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29 novembre 2024
Opinions
PAR Guimba KONATE
LA SERENADE DES CAMELEONS
Nous sommes dans un pays particulièrement particulier, certains et ils sont nombreux, ne s’embarrassent pas de fioritures pour ravaler leurs paroles d’hier et enfourcher une nouvelle posture en totale contradiction avec ce qu’ils déclaraient, il y’a peu.
ENTRE TROISIEME MANDAT ET DEUXIEME QUINQUENNAT
LA SERENADE DES CAMELEONS
On prête à Blaise Pascal philosophe et mathématicien français du 17ème siècle cette boutade : « la parole a été donnée à l’homme pour masquer sa pensée ».
Au regard de tout ce que nous vivons dans notre pays concernant les multiples, innombrables et sidérantes déclamations des uns et des autres sur la probabilité voire la certitude et même l’obligation forcée du 3ème mandat on peut sans se tromper, lui donner RAISON.
En effet, s’il y’a un fait qui a littéralement vampirisé l’espace médiatique de notre pays, c’est bien l’affaire du 3ème mandat ou plutôt du 2ème mandat de quinquennat qu’on se plaît à nous seriner avec fortes élucubrations.
Malgré tout le dispositif législatif mis en place dans la Constitution et son article 27qui stipule clairement que « nul ne peut faire PLUS de deux mandats consécutifs» et qui avait en son temps été salué et accepté par presque TOUT le monde, il se trouve encore des voltefaces et autres reniements de paroles extraordinaires qui ne finissent pas de sidérer le bon peuple sénégalais.
Pourtant, la parole et surtout la parole donnée est SACREE et se doit d’être respectée pour être respecté et rester respectable. Mais comme nous sommes dans un pays particulièrement particulier, certains et ils sont nombreux, ne s’embarrassent pas de fioritures pour ravaler leurs paroles d’hier et enfourcher une nouvelle posture en totale contradiction avec ce qu’ils déclaraient, il y’a peu. Comme quoi, au Sénégal, on peut dire une chose et son contraire sans sourciller même si cela doit aller jusqu’à déclencher des vagues de violences et de destructions de biens difficilement contrôlables. De véritables oxymores, Et tout çà, JUSTE pour PLAIRE au Prince.
Cette attitude inqualifiable n’est pas sans rappeler celle du caméléon qui a la faculté de prendre la couleur de son environnement pour mieux se camoufler de ses ennemis et …de ses proies aussi. Car on l’oublie souvent, autant le caméléon est lent, très lent dans ses déplacements, autant il a une langue fulgurante qu’il lance sur ses proies pour les assommer et les engloutir vite fait. L’attitude de nos hommes politiques ou publics hier, farouches anti-troisième mandat , aujourd’hui thuriféraires zélés du 3ème mandat avec force cris et arguties incendiaires et guerriers, ne déparerait pas d’une forme de « caméléonite » aigüe et sans vergogne qui nous vaut toute cette sérénade insipide et dangereuse de « deuxième mandat du quinquennat ». On aimerait bien comprendre ce qui a bien pu changer pour que ceux qui étaient viscéralement CONTRE et l’ont déclamé urbi et orbi et sur tous les tons, en arrivent aujourd’hui à être POUR jusqu’à la mort . Et la mort de qui ? Celle des victimes innocentes des troubles engendrés bien sûr ! Il semble que l’odeur de l’ARGENT y soit fortement pour quelque chose.
L’argent permet de renier sa position, de vendanger sa dignité et de vendre son âme à l’encan pour changer de posture sans sourciller. N’est –ce pas qu’on peut changer de position au gré des circonstances comme le disait l’un d’entre eux? En réalité, aucun de tous ceux qui s’agitent pour un 3ème mandat ne peut donner une justification lumineuse qui expliquerait que cela vaille de ravaler sa vomissure pour soutenir tout le contraire de ce qu’on abhorrait hier seulement. AUCUN. Les arguments pour ne pas dire les arguties avancées par les uns et les autres cachent mal les âmes de souteneurs, juste pour l’Avoir et le Pouvoir. De véritables et dangereux manipulateurs qui n’hésiteraient pas si d’aventure la roue venait à tourner, à se gargariser toute honte bue, d’y avoir contribué en manœuvrant en sous-marin pour le résultat obtenu. Afin de rentrer dans les bonnes grâces du nouvel élu. On connait la musique. Ils ne sont là que pour eux-mêmes. REPUGNANT.
Pourtant GANDHI le MAHATMA , avait averti : « la personne la plus dangereuse , c’est le MENTEUR » et toutes les religions révélées nous enseignent qu’il ne faut pas MENTIR. MENTIR en français simple veut dire entre autres : «nier ce que l’on avait dit ». Et c’est exactement ce que font nos hommes publics sur cette affaire de 3ème mandat. Le VAR est là pour nous faire revivre les déclarations-chocs des uns et des autres jusqu’à celles du Prince soi même, sur l’impossibilité voire l’indignité de seulement penser à un 3ème mandat au Sénégal. TERRIBLE .
Au Sénégal, la politique serait donc un lieu commun où le mensonge systématique et codifié y serait une forme de conduite normalisée ? TRISTE Alors. Car autant « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ; autant « La politique sans éthique n’est que forfaiture et ndiouth-ndiath »
Pourtant, la limitation des mandats présidentiels à deux successifs, vulgarisée après le fameux « Dix ans, çà suffit » des jeunes de mai 68 à DE GAULLE. – sans être une panacée universelle - est tout de même une disposition consensuelle et salutaire, adoptée dans beaucoup de pays pour renouveler périodiquement le personnel dirigeant et éviter qu’une classe ou une catégorie particulière de politiques ne s’accapare du pouvoir trop longtemps et devienne gâteux. Tant il est vrai que : « le pouvoir corrompt. Et le Pouvoir absolu corrompt absolument.»
Mais le pouvoir a une saveur tellement particulière que nombre de ceux qui y goûtent une fois, n’arrivent plus à s’en passer et sont prêts à TOUT pour y demeurer de façon éternelle.
Ce qui explique que chez nous, dès que le deuxième et dernier mandat a été à peine entamé, la polémique suscitée, voulue, entretenue et orientée sur la probabilité voire même la possibilité d’un troisième mandat s’est invitée à certains niveaux et n’a cessé de s’amplifier, alimentée par des francs-tireurs et des sbires commis à la tâche. Par leur faute, le pays est plongé dans une atmosphère délétère et nauséabonde dont on n’a vraiment pas besoin par les temps qui courent tellement les VRAIES urgences nous interpellent de partout et dans presque tous les domaines de la vie économique et sociale de notre pays.
Mais on préfère tenir en haleine le pays entier par des projections divinatoires de pythonisse sur un troisième mandat qui ne sera véritablement d’actualité que dans un an . Sacré Sénégal !!!
Mais on n’est pas dupe, Et comme dirait le chanteur Tikken JAH « On veut nous mener en bateau mais on a tout compris».
Pourtant les exemples récents de tripatouillage ou d’interprétation orientée de Constitution pour forcer un troisième mandat indu est devenu un jeu dangereux pour les dirigeants africains en mal de légitimité. Et le cas récent de la Guinée voisine devrait servir de leçon à retenir pour quiconque.
Mais il semble que seul le feu qu’ils auront allumé eux- mêmes pourra arrêter les pyromanes «volontaires » .
DIEU NOUS GARDE ET GARDE LE SENEGAL.
Dakar le 28/3/2023
Guimba KONATE
DAKAR guimba.konate@gmail.com
la koronik de DOC GYNÉCO, par Juliette Bâ
RAMADÂNERIES
Revoilà le mois des frustrations hautement légitimes. Ndeyssaane... Avoir faim et être exalté d'avoir faim Dara dakhouko ahem ahem
Revoilà le mois des frustrations hautement légitimes. Ndeyssaane...
Avoir faim et être exalté d'avoir faim Dara dakhouko ahem ahem (raclass de la gorge ...)
Bon.
Bref. Allez appelons un chat un chat. Au début, vers les premiers jours-là, tout le monde est khobè ! Assiduité, persévérance, concentration... Euskay !
En plisss, il faut reconnaître que les cathos ont bien ouvert la voie... Avec calme, discipline, sérénité et dévotion khawma dévouement ...
Bref, ils étaient impliqués daal... comme chaque année, discrets, sans bruits... attendant sagement d'exploser le ngalakh ...
Marie Pauline Marie-Catherine Agathe et Espérance on choisis de ranger leurs chaussures compensées, leurs talons de 15 cm et leurs mini-jupe ... De Mame que leurs soutien-gorge rembourrés et fausses fesses en lycra et éponge ... et leur gloss couleur cerise aussi ! au placard !
Le temps de se rapprocher du petit Jésus pour 40 jours.
Fini le Mbalakh, l'Afrobeat et les cours de kizomba tous les jeudis, bonjour la musique chrétienne "Comment ne pas te louer" à tous les modes et à tous les temps, matin midi et soir...
Marguerite a décidé de se priver de Tik Tok.
Philomène a décidé d'arrêter de suivre les reines du Kongossa sur Facebook et même Marie-Madeleine cadre dans une banque a laissé tomber Tonton Birame, 75 ans, son Sugar Daddy.
Ndeyssaane ...
Dans tout Ndakaru, les petits cochons commencent à transpirer à grosses gouttes ... Ils ne savent plus à quelle sauce ils vont être embrochés...
EXCLUSIF SENEPLUS - On ne peut pas être aussi impopulaire que Macky Sall et vouloir conserver le pouvoir par tous les moyens. C’est politiquement immoral et dangereux pour la paix et la sécurité du pays
Le Sénégal traverse l’un des plus sombres moments de son histoire politique. Jamais dans son histoire politique, le pays n’a connu autant de répressions, d’arrestations et de morts du fait des pratiques dictatoriales du régime. S’il existe un domaine dans lequel le président Macky Sall a triomphé ces dernières années, ce serait bien l’injustice. Rester silencieux encore longtemps face à cette injustice serait d’une culpabilité pire que la violence des armes.
Paraphrasons le point de vue de Martin Niemöller sur la lâcheté des intellectuels allemands qui observaient, sans rien dire, le pouvoir nazi éliminer les opposants, un à un.
Quand ils sont venus chercher les journalistes, je n’ai rien dit, parce que je ne suis pas journaliste.
Quand ils sont venus chercher les activistes, je n’ai rien dit, car je ne suis pas activiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je ne suis pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les membres du parti Pastef, je n’ai rien dit, je ne suis pas de Pastef.
Puis, ils sont venus me chercher, et il n’y a plus personne pour protester.
Le régime de Macky Sall n’est pas sanguinaire comme le pouvoir nazi, mais il fait tout ce que font les dictatures : réduire les voix discordantes en silence par tous les moyens.
Résister à loi de la force
Le gouvernement est censé assurer la stabilité, l’ordre et la sécurité des personnes et des biens. Cependant, à chaque fois qu’il vous dit que « force doit rester à la loi » c’est pour appliquer la loi de la force. On substitue la force à la loi en manipulant les autorités administratives, judiciaires et policières qui sont censés faire respecter la loi.
Dans beaucoup d’autres situations, on manipule les lois pour cibler et réduire au silence les critiques. Les lois les plus instrumentalisées incluent la loi sur la diffamation, le délit d’offense au chef d’État, les lois sur le terrorisme qui assimilent les discours politiques et les manifestations à des troubles à l’ordre public, et même des actes terroristes. Telles qu’elles existent actuellement, la loi sur la diffamation et la loi portant offense au chef de l’État sont des violations flagrantes de la liberté d’expression. Elles le sont d’autant plus qu’elles prévoient des peines de prison, et mêmes des conditions d’inéligibilité pour les condamnés. Ces lois sont archaïques et doivent être abolies, purement et simplement.
La plupart des Sénégalais auraient souhaité pouvoir défendre leurs droits constitutionnels, y compris celui de protester pacifiquement, sans jeter une seule pierre. On peut s’indigner face aux destructions matérielles au cours des manifestations, mais il ne faut surtout pas oublier que la démocratie sénégalaise est un bien public. Elle vaut beaucoup plus que les objets et infrastructures matériels. La démocratie a permis de préserver des vies humaines ainsi que les libertés politiques sans lesquelles Macky Sall n’aurait jamais accédé au pouvoir. Devrions-nous nous abstenir de toute réaction lorsque Macky Sall et son gouvernement passent leur temps à saccager ce bien collectif pour lequel des hommes et des femmes se sont combattus au péril de leurs vies ?
Légitimité perdue
Le régime de Macky Sall est légal, mais il n’est plus légitime compte tenu des répressions et des carnages financiers successifs perpétrés en toute impunité.
Jamais dans l’histoire, le Sénégal n’a connu un chef d’État aussi impopulaire. On ne peut pas être aussi impopulaire et vouloir conserver le pouvoir par tous les moyens. C’est politiquement immoral et dangereux pour la paix et la sécurité dans le pays.
L’affaire de diffamation par laquelle on cherche à faire condamner l’opposant Ousmane Sonko à tout prix pour qu’il ne participe pas à l’élection présidentielle de 2024 risque d’être la tentative d’élimination de plus. Cet épisode pourrait sonner le glas du régime. Ousmane Sonko libre et actif dans l’opposition serait moins dangereux pour le gouvernement que sa condamnation et son exclusion de la prochaine compétition politique.
Moda Dieng est professeur agrégé en études de conflits, Université Saint-Paul, Ottawa, Canada.
Par Mamadou Ndiaye
OPACITÉ
L’Amérique veille au salut de l’Afrique. Tu parles… ! Washington s’épanche très peu sur le continent noir perçu comme un sac de nœuds voire un univers clos où rien ne paraît simple.
L’Amérique veille au salut de l’Afrique. Tu parles… ! Washington s’épanche très peu sur le continent noir perçu comme un sac de nœuds voire un univers clos où rien ne paraît simple.
Au contraire tout y est compliqué voire complexe comme l’Orient ! Erigée en doctrine, cette méfiance se double d’un désintérêt fondé sur un préjugé aussi tenace qu’un atome.
C’est à croire qu’un principe abstrait gouverne l’esprit de tout pouvoir qui s’installe à la Maison Blanche. Le mystère n’a jamais été percé. Le sera-t-il un jour ? Dieu seul sait. Il règne ainsi une sorte d’opacité transmise de générations en génération. Peut-être qu’un jour pas lointain, l’Afrique cessera d’être un « lieu vide » pour redevenir une destination fréquentable parce que digne d’intérêt.
Pour toute chose, les Américains raisonnent en termes d’avantage. Ils ont horreur du préjudice. Ils détestent les contraintes, à moins d’y être… contraints. Or il y a bien longtemps que le « rocher bien placé ne modifie plus le tracé du fleuve ».
Les Etats-Unis restent encore forts et puissants. Mais ils ne règnent plus en maître absolu du monde. Tout redevient relatif. Car entretemps, d’autres puissances montantes leur contestent ce monopole et, de concessions en perte d’influence, le « jeu » s’équilibre ou se rééquilibre avec de nouveaux enjeux qui redistribuent les cartes du leadership mondial.
Pour s’éviter des soucis et ainsi échapper au chaos qui se profile, l’Amérique se redéploie en Afrique où se dessinent de nouvelles perspectives. Bien évidemment, ce regain d’intérêt est synonyme d’appétence avec une folle envie de convoiter des ressources et des positions dites stratégiques sur un fluctuant théâtre d’opérations.
Les hésitations de Washington lui coûtent cher. La lointaine Chine marque des points et offre une alternative que les Africains examinent non sans intérêt. La différence d’approche, même si elle n’est pas très lisible, s’apprécie mieux par l’offre qu’elle présente et qui repose sur le séduisant crédo du « gagnant-gagnant ».
Certes, le concept présente une ambiguïté. Mais celle-ci est vite balayée par des résultats « palpables » obtenus dans des délais relativement courts. Pas de longs ni coûteux préalables. Lesquels ne sont, aux yeux des Africains, qu’une « sèche perte de temps » et pire, une volonté surnoise de dissimuler des sentiments dans une intention somme toute malveillante.
Kamala Harris, la vice-présidente américaine arrive en Afrique dans ce contexte de doute et de soupçons. Elle visite des pays qu’elle a bien connus dans une précédente vie. Sûrement ce vécu antérieur en Tanzanie et en Zambie la prédispose à jouer la carte de proximité pour espérer grapiller des dividendes politiques, diplomatiques et économiques. Pourquoi pas même militaires pendant qu’on y est !
Dans le fond, Washington s’est toujours méfié des dirigeants africains post indépendance. Ils ne trouvent pas grâce aux Etats-Unis qui les considèrent comme des dictatures, des autocrates, des phallocrates, en un mot, des jouisseurs…
Dans l’esprit des dirigeants américains, les régimes africains méprisent l’économie qu’ils ont pliée à l’idéologie et à leurs fantasmes au détriment des peuples maintenus dans l’arriération, le dénuement, la paupérisation et avec les conflits, une errance sans fin notamment dans la partie orientale du continent où se rend justement la vice-présidente US avec un ciblage circonstancié des centres d’intérêt. Kamala Harris va ainsi découvrir un continent qui se change.
Par un effet générationnel, de nouvelles forces émergent, une nouvelle lecture de la marche du monde se décline. Les jeunes d’Afrique constituent une force d’appoint, un socle de transformation et un atout majeur dans les dynamiques démographiques qui s’annoncent.
Combiné aux richesses, l’atout-jeune sera déterminant dans l’ordre des priorités si la formation à bonne école est planifiée avec plus d’aptitude à prendre son destin en main, plus de compétence technique pour rivaliser avec d’autres aires géographiques et plus d’assurance parce que les jeunes seront ainsi biberonnés à l‘amour de l’Afrique à la fois « mère et sève nourricière ». Plus que d’autres puissances étrangères, les Etats-Unis auraient pu revendiquer plus d’attachement au continent noir en misant sur sa communauté afro-américaine.
A l’image des Américains d’origine irlandaise, italienne, anglaise, écossaise, allemande ou française, les Afro-Américains représentent une force de légitimation du soutien à l’Afrique. Marshall a donné son nom au Plan qui a permis à l’Europe, à genoux, de se redresser au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le passé esclavagiste de l’Amérique n’aide pas le pays à se surpasser en se débarrassant de ses lourdeurs historiques.
En outre la culture anglo-saxonne, nourrie de suprémacisme, appréhende le rapprochement avec l‘Afrique comme la renaissance (si ce n’est la réhabilitation) de l’Africain-Américain qui découvre par ce biais sa profondeur historique et une lancinante base de reconquête d’une fierté enfouie.
A ce sujet, la Présidence Obama a été correcte et rectiligne. Sans relief toutefois. Il lui a manqué de l’audace pour percer le rideau et aller à l’assaut des immobilismes. Son passage a certes marqué les esprits au plan symbolique, mais il a fait moins que Clinton et Bush Junior qui ont impulsé des dynamiques ayant valu des progrès tangibles tant dans la croissance (Agoa) que dans la santé avec le Plan Malaria.
La société américaine est traversée de lignes de démarcation identitaires. Elles fragilisent une nation déjà traumatisée par des violences inouïes souvent d’ordre racial. Sa démocratie elle-même vacille à force de concessions faites à des catégories de populations au détriment d’autres qui se sentent lésées, donc marginalisées. Conséquence : la violence explose !
Vis-à-vis de l’Afrique, les Etats-Unis sont dépourvus de vision cohérente. En d’autres termes, il manque à ce grand pays des visionnaires de la trempe de Jefferson, de Lincoln, de Martin Luther King. Mais quand on eu Trump, il ne faut pas espérer une Amérique des « Nouvelles frontières », une projection bien kennedienne en pleine guerre froide.
Trump a été un joueur de comédie de boulevard. Egoïste, il ne pense qu’à lui en premier. Jamais aux autres. Sa politique de courte vue a privé les Etats-Unis de l’internationalisme, terrain sur lequel excellaient de prestigieux diplomates américains : Henry Kissinger, Colin Powell, Condoleeza Rice, John Kerry, Hilary Clinton et maintenant Anthony Blinken, pour ne citer que ceux-là. En outre Trump Donald a ruiné l’image de l’Amérique en sapant et sa notoriété et son prestige.
Ce rang dégradé profite quelque peu à la Chine qui avance partout des pions : route de la soie, technologies, communication, connectivité, espace, diplomatie active, investissements et indiscutable puissance financière. Pékin travaille son attractivité et ne lésine pas sur les moyens pour davantage séduire.
Quelle Amérique vient à la rencontre de l’Afrique ? Difficile de le deviner dès lors que persiste l’illisibilité de sa démarche.
Par Bruno d’ERNEVILLE
BBY, VOUS MANQUEZ DE CRÉDIBILITÉ POUR ÊTRE DES DONNEURS DE LEÇONS À L’OPPOSITION
Puisque faire un bilan n’est pas votre fort, ni même évaluer périodiquement, je vous informe que vous nous avez appauvris cinq fois. Il n’y a donc vraiment pas de quoi pavoiser pour le régime du BBY et les alternatives sont devenues plus que nécessaires
Selon SenCaféActu datant du 14 mars 2023, la conférence des leaders de BBY s’est réunie pour vilipender les pastefiens et en profiter pour déclarer que « l’opposition ne propose aucune alternative crédible ». Je voudrais leur répondre en plusieurs points:
1/ l’Opposition est plurielle et la violence crée la violence : il convient de rappeler que même si leur bête noire demeure Ousmane Sonko et sa coalition, cela ne devrait pas leur faire perdre de vue que l’opposition n’est pas réduite à Yewi et qu’une certaine frange, peut-être moins agressive travaille à se faire connaître et propose clairement des approches plus méthodiques et courageuses que celle de l’APR et ses satellites. A noter que sur de nombreuses critiques, dont le niveau de corruption, l’incurie de ce régime, les injustices et reculs démocratiques et des droits humains l’opposition est généralement d’accord, c’est cependant sur les actions à mener qu’il n’y a pas encore consensus. Le gouvernement doit savoir cependant que la violence aveugle de l’Etat contre des citoyens réclamant leurs droits engendre une violence populaire préjudiciable à notre stabilité.
2/ Une alternative crédible au BBY ? Ce n’est vraiment pas ce qui est le plus difficile à l’examen des réalisations de ce régime. Bien sûr tout est fait en sorte qu’on ne débatte pas de bilan mais plutôt de troisième mandat légal ou non. Pourtant le bilan à afficher aurait été logiquement le meilleur argument pour justifier la demande d’une nouvelle confiance en ce BBY. Pour votre gouverne, gens du BBY, puisque faire un bilan n’est pas votre fort, ni même évaluer périodiquement, je vous informe que vous nous avez appauvris cinq fois !
Pour renforcer la mayonnaise vous nous avez endettés deux fois plus ! Le tout en seulement 12 ans ! Eh oui une simple comparaison des chiffres de croissance et d’inflation entre 2011 et 2022 (utilisant les données de la banque mondiale et celles de l’ANSD) montre que le différentiel croissance; l’inflation s’est aggravé cinq fois plus passant de -0,8% à -4,9%.
Dans le même temps, la dette de 34% du PIB en 2012 est passée à 67,2% en 2022, ce qui est bien un doublement de l’endettement. Que peut-on donc encore attendre de vous BBY ? Quel espoir pouvez-vous encore susciter ?
Cerise sur le gâteau, pour accélérer le cauchemar, nous vivons les affres de dérives autoritaires, arrestations intempestives des politiques, citoyens ordinaires, internautes, journalistes, apparaissant comme des tentatives de musèlement des citoyens. Malheureusement pour corser la situation on assiste à l’éclatement d’innombrables scandales dont on ne voit aucun début de règlement. Pendant ce temps la population souffre d’une pauvreté grandissante, d’une dégradation de leurs conditions de vie notamment dans les îles et les presqu’îles.
L’électrification reste pour beaucoup des promesses non tenues et la santé n’est toujours pas un service d’accès pour tous. Les plus pauvres subissent même des injustices aggravées dans l’accès aux services sociaux de base, on se souvient encore de l’affaire des bébés morts brûlés dans un hôpital. Sur le plan de la gouvernance, et ce n’est pas le moindre, un nombre astronomique, pour ne pas dire la majorité des Sénégalais est écœurée surtout quand les maigres économies de nos retraités sont dilapidées, saccagés sans coup férir et sans lendemain ! Le comble du cynisme n’est-il pas encore cette orgie inqualifiable avec les fonds Force Covid mise à nu par la cour des comptes ? Il n’y a donc vraiment pas de quoi pavoiser pour le régime du BBY et les alternatives sont devenues plus que nécessaires, vitales ! Nous devons protéger notre pays et ses ressources tant humaines que matérielles. C’est la mission de tout homme politique digne de ce nom.
L’opposition regorge de ressources capables de reprendre le Flambeau pour hisser le Sénégal là où il mérite d’être. Les populations sont invitées à juger d’elles-mêmes leur situation, à se projeter dans le futur pour imaginer leur sort si cette situation perdurait. Alors elles verraient que TER, BRT, Bourses familiales, etc n’ont pas vraiment créé de la richesse, ni amélioré sensiblement leur sort, c’est la réalité, la dure réalité de la gouvernance de Benno Bokk Yakkar !
par Madieye Mbodj
DÉMOCRATIE : DE QUOI LE SÉNÉGAL EST-IL L’EXEMPLE ?
Macky Sall se suffit de la concentration entre ses mains de tous les pouvoirs, en vertu du présidentialisme néocolonial en vigueur dans notre pays depuis le coup d’Etat de Senghor de décembre 1962
Dans le communiqué du Conseil des ministres du 22 mars 2023, le Sénégal est vanté comme… « un exemple de démocratie » ! Pourtant à l’épreuve des faits, le régime néocolonial de prédation, d’autocratie et de servitude volontaire est en train déjà de franchir tous les Rubicon en matière de répression des opposants à son système, de violation des libertés démocratiques, de piétinement de la Constitution et des institutions dans notre pays. De quoi alors le Sénégal est-il l’exemple ? Récidive aggravée le 16 mars dernier contre Ousmane Sonko et son convoi sur le chemin du tribunal, lui-même et son avocat Me Ciré Clédor Ly gazés et aspergés d’un produit à la nocivité et aux conséquences à ce jour non encore totalement élucidées, amenant le leader de Pastef à ne même pas écarter l’hypothèse d’une tentative d’élimination physique dirigée contre sa personne ainsi qu’un groupe de députés Yewwi à porter plainte pour « tentative d’empoisonnement d’assassinat ». Seuls des thuriféraires aux ordres et de mauvaise foi, peuvent pousser l’indécence et le cynisme jusqu’à parler de « cinéma » ou de « malades imaginaires » à propos des malaises et problèmes de santé vécus en direct par, entre autres, Ousmane Sonko, Me Ciré Clédor Ly, le député Guy Marius Sagna. Marque éloquente de haine viscérale de classe, mépris criminel de la dignité de l’être humain !
De quoi le Sénégal est-il l’exemple pour que les tenants du pouvoir se mettent à crier au secours de leur ‘’démocratie’’, de leur ‘’république’’ et de leur ‘’Etat de droit’’ ? Leurs alliés de l’ex- gauche, feignant d’oublier que partout dans le monde, les progressistes et révolutionnaires authentiques sont, en toutes circonstances, les militants les plus conséquents, les plus résolus et les plus engagés contre les violations des droits fondamentaux ou libertés démocratiques conquises de haute lutte. Est significative à cet égard la courageuse prise de position publique sur l’escalade répressive en cours au Sénégal, assumée par plus d’une centaine d’intellectuels d’Afrique et du monde, à travers une Tribune intitulée REVENIR A LA RAISON, publiée le 21 mars dernier. Nos ex-gauches quant à eux choisissent de se taire sur ces ignominies, se contentant de lorgner vers les sinécures ou autres privilèges lâchés à leur intention par le régime de domination, d’oppression et d’exploitation, tout juste bons qu’ils sont désormais à servir devant l’Eternel comme insulteurs attitrés d’Ousmane Sonko !
De quelle démocratie le Sénégal est-il l’exemple ? Qui a eu à tirer sur des députés revêtus de leur écharpe aux couleurs de la Nation et à blesser sérieusement d’authentiques représentants du peuple et de l’institution parlementaire tels que Guy Marius Sagna et la dame Rama Anta Bodian ? Qui n’a pas hésité à chahuter la Constitution en tirant sur des militant-e-s de l’opposition manifestant pacifiquement leurs désaccords par rapport à la gouvernance calamiteuse en cours dans notre pays, ce en conformité avec le préambule de la loi fondamentale de notre pays qui « reconnaît cette opposition comme un pilier fondamental de la démocratie et un rouage indispensable au bon fonctionnement du mécanisme démocratique » ? Mais aussi en tirant sur des journalistes, gazés, blessés et empêchés d’exercer les obligations liées à leur profession ? Il s’y ajoute qu’en vertu de l’Article 8 de la Constitution, « la République du Sénégal garantit à tous les citoyens les libertés individuelles fondamentales », dont entre autres, les libertés d’opinion, d’expression, de la presse, d’association, de réunion, de déplacement, de manifestation, etc. Dans les faits, la violation des droits et libertés des citoyens et de leurs organisations est en train de devenir la norme au Sénégal, pas seulement à l’encontre des partis politiques, mais aussi des acteurs de la presse, des artistes, des leaders d’opinion et des animateurs des mouvements sociaux : menaces de mort publiques répétées sans aucune poursuite, arrestations, brimades, humiliations, agressions et kidnappings à donner le vertige, et la spirale des violences d’Etat continue d’être déroulée ! Ne chercherait-on pas même quelque part à dissoudre le parti Pastef, comme le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome en avait brandi la menace, à travers un communiqué diffusé tard dans la nuit du 2 janvier 2021 à l’occasion déjà du lancement du 1er nemmeeku tour de Sonko ?
De quelle démocratie donc le Sénégal est-il l’exemple ? Des centaines de responsables, militants et militantes de Pastef-Les Patriotes emprisonnés, des membres de la garde rapprochée d’Ousmane Sonko affreusement blessés, des militaires ‘’mystérieusement’’ disparus ou retrouvés morts sans explication ni suite, des journalistes arrêtés comme Pape Ndiaye de Wal Fadjri et avant lui Pape Alé Niang, des influenceurs tels que Nit Dof, Karim Gueye Xurum Xaq, Cheikh Oumar Diagne à plusieurs reprises embastillés ! D’honnêtes citoyens, de simples piétons en promenade, des élèves, des mineurs, même de vielles grand-mères, des handicapés physiques se déplaçant péniblement à l’aide de béquilles ou de fauteuils roulants, ont eu à subir les affres de la violence répressive ! Sans oublier les nervis qui se camouflent et agissent apparemment dans une impunité inacceptable. Quid de la tentative d’assassinat sur sa personne révélée dernièrement par le citoyen Dame Mbodj lui-même ? Et le cas du responsable national à la Communication de Pastef, le frère El Malick Ndiaye, astreint au port du bracelet électronique avant même d’avoir été jugé ? Et cette inquisition ou cet acharnement dirigés contre le responsable d’une clinique de la place et des membres du corps médical, quitte à organiser des fuites en violation du principe sacro-saint du secret médical ? Et encore tous ces jeunes à la fleur de l’âge que l’on continue de canarder en Casamance-, la ville de Bignona comptant à elle seule 5 morts entre mars 2021 et mars 2023, le dernier en date étant Mamadou Korka Ba, élève de 22 ans en classe de Terminale ?
L’inquiétude est bien grande par rapport aux graves menaces qui pèsent sur la paix civile et la stabilité nationale. Le président Macky Sall apparemment n'en a cure. Il se suffit de la concentration entre ses mains de tous les pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire, en vertu du système de présidentialisme néocolonial en vigueur dans notre pays depuis le coup d’Etat de Senghor de décembre 1962, parachevé par l’adoption d’une nouvelle Constitution en mars 1963. Misant ainsi sur sa machine répressive, sa justice inféodée et son administration politisée à outrance au seul service de l’Etat-Parti APR/BBY, le président Sall choisit de faire fi des leçons de l’histoire des luttes des peuples partout dans le monde, laquelle enseigne pourtant que la seule constante, le seul souverain et la force motrice de l’histoire universelle, c’est bien le peuple, uni, déterminé et organisé. Macky Sall quant à lui, s’obstine à s’enfermer dans une logique d’escalade tous azimuts, advienne que pourra ! Et comme au Sénégal le ridicule ne tue point, des pontes du pouvoir ont décidé, clament-ils, de porter plainte contre Ousmane Sonko pour… menées d’assassinat, insurrection et terrorisme ! Sont-ils tous devenus à ce point fous et paranoïaques pour priver de tickets d’entrée au Stade notre jeunesse fan de foot, lors du récent match Sénégal – Mozambique, au motif, dit-on, d’empêcher une présence importante de militant-e-s patriotes susceptibles de conspuer le président Macky Sall ?!
C’est ici le lieu d’exhorter l’ensemble des démocrates sincères, des patriotes authentiques du Sénégal et de l’Afrique à s’unir, plus fortement que jamais, afin d’en finir avec l’autocratie, la dictature, la terreur d’Etat et la régression tous azimuts. La mise en place, en cours, de la Plateforme de lutte des forces vives pour la défense et la consolidation des acquis démocratiques est à saluer et à encourager dans le respect mutuel entre ses différentes composantes. Il s’agit surtout de construire, au sommet comme à la base, un cadre unitaire de large rassemblement et de mobilisation comme instrument approprié de lutte pour la prise en charge efficace des revendications démocratiques, économiques et sociales communes aux partis, mouvements citoyens, forces sociales et syndicales, organisations et associations démocratiques, personnalités patriotiques, pour le respect des libertés, un code électoral consensuel garantissant la régularité et la fiabilité du processus, l’indépendance de la justice, l’instauration de l’équité, de la souveraineté, de la transparence et de la redevabilité dans la gestion des ressources nationales, ainsi que pour un secteur public d’éducation et de santé de qualité, pour la sécurité, l’emploi et le pouvoir d’achat, le développement, l’unité et la paix véritable au Sénégal comme plus généralement en Afrique et dans le monde.
Il est heureux d’ailleurs, dans cette optique, de noter la présence à Dakar de notre compatriote burkinabè Me Guy Hervé Kam, fondateur du Mouvement politique SENS (Servir Et Non se Servir), aux côtés d’autres confrères africains, venus renforcer fraternellement le pool d’avocats d’Ousmane Sonko. Exemple éloquent de construction, en actes et dans la lutte, du panafricanisme des peuples ! Tout aussi encourageant, le signal donné par les régimes en place au Mali et au Burkina Faso en vue d’une Fédération entre les deux Etats pour mieux contribuer, ce faisant, à faire avancer le projet de l’unité africaine si chère à nos devanciers.
De quelle démocratie le Sénégal est-il l’exemple ? Troisième mandat, fléau funeste en Afrique, et qui fait perdre la raison à certains de nos illustres dirigeants ! Après le « verrouillage constitutionnel » acté par le referendum de mars 2016, et fièrement brandi urbi et orbi, par le président Sall et son tailleur constitutionnel ci-devant ministre de la Justice, voici venu le temps du « déverrouillage médiatique », décrété au détour d’une interview accordée au journal français L’Express : désormais, plus aucun obstacle juridique à la 3ème candidature pour un 3ème mandat du président Sall ! Ebahie, l’ancienne Première ministre Mimi Touré en tombe des nues et nous autres alors ?! Le referendum du 20 mars 2016 portant révision de la Constitution, c’était donc de la fraude par omission concernant le verrouillage de la limitation des mandats présidentiels (CF son adresse de Ramadan au président Macky Sall en date du 23 mars 2023) ! Révision exceptionnelle des listes électorales sur moins d’un mois en lieu et place d’une révision ordinaire sur six mois, telle que prévue en année non électorale, privant ainsi d’inscription et de droit de vote pratiquement plus de 1 200 000 jeunes âgés de 18 à 25 ans ! En plus l’Etat-Parti APR-BBY se donne les moyens de choisir lui-même ses propres adversaires par des modifications sournoises du Code électoral (cas d’inéligibilité) ou par le biais d’un système opaque de parrainage, récusé par la CEDEAO elle-même dans le plus grand mépris des autorités sénégalaises ! De quoi donc le Sénégal est-il l’exemple ? N’est-il pas en train de se muer en modèle de dictature et de terreur d’Etat sur les traces des régimes autoritaires en place en Côte d’Ivoire, au Togo, au Tchad, au Gabon, au Cameroun et autres bastions de la FrançAfrique ?
Certes la paix et le dialogue sont souvent cités comme de précieuses vertus sénégalaises. Cependant, il convient de le souligner, le dialogue sincère et la paix véritable reposent fondamentalement sur la vérité des faits et la justice, ainsi que sur l’honnêteté consistant à ne jamais chercher à renvoyer dos à dos l’agresseur et sa victime. Après « le faux dialogue faussement national » de 2016 (selon l’expression d’alors de Yoonu Askan Wi), qui se souvient encore que le chef de l’Etat a décrété depuis 2018 « le 28 mai, Journée du dialogue national » ? Des Sénégalais-e-s patriotes, il en existe à foison dans tous les secteurs, attaché-e-s aux valeurs de justice, de paix et de construction nationale. Alors, sauf changement de paradigme ou respect de la lettre et de l’esprit de la Constitution et de la parole donnée, misons plus que jamais sur la mobilisation, l’organisation, la résistance, l’action démocratique de masse, l’intelligence, la lucidité et la vigilance de tous les instants, en veillant à avoir à chaque fois le bon droit de notre côté dans la conduite des combats ! Face à l’oppression et à l’injustice, à la dictature et à la terreur d’Etat, encore une fois, seule la lutte paie, seule la lutte libère.
Madieye Mbofj est vice-président de Pastef-Les Patriotes, chargé de la vie politique nationale.
NGŨGĨ WA THIONG'O SE JOINT À WOLE SOYINKA ET AUX 104 POUR DÉNONCER L’INSTRUMENTALISATION DE LA JUSTICE PAR MACKY SALL
L'un des intellectuels les plus célébrés sur le continent africain et dans le monde a exprimé le désir d’être rajouté à la liste des signataires de la tribune des 104 qui dénoncent la véhémente et brutale instrumentalisation de la Justice au Sénégal
Ce dimanche 26 mars 2023, l'écrivain kenyan, Ngũgĩ wa Thiong'o, l'un des intellectuels les plus célébrés sur le continent africain et dans le monde a exprimé le désir d’être rajouté à la liste des signataires de la tribune des 104 qui dénoncent la véhémente et brutale instrumentalisation de la Justice au Sénégal par l’actuel président de la République Macky Sall.
Écrivain de langue kikuyu et anglaise, membre de l'Académie américaine des arts et des sciences aux Etats-Unis, Ngũgĩ wa Thiong'o est actuellement professeur et directeur de l'International Center for Writing and Translation à l'Université de Californie à Irvine.
Régulièrement cité ces dernières années comme l’un des favoris pour remporter le prix Nobel de littérature, Ngũgĩ wa Thiong'o rejoint dans la liste des signataires le Nigérian Wole Soyinka qui a annoncé le 23 mars 2023 être lui aussi fortement préoccupé par la situation au Sénégal du fait de la constante remise en cause par l’administration de Macky Sall des droits fondamentaux des citoyens.
Au moment où les arrestations tous azimuts se poursuivent au Sénégal et où plusieurs sources crédibles indiquent qu’il y aurait plus de 520 prisonniers politiques, l’engagement de Ngũgĩ wa Thiong'o est un signal fort de la communauté intellectuelle internationale.
Bien plus qu’un intellectuel de renom, Ngũgĩ est un combattant des libertés et un militant anti-néocolonial. Arrêté en décembre 1977, ses combats pour la justice sociale le mèneront dans une prison kenyanne de haute sécurité pendant plus d’un an. Enfermé 23 heures par jour, c’est sur du papier hygiénique qu’il écrira son premier roman en kikuyu, « Devil on the Cross » (Le diable sur la croix). Dans la foulée, il prend l’importante décision d’écrire principalement dans sa langue maternelle, le kikuyu.
Dès 1962 il publie son premier roman en anglais qui deviendra un ouvrage de référence, Weep not Child (Enfant, ne pleure pas). Dramaturge, essayiste, romancier, nouvelliste, il publie en 1986 un retentissant recueil d’essais : Decolonising the Mind: The Politics of Language in African Literature, publié en français sous le titre Décoloniser l'esprit. Cet ouvrage sera le dernier qu’il écrira en anglais.
James Gũgĩ à la naissance, il change son nom en 1977 et se présente en public comme un écrivain afro-saxon. Ses pièces de théâtre interdites, sa famille harcelée, lui-même menacé et traqué par le pouvoir kenyan, il s’exile à Londres avant de s’installer aux États-Unis où il enseigne à Yale Unviersity pendant 3 ans, mais aussi à Northwestern University et New York University (NYU).
Ngũgĩ wa Thiong'o rejoint un nombre important de personnalités africaines et de la diaspora qui mettent en garde Macky Sall contre ses excès et sa brutalité. Au-delà de Wole Soyinka, Cornel West, Anthony Appiah, Sophie Bessis ou Aminata Dramane Traoré, cette tribune a été signée par les professeurs de la diaspora, Sada Niang, University of Victoria, British Columbia et Samba Gadjigo, Mount Holyoke University, Massachusets.
Où s’élabore l’humeur du pays ? La notoriété de l’intellectuel ne rime plus avec l’exercice de l’influence. L’expertise ne sert plus de bouée de sauvetage. Le temps n’est pas à la sérénité. La maturité fait dans le cynisme.
Où s’élabore l’humeur du pays ? La notoriété de l’intellectuel ne rime plus avec l’exercice de l’influence. L’expertise ne sert plus de bouée de sauvetage. Le temps n’est pas à la sérénité. La maturité fait dans le cynisme. L’excitation et l’emballement assurent le spectacle. Des acteurs pris dans une ombre de cette lueur qui rayonne et abîme. Leurs insuffisances n’engloutissent pas leurs obstinations. Qui pense juste ? Qui rêve faux ? Des parangons de vertus dérapent tout en tenant une rampe de la morale. Le réel leur glisse-t-il entre les mains ? Dans cette tourmente, ne se dégage que l’angoisse des populations. Ce tumulte bouleverse sauf des émotions et des égos de politiciens qu’il est difficile de rapiécer un tissu démocratique dont des griefs viennent supplanter de beaux motifs. Chacun est convaincu d’exprimer une volonté consciente ou inconsciente d’un peuple qui, le moment venu, s’exprimera à travers des urnes.
Il faut fabriquer le vertige, fournir le fantasme, donner l’ivresse, livrer des extases excitant à participer à une étape du plan de carrière des politiciens. L’air du temps oblige. Ils sont disposés à faire alliance, recourent à une méthode triviale. Une tactique pas nouvelle. Pourvu que la stratégie paie. Mais… Que de magasins pillés, de biens vandalisés, de personnes meurtries, de morts à passer par pertes et profits… Parce qu’on aura réussi à détourner une certaine aspiration en une colère. Pensant que « l’homme n’a jamais rien produit qui témoignât en sa faveur que des actes de colère : son rêve le plus singulier est sa principale grandeur, renverser l’irréversible » (Paul Nizan, La Conspiration). Quelle irréversibilité, qu’elle irrémédiabilité ? Le Sénégal est un pays où des électeurs votent régulièrement depuis 1792 comme aimait à le répéter feu Mbaye Jacques Diop. La victoire du Bds (Bloc démocratique sénégalais) aux élections de 1951 était saluée par la presse et les acteurs politiques de l’époque comme une alternance. Deux autres changements sortiront des urnes en 2000 et en 2012.
Le mensonge apaise l’existence
Qui aime le malheur des événements qui substituent l’hideur et l’abject à l’identité de la paix ? Cette marque devenue une vanité sénégalaise. Des politiciens qui ne souffrent pas de la mauvaise image qu’ils donnent d’eux-mêmes peuvent-ils se soucier des interpellations des honnêtes gens ? Ils se sont moulés dans une désinvolture qui ne finit jamais de froisser. Ils en sont fiers. En bateleurs qui vivent à débiter des boniments, ils jouissent d’une amnésie qui favorise leurs incohérences et autres inconséquences. Aussi : « Les allers-retours entre la vérité et le mensonge jouent un rôle essentiel. Ces oscillations réalisent un mouvement subtil qui apaise notre existence. (…) Lorsqu’on s’intéresse aux comportements d’un groupe, on observe un décalage étonnant entre le désir de vérité et les comportements mis en œuvre pour la refuser. Pourquoi des personnes préfèrent-elles croire et répéter un mensonge ? Pourquoi, face à des énormités, alors que les évidences sont sous leurs yeux, restent-elles si complaisantes vis-à-vis des menteurs ? », écrit le médecin psychiatre Pr Patrick Clervoy dans l’introduction de son livre Vérité ou mensonge.
Des nombreuses observations du spécialiste Clervoy, il ressort qu’on « fait davantage confiance à un menteur démasqué et relevé de ses fautes plutôt qu’à une personne a priori intègre sur le plan moral. Un menteur est paré de vertus qui séduisent. On croit mieux le connaître. (…) On place plus facilement sa confiance en celui qui a été reconnu comme un menteur ». Ainsi en va-t-il même dans des pays dits de démocratie avancée. Donald Trump n’arrête pas de faire école. La perversité de sa méthode est dénoncée pour mieux s’en servir. Lisons encore Pr Patrick Clervoy : « En 2017, défiant les pronostics, Donald Trump fut élu quarante-cinquième président des États-Unis. En 2015, PolitiFact, un site Internet rigoureux qui surveille la véracité des déclarations des hommes politiques américains, avait honoré Donald Trump du titre de « menteur de l’année ». Cela ne lui porta pas préjudice. Durant la campagne présidentielle, il renforça la caricature du personnage médiatique qu’il était déjà. Il ne modéra ni ses outrances ni les assertions mensongères concernant ses opposants, la malignité de la presse, l’état de son pays et les relations avec les puissances étrangères. Il prouva chaque jour qu’il mentait mieux et plus fort que n’importe quel autre candidat. Pourtant, il plut suffisamment à une majorité relative pour conquérir ce poste… »
Hier comme aujourd’hui, une quête de légitimité. Des gens qui ne valent rien, des renégats, des incapables, des corrompus selon leur nomadisme politique, leur station du moment dans ce système que vitupèrent ses meilleurs prébendiers. Pour sortir de la crise de 1968, l’armée, refusant de prendre le pouvoir, avaient proposé, entre autres, au président Senghor, une suppression des salaires et autres avantages et leur remplacement par une indemnité de session pour les députés. Quel politicien dit mieux ?
Par Madiambal DIAGNE
HÔTEL SUMA ASSISTANCE, SWEET ET FIN
Ousmane Sonko, Dame Mbodj, Guy Marius Sagna ont assuré le mauvais spectacle en prêtant leur personne à des premiers rôles, dans des navets dignes d’être couronnés aux Razzie Awards
Dans un article du 5 décembre 2022, nous reprenions un propos de l’actrice Valérie Lemercier qui disait «qu’un acteur mauvais au cinéma, ça n’est jamais de sa faute, c’est qu’il a été mal choisi ou mal dirigé». Mais l’actualité, notamment les péripéties du procès opposant le ministre Mame Mbaye Niang au leader du parti Pastef, pour diffamation, tournent au burlesque, au loufoque, et révèlent que si les acteurs peuvent être nuls, ils le sont davantage parce que le scénario est mal écrit. C’est ainsi que Ousmane Sonko, Dame Mbodj, Guy Marius Sagna ont assuré le mauvais spectacle en prêtant leur personne à des premiers rôles, dans des navets dignes d’être couronnés aux Razzie Awards. Chaque année, les Razzie Awards élisent les pires films sortis en salle. Cette sélection, qui tourne en dérision les productions cinématographiques les plus nazes, décerne des navets d’or, d’argent et de bronze. L’avocat attitré des opposants, Me Ciré Clédor Ly, s’arrête au pied du podium.
Le Bonnet d’âne de Bronze à Guy Marius Sagna, le Bonnet d’âne d’Argent à Dame Mbodji
Le 15 mars 2023, à la veille de l’audience qui devait juger l’affaire Mame Mbaye Niang-Ousmane Sonko, Guy Marius Sagna s’était rendu au domicile du leader du parti Pastef. A l’occasion, il a eu des heurts avec un dispositif policier et s’était empressé d’afficher sur les réseaux sociaux des images qui le montraient avec une éraflure. Guy Marius Sagna se fera pourtant hospitaliser, à la clinique Suma Assistance, et se filmera lui-même pour poster des vidéos qui le montraient avec des perfusions. Il a quand même pu prendre le soin de se ceindre de son écharpe de parlementaire pour mieux poser devant les caméras. Au vu des images, on pouvait s’imaginer que le jeune député était mal en point et cela n’a pas manqué d’émouvoir du monde, quelques âmes pleurnichardes qui voulaient sans doute se convaincre de leur propre émotion. Des personnes ont voulu exprimer leur indignation devant les mauvais traitements qui auraient été infligés au député. C’est ainsi qu’on aura noté la réaction particulièrement indignée de sa nouvelle amie, l’ancienne Première ministre, Aminata Touré, qui lui manifestait sa solidarité et criait sa colère de le voir traité de la sorte. Comment peut-on aduler tant, ce qu’on avait le plus abhorré naguère ? C’est peut-être, en psychologie, l’antonymie du dépit amoureux.
Mais la supercherie était manifeste. Et le lendemain matin, on n’a pas été trop surpris de voir le même Guy Marius Sagna, fringant, sans la moindre trace de ses bobos, accompagner Ousmane Sonko qui devait se rendre au Tribunal. Mieux, Guy Marius Sagna avait fait montre de hargne pour houspiller les policiers qui cherchaient à détourner leur cortège vers un autre itinéraire. Lui, le malade et hospitalisé moins de 24 heures auparavant, se battait comme un lion pour protéger Ousmane Sonko. Ces scènes ont fait oublier le prétendu passage à tabac !
Le syndicaliste enseignant, Dame Mbodji, fera découvrir de mauvais talents de bonimenteur en jouant à la victime d’une tentative d’assassinat. Le jeudi 16 mars 2023, dans une vidéo largement diffusée, Dame Mbodj a prétendu révéler qu’il a été victime d’une tentative d’assassinat du fait de sbires du régime de Macky Sall. Il a ainsi montré environ sept impacts de balle sur son véhicule, provoqués par des hommes à moto, armés de fusils à rafales, qui l’auraient suivi la veille, sur la Corniche de Dakar, au sortir d’une émission nocturne sur la chaîne Tfm. L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, radical et farouche opposant du régime de Macky Sall, se fendit d’une réaction outrée, «exigeant que toute la lumière soit faite dans cette ignoble tentative d’assassinat». Il fallait véritablement vouloir prendre des vessies pour des lanternes que de chercher à donner une once de crédit aux révélations de Dame Mbodji. D’abord qu’est-ce que représenterait Dame Mbodji sur l’échiquier politique ou quel pourrait-être l’enjeu qui justifierait une tentative d’assassinat ? Ensuite, les constatations visibles ne pouvaient tromper la plus crédule des personnes. Les impacts de balle étaient visibles sur tous les côtés du véhicule, et manifestement, les tireurs auraient fait le tour du véhicule plutôt que de tirer sur une cible mouvante, alors qu’aux dires de la cible épargnée comme par miracle, ils seraient eux aussi sur une moto en déplacement. La plus grande aberration restera que les impacts de balle sont de part et d’autre, placés sur les mêmes endroits, et encore sur des zones dont les frais de réparation ne devraient pas trop coûter. De plus, «l’ami» Dame Mbodj, après ce grave incident qu’il relate, était allé dormir tranquillement chez lui, au lieu d’aller se réfugier au premier poste de police ou de gendarmerie pour échapper à ses assaillants. En effet, Abdoul Mbaye a parfaitement raison, une enquête exhaustive doit être diligentée sur cette affaire, pour ne plus laisser prospérer des accusations gratuites de tentative d’assassinat brandies systématiquement et sans la moindre preuve.
De la même façon qu’une enquête est en cours pour élucider les circonstances de l’hospitalisation de Ousmane Sonko à la clinique Suma Assistance. Des personnalités publiques candides (?) avaient cherché à acculer les autorités de l’Etat, reprenant la thèse d’une tentative d’empoisonnement de Ousmane Sonko, et surtout préconisaient son évacuation à l’étranger. Cependant, on peut se demander si cette demande ne relève pas d’une certaine perfidie pour pousser à mener ces investigations afin de mettre à nu la supercherie. Epargnez-moi de mes amis !
Le Bonnet d’âne d’Or à Ousmane Sonko
«Il est rare quand on ment, que tout s’accorde : le regard, la voix et l’attitude.» (Madeleine Ferron). Ousmane Sonko et son conseil Me Ciré Clédor Ly ont réussi à faire prospérer leur demande de renvoi du procès, qui devait se tenir le 16 mars 2023, à la date du 30 mars 2023. On a découvert par la suite, avec les vagues d’arrestations opérées par la police dans les rangs du «commando de Pastef», que la demande de renvoi ne cachait pas moins qu’une volonté sournoise de donner du temps à des fauteurs de troubles pour mieux se préparer à semer le chaos toujours annoncé. Mais là n’est pas le propos !
Ousmane Sonko avait affirmé à l’audience être pris d’un malaise, pour affirmer avoir été victime d’une tentative d’empoisonnement avec un liquide toxique qui lui aurait été versé par un élément des Forces de sécurité. Sur le coup, des images, qui ne pouvaient permettre d’identifier le coupable, avaient fait le tour des réseaux sociaux et, dans les rangs du parti Pastef, on se promettait une chasse à l’homme. C’était sans savoir que la personne qui avait versé un liquide sur Ousmane Sonko avait immédiatement été interpellée. Il s’avéra paradoxalement que le quidam est un de ses proches et, pour essayer d’expliquer son geste, il affirma aux enquêteurs qu’il avait juste voulu asperger son leader d’une substance pour le protéger des inhalations des gaz lacrymogènes. Il est à noter que l’avocat qui était assis aux côtés de Ousmane Sonko ne s’est jamais plaint d’inhalations toxiques ou de tentative d’empoisonnement. En prenant l’avion le lendemain même des événements, Me Ciré Clédor Ly avait embarqué à l’aide d’un fauteuil roulant, mais on le retrouvera arrivé à Paris, après un vol de 5 heures, sur ses deux jambes, pour aller prendre tranquillement un café.
Par ailleurs, personne d’autre dans le véhicule (Guy Marius Sagna, le chauffeur ou les agents de sécurité) n’a eu à déplorer une inhalation toxique. Qu’à cela ne tienne, Ousmane Sonko se fera admettre à la clinique Suma Assistance. Mais le plus stupide est à venir. L’enquête ouverte par la police établira qu’aucun acte médical n’a été posé sur le patient.
Le Docteur Ousmane Cissé, médecin personnel et de famille de Ousmane Sonko, du reste encarté militant de son parti, et qui avait été appelé en urgence au Palais de justice pour établir un diagnostic de l’état de santé du prévenu qui disait être pris de malaise, confiera aux enquêteurs n’avoir posé aucun acte médical sur le «patient», depuis son hospitalisation à Suma Assistance.
Selon lui, c’est une équipe de spécialistes dont il n’a pas révélé les identités, qui s’occupe de l’interné. Il a renseigné qu’il a juste accompagné Ousmane Sonko à la clinique, mais ne s’occupe pas de son état.
Ainsi, il dit ignorer la pathologie dont il souffrirait, encore moins s’il avait été exposé à une substance toxique. D’autres membres du personnel médical de Suma Assistance, entendus par la police, ont pour leur part déclaré qu’ils n’ont pas accès à lui, suite aux instructions du patron de la clinique, le Docteur Babacar Niang. Ce dernier, urgentiste de son état, suite à un avis de recherche émis par la police, s’est fait alpaguer, bien loin de sa clinique, au village de Médina Ndiathbé, à plus de 500 kilomètres de son lieu de travail et de sa résidence habituelle. L’enquête n’a pas encore dit où le Docteur Niang cherchait à se rendre mais, transféré à Dakar, il a déclaré que c’est à la demande du patient qu’une ambulance était allée à son domicile, le chercher pour le conduire à la clinique Suma Assistance. Seulement, il précisa que Ousmane Sonko était suivi par son propre staff médical, en l’occurrence les docteurs Cissé et Ndoye ainsi que leur infirmier.
En d’autres termes, il a soutenu que Suma Assistance n’a pas diagnostiqué le malade et n’a posé aucun acte médical sur sa personne. D’ailleurs, le Dr Niang affirme que sa clinique est ouverte à des spécialistes indépendants qui peuvent y amener leurs patients et les traiter sur place, sans que la clinique n’ait le moindre contrôle sur le patient. On ne savait pas jusqu’ici que Suma Assistance pouvait servir en quelque sorte d’hôtel ! En tout état de cause, Suma Assistance ne pourra lui délivrer un certificat médical car ne l’ayant pas traité au plan médical. Au cours de son troisième interrogatoire, le Dr Niang a quand même pu en dire un peu plus sur les circonstances de l’hospitalisation. Il a pu expliquer que le fameux patient avait été reçu et examiné par le Docteur A. Bangbola, de nationalité béninoise, qui a procédé à son hospitalisation. Or, il se trouve que ce médecin est une gynécologue. (Le sujet est trop sérieux pour qu’on en rie à gorge déployée !). Prise de panique pour avoir été entraînée à son corps défendant dans une histoire rocambolesque, Dr Bangbola a vite couru au consulat du Bénin à Dakar, pour demander la protection consulaire, expliquant avoir juste reçu un patient qui lui affirmait se plaindre de contusions multiples et qu’elle ne lui aurait administré qu’un vulgaire sédatif, du paracétamol. Assurément, on est bien loin de la thèse de l’empoisonnement qui nécessiterait une évacuation sanitaire à l’étranger comme l’avaient demandé, à cor et à cri, les responsables du parti Pastef et le «droit-de-l’hommiste», Alioune Tine, ainsi que de nombreux autres leaders de l’opposition. Il reste que tout ce beau monde est subitement devenu circonspect ou même habité par un silence gêné, depuis qu’ils ont vu le «patient», qu’on présentait comme mourant, faire un «live» de plus d’une heure, trois jours après son hospitalisation, pour continuer, avec verve et vigueur, d’accuser le régime de Macky Sall de toutes les forfaitures et d’haranguer le peuple de militants du parti Pastef à se mobiliser pour lui servir de bouclier. D’aucuns s’étaient d’ailleurs amusés, en se demandant si Ousmane Sonko aurait emprunté à Guy Marius Sagna sa drôle de perfusion pour s’en parer. Mais la supercherie était encore plus visible aux yeux des spécialistes des actes de santé. Nombre d’entre eux ont réagi après avoir visionné la déclaration, pour se gausser que «la solution dans le flacon est de l’hydrosol poly-vitaminé, raison de sa couleur jaunâtre, et que si la perfusion était normale, la tubulure qui relie le flacon à la veine devait avoir la même couleur. En conclusion, la perfusion est fausse, le liquide jaunâtre est absent de la tubulure et, pour une première dans l’histoire de la médecine, une perfusion est faite sur un patient sans cathéter veineux». Il n’y a plus de doute, encore une fois, Ousmane Sonko s’est fait confondre dans ses mensonges et actes de manipulation. Les personnes qui exigeaient son évacuation sanitaire à l’étranger se sont résignées à crier au scandale, qu’une enquête soit ouverte et que des médecins soient ainsi entendus par la police. Maintenant elles invoquent le secret médical !
Au demeurant, Ousmane Sonko est désormais assigné au silence, d’autant que chacune de ses sorties devient catastrophique et ruine ce qui lui resterait de crédibilité. Il reste à savoir pendant combien de temps pourra-t-il supporter le supplice du silence ? Des nouvelles de Me Ciré Clédor Ly ? Un communiqué censé provenir de sa famille affirme qu’il irait bien mieux et on croit savoir par ailleurs qu’il devrait, cette semaine, être à Nouakchott pour plaider dans l’affaire des poursuites pénales intentées contre l’ancien Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Quid de sa participation au procès de Ousmane Sonko prévu le 30 mars 2023 ?
Une plainte est également instruite contre l’équipe de Suma Assistance pour non-assistance à personne en danger. Doudou Fall, agent municipal, a succombé à ses graves blessures lors des échauffourées du 16 mars 2023 et le maire de la Medina soutient que son collaborateur n’avait pas été convenablement pris en charge par les équipes médicales, du fait qu’il n’était pas du parti Pastef. Dans des pays démocratiques, les cas du Dr Niang et de Me Ciré Clédor Ly auraient interpellé leurs corporations respectives qui s’assureraient, à tout le moins, du respect des règles éthiques et déontologiques.
*Le titre est emprunté du titre du film, excellent celui-là, «Hôtel Rwanda», tourné en témoignage du génocide de 1994. Paul Rusesabagina dont l’histoire a inspiré ce film, vient d’être libéré de prison par le Président Paul Kagame.
Par Félix NZALE
LA MORALE POLITISÉE
Que penser de nos hommes politiques ? Une chose est certaine : il y a toujours un hiatus entre leurs paroles et les actes qu’ils posent.
Que penser de nos hommes politiques ? Une chose est certaine : il y a toujours un hiatus entre leurs paroles et les actes qu’ils posent.
Dans l’opposition, leurs paroles sont de miel. Une fois au pouvoir, c’est le peuple qui se met à la recherche de ceux qui avaient fait le serment de cheminer sur la voie conduisant à la «science de ce qui vaut le mieux », et donc du souci premier de quelque chose de vrai.
Dans cette quête de «l’homme politique parfait», ce pauvre peuple ne voit que des imposteurs et des visages de beaux parleurs «boursouflés d’enflure politique». Il prend alors conscience d’avoir été dupé.
Moraliser la vie publique ? Mettre fin aux conflits d’intérêts, au trafic d’influence et aux arrangements douteux ? Très bien ! Refuser les profits personnels engrangés au détriment du bien commun ? Très bien ! Mais les choses sont-elles aussi simples ? Pas si sûr. Parce que cette moralisation de la vie politique qu’on exige ici et là, ressemble plutôt à une politisation de la morale. Par conséquent à une instrumentalisation des indignations à des fins de déstabilisation de l’adversaire. C’est donc dire que la vertu a bon dos !
Mais les politiciens ne sont pas seuls dans la trahison. Que dire ou penser de la presse ?
A la lumière de ce qui est donné à voir, il apert qu’elle est incapable de penser un rapport négocié entre l’émotivité et l’intelligibilité. Comment trouver l’équilibre entre l’émotion et l’intelligibilité ? Question fondamentale et essentielle dans le contexte de graves dangers dans lequel se trouve le Sénégal.
Notre système médiatique s’est dégradé parce que l’émotion déborde au point que l’intelligibilité disparait au profit de la pure émotivité. Et comme on le sait tous, l’émotivité ne s’embarrasse jamais de la vérité. Voilà où nous en sommes dans ce pays : au journalisme émotionnel.
La plupart des confères - et des groupes de presse - ont pris sur eux la responsabilité d’occire leur sens du jugement critique et de s’aplatir devant les offres et soutiens des politiciens en l’occurrence. Les «lignes éditoriales», aujourd’hui, ne sont rien de moins que des «produits» mis en vente et cédés au plus offrant.
Par ailleurs, au sein de la «société civile», l’autre béquille sur laquelle prend appui la démocratie, le gros de la troupe se présente en héros de cette entité alors qu’ils sont en fait des supplétifs du pouvoir, des agents les plus efficaces dont dispose le système de domination et de prédation.
Quelle conclusion tirer de tout ce qui est dit, sinon que notre pays va mal, très mal ?