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25 novembre 2024
Politique
LÉGISLATIVES, VERS UNE RECONFIGURATION DES ALLIANCES
Les partis politiques s'engagent dans des négociations pour former de nouvelles coalitions, avec des mouvements au sein de l'opposition et de la majorité. Ces manœuvres visent à redéfinir les alliances et à s'adapter aux enjeux politiques à venir.
Dans un contexte politique sénégalais en pleine effervescence, la gestation des nouvelles coalitions en vue des élections législatives de 2024 ou 2025 prend une importance capitale. La dissolution potentielle de l'Assemblée nationale, un événement qui pourrait redéfinir le paysage politique du pays, a incité plusieurs partis et mouvements politiques à se regrouper pour former des alliances stratégiques.
La scène politique sénégalaise est en pleine ébullition, à l'horizon des élections législatives de 2024 ou 2025. Cette perspective a déclenché un véritable souhait de recomposition du paysage politique où coalitions et alliances se forment, se renforcent ou éclatent dans une course effrénée pour le contrôle du pouvoir Législatif.
La formation du Bloc des libéraux et des démocrates/Takku est un exemple patent de cette dynamique. Cette nouvelle coalition qui a vu le jour la semaine dernière, rassemble plus de quarante partis et mouvements de la mouvance libérale et démocratique. Les principaux objectifs de cette alliance sont d’amplifier l’héritage des décennies de lutte des libéraux, tout en soutenant les valeurs démocratiques et en favorisant la coopération entre les différents acteurs politiques. Le nom de la coalition, ‘’Takku’’, qui signifie ‘’s'unir’’ en wolof, reflète l’intention des membres de transcender leurs divisions pour mieux affronter les défis politiques à venir. Modou Diagne Fada, ancien ministre et député, évoque la création de blocs idéologiques d’abord, suivie de blocs électoraux en vue des législatives. Pour lui, l’unité est importante pour obtenir une majorité à l’Assemblée nationale et potentiellement entraîner une cohabitation avec le régime en place.
Cependant, la nouvelle coalition ne regroupe pas tous les acteurs politiques libéraux. Le Parti démocratique sénégalais (PDS) de l’ancien président Abdoulaye Wade et le parti d’Amadou Ba, candidat de l’ex-coalition présidentielle lors de la dernière élection, sont absents de cette alliance. Ces absences sont significatives, car elles reflètent les tensions et les divisions au sein de l'opposition. Le PDS, qui pourrait rester un acteur majeur sur l'échiquier politique, a des liens compliqués avec d’autres partis libéraux et démocratiques.
Pape Maël Thiam alerte…
Dans cette conjoncture, l’Alliance pour la République (APR) se trouve également à un carrefour crucial. Maël Thiam, administrateur de l’APR, souligne les défis internes du parti. L’ancien parti présidentiel, qui a longtemps été la locomotive de l’ex-coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar (BBY), fait face à des dissensions internes et à un éloignement de certains membres clés. Le parti doit chercher à être actif à travers des périodes de turbulences marquées par des départs et des initiatives politiques qui ne sont pas toujours bien accueillies par la base. Monsieur Thiam appelle à une meilleure cohésion et à un renouveau dans la gouvernance interne, pour éviter des divisions potentielles qui pourraient affaiblir la position de l’APR aux prochaines élections.
Par ailleurs, Amadou Ba, le candidat de BBY lors du dernier scrutin présidentiel, qui a obtenu 35,79 % des voix, a désormais pris ses distances avec Macky Sall. La création d'un nouveau parti par Amadou Ba semble confirmer son opposition à son ancien mentor. Bien qu'il soit encore prématuré d’évaluer l’impact de cette scission, le départ de l'ancien Premier ministre pourrait entraîner des divisions internes et affaiblir la cohésion du groupe.
L’APR a longtemps été centrée autour de la personnalité et du leadership de Macky Sall, et cette dépendance constitue une problématique majeure pour l’avenir de la coalition. L'absence d'un successeur clair pour Macky Sall représente un défi significatif. La forte concentration du pouvoir autour de sa personne pourrait mener à des luttes internes pour le leadership et à une possible érosion de l'unité au sein de BBY. Le premier véritable test pour l’ex-coalition présidentielle sera sans doute les prochaines élections législatives.
Réactions du PDS : vers une alliance potentielle avec Pastef ?
Dans ce contexte politique, Djibril Sakho, responsable du Parti démocratique sénégalais (PDS) à Saint-Louis, clarifie que le PDS n’a pas encore pris de position formelle d’opposition au nouveau régime. Alors que les élections législatives se profilent à l’horizon, Sakho révèle que les coalitions Wallu et Pastef ne rejettent pas la possibilité de former une alliance politique. Il met en relief que cette collaboration potentielle entre le PDS et Pastef est en ligne avec les recommandations de Maître Abdoulaye Wade, qui a suggéré un soutien à la coalition DiomayePrésident. Sakho précise que compte tenu des besoins du pouvoir en place pour obtenir une majorité confortable à l’Assemblée nationale, des alliances telles que celle entre le PDS et Pastef pourraient s’avérer cruciales.
Sakho, rapporté par Seneweb, fait également référence à des récents événements au sein de l’hémicycle pour illustrer les tensions politiques actuelles. Il note que le blocage du débat d’orientation budgétaire est symptomatique du fait que la majorité de Benno Bokk Yaakaar semble peu encline à faciliter le travail aux nouvelles autorités.
En parallèle, il observe que le président Bassirou Diomaye Faye et Karim Wade sont en communication fréquente, suggérant que le président de la République rende également des comptes à Ousmane Sonko, président de Pastef.
Cette dynamique met en exergue l’évolution complexe des alliances politiques et des interactions entre les différentes factions du paysage politique sénégalais. Loin d'être un simple réajustement stratégique, ces mouvements témoignent également des possibles tensions sous-jacentes et des ambitions qui agitent les différents acteurs politiques du pays, chacun cherchant à consolider sa position dans un contexte de fragilité institutionnelle.
Vers une coalition ‘’Jub-Jubbal-Jubanti’’
Dans ce contexte de recomposition, Ousmane Sonko et son équipe auraient commandité des sondages pour évaluer la meilleure stratégie à adopter en vue des prochaines législatives. Un rapport détaillé a été remis à Sonko, destiné à éclairer les orientations futures du Pastef. L'objectif est de déterminer s'il est plus judicieux de se présenter en solo, c'est-à-dire sous la seule bannière du Pastef ou de former une large coalition avec d'autres forces politiques.
Cependant, selon des sources anonymes, la majorité des militants à la base penchent en faveur d'une candidature indépendante, privilégiant une démarche autonome plutôt que l'ouverture à d'autres alliances.
Pour certains observateurs, la coalition DiomayePrésident doit se repositionner en vue des prochaines législatives. Dans cette perspective, Bassirou Diomaye Faye et son équipe envisagent de créer une nouvelle alliance qui pourrait élargir la coalition présidentielle. Cette révision stratégique est nécessaire pour s’assurer une majorité confortable dans l’hémicycle. Le changement de nom et l’élargissement de la coalition sont en cours de discussion, avec des options comme ‘’Jub-Jubbal-Jubanti’’ qui pourraient être envisagées pour mieux refléter l’objectif de la coalition. Les discussions incluent également des négociations avec des partis comme le Tekki de Mamadou Lamine Diallo et potentiellement le Parti pour l’unité et le rassemblement (Pur).
Khalifa et les socialistes en jeu…
D’un autre côté, l’opposition se restructure également. Khalifa Ababacar Sall, malgré un faible score lors de la dernière présidentielle, cherche à renforcer une opposition forte. Il envisage une large coalition pour raviver le Parti socialiste (PS) et pourrait chercher à s’allier avec des figures de l’opposition comme Amadou Ba et Bougane Guèye Dani.
Les efforts de reconstruction du PS et les tentatives de rassemblement des forces d’opposition montrent une volonté de renforcer une alternative crédible au régime actuel.
La dynamique politique actuelle montre également des signes de fragmentation. Des partis de gauche comme la LD/MPT et le PIT ont déjà marqué leur rupture avec BBY. Ces scissions, combinées aux défis internes de l’APR et aux nouvelles alliances en gestation, illustrent la complexité du paysage politique sénégalais en préparation des prochaines élections législatives.
Les élections législatives de 2024 ou 2025 révèlent un paysage politique sénégalais en pleine recomposition. Les nouvelles coalitions, les révisions stratégiques et les tentatives de regroupement au sein de l’opposition montrent une volonté de s’adapter aux défis politiques actuels. Les prochaines semaines et mois seront décisifs pour observer comment ces alliances se concrétiseront et comment elles influenceront le futur politique du Sénégal.
MOUSTAPHA DIAKHATÉ INVITE L’ASSEMBLÉE À DÉCLARER IRRECEVABLE LA SESSION EXTRAORDINAIRE
L’ancien député dénonce l'initiative du chef de l’État, qualifiant de « non conforme » la procédure. Selon lui, cette démarche enfreint les prérogatives constitutionnelles réservées au Parlement, invitant ce dernier à rejeter l’acte présidentiel.
L’ancien député Moustapha Diakhaté estime que l’Assemblée nationale doit déclarer irrecevable la convocation de la session extraordinaire par le président de la République. Selon lui cette procédure entamée par le président de la République « est illégale ».
« Le bureau de l’Assemblée nationale doit retourner au président de la République son illégal décret. Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, qui s’appuie sur l’article 63 de la Constitution, interdit au président de la République de fixer la date d’ouverture de sessions parlementaires comme bon lui semble», a écrit l’ancien président de groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar.
Moustapha Diakhaté reste convaincu qu’ à l’exception de la date d’ouverture de la première session de l’Assemblée nationale nouvellement élue, qui est fixée par le président de la République, les autres dates d’ouverture de sessions ordinaires ou extraordinaires sont de la compétence exclusive du bureau de l’Assemblée nationale. « Le bureau de l’Assemblée nationale, face à la forfaiture du président de la République et de son Premier ministre, doit résister à l’hubris de l’Exécutif et mettre fin à ce énième fait du prince », soutient-il.
AMINATA TOURE NOMMÉE HAUT REPRÉSENTANT DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
L’ancien Premier ministre fait son retour au sommet de l’État en rejoignant le cabinet du chef de l'Etat
L’ancien Premier ministre fait son retour au sommet de l’État en rejoignant le cabinet du chef de l'Etat Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Elle a, en effet, été nommée nommée Haut représentant du président de la république lundi 26 aout par le décret n° 24/1796 du 26 août 2024.
Un poste quasi similaire à celui d’envoyée spéciale du président de la République que Macky Sall lui avait confié.
A noter que l'ancienne ministre de la Justice sous Macky Sall, Aminata Touré, est membre de la coalition « Diomaye Président » qui a porté Bassirou Diomaye Faye à la tête de l’Etat.
LE PIÈGE DE DIOMAYE À BBY
Alors que la suppression du HCCT et du CESE est présentée comme une promesse de campagne, certains y voient surtout une manœuvre politique du président destinée à entraîner la majorité parlementaire vers une possible dissolution de l'Assemblée
Le président de la République a saisi hier l’Assemblée nationale pour commencer la procédure devant déboucher sur la suppression du HCCT et du CESE. Mais à travers cet acte, beaucoup d’observateurs estiment que Diomaye cherche un alibi pour mettre fin à la quatorzième législature. Pris de court, BBY convoque ses députés aujourd’hui pour peaufiner une stratégie.
C’est tard dans la soirée d’hier que la présidence a rendu public un communiqué pour gâcher le sommeil des membres du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT) et du Conseil économique social et environnemental (CESE), dont la mort de leurs institutions est désormais très prise au sérieux par le président Bassirou Diomaye Faye qui va sans aucun doute envoyer Aminata Mbengue Ndiaye et Abdoulaye Daouda Diallo au chômage. « Conformément à l'article 63 de la Constitution, le président de la République a transmis au président de l'Assemblée nationale le décret portant convocation de l'Assemblée nationale en session extraordinaire, le jeudi 29 août 2024, pour l'examen du projet de loi portant modification de la constitution. La modification envisagée de la Constitution porte sur la suppression du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT) et du Conseil économique social et environnemental (CESE)», renseigne un communiqué parvenu à L’AS.
Mais il faut dire que si cette démarche du chef de l’État traduit le respect d’une promesse de campagne, elle cache pour beaucoup d’observateurs un coup politique ou une stratégie pour mettre en mal les députés de l’opposition pour trouver un alibi pour dissoudre l’Assemblée nationale. Puisqu’il faut 3/5 des députés soit 99 parlementaires, pour acter la mise à mort du HCCT et CESE.Or, BBY détient 83 députés et il n’est pas sûr que les deux non-inscrits ainsi que les 80 autres parlementaires soient tous emballés par la cause présidentielle. Ajoutée à cela, la rupture que les tenants du pouvoir sont en train de théoriser ; ce qui les pousserait à ne pas faire de débauchage de députés pour être en phase avec l’éthique qu’ils sont en train de défendre.
Tout cela pour dire que la mouvance présidentielle semble être bien préparée à dissoudre à l’Assemblée puisqu’une session extraordinaire ne dure que 15 jours. La balle est maintenant dans le camp des députés de l’opposition qui peuvent être accusés d’empêcher les nouvelles autorités de dérouler leur projet, s’ils ne votent pas pour la dissolution du HCCT et CESE. Au cas contraire, ils seront également en contradiction avec eux-mêmes, puisqu’au temps de l’ancien régime, ils avaient béni l’existence de ces deux institutions, jugées budgétivores par l’actuel régime.
BBY convoque ses députés aujourd’hui à 16 h
Il faut rappeler que Diomaye ne peut pas dissoudre par décret l’institution dirigée par Aminata Mbengue Ndiaye et celle dirigée par Abdoulaye Diallo. Pour le CESE, il a été créé par la loi n°2012-16 du 28 septembre 2012 portant révision de la Constitution. L’institution constitue, auprès des pouvoirs publics, une assemblée consultative et peut être saisie par le président de la République, l’Assemblée nationale ou le Premier ministre au nom du gouvernement, de demandes d’avis ou d’études. En ce qui concerne le HCCT, il a été créé par la loi constitutionnelle n°2016-10 du 05 avril 2016 portant révision de la constitution et adoptée suite au référendum du 20 mars 2016.Ainsi donc par parallélisme des formes, il faut une loi constitutionnelle pour dissoudre le Cese et le Hcct. Pris de court par la décision du président de la République, BBY a convoqué ses députés aujourd’hui à 17 h pour voir la stratégie à adopter. Il s’agit de définir sa stratégie face à ce piège tendu par Diomaye Faye. S’ils refusent de voter la loi, ils donnent non seulement un argument de campagne à Sonko et compagnie, mais ils donnent également à Diomaye l’occasion de dissoudre l’Assemblée à partir de ce mois de septembre conformément à la loi.
Tout donc dépendra de la position de Bby. Si la coalition de l’opposition rejette la loi, le président Diomaye Faye va dissoudre l’Assemblée de facto et convoquer le collège électoral dans les 60 jours minimum et 90 jours maximum. Il disposera ainsi d’un bon argument de campagne. Quoi qu’il en soit les jours des trois institutions (Cese, Hcct et Assemblée) sont comptés. Reste à savoir si les partisans de la rupture systémique feront comme leurs prédécesseurs en faisant renaitre le Sénat de cendres des défuntes Cese et Hcct pour caser une clientèle politique ou s’ils vont se conformer à la rupture et fonctionner sans d’autres institutions budgétivores. Wait and see.
MAFIA AU CŒUR DU SYSTÈME DE L’ASSAINISSEMENT
Cheikh Tidiane Dièye a violé la loi en attribuant litigieusement les marchés publics de l’ONAS. Le Procureur de la République tient là une affaire grave qui doit être traitée avec le sérieux qui sied - COMMUNIQUÉ DE LA RÉPUBLIQUE DES VALEURS
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du parti La République des valeurs/Réewum Ngor appelant à une enquête approfondie sur l'affaire l'ONAS née de l'attribution de marchés publiques.
"La période sombre traversée, récemment, par notre pays nous rappelle constamment notre devoir citoyen de rester vigilants face à la gestion de nos gouvernants. Après avoir vécu ce traumatisme, les Sénégalais ne peuvent pas tolérer qu’une autorité étatique, quelle qu’elle soit, fasse l’objet d’accusations sérieuses d’une gestion douteuse et se soustrait à l’obligation de reddition des comptes. L’actualité relative à l’affaire de l’attribution litigieuse de marchés publics à l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS) montre clairement que les hautes autorités de notre pays concourent à empêcher l’éclatement de la vérité sur ce dossier polémique. Cette affaire est par ailleurs grave parce qu’elle semble accréditer l’idée profondément ancrée dans la mentalité collective que les pouvoirs publics, en dépit des changements de régimes, conservent le même système fait de mépris des difficultés des Sénégalais et de rivalités personnelles pour des prébendes. Une analyse holistique du dossier révèle, à tout le moins, une gestion corrompue ; l’histoire, les faits et le droit convergent vers un scandale.
Il est indéniable que l’intervention du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement dans le dossier d’attribution de marchés publics par l’ONAS est illégale, à plusieurs égards. L’ONAS est un établissement public à caractère industriel et commercial, conformément à l’article 1er de la loi n° 96-02 du 22 février 1996. La gestion administrative et financière de l’ONAS est donc autonome. La tutelle exercée par le ministre chargé des Finances et le ministre chargé de l’Assainissement, au titre de l’article 20 du décret du 7 août 1996 fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de l’ONAS, ne saurait servir de prétexte pour écorner cette autonomie. En vertu de l’article 2 du Code des marchés publics, l’ONAS est une autorité contractante compétente pour mener une procédure de passation de marché public. Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, M. Cheikh Tidiane Dièye, ne dispose juridiquement d’aucune prérogative lui permettant d'intervenir directement dans la procédure d’attribution de marchés publics par l’ONAS, en particulier d'en imposer l'arrêt. En dehors de l’autorité contractante, ici l’ONAS, seul le Comité de règlement des différends (CRD) de l’ARCOP (ex. ARMP) peut suspendre une procédure de passation de marché public. Il en résulte que le ministre Dièye s’est arrogé un pouvoir que la loi ne lui donne pas.
En outre, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement ne disposait pas de la compétence pour sélectionner deux entreprises en vue de l’attribution directe d’un marché public de l’ONAS. Selon l’article 77 du Code des marchés publics, « Les marchés sont passés par entente directe lorsque l’autorité contractante engage directement les discussions avec un ou plusieurs opérateurs économiques et attribue le marché au candidat qu’elle a retenu ». L’autorité contractante étant l’ONAS, le ministre Cheikh Tidiane Dièye n’avait ni le pouvoir de solliciter l’autorisation de la Direction centrale des marchés publics (DCMP), ni la compétence de choisir les entreprises attributaires. Tout l’argumentaire construit autour de l’urgence, des supposées surfacturations et de la mise en place d’une commission mixte (composée de représentants du ministère et de l’ONAS) n’y fait absolument rien. Il est évident que le ministre Cheikh Tidiane Dièye a violé la loi en attribuant litigieusement les marchés publics de l’ONAS.
Il est légitime de se poser la question des motifs qui auraient poussé Monsieur Dièye à se substituer à l’ONAS dans cette affaire. Aucun des arguments avancés pour justifier cette facturation n’est crédible. De plus, pourquoi DELTA et VICAS ? Les hauts fonctionnaires mandatés par le ministre pour porter sa parole (qui ne se gênent pas d’avouer qu’au moment de la nomination du M. Cheikh Dieng comme DG, rien n’a été entrepris à l’ONAS comme au ministère) ont essayé de justifier les capacités singulières de ces deux entreprises à exécuter les marchés litigieux dans les délais prévus sans donner un seul élément technique ; tout ce que nos hauts fonctionnaires ont trouvé à dire c’est que VICAS et DELTA en ont les capacités au regard de la présence dans les rues de la ville de leurs véhicules et de leurs agents. Désormais, toute entreprise pourra prouver ses capacités à exécuter convenablement un marché public en distribuant plusieurs tee-shirts et en louant des véhicules sur lesquels sont floqués ses marqueurs d’identité. Quel désastre !
L’histoire nous offre des révélations inattendues sur ces deux entreprises, VICAS et DELTA. Nous avons été surpris de découvrir que pendant la période 2019-2020, lorsque l’ONAS était sous la direction de M. Lansana Gagny Sakho (actuel PCA de l’APIX), beaucoup de marchés publics attribués par l’ONAS à VICAS et DELTA ont été annulés, soit par le Comité de règlement des différends de l’ARMP (aujourd’hui ARCOP), soit par la Cour suprême. Il est intéressant de constater que l’ONAS a décidé d’attribuer les marchés publics à VICAS et DELTA, parfois en ignorant les décisions des autorités compétentes.
Première affaire : Par décision n° 16/ARMP/CRD/DEF du 30 janvier 2019, le Comité de règlement des différends avait annulé l’attribution provisoire et ordonné la reprise de l’évaluation concernant un marché public de l’ONAS pour des travaux d’entretien et d’exploitation des réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales à Dakar et dans les autres régions. On précisera que les cinq lots que comprenait ce contrat ont été tous attribués à VICAS et DELTA, qui avaient agi tantôt individuellement, tantôt en Groupement (DELTA/VICAS). Au lieu de reprendre l’évaluation, l’ONAS a procédé à une nouvelle publication de l’avis d’attribution provisoire des marchés aux mêmes soumissionnaires, selon les mêmes critères et dans les mêmes circonstances. Alors que rien n’a été changé par rapport à sa décision précédente, le Comité de règlement des différends valide quand même cette nouvelle attribution. N’étant pas convaincue par ce changement de position du Comité, une entreprise soumissionnaire concurrente décide d’attaquer la décision du Comité de règlement des différends devant la Cour suprême. Par un arrêt du 12 mars 2020, La société « DELGAS ASSAINISSEMENT » c/ L’autorité de régulation des marchés publics dite ARMP, la Cour suprême annule la décision litigieuse, en considérant que la nouvelle attribution du marché a été faite en méconnaissance de la loi. Ayant obtenu gain de cause auprès de la Cour suprême dont les arrêts s’imposent à toutes les parties, donc à l’ONAS ici, l’entreprise soumissionnaire lésée n’est pas encore au bout de ses peines. En effet, l’ONAS avait littéralement refusé d’exécuter l’arrêt de la Cour suprême du 12 mars 2020. L’entreprise lésée se tourne vers l’ARMP pour obtenir la soumission de l’ONAS ; mais par lettre en date du 15 mai 2020, l’ARMP répond qu’elle ne disposait d’aucun pouvoir de coercition et de sanction contre l’autorité contractante, l’ONAS. En dernier recours, l’entreprise lésée saisit la Cour suprême à nouveau pour qu’elle contraigne l’ONAS à exécuter son arrêt du 12 mars 2020. La Cour suprême rejette la requête à travers son arrêt du 2 juillet 2020, La Société « DELGAS » c/La Direction centrale des Marchés Publics dite DCMP et autres, au motif que la loi ne lui donne pas des pouvoirs pour contraindre et mettre sous astreinte l’ONAS. En somme, l’ONAS dirigé par M. Lansana Gany SAKHO avait fait dans le banditisme juridique en se soustrayant à l’exécution d’un arrêt de la Cour suprême… pour attribuer des marchés publics à VICAS et DELTA.
Seconde affaire : Il s’agit aussi de l’une des plus sombres affaires rendues publiques dans la gestion de Monsieur Sakho, en tant que DG de l’ONAS. Il faut lire la décision n°152/19/ARMP/CRD/DEF du 29 septembre 2019 du Comité de règlement des différends pour s’en rendre compte. En l’espèce, l’ONAS avait lancé un marché public de curage et de faucardage réparti en trois lots. Au terme de l’évaluation des offres (au nombre de cinq au total), l’ONAS avait proposé d’attribuer provisoirement le lot 3 à VICAS. Saisi par une entreprise soumissionnaire, le Comité de règlement des différends avait ordonné la reprise de l’évaluation des offres (décision n°034/19/ARMP/CRD/DEF du 27 février 2019). Après la réévaluation, le marché a été attribué à DELTA, le partenaire de VICAS (rappelons que sur plusieurs marchés de l’ONAS, ces deux entreprises se sont constituées en groupement pour soumissionner ensemble). Par une autre décision, le Comité de règlement des différends a ordonné l’annulation de la seconde attribution provisoire du marché et la reprise de l’évaluation (décision n°070/ARMP/CRD/DEF du 29 avril 2019). Dans cette affaire, il est curieux de constater que l’ONAS tenait coûte que coûte à attribuer le marché à VICAS ou à DELTA, alors que l’offre de leur concurrent aurait été meilleure. Ainsi, refusant de se conformer à cette dernière décision du Comité de règlement des différends, l’ONAS saisit la Direction centrale des marchés publics (DCMP) pour avis afin de classer sans suite le marché. N’ayant pas pu attribuer légalement le marché à VICAS, l’ONAS avait simplement décidé de l’abandonner. La DCMP répond par un courrier en date du 19 juin 2019 en recommandant à l’ONAS de se conformer à la décision du Comité de règlement des différends.
Il est bon de se rappeler que ces affaires rocambolesques impliquant les entreprises VICAS et DELTA ont eu lieu, alors que Monsieur Lansana Gagny Sakho était le directeur général de l’ONAS. On peut se demander qui étaient les fonctionnaires procédant aux évaluations/attributions des marchés alors invalidés par l'ARMP ? Serait-ce (en partie au moins) les mêmes qui portent la parole du ministre ?
Il est primordial de ne pas sous-estimer la probabilité qu’il y ait des lobbies qui pourraient mettre l’ONAS en échec. Deux entreprises qui ont été attributaires de l’essentiel des marchés publics de l’ONAS ces dernières années (sans résultats probants au regard de l’état des ouvrages confirmé par les inondations chroniques) ont été subitement plébiscitées en grandes entreprises capables de procéder au curage des canaux à Dakar et dans les régions en un temps record. M. Cheikh Dieng, ex. DG de l’ONAS, a pourtant fait état de l’existence de défaillances graves dans l'exécution des marchés au cours de ces dernières années.
Le Procureur de la République tient là une affaire grave qui doit être traitée avec le sérieux qui sied. Il avait fait preuve d’une diligence remarquée dans des affaires mineures pour réparer l’orgueil chatouillé du président de la République ou du Premier ministre. L’affaire qui défraie la chronique est un test bienvenu sur la volonté de rupture. Cette volonté ne saurait être que des incantations psalmodiées au cours d’Assises. La vraie rupture est d’instruire cette affaire dans la plus grande rigueur et le maximum de transparence pour redonner confiance en la Justice. Il s’agit d’une affaire grave en ce qu’elle engage les ressources publiques mais surtout, elle touche à la raison fondamentale d’être des pouvoirs publics : offrir des services de base aux populations, garantir leur confort et prévenir les maladies et épidémies qui peuvent survenir lorsque des eaux stagnent. Nous voulons bien croire à la justice de notre pays. C’est pourquoi nous avons déposé une plainte contre X au bureau du Procureur de la République le 21 août 2024.
Au-delà de la Justice, il est essentiel de mettre en place une culture de rigueur et d’orthodoxie républicaine dans notre administration. L’intégration d’une telle culture aurait évité à M. Cheikh Dieng de se lancer dans une procédure douteuse pour acquérir une voiture.
À l’endroit du président de la République et de son chef de gouvernement, nous rappelons cette paraphrase de Martin Luther King : « Soyez fidèles à vos écrits, à vos promesses et engagements d’être justes. »
par Guimba Konate
DE LA PRÉFÉRENCE NATIONALE
Entre amateurisme, gestion familiale opaque et manque de professionnalisme, les entreprises locales peinent à honorer leurs engagements. Les scandales et chantiers inachevés se multiplient, remettant en question l'efficacité de cette politique
Depuis l’avènement du duo Diomaye/Sonko aux commandes de notre pays, il est de plus en plus question de préférence nationale pour acter la rupture et favoriser les 3 J : Jubb Jubbel-Jubenti du Projet. Tout ce qu’il y a de très normal que de vouloir favoriser les champions nationaux pour construire notre pays. Jusque-là rien de bien répréhensible sauf que la préférence nationale tant déclamée et réclamée n’a jamais fait défaut dans notre pays. Beaucoup de projets et programmes ont été confiés à des entreprises nationales et dont la presque totalité s’est terminée en eau de boudin : chantiers inachevés-travaux mal faits- délais d’exécution anormalement longs pour les uns, avenants multiples pour d’autres etc., etc.
Et on ne s’est jamais posé la question du pourquoi de tous ces impairs ? Essayons de savoir ensemble…
1/ La presque totalité des entreprises sénégalaises souffrent d’une tare rédhibitoire qui est le manque de professionnalisme avéré. D’abord, nombre d’entreprises sénégalaises ou celles qui se font dénommer comme telles, sont très souvent le fait d’une personne qui en est à la fois, le créateur, le propriétaire et le gérant. Un «self made man» quoi. Et qui, même si son entreprise se développe et prend de l’envergure avec un chiffre d’affaires conséquent, répugnera toujours à chercher des partenaires associés dans l’actionnariat, préférant gérer son entreprise de façon solitaire voire familiale ou clanique. Suivez mon regard.
2/ A part quelques rares exceptions comme la Cse (Compagnie Sahélienne d’Entreprises) de Feu Aliou Sow, la Cde et le Groupe Atepa pour ce que j’en sais, on peut compter sur les doigts d’une seule main, les entreprises «sénégalaisement» sénégalaises qui peuvent se prévaloir d’une structuration aux normes d’une entreprise qui se respecte avec Ca (Conseil d’administration) Comité de direction, et des structures de management dédiées avec des directions administrative, financière, technique, du personnel, de la sécurité-hygiène et autres. Tout part du chef et tout se ramène au chef. Même des «géants» comme Sedima se complaisent dans une gestion familiale.
3/ Nos entreprises dites nationales et privées» recrutent rarement du personnel conséquent et compétent dans leur domaine d’activité. Notamment dans les Btp. A part les exceptions citées supra, rares sont les entreprises de ce secteur si important qui peuvent se targuer d’avoir un bureau d’études techniques avec des ingénieurs et techniciens hautement qualifiés pour piloter des projets d’envergure. En général, elles ont un personnel très réduit et une fois un marché décroché, se mettent à la recherche de sous-traitants et de personnel d’appoint pour exécuter leurs commandes. Elles sont légion dans ce pays et se reconnaîtront quand bien même elles refuseraient de l’admettre. Ce n’est donc pas un hasard si la plupart des chantiers confiés à des nationaux restent en l’état ou sont très mal faits. L’amateurisme est passé par là. Nos patrons locaux préfèrent gérer leurs affaires à la petite semaine utilisant du personnel taillable et corvéable à souhait et pour la plupart d’entre eux, sont rarement à jour des paiements des salaires et autres obligations sociales comme les impôts, la Tva, les cotisations sociales Ipres et Css. On a vu ici le monde de la presse pleurnicher grave pour le rappel d’impôts à payer. Ah ! S’ils (les Patrons) pouvaient comprendre que la justice et la régularité envers le personnel et la conformité avec les lois conditionnent pour une grande part, le développement et la prospérité de leur entreprise, pour sûr, ils s’y attèleraient tous. Mais, Ils préfèrent tous, aller chez le guide religieux de leur obédience et y verser des «adiya» faramineux en guise d’allégeance plutôt que de s’acquitter de leurs obligations sociales et entrepreneuriales. Voyez les moyens colossaux déployés à Touba par Monsieur 50% de préférence nationale, laissant en souffrance ses chantiers inachevés de l’aéroport Blaise Diagne. Nos entreprises dites nationales et privées ne recrutent presque pas. Et si elles le font ce sont des Cdd à n’en plus finir et très rarement des Cdi même pour un certain personnel qui peut rester plus de dix ans sans avancement ni plan de carrière et autres.
4/ En réalité, nos entrepreneurs n’entreprennent pas. Et sans jeu de mots, ils entrent et ils prennent. En effet, avec l’aide de leurs réseaux de relations et autres connivences à presque tous les niveaux, politiques, religieux, socio-économiques et autres, ils arrivent avec des complices tapis dans les dédales des structures étatiques, à capter les affaires juteuses. Ils entrent (dans une affaire) et y prennent (leurs parts). Et forts de leur impunité pour avoir payé l’écot au «porteur d’affaires», ils sabotent littéralement l’exécution des termes des marchés conclus. C’est ce qui explique en partie les indélicatesses notées dans nombre de scandales comme le plan Covid-19, le Prodac, etc.
5/ La plupart de ceux qui se prévalent «entrepreneurs» et qui très souvent font beaucoup de bruit autour d’associations, de patronats ou de groupements d’hommes d’affaires sont de parfaits inconnus dans le monde réel du travail et de l’entrepreneuriat. Ils trustent les présidences et autres postes de responsabilité sans être en mesure de vous montrer une seule usine ou une seule entreprise qu’ils auraient créée et qu’ils sont en train de manager. De véritables usurpateurs qui sont en réalité de redoutables escrocs. Experts dans l’art de l’infiltration et du trafic d’influence, ils squattent les endroits chics et organisent régulièrement des soirées et dîners de gala festifs pour y décerner des prix de pacotille (Cauris, Sedar et autres) à de vrais managers qui se seront laissés plumer en toute beauté en acceptant de payer au prix fort ces trophées en toc, véritables colifichets désuets dans une innocence complice. Ils sont là et se reconnaissent très bien tout en étant très bien connus de tout le monde. Mais on laisse faire dans un système de falsification et d’imposture laxiste. Du vrai ponce pilatisme. Ne suivez pas mon regard deh.
6/ Dès lors, comment peut-il être étonnant que les scandales dans les commandes publiques allouées aux entrepreneurs nationaux se suivent et se multiplient sans cesse dans tous les domaines ?
Quelques rappels de «l’expertise» et des «hauts faits d’armes» de nos capitaines d’industrie nationaux.
Le Building administratif qui, d’avenant en avenant, est passé de huit milliards à plus de quinze milliards et qui peine toujours à être achevé et livré définitivement plus de dix ans après le démarrage des chantiers. L’hôpital de Fatick qui aura mis plus de 10 ans sans être jamais terminé. Et ce n’est pas Mballo Dia Thiam de «And Guesseum» qui va me démentir. Le Mémorial «Le Joola» qui aura mis plus de vingt ans avant d’être finalisé tandis que le Mémorial de Gorée, l’autre combat épique du «lauréat des prix de la poésie francophone», reste encore à l’état larvaire plus de vingt ans après son lancement. L’état d’exécution du stade de Sédhiou qui n’a pas fini de scandaliser la ministre des Sports, le scandale des semences et tant, tant d’autres chantiers, commandes et marchés dont les affairistes et entrepreneurs autoproclamés se sont emparés et en véritables sangsues, les ont littéralement sabotés et sabordés sans état d’âme aucun. Tous, tant qu’ils sont, une fois, l’avance de démarrage d’un marché de travaux de chantiers, de fournitures ou de toutes autres prestations de service, encaissée , ils s’empressent de se rendre chez leur marabout pour payer leur dîme, se coltiner pour certains, une nouvelle épouse et pour d’autres se payer un véhicule haut de gamme pour marquer leur entrée dans «la cour des Grands»… Cour des grands voleurs. Oui. Mais Allah ne dort pas et veille toujours. Ainsi, toute entreprise assise sur l’injustice, la roublardise, le vol, la concussion et autres «taf yenguel» ou «ndjoutt ndiath» est inexorablement vouée à la décrépitude et à la faillite. irrémédiablement.
Toujours dans ce chapitre «des exceptions sénégalaises», on peut y classer les attitudes inqualifiables des transporteurs qui, malgré l’avertissement gouvernemental lors de la Tabaski, n’ont eu aucun scrupule à revenir à leurs manœuvres délictuelles voire criminelles en augmentant encore à l’excès, les prix des transports lors du Magal de Touba et sans aucun état d’âme. Et les voilà. Tout contents d’entasser les voyageurs dans des guimbardes d’un autre âge, et de rouler à plein gaz sur nos routes en mauvais état, pour assouvir leur cupidité vorace au mépris des accidents mortels causés par leur faute. Terrible.
Dans le même registre du manque de patriotisme et de compassion pour les populations, on peut y ranger les comportements cupides des marchands des marchés qui n’hésitent pas à chaque occasion, de créer des pénuries artificielles de certaines denrées alimentaires pour ensuite les vendre à des prix prohibitifs. L’illustration la plus parfaite de cette attitude de sans cœur est celle des producteurs d’oignons. Une fois, ils réclament à cor et à cri l’arrêt des importations d’oignons pour, disent-ils, écouler leurs productions locales. Dès que la mesure est prise par les pouvoirs publics, ils n’hésitent pas à vendre leurs produits à des prix prohibitifs sans aucune compassion pour les populations déjà durement éprouvées.
Et si le gouvernement reprend les importations pour soulager les populations, ils ne vont pas hésiter à aller jusqu’à creuser de très grandes fosses pour y enterrer leurs oignons plutôt que de devoir les vendre à des prix acceptables aux clients. Comme ils l’ont déjà fait par le passé pour marquer leur dépit, quelle méchanceté !
Au regard de toutes ces pratiques de filouterie de haut vol et tant d’autres auxquelles s’adonnent ceux qui veulent toujours pouvoir être bénéficiaires de la préférence nationale sans jamais donner satisfaction, n’est-il pas temps pour les pouvoirs publics de revoir ce concept de préférence nationale pour bien l’encadrer et faire affaire avec ceux qui veulent travailler, encore travailler toujours travailler et surtout bien travailler pour l’intérêt national plutôt que de contribuer à entretenir une race d’aigrefins dont le seul mérite est d’être sénégalais ?
La question mérite d’être posée.
Pour la réalisation du projet, cela aussi doit changer dans les 3J : du jubb, du jubbel et du jubbenti . Rekk. Jajeffetti.
Dieu nous garde et garde le Sénégal
CACOPHONIE À L'APR
L’Alliance pour la République est engagée dans la nouvelle coalition politique de l’opposition, le Bloc des Libéraux et des Démocrates Bld / Takku. Mais cela a été fait sans que la base ne soit consultée
L’Alliance pour la République (APR) est engagée dans la nouvelle coalition politique de l’opposition, le Bloc des Libéraux et des Démocrates Bld / Takku. Mais cela a été fait sans que la base ne soit consultée. Suffisant pour que l'administrateur du parti sorte de sa réserve pour dénoncer la démarche solitaire des responsables apéristes qui ont plongé la formation marron beige dans cette alliance.
L’Alliance pour la République (APR) n’a pas supporté la perte du pouvoir. Elle risque de briser en mille morceaux. Sa chute est en train d’être précipitée par le fait que des responsables de premier plan soient mis devant le fait accompli par rapport à certaines prises de décision.
D’ailleurs, c’est ce que l’administrateur du parti, Maël Thiam, dénonce dans sa lettre adressée aux militants, rendue publique hier. Il y déplore le fait que certains responsables aient pris des initiatives solitaires, engageant l'APR dans des directions, des coalitions ou d'autres démarches sans consultation préalable avec leur base. A l’en croire, la dernière en date est celle engageant l'APR dans une nouvelle coalition, “le Bloc des Libéraux et des Démocrates Bld / Takku”, pendant que les concitoyens engagés pendant douze ans à leurs côtés dans une autre coalition (le Bennoo Bokk Yaakar-BBY) attendent et à juste raison, des explications que seule une évaluation sans complaisance des récentes élections présidentielles peut fournir.
Sa conviction, une telle approche peut s'avérer dangereuse dans toute organisation humaine. Non sans dire qu’elle crée un fossé entre les dirigeants et la base, affaiblit la cohésion du parti et peut conduire à des divisions internes profondes. “Le respect, l'humilité, la concertation et l'inclusion sont des valeurs fondamentales qui doivent guider nos actions. Chaque décision stratégique devrait être le fruit d'une réflexion collective, nourrie par l'intelligence situationnelle et une culture de l'évaluation continue”, a écrit Maël Thiam dans sa lettre adressée aux militants.
Maël Thiam estime que l’équipe dirigeante apériste doit prendre le temps de consulter ses militants, d'écouter leurs avis, et de les impliquer dans les processus décisionnels. “C’est en agissant ainsi que nous renforcerons la légitimité de nos décisions et que nous maintiendrons la confiance de nos membres”, soutient-il. Il appelle dans la foulée à cultiver l’art de l’évaluation, non seulement pour ajuster leurs stratégies, mais aussi pour reconnaître les erreurs et en tirer les leçons.
COMMENT RANIMER L’APR?
Monsieur Thiam affirme par ailleurs qu'aujourd'hui plus que jamais, il est crucial de rester mobilisés. “Chaque militant, chaque responsable, est un maillon essentiel de la chaîne qui nous lie”, lit-on dans sa lettre adressée aux militants de l’APR. “C’est ensemble, unis et solidaires, que nous pourrons continuer à porter haut l’étendard de l'APR et à œuvrer pour le bienêtre de nos concitoyens. Nous avons conscience de la nécessité de mieux valoriser nos militants et de veiller à ce que chacun trouve sa place dans notre projet commun”, a-t-il fait savoir.
L’Administrateur de l'Alliance pour la République (APR) invite donc à redoubler d’efforts, à renforcer leur cohésion, et à demeurer fidèles aux idéaux qui ont fait la force de leur Parti. Il appelle les dirigeants de la formation à être à l’écoute de leurs bases, à renouer le dialogue avec les communautés.“ Rappelons-nous que l’APR est et restera un pilier de la stabilité et du progrès au Sénégal”, renchérit-il. Selon Maël THIAM, le Sénégal a encore besoin d’eux, de leur engagement, de leur dévouement.
Auparavant, Maël Thiam rappelait que l’APR traverse une période délicate, marquée par le départ de certains de leurs camarades. “Nous respectons les choix individuels, mais il est important de rappeler que l’APR est bien plus qu’un simple véhicule politique. C’est une communauté de valeurs et de convictions, une vision commune pour l’avenir de notre pays”, déclare Maël Thiam qui ajoute que durant les douze années de pouvoir, certains d’entre eux ont pu ressentir une frustration légitime due à l'absence de reconnaissance ou de promotion à la hauteur de leurs attentes et de leur engagement. “Nous comprenons vos préoccupations et voulons vous assurer que votre dévouement n’est pas passé inaperçu. Chaque action, chaque effort que vous avez consacré au service du parti et de la nation a contribué à nos succès collectifs. Votre engagement reste crucial pour la poursuite de notre mission”, a laissé entendre Monsieur Thiam.
PREMIÈRES ESCARMOUCHES AVANT DES LÉGISLATIVES DE TOUS LES ENJEUX
Dans un contexte où le débat sur la dissolution de l’Assemblée nationale fait rage, l’opposition continue de donner des coups de griffes au nouveau pouvoir et s’organise pour lui imposer la cohabitation
Dans un contexte où le débat sur la dissolution de l’Assemblée nationale fait rage, l’opposition continue de donner des coups de griffes au nouveau pouvoir et s’organise pour lui imposer la cohabitation. Mais face à un adversaire de la taille de Ousmane Sonko, ce combat est loin d’être gagné d’avance...
La tension devient de plus en plus vive entre le régime du président Bassirou Diomaye Faye et l’opposition. Une tension exacerbée aussi bien par les décisions erratiques du chef de l’État que par les multiples prises de parole de son Premier ministre. Une Opposition qui n’a de cesse de fusiller le pouvoir arrivé aux affaires à la faveur de la présidentielle du 24 mars dernier. Pour cette Opposition, tout est prétexte à descendre en flammes le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, par ailleurs leader du Pastef. Toutefois, d’après ce dernier, ces attaques à l’arme lourde ne les ébranlent guère, lui et son « patron ». Après avoir expliqué les raisons de son absence du terrain politique, il a promis de reprendre service prochainement pour faire face à ses adversaires sur le terrain. Une déclaration qui intervient dans un contexte où il est de plus en plus question de dissolution de l’Assemblée nationale. Alors que l’opposition s’organise de plus en plus pour être bien représentée au Parlement et même, pourquoi pas ? obtenir la majorité et imposer la cohabitation au régime de Diomaye-Sonko, ce dernier cherche à envoyer une majorité qualifiée Place Soweto pour pouvoir dérouler tranquillement sa feuille de route.
Tirs groupés sur le pouvoir, imposer la cohabitation, comme stratégie de l’opposition...
Parmi les actes très controversés des tenants du pouvoir, il y a certaines nominations aussi bien au gouvernement qu’à la tête des sociétés nationales et agences publiques, la relation délétère avec les journalistes ayant amené des entreprises à observer «une journée sans presse», le différend entre le ministre de l’Assainissement et le directeur général de l’Onas (Office national de l’Assainissement du Sénégal) sur fond d’accusations de corruption, la sortie du Premier ministre à l’UCAD devant le chef de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, ainsi que ses propos tenus sur le port du voile dans les établissements scolaires, sa position sur la tenue de la DPG, la polémique qui a accompagné sa descente à Colobane chez les marchands ambulants etc. A chaque fois pratiquement qu’Ousmane Sonko ouvre la bouche, l’opposition « radicale » en profite pour tirer à boulets rouges sur lui et même, parfois, dézinguer le chef de l’État. Parmi les hommes politiques les plus en vue dans ces diatribes, il y a des députés de l’APR, l’ancien parti au pouvoir, mais aussi le leader de la République des Valeurs, Thierno Alassane Sall, celui de AGIR, Thierno Bocoum, ainsi que Bougane Gueye Dany du mouvement Geum sa Bopp.
Dans leurs sorties, ces néo-opposants disqualifient aussi le « Projet », qui est le référentiel de la politique de développement économique et social des nouveaux gouvernants. Ainsi, dans un contexte où la dissolution de l’Assemblée nationale est d’actualité, il ne faut pas espérer voir le mercure de la tension entre pouvoir et opposition baisser. C’est donc afin de ne pas être prise au dépourvu en perspective de ce tout prochain rendez-vous électoral que cette opposition dite « radicale » est en train de se préparer pour tenir tête à la coalition présidentielle. A cet effet, une grande coalition regroupant plus de 40 partis et mouvements politiques d’obédience libérale en vue des prochaines législatives est mise en place. On peut citer parmi ses initiateurs Pape Diop, Moussa Sy, Mamadou Lamine Keita, Abdoulaye Baldé, Oumar Sarr, Modou Diagne Fada etc. Cette nouvelle entité envisage de discuter avec des leaders comme Khalifa Sall, Thierno Alassane Sall, Pape Djibril Fall.... pour élargir ses bases et imposer à la majorité présidentielle une cohabitation à l’Assemblée nationale et aussi à la tête de l’Etat.
Sonko, bien que soutenant ne pas être ébranlé, reste tout de même sur ses gardes...
En tout cas, les attaques s’enchaînent sur le chef de l’État et son Premier ministre depuis leur prise de fonction. Ils n’ont donc pas eu droit à un état de grâce. L’opposition « radicale » essaie de trouver la bonne stratégie afin de discréditer le duo au pouvoir auprès des populations. Ses leaders ont-ils assez de ressources pour y parvenir ? C’est la grande question que les observateurs se posent. En tout cas, ces nouveaux opposants reprochent au Président Diomaye Faye un supposé manque de vision et de poigne à diriger le pays au point, déjà, de réclamer une élection présidentielle anticipée pour passer le témoin a d’autres mains !
Quant au Premier ministre, le reproche qui lui est fait c’est de s’arroger trop de pouvoirs au détriment même du président de la République. Toutefois Ousmane Sonko, par ailleurs Président du Pastef, qui n’a pas sa langue dans sa poche, après un long silence a fini par apporter la réplique à ses détracteurs. Au cours d’une rencontre avec des artistes ayant soutenu le « Projet », il a tenu d’abord à expliquer les raisons de son mutisme. D’après lui, il fallait consacrer plus de temps à la finalisation du Projet pour l’adapter à la situation trouvée sur place. Après cette phase, il sera vulgarisé et expliqué au peuple dans toutes ses composantes afin de lui permettre de se l’approprier. S’adressant à la classe politique, le Premier ministre a dit ne pas être ébranlé par les attaques des néo-opposants qui, selon lui, ne se fondent que sur des propos diffamatoires et des insultes. Tout en se disant favorable à l’existence d’une opposition, il a mis en garde contre tout dérapage pouvant nuire à la bonne marche du pays. Ousmane Sonko a par ailleurs fait savoir qu’il n’a pas besoin d’état de grâce non sans indiquer que l’opposition n’a d’autre souhait que de le mettre en mal avec le chef de l’État. Ce qui, selon lui, n’arrivera pas de sitôt. Toujours au cours de cette rencontre avec les artistes ayant soutenu le « Projet », le leader de Pastef a annoncé qu’il va très bientôt reprendre les activités politiques.
A l’en croire, le moment venu, beaucoup parmi ceux qui s’agitent finiront parse taire. Parlant de la situation du pays dont a hérité le nouveau pouvoir, Ousmane Sonko a soutenu que, dans les prochains jours, les Sénégalais seront informés dans les moindres détails de la situation calamiteuse laissée par le défunt régime. Il a réaffirmé à ce propos l’engagement des nouvelles autorités, c’est-à-dire du président de la République et de lui-même, à faire la lumière sur la gestion de l’ancien régime ainsi que sur les auteurs des personnes tuées lors des dernières manifestations. Pour lui, il ne saurait être question d’impunité sinon ce serait trahir la mémoire de citoyens qui ont sacrifié leurs vies pour l’intérêt national.
Cette sortie de Ousmane Sonko, qui constitue une riposte à la classe politique dite de l’opposition, donne un avant-goût de ce que sera le ton des prochaines élections législatives anticipées. Le principal enjeu étant de remporter la majorité des sièges à l’Assemblée nationale qui pour pouvoir mettre en œuvre ses réformes et appliquer intégralement le « Projet », qui pour imposer une cohabitation au duo Diomaye-Sonko !
DIOMAYE FAYE DÉCIDE DE DISSOUDRE LE CESE ET LE HCCT
Cette décision du président concrétise une promesse de campagne, mais elle pose un défi politique majeur. L'Assemblée nationale, où le pouvoir est minoritaire, sera-t-elle prête à voter cette réforme constitutionnelle ?
Deux grandes institutions de la République à savoir le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et le Haut Conseil des Collectivités |territoriales (HCCT) vont disparaître sou peu. Leur mise à mort a été décidée hier par le président de la République Bassirou Diomaye Faye qui a convoqué une session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour l’examen d’un projet de loi de modification de la Constitution aux fins de leur dissolution. Ainsi Abdoulaye Daouda Diallo et Aminata Mbengue Ndiaye, dernières figures de proue du régime de Macky Sall encore aux affaires, passent à la trappe en même temps que les membres des institutions qu’ils dirigent. Toute la question est de savoir si le président de la République obtiendra une majorité qualifiée dans l’hémicycle pour faire adopter la modification de la Constitution dans le sens voulu.
Dans le « Projet », c’est-à-dire le programme de Pastef, la suppression des institutions dites budgétivores comme le CESE et le HCCT figurait comme « Solutions » dans la vision du duo Diomaye/Sonko. L’Assemblée nationale, elle, devait faire l’objet d’une réforme majeure. Après avoir dissous la Commission nationale de dialogue des territoires la semaine dernière, le président de la République a surpris hier en annonçant à travers ses services de communication qu’il a transmis au président de l’Assemblée nationale le décret portant convocation de l’Assemblée nationale en session extraordinaire le jeudi 29 août 2024 pour l’examen d’un projet de loi portant modification de la Constitution. « La modification envisagée de la Constitution porte sur la suppression du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT) et du Conseil économique, social et environnemental (CESE) » indique le ministre-conseiller, porte-parole de la Présidence, Ousseynou Ly dans un communiqué de presse. Ainsi dans au plus tard quinze jours, durée que ne doit pas dépasser une session extraordinaire en conformité avec l’art 63 de l’Assemblée nationale, deux institutions décriées par une bonne partie de l’opinion comme étant budgétivores et inutiles, et donc la suppression était réclamée à cor et à cris par les militants de Pastef en particulier mais pas seulement, vont passer à la trappe. Les budgets cumulés de ces deux institutions font près de 15 milliards de frs. De l’argent dépensé pour caser des alliés politiques, des copains et des coquines. A travers diverses tribunes lorsqu’elles étaient dans l’opposition, les actuels tenants du pouvoir n’ont eu de cesse de dénoncer le caractère budgétivore et inutile de ces institutions. D’ailleurs, pour beaucoup de Sénégalais, ces dites institutions devaient être dissoutes dès l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités. Une dissolution qui n’a pas été possible au vu de certaines contraintes politiques majeures. Dont le rapport des forces à l’Assemblée nationale. Or la majorité présidentielle est minoritaire au sein de cette dernière institution. L’Exécutif y dispose théoriquement de 81 députés contre 82 députés pour l’opposition. En réalité, d’ailleurs, le bloc compact que formait la coalition Yewwi Askan Wi (YEW) a volé en éclats, Pastef et Takhawu Senegal faisant désormais bande de même que le groupe Wallu, formé essentiellement du Pds. En face, le groupe Benno Bokk Yaakar, regroupant les députés de l’ancien régime, est demeuré soudé même s’il n’est pas exclu que, contre espèces sonnantes et trébuchantes, beaucoup de ses membres votent le projet de loi de modification de la Constitution !
En effet, c’est seulement à travers la modification du Titre 6 de la Constitution 2001 modifiée en janvier 2022 de la Loi 66 bis intitulée du Haut Conseil des collectivités territoriales et du Titre 7 de la Loi 87-1 sur le CESE, prérogative absolue dévolue à l’Assemblée nationale que le président de la République peut dissoudre ces deux institutions. Encore une fois, toute la question sera de savoir si le président Diomaye Faye pourra obtenir suffisamment de votes pour faire passer son projet de loi. Il pourra sans doute compter sur la dynamique de compromis qui avait permis récemment aux députés de la majorité et à ceux de l’opposition de parvenir à un consensus ayant permis l’élaboration puis le vote d’un nouveau Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. De toutes les façons, un rejet du projet de loi du président Diomaye Faye lui donnerait toute la latitude de dissoudre l’Assemblée nationale qui bouclera le 12 septembre ses deux années d’existence. Dans ce dernier cas, la seule crainte c’est que le HCCT et le CESE vont continuer à exister jusqu’à la mise en place de la prochaine législature. Or, visiblement, pressés par la base de Pastef et par l’opinion d’une manière générale qui font pression pour que ces deux institutions soient dissoutes, le président de la République et son Premier ministre ne peuvent plus attendre !
SÉDHIOU, LA GRANDE OUBLIÉE
La région croule sous les fausses promesses et les chantiers inachevés. Deux Conseils des ministres délocalisés avaient pourtant suscité l'espoir, mais la réalité est amère : infrastructures fantômes, scandale financier, population laissée pour compte
Les deux sessions du Conseil des ministres délocalisés à Sédhiou sous Macky Sall ont dégagé et engagé les services publics à réaliser des infrastructures susceptibles d’assouvir la forte demande sociale. Certains chantiers ont démarré et d’autres, plus nombreux, n’ont jamais connu de début de mise en œuvre. Plus grave, un scandale financier vient d’être révélé par le ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture faisant état des décaissements faramineux comparés à un taux modique de réalisation pour le stade régional et aucune pour le Centre culturel régional. Inquiets et interloqués par ces faits gravissimes, populations et société civile de Sédhiou exigent la lumière sur ces chantiers et interpellent le président Bassirou Diomaye Faye et son équipe.
A l’issue des deux Conseils des ministres décentralisés à Sédhiou, en 2015 et 2023, plusieurs mesures ont été prises sous la forme d’un Plan d’urgence en faveur du développement de la région. Mais à ce jour, l’immense majorité des chantiers sont à l’arrêt et d’autres n’ont jamais connu un début de réalisation. Suffisant pour susciter l’inquiétude et l’indignation des populations. La société civile alerte et suggère aux nouveaux tenants du pouvoir la relance des chantiers. Mamadou Lamine Sadio, le secrétaire exécutif régional de la Plateforme des acteurs non-étatique de la région relève qu’«il y a beaucoup de chantiers qui sont à l’arrêt notamment la sphère administrative devant abriter la gouvernance et le reste des services pour la plupart sous location. Il y a aussi le désenclavement avec la construction de la boucle du Boudié, le pont sur Témento, l’Espace numérique ouvert (ENO), l’Inspection d’académie (IA), les salles de classe, les infrastructures de jeunesse et de femme. Vraiment tout est urgent ici», dit-il.
L’éducation en attente d’une perche pour relever la courbe
Le chantier de l’Inspection d’académie étant aussi à l’arrêt, l’actuel site est d’une sinistre dégradation jusqu’au bureau de l’inspecteur d’académie. «Erigée en inspection d’académie depuis 2009, la région de Sédhiou peine toujours à voir l’achèvement des travaux de construction de l’inspection dont les travaux ont débuté en 2016. Les efforts consentis par l’inspecteur d’académie en collaboration avec le nouveau directeur des constructions scolaires ont permis la reprise des travaux mais hélas pour une courte durée. Quoiqu’il en soit, l’urgence est et nous sollicitons le regard des nouveaux dirigeants pour diligenter la situation car présentement l’inspection d’académie est toujours sous abris provisoire et elle prend de l’eau de partout en cette saison des pluies», témoigne Séckou Badji, agent de l’IA de Sédhiou.
Au chapitre de l’éducation toujours, des efforts sont attendus pour la résorption des abris provisoires, l’achèvement des travaux de construction de l’Espace numérique ouvert (ENO) entre autres urgences signalées. Abdoulaye Diallo, le coordonnateur de l’antenne régionale de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP) de Sédhiou, note que des efforts sont faits. Mais le défi reste jusque-là énorme. «Il est vrai que Sédhiou est une région réputée être à fort taux d’abris provisoires. Cependant, il y a lieu de saluer les efforts en cours des pouvoirs publics pour la résorption des abris provisoires notamment à travers le programme dénommé PRORAP. Nous avons constaté des constructions de salles de classe notamment dans le cycle moyen et de blocs d’hygiène dans le cycle élémentaire. Toutefois, à côté de ses efforts, il faut déplorer le retard et les arrêts de chantier comme le collège CEM 4 de Sédhiou, l’ENO et l’IA», explique Abdoulaye Diallo de la COSYDEP.
Les financements des infrastructures de jeunesse et de la culture « subtilisés »
Dans un tout autre registre, s’agissant des chantiers de la jeunesse et des femmes, que ce soient les stades et autres foyers socio-éducatifs, le mal est profond sur fond d’un grave scandale financier révélé par le ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Culture, lors de sa visite de travail à Sédhiou. Amadou Lèye Konté, le président du Conseil communal de la jeunesse de Sédhiou déclare : «dans la région de Sédhiou, nous manquons d’infrastructures de jeunesse et de femme. Les deux stades et le centre culturel régional ne sont toujours pas opérationnels. A cela s’ajoute l’inexistence du centre socio-culturel, la salle des fêtes, les maisons de la jeunesse dans les départements dont la construction avait été annoncée en grande pompe». Et de poursuivre sur le scandale financier : «la visite du ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture a révélé un scandale financier grave. Elle a annoncé le décaissement de beaucoup d’argent aussi bien pour le stade régional à hauteur de 66% pour une exécution de seulement 15% ; soit plus de deux milliards sur les trois et les trois cents millions volatilisés destinés à la construction du Centre culturel régional de Sédhiou. Nous demandons que la lumière soit faite sur ces décaissements et qu’un plan de réajustement soit très vite trouvé».
De la lumière exigee sur les nébuleuses
Face à cette impasse persistante, populations et acteurs de la société civile de Sédhiou appellent à la diligence des pouvoirs publics. Mamadou Lamine Sadio de la Plateforme des acteurs non étatiques de Sédhiou demande des correctifs et attention particulière pour la région. «Nous demandons un Plan d’urgence pour Sédhiou et corriger ces iniquités et manquements graves. Sédhiou mérite une attention particulière en raison de sa situation de pauvreté ; alors qu’il existe ici un potentiel riche mais non valorisé, une pauvreté accentuée par l’enclavement routier», plaide-t-il avec véhémence. Amadou Lèye Konté du Conseil communal de la jeunesse milite aussi pour un plan d’urgence au chevet d’une région en péril. «Nous sommes d’avis que Sédhiou a besoin d’un Plan d’urgence qui prendra en charge la réalisation de toutes les infrastructures de jeunesse, l’encadrement et insertion des jeunes, la formation et le financement rapide des projet. Nous avons aussi besoin de l’implantation des usines comme celle qui fabrique le carreau avec le curage de l’argile dans les collectivités de la région de Sédhiou. Ces usines vont sans doute créer de l’emploi et réduire les trappes de pauvreté», soutient-il avec forte conviction. La demande sociale est forte et se transforme en clameur populaire en faveur du rééquilibrage des investissements, surtout pour des régions à fort potentiel local, susceptible de booster le moteur du développement endogène de façon durable et participative.