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1 décembre 2024
Opinions
NGŨGĨ WA THIONG'O SE JOINT À WOLE SOYINKA ET AUX 104 POUR DÉNONCER L’INSTRUMENTALISATION DE LA JUSTICE PAR MACKY SALL
L'un des intellectuels les plus célébrés sur le continent africain et dans le monde a exprimé le désir d’être rajouté à la liste des signataires de la tribune des 104 qui dénoncent la véhémente et brutale instrumentalisation de la Justice au Sénégal
Ce dimanche 26 mars 2023, l'écrivain kenyan, Ngũgĩ wa Thiong'o, l'un des intellectuels les plus célébrés sur le continent africain et dans le monde a exprimé le désir d’être rajouté à la liste des signataires de la tribune des 104 qui dénoncent la véhémente et brutale instrumentalisation de la Justice au Sénégal par l’actuel président de la République Macky Sall.
Écrivain de langue kikuyu et anglaise, membre de l'Académie américaine des arts et des sciences aux Etats-Unis, Ngũgĩ wa Thiong'o est actuellement professeur et directeur de l'International Center for Writing and Translation à l'Université de Californie à Irvine.
Régulièrement cité ces dernières années comme l’un des favoris pour remporter le prix Nobel de littérature, Ngũgĩ wa Thiong'o rejoint dans la liste des signataires le Nigérian Wole Soyinka qui a annoncé le 23 mars 2023 être lui aussi fortement préoccupé par la situation au Sénégal du fait de la constante remise en cause par l’administration de Macky Sall des droits fondamentaux des citoyens.
Au moment où les arrestations tous azimuts se poursuivent au Sénégal et où plusieurs sources crédibles indiquent qu’il y aurait plus de 520 prisonniers politiques, l’engagement de Ngũgĩ wa Thiong'o est un signal fort de la communauté intellectuelle internationale.
Bien plus qu’un intellectuel de renom, Ngũgĩ est un combattant des libertés et un militant anti-néocolonial. Arrêté en décembre 1977, ses combats pour la justice sociale le mèneront dans une prison kenyanne de haute sécurité pendant plus d’un an. Enfermé 23 heures par jour, c’est sur du papier hygiénique qu’il écrira son premier roman en kikuyu, « Devil on the Cross » (Le diable sur la croix). Dans la foulée, il prend l’importante décision d’écrire principalement dans sa langue maternelle, le kikuyu.
Dès 1962 il publie son premier roman en anglais qui deviendra un ouvrage de référence, Weep not Child (Enfant, ne pleure pas). Dramaturge, essayiste, romancier, nouvelliste, il publie en 1986 un retentissant recueil d’essais : Decolonising the Mind: The Politics of Language in African Literature, publié en français sous le titre Décoloniser l'esprit. Cet ouvrage sera le dernier qu’il écrira en anglais.
James Gũgĩ à la naissance, il change son nom en 1977 et se présente en public comme un écrivain afro-saxon. Ses pièces de théâtre interdites, sa famille harcelée, lui-même menacé et traqué par le pouvoir kenyan, il s’exile à Londres avant de s’installer aux États-Unis où il enseigne à Yale Unviersity pendant 3 ans, mais aussi à Northwestern University et New York University (NYU).
Ngũgĩ wa Thiong'o rejoint un nombre important de personnalités africaines et de la diaspora qui mettent en garde Macky Sall contre ses excès et sa brutalité. Au-delà de Wole Soyinka, Cornel West, Anthony Appiah, Sophie Bessis ou Aminata Dramane Traoré, cette tribune a été signée par les professeurs de la diaspora, Sada Niang, University of Victoria, British Columbia et Samba Gadjigo, Mount Holyoke University, Massachusets.
Où s’élabore l’humeur du pays ? La notoriété de l’intellectuel ne rime plus avec l’exercice de l’influence. L’expertise ne sert plus de bouée de sauvetage. Le temps n’est pas à la sérénité. La maturité fait dans le cynisme.
Où s’élabore l’humeur du pays ? La notoriété de l’intellectuel ne rime plus avec l’exercice de l’influence. L’expertise ne sert plus de bouée de sauvetage. Le temps n’est pas à la sérénité. La maturité fait dans le cynisme. L’excitation et l’emballement assurent le spectacle. Des acteurs pris dans une ombre de cette lueur qui rayonne et abîme. Leurs insuffisances n’engloutissent pas leurs obstinations. Qui pense juste ? Qui rêve faux ? Des parangons de vertus dérapent tout en tenant une rampe de la morale. Le réel leur glisse-t-il entre les mains ? Dans cette tourmente, ne se dégage que l’angoisse des populations. Ce tumulte bouleverse sauf des émotions et des égos de politiciens qu’il est difficile de rapiécer un tissu démocratique dont des griefs viennent supplanter de beaux motifs. Chacun est convaincu d’exprimer une volonté consciente ou inconsciente d’un peuple qui, le moment venu, s’exprimera à travers des urnes.
Il faut fabriquer le vertige, fournir le fantasme, donner l’ivresse, livrer des extases excitant à participer à une étape du plan de carrière des politiciens. L’air du temps oblige. Ils sont disposés à faire alliance, recourent à une méthode triviale. Une tactique pas nouvelle. Pourvu que la stratégie paie. Mais… Que de magasins pillés, de biens vandalisés, de personnes meurtries, de morts à passer par pertes et profits… Parce qu’on aura réussi à détourner une certaine aspiration en une colère. Pensant que « l’homme n’a jamais rien produit qui témoignât en sa faveur que des actes de colère : son rêve le plus singulier est sa principale grandeur, renverser l’irréversible » (Paul Nizan, La Conspiration). Quelle irréversibilité, qu’elle irrémédiabilité ? Le Sénégal est un pays où des électeurs votent régulièrement depuis 1792 comme aimait à le répéter feu Mbaye Jacques Diop. La victoire du Bds (Bloc démocratique sénégalais) aux élections de 1951 était saluée par la presse et les acteurs politiques de l’époque comme une alternance. Deux autres changements sortiront des urnes en 2000 et en 2012.
Le mensonge apaise l’existence
Qui aime le malheur des événements qui substituent l’hideur et l’abject à l’identité de la paix ? Cette marque devenue une vanité sénégalaise. Des politiciens qui ne souffrent pas de la mauvaise image qu’ils donnent d’eux-mêmes peuvent-ils se soucier des interpellations des honnêtes gens ? Ils se sont moulés dans une désinvolture qui ne finit jamais de froisser. Ils en sont fiers. En bateleurs qui vivent à débiter des boniments, ils jouissent d’une amnésie qui favorise leurs incohérences et autres inconséquences. Aussi : « Les allers-retours entre la vérité et le mensonge jouent un rôle essentiel. Ces oscillations réalisent un mouvement subtil qui apaise notre existence. (…) Lorsqu’on s’intéresse aux comportements d’un groupe, on observe un décalage étonnant entre le désir de vérité et les comportements mis en œuvre pour la refuser. Pourquoi des personnes préfèrent-elles croire et répéter un mensonge ? Pourquoi, face à des énormités, alors que les évidences sont sous leurs yeux, restent-elles si complaisantes vis-à-vis des menteurs ? », écrit le médecin psychiatre Pr Patrick Clervoy dans l’introduction de son livre Vérité ou mensonge.
Des nombreuses observations du spécialiste Clervoy, il ressort qu’on « fait davantage confiance à un menteur démasqué et relevé de ses fautes plutôt qu’à une personne a priori intègre sur le plan moral. Un menteur est paré de vertus qui séduisent. On croit mieux le connaître. (…) On place plus facilement sa confiance en celui qui a été reconnu comme un menteur ». Ainsi en va-t-il même dans des pays dits de démocratie avancée. Donald Trump n’arrête pas de faire école. La perversité de sa méthode est dénoncée pour mieux s’en servir. Lisons encore Pr Patrick Clervoy : « En 2017, défiant les pronostics, Donald Trump fut élu quarante-cinquième président des États-Unis. En 2015, PolitiFact, un site Internet rigoureux qui surveille la véracité des déclarations des hommes politiques américains, avait honoré Donald Trump du titre de « menteur de l’année ». Cela ne lui porta pas préjudice. Durant la campagne présidentielle, il renforça la caricature du personnage médiatique qu’il était déjà. Il ne modéra ni ses outrances ni les assertions mensongères concernant ses opposants, la malignité de la presse, l’état de son pays et les relations avec les puissances étrangères. Il prouva chaque jour qu’il mentait mieux et plus fort que n’importe quel autre candidat. Pourtant, il plut suffisamment à une majorité relative pour conquérir ce poste… »
Hier comme aujourd’hui, une quête de légitimité. Des gens qui ne valent rien, des renégats, des incapables, des corrompus selon leur nomadisme politique, leur station du moment dans ce système que vitupèrent ses meilleurs prébendiers. Pour sortir de la crise de 1968, l’armée, refusant de prendre le pouvoir, avaient proposé, entre autres, au président Senghor, une suppression des salaires et autres avantages et leur remplacement par une indemnité de session pour les députés. Quel politicien dit mieux ?
Par Madiambal DIAGNE
HÔTEL SUMA ASSISTANCE, SWEET ET FIN
Ousmane Sonko, Dame Mbodj, Guy Marius Sagna ont assuré le mauvais spectacle en prêtant leur personne à des premiers rôles, dans des navets dignes d’être couronnés aux Razzie Awards
Dans un article du 5 décembre 2022, nous reprenions un propos de l’actrice Valérie Lemercier qui disait «qu’un acteur mauvais au cinéma, ça n’est jamais de sa faute, c’est qu’il a été mal choisi ou mal dirigé». Mais l’actualité, notamment les péripéties du procès opposant le ministre Mame Mbaye Niang au leader du parti Pastef, pour diffamation, tournent au burlesque, au loufoque, et révèlent que si les acteurs peuvent être nuls, ils le sont davantage parce que le scénario est mal écrit. C’est ainsi que Ousmane Sonko, Dame Mbodj, Guy Marius Sagna ont assuré le mauvais spectacle en prêtant leur personne à des premiers rôles, dans des navets dignes d’être couronnés aux Razzie Awards. Chaque année, les Razzie Awards élisent les pires films sortis en salle. Cette sélection, qui tourne en dérision les productions cinématographiques les plus nazes, décerne des navets d’or, d’argent et de bronze. L’avocat attitré des opposants, Me Ciré Clédor Ly, s’arrête au pied du podium.
Le Bonnet d’âne de Bronze à Guy Marius Sagna, le Bonnet d’âne d’Argent à Dame Mbodji
Le 15 mars 2023, à la veille de l’audience qui devait juger l’affaire Mame Mbaye Niang-Ousmane Sonko, Guy Marius Sagna s’était rendu au domicile du leader du parti Pastef. A l’occasion, il a eu des heurts avec un dispositif policier et s’était empressé d’afficher sur les réseaux sociaux des images qui le montraient avec une éraflure. Guy Marius Sagna se fera pourtant hospitaliser, à la clinique Suma Assistance, et se filmera lui-même pour poster des vidéos qui le montraient avec des perfusions. Il a quand même pu prendre le soin de se ceindre de son écharpe de parlementaire pour mieux poser devant les caméras. Au vu des images, on pouvait s’imaginer que le jeune député était mal en point et cela n’a pas manqué d’émouvoir du monde, quelques âmes pleurnichardes qui voulaient sans doute se convaincre de leur propre émotion. Des personnes ont voulu exprimer leur indignation devant les mauvais traitements qui auraient été infligés au député. C’est ainsi qu’on aura noté la réaction particulièrement indignée de sa nouvelle amie, l’ancienne Première ministre, Aminata Touré, qui lui manifestait sa solidarité et criait sa colère de le voir traité de la sorte. Comment peut-on aduler tant, ce qu’on avait le plus abhorré naguère ? C’est peut-être, en psychologie, l’antonymie du dépit amoureux.
Mais la supercherie était manifeste. Et le lendemain matin, on n’a pas été trop surpris de voir le même Guy Marius Sagna, fringant, sans la moindre trace de ses bobos, accompagner Ousmane Sonko qui devait se rendre au Tribunal. Mieux, Guy Marius Sagna avait fait montre de hargne pour houspiller les policiers qui cherchaient à détourner leur cortège vers un autre itinéraire. Lui, le malade et hospitalisé moins de 24 heures auparavant, se battait comme un lion pour protéger Ousmane Sonko. Ces scènes ont fait oublier le prétendu passage à tabac !
Le syndicaliste enseignant, Dame Mbodji, fera découvrir de mauvais talents de bonimenteur en jouant à la victime d’une tentative d’assassinat. Le jeudi 16 mars 2023, dans une vidéo largement diffusée, Dame Mbodj a prétendu révéler qu’il a été victime d’une tentative d’assassinat du fait de sbires du régime de Macky Sall. Il a ainsi montré environ sept impacts de balle sur son véhicule, provoqués par des hommes à moto, armés de fusils à rafales, qui l’auraient suivi la veille, sur la Corniche de Dakar, au sortir d’une émission nocturne sur la chaîne Tfm. L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, radical et farouche opposant du régime de Macky Sall, se fendit d’une réaction outrée, «exigeant que toute la lumière soit faite dans cette ignoble tentative d’assassinat». Il fallait véritablement vouloir prendre des vessies pour des lanternes que de chercher à donner une once de crédit aux révélations de Dame Mbodji. D’abord qu’est-ce que représenterait Dame Mbodji sur l’échiquier politique ou quel pourrait-être l’enjeu qui justifierait une tentative d’assassinat ? Ensuite, les constatations visibles ne pouvaient tromper la plus crédule des personnes. Les impacts de balle étaient visibles sur tous les côtés du véhicule, et manifestement, les tireurs auraient fait le tour du véhicule plutôt que de tirer sur une cible mouvante, alors qu’aux dires de la cible épargnée comme par miracle, ils seraient eux aussi sur une moto en déplacement. La plus grande aberration restera que les impacts de balle sont de part et d’autre, placés sur les mêmes endroits, et encore sur des zones dont les frais de réparation ne devraient pas trop coûter. De plus, «l’ami» Dame Mbodj, après ce grave incident qu’il relate, était allé dormir tranquillement chez lui, au lieu d’aller se réfugier au premier poste de police ou de gendarmerie pour échapper à ses assaillants. En effet, Abdoul Mbaye a parfaitement raison, une enquête exhaustive doit être diligentée sur cette affaire, pour ne plus laisser prospérer des accusations gratuites de tentative d’assassinat brandies systématiquement et sans la moindre preuve.
De la même façon qu’une enquête est en cours pour élucider les circonstances de l’hospitalisation de Ousmane Sonko à la clinique Suma Assistance. Des personnalités publiques candides (?) avaient cherché à acculer les autorités de l’Etat, reprenant la thèse d’une tentative d’empoisonnement de Ousmane Sonko, et surtout préconisaient son évacuation à l’étranger. Cependant, on peut se demander si cette demande ne relève pas d’une certaine perfidie pour pousser à mener ces investigations afin de mettre à nu la supercherie. Epargnez-moi de mes amis !
Le Bonnet d’âne d’Or à Ousmane Sonko
«Il est rare quand on ment, que tout s’accorde : le regard, la voix et l’attitude.» (Madeleine Ferron). Ousmane Sonko et son conseil Me Ciré Clédor Ly ont réussi à faire prospérer leur demande de renvoi du procès, qui devait se tenir le 16 mars 2023, à la date du 30 mars 2023. On a découvert par la suite, avec les vagues d’arrestations opérées par la police dans les rangs du «commando de Pastef», que la demande de renvoi ne cachait pas moins qu’une volonté sournoise de donner du temps à des fauteurs de troubles pour mieux se préparer à semer le chaos toujours annoncé. Mais là n’est pas le propos !
Ousmane Sonko avait affirmé à l’audience être pris d’un malaise, pour affirmer avoir été victime d’une tentative d’empoisonnement avec un liquide toxique qui lui aurait été versé par un élément des Forces de sécurité. Sur le coup, des images, qui ne pouvaient permettre d’identifier le coupable, avaient fait le tour des réseaux sociaux et, dans les rangs du parti Pastef, on se promettait une chasse à l’homme. C’était sans savoir que la personne qui avait versé un liquide sur Ousmane Sonko avait immédiatement été interpellée. Il s’avéra paradoxalement que le quidam est un de ses proches et, pour essayer d’expliquer son geste, il affirma aux enquêteurs qu’il avait juste voulu asperger son leader d’une substance pour le protéger des inhalations des gaz lacrymogènes. Il est à noter que l’avocat qui était assis aux côtés de Ousmane Sonko ne s’est jamais plaint d’inhalations toxiques ou de tentative d’empoisonnement. En prenant l’avion le lendemain même des événements, Me Ciré Clédor Ly avait embarqué à l’aide d’un fauteuil roulant, mais on le retrouvera arrivé à Paris, après un vol de 5 heures, sur ses deux jambes, pour aller prendre tranquillement un café.
Par ailleurs, personne d’autre dans le véhicule (Guy Marius Sagna, le chauffeur ou les agents de sécurité) n’a eu à déplorer une inhalation toxique. Qu’à cela ne tienne, Ousmane Sonko se fera admettre à la clinique Suma Assistance. Mais le plus stupide est à venir. L’enquête ouverte par la police établira qu’aucun acte médical n’a été posé sur le patient.
Le Docteur Ousmane Cissé, médecin personnel et de famille de Ousmane Sonko, du reste encarté militant de son parti, et qui avait été appelé en urgence au Palais de justice pour établir un diagnostic de l’état de santé du prévenu qui disait être pris de malaise, confiera aux enquêteurs n’avoir posé aucun acte médical sur le «patient», depuis son hospitalisation à Suma Assistance.
Selon lui, c’est une équipe de spécialistes dont il n’a pas révélé les identités, qui s’occupe de l’interné. Il a renseigné qu’il a juste accompagné Ousmane Sonko à la clinique, mais ne s’occupe pas de son état.
Ainsi, il dit ignorer la pathologie dont il souffrirait, encore moins s’il avait été exposé à une substance toxique. D’autres membres du personnel médical de Suma Assistance, entendus par la police, ont pour leur part déclaré qu’ils n’ont pas accès à lui, suite aux instructions du patron de la clinique, le Docteur Babacar Niang. Ce dernier, urgentiste de son état, suite à un avis de recherche émis par la police, s’est fait alpaguer, bien loin de sa clinique, au village de Médina Ndiathbé, à plus de 500 kilomètres de son lieu de travail et de sa résidence habituelle. L’enquête n’a pas encore dit où le Docteur Niang cherchait à se rendre mais, transféré à Dakar, il a déclaré que c’est à la demande du patient qu’une ambulance était allée à son domicile, le chercher pour le conduire à la clinique Suma Assistance. Seulement, il précisa que Ousmane Sonko était suivi par son propre staff médical, en l’occurrence les docteurs Cissé et Ndoye ainsi que leur infirmier.
En d’autres termes, il a soutenu que Suma Assistance n’a pas diagnostiqué le malade et n’a posé aucun acte médical sur sa personne. D’ailleurs, le Dr Niang affirme que sa clinique est ouverte à des spécialistes indépendants qui peuvent y amener leurs patients et les traiter sur place, sans que la clinique n’ait le moindre contrôle sur le patient. On ne savait pas jusqu’ici que Suma Assistance pouvait servir en quelque sorte d’hôtel ! En tout état de cause, Suma Assistance ne pourra lui délivrer un certificat médical car ne l’ayant pas traité au plan médical. Au cours de son troisième interrogatoire, le Dr Niang a quand même pu en dire un peu plus sur les circonstances de l’hospitalisation. Il a pu expliquer que le fameux patient avait été reçu et examiné par le Docteur A. Bangbola, de nationalité béninoise, qui a procédé à son hospitalisation. Or, il se trouve que ce médecin est une gynécologue. (Le sujet est trop sérieux pour qu’on en rie à gorge déployée !). Prise de panique pour avoir été entraînée à son corps défendant dans une histoire rocambolesque, Dr Bangbola a vite couru au consulat du Bénin à Dakar, pour demander la protection consulaire, expliquant avoir juste reçu un patient qui lui affirmait se plaindre de contusions multiples et qu’elle ne lui aurait administré qu’un vulgaire sédatif, du paracétamol. Assurément, on est bien loin de la thèse de l’empoisonnement qui nécessiterait une évacuation sanitaire à l’étranger comme l’avaient demandé, à cor et à cri, les responsables du parti Pastef et le «droit-de-l’hommiste», Alioune Tine, ainsi que de nombreux autres leaders de l’opposition. Il reste que tout ce beau monde est subitement devenu circonspect ou même habité par un silence gêné, depuis qu’ils ont vu le «patient», qu’on présentait comme mourant, faire un «live» de plus d’une heure, trois jours après son hospitalisation, pour continuer, avec verve et vigueur, d’accuser le régime de Macky Sall de toutes les forfaitures et d’haranguer le peuple de militants du parti Pastef à se mobiliser pour lui servir de bouclier. D’aucuns s’étaient d’ailleurs amusés, en se demandant si Ousmane Sonko aurait emprunté à Guy Marius Sagna sa drôle de perfusion pour s’en parer. Mais la supercherie était encore plus visible aux yeux des spécialistes des actes de santé. Nombre d’entre eux ont réagi après avoir visionné la déclaration, pour se gausser que «la solution dans le flacon est de l’hydrosol poly-vitaminé, raison de sa couleur jaunâtre, et que si la perfusion était normale, la tubulure qui relie le flacon à la veine devait avoir la même couleur. En conclusion, la perfusion est fausse, le liquide jaunâtre est absent de la tubulure et, pour une première dans l’histoire de la médecine, une perfusion est faite sur un patient sans cathéter veineux». Il n’y a plus de doute, encore une fois, Ousmane Sonko s’est fait confondre dans ses mensonges et actes de manipulation. Les personnes qui exigeaient son évacuation sanitaire à l’étranger se sont résignées à crier au scandale, qu’une enquête soit ouverte et que des médecins soient ainsi entendus par la police. Maintenant elles invoquent le secret médical !
Au demeurant, Ousmane Sonko est désormais assigné au silence, d’autant que chacune de ses sorties devient catastrophique et ruine ce qui lui resterait de crédibilité. Il reste à savoir pendant combien de temps pourra-t-il supporter le supplice du silence ? Des nouvelles de Me Ciré Clédor Ly ? Un communiqué censé provenir de sa famille affirme qu’il irait bien mieux et on croit savoir par ailleurs qu’il devrait, cette semaine, être à Nouakchott pour plaider dans l’affaire des poursuites pénales intentées contre l’ancien Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Quid de sa participation au procès de Ousmane Sonko prévu le 30 mars 2023 ?
Une plainte est également instruite contre l’équipe de Suma Assistance pour non-assistance à personne en danger. Doudou Fall, agent municipal, a succombé à ses graves blessures lors des échauffourées du 16 mars 2023 et le maire de la Medina soutient que son collaborateur n’avait pas été convenablement pris en charge par les équipes médicales, du fait qu’il n’était pas du parti Pastef. Dans des pays démocratiques, les cas du Dr Niang et de Me Ciré Clédor Ly auraient interpellé leurs corporations respectives qui s’assureraient, à tout le moins, du respect des règles éthiques et déontologiques.
*Le titre est emprunté du titre du film, excellent celui-là, «Hôtel Rwanda», tourné en témoignage du génocide de 1994. Paul Rusesabagina dont l’histoire a inspiré ce film, vient d’être libéré de prison par le Président Paul Kagame.
Par Félix NZALE
LA MORALE POLITISÉE
Que penser de nos hommes politiques ? Une chose est certaine : il y a toujours un hiatus entre leurs paroles et les actes qu’ils posent.
Que penser de nos hommes politiques ? Une chose est certaine : il y a toujours un hiatus entre leurs paroles et les actes qu’ils posent.
Dans l’opposition, leurs paroles sont de miel. Une fois au pouvoir, c’est le peuple qui se met à la recherche de ceux qui avaient fait le serment de cheminer sur la voie conduisant à la «science de ce qui vaut le mieux », et donc du souci premier de quelque chose de vrai.
Dans cette quête de «l’homme politique parfait», ce pauvre peuple ne voit que des imposteurs et des visages de beaux parleurs «boursouflés d’enflure politique». Il prend alors conscience d’avoir été dupé.
Moraliser la vie publique ? Mettre fin aux conflits d’intérêts, au trafic d’influence et aux arrangements douteux ? Très bien ! Refuser les profits personnels engrangés au détriment du bien commun ? Très bien ! Mais les choses sont-elles aussi simples ? Pas si sûr. Parce que cette moralisation de la vie politique qu’on exige ici et là, ressemble plutôt à une politisation de la morale. Par conséquent à une instrumentalisation des indignations à des fins de déstabilisation de l’adversaire. C’est donc dire que la vertu a bon dos !
Mais les politiciens ne sont pas seuls dans la trahison. Que dire ou penser de la presse ?
A la lumière de ce qui est donné à voir, il apert qu’elle est incapable de penser un rapport négocié entre l’émotivité et l’intelligibilité. Comment trouver l’équilibre entre l’émotion et l’intelligibilité ? Question fondamentale et essentielle dans le contexte de graves dangers dans lequel se trouve le Sénégal.
Notre système médiatique s’est dégradé parce que l’émotion déborde au point que l’intelligibilité disparait au profit de la pure émotivité. Et comme on le sait tous, l’émotivité ne s’embarrasse jamais de la vérité. Voilà où nous en sommes dans ce pays : au journalisme émotionnel.
La plupart des confères - et des groupes de presse - ont pris sur eux la responsabilité d’occire leur sens du jugement critique et de s’aplatir devant les offres et soutiens des politiciens en l’occurrence. Les «lignes éditoriales», aujourd’hui, ne sont rien de moins que des «produits» mis en vente et cédés au plus offrant.
Par ailleurs, au sein de la «société civile», l’autre béquille sur laquelle prend appui la démocratie, le gros de la troupe se présente en héros de cette entité alors qu’ils sont en fait des supplétifs du pouvoir, des agents les plus efficaces dont dispose le système de domination et de prédation.
Quelle conclusion tirer de tout ce qui est dit, sinon que notre pays va mal, très mal ?
Par Jean-Louis CORREA
TROISIEME MANDAT : A QUOI SERT LE DROIT SOUS LES TROPIQUES ?
Déclarer que l’on ne ferait pas un troisième mandat et justifier un hypothétique changement de position par une modification de circonstances, au motif que le droit le permettrait aussi, interroge sur le sens que l’on donne au droit
« L’Homme est un animal métaphysique. Être biologique, il est d’abord au monde par ses organes de sens ». Ces mots de Alain Supiot rappellent à l’envi notre relation native aux signes et aux choses. Nous sommes des êtres de sens qui aimons attacher une signification à nos actions, pour devenir et rester être de raison. Tout, dans notre culture négro-africaine, entretient cette quête de sens, cette primauté de la métaphysique et du symbolique sur le construit techno-scientifique dont participe la science juridique.
Le débat sur la constitutionnalité d’un troisième mandat du président de la République fait ainsi appel à des arguments de sens, de morale et de raison, éléments intégrés dans la règle de droit mais qu’une certaine conception du droit (il nous est préférable de dire « droit » plutôt que « science juridique ») présente comme extérieurs à sa validité technique intrinsèque. L’axiologie, bien au contraire, n’est pas une donnée externe à la règle de droit. Le droit, à plus forte raison sa déclinaison constitutionnelle, relève d’un artefact fils de l’occidentalisation du monde et illustration d’un dogmatisme triomphant.
L’ingénierie constitutionnelle : prétention démesurée ou prestation sur mesure
Il n’est pas rare d’entendre des constitutionnalistes se réclamer « ingénieur constitutionnel », organiser des conclaves pour déclamer, à qui mieux mieux, l’originalité de l’ingéniorat constitutionnel, en méconnaissance totale de l’essence même du droit. Premièrement, le droit n’est pas une matière, au sens physique du terme, permettant, à la manière d’un tailleur constitutionnel, ingénieur constitutionnel déclassé, de faire des retouches et de fabriquer son patchwork constitutionnel, pour ne pas dire njaxas constitutionnel, sur commande et prise préalable de mesure du prince. Le droit est une science sociale, sa matière principale étant l’Homme. Dès lors, toute action sur le droit se ressent sur le corps social, y crée des remous et autres tensions.
La Constitution appartient au peuple et son cœur bat en son sein, son pouls y devient irrégulier en cas de retouches toutes aussi irrégulières. Oui, le constitutionnalisme est devenu populaire, il n’est plus l’apanage de savants agrégés empressés de fréquenter les salons du pouvoir. La Constitution, son sens, ses valeurs, sont devenus captives de « Y’en a marre », de « Balai Citoyen », du citoyen vigile. Elle appartient définitivement au peuple, seul souverain.
Le droit, c’est aussi la justice
Le droit n’est pas seulement une technique qui ne prendrait en compte que les données politiques et économiques en vigueur, une technique qui permettrait d’adapter son discours en fonction des circonstances de fait. Déclarer que l’on ne ferait pas un troisième mandat et justifier un hypothétique changement de position par une modification de circonstances, au motif que le droit le permettrait aussi, interroge sur le sens que l’on donne au droit. Si ce dernier n’est qu’un instrument, il justifie la critique marxiste d’une « technique de pouvoirs au service des puissants », puisqu’il permettrait ici de justifier une évolution du laïus. Dans ce cas précis, le droit ne sert à rien, seulement à justifier, techniquement et scientifiquement, l’indéfendable. Le vrai droit est celui qui protège les idéaux communs et préserve les conventions et accords sociaux.
J’entends d’ici les cris outrés des juristes dogmatiques qui se demandent de quel droit parle ce juriste défroqué, sociologue anthropologisant sans le savoir. Ma référence est le droit qui englobe la justice, le sens et la raison. La dogmatique juridique à l’œuvre est celle qui prétend à l’existence d’« un lieu de vérité légale, postulé et socialement mis en scène comme tel ». Présenter le droit comme une technique qui permet d’aller à rebours de ses propres déclarations publiques est une expression d’un totalitarisme instrumentalisant les faiblesses du droit et révélatrice d’une conception opportuniste de la discipline. Le droit n’est pas seulement la science de l’être, du prescriptif. Il est aussi la science du devoir-être. En ne le cantonnant qu’à sa dimension « être », on passe sous silence la dimension fondamentalement duale de l’individu, entre le prescriptif et le volitif.
Or, pour faire société, deux instruments sont convoqués par les juristes, la loi et le contrat. La loi, par son caractère prescriptif permet d’atteindre idéalement un objectif déterminé. Quant au contrat, il permet la négociation, la discussion, l’échange, afin de trouver la solution la plus profitable à tous. Une fois les données contractuelles stabilisées, elles sont immuables et ne peuvent changer que d’un commun accord. La référence au contrat nous permet d’installer la limitation du mandat présidentiel dans sa vraie nature de contrat social.
Pensons-nous seulement faire société lorsque nous instrumentalisons la loi, profitons de ses approximations pour fonder et justifier nos inconséquences ? Quel legs aux générations futures ? Le contrat social-qui est aussi un contrat moral- autour de la limitation du nombre de mandats du président de la république peut-il être dénoncé unilatéralement ? Quelles conséquences sur la paix, l’harmonie et la cohésion nationales ?
Le giri japonais, qui est un devoir que toute personne assume vis à vis de l’autre, sans que cela ne soit inscrit dans un texte, un devoir de vérité, de bienséance qui structure la société nippone est un référent culturel à la hauteur de Gor, ca wax ja.
Le droit, dans toute société, postule à un entendement commun de la justice, du bien, du dicible et du faisable, une représentation partagée de l’idéal social. Malheureusement, sous nos tropiques, il reste, comme l’État, un legs du colonialisme permettant à des élites comprador, pour reprendre une expression chère au philosophe Adama Diouf, de s’accaparer des privilèges facilités par leurs positions. Dès lors, l’État et son droit sont synonymes de violence pour des populations qui n’ont avec eux que des rapports d’interdiction, de privation et de limitation en tous genres.
Dogmatique juridique et dialogisme parcimonieux
Pendant longtemps, les non-juristes ont considéré les juristes comme des plombiers. « On fait appel à eux quand il y a quelque chose qui coule ou qui risque de couler », de simples techniciens du droit, des experts du droit, comme aiment se nommer certain juristes. Partant, on peut constater une certaine insouciance voire une torpeur intellectuelle dans laquelle baigne la communauté du droit (professeurs, avocats, magistrats etc.), rappelant ce propos de C. ATIAS que « l’absence de toute « crise » (le grec krisis signifie choix) dans la science du droit a permis aux juristes de continuer à la pratiquer sans se demander ce qu’elle était, quelle était sa mission, quelle était son influence et quelles devraient être ses méthodes. Le besoin de la réflexion épistémologique ne s’est pas fait sentir » en droit.
La dogmatique juridique, telle qu’elle est à l’œuvre, permet de dire que l’utilité du droit est marginale, sauf à perpétuer un système colonial de domination des élites lettrées, issues de cercles identifiés. Il n’est assigné au droit aucune mission véritable de construction d’un État de droit dans lequel tous les acteurs sont soumis au droit. Les institutions judiciaires participent de la routine administrative mais sont incapables d’assumer une fonction normative. Il n’est pas demandé au juge de faire la loi, mais il peut participer à l’œuvre de justice.
A s’attarder sur le juge constitutionnel, sa fonction herméneutique est quasi-inexistante, son dialogue avec les autres juges peu développé. Le juge constitutionnel sénégalais développe une forme d’idiosyncrasie, une autarcie résultante d’une histoire politique qui serait différente. Pourtant, en se référant à ses homologues du Bénin, de l’Allemagne ou d’Espagne, le juge constitutionnel pourrait se donner un pouvoir créateur de norme, pour préserver les droits fondamentaux et les libertés individuelles. En définitive, comme le dit Michel Tropper, ce qui est important c’est moins la Constitution que l’interprète de celle-ci.
Le Conseil constitutionnel du Sénégal ne se donne tellement pas de pouvoir normatif que sa sempiternelle déclaration d’incompétence est connue et attendue. Aux États-Unis d’Amérique, où l’efficience économique est de rigueur, une telle institution aurait été supprimée parce que coûteuse et peu utile.
Si la disposition actuelle des choses interdit au Conseil constitutionnel de se comporter en véritable interprète, il faut vite le faire évoluer dans sa forme, ses compétences, sa composition et ses missions.
L’antienne du partisan et la fourche de la vérité du droit
Le partisan qui clame que son candidat a droit à un troisième mandat est dans son rôle. Il a droit à l’excès, à l’exagération et même à la manipulation, cependant que la vérité est ailleurs. Le « juriste de haute lutte » qui estime aussi que seul le Conseil constitutionnel est apte à dire si le Président de la république peut être candidat ou pas, il faudra lui faire remarquer le tropicalisme de son parti pris. Qui peut imaginer un instant le Président Biden (si jamais) ou Macron poser la question de la recevabilité d’un troisième mandat devant son organe national compétent ? Pourquoi demander ce que l’on sait déjà ? Pour s’entendre dire ce que l’on sait déjà ? Dans les Républiques non bananières, il est inconvenant, irrévérencieux et outrageant que de mettre le juge constitutionnel dans la posture de devoir arbitrer une joute politique qui ressemble plus à une corrida ensanglantée et meurtrière qu’à un débat juridique.
Tenu par la rigueur des principes, c’est un lieu commun que de répéter que la Constitution distingue le nombre de mandats de la durée des mandats. Ce qui est immuable et hors de portée de toute interprétation, c’est l’impossibilité absolue de faire plus de deux mandats, quelle qu’ait été la durée des mandats précédents.
Le droit n’est pas un instrument technique qui s’appuie sur une superstructure érigée en ordre (c’est-à-dire rang) judiciaire. Cette forme de droit et de justice demeure instituée, construite, pour se confondre avec la réalité. Le droit demeure une foi sertie de justice qu’un peuple se donne pour atteindre un but, grâce à un interprète qui assume son pouvoir normatif. C’est une vertu qui promeut et façonne le devoir-être. Lorsque l’on se réclame républicain, le fétichisme de la loi est un credo.
S’il n’a de fonction que l’utilitarisme, le droit est privé de sens et ne stimule pas nos imaginaires. Pour paraphraser le sociologue suisse Jean Ziegler : aucun savoir n’est neutre, comme toute science, le droit est un outil qui libère ou opprime.
Jean-Louis Corréa est Agrégé des Facultés de Droit Université numérique Cheikh Hamidou Kane (UN-CHK).
par Moustapha Barry
SÉNÉGAL, LA NUIT DES LONGS COUTEAUX
EXCLUSIF SENEPLUS - L'APR ne veut voir personne faire ombrage à Macky Sall. Le parti et ses alliés prévoient une approche va-t-en guerre consistant à neutraliser certaines figures et organisations à travers deux scénarios
Pendant que les contours d'une fascisation du régime de Macky se precisent, nous assistons, de plus en plus au déroulement de stratégies de neutralisation de sections de resistance de la société, moins de 12 mois avant les joutes presidentielles de fevrier 2024.
L'APR ne veut voir personne qui pourrait porter ombrage à leur leader Macky Sall qui va, contre toutes les dispositions légales, briguer un troisième mandat quoi qu'il arrive. Pour arriver à cette fin, réunis en conclave stratégique, ensemble avec certains de leurs alliés de longue date, les pontes de l'APR ont déroulé une approche va-t-en guerre qui leur verra neutraliser certaines figures et organisations de la place.
Voila les deux scénarios en gestation :
1. La stratégie de la dissolution : L'idée de la dissolution du parti Pastef (et peut être d'autres organisations pour faire du saupoudrage) qui a commencé à être agitée comme ballon de sonde par des cercles proches de Macky et repris avec enthousiasme par certains de leurs vieux alliés zélés qui ne supportent pas que des "gosses" venus de nulle veuillent challenger le pain bien béni que constitue le rififi auquel ils se livrent depuis 10 ans...
Et pour arriver à leurs fins, un proche conseiller de Macky a fait entrevoir à travers un journal de la place, qu'ils envisagent d'utiliser les leviers instrumentalisés de la Justice de ce pays pour faire porter à Pastef le crime d'insurrection, régionalisme, ethnicisme, menaces sur la souveraineté de l'Etat, terrorisme etc., toutes les dispositions qui leur permettraient de diaboliser et de dissoudre le parti dirigé par Ousmane Sonko... De telles dispositions ont commencé à prendre pied avec un nombre d'indices et scénarios qui sont en train d'être déroulés depuis quelques jours (interview d’Abou Abel Thiam, arrestation de Docteurs, de leaders de Pastef, allégations de terrorisme, agitations sur les reseaux sociaux venant d'influenceurs subitement devenus anti-Sonko).
Il se sussure (subitement) que les services de la Sureté Urbaine de Dakar viennent de "neutraliser" un groupe dénommé "Commando Pastef" qui planifierait des "coups ignobles"! Et cela, après le phénomène "Forces Speciales" qui avait été lancé après les émeutes de mars 2021 et qui avait servi de prétexte à des arrestations de jeunes activistes (et des morts et disparitions suspectes) et qui n'a finalement mené à rien du tout, sinon au silence...
2. La stratégie de la décapitation : "Mettre hors d'état de nuire" certaines figures qui dérangent, à qui on collerait tous les péchés d'Israel pour justifier une longue incarcération et à qui on retirerait leurs droits civiques.
Une nuit ou des semaines des longs couteaux ; pendant que tout le monde est concentré sur la Ramadan !
Voila ce qui est bien en gestation dans ce Sénégal de Macky en perspective de l’election de 2024. Donc 2024 a bel et bien commencé !
Le temps des responsabilites c'est bien maintenant !
C'est maintenant qu'il faut se lever et dire NON !
L'issue de cette battaille déterminera l'avenir de ce pays dans les 50, 100 ans à venir.
Elle déterminera si nous continuerons ou non à vivre sous l'angoisse constante que nos enfants, nos neveux ou nos voisins pourraient, à n'importe quel moment, faire le choix de braver la mer ou le désert par manque de lendemains meilleurs. Parce que les resources de notre pays sont bradées, spoliées et notre souveraineté bafouée.
Un meilleur sort est possible. Un leadership compétent et soucieux des intérêts de notre pays est possible.
L'Afrique, les jeunesses africaines aspirent à un leadership capable de tracer la courbe de leur destin dans une direction toute nouvelle. Et c'est maintenant qu'il faut s'atteler à la concretisation de ce destin.
Note en passant : Et pendant ce temps, la France, souvent si portée à faire valoir son "point de vue" sur ce qui se passe dans son "pré-carre", dit ne pas vouloir s'immiscier...comme si on ne savait pas qu'elle est en train de faire le contraire sous les canniveaux...comme elle l'avait fait en Côte d'Ivoire lorsque Ouattara tordait le bras à la Constitution en se présentant pour un troisième mandant il y a deux ans. Une telle chose se serait passé au Mali, on aurait le tollé que cela aurait causé.
Mais le Senegal est tout différent aux yeux des adeptes de la françafrique. Si Dakar tombe, ce sera la fin de la pieuvre francafricaine, donc rien ne sera ménagé pour bloquer une telle éventualité.
#NonAuTroisiemeMandat
#Nonaufascisme
#Nonalarestrictiondeslibertes
#Lesenegalmeritemieux
#Nonalafrançafrique
#nonauFCFA
Moustapha Barry est Cadre des Telecom
Melbourne, Australia moustapha.barry@gmail.com
PAR Abdoul Aziz Diop
DISSOUDRE PASTEF
Née de l’anti-intellectualisme primaire de la direction de tous les partis de gouvernement et d’un journalisme de pacotille - La dissoudre pour mettre hors d’état de nuire les membres de la faction insurrectionnelle et terroriste est un devoir
« La Sureté Urbaine de Dakar vient de mettre hors d’état de nuire un groupe d’individus se faisant appeler "commando de Pastef" dirigé par deux anciens militaires dont un gendarme », écrit le quotidien _Enquête_ daté du samedi 25 mars-dimanche 26 mars 2023.
PASTEF est né de l’anti-intellectualisme primaire de la direction de tous les partis de gouvernement et d’un journalisme de pacotille qui fait qu’on ne trouve pas un seul éditorialiste cultivé dans toute la presse sénégalaise depuis douze ans maintenant.
La coexistence pacifique entre l’anti-intellectualisme primaire et la paresse éditoriale de la presse sénégalaise tous médias confondus a créé l’environnement politique sur lequel un jeune diplômé de l’Ecole nationale d’administration (ENA), dont tout le monde sait qu’il est tout sauf un intellectuel en politique, surfe en torpillant le secret professionnel dans l’exercice de ses fonctions.
La faction PASTEF est alors née de la rébellion au sein même de ce que l’on a longtemps cru être, pour de bon et pour 36 raisons, les bons et loyaux serviteurs de l’État.
De toutes les rebellions, la plus insidieuse - Cheikh Ahmed Tidiane SY parle de « coup d’Etat administratif » - est celle dont PASTEF est la tumeur cancéreuse ne pouvant échapper à l’ablation pour obstruer, encore qu’il est temps, les voies, toutes trouvées, de la métastase.
En des termes moins imagés cela signifie que dissoudre PASTEF et mettre définitivement hors d’état de nuire les membres de la faction insurrectionnelle et terroriste est aujourd’hui le premier et le plus sacré des devoirs.
« L’analyse de La loi n° 81 du 6 mai 1981 relative aux partis politiques fait apparaître [que la dissolution] peut intervenir dans neuf cas » (NZOUANKEU, Les partis politiques sénégalais, Éditions Clairafrique-Dakar, 1984). Pour les besoins de notre modeste coup de projecteur, nous en citons seulement deux :
- « lorsqu’un parti cesse de se conformer à la Constitution, ainsi qu’aux *principes de la souveraineté nationale et de la démocratie* » ;
- « lorsqu’il s’identifie à une race, une ethnie, un sexe, une religion, une secte, une langue ou une région… »
- (…)
Une fois motivée, la dissolution intervient par décret et sur rapport du Ministre de l’Intérieur.
Évidemment, la dissolution est un acte administratif susceptible de recours pour excès de pouvoir devant la Cour Suprême.
Se soustraire à la logique évidente de dissolution de PASTEF apparaîtrait aujourd’hui comme une déraison d’État que les meilleurs sous-préfets, préfets et gouverneurs du monde - ceux du Sénégal indépendant tous très compétents et loyaux - ne comprendraient vraiment sans avoir le sentiment d’être trahis dans le sacerdoce pour la paix, la sécurité des biens et des personnes, la démocratie et le développement.
Abdoul Aziz Diop est essayiste, Auteur de « Gagner le débat…», L’Harmattan Sénégal & Éditions universitaires européennes, février 2023
CHRONIQUE D’UN NAUFRAGE ANNONCÉ, par ada pouye
EUPHORIE, ERREUR, ABSENCE D’ÉTHIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le président Macky Sall a confirmé le slogan « élections, trahison ! ». Cette chronique revient sur un « règne », aujourd’hui finissant, qui portait déjà en gésine la faillite et les dérives actuelles
L’évolution de la situation politique actuelle est inédite dans l’histoire du Sénégal. Elle ne peut laisser indifférente un militant à vie pour la cause des populations oppressées où qu’elles se trouvent dans le monde. Peu importe leurs religions, leurs croyances, leurs idéologies ou leurs appartenances ethniques.
Cette chronique revient sur un « règne », aujourd’hui finissant, qui portait déjà en gésine la faillite et les dérives actuelles. Cette chronique est une historicisation de la gouvernance du président Macky Sall.
Euphorie – Erreur - Absence d’éthique
La fin du mandat non renouvelable du président Macky Sall amorce le début du bilan de sa gouvernance.
Car, nul[1]président, ne peut se soustraire au jugement du peuple, qui a consenti le sacrifice de se priver de tout pour ne rien lui priver. Peu importe la rationalité ou l’irrationnalité du jugement. Peu importe l’objectivité ou la subjectivité du jugement.
Bref, la fin du mandat non renouvelable du président Macky Sall initialise sa comparution devant le tribunal des consciences individuelle et collective du peuple du Sénégal.
C’est sous ce prisme, celui de la liberté de penser différemment, qu’émerge le constat que le président Macky Sall a confirmé le slogan « Élections, Trahison ! ».
Cette chronique se propose de le prouver. Le prouver en marchant, comme on prouve le mouvement.
L’euphorie
L’euphorie en elle-même n’est pas mauvaise en soi. Mais quand elle inhibe le discernement d’un président d’une République de surcroît, elle est chargée de périls. Car, elle affecte une des qualités primordiales attendues de sa stature : la capacité de s’auto-gouverner en toutes circonstances.
Dès son élection, le président Macky Sall, s’est livré à une furie de déclarations intempestives : réduction du mandat, renforcement de la démocratie, pas d’emprisonnement de journaliste, primat de la patrie sur le parti… et tutti quanti.
Chaque Sénégalais porte dans sa mémoire une liste de promesses fantasmagoriques. Mais, aussi longues et disparates soient-elles, ces listes sauvegardées dans leurs mémoires, ont un tronc commun : l’absence de lucidité et l’incapacité de s’auto-gouverner dans les moments critiques. Ivresse revancharde ? ou Impréparation à gouverner ?
L’euphorie originelle effrénée du président Macky Sall est le premier signe clinique annonciateur d’une gouvernance calamiteuse.
Les erreurs
La première erreur et la plus fondamentale est celle de la reconduction de la servitude. La visite en avril 2012, aux « anciens maîtres », à un président affaibli, pris en étau par un entre-deux tours d’une élection dont tout le monde, sauf lui, savait qu’il allait la perdre, est à la fois, une erreur stratégique, un manque de jugement et une humiliation.
Les Sénégalais y compris lui-même continuent de payer cette erreur. Le ré-asservissement a été ré-actée. Le prédécesseur du président Sarkozy a « hérité » d’un Sénégal qui lui a été servi sur un plateau d’argent.
En effet, aller au pas de course, implorer de l’aide à un président en disgrâce et balbutier à la face du monde que la France a tiré le Sénégal d’affaire, est une erreur. Réactiver des accords de défense avec une France libérée de sa débâcle, entre autres, par le sang versé par des Sénégalais, est aussi une erreur. Toutes les options pour préserver le Sénégal étaient-elles mises sur la table avant cette visite ?
La deuxième erreur est à inscrire au Guinness des consternations. Un président d’une République, dans un État soumis au Droit, qui regarde le peuple dont il est redevable droit dans les yeux, et lui annonce qu’il met sous son coude des dossiers et qu’il existe des citoyens non justiciables, que fait-il de la République ? que fait-il de l’État de Droit ? Pas surprenant pour quelqu’un qui avait bafoué une loi de la République en refusant de se soumettre aux exigences du code électoral dans un bureau de vote à Fatick. Cela est aussi sauvegardé dans nos mémoires.
Les erreurs du président Macky Sall sont le deuxième signe clinique annonciateur d’une gouvernance calamiteuse.
L’absence d’éthique
Le peuple du Sénégal et les peuples du monde médusés, ont appris du président Macky Sall qu’il est possible, dans l’un des pays les plus pauvres du monde, de devenir milliardaire uniquement en faisant de la politique. Un politicien doit-il accepter un don en milliards quelle que soit leur provenance du seul fait de sa position politique circonstancielle ? Outrageant ! Le président Macky Sall connait-il les derniers mots du cinquième couplet de notre hymne national ? « La mort, oui ! Nous disons la mort, mais pas la honte».
L’absence d’éthique du président Macky Sall est le troisième signe clinique annonciateur d’une gouvernance calamiteuse.
A suivre…
[1] Pour Ismaila Madior Fall, le président Macky Sall se trouverait hors du domaine de définition de « nul ». Nous y reviendrons.
par Fassou David Condé et Dimitri M'Bama
DERRIÈRE L'EXPRESSION SENTIMENT "ANTI-FRANÇAIS", LE MÉPRIS DES ÉLITES DE L'HEXAGONE
Les mouvements de contestation sont portés avec des revendications claires. Que l’on soit en désaccord avec elles est concevable, mais que l’on voit dans leur démarche l’expression d’un sentiment rappelle ce que Fanon appelait "le syndrome nord-africain"
Jeune Afrique |
Fassou David Condé et Dimitri M'Bama |
Publication 26/03/2023
La veille de la dernière tournée d’Emmanuel Macron en Afrique centrale, Radio France internationale (RFI) consacrait une émission à « la montée d’un sentiment anti-français ». Le 13 janvier, Politique Magazine publiait un article du même titre. Le 4 janvier, c’était au tour d’un groupe de réflexion libéral de se fendre d’une analyse intitulée « sentiment anti-français en Afrique de l’Ouest, reflet de la confrontation autoritaire contre l’Occident collectif ».
Mais existe-t-il vraiment un sentiment anti-français en Afrique ? Nous répondons par la négative. Pour une raison toute simple : il n’a rien à voir avec la réalité, le phénomène auquel on s’efforce de l’arrimer, qui procède non pas de l’émotion, mais, bien au contraire, d’un choix raisonné — certes dérangeant pour les intérêts de la politique de coopération française en Afrique.
Stratégie de disqualification
Derrière l’utilisation de l’expression « sentiment anti-français », alors, nous entrevoyons un mépris et une insulte à l’égard des populations africaines, et particulièrement des plus jeunes, investies dans des mouvements de contestation. Elles sont présentées là comme irrationnelles et facilement manipulables – jadis par la France, mais désormais par la Russie ou la Chine –, incapables d’opérer des choix rationnels, fondés sur des calculs entre les coûts et les bénéfices de la coopération de leurs pays avec tel ou tel pays partenaire – dans quelque secteur qu’il soit.
Les 104 premiers signataires de l’appel lancé à Macky Sall à « Revenir à la raison » font le pari qu’il en est suffisamment doté. Il serait dommage qu’ils perdent ce pari. Entendez le mugissement de la colère populaire avant qu’il ne soit trop tard
Les Professeurs Abdoulaye Elimane Kane, Boubacar Barry, Abdel Kader Boye, Fatou Sow, les journalistes et écrivains Sophie Bessis, Boubacar Boris Diop, et tant d’autres personnalités influentes, ont unis leurs voix pour lancer une alerte face à ce qui semble relever d’une judiciarisation de la vie politique au Sénégal.
Un appel de cette nature suppose et attend une réponse et ne doit, surtout pas tomber dans une polémique stérile qui ne ferait que creuser, davantage, un fossé d’incompréhension. Nous espérons que le Sénégal, ses dirigeants et son vaillant peuple, sauront apporter encore une fois de plus, des raisons d’espérer à l’Afrique toute entière par le dialogue et le respect mutuel.
Plus généralement. L'une des beautés de l’avènement des réseaux sociaux est l’effacement des frontières devant la solidarité agissante des esprits. La communion des cœurs, sur des causes justes, défie le temps et l'espace. La solidarité humaine transfrontalière retrouve ainsi du sens. Elle va, résolument, à l'assaut d'un ordre ancien qui semble perdre pied. Inéluctablement. Malgré les dérives langagières qui essaiment, par-ci par-là, les réseaux sociaux offrent des raccourcis pour rebâtir des digues solides en vue de contenir les dérives autoritaires d’où qu’elles puissent venir.
La signature d'un appel, par plus d'une centaine, et bientôt plus de deux cent personnalités d'origines diverses, unis par l'urgence de se tenir debout pour sauver le meilleur de la démocratie sénégalaise, nous touche profondément. La prise de conscience de devoir jouer une partition dans la préservation du modèle démocratique sénégalais, par tant de nationalités différentes, est un signal fort qui mériterait d’être entendu, avec lucidité et bienveillance, par les autorités sénégalaises, certes. Mais ce signal s’adresse, aussi, à l’ensemble des acteurs de la classe politique de tous les pays du continent africain. Pour leur dire que le combat pour la démocratie et la défense des droits humains, au sens large, doit rester au-dessus des clivages partisans ou claniques. Il se situe au-delà des mandats électifs, de leur durée et de leur nombre. Il s’inscrit dans l’ordre de l’Éternité des Nations…
Rassembler sur un texte collectif autant de sommités mondiales est encourageant. Cela préfigure de lendemains radieux pour une Afrique nouvelle, décomplexée et mieux organisée. La mission de veille et d’alerte des intellectuels, universitaires et penseurs de tous les pays doit, désormais, se doter de tous les outils de transmission et de partage d’informations fiables et pertinentes en temps réel. A l’ère des fake news et autres manipulations par l’intelligence artificielle, les intelligences humaines doivent mutualiser leurs ressources pour minimiser les risques de désordre…organisé.
Les 104 premiers signataires de l’appel lancé au président Macky Sall à « REVENIR À LA RAISON » font le pari qu’il en est suffisamment doté ! Il serait dommage qu’ils perdent ce pari. Ils semblent lancer, comme une bouée de sauvetage, à l’ensemble des collaborateurs proches du chef de l’État du Sénégal, pour leur éviter la noyade dans l’ivresse du pouvoir. Nous en connaissons quelques-uns qui ne mériteraient pas le sort infâme d’une réduction à la poussière dans les catacombes de l’histoire ! Le sort, déjà vu et peu enviable, de tous les despotes non éclairés… Alors, à ces hommes et femmes au bord de la tentation de la déraison, nous disons avec des mots simples : entendez le mugissement de la colère populaire avant qu’il ne soit trop tard… Nul ne peut contenir la mer avec ses bras. La déferlante de la jeunesse est une exigence d’avenir. Un avenir qui leur appartient. Définitivement.