubrations. La déception arrive et embrouille les idées. Remettre au goût du jour l’histoire filandreuse du chef de l’opposition relève d’une déconnection totale. C’est un peu ouvrir un chapitre d’un livre mal refermé alors que les Sénégalais sont passés à autre chose. La finesse n’est pas à ce niveau. Elle est dans la faculté à se présenter en champion des propositions en évitant de donner le sentiment du funambule qui titube.
Les absents ont toujours tort. Les retardataires sont à terre après avoir de gaieté de cœur capitulé en rase campagne. La seule bonne nouvelle née de la séparation est venue de ses deux ministres et de son unique députée, d’ailleurs étrangement seule. Ils ont administré une preuve éloquente de fidélité, de loyauté et de dévouement en politique à l’égard du mentor, contrairement à d’autres que le pouvoir avait happés et devant lequel ils avaient faibli. L’étoffe du grand seigneur ne s’acquiert pas. Diattara, Ali Saleh et Mariètou Dieng ont eu le sens de l’honneur. Ils n’ont pas prêté le flanc en ne mangeant pas à tous les râteliers.
Une conférence de presse un jour de Korité
Ce qui était présenté avec emphase comme un potage pour lequel on se pourlèche les babines n’était qu’un gruyère frugal bourré de trous. « Dans un couple, quand vous entendez qu’on casse de la vaisselle à l’intérieur, il vaut mieux ne pas entrer. Il peut se liguer contre vous ». La phrase est d’un auteur dont on n’a pas souvenance du nom. C’est l’à-propos de l’image qui est ici le plus important. Voilà pourquoi il faut de la prudence et des pincettes suite au matraquage communicationnel simultané qui laisse pantois et perplexe. En effet, c’est rare de voir se tenir une conférence de presse un jour de Korité, moment propice pour les retrouvailles familiales où on met les petits plats dans les grands pour recharger les batteries après un mois de privation. La cure de silence nécessaire s’est transformée pourtant en bavardages inutiles. Que de fébrilités.
La crise de la citoyenneté
Dans un autre décorum, le président de la République a invité les confrères de Gfm pour délivrer son message. Fait rare pour le souligner et s’en féliciter. Quand un collègue marque un but, c’est toute la corporation qui doit être contente de tirer avec lui. Dans le jargon journalistique, l’exclusivité qu’on décroche est le plus souvent le fruit de l’entregent et du flair. Mais tout n’est pas parfait puisque quelque part, on a fait choux blanc. Les confrères n’ont pas obtenu grand-chose du chef de l’Etat, notamment sur son intention personnelle en matière de candidature. L’aspect le plus commenté a plutôt concerné les détenus ou otages politiques qui n’existeraient que dans l’imaginaire de ceux qui ont l’art de parler de ce qu’ils ne savent pas puisqu’une telle éventualité ferait tache sur la démocratie. Les prisons ont-elles été engorgées ? Si tel est le cas, ça serait le fait d’abord d’une société malade où l’école, la famille, l’expérience ne sont plus les valeurs de référence. Ouvrir les écoles et les conservatoires, ce sera au détriment des prisons. La crise de la citoyenneté débouche sur les situations les plus monstrueuses. Il n’y a pas de naïveté à avoir là-dessus. Dans un climat aussi délétère et un malaise social si grave, il n’est pas surprenant que la violence verbale, physique, gratuite et les troubles à l’ordre public supplantent les insurrections culturelles, scientifiques et citoyennes. Tout qui faisait l’exception sénégalaise dont la haine, l’immoralité ne sont pas conformes à son génie.
L’autre paramètre du débat a relevé du dialogue et les appels incessants dans ce sens. C’est le meilleur antidote aux conflits et fossés qui se creusent de plus en plus. Les préalables posés çà et là présagent toutefois d’un dialogue de sourds et du forceps à gogo. Au fond, il ne faut pas perdre de vue que la qualité d’une idée réside moins dans sa nature que dans les moyens qu’on se donne de la mettre en œuvre.